Séance du 22 décembre 1998






CONVENTION D'ÉTABLISSEMENT
AVEC LE TOGO

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 560, 1997-1998) autorisant l'approbation de la convention d'établissement entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République togolaise. [Rapport n° 15 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, comme tous les accords de séjour et circulation ou établissement des personnes signés par la France avec les pays francophones d'Afrique subsaharienne dans les années soixante, la convention franco-togolaise d'établissement du 10 juillet 1963 prévoyait un régime particulièrement libéral d'installation de nos ressortissants respectifs.
Avec le temps, notamment la généralisation du visa en 1986 et les modifications successives de l'ordonnance de 1945 pour la France, ce type d'accords est devenu très dérogatoire au droit commun. De plus, ces accords s'avéraient de moins en moins compatibles avec nos engagements communautaires, comme la convention de Schengen de 1990. Aussi l'ensemble des textes en vigueur avec ces pays ont-ils été renégociés à partir de 1991.
De nombreux obstacles ont dû être contournés, le principal étant d'amener nos partenaires à concéder l'abandon de privilèges pour leurs ressortissants, tout en admettant le maintien d'un traitement de faveur pour nos compatriotes qui s'expatriaient chez eux. Cette question s'est révélée particulièrement sensible avec le Togo.
Signée le 13 juin 1996, en même temps que la convention relative à la circulation et au séjour des personnes, dont la procédure d'approbation est achevée en France, la convention d'établissement franco-togolaise précise les droits des nationaux de l'une des parties établie sur le territoire de l'autre.
Etabli sur la base des impératifs précités, le nouveau texte ne s'écarte pas du projet-type élaboré en 1991. Il assure notre partenaire africain de notre volonté de conforter les droits des ressortissants de chacun des pays dans l'autre, tout en procédant à l'indispensable actualisation d'un accord vieux de plus de trente ans.
Cet accord garantit aux ressortissants l'égalité de traitement en matière de libertés publiques, d'accès aux juridictions et de droits civils patrimoniaux sur le territoire de l'autre partie et leur reconnaît le droit d'entrer, de se déplacer et de s'installer, dans le respect des dispositions de la convention relative à la circulation et au séjour du 13 juin 1996, ou encore de la réglementation nationale, comme en matière de professions libérales notamment.
Il contient les réserves habituelles concernant le maintien de l'ordre public et la protection de la santé et de la sécurité publiques, la situation économique et sociale de l'Etat d'accueil, les expropriations et nationalisations. Les procédures d'expulsion et d'éloignement seront dorénavant de droit commun.
L'approbation de ce texte sera une incitation à l'égard des autorités togolaises pour que cette convention ainsi que la convention relative à la circulation et au séjour des personnes puissent entrer en vigueur rapidement et simultanément car elles sont complémentaires et indissociables.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle le texte de la convention d'établissement entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République togolaise, signée à Lomé le 13 juin 1996, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Guy Penne, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le texte qui nous est soumis s'inscrit dans une série d'accords conclus à partir de 1990 avec nos partenaires francophones d'Afrique subsaharienne.
L'évolution des législations et de notre réglementation, la situation économique et les contraintes migratoires ont justifié une révision des dispositifs dans un sens plus proche du droit commun.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, il me semble utile de rappeler brièvement la situation actuelle du Togo, marquée tout d'abord par des difficultés politiques.
L'élection présidentielle du 21 juin 1998 a ouvert, du fait des irrégularités qui l'ont marquée, une nouvelle ère d'incertitude et de blocage de la vie politique togolaise.
La mission d'observation envoyée par l'Union européenne a porté un jugement critique sur le déroulement des opérations électorales. L'Union européenne a fait sienne l'appréciation portée par ses observateurs et aucun des ambassadeurs des pays membres, pas plus d'ailleurs que celui des Etats-Unis, ne s'est rendu à la cérémonie d'investiture du président Eyadema, le 24 juillet dernier.
Le blocage de la situation politique conjugué aux incidents frontaliers avec le Ghana contribuent donc à une détérioration du climat politique.
Le redressement économique du Togo se révèle difficile et la suspension de l'aide européenne, liée à la situation intérieure, n'est évidemment pas sans conséquences.
Les richesses en phosphates et en coton permettent au pays de dégager, grâce à ces seules matières premières, les deux tiers de ses recettes d'exportation, le reste provenant du café et du cacao. Le port de Lomé constitue par ailleurs un accès privilégié à l'océan pour les pays enclavés du Sahel et la zone franche est un cadre d'accueil efficace pour les entreprises et investisseurs étrangers.
Le pays est aussi confronté à une sérieuse crise énergétique liée à la sécheresse et à la réduction des approvisionnements ghanéens en électricité. Enfin, les exportations de phosphates traversent une phase difficile depuis le début de l'année 1998.
Mes chers collègues, quelles sont, brièvement, les principales dispositions de la convention d'établissement du 13 juin 1996 ?
Le principe de base du texte reste la non-discrimination entre le résident et le national de chacun des deux pays.
Ce principe continue évidemment de s'appliquer pour ce qui relève tout d'abord du libre exercice des libertés publiques, l'accès aux juridictions et l'exercice des droits à caractère patrimonial.
Un national de l'un des deux Etats peut également exercer toute activité professionnelle sur le territoire de l'autre, mais dans la mesure où le marché de l'emploi le permet.
Toute mesure d'expulsion, par l'une des parties, d'un ressortissant de l'autre partie ne sera plus soumise, comme préalablement, à une décision du Premier ministre. Elle devra être précédée d'une procédure d'information de l'autorité consulaire portant notamment sur les motifs de la décision.
Mes chers collègues, je vous propose d'adopter le projet de loi qui nous est soumis, en espérant que cette approbation sera perçue comme un signal positif par nos partenaires togolais qui n'ont pas encore ratifié la convention relative à la circulation et au séjour des personnes, signée le même jour que le présent accord et ratifiée par notre Parlement l'an dernier.
Il est clair également que ces dispositifs relatifs au droit d'établissement et qui nous lient à nos partenaires d'Afrique francophone subsaharienne sont indissociables de l'aide et de la coopération économique et technique que la France se doit de continuer à consentir à ces pays. Le déroulement du processus démocratique au Togo n'en est donc que plus nécessaire. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention d'établissement entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République togolaise, signée à Lomé le 13 juin 1996 et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

14