Séance du 27 janvier 1999






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Décès d'un ancien sénateur (p. 1 ).

3. Candidatures à une commission mixte paritaire (p. 2 ).

4. Caisses d'épargne et de prévoyance. - Adoption définitive d'un projet de loi (p. 3 ).
Discussion générale : MM. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie ; Philippe Marini, rapporteur de la commission des finances ; Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Joseph Ostermann.
M. le ministre.
Clôture de la discussion générale.

Article unique (p. 4 )

Amendement n° 1 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Jean-Louis Carrère, Joël Bourdin. - Retrait.
M. Gérard Miquel.
Adoption de l'article unique du projet de loi.

5. Loi d'orientation agricole. - Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 5 ).

Article 16 (p. 6 )

MM. Michel Souplet, rapporteur de la commission des affaires économiques ; Gérard Larcher.
Amendement n° 606 de la commission et sous-amendements n°s 464 rectifié à 467 rectifié de M. Le Cam et 617 rectifié de M. César ; amendements n°s 230 rectifié à 249 de M. Murat, 537 à 540 et 402 de M. Deneux et 390 de M. Pastor. - MM. le rapporteur, Gérard Le Cam, Gérard César, Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche ; Gérard Cornu, Marcel Deneux, Jean-Marc Pastor, Hilaire Flandre, Jean-Paul Emorine, Alain Vasselle, Bernard Piras. - Retrait des sous-amendements n°s 466 rectifié, 467 rectifié, des amendements n°s 230 rectifié à 249, 538 à 540 et 402 ; rejet des sous-amendements n°s 464 rectifié et 465 rectifié ; adoption du sous-amendement n° 617 rectifié et, par scrutin public, de l'amendement n° 606 modifié rédigeant l'article, les amendements n°s 537 et 390 devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 16 (p. 7 )

Amendement n° 28 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendements n°s 329 et 330 de M. Bizet. - MM. Jean Bizet, le rapporteur, le ministre. - Réserve des deux amendements.

Articles 17 et 17 bis. - Adoption (p. 8 )

Articles additionnels après l'article 16 (suite) (p. 9 )

Amendements n°s 329 et 330 (précédemment réservés) de M. Bizet. - MM. le ministre, Jean Bizet, le rapporteur. - Retrait des deux amendements.

Article additionnel après l'article 17 bis (p. 10 )

Amendements identiques n°s 250 de M. Murat, 353 de M. Emorine et 403 de M. Deneux. - MM. Gérard Cornu, Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle, Jean-Marc Pastor. - Retrait des trois amendements.

Article 18 (p. 11 )

Amendement n° 131 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales ; le rapporteur, la ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles 18 bis et 19 à 21. - Adoption (p. 12 )

Article 22 (p. 13 )

Amendement n° 132 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 22 (p. 14 )

Amendement n° 133 de M. Leclerc, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 331 rectifié de M. Vasselle. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 251 rectifié de M. Darcos et sous-amendement n° 596 de la commission. - MM. Xavier Darcos, le rapporteur, le ministre, Claude Belot, au nom de la commission des finances. - Retrait du sous-amendement ; irrecevabilité de l'amendement.
Amendement n° 468 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, Dominique Leclerc, rapporteur pour avis, le ministre. - Rejet.
Amendement n° 469 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 572 de M. Pastor. - MM. André Lejeune, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 585 de M. Richert. - MM. Philippe Richert, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle, Claude Belot, au nom de la commission des finances. - Irrecevabilité.

Article 23. - Adoption (p. 15 )

Article additionnel après l'article 23 (p. 16 )

Amendements identiques n°s 252 de M. Vissac et 391 rectifié de M. Pastor ; amendement n° 470 de M. Le Cam. - M. Gérard Cornu, Mme Yolande Boyer, MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, Dominique Leclerc, rapporteur pour avis, le ministre, Gérard César. - Retrait des trois amendements.

Article 24 (p. 17 )

M. le rapporteur.
Amendements identiques n°s 253 de M. Cornu et 404 de M. Deneux. - MM. Gérard Cornu, Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 24 (p. 18 )

Amendement n° 134 rectifié de M. Leclerc, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 332 rectifié de M. Vasselle ; amendement n° 254 de M. Vissac. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; Alain Vasselle, Gérard Cornu, le rapporteur, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 254 et du sous-amendement n° 332 rectifié ; adoption de l'amendement n° 134 rectifié insérant un article additionnel.
Amendements n°s 255 de M. Cornu, 405 et 435 de M. Deneux. - MM. Gérard Cornu, Marcel Deneux, le rapporteur, Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le ministre. - Retrait des trois amendements.

Article 25. - Adoption (p. 19 )

Article additionnel après l'article 25 (p. 20 )

Amendement n° 333 rectifié de M. Bizet. - MM. Jean Bizet, le rapporteur, le ministre. - Retrait.

Article 26. - Adoption (p. 21 )

Articles additionnels après l'article 26 (p. 22 )

Amendement n° 135 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 417 de M. Deneux. - MM. Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre. - Réserve.

Intitulé du chapitre IV du titre II (p. 23 )

Amendement n° 136 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Article 27 (p. 24 )

Amendements n°s 471 de M. Le Cam et 137 de M. Leclerc, rapporteur pour avis ; amendements identiques n°s 138 de M. Leclerc, rapporteur pour avis, et 354 de M. Emorine. - MM. Gérard Le Cam, Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; Jean-Paul Emorine, le rapporteur, le ministre. - Rejet de l'amendement n° 471 ; adoption des amendements n°s 137, 138 et 354.
Adoption de l'article modifié.

Article 27 bis (p. 25 )

Amendements n°s 139 de M. Leclerc, rapporteur pour avis, et 367 du Gouvernement. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le ministre, le rapporteur. - Adoption de l'amendement n° 139 supprimant l'article, l'amendement n° 367 devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 27 bis (p. 26 )

Amendement n° 392 rectifié de M. Pastor. - MM. Jean-Marc Pastor, le rapporteur, le ministre, Jean Delaneau, Jean-Paul Emorine, Jean Huchon. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 491 de M. Pastor. - MM. Bernard Piras, le rapporteur, le ministre. - Réserve.

Article 28 (p. 27 )

Amendement n° 472 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Amendement n° 140 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 29 (p. 28 )

Amendement n° 141 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 142 de M. Leclerc, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 368 du Gouvernement. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le ministre, le rapporteur. - Rejet du sous-amendement ; adoption de l'amendement.
Amendement n° 473 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.

Article 29 bis. - Adoption (p. 29 )

Article 29 ter (p. 30 )

Amendements n°s 143 de M. Leclerc, rapporteur pour avis, et 369 du Gouvernement. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le ministre, le rapporteur, Gérard Le Cam, Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. - Adoption de l'amendement n° 143 supprimant l'article, l'amendement n° 369 devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 29 ter
ou après l'article 27 bis (suite) (p. 31 )

Amendements identiques n°s 144 rectifié de M. Leclerc, rapporteur pour avis, et 492 rectifié de M. Jean-Marc Pastor. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; Bernard Piras, le rapporteur, le ministre. - Adoption des amendements n°s 144 rectifié et 492 rectifié insérant un article additionnel.
Amendements n°s 370 rectifié du Gouvernement et 491 (précédemment réservé) de M. Pastor. - MM. le ministre, le rapporteur, Bernard Piras, Gérard César. - Retrait de l'amendement n° 491 ; adoption de l'amendement n° 370 rectifié insérant un article additionnel.

Section et intitulé (avant l'article 29 quater ) (p. 32 )

Amendement n° 145 de MM. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Article 29 quater (p. 33 )

M. Xavier Darcos.
Amendement n° 371 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 29 quater (réservé) (p. 34 )

Amendement n° 256 de M. Darcos et sous-amendements n°s 597 et 602 de la commission. - MM. Xavier Darcos, le rapporteur, le ministre. - Réserve de l'amendement et des sous-amendements.

Article 29 quinquies (p. 35 )

Amendement n° 146 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 29 sexies (p. 36 )

Amendement n° 147 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - Adoption.

Amendement n° 148 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre, André Lejeune, Jean-Paul Emorine. Jean-Marc Pastor, Xavier Darcos. - Adoption par scrutin public.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 29 quater (suite) (p. 37 )

Amendement n° 256 rectifié de M. Darcos et sous-amendements n°s 597 et 602 de la commission (précédemment réservés). - Retrait des sous-amendements n°s 597 et 602 ; adoption de l'amendement n° 256 rectifié insérant un article additionnel.

Article 29 septies . - Adoption (p. 38 )

Suspension et reprise de la séance
(p. 39 )

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER

Article additionnel après l'article 29 septies
ou après l'article 29 octies (p. 40 )

Amendement n° 152 de M. Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 29 octies . - Adoption (p. 41 )

Articles additionnels après l'article 29 octies
ou après l'article 26 (suite) (p. 42 )

Amendement n° 373 rectifié du Gouvernement et sous-amendement n° 598 de la commission. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel.
Amendement n° 149 rectifié de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 475 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendements n°s 476 de M. Le Cam et 573 de M. Pastor. - Mme Yolande Boyer, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait des deux amendements.
Amendements n°s 372 du Gouvernement et 477 de M. Le Cam. - MM. le ministre, le rapporteur. - Retrait de l'amendement n° 477 ; adoption de l'amendement n° 372 insérant un article additionnel.
Amendement n° 478 de M. Le Cam. - Retrait.
Amendement n° 474 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Amendement n° 150 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 151 de M. Leclerc, rapporteur pour avis. - MM. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis ; le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Intitulé du titre II (avant l'article 6)
(précédemment réservé) (p. 43 )

Amendement n° 6 de la commission et sous-amendements n°s 196 rectifié de M. César et 601 de M. de Richemont. - MM. le rapporteur, Gérard César, le ministre. - Adoption des deux sous-amendements et de l'amendement modifié rédigeant l'intitulé.

Intitulé du chapitre Ier du titre II
(avant l'article 6) (précédemment réservé) (p. 44 )

Amendement n° 7 de la commission. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Intitulé du chapitre Ier du titre III
(avant l'article 30 A) (p. 45 )

Amendement n° 29 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Article 30 A (p. 46 )

Amendements n°s 259 de M. Debavelaere et 493 de M. Pastor. - MM. Alain Vasselle, Serge Godard, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 259, l'amendement n° 493 devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Article 30. - Adoption (p. 47 )

Article 30 bis (p. 48 )

Amendements n°s 553 du Gouvernement et 30 de la commission. - MM. le ministre, le rapporteur, Gérard César. - Rejet de l'amendement n° 553 ; adoption de l'amendement n° 30 rédigeant l'article.

Article 31 (p. 49 )

Amendement n° 393 de M. Pastor. - MM. Serge Godard, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 31 (p. 50 )

Amendement n° 421 de M. Amoudry. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 422 rectifié de M. Amoudry. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur, le ministre, Gérard César. - Rejet.

Article 32 (p. 51 )

Amendement n° 260 de M. Debavelaere. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre, Marcel Deneux. - Retrait.
Amendement n° 31 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 32 bis (p. 52 )

Amendement n° 32 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 261 de M. Debavelaere. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel avant l'article 33 (p. 53 )

Amendement n° 510 de M. Huchon. - MM. Jean Huchon, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 33 (p. 54 )

MM. le rapporteur, le ministre.

Article L. 632-1 du code rural (p. 55 )

Amendements identiques n°s 394 de M. Pastor et 479 de M. Le Cam. - MM. Jean-Pierre Plancade, Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 394 ; rejet de l'amendement n° 479.
Amendements n°s 263 de M. César et 33 de la commission. - MM. Gérard César, le rapporteur, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 263 ; adoption de l'amendement n° 33.
Amendements identiques n°s 334 de M. César et 579 de M. Mathieu ; amendement n° 541 de M. Deneux. - MM. Alain Vasselle, Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 541 ; adoption des amendements n°s 334 et 579.
Amendement n° 599 de la commission et sous-amendements n°s 607 du Gouvernement et 356 rectifié de M. Humbert ; amendements n°s 265 à 267 de M. César et 423 de M. Amoudry. - MM. le rapporteur, le ministre, Jean-Paul Emorine, Hilaire Flandre, Jean-Paul Amoudry. - Retrait du sous-amendement n° 356 rectifié et des amendements n°s 265 à 267 et 423 ; adoption du sous-amendement n° 607 et de l'amendement n° 599 modifié.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 632-2 du code rural (p. 56 )

Amendement n° 268 de M. César. - MM. Hilaire Flandre, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 37 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.
Adoption de l'article 33 modifié.

Article 34 (p. 57 )

Amendements identiques n°s 335 de M. César, 543 de M. Deneux et 580 de M. Mathieu. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Adoption des trois amendements.
Amendements n°s 554 et 608 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Rejet des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 35. - Adoption (p. 58 )

Article 36 (p. 59 )

Amendement n° 271 de M. César. - MM. Yves Rispat, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article.

Article 37 (p. 60 )

Amendement n° 588 de M. Doublet. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur. - Retrait.
Amendement n° 38 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 272 de M. César. - MM. Gérard César, le rapporteur. - Retrait.
Amendements n°s 480 et 481 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article.

Article 38 (p. 61 )

Amendements n°s 482 de M. Le Cam, 275 rectifié de M. Vissac, 39 de la commission et sous-amendement n° 374 du Gouvernement. - MM. Gérard Le Cam, Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre, Gérard César. - Retrait des amendements n°s 482 et 275 rectifié ; adoption du sous-amendement n° 374 et de l'amendement n° 39 modifié.
Adoption de l'article modifié.

Article 38 bis (p. 62 )

Amendement n° 40 de la commission et sous-amendement n° 278 de M. César ; amendements n°s 276 et 277 de M. César. - MM. le rapporteur, Hilaire Flandre, le ministre. - Retrait des amendements n°s 276, 277 et du sous-amendement n° 278 ; adoption de l'amendement n° 40 rédigeant l'article.

Article 38 ter (p. 63 )

Amendements n°s 41 de la commission et 279 de M. César. - MM. le rapporteur, Gérard César, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 279 ; adoption de l'amendement n° 41 rédigeant l'article.

Article additionnel après l'article 38 ter (p. 64 )

Amendement n° 42 de la commission et sous-amendement n° 280 de M. César. - MM. le rapporteur, Alain Vasselle, le ministre, Jean-Marc Pastor. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement insérant un article additionnel.

Intitulé du titre IV (avant l'article 39 A) (p. 65 )

Amendement n° 43 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Article 39 A. - Adoption (p. 66 )

Article 39 (p. 67 )

Amendement n° 44 rectifié de la commission et sous-amendements n°s 282 de M. César, 609 du Gouvernement et 429 de M. Revet. - MM. le rapporteur, Gérard César, le ministre, Charles Revet, Jean-Marc Pastor, Alain Vasselle. - Retrait du sous-amendement n° 429 ; adoption des sous-amendements n°s 282, 609 et de l'amendement n° 44 rectifié modifié.
Adoption de l'article modifié.

Renvoi de la suite de la discussion (p. 68 )

6. Dépôt de rapports (p. 69 ).

7. Dépôt d'un rapport d'information (p. 70 ).

8. Ordre du jour (p. 71 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

DÉCÈS D'UN ANCIEN SÉNATEUR

M. le président. J'ai le regret de vous faire part du décès de notre ancien collègue Henri Rochereau, qui fut sénateur de la Vendée de 1946 à 1959.

3

CANDIDATURES
A` UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE

M. le président. J'informe le Sénat que la commission des affaires culturelles m'a fait connaître qu'elle a d'ores et déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle présentera si le Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte paritaire en vue de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage.
Cette liste a été affichée et la nomination des membres de cette commission mixte paritaire aura lieu conformément à l'article 9 du règlement.

4

CAISSE D'ÉPARGNE ET DE PRÉVOYANCE

Adoption définitive d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 133, 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, portant prorogation des mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance. [Rappport n° 157 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, ce projet de loi extrêmement bref - il comporte un article unique - comprend une décision technique qui s'inscrit dans le cadre du texte sur la réforme des caisses d'épargne qui a été adopté en conseil des ministres le 2 décembre dernier et qui sera, bien sûr, soumis en son temps à votre assemblée.
Ce texte de réforme des caisses d'épargne est un élément de la modernisation d'ensemble du secteur public financier que le Gouvernement a entreprise, modernisation qui a compris les opérations de mise sur le marché du GAN, du CIC ou de la Société marseillaise de crédit, qui a compris aussi les réformes structurelles adoptées l'année dernière par votre assemblée et permettant la mise en place de l'euro, et qui s'est étendue également à un certain nombre de propositions permettant de favoriser le développement de l'épargne à risque au détriment de celle qui ne constitue que des rentes.
C'est dans ce cadre que s'inscrit la modernisation du réseau des caisses d'épargne. Il s'agit d'en faire un grand réseau décentralisé, de réaffirmer ses missions de service public et ses missions au service de l'intérêt général.
Le réseau des caisses d'épargne est aujourd'hui à un tournant de son histoire, puisqu'il doit se moderniser, pouvoir s'insérer et passer des alliances. C'est pour cela que le Gouvernement a fait le choix d'un statut coopératif.
Reste que, pour faire passer le réseau des caisses d'épargne d'un réseau décentralisé à un groupe décentralisé, une large concertation a été mise en oeuvre, notamment, et je tiens à l'en remercier ici, grâce au député Raymond Douyère, qui a mené son action jusqu'en avril dernier. Le résultat de cette longue concertation est que nous avons déjà eu l'occasion de demander à l'Assemblée nationale comme au Sénat de bien vouloir proroger les mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance, les CCCOS, des caisses d'épargne et de prévoyance.
Ce que je vous demande aujourd'hui, et qui ne préjuge en rien l'opinion de chacun sur la réforme elle-même, c'est de prolonger de nouveau de quelques mois la durée des mandats de ces CCCOS de façon que - le Gouvernement avait proposé au début de l'été, l'Assemblée nationale a préféré prendre du temps et porter cette date au 1er novembre 1999, soit ! prenons la date de l'Assemblée nationale - la durée de ces mandats soit prolongée jusqu'au 1er novembre 1999, tout simplement par ce que ce sont des organes démocratiquement élus et que, évidemment, le vote de la réforme et sa mise en oeuvre s'accommoderaient mal d'une période qui serait celle d'une campagne pour l'élection de nouveaux CCCOS. Il est mieux que ces conseils soient renouvelés lorsque la réforme aura été adoptée, quand nous serons dans le nouveau cadre, de même qu'il est préférable, par conséquent, que tous ceux qui ont à voter pour désigner les nouveaux CCCOS le fassent une fois la réforme acquise, et sans que cela perturbe le processus.
Ce que le Gouvernement vient donc vous demander, mesdames, messieurs les sénateurs, après le report que vous avez décidé en mars 1997, c'est d'accorder un nouveau répit, voire une nouvelle survie aux CCCOS existants, portant leur existence jusqu'à la fin du mois d'octobre de cette année, afin que la réforme puisse s'accomplir sans difficulté et que, une fois cette réforme en place, les CCCOS soient, évidemment, renouvelés.
Tel est l'objet de ce texte que je soumets à votre appréciation, mesdames, messieurs les sénateurs.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous avons aujourd'hui à examiner une simple disposition de procédure et, d'ici à quelques semaines, nous aurons une opinion plus approfondie sur la réforme elle-même.
Cette réforme est urgente. Elle est très importante pour le secteur financier français, pour sa modernisation et pour sa compétitivité en Europe.
La commission des finances ne peut pas exprimer un autre avis sur ce sujet, puisque, dès notre approche de 1996, c'est-à-dire le rapport Lambert sur le secteur bancaire, nous avions souligné combien était cruciale la question du devenir des caisses d'épargne et nous regrettions déjà le temps perdu en la matière.
A partir du rapport que nous avions donc élaboré sur le secteur bancaire, une proposition de loi portant aussi la signature de M. Alain Lambert avait été déposée ; elle traduisait, sur le fond, la doctrine, en tout cas la continuité des positions de la commission des finances. C'est dire, monsieur le ministre, que nous nous réjouissons de voir ce sujet prendre forme.
Sur les modalités de la réforme, naturellement, nous allons écouter, nous allons tâcher d'intégrer les points de vue des uns et des autres et nous interroger par rapport à la doctrine que nous avons nous-mêmes définie.
Mais, bien entendu, un processus de réforme comme celui-là est complexe, et il faut que le réseau des caisses d'épargne continue à être géré pendant ces mois qui seront essentiels pour son devenir. Il faut donc que les mandataires sociaux des caisses puissent travailler en toute sérénité. Il est tout à fait clair que le report des élections aux conseils d'orientation et de surveillance au 1er novembre 1999, comme le propose l'Assemblée nationale, est une condition évidente de cette sérénité.
Sur le dispositif même du projet de loi, la commission des finances n'a pas d'autre remarque à formuler. Elle souhaitera tout à l'heure, monsieur le ministre, lors de la discussion de l'article unique, vous entendre sur l'amendement qu'elle a déposé, car nous avons besoin, sur le point qu'il aborde, de quelques éclaircissements de votre part.
Voilà, mes chers collègues, les quelques observations que je voulais faire à l'occasion de cette brève discussion générale. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui est un projet de caractère purement circonstanciel. Ce caractère est pleinement lié au relatif retard qui a accompagné la conception du projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière dont nous débattrons prochainement et qui a, cela dit en passant, un contenu plus important que le présent texte.
L'article unique du projet de loi qui nous est ainsi présenté vise à proroger de quelques mois - période qui serait mise à profit pour discuter et adopter le projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière - le mandat des administrateurs des organismes d'épargne et de prévoyance, mandat qui a déjà été prorogé du fait de la longueur particulière qu'a revêtue la mission Douyère portant sur le devenir de notre réseau de caisses d'épargne.
Sur le fond, nous pouvons d'ailleurs légitimement nous interroger sur la portée profonde de cet article, même si la grande sagesse de l'Assemblée nationale a encore prolongé ce délai complémentaire jusqu'au mois de novembre 1999, ce qui est encore insuffisant, sauf à invoquer l'urgence, pour mener à bien la discussion et l'adoption du second projet de loi.
On peut tout au plus souligner que, si l'on en croit le texte même de ce second projet de loi, ce mandat exceptionnellement long des administrateurs des caisses d'épargne aura, entre autres particularités, d'être le dernier où ces fonctions seront bénévolement assurées, avant la profonde mutation statutaire.
Force nous est donc de ne pas exprimer d'autre opinion sur ce projet de loi, d'autant que l'utilité peut en être remise en question, l'alourdissement du calendrier parlementaire, du fait, notamment, de l'examen de certains textes à vocation constitutionnelle, ayant comme corollaire de développer l'incertitude quant aux conditions d'adoption et, surtout, de discussion du projet de loi portant sur l'épargne et la sécurité financière.
Nous nous devons donc d'anticiper quelque peu sur la discussion de ce projet de loi en rappelant ici quelques éléments fondamentaux.
Première observation : notre pays dispose d'un réseau de collecte de l'épargne populaire particulièrement important, d'un réseau de proximité, comme l'a souligné tout à l'heure M. le ministre, connu assez largement de nos compatriotes, pour lesquels il est d'ailleurs bien souvent le seul interlocuteur « financier », en dehors de leur banque et singulièrement de leur agence postale, gestionnaire de leur compte-chèques postal.
En effet, malgré tout ce que l'on peut en dire, le développement de l'industrie financière n'a pas encore provoqué de modifications sensibles du comportement de nos compatriotes en matière d'épargne et le développement de l'actionnariat dit « populaire » reste encore très relatif.
Le réseau des caisses d'épargne est aujourd'hui à la base d'une importante collecte de fonds, dont plus de 700 milliards de francs sur le seul livret A, même si la baisse de la rémunération de ce livret a eu comme conséquence - encore qu'il faille sans doute y voir aussi l'un des effets de la réduction du taux d'épargne des ménages qui a été observée en 1998 et qui a accompagné la relance de la demande intérieure - de favoriser une décollecte d'un peu plus de 15 milliards de francs.
Le niveau de la rémunération du livret A est, depuis quelque temps déjà, considéré comme un obstacle au développement d'une stratégie de réduction des taux d'intérêt par les établissements de crédit.
Tout d'abord, l'encours du livret A est affecté de façon exclusive au financement du logement social.
Mais existe-t-il aujourd'hui un établissement de crédit « banal », si je puis dire, proposant des emprunts à hauteur de 60 % à 65 % du montant d'un investissement avec un taux d'intérêt de 4,3 % ?
Celui qui me fournira une réponse positive et un exemple concret de ce type de financement gagnera, à n'en pas douter, toute notre estime.
Selon nous, le taux de sortie des emprunts consentis aux organismes d'HLM demeure trop important.
Il relève, de notre point de vue, de la décision des bailleurs sociaux de procéder à la mobilisation des financements nécessaires aux opérations de construction, comme l'illustre d'ailleurs le trop faible nombre d'opérations de constuction de logements sociaux lancées en 1998.
Nous estimons, en particulier, que l'Etat devrait intervenir en bonifiant les prêts accordés aux organismes d'HLM pour alléger les taux d'intérêt appliqués aux emprunts PLA et PALULOS et pour réduire tant les taux nominaux de ces emprunts que les taux réels.
Il faudra bien, en effet, que l'on nous explique un jour par quel miracle on a pu concevoir, dans le passé, des prêts à taux zéro pour l'accession à la propriété alors que l'on est incapable d'adopter un tel dispositif pour les 40 ou 50 milliards de francs de prêts sollicités chaque année par les organismes bailleurs de logements sociaux.
Nous pensons, en fait, que la pression qui s'exerce pour assurer la réduction du taux de rémunération du livret A est purement idéologique et qu'elle participe plutôt de la démarche d'une Association française des banques soucieuse de capter une part plus importante des liquidités des particuliers pour disposer de moyens supplémentaires d'intervention sur les marchés financiers.
Le principal défaut de ce que l'on appelle si improprement « l'épargne administrée » est bien connu, c'est de soustraite aux seules lois du marché interbancaire des sommes plus ou moins importantes, des sommes qui représentent, toutes formes de cette épargne cumulées, un encours plus important que le budget de l'Etat.
Il est vrai que les banques traditionnelles ont fait la démonstration éclairante, ces dernières années, du bon usage qu'elles faisaient des liquidités des particuliers. La qualité de l'appui qu'elles ont pu apporter au développement de l'activité économique se mesure, d'une manière spectaculaire, au maintien préoccupant du taux de chômage à un niveau élevé et à l'écrasement de la masse salariale, au nom de la juste rémunération du travail.
Nous aurons l'occasion, le moment venu, de reparler de l'ensemble des questions que nous ne faisons ici qu'esquisser, d'autant que la mission Douyère, dans ses conclusions, n'a pas oublié de mettre en question les garanties sociales accordées aux salariés du réseau des caisses d'épargne et de prévoyance, comme de s'interroger sur la rentabilité de ces établissements, alors même que nous sommes obligés de nous demander si la raison d'être de ces établissements est de dégager de la rentabilité ou de répondre à un besoin de financement socialisé d'une demande collective.
Le débat d'aujourd'hui n'est donc qu'une première confrontation des points de vue dont nous n'osons croire qu'elle sera la dernière, d'autant que tout est loin d'être dit en ces matières.
Nous voterons donc, sans plus de conviction, ce projet de loi.
M. le président. La parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi que le Sénat examine aujourd'hui tend à proroger jusqu'au 1er novembre 1999 les mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance.
Avant toute chose, nous tenons à féliciter notre collègue M. Philippe Marini pour la clarté de son rapport et l'ensemble de notre commission des finances pour son excellent travail. Pour bien comprendre les enjeux en cause, il convient de procéder à quelques utiles rappels.
Les mandats des membres actuels des conseils consultatifs devaient arriver à échéance aux mois de novembre et de décembre 1997 ; ceux des membres des conseils d'orientation et de surveillance, aux mois de janvier et de mars 1998. La volonté maintes fois répétée d'initier une vaste réforme de modernisation des caisses d'épargne et de prévoyance devait s'illustrer dans un cadre concerté, loin des climats passionnés inhérents à toute période pré-éléctorale.
C'est dans ce contexte que, sur proposition du Gouvernement, le Parlement a adopté l'article 8 de la loi du 10 novembre 1997 portant diverses mesures urgentes à caractère fiscal et financier, qui prorogeait jusqu'au 1er mars 1999 les mandats des membres des conseils concernés.
Au moment de l'examen de ce texte par le Sénat en nouvelle lecture, une phrase prononcée par vous-même, monsieur le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, aurait dû faire l'objet d'une analyse plus pointue. En effet, monsieur le ministre, vous déclariez alors que la réforme des caisses d'épargne devrait pouvoir être présentée au Parlement, avec un peu de chance, au printemps prochain, donc au printemps 1998 ! Or, le projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière, qui inclut une série de dispositions portant sur les caisses d'épargne, n'a été adopté en conseil des ministres que le 2 décembre 1998. Son examen, en première lecture, par l'Assemblée nationale n'est pas attendu avant le mois de mars, et par le Sénat au mois de mai, donc un an après la date initiale prévue par le Gouvernement.
De même qu'il était présomptueux de la part du Gouvernement d'annoncer en 1997 que la réforme des caisses d'épargne serait adoptée avant l'été 1998, il est à nouveau présomptueux de la part du Gouvernement d'avoir retenu en conseil des ministres la date du 1er août 1999 comme échéance des mandats des membres des conseils. En effet, objectivement, le calendrier prévisionnel du Parlement et le nombre des textes en navette montraient, dès l'origine, le caractère purement fictif d'une telle date, d'autant qu'il convient de laisser au Parlement le temps de travailler dans la sérénité.
La date fixée a été une nouvelle fois remise en cause par le Gouvernement, devant l'Assemblée nationale, à l'occasion de l'examen du présent projet de loi, puisque, après avoir déclaré l'urgence sur le projet de loi relatif à l'épargne, décision contre laquelle le Sénat ne peut que s'élever vu l'importance de ce texte, le Gouvernement a compris que la navette parlementaire lui interdisait de prendre le risque de conserver la date du 1er août. Il s'est donc rangé à la date du 1er novembre 1999.
Rappelons par ailleurs que les membres des conseils d'orientation et de surveillance avaient été élus en 1991 pour une durée de cinq ans et qu'ils viennent donc de terminer leur septième année de mandat.
Dans cette optique, le Gouvernement est-il sûr que la date du 1er novembre 1999 sera assez éloignée ?
A l'Assemblée nationale, le groupe communiste a proposé, sauf erreur de ma part, d'aller plus loin en évoquant la date du 1er août 2001. M. le ministre de l'économie et des finances, vous avez même envisagé l'hypothèse d'une adoption du projet de loi sur l'épargne à la rentrée 1999. La date du 1er novembre risque dès lors de ne pas être tenue.
Je souhaite que nous ayons l'occasion d'examiner très bientôt les propositions du Gouvernement pour une réforme des caisses d'épargne. C'est d'ailleurs lors de cette discussion que nous aborderons les éléments techniques.
Monsieur le ministre, alors que vous rappelez régulièrement l'urgence de moderniser et de réformer les caisses d'épargne, j'ai du mal à comprendre le talent que déploie depuis dix-huit mois le Gouvernement pour différer cette réforme.
Après le rapport de M. Raymond Douyère l'année dernière et l'avant-projet de loi au printemps dernier, l'attente, à force d'être longue, en devient suspecte. Nous attendons avec impatience l'ouverture de ce débat au Sénat.
Nous connaissons tous l'importance du réseau des caisses d'épargne dans nos départements, sa vocation d'engagement local et la politique économique qu'il a initiée depuis de nombreuses années. Les tergiversations qui se multiplient sur l'évolution statutaire et sur celle de l'organisation des métiers des caisses d'épargne sont préjudiciables et mal ressenties. Il convient d'y mettre fin rapidement pour ne pas entraver le dynamisme et gêner la stratégie de développement des caisses d'épargne au profit de l'économie sociale et de l'épargne populaire.
Le groupe du Rassemblement pour la République suivra les propositions de notre commission des finances et de son rapporteur général. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je répondrai brièvement aux orateurs.
Monsieur Marini, j'ai beaucoup apprécié votre intervention et le rapport que la commission des finances a produit sur ce sujet. La discussion va évidemment s'ouvrir dans un instant sur l'amendement que vous avez déposé, et nous verrons alors comment il convient de traiter cette question.
Globalement, je me réjouis de l'intérêt que la commission des finances porte au projet de réforme des caisses d'épargne. C'est, en effet, un texte important qui viendra en discussion dans quelque temps.
Je partage le sentiment de Mme Beaudeau sur la difficulté à laquelle nous nous heurtons aujourd'hui pour financer le logement social à partir du livret A, compte tenu du coût très élevé de l'opération. Vous avez raison, madame le sénateur, c'est un frein, un frein très puissant, au développement de la construction de logements sociaux.
Aujourd'hui, les taux des prêts financés par le livret A et susceptibles d'être proposés aux organismes sociaux sont de l'ordre de 4,3 % contre 3,7 %, par exemple, pour les OAT, les obligations assimilables du Trésor d'une durée de dix ans. Il est donc évident que nous sommes en présence d'une difficulté réelle. Bien entendu, nous n'allons pas la traiter maintenant, mais il serait légitime que le dispositif destiné à financer le logement social soit a priori moins coûteux que les formules proposées par le marché. Nous aurons donc l'occasion de revenir sur cette contradiction et sur les difficultés qu'elle entraîne.
Monsieur Ostermann, je ne peux que tenter de vous faire accepter les excuses du Gouvernement pour le retard pris pour cette réforme. Ce retard s'explique par de bonnes intentions ! La mission de M. Douyère a effectivement duré six mois, de novembre 1997 à avril 1998. Six mois supplémentaires ont été consacrés à la concertation avec le réseau et avec les différentes caisses. C'était nécessaire, car ce texte est complexe : il faut qu'il soit accepté par le réseau. Ce qui peut paraître comme étant du temps perdu n'en était pas vraiment s'il nous permet d'aller jusqu'au bout.
La date du 1er novembre 1999 qu'a proposée le groupe communiste à l'Assemblée nationale suffira-t-elle ? Je le pense. L'urgence a été déclarée, le texte sera examiné au mois de mars par l'Assemblée nationale et devrait ne pas revenir trop tardivement, je l'espère, devant le Sénat : nous devrions, avec un peu de chance, respecter les délais.
Je sais que j'ai déjà dit : « un peu de chance » la dernière fois, vous me le rappeliez vous-même. Nous n'avons pas eu la chance de le faire en 1998, je pense que nous aurons la possibilité de tenir les délais en 1999.
Tout dépend aussi, évidemment, de la célérité de nos travaux. L'objectif du Gouvernement n'est pas, en une quelconque manière, de limiter le temps que les assemblées voudront consacrer à ce texte. Le voudrait-il, d'ailleurs, qu'il ne pourrait y parvenir.
Mais il faut, après toutes les concertations qui ont eu lieu, que nous puissions faire en sorte que l'année 2000 commence avec un réseau rénové. Je sens que nombre d'entre vous, sur toutes les travées, y sont disposés, et je les en remercie.
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Les mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance en fonctions à la date de promulgation de la présente loi sont prorogés jusqu'au 1er novembre 1999, nonobstant toute disposition relative à la limite d'âge. »

