Séance du 22 décembre 1998






CONVENTION FISCALE AVEC L'UKRAINE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 558, 1997-1998) autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Ukraine en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole). [Rapport n° 117 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la France et l'Ukraine ont conclu à Paris, le 31 janvier 1997, une convention en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune.
Cette convention est appelée à se substituer à la convention franco-soviétique du 4 octobre 1985, encore en vigueur entre nos deux pays et qui est fort éloignée du modèle de la convention fiscale de l'Organisation de coopération et de développement économiques.
Bien que limitées, nos relations commerciales avec l'Ukraine n'en sont pas moins en constante augmentation depuis 1995. Ainsi, nos échanges commerciaux, de l'ordre de 2,6 milliards de francs, ont connu une progression très nette en 1997, puisqu'elle a été de 20 % par rapport à 1996, avec un excédent commercial en notre faveur. Par ailleurs, la totalité des investissements français en Ukraine s'est élevée à 2 milliards de francs fin 1997, contre 38 millions de francs en 1996.
Pour ces raisons, la négociation d'un accord offrant un nouveau cadre à nos relations économiques bilatérales s'est avérée nécessaire pour supprimer les doubles impositions qui faisaient encore obstacle au développement des échanges et des implantations commerciales françaises dans ce pays.
J'ajoute que la conclusion de cette convention est conforme à l'objectif de la France d'accroître son réseau conventionnel et, ainsi, sa position commerciale avec les Etats nouvellement indépendants issus de l'ancienne Union soviétique.
Le texte de cette convention respecte les principes posés par le modèle de convention fiscale établi par l'OCDE, tout en tenant compte, sur certains points, des particularités des fiscalités internes de chaque Etat.
C'est ainsi que la présente convention améliore le traitement des flux d'investissements ainsi que celui des intérêts et des redevances, pour lesquels sera appliqué un taux de retenue à la source ne pouvant excéder 10 %.
Enfin, cet accord, par son volet relatif à l'assistance administrative, permettra de lutter efficacement contre la fraude et l'évasion fiscales entre la France et l'Ukraine.
Je souhaite, maintenant, souligner l'intérêt économique que présente cet accord.
Comme vous le savez, la situation économique de l'Ukraine est fragile - la récession du PIB a été de 3 % en 1997 et elle atteint 50 % depuis l'indépendance - et la situation sociale demeure préoccupante. Les investissements privés, notamment étrangers, sont manifestement insuffisants.
La présence française demeure modeste malgré une belle progression : plus de soixante-dix filiales d'entreprises françaises y sont aujourd'hui présentes, notamment dans le secteur bancaire - BNP, Crédit Lyonnais, Société générale - dans le secteur des télécommunications, dans celui du transport - Dassault, Thomson, Peugeot - et dans le domaine nucléaire - Framatome, EDF. La France ne saurait, toutefois, se satisfaire d'une part de marché de 1,8 %, ni de sa douzième place au rang des investisseurs étrangers.
Des instruments d'impulsion ont été mis en place. Ainsi les présidents Chirac et Koutchma ont-ils décidé la création d'une commission mixte chargée des questions économiques bilatérales, dont la première session s'est déroulée à Kiev, en mars dernier, en présence de votre serviteur. De plus, la France soutient les projets des entreprises françaises en Ukraine par une politique financière volontariste : 200 millions de francs ont été prévus pour 1998 au titre des garanties COFACE.
Il convenait d'accompagner l'effort des entreprises françaises, comme celui des autorités ukrainiennes, en supprimant les blocages administratifs par la mise au point d'un cadre juridique et fiscal sûr et stable pour nos investisseurs.
J'ajoute, pour compléter la présentation de cet accord, que l'Ukraine a achevé sa procédure interne d'approbation.
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Ukraine en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune, et qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jacques Chaumont, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le secrétaire d'Etat, vous venez d'exposer parfaitement le contexte politique et économique dans lequel s'inscrivent nos relations avec l'Ukraine et la volonté de la France d'augmenter sa part aussi bien dans le domaine du commerce que dans celui des investissements vis-à-vis de ce pays.
Par conséquent, cette convention fiscale, signée à Paris le 31 janvier 1997, vient à son heure. Elle était d'autant plus indispensable qu'elle doit se substituer à la convention franco-soviétique du 4 octobre 1985, sous le régime de laquelle nous vivions et dont les dispositions étaient évidemment inadaptées.
Il semble que les négociations aient été conduites dans un climat de compréhension mutuelle, qu'elles n'aient pas présenté de difficulté particulière, la partie ukrainienne ayant fait part, le 3 mars 1998, de l'approbation par son Parlement de cette convention fiscale.
La convention est conforme, dans ses très grandes lignes, au modèle de l'OCDE. Je n'évoquerai donc que quelques dispositions strictement techniques concernant les dividendes et les intérêts, aspects de la convention qui sont les plus importantes pour les entreprises françaises implantées en Ukraine.
L'article 10, relatif aux dividendes, offre la possibilité d'appliquer des retenues à la source dont les taux sont ceux que prévoit par le modèle de l'OCDE. Toutefois, cet article s'écarte du modèle de l'OCDE en ce qu'il dispose dans le cas d'une société distributrice résidente d'Ukraine, que le bénéfice du taux de 5 % n'est accordé que si le pourcentage de détention directe ou indirecte est au moins égal à 20 % du capital de la société.
En outre, la retenue à la source est supprimée pour les dividendes payés aux sociétés qui détiennent directement ou indirectement au moins 50 % du capital de la société distributrice, si l'investissement dans cette société atteint au moins 5 millions de francs.
L'article 11, relatif aux intérêts, prévoit, conformément au modèle de l'OCDE, qu'ils ne sont imposables que dans l'Etat de résidence du bénéficiaire de ces revenus.
Toutefois, l'Etat de la source peut imposer les intérêts provenant de contrats conclus à compter de la date d'entrée en vigueur de la convention à un taux de 2 % lorsqu'il s'agit d'intérêts bancaires ou de crédits commerciaux. Ce taux est de 10 % dans tous les autres cas, à l'exclusion des intérêts payés reçus ou garantis par un Etat contractant ou l'un de ses démembrements. Cette exonération est également applicable aux intérêts correspondant à une dette assurée ou garantie par un Etat contractant ou par une personne agissant pour le compte de l'un de ces Etats.
Dans mon rapport écrit, j'ai fait un parallèle entre la convention conclue avec la Russie et celle qui est conclue avec l'Ukraine. Ceux d'entre vous qui souhaiteraient prendre connaissance de cette comparaison pourront s'y reporter.
Dans le contexte d'incertitude politique et économique de cette région du monde, la commission des finances a estimé que la présente convention apportait aux entreprises françaises des garanties appréciables pour leurs opérations commerciales et leurs investissements en Ukraine. C'est pourquoi elle vous propose, mes chers collègues, d'en autoriser l'approbation.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Ukraine en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune (ensemble un protocole), signée à Paris le 31 janvier 1997 et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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