Séance du 20 mai 1998






conventions fiscales
avec la namibie et la russie

Adoption de deux projets de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion commune :
- du projet de loi (n° 233, 1997-1998) autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Fédération de Russie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole). [Rapport n° 340 (1997-1998)] ;
- et du projet de loi (n° 202, 1997-1998) autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Namibie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune. [Rapport n° 339.]
Dans la discussion générale commune, la parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames et messieurs les sénateurs, la France et la Namibie ne sont, pour l'heure, liées par aucune convention fiscale en vue d'éviter les doubles impositions en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune, et cette lacune est d'autant plus regrettable que la Namibie, indépendante depuis 1990, dotée d'un remarquable régime démocratique, est un Etat au potentiel économique intéressant.
Le secteur minier y est le plus important. Par ailleurs, les grandes exploitations agricoles du sud du pays lui permettent d'exporter de la viande de boeuf, y compris vers l'Europe grâce aux accords de quotas qui ont été conclus.
Les ressources de la pêche sont également potentiellement abondantes.
Enfin, la Namibie dispose d'un réseau de transport et de communication performant, d'un secteur financier moderne, et d'une industrie touristique en plein essor.
Conscient que le marché namibien ne pouvait par lui-même suffire à attirer les investissements étrangers, le Gouvernement namibien a entrepris de valoriser les atouts du pays pour en faire un tremplin vers la communauté de développement de l'Afrique australe dont la Namibie est l'un des membres les plus actifs. Il mise pour cela sur le développement du port de Walvis Bay.
Nos relations politiques bilatérales sont excellentes et confiantes, et le Président de la République, qui se rendra en visite officielle en Namibie le 25 juin prochain, ne manquera pas de le rappeler.
Je tiens, toutefois, à souligner que nos relations économiques ne sont pas à la hauteur du capital de confiance dont nous jouissons en Namibie. Notre pays n'y détient, en effet, qu'une part de marché marginale de 1 %. De même, les investissements français n'y représentent que 1 % des investissements étrangers.
Sur le plan des principes, la convention fiscale franco-namibienne respecte pour l'essentiel le modèle de l'OCDE, que vous connaissez. La France a accepté de limiter à six mois la durée au-delà de laquelle un chantier de construction est considéré comme un établissement stable et est donc imposable localement. Elle a obtenu en contrepartie des taux de retenue à la source en matière de dividendes, d'intérêts et de redevances relativement favorables : 5 % ou 15 %, selon les cas, pour les dividendes, 10 % pour les intérêts et les redevances, avec de nombreux cas d'exemptions de retenue.
Cette convention fiscale complétera le réseau de conventions déjà conclues par la France dans la région avec l'Afrique du Sud et le Zimbabwe.
C'est donc à l'ensemble de ces titres que le Gouvernement vous recommande aujourd'hui d'autoriser l'approbation de la convention franco-namibienne en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune qui a été signée à Windhoek, le 29 mai 1996.
S'agissant de la France et de la Fédération de Russie, elles ont conclu à Paris, le 26 novembre 1996, au cours de la deuxième session de la commission des premiers ministres, une nouvelle convention en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune.
Cette nouvelle convention est appelée à se substituer à la convention franco-soviétique du 4 octobre 1985 en matière d'impôt sur le revenu encore en vigueur entre nos deux Etats.
Le texte de la nouvelle convention est, dans son économie générale, tout à fait conforme au modèle de l'Organisation de coopération et de développement économiques que vous connaissez. Ce point mérite toutefois d'être souligné, car il témoigne des efforts dont font preuve nos partenaires, la Russie ayant par ailleurs manifesté le souhait d'adhérer à l'OCDE.
Par rapport à la convention franco-soviétique, le texte de la convention qui vous est présentée aujourd'hui améliore le traitement des flux d'investissements par l'absence de retenue à la source sur les redevances qui a été reconduite ; par le traitement fiscal des intérêts qui a, quant à lui, été amélioré puisque toute retenue à la source a été supprimée ; enfin, on peut affirmer que le traitement des dividendes a également été amélioré. On passe en effet d'un régime à un taux unique de 15 % à un régime à trois taux.
J'ajouterai, pour achever la présentation des dispositions de la convention que cette dernière est complétée par un important volet d'assistance administrative.