Par amendement n° 1, M. Marini, au nom de la commission, propose de compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« Les mandats des membres du conseil de surveillance et du directoire du Centre national des caisses d'épargne et de prévoyance en fonctions à la date de promulgation de la présente loi sont prorogés jusqu'au 1er novembre 1999, nonobstant toute disposition relative à la limite d'âge. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini, rapporteur. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il convient de rappeler que les caisses d'épargne constituent un réseau qui comporte non seulement des caisses, mais aussi un organe central, même si celui-ci ne dispose pas encore de toutes les compétences stratégiques permettant de faire un vrai groupe financier et bancaire.
Aujourd'hui, le Centre national des caisses d'épargne, le CENCEP, est administré par un directoire de trois membres nommés pour six ans, contrôlé par un conseil de surveillance de vingt-trois membres également nommés pour six ans. Les mandats de ces dirigeants, qui avaient commencé en avril 1992, devaient avoir pour date d'échéance le mois d'avril 1998. Il convient de préciser que ces durées sont prévues non par la loi, mais par une disposition statutaire du Centre national des caisses d'épargne, une assemblée générale extraordinaire permettant d'y déroger.
C'est ce qui a été fait, monsieur le ministre, à la fin de l'année 1997, avec la prorogation des mandats des deux organes dirigeants, le directoire et le conseil de surveillance, jusqu'au 1er mars 1999.
Monsieur le ministre, la commission des finances souhaiterait que vous puissiez dire au Sénat comment vous envisagez la période de transition, parce que, comme vous l'avez indiqué, cette réforme suppose une acceptation par le réseau. Elle suppose donc autant de légitimité professionnelle qu'il est possible d'en trouver pour conduire un processus très difficile.
Compte tenu des conditions complexes de cette affaire, cela exclut, me semble-t-il, tout parachutage administratif et a fortiori politique.
C'est pourquoi, monsieur le ministre, la commission des finances souhaite, par cet amendement, vous interroger quant au déroulement de la période transitoire s'agissant de la responsabilité des organes centraux des caisses d'épargne.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le rapporteur, cet amendement comporte deux éléments : l'un concerne le conseil de surveillance du CENCEP ; l'autre a trait aux organes dirigeants opérationnels.
S'agissant tout d'abord du CENCEP, la durée du mandat de ses membres ne relève ni du Gouvernement ni de la loi ; elle relève de l'assemblée du GIE constituée par les différents CCCOS. C'est en effet à ces derniers de décider du renouvellement de leurs instances dirigeantes.
Par conséquent, autant il est nécessaire, par le texte que nous vous présentons, de proroger la durée d'existence des membres des CCCOS, qui sont élus au niveau de chacune des caisses d'épargne, autant ce sont les CCCOS eux-mêmes qui doivent décider ce qu'ils entendent faire s'agissant du CENCEP.
Je vous propose donc - d'ailleurs, cela répond, me semble-t-il, au souhait du Sénat lui-même - de laisser à la loi ce qui revient à la loi et de laisser ce réseau, que nous voulons justement plus mature, plus autonome, gérer dorénavant lui-même ses propres instances.
Le problème est un peu différent pour ce qui est des organes dirigeants - je pense au directoire - et je veux, de ce point de vue, vous rassurer.
Quelle que soit la composition de l'équipe qui doit mener la période de transition qui va s'ouvrir - le Gouvernement partage totalement votre sentiment - il doit s'agir, comme cela a toujours été le cas jusqu'à présent - et les dirigeants n'ont en rien démérité -, de professionnels de la banque, de la finance, de la collecte de l'épargne, de la gestion des réseaux, bref des professionnels.
Il ne saurait être question de mettre à la tête de ce groupe, que nous voulons doter d'arguments nouveaux, de puissance nouvelle, de capacité d'attraction nouvelle en direction des épargnants et des clients, des dirigeants qui n'auraient pas comme première qualité d'être reconnus par la profession.
En clair, cela signifie que nombre d'entre eux doivent venir du réseau lui-même, car il est tout à fait normal qu'un réseau soit capable de produire ses propres dirigeants. On peut parfois, sur tel ou tel poste, avoir besoin d'aller chercher à l'extérieur une compétence que l'on n'a pas, dans le domaine professionnel, cela va sans dire. Mais il est normal qu'un réseau d'une telle taille et d'une telle importance soit susceptible de générer lui-même ses propres dirigeants.
Vous évoquiez le champ administratif ; ce sont des pratiques qui n'ont plus cours ! Vous évoquiez même le parachutage politique.
Vous vous référiez aux pratiques qui avaient cours sous un gouvernement précédent, mais pas celui-ci ! (Exclamations au banc de la commission.) Je vous renvoie à votre taquinerie !
Plus sérieusement sur le fond, ce qui est sûr, c'est que, pour diriger cet ensemble aujourd'hui et demain, comme cela a été le cas hier, il nous faut des professionnels et, autant que possible, des professionnels issus du réseau. C'est ce que le Gouvernement a l'intention de soutenir et de faciliter, de manière que cette réforme puisse être conduite au mieux de l'intérêt des salariés des caisses d'épargne, des usagers et déposants, et du système financier français dans son ensemble par les alliances que ce réseau est susceptible, dans un, deux, trois ou cinq ans, de nouer avec tel ou tel autre partenaire français pour s'enrichir et offrir de nouvelles activités.
Nous avons donc tous, je le crois, les mêmes préoccupations : nous voulons un réseau professionnel de qualité offrant le meilleur service possible. J'espère que ces éléments seront de nature à vous rassurer sur les intentions du Gouvernement - si c'est le cas, je m'en réjouis, sinon je suis prêt à les compléter - et que, en tous cas, elles vous convaincront de retirer cet amendement, qui serait source de retard du fait des navettes inévitables entre l'Assemblée nationale et le Sénat que son adoption entraînerait. Je le souhaite d'autant plus que la durée du mandat des membres du CENCEP ne relève pas de la loi et que, s'agissant du directoire, nous avons les mêmes intentions.
M. le président. Monsieur le rapporteur, êtes-vous sensible à l'appel du Gouvernement ?
M. Philippe Marini, rapporteur. Monsieur le président, j'ai bien entendu l'appel de M. le ministre, mais certains de nos collègues ont peut-être des éléments d'appréciation supplémentaires à apporter !
M. le président. La réponse est oui !
Je vais donc mettre aux voix l'amendement n° 1.
M. Jean-Louis Carrère. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Je remercie M. le rapporteur de me permettre de m'exprimer !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. C'est la courtoisie bien connue de la commission. (Sourires.)
M. Jean-Louis Carrère. Le thème abordé par M. Ostermann de la durée du mandat des membres du CCCOS m'interpelle ! En effet, il trouve que sept ans, c'est long, alors qu'au Sénat la durée du mandat est encore un peu plus longue ! (Rires.)
M. Philippe Marini, rapporteur. Et pourtant, cela passe très vite ! (Sourires.)
M. Alain Lambert, président de la commission. Le regrettez-vous ?
M. Jean-Louis Carrère. Pas du tout !
M. le président. Ne confondons pas les domaines, mon cher collègue !
M. Jean-Louis Carrère. S'agissant de l'amendement n° 1, qui offre un intérêt, celui de nous donner un éclairage, sans paraphraser M. le ministre, je dirai simplement, que, lorsque l'on proroge la durée du mandat des membres des CCCOS, de facto on proroge celle du mandat des membres du conseil de surveillance du CENCEP qui en est l'émanation.
Il n'en est pas tout à fait de même, comme l'a indiqué M. le ministre, s'agissant du directoire du CENCEP. Toutefois, cette intention affirmée avec force nous permet d'envisager une suite logique des choses, ce qui me semble absolument nécessaire dans cette période.
J'ai relu les débats à l'Assemblée nationale. Le rejet, notamment, de la prorogation des mandats jusqu'en 2001 est, à mon avis, une erreur. Je ne proposerai pas au Sénat de voter ce texte autrement que conforme, mais j'attire l'attention de M. le président de la commission, de M. le rapporteur et de M. le ministre sur un fait. Nous avons élu des directoires dans chacune des caisses. Les CCCOS devant être appelés à disparaître ou à être renouvelés en 1999, qui va les réélire ? Les porteurs de parts sociales qui ne seront pas encore en situation de les avoir acquises, c'est-à-dire que ces CCCOS n'auraient plus aucune légitimité.
Lorsqu'on examinera le projet, je demanderai que l'on réfléchisse à cette période transitoire. Cela me conduit d'ores et déjà à vous dire que je déposerai certainement un amendement pour proroger les mandats pour les CCCOS, pas indéfiniment, monsieur Ostermann, n'ayez crainte, et en aucun cas pour qu'ils fassent concurrence à la durée d'un mandat de sénateur, que, par ailleurs, je respecte et que je souhaite voir se prolonger (Exclamations amusées sur les travées du RPR), mais, mes chers collègues, de telle sorte que la vraie légitimité soit en place !
Sinon, nous aurions des directoires tirant leur légitimité de CCCOS qui n'auraient plus de légitimité eux-mêmes. C'est le fond du problème ! Ces CCCOS n'auront à mes yeux de légitimité que lorsqu'au minimum 50 % des parts sociales auront été effectivement vendues. Je pense donc que c'est une question à laquelle il faut réfléchir et, à ces réserves près, qui n'ont rien à voir avec l'amendement, je souhaite, monsieur le rapporteur, que cet amendement soit retiré.
M. Joël Bourdin. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Bourdin.
M. Joël Bourdin. Sur le premier point, c'est-à-dire sur l'article lui-même et la date ultime qui a été prévue pour la prorogation, je suis d'accord avec le précédent orateur : cela me paraît un peu court. Il faudra sans doute une autre prorogation des mandats, peut-être législative, parce qu'il y aura une période pendant laquelle les porteurs de parts ne pourront pas s'exprimer. Il faudra bien quand même qu'une légitimité puisse s'exprimer ! Or sont légitimes ceux qui sont déjà membres des conseils d'orientation et de surveillance. Mais c'est un commentaire « à chaud » !
Sur l'amendement lui-même, que j'ai voté en commission des finances - il a d'ailleurs été adopté à l'unanimité -, j'ai bien compris les arguments que vous avez avancés, monsieur le ministre, mais je voudrais quand même avoir l'assurance que les organes dirigeants, qui sont au coeur du dispositif et qui suivent les affaires au jour le jour, ne seront pas perturbés au cours de la période de mise en place des éventuelles nouvelles caisses d'épargne.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je retiens ce qu'a dit M. Carrère. En effet, dans le cadre de la loi pleine, il faut une phase de discussion de cette question.
Des dispositions sont déjà inscrites pour éviter le problème que vous évoquez. Peut-être ne sont-elles pas suffisantes. Il faudra que l'on examine ce point tout particulièrement parce que l'objectif que vous poursuivez, à savoir, au bout du compte, l'élection des nouveaux CCCOS par des sociétaires, est effectivement le bon. On verra si les dispositions prévues permettent de l'atteindre. Sinon, on pourra toujours les modifier.
Pour répondre à M. le sénateur, je veux que devant le Sénat la parole du Gouvernement soit parfaitement claire. Il y a deux logiques.
La première, c'est que le directoire qui est en place aujourd'hui fasse la réforme et que, une fois la réforme faite, éventuellement tout change parce que les circonstances seront différentes.
La seconde, c'est que soit mis en place un directoire qui porte la réforme et ensuite la mette en oeuvre.
C'est au CENCEP d'en décider. Les deux logiques sont possibles. Ce qu'il ne faut pas, vous avez raison, c'est qu'au milieu de la réforme il y ait des perturbations. Je suis tout à fait de votre avis.
Qu'un changement éventuel se produise - c'est ce que je répondais à M. Marini -, dans tous les cas, il faudra conserver les caractéristiques que j'évoquais en répondant à M. le rapporteur, à savoir celles du professionnalisme, cela va aussi sans dire.
Maintenant, il appartient au conseil de surveillance de faire son choix sur la façon dont il entend accompagner lui-même la réforme - car il a un rôle à jouer pendant qu'elle sera votée par les deux assemblées, puis mise en oeuvre par le réseau - et de savoir si l'on considère que la page qui change la vie des caisses d'épargne se tourne plutôt maintenant ou plutôt ultérieurement ; il s'agit là d'une question qui ne relève pas du Gouvernement.
En tout cas, je vous rassure : je partage tout à fait votre sentiment, à savoir qu'il ne faut pas que, au milieu ou au cours du processus, des changements viennent rendre cette évolution plus difficile encore qu'elle ne l'est déjà.
Par conséquent, il ne relève pas du Gouvernement de savoir si c'est plutôt avant ou après le processus que les mouvements peuvent éventuellement avoir lieu. Mais, je le répète, je partage votre sentiment : cela ne peut pas être en plein milieu du processus.
M. Philippe Marini, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini, rapporteur. Dans cette affaire, pas plus que dans d'autres, le Sénat n'a compétence pour régler des questions de personnes ; cela ne relève pas de notre responsabilité. En l'occurrence, il s'agit de la responsabilité de l'Assemblée générale et du conseil de surveillance du CENCEP.
Ce qu'il nous importe, à nous, c'est d'être assurés que ce réseau a le maximum de chances pour réussir la réforme et que le Gouvernement fait au réseau suffisamment confiance pour permettre à ce dernier de porter lui-même sa propre réforme et pour que soient en charge de la période de transition, comme vous l'avez dit, monsieur le ministre, essentiellement des hommes du réseau reconnus pour leur légitimité professionnelle et leur expérience. Mais j'ai compris, monsieur le ministre, que telle était votre intention.
Mes chers collègues, si nous persistions, nous risquerions, avec cet amendement, de retarder l'application de dispositions importantes pour le devenir du réseau des caisses d'épargne, réseau qui doit, par exemple, arrêter les conditions de ses relations futures avec la Caisse des dépôts et consignations, et anticiper sur la stratégie nouvelle qu'il pourra conduire lorsque la réforme aura été décidée par les assemblées parlementaires.
Tout cela nécessite, assurément, des conditions de légitimité et de professionnalisme - pardonnez-moi de me répéter, mais cela me paraît essentiel - si nous voulons disposer dans ce pays, avec la mutation des caisses d'épargne, d'un nouveau groupe financier apte à faire face à ses responsabilités, à nouer des alliances et à défendre aussi bien ses porteurs de parts que ses personnels et ses clients.
Mes chers collègues, c'est dans cet esprit que, ayant souhaité rappeler les préoccupations de la commission des finances - expérience professionnelle, légitimité et professionnalisme - et ayant entendu les explications de M. le ministre, je retire l'amendement n° 1 de la commission.
M. le président. L'amendement n° 1 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'article unique du projet de loi.
M. Gérard Miquel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme on l'a dit au cours de ce débat, ce projet de loi est de pure procédure : il vise à prolonger du 1er mars 1999 au 1er novembre 1999 le mandat des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance.
La raison en est claire : il s'agit d'éviter que le renouvellement de ces organes n'intervienne au milieu de la réforme des statuts des caisses d'épargne.
Ces mandats avaient d'ailleurs déjà été prolongés, dans le MUFF - projet de loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier - de 1997, jusqu'au 1er mars 1999 pour la même raison, la réforme étant alors prévue pour le courant de l'année 1998. Mais le projet de réforme des statuts des caisses d'épargne n'a été adopté en conseil des ministres que le 2 décembre dernier et sera discuté pochainement à l'Assemblée nationale, au printemps au Sénat. Il fallait donc prévoir une nouvelle prorogation.
En effet, une concertation étendue et fructueuse a été réalisée par M. Douyère, puis par le Gouvernement. Elle a permis d'aboutir à un projet de loi équilibré, qui devrait permettre la nécessaire adaptation des caisses d'épargne à un nouvel environnement, à la transformation du monde bancaire français et à la nouvelle donne européenne. Il permettra également la dynamisation du réseau afin d'en renforcer la cohérence, d'en développer les actions dans la relance de l'aménagement du territoire, dans le soutien aux catégories les moins aisées de la population, dans le développement économique local, en partenariat avec les collectivités territoriales.
Il permettra enfin d'en renforcer les missions d'intérêt général, dans le respect des quatre grands principes qui ont depuis toujours défini ces institutions, approuvés à l'unanimité en 1983 par le Parlement, et qui reposent sur : leur caractère non lucratif ; la promotion et la collecte de l'épargne, le développement de la prévoyance en vue de la satisfaction des besoins familiaux et collectifs ; l'utilisation de leurs ressources au profit de l'économie sociale et locale, en liaison avec les collectivités territoriales ; enfin, la primauté de leur rôle dans le financement du logement social et dans l'aménagement du territoire.
La place originale des caisses d'épargne sera donc conservée, contrairement aux propositions du gouvernement précédent.
Plus que jamais notre pays a besoin de ces établissements financiers dont la finalité n'est pas le profit et qui peuvent ainsi concourir à réduire la fracture sociale. Un sondage réalisé en 1995 avait d'ailleurs montré que les Français considéraient que les caisses d'épargne avaient un rôle particulier à jouer dans le paysage bancaire français, avec une mission d'intérêt général.
Mais, pour revenir à ce projet de loi et à son article unique, la prorogation des mandats ne peut que susciter l'accord du groupe socialiste. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

5

LOI D'ORIENTATION AGRICOLE

Suite de la discussion d'un projet de loi
déclaré d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 18, 1998-1999) d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence. [Rapport n° 129 ; avis n°s 132 et 151 (1998-1999).]
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 16.

