Séance du 22 décembre 1998







CONVENTION D'ASSISTANCE ADMINISTRATIVE MUTUELLE EN MATIÈRE DOUANIÈRE AVEC LA MACÉDOINE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 32, 1998-1999) autorisant l'approbation de la convention d'assistance administrative mutuelle entre le Gouvernement français et le Gouvernement macédonien pour la prévention, la recherche, la constatation et la sanction des infractions douanières. [Rapport n° 105 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, voici quelques nouvelles de Skopje.
A l'heure de l'internationalisation des échanges et de la mondialisation de l'économie, la grande fraude commerciale à l'échelle mondiale prend une ampleur sans précédent. Son corollaire est, naturellement, un accroissement, voire une sophistication des infractions douanières. La complexité des circuits économiques, dans laquelle la criminalité organisée trouve de nouveaux terrains, la favorise.
Dans cet environnement, les Etats ont toujours eu pour objectif de se doter de moyens juridiques et stratégiques destinés à mieux appréhender les nouveaux types de délinquance, dans un cadre multilatéral ou bilatéral.
Les conventions des Nations unies sur les stupéfiants de 1961, sur les substances psychotropes de 1971 et contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988 y répondent sur cet aspect particulier.
Au sein de l'Union européenne, où les nouvelles formes de fraude ont de graves conséquences financières et économiques, un mécanisme de coopération administrative a accompagné le mouvement de libéralisation des échanges et la suppression des formalités douanières.
Au niveau national, enfin, la France s'est engagée très tôt sur la voie de la coopération internationale : les dispositions pertinentes du code des douanes dans le domaine de la coopération internationale n'offrent en effet qu'une faible base juridique, notamment en ce qui concerne la protection de la confidentialité des renseignements et informations échangés entre administrations.
Dès 1936, elle signait avec les Etats-Unis son premier accord bilatéral de ce type. Au total, vingt-trois conventions sont en vigueur et une dizaine sont en négociation ou en cours d'approbation.
Dans ce contexte, notre rôle est d'apporter notre appui aux autorités étrangères qui le souhaitent et de protéger les entreprises et les consommateurs français.
Les conventions d'assistance administrative mutuelle en matière douanière prévoient spécifiquement la communication spontanée de renseignements concernant les opérations illicites, la transmission sur demande de documents qui les corroborent, le recours à des enquêtes permettant l'audition de personnes suspectes ou de témoins, la possibilité d'utiliser, à titre de preuve, les documents et informations recueillis dans le cadre de la convention, ainsi que la possibilité, pour les agents des douanes, de comparaître en tant que témoins ou experts devant les tribunaux de l'Etat contractant requérant.
L'assistance organisée ne pourra cependant porter atteinte à l'ordre public, à un secret industriel, commercial ou professionnel.
Avec la Macédoine, les fraudes ou les risques de fraudes à l'exportation reposent sur la minoration de valeur, afin de diminuer les droits à l'entrée dans ce pays. L'un des secteurs concernés est la vente de volailles.
S'agissant du trafic illicite de stupéfiants, la Macédoine est située dans une zone sensible et entourée de pays où passent d'importantes quantités de drogues. Ce pays est aussi producteur d'héroïne, des laboratoires ayant été localisés dans la région de Skopje.
La menace d'un trafic entre la France et la Macédoine existe donc. A titre d'exemple, en 1997, 1 400 kilogrammes de résine de cannabis ont été saisis à Marseille dans des véhicules de transport routier immatriculés en Macédoine.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle la convention d'assistance administrative mutuelle en matière douanière pour la prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières avec le Gouvernement macédonien, objet du projet de loi qui est soumis à votre approbation.
Je tiens à dire en conclusion, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, que l'on peut aussi acheter d'excellentes cerises en provenance de Macédoine dans des conditions tout à fait correctes. (Sourires.) Il n'y a pas que la drogue qui circule !
M. Robert Del Picchia, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. En effet !
M. Xavier de Villepin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Nous en mangerons !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la convention qui nous réunit aujourd'hui tend à compléter un réseau fort aujourd'hui d'une trentaine d'accords analogues, qui permettront de donner une base juridique solide à la coopération entre les administrations douanières dans la lutte contre tous les trafics illicites. Or, dans les pays concernés, très souvent, c'est précisément cette base juridique qui manque.
L'enjeu qui caractérise la présente convention franco-macédonienne est lié au développement des trafics illicites, surtout de stupéfiants : la Macédoine est, en effet, située dans une région très sensible sur ce plan et elle est entourée de pays par où transitent d'importantes quantités de drogue.
Le contenu de cette convention est classique et reprend très largement le dispositif de coopération douanière déjà prévu par les accords de même objet visant, par exemple, la Pologne ou la République tchèque.
Le contenu de la convention est le suivant : échanges de renseignements entre administrations, valeur de preuve reconnue aux documents fournis - ce qui fait défaut très souvent -, possibilité de demander l'exercice d'une surveillance spéciale sur les personnes ou les locaux susceptibles d'être liés à un trafic, possibilité d'autoriser des agents des administrations douanières à comparaître en qualité de témoins ou d'experts, faculté, enfin, de procéder à des « livraisons surveillées » permettant aux administrations des douanes de recourir à des méthodes d'infiltration des réseaux de trafiquants.
Je me bornerai aujourd'hui, s'agissant de la Macédoine, à relever que l'actualité de ce pays est dominée par la crise du Kosovo et que la force d'extraction qui stationne depuis quelques jours sur le territoire macédonien, tout en étant intégrée à la chaîne de commandement de l'OTAN, est commandée par un officier français. Cette force d'extraction doit servir, le cas échéant, à l'évacuation du personnel de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'OSCE.
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces années a, le 9 décembre dernier, donné à l'unanimité un avis favorable à l'adoption du projet de loi autorisant l'approbation de cette convention, et je vous invite à la suivre.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique . - Est autorisée l'approbation de la convention d'assistance administrative mutuelle entre le Gouvernement français et le Gouvernement macédonien pour la prévention, la recherche, la constatation et la sanction des infractions douanières, signée à Paris le 29 janvier 1998, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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