Je voudrais, enfin, souligner l'intérêt économique de cette convention.
La Russie commence à retirer les bénéfices des réformes courageusement engagées depuis maintenant six ans. Cette Russie est une Russie ouverte : elle est désormais notre premier débouché en Europe orientale. Nos exportations, ces deux dernières années, ont témoigné d'un exceptionnel dynamisme permettant de réduire de moitié le déficit structurel de nos échanges commerciaux.
La France soutient les projets des entreprises françaises en Russie par une politique financière volontariste.
Il convenait donc également d'accompagner l'effort des entreprises françaises par la mise au point d'un régime fiscal favorable. Ce sera chose faite si la convention en vue d'éviter les doubles impositions conclue le 26 novembre 1996 recueille l'approbation de votre assemblée. La présente convention contribuera, en effet, à créer un cadre juridique sûr et stable pour nos investisseurs ; elle constituera un encouragement au renforcement de la présence économique française en Russie.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Fédération de Russie qui fait l'objet du projet de loi soumis à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jacques Chaumont, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, s'agissant, tout d'abord, de la convention fiscale avec la Namibie, je souligne, comme l'a fait M. le ministre, que les relations entre nos deux pays sont excellentes et que deux institutions auxquelles je suis personnellement attaché, la Caisse française de développement et PROPARCO, travaillent maintenant en Namibie.
La Namibie offre des perspectives commerciales intéressantes : installations aéroportuaires, matériel aéronautique et militaire, recherche pétrolière, notamment.
Nous avons donc examiné cette convention dans l'esprit le plus favorable. Elle est tout à fait conforme au modèle de l'OCDE et elle conforte, de surcroît, les aménagements que la France essaie d'obtenir dans les conventions qu'elle conclut.
C'est la raison pour laquelle, mes chers collègues, la commission des finances vous invite à l'adopter.
Quant à la convention fiscale avec la Russie, elle s'inscrit dans les limites d'une réforme globale du système fiscal russe.
Un projet avait été élaboré avec l'assistance technique de l'OCDE et du FMI, mais - comme vous le savez - cette réforme fiscale est au centre de vastes discussions politiques ; elle semble actuellement bloquée à la Douma.
A titre provisoire, le décret présidentiel du 23 mai a défini le principe de taxation, de sanctions et de contentieux. Malgré tout, le droit fiscal russe est un droit provisoire. Par ailleurs, suivant les régions, les Républiques et les gouvernements, il est, semble-t-il, appliqué de manière un peu inégale et en quelque sorte à géométrie variable.
Dans ces conditions, il est indispensable que nos entreprises aient le moins d'incertitude possible dans la mesure où elles réalisent des échanges commerciaux ou des investissements en Russie.
Cette convention, comme l'a souligné M. le ministre, est de type classique OCDE. Je vous renvoie à mon rapport écrit pour une analyse très technique.
Cette nouvelle convention a pour objet essentiel de consolider et d'améliorer le traitement des flux d'investissement et le traitement fiscal des dividendes. Comme l'a indiqué M. le ministre, celui-ci a été amélioré. Ce point a fermement été débattu lors de la négociation avec les Russes. Le Premier ministre de l'époque avait d'ailleurs été amené à intervenir auprès de son homologue russe.
Finalement, dans ce contexte, l'accord auquel sont parvenus les deux gouvernements nous a semblé satisfaisant. C'est la raison pour laquelle, mes chers collègues, je vous invite, au nom de la commission des finances, à adopter ce projet de loi.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale commune ?...
La discussion générale commune est close.

CONVENTION FISCALE AVEC LA NAMIBIE

M. le président. Nous passons à la discussion de l'article unique du projet de loi relatif à la convention fiscale entre la France et la Namibie.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Namibie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune, signée à Windhoek le 29 mai 1996, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

CONVENTION FISCALE AVEC LA RUSSIE

M. le président. Nous passons à la discussion de l'article unique du projet de loi relatif à la convention fiscale entre la France et la Russie.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Fédération de Russie en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole), signée à Paris le 26 novembre 1996, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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