Section 2

Le contrôle des structures des exploitations agricoles

Article 16



M. le président.
« Art. 16. _ Le chapitre Ier du titre III du livre III (nouveau) du code rural est ainsi rédigé :

« Chapitre Ier

« Le contrôle des structures
des exploitations agricoles

« Art. L. 331-1 . _ Le contrôle des structures des exploitations agricoles s'applique à la mise en valeur des biens fonciers ruraux au sein d'une exploitation agricole, quels que soient la forme ou le mode d'organisation juridique de celle-ci, et le titre en vertu duquel la mise en valeur est assurée.
« Est qualifiée d'exploitation agricole, au sens du présent chapitre, toute unité de production, quels qu'en soient le statut, la forme ou le mode d'organisation juridique, dont l'activité est mentionnée à l'article L. 311-1.
« L'objectif prioritaire du contrôle des structures est de favoriser l'installation d'agriculteurs, y compris ceux engagés dans une démarche d'installation progressive.
« En outre, il vise :
« _ soit à empêcher le démembrement d'exploitations agricoles viables pouvant permettre l'installation d'un ou plusieurs agriculteurs,
« _ soit à favoriser l'agrandissement des exploitations agricoles dont les dimensions, les références de production ou les droits à aide sont insuffisants au regard des critères arrêtés dans le schéma directeur départemental des structures,
« _ soit à permettre l'installation ou conforter l'exploitation d'agriculteurs pluriactifs partout où l'évolution démographique et les perspectives économiques le justifient.
« Art. L. 331-2 . _ Sont soumises à autorisation préalable les opérations suivantes :
« 1° Les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole détenue par une personne physique ou morale, lorsque la surface totale qu'il est envisagé de mettre en valeur excède le seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures.
« Ce seuil est compris entre 0,5 et 1,5 fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5.
« Toute diminution du nombre total des associés exploitants, des coexploitants, des coïndivisaires au sein d'une exploitation est assimilée à un agrandissement. Elle entraîne pour celui ou ceux qui poursuivent la mise en valeur de l'exploitation l'obligation de solliciter une autorisation préalable pour continuer d'exploiter dès lors que l'exploitation en cause a une superficie supérieure au seuil fixé ci-dessus. Dans ce cas, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire pour une durée qui ne saurait excéder deux ans, afin de leur permettre, le cas échéant, de remettre leur exploitation en conformité avec les prescriptions du schéma directeur départemental des structures ;
« 2° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles ayant pour conséquence :
« a) De supprimer une exploitation agricole dont la superficie excède un seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures et compris entre le tiers et une fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, ou de ramener la superficie d'une exploitation en deçà de ce seuil,
« b) De priver une exploitation agricole d'un bâtiment essentiel à son fonctionnement, sauf s'il est reconstruit ou remplacé ;
« 3° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole :
« a) Dont l'un des membres ayant la qualité d'exploitant ne remplit pas les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle ou a atteint l'âge requis pour bénéficier d'un avantage de vieillesse agricole,
« b) Ne comportant pas de membre ayant la qualité d'exploitant.
« Il en est de même pour les exploitants pluriactifs remplissant les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle dont les revenus extra-agricoles du foyer fiscal excèdent 3 120 fois le montant horaire du salaire minimum de croissance ;
« 4° Hormis la seule participation financière au capital d'une exploitation, toute participation dans une exploitation agricole, soit directe, en tant que membre, associé ou usufruitier de droits sociaux, soit par personne morale interposée, de toute personne physique ou morale, dès lors qu'elle participe déjà en qualité d'exploitant à une autre exploitation agricole, ainsi que toute modification dans la répartition des parts ou actions d'une telle personne morale qui a pour effet de faire franchir à l'un des membres, seul ou avec son conjoint et ses ayants droit, le seuil de 50 % du capital.
« Dans le cas où le franchissement de ce seuil ne résulte pas d'une décision de l'intéressé, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire, pour une durée qui ne saurait excéder deux ans, afin de permettre aux associés de rétablir une situation conforme au schéma directeur départemental des structures ;
« 5° Les agrandissements ou réunions d'exploitations pour les biens dont la distance par rapport au siège de l'exploitation du demandeur est supérieure à un maximum fixé par le schéma départemental des structures, sans que ce maximum puisse être inférieur à 5 kilomètres ;
« 6° Les créations ou extensions de capacité des ateliers hors-sol, au-delà d'un seuil de capacité de production fixé par décret.
« Pour déterminer la superficie totale mise en valeur, il est tenu compte des superficies exploitées par le demandeur sous quelque forme que ce soit ainsi que des ateliers de production hors-sol évalués par application des coefficients mentionnés au dernier alinéa de l'article L. 312-6. En sont exclus les bois, landes, taillis et friches, sauf les terres situées dans les départements d'outre-mer et mentionnées par l'article L. 128-3 ; en sont également exclus les étangs autres que ceux servant à l'élevage piscicole.
« Les opérations réalisées par une société d'aménagement foncier et d'établissement rural, ayant pour conséquence la suppression d'une unité économique égale ou supérieure au seuil fixé en application du 2° ci-dessus, ou l'agrandissement, par attribution d'un bien préempté par la société d'aménagement foncier et d'établissement rural, d'une exploitation dont la surface totale après cette cession excède deux fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, sont soumises à autorisation dans les conditions de droit commun. Les autres opérations réalisées par ces sociétés font l'objet d'une simple information du préfet du département où est situé le fonds.
« Art. L. 331-3 . _ L'autorité administrative se prononce sur la demande d'autorisation en se conformant aux orientations définies par le schéma directeur départemental des structures agricoles applicable dans le département dans lequel se situe le fonds faisant l'objet de la demande. Elle doit notamment :
« 1° Observer l'ordre des priorités établi par le schéma départemental entre l'installation des jeunes agriculteurs et l'agrandissement des exploitations agricoles, en tenant compte de l'intérêt économique et social du maintien de l'autonomie de l'exploitation faisant l'objet de la demande ;
« 2° S'assurer, en cas d'agrandissement ou de réunion d'exploitations, que toutes les possibilités d'installation sur une exploitation viable ont été considérées ;
« 3° Prendre en compte les références de production ou droits à aide dont disposent déjà le ou les demandeurs ainsi que ceux attachés aux biens objets de la demande en appréciant les conséquences économiques de la reprise envisagée ;
« 4° Prendre en compte la situation personnelle du ou des demandeurs, notamment en ce qui concerne l'âge et la situation familiale ou professionnelle et, le cas échéant, celle du preneur en place ;
« 5° Prendre en compte la participation du demandeur ou, lorsque le demandeur est une personne morale, de ses associés à l'exploitation directe des biens objets de la demande dans les conditions prévues à l'article L. 411-59 ;
« 6° Tenir compte du nombre d'emplois non salariés et salariés permanents ou saisonniers sur les exploitations concernées ;
« 7° Prendre en compte la structure parcellaire des exploitations concernées, soit par rapport au siège de l'exploitation, soit pour éviter que des mutations en jouissance ne remettent en cause des aménagements réalisés à l'aide de fonds publics ;
« 8° (nouveau) Prendre en compte la poursuite d'une activité agricole bénéficiant de la certification du mode de production biologique.
« L'autorisation peut n'être délivrée que pour une partie de la demande, notamment si certaines des parcelles sur lesquelles elle porte font l'objet d'autres candidatures prioritaires. Elle peut également être conditionnelle ou temporaire.
« Art. L. 331-4 . _ L'autorisation est périmée si le fonds n'a pas été mis en culture avant l'expiration de l'année culturale qui suit la date de l'enregistrement de la demande. Si le fonds est loué, l'année culturale à prendre en considération est celle qui suit le départ effectif du preneur, sauf si la situation personnelle du demandeur au regard des dispositions du présent chapitre est modifiée.
« Art. L. 331-5 . _ Les informations concernant les structures des exploitations agricoles figurant dans les fichiers des caisses de mutualité sociale agricole ou les organismes qui en tiennent lieu dans les départements d'outre-mer, dans les centres de formalités des entreprises tenus par les chambres d'agriculture, dans le registre de l'agriculture, ou dans le système intégré de gestion et de contrôle mis en place pour l'application de la réglementation communautaire sont communiquées, sur sa demande, à l'autorité administrative lorsqu'elles sont nécessaires à l'exercice du contrôle des structures.
« Art. L. 331-6 . _ Tout preneur, lors de la conclusion d'un bail, doit faire connaître au bailleur la superficie et la nature des biens qu'il exploite ; mention expresse en est faite dans le bail. Si le preneur est tenu d'obtenir une autorisation d'exploiter en application de l'article L. 331-2, le bail est conclu sous réserve de l'octroi de ladite autorisation. Le refus définitif de l'autorisation ou le fait de ne pas avoir présenté la demande d'autorisation exigée en application de l'article L. 331-2 dans le délai imparti par l'autorité administrative en application du premier alinéa de l'article L. 331-7 emporte la nullité du bail que le préfet du département dans lequel se trouve le bien objet du bail, le bailleur ou la société d'aménagement foncier et d'établissement rural, lorsqu'elle exerce son droit de préemption, peut faire prononcer par le tribunal paritaire des baux ruraux.
« Art. L. 331-7 . _ Lorsqu'elle constate qu'un fonds est exploité contrairement aux dispositions du présent chapitre, l'autorité administrative met l'intéressé en demeure de régulariser sa situation dans un délai qu'elle détermine et qui ne saurait être inférieur à un mois.
« La mise en demeure mentionnée à l'alinéa précédent prescrit à l'intéressé soit de présenter une demande d'autorisation, soit, si une décision de refus d'autorisation est intervenue, de cesser l'exploitation des terres concernées.
« Lorsque l'intéressé, tenu de présenter une demande d'autorisation, ne l'a pas formée dans le délai mentionné ci-dessus, l'autorité administrative lui notifie une mise en demeure de cesser d'exploiter dans un délai de même durée.
« Lorsque la cessation de l'exploitation est ordonnée, l'intéressé est mis à même, pendant le délai qui lui est imparti, de présenter ses observations écrites ou orales devant toute instance ayant à connaître de l'affaire.
« Si, à l'expiration du délai imparti pour cesser l'exploitation des terres concernées, l'autorité administrative constate que l'exploitation se poursuit dans des conditions irrégulières, elle peut prononcer à l'encontre de l'intéressé une sanction pécuniaire d'un montant compris entre 2 000 F et 6 000 F par hectare. La surface prise en compte correspond à la surface de polyculture-élevage faisant l'objet de l'exploitation illégale, ou son équivalent, après le cas échéant application des coefficients d'équivalence résultant, pour chaque nature de culture, de l'application de l'article L. 312-6.
« Cette mesure pourra être reconduite chaque année s'il est constaté que l'intéressé poursuit l'exploitation en cause.
« Art. L. 331-8 . _ La décision prononçant la sanction pécuniaire mentionnée à l'article L. 331-7 est notifiée à l'exploitant concerné, qui peut la contester, avant tout recours contentieux, dans le mois de sa réception, devant une commission des recours dont la composition et les règles de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Les recours devant cette commission sont suspensifs. Leur instruction est contradictoire.
« La commission, qui statue par décision motivée, peut soit confirmer la sanction, soit décider qu'en raison d'éléments tirés de la situation de la personne concernée il y a lieu de ramener la pénalité prononcée à un montant qu'elle détermine dans les limites fixées à l'article L. 331-7, soit décider qu'en l'absence de violation établie des dispositions du présent chapitre il n'y a pas lieu à sanction. Dans les deux premiers cas, la pénalité devient recouvrable dès notification de sa décision.
« La décision de la commission peut faire l'objet, de la part de l'autorité administrative ou de l'intéressé, d'un recours de pleine juridiction devant le tribunal administratif.
« Art. L. 331-9 . _ Celui qui exploite un fonds en dépit d'un refus d'autorisation d'exploiter devenu définitif ne peut bénéficier d'aucune aide publique à caractère économique accordée en matière agricole.
« Art. L. 331-10 . _ Si, à l'expiration de l'année culturale au cours de laquelle la mise en demeure de cesser l'exploitation est devenue définitive, un nouveau titulaire du droit d'exploiter n'a pas été désigné, toute personne intéressée par la mise en valeur du fonds peut demander au tribunal paritaire des baux ruraux que lui soit accordé le droit d'exploiter ledit fonds. En cas de pluralité de candidatures, le tribunal paritaire des baux ruraux statue en fonction de l'intérêt, au regard des priorités définies par le schéma directeur départemental des structures, de chacune des opérations envisagées.
« Lorsque le tribunal paritaire des baux ruraux accorde l'autorisation d'exploiter le fonds, il fixe les conditions de jouissance et le montant du fermage conformément aux dispositions du titre 1er du livre IV (nouveau) du présent code.
« Art. L. 331-11 . _ Les conditions d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Sur l'article, la parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec l'examen de l'article 16, nous abordons un point important puisqu'il s'agit du contrôle des structures des exploitations agricoles.
Je voudrais, à titre liminaire, préciser certains éléments afin d'éclairer nos débats.
Les dispositions qui nous sont soumises ont fait l'objet d'un accord quasi unanime de la part des organisations professionnelles agricoles. La commission des affaires économiques et du Plan a amendé ce dispositif sur les trois points qui lui ont paru essentiels, c'est-à-dire la transmission dans un cadre familial, le niveau du seuil de déclenchement du contrôle et le poids des sanctions administratives.
Nous avions donc trois possibilités, mes chers collègues.
Premièrement, nous pouvions supprimer le contrôle des structures. Cette solution peut paraître séduisante en théorie mais nul, dans cette enceinte, ne l'a proposée en raison des implications évidentes qu'elle risquerait d'avoir sur notre agriculture. Je rappelle en particulier que, si depuis vingt ans, une politique des structures n'avait pas été menée en France, nous aurions assisté à une disparition encore plus importante du nombre d'exploitations.
Deuxièmement, nous pouvions amender le dispositif qui nous est proposé de manière radicale. Comme vous le savez tous, cette solution serait totalement non seulement contreproductive sur un plan législatif mais aussi incomprise car une réforme du contrôle des structures est nécessaire afin d'assurer l'égalité de traitement entre les formes d'exploitations individuelles et sociétaires, l'unification du contrôle par la création d'un seul régime d'autorisation et le remplacement des sanctions pénales rarement mises en oeuvre par des sanctions administratives plus dissuasives.
Troisièmement, nous pouvions enfin modifier certains points que nous jugeons importants comme la transmission familiale, le poids des sanctions ou le niveau de déclenchement du contrôle. Tel est le choix que je vous propose, mes chers collègues.
Je vous rappelle qu'il est à l'image de la démarche de la commission face à ce projet de loi, démarche déterminée, mais aussi constructive et pragmatique.
Je tiens à préciser que l'ensemble de nos collègues entend contribuer à améliorer ce dispositif. Ainsi, l'amendement adopté par la commission des affaires économiques, ce matin même, vise à proposer une synthèse des différentes propositions en permettant d'atteindre un réel équilibre.
M. le président. La parole est à M. Gérard Larcher.
M. Gérard Larcher. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaiterais tout d'abord rappeler que le code rural prévoit que les installations, agrandissements ou réunions d'exploitations agricoles peuvent faire l'objet soit d'une autorisation préalable, soit d'une déclaration préalable. Sont notamment soumises à une déclaration préalable les transmissions d'exploitations entre membres d'une même famille, cette notion de famille représentant pour nous quelque chose d'important.
Or, l'article 16 de ce projet de loi, tel qu'il a été adopté par l'Assemblée nationale, propose un renforcement, qui nous paraît excessif, du contrôle des structures. En effet, cet article supprime la déclaration préalable et, par voie de conséquence, soumet les transmissions familiales, les agrandissements et les installations à une autorisation préalable.
En outre, il prévoit une autorisation préalable à titre provisoire d'une durée de deux ans pour toute diminution du nombre total des associés exploitants, des coexploitants et des coïndivisaires au sein d'une exploitation. Ainsi, la transmission père-fils au sein d'un GAEC est soumise à cette autorisation provisoire de deux ans.
Un tel contrôle nous paraît bien inutile. Il l'est, en effet, au regard de l'évolution de la population agricole et de la gestion de l'espace foncier.
Depuis son origine, le contrôle des structures a pour objet d'éviter les concentrations excessives des terres et de permettre une régulation entre l'offre et la demande.
Or, depuis le début des années quatre-vingt-dix, le nombre des cessations d'activités agricoles est plus important que celui des installations en agriculture. C'est ainsi que, comme l'a souligné notre rapporteur, Michel Souplet, depuis 1993, 30 000 exploitations disparaissent chaque année. Pour 1997, on dénombre moins de 680 000 exploitations agricoles. En 1995, 1,5 million d'actifs agricoles permanents travaillaient sur les exploitations agricoles. Leur nombre a diminué de 40 % en quinze ans, comme celui des exploitations. Depuis 1950, l'agriculture française a donc perdu 4 millions d'actifs.
Par conséquent, nous ne sommes plus en face des mêmes problèmes de concurrence entre exploitations et repreneurs que pendant les années soixante.
Enfin, que dire d'un article qui soumet la transmission familiale à un contrôle administratif ? L'institution d'une autorisation préalable à titre provisoire d'une durée de deux ans non seulement porte atteinte au droit de propriété mais remet aussi en cause la sécurité juridique de l'agriculteur et constitue en quelque sorte une diminution du droit familial ; cela paraît aussi s'opposer à un certain nombre de dispositions du code civil. On accorde une autorisation ou on la refuse sans toujours tenir compte des contraintes économiques ou sociales de l'exploitation.
Pour toutes ces raisons, le groupe du Rassemblement pour la République propose d'assouplir ce dispositif, notamment en ne soumettant pas à une autorisation préalable les transmissions entre conjoints, ascendants et descendants pour les petites et moyennes exploitations et en supprimant l'autorisation provisoire de deux ans.
Nos provisions s'inspirent du projet de loi préparé par M. Philippe Vasseur et de la proposition de loi de notre collègue M. Gérard César, cosignée par l'ensemble de la majorité sénatoriale, adoptée par la commisssion des affaires économiques et du Plan, puis par le Sénat le 11 décembre 1997.
Je tiens à remercier particulièrement M. le rapporteur, d'avoir fait en sorte qu'après un débat approfondi, assez long et fructueux au sein de la commission des affaires économiques, nos propositions aient pu être partiellement reprises dans l'amendement qu'il présente afin de répondre à une partie non négligeable des préoccupations qui se sont exprimées. Je ne doute pas que le débat qui va avoir lieu nous permettra, au bout du compte, de faire converger nos opinions.
Tel est l'objectif que nous poursuivons en abordant cet article 16, avec la volonté à la fois de ne pas compliquer le contrôle des structures et d'aboutir à un texte simple et clair qui rappelle notre attachement à la transmission familiale, quelles que soient les structures concernées.
M. le président. Sur l'article 16, je suis saisi de vingt-sept amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.

Par amendement n° 606, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit cet article :
« Le chapitre Ier du livre III du code rural est ainsi rédigé :

« Chapitre Ier

« Le contrôle des structures
des exploitations agricoles

« Art. L. 331-1. - Le contrôle des structures des exploitations agricoles s'applique à la mise en valeur des biens fonciers ruraux au sein d'une exploitation agricole, quels que soient la forme ou le mode d'organisation juridique de celle-ci, et le titre en vertu duquel la mise en valeur est assurée.

« Est qualifiée d'exploitation agricole, au sens du présent chapitre, toute unité de production, quels qu'en soient le statut, la forme ou le mode d'organisation juridique, dont l'activité est mentionnée à l'article L. 311-1.
« L'objectif prioritaire du contrôle des structures est de favoriser, en complémentarité avec une politique incitative en faveur de la transmission des exploitations agricoles à des jeunes, l'installation d'agriculteurs, y compris ceux engagés dans une démarche d'installation progressive.
« En outre, il vise :
« - soit à empêcher le démembrement d'exploitations agricoles viables pouvant permettre l'installation d'un ou plusieurs agriculteurs ;
« - soit à favoriser l'agrandissement des exploitations agricoles dont les dimensions, les références de production ou les droits à aide sont insuffisants au regard des critères arrêtés dans le schéma directeur départemental des structures ;
« - soit à contribuer à la constitution ou la préservation d'exploitations familiales ;
« - soit à permettre l'installation ou conforter l'exploitation d'agriculteurs pluriactifs partout où l'évolution démographique et les perspectives économiques le justifient.
« Art. L. 331-2. - I. - Sont soumises à autorisation préalable les opérations suivantes :
« 1° Les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole détenue par une personne physique ou morale, lorsque la surface totale qu'il est envisagé de mettre en valeur excède le seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures.
« Ce seuil est compris entre une et deux fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5.
« Toute diminution du nombre total des associés exploitants, des coexploitants, des coindivisaires au sein d'une exploitation est assimilée à un agrandissement. Elle entraîne pour celui ou ceux qui poursuivent la mise en valeur de l'exploitation l'obligation de solliciter une autorisation préalable pour continuer d'exploiter dès lors que l'exploitation en cause a une superficie supérieure au seuil fixé ci-dessus. Dans ce cas, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire pour une durée qui ne saurait excéder un an, afin de leur permettre, le cas échéant, de remettre leur exploitation en conformité avec les prescriptions du schéma directeur départemental des structures. Il est tenu compte des liens de parenté entre associés ;
« 2° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles ayant pour conséquence :
« a) De supprimer une exploitation agricole dont la superficie excède un seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures et compris entre la moitié et une fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, ou de ramener la superficie d'une exploitation en deçà de ce seuil ;
« b) De priver une exploitation agricole d'un bâtiment essentiel à son fonctionnement, sauf s'il est reconstruit ou remplacé ;
« 3° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole :
« a) Dont l'un des membres ayant la qualité d'exploitant ne remplit pas les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle ou a atteint l'âge requis pour bénéficier d'un avantage de vieillesse agricole ;
« b) Ne comportant pas de membre ayant la qualité d'exploitant.
« Il en est de même pour les exploitants pluriactifs remplissant les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle dont les revenus extra-agricoles du foyer fiscal excèdent 3 120 fois le montant horaire du salaire minimum de croissance ;
« 4° Hormis la seule participation financière au capital d'une exploitation, toute participation dans une exploitation agricole, soit directe, en tant que membre, associé ou usufruitier de droits sociaux, soit par personne morale interposée, de toute personne physique ou morale, dès lors qu'elle participe déjà en qualité d'exploitant à une autre exploitation agricole, ainsi que toute modification dans la répartition des parts ou actions d'une telle personne morale qui a pour effet de faire franchir à l'un des membres, seul ou avec son conjoint et ses ayants droit, le seuil de 50 % du capital.
« Dans le cas où le franchissement de ce seuil ne résulte pas d'une décision de l'intéressé, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire, pour une durée qui ne saurait excéder un an, afin de permettre aux associés de rétablir une situation conforme au schéma directeur départemental des structures ;
« 5° Les agrandissements ou réunions d'exploitations pour les biens dont la distance par rapport au siège de l'exploitation du demandeur est supérieure à un maximum fixé par le schéma départemental des structures, sans que ce maximum puisse être inférieur à 10 kilomètres ;
« 6° Les créations ou extensions de capacité des ateliers hors-sol, au-delà d'un seuil de capacité de production fixé par décret.
« Pour déterminer la superficie totale mise en valeur, il est tenu compte des superficies exploitées par le demandeur sous quelque forme que ce soit ainsi que des ateliers de production hors-sol évalués par application des coefficients mentionnés au dernier alinéa de l'article L. 312-6. En sont exclus les bois, landes, taillis et friches, sauf les terres situées dans les départements d'outre-mer et mentionnées par l'article L. 128-3 ; en sont également exclus les étangs autres que ceux servant à l'élevage piscicole.
« Les opérations réalisées par une société d'aménagement foncier et d'établissement rural, ayant pour conséquence la suppression d'une unité économique égale ou supérieure au seuil fixé en application du 2° ci-dessus, ou l'agrandissement, par attribution d'un bien préempté par la société d'aménagement foncier et d'établissement rural, d'une exploitation dont la surface totale après cette cession excède deux fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, sont soumises à autorisation dans les conditions de droit commun. Les autres opérations réalisées par ces sociétés font l'objet d'une simple information du préfet du département où est situé le fonds.
« II. - Lorsqu'elles sont inférieures à un seuil compris entre une et deux fois l'unité de référence, les exploitations agricoles sont librement transmissibles par voie de succession ou en cas de liquidation de communauté de biens entre époux et librement cessibles entre conjoints et entre ascendants et descendants jusqu'au troisième degré.
« Art. L. 331-3. - L'autorité administrative, après avis de la commission départementale d'orientation agricole, se prononce sur la demande d'autorisation en se conformant aux orientations définies par le schéma directeur départemental des structures agricoles applicable dans le département dans lequel se situe le fonds faisant l'objet de la demande. Elle doit notamment :
« 1° Observer l'ordre des priorités établi par le schéma départemental entre l'installation des jeunes agriculteurs et l'agrandissement des exploitations agricoles, en tenant compte de l'intérêt économique et social du maintien de l'autonomie de l'exploitation faisant l'objet de la demande ;
« 2° S'assurer, en cas d'agrandissement ou de réunion d'exploitations, que toutes les possibilités d'installation sur une exploitation viable ont été considérées ;
« 3° Prendre en compte les références de production ou droits à aide dont disposent déjà le ou les demandeurs ainsi que ceux attachés aux biens objets de la demande en appréciant les conséquences économiques de la reprise envisagée ;
« 4° Prendre en compte la situation personnelle du ou des demandeurs, notamment en ce qui concerne l'âge et la situation familiale ou professionnelle et, le cas échéant, celle du preneur en place et des liens de parenté entre les associés ;
« 5° Prendre en compte la participation du demandeur ou, lorsque le demandeur est une personne morale, de ses associés à l'exploitation directe des biens objets de la demande dans les conditions prévues à l'article L. 411-59 ;
« 6° Tenir compte du nombre d'emplois non salariés et salariés permanents ou saisonniers sur les exploitations concernées ;
« 7° Prendre en compte la structure parcellaire des exploitations concernées, soit par rapport au siège de l'exploitation, soit pour éviter que des mutations en jouissance ne remettent en cause des aménagements réalisés à l'aide de fonds publics ;
« 8° S'assurer du respect des règles de protection de l'environnement établies au niveau national et local.
« L'autorisation peut n'être délivrée que pour une partie de la demande, notamment si certaines des parcelles sur lesquelles elle porte font l'objet d'autres candidatures prioritaires. Elle peut également être conditionnelle ou temporaire.
« Art. L. 331-4. - L'autorisation est périmée si le fonds n'a pas été mis en culture avant l'expiration de l'année culturale qui suit la date de sa notification. Si le fonds est loué, l'année culturale à prendre en considération est celle qui suit le départ effectif du preneur, sauf si la situation personnelle du demandeur au regard des dispositions du présent chapitre est modifiée.
« Art. L. 331-5. - Les informations concernant les structures des exploitations agricoles figurant dans les fichiers des caisses de mutualité sociale agricole ou les organismes qui en tiennent lieu dans les départements d'outre-mer, dans les centres de formalités des entreprises tenus par les chambres d'agriculture, dans le registre de l'agriculture, ou dans le système intégré de gestion et de contrôle mis en place pour l'application de la réglementation communautaire sont communiquées, sur sa demande, à l'autorité administrative lorsqu'elles sont nécessaires à l'exercice du contrôle des structures.
« Les conditions de cette communication sont fixées par décret en Conseil d'Etat, pris après avis de la commission nationale de l'informatique et des libertés.
« Art. L. 331-6. - Tout preneur, lors de la conclusion d'un bail, doit faire connaître au bailleur la superficie et la nature des biens qu'il exploite ; mention expresse en est faite dans le bail. Si le preneur est tenu d'obtenir une autorisation d'exploiter en application de l'article L. 331-2, le bail est conclu sous réserve de l'octroi de ladite autorisation. Le refus définitif de l'autorisation ou le fait de ne pas avoir présenté la demande d'autorisation exigée en application de l'article L. 331-2 dans le délai imparti par l'autorité administrative en application du premier alinéa de l'article L. 331-7 emporte la nullité du bail que le préfet du département dans lequel se trouve le bien objet du bail, le bailleur ou la société d'aménagement foncier et d'établissement rural, lorsqu'elle exerce son droit de préemption, peut faire prononcer par le tribunal paritaire des baux ruraux.
« Art. L. 331-7. - Lorsqu'elle constate qu'un fonds est exploité contrairement aux dispositions du présent chapitre, l'autorité administrative met l'intéressé en demeure de régulariser sa situation dans un délai qu'elle détermine et qui ne saurait être inférieur à deux mois.
« La mise en demeure mentionnée à l'alinéa précédent prescrit à l'intéressé soit de présenter une demande d'autorisation, soit, si une décision de refus d'autorisation est intervenue, de cesser l'exploitation des terres concernées.
« Lorsque l'intéressé, tenu de présenter une demande d'autorisation, ne l'a pas formée dans le délai mentionné ci-dessus, l'autorité administrative lui notifie une mise en demeure de cesser d'exploiter dans un délai de même durée.
« Lorsque la cessation de l'exploitation est ordonnée, l'intéressé est mis à même, pendant le délai qui lui est imparti, de présenter ses observations écrites ou orales devant toute instance ayant à connaître de l'affaire.
« Si, à l'expiration du délai imparti pour cesser l'exploitation des terres concernées, l'autorité administrative constate que l'exploitation se poursuit dans des conditions irrégulières, elle peut prononcer à l'encontre de l'intéressé une sanction pécuniaire d'un montant compris entre 2 000 francs et 4 000 francs par hectare. La surface prise en compte correspond à la surface de polyculture-élevage faisant l'objet de l'exploitation illégale, ou son équivalent, après le cas échéant application des coefficients d'équivalence résultant, pour chaque nature de culture, de l'application de l'article L. 312-6.
« Cette mesure pourra être reconduite chaque année s'il est constaté que l'intéressé poursuit l'exploitation en cause.
« Art. L. 331-8. - La décision prononçant la sanction pécuniaire mentionnée à l'article L. 331-7 est notifiée à l'exploitant concerné, qui peut la contester, avant tout recours contentieux, dans le mois de sa réception, devant une commission des recours dont la composition et les règles de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Les recours devant cette commission sont suspensifs. Leur instruction est contradictoire.
« La commission, qui statue par décision motivée, peut soit confirmer la sanction, soit décider qu'en raison d'éléments tirés de la situation de la personne concernée il y a lieu de fixer la pénalité prononcée à un montant qu'elle détermine dans les limites fixées à l'article L. 331-7, soit décider qu'en l'absence de violation établie des dispositions du présent chapitre il n'y a pas lieu à sanction. Dans les deux premiers cas, la pénalité devient recouvrable dès notification de sa décision.
« La décision de la commission peut faire l'objet, de la part de l'autorité administrative ou de l'intéressé, d'un recours de pleine juridiction devant le tribunal administratif.
« Art. L. 331-9. - Celui qui exploite un fonds en dépit d'un refus d'autorisation d'exploiter devenu définitif ne peut bénéficier d'aucune aide publique à caractère économique accordée en matière agricole.
« Art. L. 331-10. - Si, à l'expiration de l'année culturale au cours de laquelle la mise en demeure de cesser l'exploitation est devenue définitive, un nouveau titulaire du droit d'exploiter n'a pas été retenu, toute personne intéressée par la mise en valeur du fonds peut demander au tribunal paritaire des baux ruraux que lui soit accordé le droit d'exploiter ledit fonds. En cas de pluralité de candidatures, le tribunal paritaire des baux ruraux statue en fonction de l'intérêt, au regard des priorités définies par le schéma directeur départemental des structures, de chacune des opérations envisagées.
« Lorsque le tribunal paritaire des baux ruraux accorde l'autorisation d'exploiter le fonds, il fixe les conditions de jouissance et le montant du fermage conformément aux dispositions du titre Ier du livre IV (nouveau) du présent code.
« Art. L. 331-11. - Les conditions d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Cet amendement est assorti de cinq sousamendements.
Le sous-amendement n° 464 rectifié présenté par M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, tend, dans le troisième alinéa du paragraphe I du texte présenté par l'amendement n° 606 pour l'article L. 331-2 du code rural, à remplacer les mots : « 1 et 2 fois » par les mots : « 0,5 et 1 fois ».
Le sous-amendement n° 617 est déposé par M. César et vise, à la fin du troisième alinéa du 1° du paragraphe I du texte présenté par l'amendement n° 606 pour l'article L. 331-2 du code rural, à insérer une phrase rédigée comme suit : « Cette disposition ne concerne pas les transmissions par voie de succession ou en cas de liquidation, de communauté de biens entre époux et entre ascendants et descendants jusqu'au 4e degré. »
Les trois sous-amendements suivants sont présentés par M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Le sous-amendement n° 465 rectifié tend, dans le deuxième alinéa du 6° du texte présenté par l'amendement n° 606 pour l'article L. 331-2 du code rural, après les mots : « sous quelque forme que ce soit » à insérer les mots : « en France et dans un autre pays de l'Union européenne ».
Le sous-amendement n° 466 rectifié vise à compléter la première phrase du premier alinéa du texte présenté par l'amendement n° 606 pour l'article L. 331-3 du code rural par les mots : « après en avoir assuré la publicité officielle dans les conditions fixées par décret ».
Le sous-amendement n° 467 rectifié a pour objet dans le cinquième alinéa (4°) du texte présenté par l'amendement n° 606 pour l'article L. 331-3 du code rural, après les mots : « la situation familiale ou professionnelle » d'insérer les mots : « , notamment les revenus extra-agricoles du foyer fiscal, ».
Les trois amendements suivants sont présentés par MM. Murat, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 230 rectifié tend à remplacer les deux premiers alinéas du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-1 du code rural par un alinéa ainsi rédigé :
« Le contrôle des structures des entreprises agricoles concerne exclusivement la mise en valeur des biens à destination agricole et forestière, quelle que soit la nature de l'acte en vertu duquel en est assurée la jouissance, par les personnes visées à l'article L. 311-2. »
L'amendement n° 231 vise, après le sixième alinéa du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-1 du code rural, à insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« - soit à contribuer à la constitution ou à la préservation d'exploitations familiales, ».
L'amendement n° 232 tend à rédiger comme suit le texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural :
« Art. L. 331-2. - I. - Sont soumises à autorisation préalable les opérations suivantes :
« 1° Les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une entreprise agricole détenue par une personne physique ou morale, lorsque la surface totale mise en valeur excède le seuil fixé par le schéma départemental des structures ;
« Ce seuil est compris entre 1 fois et 3 fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5 ;
« 2° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'entreprises agricoles ayant pour conséquence :
« a) De supprimer une entreprise agricole d'une superficie au moins égale à l'unité de référence ou de ramener la superficie d'une entreprise agricole en deçà de ce seuil ;
« b) De priver une entreprise agricole d'un bâtiment essentiel à son fonctionnement, sauf s'il est reconstruit ou remplacé ;
« 3° La participation en tant qu'associé exploitant, dans une société à objet agricole, de toute personne physique ou morale, dès lors qu'elle participe déjà à une autre entreprise agricole constituée sous forme individuelle ou sociétaire ;
« 4° Le départ ou la cessation d'activité d'un associé exploitant pour toute entreprise agricole constituée sous forme sociétaire dont la superficie totale dépasse un seuil compris entre 1 fois et 3 fois l'unité de référence ;
« 5° Les agrandissements ou réunions d'exploitations pour les biens dont la distance par rapport au siège de l'exploitation du demandeur est supérieure à un maximum fixé par le schéma départemental des structures, sans que ce maximum puisse être inférieur à 10 kilomètres ;
« 6° Les créations ou extensions de capacité des ateliers hors sol, au-delà d'un seuil de capacité de production fixé par décret.
« Pour déterminer la superficie totale mise en valeur, il est tenu compte des superficies exploitées par le demandeur sous quelque forme que ce soit en France ou dans un autre pays de la Communauté européenne, ainsi que des ateliers de production hors sol évalués par application des coefficients mentionnés au dernier alinéa de l'article L. 312-6. En sont exclus les bois, landes, taillis, friches, sauf les terres situées dans les départements d'outre-mer et mentionnées à l'article L. 128-3 ; en sont également exclus les étangs autres que ceux servant à l'élevage piscicole.
« II. - Lorsqu'elles sont inférieures à un seuil de trois fois l'unité de référence, les entreprises agricoles sont librement transmissibles par voie de succession ou en cas de liquidation de communauté de biens entre époux et librement cessibles entre conjoints et entre ascendants et descendants jusqu'au quatrième degré. »
Par amendement n° 537, M. Deneux propose de compléter le deuxième alinéa (1°) du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural par la phrase suivante : « En outre, un exploitant peut avoir la possibilité de faire valoir une seconde exploitation dans le but de transmettre celle-ci à l'un de ses descendants dans le délai de cinq ans. »
Par amendement n° 233, MM. Murat, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le deuxième alinéa du 1° du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural, de remplacer les mots : « 0,5 et 1,5 fois » par les mots : « 1 et 3 fois ».
Par amendement n° 539, M. Deneux propose, dans le troisième alinéa du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural, de remplacer le nombre : « 1,5 » par le nombre : « 3 ».
Par amendement n° 234, MM. Murat, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de supprimer le troisième alinéa du 1° du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural.
Les deux amendements suivants sont présentés par M. Deneux.
L'amendement n° 538 tend à compléter le quatrième alinéa du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural par la phrase suivante : « Aucune autorisation ne sera demandée pour les sociétés faisant moins de 3 fois la surface de référence. »
L'amendement n° 540 vise, dans le sixème alinéa (a) du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural, à remplacer les mots : « le tiers » par les mots : « la moitié ».
Les sept amendements suivants sont présentés par MM. Murat, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 235 vise à supprimer le 3° du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural.
L'amendement n° 236 tend à rédiger comme suit le 3° du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural :
« 3° La participation en tant qu'associé exploitant, dans une société à objet agricole, de toute personne physique ou morale, dès lors qu'elle participe déjà à une autre entreprise agricole constituée sous forme individuelle ou sociétaire ; ».
L'amendement n° 237 vise à supprimer le 4° du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural.
L'amendement n° 238 a pour objet de rédiger comme suit le 4° du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural :
« 4° Le départ ou la cessation d'activité d'un associé exploitant pour toute entreprise agricole constituée sous forme sociétaire dont la superficie dépasse un seuil compris entre 1 fois et 3 fois l'unité de référence ; ».
L'amendement n° 239 vise à supprimer le dernier alinéa du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural.
L'amendement n° 240 est ainsi conçu :
A. - Compléter in fine le texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - Lorsqu'elles sont inférieures à un seuil de trois fois l'unité de référence, les entreprises agricoles sont librement transmissibles par voie de succession ou en cas de liquidation de communauté de biens entre époux et librement cessibles entre conjoints et entre ascendants et descendants jusqu'au quatrième degré. »
B. - En conséquence, faire précéder le même texte de la mention : « I. - ».
L'amendement n° 241 tend à rédiger comme suit le texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-3 du code rural :
« Art. L. 331-3. - I. - La demande d'autorisation est adressée au préfet du département sur le territoire duquel est situé le fonds. Lorsque la demande d'autorisation porte sur un fonds n'appartenant pas au demandeur, celui-ci doit justifier qu'il en a préalablement informé le propriétaire.
« II. - La demande d'autorisation est transmise pour avis à la commission départementale d'orientation de l'agriculture.
« La commission dispose d'un délai de deux mois à compter de la date de réception de la demande d'autorisation pour adresser son avis motivé au préfet. Le demandeur, le propriétaire et le preneur peuvent prendre connaissance du dossier huit jours au moins avant la réunion de la commission. Sur leur demande, ils sont entendus par cette dernière devant laquelle ils peuvent se faire assister ou représenter par toute personne de leur choix.
« Dans les quinze jours suivant l'expiration du délai de deux mois mentionné ci-dessus, le préfet statue par décision motivée sur la demande d'autorisation. L'autorisation est réputée accordée si la décision n'a pas été notifiée au demandeur dans un délai de deux mois et quinze jours à compter de la date de réception de la demande.
« Toute décision expresse du préfet fait l'objet d'un affichage à la mairie de la commune sur le territoire de laquelle est situé le bien concerné. En cas de refus d'autorisation, la décision est notifiée au demandeur, au propriétaire, s'il est distinct du demandeur et au preneur en place.
« III. - Le préfet, pour motiver sa décision, et la commission départementale d'orientation de l'agriculture, pour rendre son avis, se prononcent sur la demande d'autorisation en se conformant aux orientations définies par le schéma directeur départemental des structures agricoles applicable dans le département dans lequel se situe le fonds faisant l'objet de la demande. Il doivent notamment :
« 1° Observer l'ordre des priorités établi par le schéma départemental entre l'installation des jeunes agriculteurs et l'agrandissement des entreprises agricoles, en tenant compte de l'intérêt économique et social du maintien de l'autonomie de l'entreprise faisant l'objet de la demande ;
« 2° S'assurer, en cas d'agrandissement ou de réunion d'entreprises, que toutes les possibilités d'installation d'exploitations viables ont été considérées ;
« 3° Prendre en compte les références de production ou droits à aides dont disposent déjà le ou les demandeurs ainsi que ceux attachés aux biens objets de la demande en appréciant les conséquences économiques de la reprise envisagée ;
« 4° Prendre en compte la situation personnelle du ou des demandeurs, notamment en ce qui concerne l'âge et la situation familiale ou professionnelle et, le cas échéant, celle du preneur en place ;
« 5° Prendre en compte la participation du demandeur ou, lorsque le demandeur est une personne morale, de ses associés à l'exploitation directe des biens objets de la demande dans les conditions prévues à l'article L. 411-59 ;
« 6° Tenir compte du nombre d'emplois non salariés et salariés permanents ou saisonniers sur les entreprises concernées ;
« 7° Prendre en compte la structure parcellaire des entreprises concernées, soit par rapport au siège de l'entreprise, soit pour éviter que des mutations en jouissance ne remettent en cause des aménagements réalisés à l'aide de fonds publics.
« IV. - L'autorisation peut n'être délivrée que pour une partie de la demande, notamment si certaines des parcelles sur lesquelles elle porte font l'objet d'autres demandes d'autorisation au titre de l'article L. 3311-2. »
Par amendement n° 402, M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste proposent de compléter le cinquième alinéa (4°) du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-3 du code rural par les mots : « et des liens de parenté entre les associés ».
Les six amendements suivants sont présentés par MM. Murat, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 242 vise à supprimer le neuvième alinéa (8°) du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-3 du code rural.
L'amendement n° 243 a pour objet, à la fin de la première phrase du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-4 du code rural, de remplacer les mots : « de l'enregistrement de la demande » par les mots : « de sa notification ».
L'amendement n° 244 vise, dans le texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-5 du code rural, à remplacer les mots : « à l'autorité administrative » par les mots : « au préfet ».
L'amendement n° 245 tend à compléter le texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-5 du code rural par un second alinéa ainsi rédigé :
« Les conditions de cette communication sont fixées par décret en Conseil d'Etat, pris après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. »
L'amendement n° 246 a pour objet, dans la troisième phrase du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-6 du code rural, de remplacer les mots : « l'autorité administrative » par les mots : « le préfet ».
L'amendement n° 247 vise, à la fin du premier alinéa du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-7 du code rural, à remplacer les mots : « un mois » par les mots : « deux mois ».
Par amendement n° 390, M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Tremel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussault, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase du troisième alinéa du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-8 du code rural, de remplacer le mot : « ramener » par le mot : « fixer ».
Les deux derniers amendements sont présentés par MM. Murat, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 248 vise, dans le dernier alinéa du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-8 du code rural, à remplacer les mots : « de l'autorité administrative » par les mots : « du préfet ».
Enfin, l'amendement n° 249 tend, dans le texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-9 du code rural, après les mots : « devenu définitif » à insérer les mots : « qui lui aura été opposé dans les conditions prévues à l'article L. 331-3 ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 606.
M. Michel Souplet, rapporteur. A l'article 16, je me suis trouvé dans une situation un peu similaire à celle que nous avons rencontrée à l'article 1er, c'est-à-dire devant une multitude d'amendements et de sous-amendements qui traduisaient les préoccupations des uns et des autres quant à la politique des structures que nous souhaitions, quant à son évolution et son adaptation.
Lors de mon exposé introductif, j'ai eu l'occasion, monsieur le ministre, de vous exprimer le souci des sénateurs, qui reflétait un peu la crainte des organisations professionnelles agricoles, d'aller vers un accroissement des contraintes administratives, alors que nous sommes d'accord pour une politique positive des structures qui s'applique réellement sur le terrain.
Lorsque j'ai constaté que nous étions en fait en présence, compte tenu des divers amendements et sous-amendements, de 31 propositions, il m'a paru plus sage de réécrire le texte.
Cette réécriture tient compte en grande partie de l'esprit du promoteur du texte puisque nous avons repris une grande part des dispositions inscrites dans le projet de loi initial. Toutefois, nous nous sommes efforcés de prendre réellement en compte les liens de parenté, comme l'ont souhaité plusieurs orateurs, notamment Gérard Larcher à l'instant.
Nous avons proposé d'assouplir le contrôle par un léger relèvement des seuils de déclenchement, étant donné qu'il reviendra aux commissions départementales d'en traiter. Nous avons suggéré d'introduire expressément l'intervention des CDOA, commissions départementales des opérations agricoles. Vous pardonnerez à un ancien responsable agricole de trouver difficile de régler de Paris ce qui se passe en Lozère, en Bretagne ou dans le Massif central.
Chaque département, par l'intermédiaire de la CDOA, doit être capable de définir le position à prendre pour régler le maximum des cas qui se présentent, en particulier pour ce qui concerne l'installation des jeunes ou l'agrandissement des exploitations.
Je crois, personnellement, à la fonction des CDOA. C'est bien pourquoi j'ai proposé à notre assemblée, qui a bien voulu me suivre, d'inscrire dans la loi la reconnaissance du pluralisme syndical, sous réserve, bien entendu, d'une véritable représentativité des syndicats en question. Grâce à cette reconnaissance des syndicats réellement représentatifs, le CDOA pourra, dans chaque département, être l'organe de décision.
Enfin, nous avons souhaité diminuer quelque peu la sévérité des sanctions pécuniaires.
Il convient que, dans la majorité des cas, la commission départementale tienne compte des aspects locaux.
Cependant, il faut aussi éviter l'écueil que présente l'actuelle législation, qui peut être contournée un peu trop facilement.
Ainsi, selon la loi actuellement en vigueur, pour l'installation provisoire d'un descendant, on peut demander une dérogation de cinq ans. Nous avons donc réduit la durée de cette dérogation, tout en permettant à des parents dont l'enfant a réellement l'intention de s'installer d'acquérir pour lui une exploitation située à proximité et qui se trouve libérée, en attendant, par exemple, qu'il ait achevé ses études.
Il n'est pas illogique, dans ce cas précis, que le père puisse effectivement reprendre cette exploitation pour son fils. Cependant, si ce fils est majeur, pourquoi ne pas la reprendre à son nom ?
Voilà, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'esprit dans lequel nous avons amendé ce texte.
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour défendre le sous-amendement n° 464 rectifié.
M. Gérard Le Cam. A l'inverse de la commission des affaires économiques, nous proposons de revoir à la baisse le seuil à partir duquel se déclenche le contrôle des structures.
L'Assemblée nationale a, certes, modifié la fourchette inférieure du seuil, mais sans toucher au maximum de 1,5. Nous proposons de ramener celui-ci de 1,5 à 1. En fait, le simple dépassement de l'unité de référence définie au niveau du département doit automatiquement susciter un contrôle et être soumis à autorisation de la préfecture.
La création d'une unité de référence est, dans son principe, une avancée pour mieux organiser la répartition des terres et des exploitations ; cependant, prenons garde à ce qu'elle ne devienne pas plus laxiste que les seuils actuels de SMI dans certains départements.
Ainsi, selon mes sources, la moyenne des installations encouragées dans le département de la Haute-Marne est évaluée à 120 hectares. En l'état actuel du texte, le contrôle ne pourrait être déclenché que pour une superficie totale envisagée de 180 hectares et, si la proposition de M. le rapporteur aboutissait, de 240 hectares. Autant dire que le contrôle des structures serait inopérant et inefficace.
A l'inverse, en abaissant le seuil, nous donnons toutes ses chances au dispositif qui sera mis en place, sans pour autant interdire l'accès au foncier puisqu'il ne s'agit que d'une autorisation préalable nécessaire à l'acquisition ou à l'agrandissement d'une exploitation.
Enfin, il convient d'anticiper sur les années à venir, qui, compte tenu du contexte démographique, verront l'accès au foncier donner lieu à des pressions de plus en plus fortes.
M. le président. La parole est à M. César, pour défendre le sous-amendement n° 617.
M. Gérard César. Il s'agit, par ce sous-amendement, d'apporter, dans le texte proposé par la commission, une précision quant au degré de parenté.
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour défendre les sous-amendements n°s 465 rectifié, 466 rectifié et 467 rectifié.
M. Gérard Le Cam. Le sous-amendement 465 rectifié tend à renforcer le contrôle des structures en le rendant plus juste et plus efficace.
Il s'agit, lors de la détermination des superficies exploitées, de prendre en compte aussi bien les terrains exploités sur le territoire national que les terres exploitées dans un autre pays membre de la Communauté européenne. Ce peut être notamment le cas dans les zones frontalières.
Prenons, par exemple, deux exploitants français. Le premier dispose de cinquante hectares, le second de deux cents hectares répartis ainsi : cinquante hectares sur le territoire français et cent cinquante hectares dans un pays voisin, comme la Belgique ou l'Espagne. Doivent-ils être traités de la même façon ? A l'évidence, non. Cette disposition soulève deux questions : l'une est d'ordre juridique et institutionnel ; la seconde est de nature technique.
L'argument de la territorialité de la loi, qui est invoqué pour refuser une telle proposition, ne me semble pas recevable.
En effet, le contrôle des structures s'appliquerait non pas, en l'occurrence, aux terres achetées à l'étranger par l'agriculteur français mais bien aux parcelles qu'il souhaite acquérir en France, en tenant compte de la superficie globale qu'il détient à l'intérieur et à l'extérieur de nos frontières.
La loi française concerne donc non pas le pays voisin mais l'individu de nationalité française, compte tenu de ses acquisitions foncières en France.
Par ailleurs, la France ne peut disposer des informations sur la superficie exploitée dans un autre pays. S'il s'agit d'un Français propriétaire de terres à l'étranger, il peut être tenu de porter à la connaissance de l'administration la superficie de son exploitation. S'il s'agit d'un étranger souhaitant acquérir des terrains en France, le Gouvernement peut prévoir des échanges d'informations entre Etats membres de l'Union européenne dans le cadre d'une coordination européenne des politiques de contrôle.
Notre souci est, d'abord, de mettre sur un pied d'égalité l'ensemble des exploitants agricoles soumis au même contrôle de l'autorité administrative en matière d'installation ou d'agrandissement, ensuite, d'éviter des opérations de spéculation foncière par des sociétés étrangères désireuses d'investir en France.
Quel que soit le sort qui sera réservé à ce sous-amendement, je souhaite, monsieur le ministre, que vous vous engagiez à amorcer, au niveau européen, une réflexion sur ce problème particulier.
L'objet du sous-amendement n° 466 rectifié est de réaliser la transparence des opérations foncières afin de favoriser l'accès le plus large et le plus démocratique possible des demandeurs potentiels au fonds disponible.
L'autorité administrative devrait procéder à la publicité, dans un ou plusieurs journaux locaux, de la liste des opérations soumises à autorisation dès lors que le terrain concerné dépasserait une certaine surface définie par un décret.
Une telle publicité ne pourrait que contribuer à juguler la spéculation foncière et la tendance à la hausse observée sur les prix des terres.
Ce sous-amendement répond donc à un souci d'égalité et de transparence mais il permet aussi de lutter contre les pressions financières des sociétés ou des grosses exploitations.
En outre, une publicité sur les transactions foncières n'est pas une nouveauté puisque, d'ores et déjà, les SAFER ont la possibilité de faire connaître les biens à rétrocéder.
Enfin, ce sous-amendement vise à renforcer le contrôle des structures en sollicitant davantage de demandeurs, notamment ceux qui en ont le plus besoin.
Pour conclure, je précise que la rédaction de ce sous-amendement est recevable puisque seules les modalités d'application relèvent du domaine réglementaire.
J'en viens, enfin, à l'amendement n° 467 rectifié.
Le texte proposé pour l'article L. 331-3 du code rural énumère un certain nombre de critères sur la base desquels l'autorité administrative accorde l'autorisation d'exploiter à tel ou tel demandeur. Il est notamment tenu compte de la situation personnelle, familiale ou professionnelle des candidats.
Par ce sous-amendement, nous proposons de considérer également les revenus extra-agricoles du foyer fiscal.
En effet, il paraît plus juste d'accorder l'autorisation d'exploiter, toutes choses égales par ailleurs, à un agriculteur dont le conjoint n'a aucun revenu, plutôt qu'à un autre dont l'épouse dispose d'un salaire élevé.
Il s'agit, par conséquent, de donner la priorité au demandeur pour lequel l'exploitation des parcelles concernées serait financièrement le plus bénéfique.
La situation familiale et professionnelle doit, selon nous, être appréhendée dans sa globalité, afin de favoriser l'égalité entre les personnes dans l'attribution des autorisations d'exploiter.
C'est donc dans un souci de justice sociale et d'égalité de traitement des demandes soumises à la politique de contrôle des structures que je propose au Sénat d'adopter ce sous-amendement.
M. le président. Pour la clarté du débat, je vais demander l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 464 rectifié, 617, 465 rectifié, 466 rectifié et 467 rectifié ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Sur le sous-amendement n° 464 rectifié, la commission a émis un avis défavorable, car il rompt avec l'équilibre qu'elle a défini.
Le sous-amendement n° 617 peut être accepté, mais à la condition que, par cohérence avec le texte que la commission a adopté ce matin, il soit fait référence aux « ascendants et descendants jusqu'au troisième degré ».
Sur le sous-amendement n° 465 rectifié, l'avis est défavorable, car le dispositif proposé serait totalement inopérant. Il est évident que le droit français, même sur le contrôle des structures, n'est pas applicable à l'étranger. Notre collègue M. Le Cam semble ignorer que, en vertu de la libre circulation des hommes et des capitaux, il est possible à un agriculteur étranger de venir s'installer en France sur une exploitation de cinq cents ou de mille hectares si celle-ci est à céder. Ce n'est qu'une fois installé en France qu'il tombera sous le coup du contrôle des structures français, mais pas avant.
Quant au sous-amendement n° 466 rectifié, il alourdirait considérablement le contrôle des structures, qui est déjà excessif, et il est contraire à l'esprit qui sous-tend la proposition de la commission. Celle-ci émet donc un avis défavorable.
Enfin, la commission est défavorable au sous-amendement n° 467 rectifié, qui alourdit également beaucoup le contrôle et ne relève pas du domaine de la loi.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 606 et sur les sous-amendements qui s'y rattachent ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je veux d'abord dire que je suis très reconnaissant à la commission et à son rapporteur d'avoir tenté de réécrire cet article pour en améliorer la rédaction. Mais, après avoir loué cet utile effort de réflexion collective, je vais devoir indiquer en quoi je ne peux pas me rallier à la proposition de la commission. (Sourires.)
Il subsiste en effet entre nous des désaccords très forts.
Le premier est sans doute formel, mais je tiens néanmoins à le mentionner. Un certain nombre des dispositions de cet article ont fait l'objet d'une très large concertation avec les organisations professionnelles agricoles, au niveau national. Avec celles-ci, c'est un accord en profondeur qui s'est fait jour sur le seuil de déclenchement ou sur les amendes.
Ce dispositif est en fait proposé par les organisations professionnelles agricoles, après d'amples consultations. J'aurais, dès lors, quelques scrupules, pour ne pas dire plus, à rompre l'équilibre ainsi défini.
M. Hilaire Flandre. Il faut leur redemander leur avis !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je ne parviens pas à croire que certains puissent avoir deux discours. Je m'en tiens, pour ma part, aux échanges que mes services ou moi-même avons eus avec ces organisations et qui ont abouti à cet équilibre.
Cependant, ce n'est pas la question de fond, j'en suis d'accord, et je vais aborder un sujet qui est plus important encore.
Les auteurs de l'amendement n° 606 introduisent, ce qui est leur droit - et je comprends la logique qui est la leur, compte tenu des discussions que nous avons eues - les liens de parenté parmi les critères de contrôle des structures. Que ces liens soient au troisième ou au quatrième degré, le problème est le même, et, comme je le disais tout à l'heure en plaisantant, il en irait de même au dixième degré. Pendant que nous y sommes, durcissons encore davantage le dispositif ! Mais je vous dis très sincèrement qu'il est selon moi anticonstitutionnel, puisqu'il aboutit à une rupture d'égalité des citoyens devant le contrôle des structures. Par conséquent, je ne peux me rallier à cette proposition.
Par ailleurs, même si l'on met de côté ce problème de l'anticonstitutionnalité, que je crois pourtant essentiel, il faut garder à l'esprit le fait que nous cherchons, au travers du contrôle des structures des exploitations agricoles, à faciliter l'installation des jeunes et à éviter la concentration. Tel est bien l'objectif, c'est en tout cas celui du Gouvernement. Or je répète que 6 000 enfants d'agriculteurs s'installent chaque année, alors qu'il faudrait atteindre un chiffre de 12 000 à 15 000 installations. Il est donc nécessaire de susciter des vocations hors du milieu agricole, et le moins que l'on puisse faire à cet égard, c'est de mettre en place un dispositif qui traite sur un pied d'égalité les uns et les autres et qui ne favorise pas la concentration familiale au détriment de l'installation de jeunes qui ne seraient pas issus du monde agricole.
Par conséquent, en dehors du problème d'anticonstitutionnalité qui tient à une rupture d'égalité entre les citoyens qui voudraient s'installer en agriculture,...
M. Philippe Marini. Laissez le Conseil constitutionnel en décider !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. D'accord, mais cela fait partie du débat !
... la commission propose d'adopter un dispositif qui va à l'encontre de ce que nous recherchons tous ensemble. Cela me pose problème, je le dis très franchement. Je crois pour ma part que, quand on aborde cette question du contrôle des structures, il ne faut pas perdre de vue notre objectif, qui est, je le répète, de limiter la concentration familiale et de favoriser l'installation de tous.
Par conséquent, si l'on déséquilibre le système, il deviendra difficile d'atteindre cet objectif, sauf à se résigner à l'exode et à la concentration, ce qui n'est pas mon cas, au contraire.
J'évoquerai enfin un dernier point de désaccord. Certains d'entre vous, mesdames, messieurs les sénateurs, dénoncent encore une fois, comme ils le font depuis le début de notre débat - j'ai bien compris la rengaine, mais elle ne m'impressionne pas outre mesure - la bureaucratie, la suradministration. Or les CDOA ne sont saisies, de par le contrôle des structures, que pour donner un avis, et non pour rendre une décision, et elles sont tout à fait capables de prendre en compte des situations familiales particulières.
Je vous demande donc instamment, mesdames, messieurs les sénateurs, de bien réfléchir à ce point qui me paraît essentiel. En tout état de cause, je ne peux m'inscrire dans la logique des auteurs de l'amendement, sur lequel j'émets un avis défavorable.
Cela étant, je vais donner l'avis du Gouvernement sur les cinq sous-amendements affectant l'amendement n° 606.
S'agissant du sous-amendement n° 464 rectifié de M. Le Cam, qui vise à relever le seuil retenu, je dirai à nouveau que je souhaite maintenir l'équilibre que nous avons défini avec les organisations professionnelles. Je suis donc défavorable à ce sous-amendement.
Je me suis déjà exprimé à propos du sous-amendement n° 617 de M. César, puisqu'il s'inscrit dans la logique de « durcissement » du critère familial. Je demande donc son rejet.
Quant au sous-amendement n° 465 rectifié, il pose une réelle question, celle des terres qui entrent dans le cadre non pas national mais européen, mais la disposition proposée est incompatible avec le droit communautaire. Je veux donc bien m'engager à consulter mes collègues européens et à poser le problème, mais celui-ci ne peut pas être réglé à l'échelon national. En tout état de cause, le Gouvernement est défavorable à ce sous-amendement.
La question soulevée par le sous-amendement n° 466 rectifié relève du domaine réglementaire. J'en demande le retrait, à défaut le Gouvernement émettrait un avis défavorable.
Quant à la situation familiale et professionnelle qui fait l'objet du sous-amendement n° 467 rectifié, je partage l'avis émis par M. le rapporteur, à savoir que la rédaction actuelle du texte est suffisante. L'avis du Gouvernement est donc défavorable, et je souhaiterais que M. Le Cam retire ce sous-amendement.
M. le président. Monsieur Le Cam, les sous-amendements n°s 464 rectifié, 465 rectifié, 466 rectifié et 467 rectifié sont-ils maintenus ?
M. Gérard Le Cam. J'accepte de retirer les sous-amendements n°s 466 rectifié et 467 rectifié.
M. le président. Les sous-amendements n°s 466 rectifié et 467 rectifié sont retirés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 464 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Avant de mettre aux voix le sous-amendement n° 617, je rappelle que la commission y serait favorable si son auteur acceptait de le rectifier en remplaçant les mots : « jusqu'au quatrième degré » par les mots : « jusqu'au troisième degré ».
Monsieur César, acceptez-vous cette suggestion ?
M. Gérard César. Oui, monsieur le président.
M. le président. Il s'agit donc du sous-amendement n° 617 rectifié, tendant, à la fin du troisième alinéa du 1° du paragraphe I du texte proposé par l'amendement n° 606 pour l'article L. 331-2 du code civil, à insérer une phrase rédigée comme suit :
« Cette disposition ne concerne pas les transmissions par voie de succession ou en cas de liquidation, de communauté de biens entre époux et entre ascendants et descendants jusqu'au troisième degré. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 617 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 465 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Nous en revenons aux amendements qui font l'objet de la discussion commune.
M. Gérard César. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Suite à l'intervention de M. le rapporteur et à la réunion, ce matin, de la commission des affaires économiques et du Plan, je retire les amendements n°s 230 rectifié, 231, 232 et 233.
M. le président. Les amendements n°s 230 rectifié, 231, 232 et 233 sont retirés.
M. Marcel Deneux. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Je retire les amendements n°s 539, 538 et 540.
M. le président. Les amendements n°s 539, 538 et 540 sont retirés.
La parole est à M. Deneux, pour défendre l'amendement n° 537.
M. Marcel Deneux. Je voudrais rendre ici hommage à M. le rapporteur pour les louables efforts de coordination qu'il a accomplis en vue de clarifier le débat sur l'article 16.
Cela étant, certaines situations auxquelles nous voulions porter remède par nos amendements n'ont pas été prises en compte. C'est la raison pour laquelle j'ai déposé l'amendement n° 537.
En effet, les temps ont changé depuis l'élaboration des lois d'orientation, et le véritable problème aujourd'hui est bien de favoriser l'installation des jeunes. La réponse de M. le ministre ne m'a satisfait qu'à moitié à cet égard, car je suis sceptique quant à l'installation de jeunes qui ne seraient pas issus d'une famille d'agriculteurs. Cela serait souhaitable, mais je n'y crois pas pour des raisons pratiques.
En effet, le statut d'agriculteur n'est pas suffisamment attirant pour que l'on puisse susciter des vocations hors du monde agricole. C'est pourquoi j'avais déposé l'amendement n° 537, mais celui-ci est-il encore recevable ? Je voudrais savoir si la commission estime possible le dépôt d'un sous-amendement. Dans le cas où elle l'accepterait, je proposerais un texte qui date de 1962, et dont je vais vous donner lecture :
« N'est pas soumis à autorisation préalable, mais à simple déclaration, le cumul ou la réunion appelée à cesser dans un délai de cinq ans par l'installation comme exploitant séparé d'un descendant du demandeur. »
M. le président. Monsieur Deneux, l'amendement de la commission ayant déjà été examiné, aucun sous-amendement n'est plus recevable. Si elle le souhaite, la commission pourra toujours rectifier son amendement en tenant compte de votre appel.
Monsieur le rapporteur, est-ce dans vos intentions ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Non, monsieur le président.
M. le président. Nous poursuivons l'examen des amendements faisant l'objet de la discussion commune.
M. Gérard Cornu. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu. Monsieur le président, nous retirons tous les amendements que nous avons déposés à l'article 16, car l'amendement n° 606 de la commission les satisfait.
M. le président. Les amendements n°s 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240, 241, 242, 243, 244, 245, 246, 247, 248 et 249 sont retirés.
M. Marcel Deneux. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Je retire l'amendement n° 402.
M. le président. L'amendement n° 402 est retiré.
La parole est à M. Pastor, pour présenter l'amendement n° 390.
M. Jean-Marc Pastor. Il s'agit d'un amendement d'ordre rédactionnel. Nous proposons de remplacer le verbe « ramener » par le verbe « fixer » dans la troisième phrase du troisième alinéa présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-8 du code rural.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 537 et 390 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. J'ai répondu tout à l'heure partiellement s'agissant de l'amendement n° 537 de M. Marcel Deneux.
Notre collègue a le souci d'établir une passerelle entre le dispositif prévu par la législation actuelle et le futur dispositif. J'ai indiqué tout à l'heure que, autrefois, un exploitant agricole avait la possibilité de reprendre une seconde exploitation pendant une durée de cinq ans, parce que l'âge de la majorité était alors différent et que l'agriculteur reprenait de bonne foi une exploitation pour y installer l'un de ses enfants qui poursuivait ses études.
Or, au bout de trois ou quatre ans, le même dossier revenait devant la commission départementale, car l'agriculteur expliquait que c'était finalement non pas son aîné qui allait devenir agriculteur, mais un enfant plus jeune, et l'installation était encore retardée de trois ans. C'était donc à terme une façon détournée de procéder à un agrandissement, et je tiens à ce que nous nous inscrivions dans une logique tendant à éviter les passe-droits.
Aujourd'hui, quand un exploitant agricole trouve à proximité de chez lui une ferme à reprendre et qu'il a un fils âgé de dix-huit à vingt ans poursuivant ses études, rien n'empêche que, pour une période transitoire, ce soit le jeune qui reprenne cette exploitation, et non pas le père. Le jeune peut terminer ses études, le père travaillant à sa place sur l'exploitation pendant trois ou quatre ans. Mais c'est alors bien à une installation qu'il a été procédé, et non pas un agrandissement provisoire en vue d'une future installation.
Pour ces raisons, je souhaiterais que M. Deneux veuille bien retirer l'amendement n° 537, sur lequel j'émettrais à défaut un avis défavorable.
En revanche, je suis favorable à l'amendement n° 390, auquel la nouvelle rédaction de l'amendement n° 606 donne d'ailleurs satisfaction.
J'ajouterai enfin que j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les propos qu'a tenus tout à l'heure M. le ministre. Je comprends très bien - je ne me faisais pas d'illusions à cet égard - que la logique du ministère de l'agriculture et du Gouvernement ne soit pas tout à fait la même que celle du Sénat.
En effet, nous sommes plus libéraux s'agissant de la procédure de déclenchement du contrôle, des seuils et des pénalités, mais cet état d'esprit n'est pas anormal dans notre Haute Assemblée.
Par ailleurs, monsieur le ministre, lorsque je vous ai fait remarquer au nom de la commission, à l'occasion de l'examen des premiers articles, que le dispositif ne comportait pas de mesures incitatives suffisantes, ce qui constituait un handicap pour l'installation des jeunes, vous nous avez opposé l'article 40 de la Constitution.
Tout à l'heure, quand M. le ministre des finances quittait cet hémicycle, je lui ai dit très rapidement : je regrette que le Gouvernement invoque l'article 40 aussi souvent dans le débat agricole car nous risquons, compte tenu de ce blocage financier, de ne pas être d'accord sur un projet de loi qui présente pourtant un intérêt primordial pour l'agriculture française.
Cela étant dit, je m'en tiens à la position de la commission et je demande donc à la Haute Assemblée d'adopter l'amendement n° 606 en l'état.
M. le président. Monsieur Deneux, maintenez-vous votre amendement n° 537 ?
M. Marcel Deneux. Oui, monsieur le président.
M. le président. Et vous, monsieur Pastor, maintenez-vous votre amendement n° 390 ?
M. Jean-Marc Pastor. Oui, monsieur le président.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 606, 537 et 390 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je voudrais en effet m'exprimer sur l'amendement n° 537 car cela me donne l'occasion de poursuivre le débat avec M. le rapporteur sur un point fondamental du présent projet de loi. Nous, nous sommes plus libéraux et ce n'est d'ailleurs pas surprenant, avez-vous dit, monsieur le rapporteur. Or, en l'occurrence, le libéralisme, c'est évidemment la loi du plus fort, c'est-à-dire la loi de la concentration. (Protestations sur les travées du RPR.)
M. Jean-Paul Emorine. Fausse interprétation ! C'est la liberté !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Depuis des années, les organisations professionnelles agricoles constatent et dénoncent les détournements de procédure sur les installations provisoires aux termes desquels on commence effectivement par installer le fils dans une ferme voisine quelques années avant de prendre sa retraite pour, le moment venu, opérer la concentration. Ce sont tous ces abus qu'elles nous demandent de corriger dans la loi.
En l'occurrence, notre volonté, c'est de réformer le dispositif pour faciliter l'installation. Or, par votre conservatisme, permettez-moi de vous dire, vous empêchez cette évolution. Vous allez ainsi favoriser la poursuite de l'exode rural avec la concentration des exploitations et la disparition des plus petites d'entre elles.
M. Hilaire Flandre. Vous exagérez ! C'est une caricature !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Il faut voir les choses telles qu'elles sont. C'est bien la situation.
M. André Lejeune. Effectivement !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Si vous privilégiez uniquement l'installation familiale, compte tenu de ce que je disais tout à l'heure, à savoir le fait que nous n'avons que 6 000 enfants d'agriculteurs et que plusieurs milliers d'installations feront défaut, d'installation, il ne faudra pas vous étonner de la poursuite de la concentration et de la disparition des petites exploitations. Nous sommes au coeur du problème. Nous avons une véritable divergence d'appréciation.
M. Hilaire Flandre. C'est le libéralisme !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Vous pouvez parler de libéralisme, le mot ne m'impressionne pas !
Mais la réalité,...
M. Jean Chérioux. Votre réalité !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Non, monsieur le sénateur. L'exode rural, ce n'est pas moi qui l'invente ! Si vous ne le voyez pas sur le terrain, c'est parce que vous avez un peu de mal à le regarder.
La réalité de l'exode rural, elle existe ! Des dizaines de milliers d'exploitations françaises et des centaines de milliers d'exploitations en Europe sont rayées de la carte chaque année.
La concentration des exploitations, ce n'est pas une invention du ministre de l'agriculture, c'est une donnée incontournable. De deux choses l'une : ou bien nous voulons corriger cela ou nous ne le voulons pas.
Le projet de loi visait à modifier ce dispositif en essayant de favoriser le « hors cadre familial ». Vous n'en voulez pas, j'en prends note. Il est clair que c'est une véritable divergence d'interprétation ou d'objectif, et nous ne pouvons donc parvenir à un consensus.
Aussi, je ne peux donner mon accord à l'amendement n° 537, qui vise à durcir le dispositif. En effet, il aboutirait au contraire à conforter et même à encourager tous les abus qui ont été dénoncés à propos de l'installation provisoire.
Quant à l'amendement n° 390, il est certes satisfait par l'amendement n° 606 de la commission, mais rien ne dit que ce dernier sera adopté. M. Pastor a donc raison de le maintenir, car il s'agit d'une utile précision rédactionnelle.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je ne me fâcherai pas avec M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Oh non !
M. Hilaire Flandre. Vous devriez, monsieur le rapporteur !
M. Michel Souplet, rapporteur. Je crois cependant qu'il est des vérités qui doivent être rappelées. Monsieur le ministre, vous nous dites que nous faisons preuve de conservatisme. Je prends date. Dans deux ans, nous verrons ensemble combien de jeunes auront pu s'installer. A mon avis, ils ne seront pas très nombreux, essentiellement parce que vous ne nous avez pas donné la possibilité d'inciter à l'installation des jeunes en leur accordant des moyens. Je répète ce que j'ai dit au début de la séance : quand il y a un repreneur, c'est qu'il y a un cédant, et ce dernier ira vers celui qui lui offrira le plus car la cession de son exploitation, c'est sa retraite.
M. Philippe Marini. Bien sûr !
M. Michel Souplet, rapporteur. On peut mettre en place des incitations sur le plan fiscal. Cette possibilité nous a été refusée. Je le regrette, car avec un tel dispositif fiscal nous aurions pu envisager d'autres mesures.
Sans moyens financiers, nous ne pouvons espérer l'installation d'un grand nombre de jeunes. L'agriculture, c'est un métier qui exige beaucoup de moyens financiers. Nous sommes les premiers à le regretter. Nous souhaiterions que les installations soient plus nombreuses. Donnez-nous les moyens de faire en sorte qu'il en soit ainsi. (« Très bien ! » et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et sur plusieurs travées de l'Union centriste.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 606.
M. Marcel Deneux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. S'agissant de l'amendement n° 537, je suis heureux de la discussion qui vient d'avoir lieu, monsieur le ministre, et, pour tout dire, je souhaitais la provoquer.
Je suis plus accusé de gauchisme que de conservatisme par les personnes qui me connaisssent. (Exclamations sur plusieurs travées du RPR.) Aussi, en matière de structures, je n'ai pas de leçons à recevoir.
M. le rapporteur et M. le ministre ont évoqué les détournements de procédure. Je le dis très tranquillement : j'en ai connu et j'étais de ceux qui ont réclamé des mesures afin d'y mettre un terme.
Je voudrais attirer votre attention sur le fait que ces détournements de procédure ont presque toujours été le fait de l'absence de surveillance de l'administration, qui ne fait pas son travail. Je sais qu'il y a les DDA, les directions départementales de l'agriculture, et les préfets.
En l'occurrence, il s'agit de la politique des structures, mais cela vaut aussi dans nombre de domaines qui relèvent de procédures publiques.
Je pense notamment à l'application des quotas laitiers. Je préside une commission qui est chargée, grâce à vous, monsieur le ministre, et à votre prédécesseur, de conseiller le directeur de l'ONILAIT, l'Office national interprofessionnel du lait et des produits laitiers, sur les amendes administratives à appliquer aux entreprises. Très souvent, c'est la position locale de l'administration du ministère de l'agriculture qui complique le traitement des dossiers et qui fait obstacle à l'application de la réglementation.
S'agissant de la politique des structures, si on veut éviter les détournements de procédure, il faut que soit assuré le suivi des dossiers, ce que permet facilement l'informatique.
Certes, j'ai proposé un délai de cinq ans, mais on peut très bien, au bout de quatre ans et demi, constater si la décision est appliquée ou non. Que l'on ne m'oppose pas le détournement de procédure ! Pour ma part, je crois à une installation dans le cadre familial et le dispositif que j'ai proposé est tout à fait applicable.
Mon amendement n'aura probablement plus d'objet en raison de l'adoption de l'amendement de la commission. Cependant, je ne l'ai pas retiré car je souhaitais que ce débat ait lieu afin que les choses soient claires.
M. Gérard Cornu. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu. Les propos de M. le ministre me paraissent surréalistes. En effet, il affirme une chose et il fait le contraire sur le plan financier.
Comme l'a dit très justement M. le rapporteur, il faut des moyens en agriculture. Vous parlez de l'installation, monsieur le ministre. Mais pourquoi avez-vous retiré les moyens du FIA, le fonds d'installation des agriculteurs ? En effet, vous financez le CTE - et c'est ce que nous critiquons depuis une semaine - par un redéploiement des crédits en supprimant une partie du FIA. Vous êtes pour l'installation, dîtes-vous, mais, en réalité, vous supprimez des crédits par redéploiements. Alors, accordez vos paroles et vos actes !
M. Jean Chérioux. C'est le double langage !
M. Hilaire Flandre. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Flandre.
M. Hilaire Flandre. Avec cet article 16, nous abordons en effet un des points sensibles pour le devenir de l'agriculture.
Le souci de chacun de voir un nombre important d'exploitations sur notre territoire et l'amour sans doute un peu immodéré que nous avons pour tout ce qui est petit ne doit pas nous conduire aux pires excès et à des actions regrettables.
Je suis pour un contrôle des structures. On ne peut m'accuser d'être un conservateur. Je préside une SAFER depuis quelque vingt ans. J'ai souvent été conduit à arbitrer entre des intérêts divergents. Je l'ai fait sans subir trop de menaces, même si cela s'est produit quelquefois. J'ai réussi à assumer ma tâche, je crois, à la satisfaction de ceux qui m'ont mandaté pour cette responsabilité.
En l'occurrence, il convient effectivement de permettre les installations hors cadre familial. Dans la régionChampagne-Ardenne, où j'ai présidé la commission agricole jusqu'en mars dernier, nous avons pris des mesures visant à favoriser de telles installations.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculure et de la pêche. Très bien !
M. Hilaire Flandre. Cependant, il ne faut pas, dans le même temps, décourager les installations dans le cadre familial.
M. Gérard Larcher. Bien sûr !
M. Hilaire Flandre. Si l'on veut un grand nombre d'exploitations agricoles, il faut des perspectives d'évolution de carrière satisfaisantes, c'est-à-dire tout autre chose qu'un vague CTE qui les laissera mourir de faim. Il est nécessaire de prendre un certain nombre de mesures, afin d'offrir aux intéressés des perspectives satisfaisantes quant au déroulement de leur carrière.
De grâce, laissez-nous une certaine souplesse dans l'application des mesures de contrôle des structures, et ne faites pas naître des appétits immodérés.
Tout à l'heure, M. Le Cam souhaitait une large publicité sur toutes les terres libérées. Cela reviendrait à éveiller des appétits et forcément à décevoir la quasi-totalité des personnes qui se seraient portées candidates. Or c'est ainsi que se créent dans nos campagnes des rancunes qui, parfois, durent plusieurs générations. Il convient donc d'être prudent, car on touche à des choses qui, aux yeux du monde agricole, sont sacrées.
M. André Lejeune. Alors, cela doit se passer en douce ?
M. Hilaire Flandre. Non !
Comme certains collègues semblent ne pas comprendre, je prendrai un exemple.
J'ai été exploitant agricole jusqu'au mois d'avril 1997. Ma carrière agricole a été la suivante. En 1960, je me suis installé sur 137 hectares en zone de culture. En 1967, j'ai décidé de m'associer avec mon frère et il est donc venu me rejoindre sur l'exploitation. Nous avons constitué un groupement agricole d'exploitation en commun, un GAEC, et nous avons opté pour le régime du bénéfice réel, comme le font les exploitants de ma région. En avril 1997, je me suis retiré. Mon frère a-t-il agrandi son exploitation ? Oui ! Il aurait dû, selon la procédure que nous examinons, demander une autorisation et faire une publicité auprès de tous les agriculteurs du canton pour leur dire : Hilaire Flandre prend sa retraite, il convient de voir si vous ne pouvez pas grapiller quelques hectares de cette exploitation qui s'agrandit.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Mais non ! M. Hilaire Flandre. Mais si, monsieur le ministre, c'est l'objet du texte que nous examinons !
Mon frère continue seul l'exploitation jusqu'à ce qu'il ait lui-même atteint l'âge de la retraite. L'exploitation sera alors reprise par un jeune agriculteur issu du cadre familial. Il s'agit en effet de mon petit-fils, qui prépare actuellement son brevet de technicien agricole. Comment peut-on imaginer faire paraître sur la place publique une publicité invitant les jeunes à s'inscrire parce que des terres sont disponibles, alors que, dans cinq ans, elles ne seront rétrocédées bien évidemment à mon petit-fils pour une installation effective ?
Prenons en compte ces considérations, plutôt que d'élaborer des systèmes faisant naître je ne sais quel rêve dans la tête des agriculteurs et créant la guerre dans les campagnes. En réalité, nous poursuivons le même objectif. Ayons les pieds sur terre de temps à autre ! Si l'on veut favoriser l'installation des jeunes, on y parviendra non pas en les faisant rêver, mais en leur donnant effectivement des perspectives de carrière satisfaisantes. (« Très bien ! » et applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean-Paul Emorine. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Emorine.
M. Jean-Paul Emorine. Selon M. le ministre, ceux qui siègent dans cette assemblée, surtout sur les travées de la majorité sénatoriale, ne seraient pas très favorables à l'installation des jeunes. Or, nous le sommes.
Je voudrais faire un rappel, monsieur le ministre, comme je l'ai fait à votre prédécesseur, qui est un ami politique. Vous parlez beaucoup de l'installation hors cadre familial et vous voudriez qu'il y ait adéquation entre les cessations d'activité et les reprises. Il faut faire preuve de réalisme et de pragmatisme. Vous ne pourrez pas installer des jeunes dans des structures d'exploitation qui ne sont plus viables. Vous parlez toujours des grandes exploitations agricoles, mais nombre de régions de France ont des petites structures d'exploitation agricole. Compte tenu de la modernisation de notre agriculture et de l'agrandissement des exploitations, qui est irréversible dans certains secteurs, le nombre d'agriculteurs diminuera. Je le regrette ! Mais il faut, à un moment donné, avoir un discours réaliste.
M. Alain Vasselle. Exactement !
M. Jean-Paul Emorine. Vous évoquez surtout le hors cadre familial que vous voulez encourager. M. Philippe Vasseur l'a fait avant vous, et j'ai eu des discussions avec lui sur ce sujet. Mais pour favoriser le hors cadre familial, monsieur le ministre, il importe surtout de trouver des financements.
Je tiens d'ailleurs à rappeler que, dans le cadre familial, les parents font des sacrifices pour financer l'installation de leurs enfants.
M. Alain Vasselle. Tout à fait !
M. Jean-Paul Emorine. Il faut le dire : les jeunes ne sont pas favorisés ; simplement, les parents acceptent de sacrifier une partie de leur capital pour les installer.
Monsieur le ministre, vous qui êtes membre d'un gouvernement parlant beaucoup des 35 heures, comment voulez-vous inciter des jeunes à s'installer hors cadre familial en agriculture alors qu'ils nous voient souvent travailler sept jours sur sept et vraisemblablement soixante-dix heures par semaine ? Tracez des perspectives de revenus pour les jeunes agriculteurs, et ils s'installeront !
Pour conclure, monsieur le ministre, vous êtes très attaché au terme « libéralisme », mais pour en faire la critique. Consultez le Larousse , et vous verrez que « libéralisme » vient de « liberté », mot qui figure dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cela veut dire tout simplement que chaque citoyen doit avoir la responsabilité de ses engagements, mais aussi la liberté de respecter les autres. C'est pour cela que je voterai l'amendement n° 606 de la commission. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet article, comme de nombreux autres textes que nous avons déjà examinés depuis le début de la discussion de ce projet de loi, est assez révélateur, de l'état d'esprit dans lequel se trouvent tant le Gouvernement que la majorité des membres de cette assemblée.
Monsieur le ministre, la réponse que vous avez apportée à M. le rapporteur démontre une fois de plus que votre préoccupation est toujours la même : essayer de casser les grandes structures agricoles au profit des plus petites et de monter petites et grandes exploitations les unes contre les autres.
La lecture de tous les articles ou presque du projet de loi donne le sentiment que la préoccupation du Gouvernement est uniquement sociale ou environnementale. Et la réponse que vous avez apportée tout à l'heure me conforte encore dans cette idée ; vous voulez maintenir un certain nombre de structures à caractère familial et de petites structures agricoles, tout en sachant pertinemment qu'elles n'ont pas toujours le niveau de viabilité assurant leur pérennité à terme.
Que voulez-vous, monsieur le ministre ? Qu'il y ait, en France, un tissu de petites structures agricoles ne subsistant que grâce à l'aide publique ? Ajoutons qu'il s'agira non pas de l'aide publique européenne mais de l'aide publique nationale, ce qui coûtera extrêmement cher à la nation pour un résultat qui, sur le plan économique, ne sera pas celui que l'on cherche à atteindre ! Faut-il rappeler que c'est quand même l'agriculture, notamment l'agro-alimentaire, qui permet de rendre positive la balance commerciale de ce pays ?
Je pense donc, monsieur le ministre, que vouloir opposer les plus petites structures aux grandes structures est une erreur. La question qu'il nous faut nous poser, comme l'a fait la commission et comme je le fais pour ma part, est celle de la viabilité de nos structures agricoles, quelle que soit leur taille. Certaines petites structures agricoles ont en effet une très bonne viabilité, alors que des structures de plus grande taille de par leur surface ont un niveau de viabilité moindre. Tout dépend de la valeur ajoutée des produits exploités !
Certaines exploitations agricoles ayant adopté un système de monoculture céréalière obtiennent des résultats économiques inférieurs à ceux auxquels parviennent des structures de petite taille en surface mais qui, par le biais de cultures hors sol ou d'autres productions, arrivent à un niveau bien supérieur.
Par conséquent, vouloir porter une appréciation sur la dimension des structures à travers leur surface constitue une erreur grave, qui va à l'encontre de l'économie et de l'avenir de nos exploitations agricoles.
Il est un autre point que je souhaiterais voir préciser afin d'éviter tout quiproquo quant à l'application du texte : je veux parler des liens de parenté au troisième degré. En effet, cela doit être une réalité au moment de la transmission des structures. Il ne faudrait pas que, par des mesures de publicité ou d'intéressement à l'égard de personnes situées hors du système, l'on mette en difficulté des structures familiales viables pouvant se transmettre de père en fils ou d'oncle à neveu. Il me paraît essentiel de ne pas porter atteinte au droit de propriété de ces exploitations agricoles.
Je terminerai en évoquant, à la suite de notre collègue Jean-Paul Emorine, qui est excellemment intervenu, l'effort fait par les parents pour permettre l'installation des jeunes. Savez-vous, monsieur le ministre - telle est du moins la situation que j'ai connue lors de mon installation et je serais étonné que d'autres jeunes ne la vivent pas - que tous les agriculteurs meurent riches d'un capital extraordinaire, mais que, pendant toute leur vie professionnelle, ils passent leur temps à rembourser des dettes ? Ce n'est que quand ils arrivent à l'âge de la retraite qu'ils peuvent tirer le profit des efforts réalisés pendant toute une vie. Et vous voudriez les en priver ? Vraiment, quelque part, on marche sur la tête ! Posons-nous donc les bonnes questions, auquel cas le texte de loi tiendra la route !
M. Bernard Piras. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Piras.
M. Bernard Piras. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le groupe socialiste considère que ce projet de loi doit être complété par plusieurs volets, notamment par un volet fiscal. Dans cette logique, nous voulons examiner les problèmes de fiscalité non pas de façon parcellaire, mais globalement. J'espère que nous pourrons, à cette occasion, trouver des mesures encourageant l'installation, dans le cadre familial ou non, particulièrement dans les zones défavorisées. En tout cas, nous veillerons à ce que ces dispositions soient favorables aux 80 % d'agriculteurs qui ne touchent que 20 % des subventions.
Par ailleurs, comme tous les groupes de cette assemblée, nous avons reçu les différentes organisations syndicales. Or, ces dernières, comme le rappelait tout à l'heure M. le ministre, n'ont émis aucune observation sur cet article 16. N'étant pas plus royaliste que le roi, je ne vois pas la nécessité de modifier l'équilibre trouvé.
Telles sont toutes les raisons pour lesquelles nous ne voterons pas l'amendement n° 606.
M. Gérard Le Cam. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. M. Flandre déclare qu'il ne faut pas rêver. Voilà quelques jours, il me disait qu'il ne fallait pas croire au Père Noël ! Effectivement, trop nombreux sont, dans ce pays, les agriculteurs qui ne rêvent plus, notamment ceux qui s'installent sans aide. Or, mesdames, messieurs de la majorité sénatoriale, je n'ai pas trouvé dans vos rangs une écoute particulière à l'égard des amendements que j'ai déposés pour aider ces milliers d'agriculteurs qui doivent vivoter parce que vous ne pensez pas particulièrement à eux !
Je voterai contre l'amendement n° 606, car je ne suis pas du tout d'accord sur la notion de seuil de déclenchement.
Vous évoquez la famille. La famille, c'est vrai, est une tradition dans le monde agricole ; mais il ne faut pas se focaliser sur elle, il faut également penser à tous les autres : les chiffres donnés dans cet hémicycle prouvent en effet que si seuls les enfants d'agriculteurs sont repreneurs, ils ne suffiront pas. Par conséquent, ou vous voulez continuer d'agrandir les exploitations, ou je ne comprends plus ! Il faut dire la vérité, quelquefois !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je ne peux pas éterniser ce débat, mais je ne veux pas laisser sans réponse deux ou trois points.
Monsieur Flandre, les deux cas que vous soulignez ne sont pas du tout mis en cause par ce texte. Il faut garder raison dans ce débat et ne pas prétendre que ce projet de loi, qui, évidemment, à vous entendre, va faire déferler sur l'agriculture française le grand vent du collectivisme et de la bureaucratie, aurait empêché votre frère ou votre petit-fils de s'installer. D'où tenez-vous cela ?
Simplement, au moment de l'installation de votre frère, à votre place ou non, la CDOA aurait été avertie. Elle aurait pris acte du fait que, votre frère étant dans la place, il pouvait poursuivre l'exploitation. Aucune disposition du texte n'aurait empêché votre frère ou votre petit-fils de s'installer ! Quel est ce chiffon rouge que vous agitez pour vous faire peur ? Qu'allez-vous faire dire au texte qu'il ne prévoit pas ? (M. Hilaire Flandre s'exclame.)
Vous savez sans doute mieux que moi comment fonctionnent les CDOA. Je n'imagine vraiment pas que ces dernières puissent prendre la responsabilité d'expulser un frère ou un petit-fils, ou de leur interdire de s'installer et de poursuivre l'exploitation ! Je vous demande donc de garder la raison et de ne pas vous laisser effrayer par des épouvantails qui n'existent pas !
Monsieur Emorine, je connais depuis longtemps l'origine du mot libéralisme, mais je ne confonds pas le libéralisme politique et le libéralisme économique. (M. Jean-Paul Emorine sourit.) J'estime que la liberté doit être protégée dans le domaine agricole. Si nous voulons faire acte de volontarisme, il faut, d'une certaine manière, favoriser la liberté de s'installer, et donc contrarier la liberté de concentrer, d'expulser, qui provoque l'exode rural. Je le dis, car, ce sont effectivement deux conceptions de la liberté qui se confondent.
Monsieur Vasselle, sachons là aussi raison garder ! Vous avez parlé d'atteinte au droit de propriété. Soyons sérieux deux minutes ! Ce n'est pas le droit de propriété qui est en cause dans ce débat ; sont en cause le droit d'exploitation et les droits à produire. Cela n'a rien à voir ! Il faut donc rester serein et poser, peut-être d'une manière différente, les problèmes de viabilité des entreprises ou des exploitations en général.
Les petites exploitations n'étant pas viables, dites-vous, il faut se faire à l'idée qu'elles disparaissent.
M. Alain Vasselle. Je n'ai pas dit cela !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Moi, je ne m'y fais pas. Je recherche donc avec d'autres les moyens de les rendre viables, pour que des jeunes s'y intéressent, s'y installent et que nous repartions ainsi à la reconquête de l'espace rural.
Au nom du libéralisme, ne vous êtes-vous jamais interrogé sur la viabilité de certaines grandes exploitations qui se voient allouer par la direction départementale de l'agriculture un à deux millions de francs correspondant au paiement des primes de la PAC ?
Trouvez-vous normal que des sommes aussi considérables soient versées ? C'est normal, c'est libéral, c'est viable !
Soyons raisonnables ! Si nous voulons tous, de bonne foi - et je pense que tel est le cas - favoriser l'installation de jeunes, partir à la reconquête du territoire, enrayer l'exode rural, comme certains de mes prédécesseurs ont essayé de le faire, un certain nombre de conditions doivent être réunies.
La première d'entre elles - je le répète, parce que c'est important - est la fixation de règles du jeu au niveau européen, parce que l'indécision qui pèse sur la PAC affecte les comportements économiques et gèle des décisions d'installation. On le constate partout en Europe.
La deuxième condition, qui est indispensable et qui fait l'objet de notre débat, tend à ouvrir le jeu, par le biais de la concertation, en mettant sur un pied d'égalité cadre familial et hors cadre familial. Je ne dis pas qu'il s'agit de privilégier les installations hors cadre familial, mais je refuse de privilégier le cadre familial, comme vous le faites, car je sais que cela ne suffirait pas.
La troisième condition est - j'en suis d'accord - l'augmentation, le moment venu, des fonds affectés au FIA. Monsieur Cornu, je me suis déjà exprimé dans cette enceinte à cet égard : on a simplement pris acte de la baisse des installations pour que ne soient inscrits au FIA que les crédits strictement nécessaires à ces dernières. Mais j'espère bien que le nombre des installations va croître et qu'il nous faudra donc réabonder ce fonds.
La quatrième et dernière condition est constituée par la création de formules attirantes pour les jeunes agriculteurs : je compte à cet égard sur le CTE et sur l'installation progressive, disposition de ce projet de loi qui sera examinée un peu plus tard.
Le dispositif repose donc sur un certain nombre de points. Si nous le mettons en place avec bonne foi et sérénité, nous serons bien loin des chiffons rouges que vous agitez et nous pourrons essayer de réaliser du travail sérieux.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 606, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires économiques et du Plan.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 67:

Nombre de votants 319
Nombre de suffrages exprimés 318
Majorité absolue des suffrages 160
Pour l'adoption 219
Contre
99 En conséquence, l'article 16 est ainsi rédigé et les amendements n°s 537 et 390 n'ont pas d'objet.

Articles additionnels après l'article 16



M. le président.
Par amendement n° 28, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement présentera au Parlement, dans un délai d'un an à compter de la publication de la présente loi, un rapport sur les moyens à mettre en oeuvre pour encourager l'investissement dans le foncier agricole afin de faciliter, notamment, la mise à disposition de biens ruraux au profit de jeunes agriculteurs. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je voudrais d'abord m'adresser à M. Le Cam pour lui dire qu'il a tout à l'heure prononcé à mon égard une contre-vérité. En effet, j'ai soutenu le rapport déposé par le Gouvernement sur les installations progressives et sur les aides. Donc, je tiens à dissiper l'idée selon laquelle le rapporteur aurait deux façons de régler les problèmes : je reste au contraire fidèle à la stratégie qui était la mienne, je suis partisan de l'installation des jeunes, je suis partisan des installations progressives.
J'en viens maintenant à l'amendement n° 28.
L'installation hors cadre familial nous paraît nécessaire pour maintenir une population active agricole suffisante. Elle ne réussira que dans la mesure où du foncier peut être mis à la disposition de ces jeunes par bail à ferme. Le poids actuel des capitaux d'exploitation indispensables à l'installation rend, en effet, quasiment impossible pour un jeune l'acquisition du foncier.
Les statistiques révèlent que les jeunes agriculteurs actuellement bénéficiaires des aides à l'installation mettent en valeur des exploitations dont la SAU, la surface agricole utile, est à plus de 90 % en fermage.
Un rapport présenté par le Gouvernement doit pouvoir explorer les moyens à mettre en oeuvre pour encourager l'investissement dans le foncier agricole en favorisant le portage sociétaire, en encourageant les investisseurs et en facilitant l'acquisition grâce à des financements adaptés.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je suis très sensible à la volonté de M. le rapporteur de clarifier les conditions de l'investissement dans le domaine foncier, mais le rapport prévu à l'article 65 devra faire le point sur les transmissions, la fiscalité, les charges sociales. Il englobe donc votre préoccupation, monsieur Souplet !
C'est pourquoi je souhaite que cet amendement soit retiré, pour ne pas « charger la barque » en demandant un rapport supplémentaire. Il sera bien précisé à l'article 65 que le rapport concerné traitera en particulier ce sujet.
M. le président. Monsieur le rapporteur, l'amendement n° 28 est-il, dans ces conditions, maintenu ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Monsieur le ministre, à partir du moment où vous vous engagez à évoquer ce problème dans le rapport prévu à l'article 65, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 28 est retiré.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Tous deux sont présentés par MM. Bizet, Althapé, Bernard, Besse, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du RPR.
L'amendement n° 329 tend à insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé.
« Sous réserve de l'application du contrôle des structures des entreprises agricoles, toute constitution d'association ou de personne morale entre producteurs de lait de vache ou toute mise en commun entre eux d'ateliers laitiers ou d'autres moyens de production laitière, lorsque le groupement ne comporte pas la cession, la location ou la mise à disposition des surfaces utilisées pour la production laitière, doit faire l'objet d'une demande d'autorisation préalable auprès du préfet du département où se situe le regroupement de la production.
« Dans les trois mois suivant le dépôt de la demande prévue à l'article 16, le préfet délivre une autorisation de regroupement conforme au régime du prélèvement supplémentaire dans le secteur du lait et des produits laitiers institué par le règlement CEE 3950 92 du Conseil du 28 décembre 1992. Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du présent article. »
L'amendement n° 330 vise à insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« Lorsque le ministère de l'agriculture constate un regroupement de production laitière en infraction avec les dispositions de l'article 16, c'est-à-dire, soit que ce regroupement ait été réalisé sans demande préalable, soit que, suite à l'autorisation, les conditions effectives du regroupement ne sont plus les mêmes, il met les intéressés en demeure de régulariser leur situation dans un délai de deux mois.
« Si à l'expiration du délai imparti, le ministère de l'agriculture constate que l'irrégularité se poursuit, il peut prononcer à l'encontre des intéressés une sanction pécuniaire d'un montant égal au prélèvement supplémentaire prévu par le règlement mentionné à l'article 16 selon le volume global des références en cause. Cette sanction peut être reconduite chaque année, s'il est constaté que les intéressés poursuivent le regroupement illicite.
« Afin de constater les irrégularités, le ministère de l'agriculture est habilité à procéder à tous les contrôles nécessaires auprès des producteurs concernés et à vérifier sur le site le fonctionnement de l'atelier de production.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du présent article. »
La parole est à M. Bizet, pour présenter ces deux amendements.
M. Jean Bizet. Ces amendements n°s 329 et 330 ont pour objet d'éviter des montages juridiques plus ou moins discutables et plus ou moins complexes.
Le décret du 22 janvier 1996 avait mis en place un dispositif de prélèvements lors du transfert de références laitières résultant de l'agrandissement ou de la réunion d'exploitations laitières. Or ces quantités prélevées étaient ensuite réattribuées ou redistribuées.
La Cour de justice européenne, dans son arrêt Ballmann, a ouvert la porte à cette dérive, d'où des réunions d'exploitations agricoles sans prélèvement laitier.
Aussi l'amendement prévoit-il, lorsque le regroupement ne comporte pas la cession, la location ou la mise à disposition des surfaces utilisées pour la production laitière, que celui-ci doit faire l'objet d'une demande d'autorisation préalable : dans les trois mois qui suivent le dépôt de la demande prévue à l'article 16, le préfet délivre une autorisation de regroupement conforme au régime du prélèvement supplémentaire dans le secteur des produits laitiers.
L'amendement n° 330, quant à lui, a pour objet de codifier la sanction prévue dans l'amendement n° 329 : cette sanction pécuniaire est d'un montant égal au prélèvement supplémentaire prévu par le règlement mentionné à l'article 16 selon le volume global des références en cause. De plus, cette sanction peut être reconduite d'année en année.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 329 et 330 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission souhaiterait entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement n'est pas du tout défavorable à ces deux amendements, mais l'article 17 bis prévoit explicitement ce dispositif, monsieur Bizet, en rectifiant les dysfonctionnements que vous relevez et en sanctionnant les infractions.
Je souhaite donc que vous retiriez ces amendements.
M. le président. Monsieur Bizet, la sagesse ne consisterait-elle pas à réserver ces deux amendements jusqu'après l'examen de l'article 17 bis ?
M. Jean Bizet. En effet, monsieur le président : j'en demande la réserve.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur cette demande de réserve ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. La réserve est ordonnée.

Articles 17 et 17 bis



M. le président.
« Art. 17. _ Dans un délai de dix-huit mois à compter de la publication de la présente loi, le schéma directeur départemental des structures sera mis en conformité avec les dispositions résultant de celle-ci. Il sera établi en cohérence avec le projet agricole départemental élaboré en application du deuxième alinéa de l'article L. 313-1 du code rural. Les schémas directeurs départementaux arrêtés restent en vigueur jusqu'à l'approbation des schémas révisés. » - (Adopté.)
« Art. 17 bis . - I. Sous réserve de l'application du contrôle des structures des exploitations agricoles, toute constitution d'association ou de personne morale entre producteurs de lait de vache ou toute mise en commun entre eux d'ateliers ou d'autres moyens de production laitière, lorsque le regroupement ne comporte pas la cession, la location ou la mise à disposition des surfaces utilisées pour la production laitière, doit faire l'objet d'une demande d'autorisation préalable auprès du préfet du département où se situe le regroupement de la production. Dans les trois mois suivant le dépôt de cette demande, le préfet délivre une autorisation de regroupement conforme au régime du prélèvement supplémentaire dans le secteur du lait et des produits laitiers institué par le règlement (CEE) n° 3950/92 du Conseil, du 28 décembre 1992.
« II. _ En cas d'infraction à ces dispositions et notamment de regroupement de production laitière réalisé sans demande préalable, regroupement pour lequel la décision de refus n'a pas été respectée, regroupement dont les conditions effectives, après autorisation, ont été modifiées, l'autorité administrative met les intéressés en demeure de régulariser leur situation dans un délai de deux mois.
« Si à l'expiration de ce délai l'irrégularité persiste, l'autorité administrative peut prononcer à l'encontre des intéressés une sanction pécuniaire d'un montant égal au prélèvement supplémentaire prévu par le règlement mentionné au I, selon le volume des références en cause. Cette sanction peut être reconduite chaque année, si les intéressés poursuivent le regroupement illicite.
« Afin de rechercher et constater ces irrégularités, l'autorité administrative est habilitée à procéder à tous contrôles nécessaires auprès des producteurs et à vérifier sur place le fonctionnement de l'atelier de production. » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 16 (suite)



M. le président.
Nous en revenons donc aux amendements n°s 329 et 330, tendant à insérer des articles additionnels après l'article 16.
La parole est à M. Bizet.
M. Jean Bizet. Je souhaiterais obtenir quelques explications complémentaires de la part de M. le ministre avant de me prononcer sur le retrait éventuel de ces amendements, monsieur le président.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Les termes de l'article 17 bis que le Sénat vient d'adopter correspondent tout à fait à votre souhait, monsieur Bizet. Les amendements n°s 329 et 330 n'ont donc pas de raison d'être.
M. Jean Bizet. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Bizet.
M. Jean Bizet. Monsieur le ministre, l'article 17 bis répond effectivement aux préoccupations que j'exprime dans l'amendement n° 329, mais, apparemment, la sanction pécuniaire n'est pas codifiée. Or je souhaiterais qu'elle le soit.
Dans ces conditions, je retire l'amendement n° 329, mais je maintiens l'amendement n° 330.
M. le président. L'amendement n° 329 est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 330 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Un décret en Conseil d'Etat fixera les conditions d'application de l'article 17 bis, cela va de soi !
Je m'en remettrais volontiers à la sagesse du Sénat, mais l'amendement n° 330 risque d'apparaître tout à fait redondant avec les trois premiers paragraphes de l'article 17 bis. La référence au décret va de soi, il n'est pas utile de prévoir dans la loi qu'un décret est nécessaire pour appliquer cet article !
J'essaie de trouver une solution concrète, monsieur le sénateur, et, honnêtement, je prends l'engagement qu'un décret en Conseil d'Etat fixera les conditions d'application du présent article.
En conséquence, je suis défavorable à l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 330.
M. Jean Bizet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bizet.
M. Jean Bizet. Monsieur le ministre, je maintiens cet amendement, parce qu'il précise davantage le montant de la sanction pécuniaire. Cela va au-delà du décret en Conseil d'Etat ! De plus, la commission est favorable à l'amendement.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur Bizet, relisez attentivement l'article 17 bis : « Si à l'expiration de ce délai l'irrégularité persiste, l'autorité administrative peut prononcer à l'encontre des intéressés une sanction pécuniaire d'un montant égal au prélèvement supplémentaire prévu par le règlement mentionné au I, selon le volume des références en cause. »
Le principe de la sanction pécuniaire est bien prévu dans l'article 17 bis. Je vous demande donc de ne pas adopter un amendement qui ne fait que reprendre le texte de l'article.
M. le président. Je crois que vous n'avez pas tort, monsieur le ministre ! (Sourires.)
Monsieur Bizet, la voie de la sagesse n'est-elle pas de retirer l'amendement ?
M. Jean Bizet. Sur ce point, M. le ministre a en effet raison.
Je retire l'amendement n° 330.
M. le président. L'amendement n° 330 est retiré.

Articles additionnels après l'article 17 bis



M. le président.
Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° 250 est présenté par MM. Murat, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 353 est déposé par M. Emorine et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
L'amendement n° 403 est présenté par M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste.
Tous trois tendent à insérer, après l'article 17 bis un article additionnel ainsi rédigé :
« Lorsqu'un producteur, détenteur de droits à prime dans les secteurs bovin, ovin et caprin, cesse l'activité de production à laquelle sont attachés ces droits ou la diminue, ceux-ci sont dans tous les cas transférés à d'autres producteurs par l'intermédiaire de la réserve nationale. »
La parole est à M. Cornu, pour présenter l'amendement n° 250.
M. Gérard Cornu. Il s'agit de ne pas pénaliser l'installation des jeunes agriculteurs et de faire en sorte que le droit à prime puisse être transféré à d'autres producteurs par l'intermédiaire de la réserve nationale.
Le régime juridique des transferts des droits à prime n'a jamais été précisé par le législateur français. Les transferts totaux d'exploitations agricoles, qui donnent lieu à des transferts corrélatifs des droits à prime, engendrent des surcoûts lors des transmissions d'exploitations qui pénalisent l'installation des jeunes agriculteurs.
Il est indispensable de fixer des règles claires de transfert des droits à prime qui facilitent une gestion de ceux-ci au sein des territoires ruraux.
Tel est l'objet de l'amendement que le groupe de RPR vous propose.
M. le président. La parole est à M. Emorine, pour présenter l'amendement n° 353.
M. Jean-Paul Emorine. Le régime juridique des transfert de droits à prime n'a jamais été précisé par le législateur. Les transferts totaux d'exploitations agricoles, qui donnent lieu à des transferts corrélatifs des droits à prime, engendrent des surcoûts lors des transmissions d'exploitations qui pénalisent l'installation des jeunes agriculteurs.
Il est indispensable de fixer des règles claires de transfert des droits à prime afin de faciliter leur gestion au sein des territoires ruraux. La présente loi d'orientation ne peut pas éluder cet important problème, clé du développement équilibré des exploitations.
M. le président. La parole est à M. Deneux, pour défendre l'amendement n° 403.
M. Marcel Deneux. M. Emorine a parlé pour deux ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 250, 353 et 403 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission avait souhaité ne pas aborder la question des références de production tant que celle-ci n'aurait pas fait l'objet d'une concertation avec les organisations professionnelles agricoles. Nous sommes actuellement en pleine réforme de la politique agricole commune. Ces problèmes de droits à produire sont délicats.
Voilà pourquoi, avant de donner l'avis de la commission, j'aimerais connaître le point de vue du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur ces trois amendements ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le problème de la gestion des droits à produire et de leur statut est un vrai problème et il faut lui apporter une solution. La discussion a commencé, et s'il est un endroit où ce sujet devra être traité, c'est bien dans le rapport global prévu à l'article 65 du projet, que j'évoquais tout à l'heure. Je prends donc l'engagement que tel sera bien le cas. D'ailleurs, si se sujet-là n'était pas abordé dans ce rapport, qu'est-ce qui pourrait bien l'être ?
Quant à la proposition qui est faite, relative aux quotas laitiers, et qui limiterait le transfert des droits à prime dans les secteurs bovin, ovin et caprin aux seuls transferts par la réserve nationale, j'ai le regret de dire qu'elle est, pour l'instant, contraire à la réglementation communautaire.
Voilà pourquoi je préférerais que les auteurs de ces amendements veuillent bien les retirer.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission avait décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 250, 353 et 403.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je comprends d'autant mieux les auteurs de ces amendements que je suis cosignataire de l'un d'entre eux. (Sourires.) Il est toutefois un point sur lequel je souhaite attirer l'attention.
A l'heure actuelle, une partie des primes destinées aux producteurs de bovins, d'ovins et de caprins sont d'abord redistribuées à l'échelon départemental avant de l'être à l'échelon national.
Avec un retour à l'échelon national, la crainte que l'on peut avoir, c'est que certaines régions ne perdent le bénéfice de ces primes au bénéfice d'autres régions. Il nous faut donc être relativement prudents dans notre démarche.
En définitive, je me demande même si le résultat ne serait pas contraire à celui que nous visions. Voilà pourquoi il m'apparaît que M. le rapporteur a eu raison d'émettre un avis de sagesse.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. La sagesse, c'est le retrait !
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Tout à l'heure, nous avons évoqué un aspect fondamental du projet en traitant de la maîtrise du foncier ; nous abordons là le second aspect fondamental, à savoir la maîtrise des droits à produire.
Il y a une vingtaine d'années, c'est le foncier qui permettait d'être agriculteur ; aujourd'hui, ce sont les droits à prime, les droits à produire.
La semaine dernière, nous expliquant sur le retrait de l'article 6, nous avons proposé que soient abordées toute une série de questions qui méritaient de l'être. Parmi celles-ci figure la question de la transmission des droits à produire, de façon à permettre au plus grand nombre possible de jeunes de devenir agriculteurs dans les meilleures conditions.
Notre collègue Alain Vasselle vient de soulever un vrai problème. Nous ne pouvons pas décider maintenant, dans le cadre d'une loi d'orientation, en quelques minutes, de la manière dont peuvent être transmis ces droits à produire. Les incidences de la mesure sont trop importantes, trop graves.
Certains droits à prime, certains droits à produire sont affectés à l'exploitant ; d'autres le sont à l'exploitation. Comment transmettra-t-on l'un par rapport à l'autre ?
Cela mérite une réflexion de fond, et c'est d'ailleurs ce que traduit, me semble-t-il, l'avis de sagesse de la commission.
Sans doute convient-il de ne pas adopter ces trois amendements dans la mesure où M. le ministre prend l'engagement que, dans le cadre du rapport prévu à l'article 65, un travail de fond sera accompli qui permettra d'apprécier l'incidence que peut avoir la transmission de ces droits, incidence qui, tout comme celle du foncier, est, je le répète, fondamentale.
M. Jean-Paul Emorine. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Emorine.
M. Jean-Paul Emorine. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire à quelle date vous pensez pouvoir nous présenter le rapport définitif ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je prends l'engagement que ce sera en septembre, monsieur Emorine, c'est-à-dire dans quelques mois.
J'ajoute que, plus je réfléchis, plus je pense que M. Vasselle a raison : la sagesse, ce serait le retrait des amendements, y compris dans l'intérêt propre de leurs auteurs, sans vouloir donner des conseils, bien entendu !
M. le président. Accédez-vous au souhait de M. le ministre, monsieur Emorine ?
M. Jean-Paul Emorine. Puisque M. le ministre a pris effectivement l'engagement que le rapport serait mis à notre disposition en septembre, je retire l'amendement.
M. Gérard Cornu. Pour les mêmes raisons, nous retirons le nôtre.
M. Marcel Deneux. Il en va de même pour nous.
M. le président. Les amendements n°s 353, 250 et 403 sont retirés.

Chapitre III


Statut des conjoints travaillant dans les exploitations ou les entreprises et des retraités agricoles non salariés

Article 18



M. le président.
« Art. 18. _ Dans le code rural, il est rétabli un article L. 321-5 ainsi rédigé :
« Art. L. 321-5 . _ Le conjoint du chef d'une exploitation agricole qui n'est pas constituée sous forme d'une société ou d'une coexploitation entre conjoints peut y exercer son activité professionnelle en qualité de collaborateur d'exploitation agricole.
« Sous réserve de l'application des dispositions de l'ar ticle L. 321-1, le conjoint de l'associé d'une exploitation agricole constituée sous la forme d'une société peut également prétendre au statut de collaborateur lorsqu'il y exerce son activité professionnelle et n'est pas associé de ladite société.
« L'exploitation agricole mise en valeur par les conjoints doit répondre aux conditions prévues pour des époux au dernier alinéa du I de l'article 1003-7-1. L'option pour la qualité de collaborateur doit être formulée par le conjoint en accord avec le chef d'exploitation et, le cas échéant, la société d'exploitation dans des conditions prévues par décret en Conseil d'Etat.
« Le collaborateur bénéficie du droit à l'assurance vieillesse des personnes non salariées des professions agricoles dans les conditions prévues aux chapitres IV et IV-1 du titre II du livre VII lorsque son conjoint relève du régime agricole, ainsi que d'une créance de salaire différé dans les conditions prévues au chapitre 1er du titre II du livre III (nouveau) . »
Par amendement n° 131, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose :
A. - Dans le premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 321-5 du code rural, après les mots : « chef d'une exploitation », d'insérer les mots : « ou d'une entreprise » ;
B. - A la fin du premier alinéa du même texte, après les mots : « collaborateur d'exploitation », d'insérer les mots : « ou d'entreprise » ;
C. - Dans le deuxième alinéa du même texte, après les mots : « d'une exploitation », d'insérer les mots : « ou d'une entreprise » ;
D. - Au début de la première phrase du troisième alinéa du même texte, après les mots : « L'exploitation », d'insérer les mots : « ou l'entreprise » ;
E. - Dans la seconde phrase du troisième alinéa du même texte, après les mots : « chef d'exploitation », d'insérer les mots : « ou d'entreprise agricole ».
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement rédactionnel vise à ajouter, après le mot : « exploitation », les mots : « entreprise agricole », car, dans les articles suivants, et pour tout ce qui concerne le conjoint collaborateur, l'expression retenue est : « conjoint collaborateur d'exploitation ou d'entreprise agricole ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Très favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. En l'occurrence, je suis d'accord, car il s'agit d'entreprises forestières ou de travaux fonciers. Cela n'a rien à voir avec le débat que nous avons eu sur l'entreprise agricole.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ... Je mets aux voix l'amendement n° 131, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ... Je mets aux voix l'article 18, ainsi modifié.

(L'article 18 est adopté.)

Articles 18 bis et 19 à 21



M. le président.
« Art. 18 bis. - Le I de l'article 16 de la loi n° 97-1051 du 18 novembre 1997 d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions qui précèdent sont applicables au conjoint de l'associé d'une exploitation ou d'une entreprise de cultures marines ou du copropriétaire embarqué qui exerce son activité dans les conditions définies au premier alinéa lorsque cet associé ou ce copropriétaire relève du régime spécial de sécurité sociale des marins. » - (Adopté.)

« Art. 19. - L'article 1122-1 du code rural est ainsi modifié :
« 1° La première phrase du premier alinéa est ainsi rédigée :
« Le conjoint du chef d'exploitation ou d'entreprise agricole, sous réserve des dispositions du dernier alinéa du présent article, et les membres de la famille ont droit à la pension de retraite forfaitaire dans les conditions prévues au 1° de l'article 1121 » ;

« 2° Il est ajouté un alinéa ainsi rédigé :
« A compter du premier jour du mois suivant la publication du décret prévu à l'article L. 321-5, la qualité de conjoint participant aux travaux au sens de la troisième phrase du premier alinéa du présent article ne peut plus être acquise. » - (Adopté.)
« Art. 20. - Il est inséré, après l'article 1122-1 du code rural, un article 1122-1-1 ainsi rédigé :
« Art. 1122-1-1 . - I. - Le conjoint du chef d'exploitation ou d'entreprise agricole qui a exercé une activité non salariée agricole en ayant opté pour la qualité de collaborateur d'exploitation ou d'entreprise dans des conditions prévues par décret en Conseil d'Etat a droit à une pension de retraite qui comprend :
« 1° Une pension de retraite forfaitaire dans les conditions prévues au 1° de l'article 1121 et sous réserve des dispositions du premier alinéa de l'article 1121-1 ;
« 2° Une pension de retraite proportionnelle dans les conditions prévues, selon le cas, au 2° de l'article 1121 ou au 2° de l'article 1142-5.
« Les personnes mentionnées au premier alinéa du présent I peuvent, dans un délai de deux ans suivant la publication de la loi n° du d'orientation agricole et pour les périodes antérieures au 1er janvier 1999, qui seront définies par décret, pendant lesquelles elles ont cotisé et acquis des droits en qualité de conjoint au régime d'assurance vieillesse des personnes non salariées des professions agricoles en application de l'article 1122-1 et du a de l'article 1123, acquérir des droits à la pension de retraite proportionnelle moyennant le versement de cotisations afférentes à ces périodes. Les conditions d'application du présent alinéa sont fixées par un décret qui précise notamment le mode de calcul des cotisations et le nombre maximum d'années pouvant faire l'objet du rachat.
« Le conjoint survivant du collaborateur d'exploitation ou d'entreprise agricole a droit, dans les conditions énoncées au premier alinéa de l'article 1122, à une retraite de réversion d'un montant égal à un pourcentage, fixé par décret, de la retraite forfaitaire et de la retraite proportionnelle dont bénéficiait ou eût bénéficié l'assuré décédé. Lorsque le conjoint survivant est titulaire d'avantages personnels de vieillesse ou d'invalidité, il est fait application des dispositions prévues au troisième alinéa de l'article 1122.
« II. - Les chefs d'exploitation ou d'entreprise agricole qui ont participé aux travaux de l'exploitation ou de l'entreprise en qualité de conjoint peuvent également acquérir des droits à la retraite proportionnelle au titre de cette période, dans les conditions prévues à l'avant-dernier alinéa du I du présent article. » - (Adopté.)
« Art. 21. - La première phrase du b de l'article 1123 du code rural est ainsi rédigée :
« Une cotisation due pour chaque chef d'exploitation ou d'entreprise et une cotisation due pour chaque aide familial majeur au sens du 2° de l'article 1106-1 ainsi que pour le conjoint collaborateur d'exploitation ou d'entreprise mentionné à l'article L. 1122-1-1. » - (Adopté.)

Article 22



M. le président.
« Art. 22. - Il est inséré, après l'article 1121-4 du code rural, un article 1121-5 ainsi rédigé :
« Art. 1121-5 . - Les personnes dont la retraite a pris effet après le 31 décembre 1997 bénéficient, à compter de sa date d'effet, d'une attribution gratuite de points de retraite proportionnelle à condition que le nombre de points qu'elles ont éventuellement acquis à titre personnel pour ladite retraite proportionnelle soit inférieur à un niveau fixé par décret. Les dispositions du présent article sont applicables aux personnes qui justifient d'une durée d'assurance fixée par décret accomplie dans le régime d'assurance vieillesse des personnes non salariées des professions agricoles et qui ne sont pas titulaires d'un des avantages mentionnés au deuxième alinéa de l'article 1121-1, à l'article 1122, au troisième alinéa de l'article 1122-1 et au cinquième alinéa du I de l'article 1122-1-1.
« Le nombre de points attribué au titre du présent article afin d'assurer à ces personnes un niveau minimum de pension de retraite proportionnelle est déterminé en fonction de l'année de prise d'effet de la retraite selon des modalités fixées par décret en tenant compte de la durée d'assurance justifiée par l'intéressé et du nombre de points de retraite proportionnelle qu'il a acquis ou, lorsqu'il s'agit d'un conjoint d'exploitant agricole, qu'il aurait pu acquérir à compter du 1er janvier 1999 s'il avait opté pour le statut de conjoint collaborateur mentionné à l'article L. 321-5.
« Pour les conjoints dont la retraite a pris effet en 1998, les conjoints dont la retraite a pris effet postérieurement au 31 décembre 1998 et qui ont opté pour la qualité de conjoint collaborateur d'exploitation ou d'entreprise mentionnée à l'article 1122-1-1, les aides familiaux et, le cas échéant, les chefs d'exploitation ou d'entreprise, le niveau minimum de retraite proportionnelle prévu à l'alinéa précédent est majoré, à compter du 1er janvier 1999 ou de la date de prise d'effet de leur retraite, et porté à un niveau différencié selon la qualité de conjoint, d'aide familial ou de chef d'exploitation ou d'entreprise. Le nombre de points supplémentaires gratuits attribué au titre du présent alinéa est déterminé selon des modalités fixées par décret et qui tiennent notamment compte des durées d'assurance de l'intéressé, du nombre de points qu'il a acquis et, s'agissant des conjoints collaborateurs d'exploitation ou d'entreprise, du nombre de points qu'ils sont susceptibles d'acquérir en application des dispositions du quatrième alinéa du I de l'article 1122-1-1. Les chefs d'exploitation ou d'entreprise agricole qui ont également exercé leur activité en qualité d'aide familial sont considérés comme aides familiaux pour l'application des dispositions du présent alinéa dès lors qu'ils ont exercé en cette dernière qualité pendant une durée supérieure à un seuil fixé par décret. »
Par amendement n° 132, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose, à la fin du deuxième alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 1121-5 du code rural, de remplacer les mots : « pour le statut de conjoint collaborateur mentionné à l'article L. 321-5 » par les mots : « pour la qualité de conjoint collaborateur d'exploitation ou d'entreprise mentionnée à l'article 1122-1-1 ».
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement est en cohérence avec ce que j'ai dit précédemment.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'amendement précédemment adopté couvre le cas de figure évoqué. Le présent amendement n'apporte donc rien, et c'est pourquoi je demande à ses auteurs de bien vouloir le retirer.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur pour avis ?
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Si l'on s'en tient au code rural, on doit retenir la même référence à l'article 1121-1-1 lorsqu'il s'agit de définir les conjoints collaborateurs, d'autant que, au troisième paragraphe du nouvel article 1121-5, c'est cette référence qui est prise en compte.
Je maintiens donc l'amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 132, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 22, ainsi modifié.

(L'article 22 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 22



M. le président.
Par amendement n° 133, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré dans le code rural, après l'article 1122-8, un article nouveau ainsi rédigé :
« Art. 1122-9. - Le montant des pensions de réversion visées au deuxième alinéa de l'article 1121-1, au deuxième alinéa de l'article 1122, au troisième alinéa de l'article 1122-1 et au cinquième alinéa de l'article 1122-1-1 du présent code ne peut être inférieur à un montant minimum, fixé par décret pour chacune des pensions susmentionnées, en tenant compte de la durée d'assurance lorsque celle-ci est inférieure à la durée d'assurance déterminée par ce décret. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 331 rectifié, présenté par MM. Vasselle, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du RPR, et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° 133 pour l'article 1122-9 du code rural, à remplacer les mots : « à un montant minimum », par les mots : « au montant prévu dans le régime général. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 133.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement tend à faire bénéficier les ressortissants du régime agricole d'un montant minimum de retraite de réversion tel que prévu dans les autres régimes.
Le texte prévoit, évidemment, les différents cas de pension de réversion : les conjoints survivants de chefs d'exploitation à titre secondaire, principalement salariés, les conjoints survivants de chefs d'exploitation, les conjoints survivants des membres de la famille et, enfin, les conjoints survivants de collaborateurs d'exploitation ou d'entreprise, c'est-à-dire le chef d'exploitation.
J'en profite pour signaler que la référence au régime général n'est pas forcément pertinente, en raison, évidemment, de la diversité des types de pensions de réversion versées dans le régime agricole.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre le sous-amendement n° 331 rectifié.
M. Alain Vasselle. M. le rapporteur pour avis s'est prononcé par avance sur ce sous-amendement de précision, qui tend effectivement à prendre comme référence le régime général, le régime de base de la sécurité sociale.
Il s'agit de donner une indication au Gouvernement et d'assurer l'ensemble des retraités du régime agricole que le montant minimum de leurs pensions de réversion ne peut être inférieur à celui que prévoit le régime de base de la sécurité sociale.
Mais si toute assurance m'est donnée sur ce point par le Gouvernement, je suis tout disposé, au nom de mon groupe, à retirer le sous-amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 133 et le sous-amendement n° 331 rectifié ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement et défavorable au sous-amendement, pour les raisons qu'a évoquées M. le rapporteur pour avis. Je souhaite donc que M. Vasselle retire ledit sous-amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
Il souscrit au principe formulé dans l'amendement, car il va dans le bon sens.
En revanche, le sous-amendement pose problème dans la mesure où il contient un chiffre qui me permettrait d'invoquer l'article 40, voire l'article 41, parce qu'il relève du décret. Je n'évoquerai ni l'un ni l'autre.
Je préfèrerais que, sur l'invitation cordiale de M. le rapporteur et de moi-même, M. Vasselle accepte de retirer le sous-amendement, étant entendu que l'objectif - je puis lui en donner l'assurance - est bien l'alignement sur le régime général. Dès lors, il n'est pas nécessaire de le préciser ici, d'autant que la dépense qui en résulterait rendrait, je le répète, le dispositif irrecevable.
M. le président. Le sous-amendement n° 331 rectifié est-il maintenu, monsieur Vasselle ?
M. Alain Vasselle. Je le retire, monsieur le président, en espérant que M. le ministre sera fidèle au rendez-vous.
M. le président. Le sous-amendement n° 331 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 133, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 22.
Par amendement n° 251, MM. Darcos, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du RPR proposent d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa du VI de l'article 71 de la loi n° 95-95 du 1er février 1995 de modernisation de l'agriculture est ainsi rédigé :
« Les pensions de réversion ayant pris effet antérieurement au 1er janvier 1995 sont régies, à compter du 1er janvier 1999, dans des conditions déterminées par décret par les articles 1121, 1122 et 1122-1 du code rural. Leur montant ne peut être inférieur au minimum vieillesse, sous le bénéfice d'une carrière complète en agriculture. »
Cet amendement est affecté d'un sous-amendement n° 596, présenté par M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, et tendant à supprimer la dernière phrase du texte proposé par l'amendement n° 251 pour le premier alinéa du VI de l'article 71 de la loi n° 95-95 du 1er février 1995 de modernisation de l'agriculture.
La parole est à M. Darcos, pour défendre l'amendement n° 251.
M. Xavier Darcos. Cet amendement s'inscrit dans la logique des précédentes interventions que j'ai faites sur la revalorisation des pensions agricoles les plus faibles. Il a pour objet de protéger les veuves des exploitants agricoles.
L'article 71 de la loi de modernisation de l'agriculture du 1er février 1995 et son décret d'application du 15 mars suivant avaient rendu possible le cumul des droits propres et des droits dérivés pour les veuves et les veufs d'agriculteur.
Toutefois, ces mesures nouvelles ne concernent que les veuves ayant perçu leur pension de réversion postérieurement au 1er janvier 1995.
Il y a donc un déséquilibre et une injustice auxquels le groupe du RPR souhaite mettre fin en proposant que, à compter du 1er janvier 1999, le cumul des pensions soit possible dans des conditions déterminées par décret et sans que le montant du cumul soit inférieur au minimum vieillesse - c'est cohérent avec mes interventions précédentes - soit 3 540 francs nets par mois, sous le bénéfice d'une carrière complète en agriculture.
De fait, il peut paraître inadmissible qu'une veuve d'agriculteur décédé en 1994 et qui a pris sa retraite le 1er janvier dernier se voie proposer une pension de 2 800 francs par mois, alors que le couple aura conjointement cotisé pendant quatre-vingt-neuf ans à la mutualité sociale agricole !
J'avais alerté, au mois de décembre dernier, M. le président de la commission des affaires sociales de cette injustice en étoffant mon argumentation par quelques cas concrets.
L'amendement que je propose au Sénat d'adopter s'inscrit dans la droite ligne de la politique menée depuis 1994 par le gouvernement précédent en faveur des retraités agricoles démunis de ressources, et plus particulièrement des veuves. Il répond à un souci de justice sociale.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 251 et pour présenter le sous-amendement n° 596.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'amendement n° 251 est intéressant. Il soulève cependant des difficultés. En effet, il nécessite un chiffrage précis. En outre, on ne peut pas poser le principe que le montant de la pension de réversion, qui est de 54 % des droits du défunt, est au moins égal au minimum vieillesse. Il faut, de plus, se méfier de la complexité du système, car les personnes concernées ont bénéficié d'une revalorisation forfaitaire.
Mais le Gouvernement pourrait invoquer l'article 40 de la Constitution si l'alinéa proposé était maintenu dans son intégralité. Je suggère donc à ses auteurs de rectifier l'amendement et de supprimer la phrase : « Leur montant ne peut être inférieur au minimum vieillesse, sous le bénéfice d'une carrière complète en agriculture. » Sous cette réserve, la commission accepte l'amendement.
M. le président. Monsieur Darcos, votre amendement est-il modifié ainsi que vous le suggère la commission ?
M. Xavier Darcos. Monsieur le président, de crainte de me voir opposer l'article 40, je rectifie mon amendement dans le sens préconisé par M. le rapporteur.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 251 rectifié, présenté par MM. Darcos, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, tendant à insérer, après l'article 22 un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa du VI de l'article 71 de la loi n° 95-95 du 1er février 1995 de modernisation de l'agriculture est ainsi rédigé :
« Les pensions de réversion ayant pris effet antérieurement au 1er janvier 1995 sont régies, à compter du 1er janvier 1999, dans des conditions déterminées par décret par les articles 1121, 1122 et 1122-1 du code rural.
En conséquence, le sous-amendement n° 596 n'a plus d'objet.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 251 rectifié ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le président, je suis au regret de dire que l'article 40 de la Constitution s'applique toujours, hélas ! à cet amendement, et je l'invoque.
La proposition initiale de M. Darcos était d'un coût de 4,5 milliards de francs ; après rectification, sur la suggestion de M. le rapporteur, son coût est encore de quelque 260 millions de francs.
J'ajoute que le Gouvernement, dans la loi de finances pour 1999, a engagé une démarche visant à procéder à un rattrapage.
M. le président. Monsieur Belot, l'article 40 de la Constitution est-il applicable ?
M. Claude Belot, au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. L'article 40 est applicable.
M. le président. L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 251 rectifié n'est pas recevable.
Par amendement n° 468, MM. Le Cam, Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les pensions des retraités agricoles non salariés dépendent des annuités d'assurance cotisées ou validées et sont calculées au prorata de celles-ci. Aucun coefficient de minoration supplémentaire ne peut être appliqué et les mesures prises en ce sens sont abrogées.
« II. - Le taux prévu au 1 du I de l'article 39 quindecies du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement vise en priorité à reconnaître les longues carrières dans l'agriculture, en procédant à la validation des annuités non cotisées d'avant 1952, date de la mise en place du régime obligatoire pour les exploitants agricoles, et, à cette fin, à donner la possibilité aux retraités agricoles de racheter à une valeur réduite, voire gratuitement, les points de la retraite proportionnelle.
Une telle disposition serait de nature à réparer une injustice puisque, sur les 2 100 000 retraités agricoles que compte notre pays, seuls 640 000, soit 30 % d'entre eux, n'ont pu justifier d'une carrière complète.
A l'évidence, de nombreux retraités ne disposent pas aujourd'hui d'une retraite à taux plein parce qu'ils n'ont pas cotisé avant 1952, alors qu'ils ont travaillé plus de 37,5 années.
C'est pourquoi nous demandons à ce que les coefficients de minoration appliqués au montant des pensions de retraite correspondant à une fourchette de 32,5 à 37,5 années et proratisés selon les annuités soient abandonnés dans un premier temps pour les retraités n'ayant pas cotisé à une certaine période de leur vie, bien qu'étant en activité.
Cette mesure doit être mise en place le plus rapidement possible afin de laisser la possibilité aux retraités, aujourd'hui très âgés, de rassembler les documents justifiant de leur activité avant 1952.
Bien que concernant une population limitée, cet amendement ferait aboutir une vieille revendication des associations de retraités agricoles, c'est pourquoi nous souhaitons vivement qu'elle aboutisse enfin.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des affaires sociales ?
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Je suis défavorable à cet amendement, car on voit mal comment on pourrait revenir, afin de servir des prestations, à la période antérieure à la création du régime, c'est-à-dire avant 1952.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable également.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 468, repoussé par la commission des affaires sociales et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 469, MM. Le Cam, Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article L. 815-12 du code de la sécurité sociale, après les mots : "un montant fixé", sont insérer les mots : "et revalorisé annuellement".
« II. - Le taux prévu au 1 du I de l'article 39 quindecies du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Gérard Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Il est proposé par cet amendement de revaloriser le plafond de l'actif successoral à partir duquel l'allocation supplémentaire du fonds de solidarité vieillesse est récupéré sur l'héritage du bénéficiaire.
C'est ainsi que de nombreux retraités ne demandent pas à bénéficier du minimum vieillesse auquel ils ont pourtant droit de crainte que les allocations ne soient récupérées sur leurs héritiers.
Certes, l'article L. 815-12 du code de la sécurité sociale prévoit que le capital d'exploitation agricole, les terres, le cheptel mort ou vif, les bâtiments d'exploitation, les éléments végétaux constituant le support permanent de la production, tels que les vignes ou les arbres fruitiers, ne sont retenus que pour 50 % de leur valeur au moment de l'évaluation de l'actif net successoral.
Je précise à cet égard que ce capital lié à l'exploitation ne prend pas en compte la valeur du logement principal du retraité. En revanche, notre proposition du relèvement du plafond des successions à 500 000 ou 600 000 francs au lieu de 250 000 francs permettrait d'englober, par définition, la totalité de l'héritage. Notre proposition est donc plus juste et serait avantageuse pour la famille du défunt, notamment pour la veuve qui, à la mort du mari, est confronté à une situation de précarité.
Enfin, si l'allocation supplémentaire est une prestation non contributive, force est de reconnaître qu'elle peut faire l'objet, dans certains cas, d'un remboursement a posteriori, c'est-à-dire une contribution versée plusieurs années après la prestation elle-même.
Je rappelle qu'une valorisation du plafond est d'autant plus justifiée que, pour la prestation spécifique dépendance, ce plafond est de 300 000 francs.
Pour conclure, j'indique qu'aucune revalorisation n'est intervenue depuis 1982. Il serait donc souhaitable que ce plafond soit réévalué chaque année pour tenir compte de l'inflation et du taux de croissance de notre économie.
Pour ces raisons, nous souhaitons l'adoption de cette légitime demande.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Cet amendement illustre un débat important et intéressant. Il est vrai que le seuil du recours sur succession n'a pas été actualisé depuis 1982. La question a été évoquée à l'Assemblée nationale - et peut-être ici aussi - lors de la discussion de la loi de financement de la sécurité sociale. A cette occasion, Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité s'est engagée à revaloriser ce seuil par décret. Le Gouvernement a pris cet engagement.
Dans ces conditions, monsieur le sénateur, je vous demande à nouveau de retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur Le Cam, votre amendement est-il maintenu ?
M. Gérard Le Cam. Je le retire.
M. le président. L'amendement n° 469 est retiré.
Par amendement n° 572, M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A la fin du deuxième alinéa de l'article L. 815-12 du code de la sécurité sociale, les mots : "pour 50 % de sa valeur", sont remplacés par les mots : "pour 30 % de sa valeur".
« II. - Après le deuxième alinéa du même article, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Ces dispositions sont applicables aux successions s'ouvrant à compter de la date de publication de la présente loi. »
La parole est à M. Lejeune.
M. André Lejeune. Aux termes de l'article L. 815-12 du code de la sécurité sociale, les arrérages servis au titre de l'allocation supplémentaire du fonds de solidarité vieillesse ou du fonds spécial d'invalidité sont recouvrés sur la succession de l'allocation lorsque l'actif net de celle-ci est au moins égal à un certain montant.
Cette clause de récupération présente des inconvénients en milieu agricole, dans la mesure où l'exploitation du défunt constitue fréquemment l'unique actif de la succession. En pareil cas, la charge du remboursement des arrérages vient grever un bien qui constitue pour l'héritier un instrument de travail nécessaire à l'exercice de sa profession. Souvent, l'intéressé est contraint de vendre son exploitation pour faire face à sa dette.
D'ores et déjà, des dispositions particulières instituant un mode de calcul spécial de l'actif net de la succession au-delà duquel il est procédé au recouvrement des arrérages de l'allocation supplémentaire sont prévues en faveur des agriculteurs, puisque les éléments constitutifs d'une exploitation agricole sont retenus à concurrence de 50 % de leur valeur.
Cette disposition apparaît, en pratique, insuffisante. C'est pourquoi il est proposé de ne retenir le capital d'exploitation qu'à hauteur de 30 % lors de l'évaluation de la succession.
Cette mesure va dans le sens de notre volonté pour l'installation des jeunes agriculteurs et ne bloque pas la succession de la famille.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Egalement favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 572, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 22.
Par amendement n° 585, M. Richert et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« A compter de la date de publication de la présente loi, la contribution sociale généralisée applicable aux préretraités et aux retraités agricoles est exigible au prorata du nombre de mois d'activités effectués au jour de la cessation d'activité. »
La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. Cet amendement concerne les personnes qui partent en retraite ou en préretraite.
Le chef d'exploitation qui cesse ses activités en cours d'année et qui part en préretraite est redevable des cotisations sociales afférentes au prorata des mois d'activité effectués. Ce dispositif est tout à fait normal, mais les autres cotisations, dont la contribution sociale généralisée, la CSG, sont exigibles sur l'ensemble de l'année. De façon concrète, quelqu'un qui part en préretraite au mois de mars est obligé de payer la CSG sur les douze mois, ce qui paraît tout à fait anormal.
Or, avant la création de la CSG sur laquelle est désormais basculée l'AMEXA - l'assurance maladie, invalidité et maternité des exploitants agricoles -, l'AMEXA était calculée au prorata des mois d'activité et non sur l'année entière en ce qui concernait les titulaires de la préretraite.
Telle est la raison d'être de cet amendement. Un certain nombre de préretraités sont visés par cette situation qui me paraît totalement injuste et à laquelle il faudrait apporter une solution.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Il s'agit là d'une bonne question, mais la proratisation de la CSG n'a pas sa place dans une loi d'orientation agricole ; ce problème relève de la loi de financement de la sécurité sociale. En effet, pourquoi calculer la CSG au prorata pour les agriculteurs et pas pour les autres ? C'est un vrai débat.
Par ailleurs, aux termes de l'article 65, les situations fiscale et sociale des agriculteurs et la transmission des exploitations seront remises à plat et feront l'objet d'un rapport.
Ce problème particulier doit donc non pas être traité au détour d'un article de la loi d'orientation agricole, mais être évoqué explicitement dans le cadre du rapport prévu à l'article 65.
En conséquence, je demande à l'auteur de l'amendement de bien vouloir le retirer.
M. le président. Monsieur Richert, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe Richert. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 585.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. J'aimerais que M. le ministre m'explique quelle est la logique du Gouvernement...
En effet, trois amendements successifs viennent d'être présentés, sans qu'ils aient fait l'objet de commentaires de la part du Gouvernement.
Le premier amendement, présenté par nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen, tendait à relever le plafond du recours sur succession. Nous ne pouvons tous qu'être d'accord sur ce point. Le débat n'a pas eu lieu sur cet amendement parce que notre collègue l'a retiré, mais il s'agit d'une demande qui est exprimée depuis longtemps sur l'ensemble des travées de cette assemblée. Je ne voudrais pas que l'on donnât à penser que seul le groupe communiste républicain et citoyen se préoccupe de cette question.
Le deuxième amendement, présenté par notre collègue M. Pastor, qui est quelque peu apparenté avec le premier amendement puisqu'il est fait référence, dans son exposé des motifs, au relèvement du plafond du recours sur succession, tend à ramener le taux de 50 % à 30 %.
Or, comme par hasard, d'abord l'article 40 n'est pas invoqué, alors que cet amendement a une incidence financière ; ensuite, on ne renvoie pas à l'article 65.
Cela signifie que, lorsqu'un amendement présenté par le groupe socialiste a des incidences financières qui concernent la loi de financement de la sécurité sociale, ou des incidences sociales, le Gouvernement n'a pas d'état d'âme sur le sujet. Mais il suffit que l'un de nos collègues de la majorité sénatoriale, en l'occurrence Philippe Richert, propose une mesure, d'ailleurs du même type que celles qui ont été proposées par nos deux premiers collègues, précisément sur la CSG, pour que le Gouvernement renvoie au rapport prévu par l'article 65, sous prétexte qu'il s'agit de mesures sociales et fiscales !
Monsieur le ministre, vous admettrez tout de même que l'attitude du Gouvernement nous conduit à nous poser un certain nombre de questions qui nous confortent dans notre doute quant aux objectifs que se fixe le Gouvernement à travers ce projet de loi.
Monsieur le ministre, faites preuve d'un peu de cohérence, auquel cas vous aurez la compréhension de notre assemblée. Mais si vous persistez, vous risquez, jusqu'au terme de l'examen de ce texte, de rencontrer quelque difficulté avec la majorité du Sénat. (Exclamations sur les travées socialistes.)
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le sénateur, si cela coûte de l'argent, je suis obligé de le dire !
Aux termes de l'article 65, il a été décidé de mettre à plat les conditions d'exercice de la profession agricole au plan fiscal, au plan social, au plan de la concurrence avec les artisans, etc., et d'élaborer un rapport.
Maintenant, on voudrait bouger les lignes ! Je vous demande d'être patients ; si vous voulez brusquer les choses, j'invoque l'article 40.
M. Alain Vasselle. Pourquoi alors avez-vous accepté l'amendement n° 572 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Parce qu'il s'agissait d'un problème de principe, alors qu'il s'agit là d'une dépense immédiate !
Aux termes de la Constitution - c'est vous qui l'avez voulu, pas nous - le Gouvernement peut invoquer l'article 40 quand il le veut, mais il n'est pas obligé de le faire. (M. Vasselle proteste.)
Cela étant, monsieur le président, le Gouvernement invoque l'article 40 à l'encontre de l'amendement n° 585.
M. le président. Monsieur Belot, l'article 40 est-il applicable ?
M. Claude Belot, au nom de la commission des finances. L'article 40 est applicable.
M. le président. L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 585 n'est pas recevable.
Je rappelle à nos collègues que tout sénateur peut invoquer l'article 40 de la Constitution, aux termes de l'article 45-1 de notre règlement.

Article 23



M. le président.
« Art. 23. _ Dans la première phrase du premier alinéa de l'article 1106-3-1 du code rural, le mot : "partielle" est supprimé. » - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 23



M. le président.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 252 est présenté par MM. Vissac, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gouteyron, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 391 rectifié est déposé par M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Tremel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous deux tendent, après l'article 23, à insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le troisième alinéa de l'article 1106-3-1 du code rural est ainsi rédigé :
« L'avantage ci-dessus prévu est ouvert pour une période de remplacement équivalente dans sa durée à celle qui permet à une salariée de suspendre son contrat de travail telle que visée à l'article L. 122-26 du code du travail. »
Par amendement n° 470, M. Le Cam, Mme Borvo, M. Fischer, Mmes Luc, Terrade et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 23, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le troisième alinéa de l'article 1106-3-1 du code rural est ainsi rédigé :
« L'allocation de remplacement est accordée pour une période équivalente à celle qui permet à une salariée de suspendre son contrat de travail telle que visée à l'article L. 122-26 du code du travail. »
« II. - Les droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts sont relevés à due concurrence.
La parole est à M. Cornu, pour présenter l'amendement n° 252.
M. Gérard Cornu. Cet amendement vise à faire disparaître une injustice sociale concernant les agricultrices.
Le projet de loi prévoit une simple amélioration du congé de maternité des agricultrices, en permettant une prise en charge totale, et non plus partielle, des frais de remplacement.
Or il convient d'octroyer aux agricultrices, dont le congé maternité est à l'heure actuelle de huit à dix semaines, les mêmes droits à congés que ceux dont bénéficient les salariés, c'est-à-dire au moins seize semaines.
M. le président. La parole est à Mme Boyer, pour présenter l'amendement n° 391 rectifié.
Mme Yolande Boyer. J'ai eu l'occasion, au cours de la discussion générale, de m'exprimer sur ce sujet et de souligner les avancées du projet de loi en faveur des agricultrices, notamment par la création du statut de conjoint-collaborateur d'exploitation. Il s'agit là d'une avancée tant en matière de couverture sociale que de droit à la retraite. C'est aussi une reconnaissance du travail effectif de la femme dans l'exploitation.
Le projet de loi comporte une autre avancée, qui concerne la prise en charge totale et non plus partielle des frais de remplacement à l'occasion d'un congé de maternité.
Nous pouvons cependant aller encore plus loin compte tenu d'une inégalité, d'une part, entre les agricultrices et les autres femmes et, d'autre part, entre les agricultrices salariées et celles qui ne le sont pas, puisque les congés de maternité sont, pour les unes, de huit semaines et, pour toutes les autres, de seize semaines.
Le groupe socialiste considère qu'il convient de remédier à cette injustice sociale.
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 470.
M. Gérard Le Cam. L'article 23 que nous venons de voter permet une indemnisation totale et non plus seulement partielle des frais de remplacement en cas de maternité.
Cette mesure constitue un progrès non négligeable lorsque l'on sait qu'un tiers seulement des agricultrices demandent à bénéficier de l'allocation de remplacement lorsqu'elles sont dans cette situation.
Hélas ! cette avancée sociale n'efface pas l'inégalité entre les femmes quant à la durée du congé maternité.
Alors que ce congé est de seize semaines pour les femmes salariées d'autres catégories socioprofessionnelles, les agricultrices n'ont droit qu'à un maximum de dix semaines de congé.
Cette question illustre une fois de plus la fragilité sociale des femmes dans le secteur agricole. Certes, cette loi d'orientation apportera des améliorations sensibles, notamment avec la création d'un statut de conjoint-collaborateur qui confère à la femme une reconnaissance juridique et une autonomie financière.
Il est curieux d'observer que ce que les autres secteurs d'activités ont acquis dans les années soixante-dix, les femmes de l'agriculture n'aient pu l'obtenir jusqu'à présent.
L'égalité d'accès aux droits sociaux, en l'occurrence au droit à un congé maternité de seize semaines pour toutes les femmes, quelles que soient les professions, doit être respectée dans une République, et ce quel qu'en soit le coût.
En conséquence, nous vous demandons, monsieur le ministre, de prendre à votre compte cet amendement afin d'éviter, une fois de plus, l'écueil de l'article 40. (Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 252 et 391 rectifié, ainsi que sur l'amendement n° 470 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission aurait souhaité, avant de se prononcer, connaître l'avis, d'une part, de la commission des affaires sociales, qui a étudié ces trois amendements et, d'autre part, du Gouvernement.
M. Louis Le Pensec avait évoqué, lors du vote de la loi, au mois d'octobre, un décret. Nous aimerions également savoir ce qu'il en est de ce décret, monsieur le ministre.
M. le président. Quel est donc l'avis de la commission des affaires sociales ?
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. La commission des affaires sociales souhaiterait, elle aussi, connaître l'avis du Gouvernement. (Sourires.)
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Richert. Article 40 !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Mais non ! Je vais vous donner satisfaction sans que vous ayez besoin de voter un article additionnel et sans que j'aie besoin de reprendre un amendement. D'ailleurs, M. le rapporteur a déjà suggéré la bonne réponse.
Ces amendements, qui visent à aligner la durée de prise en charge par l'assurance maladie des frais de remplacement occasionnés aux agricultrices par une maternité sur la durée du congé de maternité des salariées recueillent, sur le fond, un avis favorable du Gouvernement.
Le Gouvernement est favorable à cet allongement de la durée de prise en charge. Il s'est d'ailleurs engagé, lors de la première lecture du projet de loi à l'Assemblée nationale, à prendre une disposition en ce sens.
Je souhaite toutefois ajouter deux ou trois précisions sur les modalités pratiques.
Un alignement complet, pur et simple, sur le régime des salariées n'est pas souhaitable et il n'est d'ailleurs pas souhaité par les agricultrices elles-mêmes, compte tenu des spécificités qui s'attachent au statut de non-salariée. A titre d'exemple, les salariées ne peuvent prétendre au versement d'indemnités journalières pendant un congé de maternité qu'à la condition expresse d'interrompre toute activité professionnelle pendant au moins huit semaines. Cette obligation n'est pas adaptée à la situation de certaines agricultrices qui souhaitent continuer leur activité et obtenir une juste prise en charge de leurs frais de remplacement.
L'article 23 du présent projet de loi d'orientation répond à cette préoccupation et poursuit en cela un objectif de santé publique.
Par ailleurs, cette disposition est d'ordre réglementaire. L'avant-dernier alinéa de l'article 1106-3-1 du code rural renvoie en effet à un décret en Conseil d'Etat pour la fixation de la ou des périodes de remplacement ouvrant droit au bénéfice de la prise en charge ainsi que pour la durée maximale d'attribution.
Comme cette mesure n'est pas financée dans le BAPSA et que je ne veux pas que vous m'accusiez d'invoquer encore l'article 40 de la Constitution, je précise, confirmant en cela les propos de mon prédécesseur, M. Louis Le Pensec, devant l'Assemblée nationale, qu'un décret fait actuellement l'objet d'une concertation avec les représentants des professions agricoles afin d'envisager le financement de l'allongement de la durée de remplacement dans la loi de finances pour l'an 2000.
Cette disposition aura donc une traduction concrète au plus tard à la fin de l'année.
Compte tenu de cet engagement solennel du Gouvernement, je demande le retrait de ces trois amendements.
M. le président. Monsieur César, l'amendement n° 252 est-il maintenu ?
M. Gérard César. Oui, monsieur le président.
M. le président. Monsieur Pastor, l'amendement n° 391 rectifié est-il maintenu ?
M. Jean-Marc Pastor. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 391 rectifié est retiré.
Monsieur Le Cam, l'amendement n° 470 est-il maintenu ?
M. Gérard Le Cam. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 470 est retiré.
Reste l'amendement n° 252, sur lequel je demande à nouveau l'avis du Gouvernement.
M. Jean Glavany ministre de l'agriculture et de la pêche. Il me semble qu'en exprimant le souhait de voir cet amendement retiré, j'ai émis un avis défavorable à son encontre, mais j'espère que M. César fera preuve de sagesse.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Je pense en effet qu'il serait sage que M. César retire l'amendement n° 252.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 252.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. J'ai bien entendu ce qu'a dit M. le ministre quant à son engagement de faire financer ce droit naturel des femmes à bénéficier des congés de maternité dans les mêmes conditions que les salariées agricoles ou autres.
Toutefois, j'aurais voulu savoir si M. le ministre prend l'engagement d'inscrire, dans la loi de finances pour 2000, l'incidence de ces congés de maternité pour les exploitantes agricoles.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Oui, monsieur César, je prends cet engagement.
M. Gérard César. Dans ce cas, je retire l'amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 252 est retiré.

Article 24



M. le président.
« Art. 24. _ L'article 1003-12 du code rural est ainsi modifié :
« 1° Le III est ainsi rédigé :
« III. _ Les cotisations sont calculées, à titre provisionnel, sur une assiette forfaitaire lorsque la durée d'assujettissement ne permet pas de connaître les revenus professionnels servant de base à celles-ci et font l'objet d'une régularisation lorsque ces revenus sont connus. Par dérogation aux dispositions prévues au premier alinéa du II du présent article, les cotisations sont calculées, pour la première année, sur les revenus d'une seule année et, pour la deuxième année, sur la moyenne des revenus des deux années. Un décret fixe les modalités d'application de ces dispositions.
« Toutefois, par dérogation au précédent alinéa, lorsqu'un conjoint s'installe en qualité de coexploitant ou d'associé, au sein d'une coexploitation ou d'une société formées entre les conjoints, et qu'il a participé aux travaux de ladite exploitation ou entreprise agricole et a donné lieu à ce titre au versement de la cotisation prévue au a de l'article 1123 pendant la période prise en compte pour le calcul des cotisations en application du premier alinéa du II ou du premier alinéa du VI du présent article, il n'est pas fait application de l'assiette forfaitaire provisionnelle et ses cotisations sont calculées sur la part, correspondant à sa participation aux bénéfices, des revenus agricoles du foyer fiscal relatifs, selon les cas, à la période visée au premier alinéa du II ou au premier alinéa du VI du présent article.
« Par dérogation au premier alinéa du présent III, en cas de transfert de la qualité de chef d'exploitation ou d'entreprise entre des conjoints quels qu'en soient le motif et les modalités, les cotisations dues par le conjoint poursuivant la mise en valeur de l'exploitation ou de l'entreprise sont assises sur la totalité des revenus professionnels agricoles du foyer fiscal au cours de la période visée, selon le cas, au premier alinéa du II ou au premier alinéa du VI du présent article.
« Les dispositions des deux alinéas précédents ne sont applicables que si la consistance de l'exploitation ou de l'entreprise n'est pas affectée à l'occasion des modifications visées auxdits alinéas au-delà de proportions définies par décret. » ;
« 2° Le IV devient le V ;
« 3° Il est inséré un nouveau IV ainsi rédigé :
« IV. _ L'assiette des cotisations est déterminée forfaitairement dans des conditions fixées par décret lorsque les personnes non salariées des professions agricoles ayant la qualité de gérant ou d'associé de société ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu dans l'une des catégories mentionnées au I du présent article. »
Sur l'article, la parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Ce texte me pose un cas de conscience et j'aimerais que vous puissiez m'apporter quelques précisions, monsieur le ministre.
L'article 24 du projet de loi vise les conjoints d'exploitants, alors qu'il nous semble que la question se pose aussi pour certains héritiers de l'exploitant.
Est-ce à dire, monsieur le ministre, qu'un problème subsiste pour les descendants qui, ayant participé à l'activité de l'exploitation familiale sans en dégager un revenu personnel imposable, se trouvent objectivement dans une situation identique à celle du conjoint ?
Je rappelle, en outre, que la circulaire 7023 du 3 septembre 1997 ne prend pas ces personnes en considération. L'article 24 du projet de loi le fait-il ? Et si ce n'est pas le cas, comment régler cette difficulté ?
M. le président. Sur l'article 24, je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 253 est présenté par MM. Cornu, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 404 est déposé par M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste.
Tous deux tendent, dans le deuxième alinéa du texte proposé par cet article pour le paragraphe III de l'article 1003-12 du code rural, de remplacer les mots : « formées entre » par les mots : « dans laquelle participent ».
La parole est à M. Cornu, pour défendre l'amendement n° 253. M. Gérard Cornu. Cet amendement prévoit, en fait, d'étendre aux GAEC et aux EARL composées du chef d'exploitation, de son conjoint et d'un ou plusieurs descendants, le bénéfice des dispositions prévues à l'article 24, lequel dispose que les conjoints ayant participé aux travaux de l'exploitation avant de s'installer en qualité de chef d'exploitation avec leur époux, voient leur cotisation assise sur la part correspondant à leur participation au bénéfice et non sur une assiette forfaitaire.
L'adoption de cette mesure permettrait, dès la première année, que le revenu dégagé antérieurement - avant l'installation en coexploitation - soit partagé entre les époux pour le calcul des cotisations.
Il s'agit là d'une mesure pragmatique et juste qui va dans le sens de l'intérêt des agriculteurs. Elle présente, en outre, l'avantage de reconnaître officiellement la contribution du conjoint à l'acquisition des revenus de l'exploitation.
Il va de soi que, s'agissant des descendants, l'assiette forfaitaire s'appliquerait d'office du fait de l'absence de revenus professionnels antérieurs.
M. le président. La parole est à M. Deneux, pour défendre l'amendement n° 404.
M. Marcel Deneux. Cet amendement est identique au précédent.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 253 et 404 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Ce sont des sujets précis et complexes, sur lesquels il faut donner des réponses précises.
L'article 24, qui institue une assiette forfaitaire provisoire, et non plus définitive, pour les nouveaux installés qui cotiseront désormais en fonction de leur revenu réel, constitue une avancée sensible car, comme vous l'avez remarqué, elle met fin à tout arbitraire.
Quand on s'installe on paie, et, désormais, on paie les cotisations sur le revenu dégagé et non plus sur la base d'une assiette théorique. Il s'agit là d'un progrès notable.
Ces amendements prévoient une mesure spécifique pour les conjoints qui s'installent en coexploitation ou en société avec leurs époux ou bien qui succèdent à leurs époux en qualité de chefs d'exploitation. Pour ces conjoints, les cotisations sont calculées, non pas sur l'assiette forfaitaire provisoire mais sur la part correspondant à leur participation aux bénéfices dans les revenus du foyer fiscal.
Il n'est pas envisagé d'élargir cette mesure aux aides familiaux.
A l'occasion de la préparation du rapport prévu à l'article 65 de la loi d'orientation agricole, une réflexion sera menée sur les charges sociales lors de l'installation, ce qui permettra d'aborder la question de l'installation des aides familiaux comme chefs d'exploitation. La situation de ces aides familiaux n'est pas comparable à celle de ces derniers, car ils sont assujettis à l'assurance maladie, et les chefs d'exploitation supportent des cotisations à ce titre.
Je réponds aussi précisément que possible à M. le rapporteur : selon moi, ces deux amendements ne sont pas nécessaires, parce que l'assujettissement est déjà prévu par l'article 24. Ils n'apportent rien, mais n'enlèvent rien non plus. M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 253 et 404, acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés).
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 24, ainsi modifié.

(L'article 24 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 24



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 134 rectifié, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les cotisations sociales des jeunes agriculteurs bénéficiant des aides à l'installation, affiliés en tant que chef d'exploitation ou d'entreprise agricole, sont réduites de 65 % au titre de la première année civile d'affiliation, de 55 % au titre de la seconde et de 35 % au titre de la troisième.
« Le montant des cotisations dues ne peut être inférieur à un minimum, sans que le montant de l'exonération ne soit plafonné.
« L'exonération s'applique aux cotisations d'assurance vieillesse maladie, invalidité et maternité, des prestations familiales et d'assurance agricole dont les jeunes agriculteurs sont redevables par eux-mêmes et au titre de leurs ayants droit.
« II. - Un décret fixe les modalités d'application du présent article.
« III. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées par un relèvement à due concurrence de la taxe sur les tabacs affectée au budget annexe des prestations sociales agricoles. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 332 rectifié, présenté par MM. Vasselle, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Gérard Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du RPR et tendant, rectifié dans le premier alinéa du I du texte de l'amendement n° 134, après les mots : « bénéficiant des aides à l'installation », à insérer les mots : « ou d'un plan de développement ».
Par amendement n° 254, MM. Vissac, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gouteyron, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Gérard Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 1062-1 du code rural, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - Les cotisations sociales des jeunes agriculteurs bénéficiant des aides à l'installation, affiliés en tant que chef d'exploitation, sont réduites de 65 % au titre de la première année civile d'affiliation, de 55 % au titre de la seconde et de 35 % au titre de la troisième.
« Le montant des cotisations dues ne peut être inférieur à un minimum, sans que le montant de l'exonération ne soit plafonné.
« L'exonération s'applique aux cotisations AMEXA mais également aux cotisations de prestations familiales et d'assurance vieillesse agricole dont les jeunes agriculteurs sont redevables pour eux-mêmes et au titre de leur ayant droit ».
« II. - Les pertes de recettes résultant des dispositions du I sont compensées par un relèvement à due concurrence de la taxe sur les tabacs affectée au budget annexe des prestations sociales agricoles, le BAPSA. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 134 rectifié.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. La diminution du taux des cotisations d'assurance maladie, d'une part, et l'augmentation de celui de la CSG, d'autre part, ont diminué l'avantage relatif dont bénéficiaient les jeunes agriculteurs par rapport aux autres exploitants. Un relèvement du taux d'exonération de cotisations permettrait donc d'avantager une catégorie qui, on l'a vu, en a bien besoin.
Il vous est donc proposé de porter ce taux d'exonération à 65 %, à 55 % et à 35 % contre 50 %, 40 % et 20 %.
Depuis un certain temps, nous parlons beaucoup de mesures incitatives à l'installation des jeunes. La commission des affaires sociales vous en propose une. Cette mesure très simple permettrait de gommer l'un des effets néfastes du basculement massif décidé par le Gouvernement lors de la dernière loi de financement de la sécurité sociale.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre le sous-amendement n° 332 rectifié.
M. Alain Vasselle. Ce sous-amendement vise à étendre ces dispositions aux jeunes agriculteurs qui bénéficient d'un plan de développement. Cette phase, vous le savez, est, d'un point de vue financier, très lourde pour l'exploitation. C'est une phase de montée en charge et, jusqu'à ce que la production parvienne à un rythme de croisière, l'exploitation agricole connaît une situation difficile.
Je souhaite donc que ces dispositions visent à la fois les jeunes qui s'installent la première année, mais aussi ceux qui bénéficient d'un plan de développement.
M. le président. La parole est à M. Cornu, pour défendre l'amendement n° 254.
M. Gérard Cornu. Cet amendement a également pour objet de défendre les jeunes agriculteurs.
Le basculement des cotisations d'une assiette AMEXA sur une assiette CSG a considérablement réduit l'aide qui était apportée aux jeunes et qui facilitait le démarrage de leur activité. En effet, un décret de 1985 prévoit une exonération de 50 % pour la première année, de 40 % pour la deuxième et de 20 % pour la troisième.
Or l'exonération jouant non pas sur la CSG, mais sur un montant moindre, l'aide en valeur a diminué. Pour compenser cela, il est donc nécessaire d'augmenter les taux d'exonération.
De plus, pour que cette mesure joue à plein, il convient de déplafonner le montant de l'exonération. Il s'agira alors d'une véritable prise de position en faveur de l'installation et de l'emploi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 134 rectifié, sur le sous-amendement n° 332 rectifié ainsi que sur l'amendement n° 254 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 134 rectifié, défendu par notre collègue M. Leclerc.
En revanche, je demande à nos amis de retirer l'amendement n° 254. Bien qu'il soit très proche de l'amendement n° 134 rectifié, la commission saisie au fond préfère le texte de la commission des affaires sociales.
Je suis défavorable au sous-amendement n° 332 rectifié, en accord avec la commission des affaires sociales.
Nous connaissons bien les aides à l'installation. Monsieur le ministre, nous avions indiqué dès le début que nous n'interviendrions en matière fiscale que lorsqu'il y aurait installation. Si l'amendement n° 134 rectifié vise bien les jeunes agriculteurs qui s'installent, le sous-amendement n° 332 rectifié vise aussi ceux qui bénéficient d'un plan de développement.
Etant donné qu'il ne s'agit plus typiquement d'une installation, je préfère que M. Vasselle retire ce sous-amendement.
M. le président. L'amendement n° 254 est-il maintenu ?
M. Gérard Cornu. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 254 est retiré.
Le sous-amendement n° 332 rectifié est-il maintenu ?
M. Alain Vasselle. Oui, monsieur le président.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 134 rectifié et sur le sous-amendement n° 332 rectifié ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. S'agissant de l'amendement n° 134 rectifié, comme le disait M. Cornu, cela existe déjà. En outre, une modification des taux relève du domaine réglementaire et non du domaine de la loi. Enfin, le fait d'introduire une telle modification dans la loi nécessiterait une nouvelle loi pour modifier à nouveau ultérieurement les taux. Il ne me paraît pas de bonne méthode de rigidifier ainsi le système !
Je souhaite que le sous-amendement n° 332 rectifié soit retiré. Dans le cas contraire, le Gouvernement invoquerait l'article 40 de la Constitution. En effet, comme le disait tout à l'heure M. le rapporteur, la mesure préconisée ne s'inscrit pas du tout dans la même logique. Non seulement ce n'est plus de l'installation, mais en plus cela coûte de l'argent !
M. le président. Le sous-amendement n° 332 rectifié est-il maintenu ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Ne soyez pas suicidaire !
M. Alain Vasselle. Appliquons l'article 40...
Je le retire !
M. le président. Le sous-amendement n° 332 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 134 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 24.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire d'une discussion commune.
Par amendement n° 255, MM. Cornu, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac, et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1999, le VII de l'article 1003-7-1 du code rural est abrogé. »
Par amendement n° 405, M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le VII de l'article 1003-7-1 du code rural est abrogé. La présente disposition prend effet à compter du 1er janvier 1999. »
La parole est à M. Cornu, pour présenter l'amendement n° 255.
M. Gérard Cornu. Les associés de sociétés de personnes doivent acquitter une cotisation de solidarité qui s'élevait, pour 1997, à 3,4 % de leurs revenus professionnels. Cette cotisation se justifiait par le fait que ces mêmes revenus n'étaient assujettis ni à la contribution sociale généralisée ni à la contribution pour le remboursement de la dette sociale.
L'Assemblée nationale a adopté une mesure visant à rétablir l'équité entre les contribuables et donc à faire supporter aux revenus en cause chacune de ces deux contributions.
J'ajoute à cela la contribution sociale de 2 % sur les revenus du patrimoine.
Enfin, le taux de taxation est de 13,4 %.
Outre que la pérennisation de la cotisation de solidarité n'est plus justifiable, le maintien d'un taux global aussi élevé joue en réalité contre les exploitants en phase d'installation dès lors que les propriétaires de capitaux sont beaucoup moins enclins à laisser une partie de leurs fonds à disposition.
Tel est le sens de cet amendement.
M. le président. La parole est à M. Deneux, pour présenter l'amendement n° 405.
M. Marcel Deneux. Mon amendement étant identique sur le fond à l'amendement n° 255, la présentation que vient d'en faire M. Cornu suffit.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est plutôt défavorable à ces deux amendements, car la disposition fiscale proposée est très discriminatoire pour les exploitations individuelles. Il faudrait attendre que la CSG soit assise sur l'ensemble des revenus professionnels avant d'accepter une telle disposition.
Cela étant, la commission des affaires économiques aimerait connaître aussi l'avis de la commission des affaires sociales.
M. le président. Quel est donc l'avis de la commission des affaires sociales ?
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cette cotisation de solidarité, comme l'a dit notre collègue, vise notamment les associés de sociétés de personnes qui ne sont pas affiliés au régime ces personnes non salariées des professions agricoles. Sa justification repose sur une cotisation non productive de droits puisque ces personnes sont par définition affiliées à un autre régime et elles procurent des recettes supplémentaires au régime des exploitants agricoles.
Cette cotisation est censée compenser le fait que ces associés ne sont pas affiliés au régime agricole alors qu'ils perçoivent des revenus provenant de l'agriculture. Son montant s'élève à 264 millions de francs en 1999.
L'assujettissement à la CSG, à la CRDS et à la contribution sociale de 2 % sur les revenus du patrimoine n'ont pas le même objectif. Les sommes versées à ce titre ne bénéficient pas au régime de protection sociale des exploitants agricoles.
L'avis de la commission des affaires sociales est partagé. Mais M. le ministre risque d'invoquer encore une fois à l'encontre de cette mesure un article qui ne porterait peut-être pas le numéro 40, mais celui du dernier article du projet de loi, l'article 65 nouveau !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. M. le rapporteur me met dans l'embarras à la fois sur la méthode et sur le fond !
Sur la méthode, il a raison. Selon lui, puisqu'on a choisi l'établissement d'un rapport pour étudier la situation fiscale et sociale, tenons-nous en à cela !
Sur le fond, je souhaite le retrait de ces amendements car, dans le cas contraire, je serais obligé d'invoquer l'article 40 à leur encontre et j'ajouterai même, à titre préventif, à l'encontre de l'amendement n° 435 de M. Deneux, qui va venir immédiatement après en discussion !
M. le président. Monsieur Cornu, maintenez-vous l'amendement n° 255 ?
M. Gérard Cornu. Nous le retirons.
M. le président. L'amendement n° 255 est retiré.
Monsieur Deneux, maintenez-vous l'amendement n° 405 ?
M. Marcel Deneux. Nous le retirons.
M. le président. L'amendement n° 405 est retiré.
Par amendement n° 435, M. Deneux propose d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 154 bis- OA du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Dans la première phrase du premier alinéa, les mots : "dans la limite de 7 % des revenus professionnels qui servent de base, en application de l'article 1003-12 du code rural, aux cotisations dues pour le même exercice au régime social des membres non salariés des professions agricoles" sont supprimés.
« 2° A la fin de la deuxième phrase du premier alinéa, le mot : "due" est remplacé par le mot : "versée".
« II. - Les dispositions du I sont applicables pour la détermination du résultat des exercices clos en 1999. »
La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 435 est retiré.

Article 25



M. le président.
« Art. 25. _ Il est inséré, après l'article L. 321-21 du code rural, un article L. 321-21-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 321-21-1 . _ Le conjoint survivant du chef d'une exploitation agricole ou de l'associé exploitant une société dont l'objet est l'exploitation agricole qui justifie par tous moyens avoir participé directement et effectivement à l'activité de l'exploitation pendant au moins dix années, sans recevoir de salaire ni être associé aux bénéfices et aux pertes de celle-ci, bénéficie d'un droit de créance d'un montant égal à trois fois le salaire minimum de croissance annuel en vigueur au jour du décès dans la limite de 25 % de l'actif successoral. Ce droit est garanti sur la généralité des meubles par le privilège inscrit au 4° de l'article 2101 du code civil, sur la généralité des immeubles par le privilège inscrit au 2° de l'article 2104 du code civil et sur les immeubles par une hypothèque légale. Le cas échéant, le montant des droits propres du conjoint survivant dans les opérations de partage successoral est diminué de celui de cette créance. » - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 25



M. le président.
Par amendement n° 333 rectifié, MM. Bizet, Althapé, Bernard, Besse, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du RPR proposent d'insérer, après l'article 25, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le deuxième alinéa de l'article L. 321-13 du code rural, il est insérer deux alinéas ainsi rédigés :
« Lorsque le bénéficiaire du salaire différé a reçu des sommes d'argent ou des biens mobiliers en avancement d'hoirie de la part de l'ascendant débiteur, ceux-ci font l'objet au moment du règlement de la succession d'une revalorisation dans une proportion représentée par la valeur du SMIC au moment de la donation de ces biens et celle prise en considération pour le paiement du salaire différé.
« Lorsque les autres héritiers ont reçu des biens mobiliers ou des sommes d'argent dans des conditions identiques, ceux-ci sont revalorisés dans la même proportion. »
La parole est à M. Bizet.
M. Jean Bizet. L'article 25 traite de l'institution d'un salaire différé au profit du conjoint survivant du chef d'exploitation. Ce règlement du salaire différé est fréquemment source de difficultés entraînant des contentieux souvent douloureux.
Le présent amendement a donc pour objet de régler l'un de ces problèmes en prévoyant la revalorisation des biens meubles ou des sommes d'argent données en avancement d'hoirie, dans les mêmes conditions que pour le paiement du salaire différé.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission souhaite le retrait de cet amendement auquel elle est défavorable.
Rappelons que le mot « hoirie » désigne l'ensemble des biens dépendants d'une succession.
L'objet de l'amendement est de revaloriser, pour les bénéficiaires du salaire différé, les sommes d'argent ou les biens mobiliers reçus en avancement d'hoirie. Je ne suis pas sûr qu'une telle disposition permette de régler les difficultés rencontrées dans l'application du droit de l'héritage. De plus, les règles de revalorisation seront complexes à mettre en oeuvre.
Cet amendement a par ailleurs un objectif qui semble dépasser le cadre des seuls agriculteurs. En effet, il étend cette revalorisation aux autres héritiers. Cette disposition trouverait certainement davantage sa place dans un texte soumis à l'expertise de la commission des lois.
M. le président. Monsieur Bizet, êtes-vous sensible à cet appel ?
M. Jean Bizet. Oui, et je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 333 rectifié est retiré.

Article 26



M. le président.
« Art. 26. _ Le quatrième alinéa du 4° de l'article 2101 du code civil et le quatrième alinéa du 2° de l'article 2104 du code civil sont complétés par les mots : « et la créance du conjoint survivant instituée par l'article L. 321-21-1 du code rural. » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 26



M. le président.
Par amendement n° 135, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 26, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 1143-6 du code rural, il est inséré un article nouveau ainsi rédigé :
« Art. 1143-7. - Nonobstant toutes dispositions législatives ou réglementaires contraires, les dispositions de l'article L. 355-2 du code de la sécurité sociale sont applicables aux allocations, pensions et rentes des régimes d'assurance vieillesse et d'assurance invalidité des personnes non salariées des professions agricoles. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. J'ai eu l'occasion, lors de la discussion générale, d'évoquer au nom de la commission cet amendement.
Il a pour objet d'étendre au régime de protection sociale des personnes non salariées de l'agriculture les dispositions de l'article L. 355-2 du code de la sécurité sociale, qui énonce que les pensions et les rentes de retraite et d'invalidité ne sont cessibles et saisissables que « dans les mêmes conditions et limites que les salaires ».
S'il est légitime de permettre aux organismes de sécurité sociale de récupérer les prestations indûment versées ou de recouvrer les cotisations sociales non acquittées par compensation sur les avantages de retraite ou d'invalidité qu'ils versent par ailleurs, cette pratique est un facteur potentiel d'exclusion dans la mesure où elle peut conduire à priver le débiteur de tous moyens d'existence.
C'est pourquoi il paraît souhaitable d'étendre aux assurés sociaux agricoles une règle de principe qui, en fixant une quotité insaisissable pour les prestations de retraite et d'invalidité, tend à garantir un minimum de ressources, le « reste à vivre », quelles que soient les circonstances.
Je crois qu'il s'agit, en l'occurrence, d'un réel progrès social ainsi que d'une mesure de lutte contre l'exclusion en milieu rural.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Cette proposition est très judicieuse et le Gouvernement y est très favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 135, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 26.
Par amendement n° 417, MM. Deneux et Machet proposent d'insérer, après l'article 26, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après les mots : "l'une de leurs activités", la fin du premier alinéa de l'article 34 de la loi n° 93-121 du 27 janvier 1993 portant diverses mesures d'ordre social est ainsi rédigée :
« Dans ce but, les caisses doivent passer des conventions entre elles pour la couverture des différents risques dans un délai fixé par décret. »
La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Les exploitants agricoles exerçant une activité simultanée ou non salariée sont soumis, à ce titre, à différents régimes de sécurité sociale.
Une telle situation est source de grande complexité : les cotisations sont dues dans chacun des régimes. Par ailleurs, s'agissant des prestations d'assurance vieillesse, il n'existe pas de règle de coordination entre régimes agricole et non agricole. Chacun des régimes d'assurance vieillesse des salariés liquide et calcule séparément, en fonction des périodes d'assurance du régime, l'avantage à sa charge. Seules certaines liaisons sont effectuées dans le cadre de l'entraide administrative, notamment suite à l'abaissement de l'âge de la retraite, au niveau de la recherche du nombre de trimestres requis pour bénéficier de la pension au taux plein.
Le présent amendement a pour objet de généraliser le dispositif prévu par l'article 43 de la loi du 1er février 1995 de modernisation de l'agriculture, tendant à instituer des caisses de sécurité sociale « pivot ».
L'article concerné prévoit que les personnes qui exercent simultanément ou successivement, au cours d'une même année civile, plusieurs activités professionnelles relevant de régimes sociaux différents, peuvent demander à être rattachées à l'une des caisses auprès desquelles elles sont affiliées pour l'une de leurs activités, lorque ces caisses ont passé entre elles une convention le permettant. Selon l'article 43 de la loi précitée, l'assuré a le choix de l'organisme gestionnaire qui perçoit les cotisations et verse les prestations des régimes concernés.
A un moment où nous incitons les agriculteurs à la pluriactivité, il nous semble important d'appliquer l'article 43 de la loi du 1er février 1995 de modernisation de l'agriculture. Voilà pourquoi il est proposé de rendre obligatoire la conclusion de conventions entre les caisses de sécurité sociale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Cet amendement soulève un problème intéressant, mais la mise en oeuvre du dispositif proposé me paraît trop complexe.
Le Gouvernement a déposé un amendement n° 373 rectifié, tendant à insérer un article additionnel après l'article 29 octies, qui va dans le même sens. Je souhaiterais donc connaître l'avis du Gouvernement, car cet amendement n° 373 rectifié répond, me semble-t-il, au souhait de M. Deneux.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'amendement n° 373 rectifié présenté par le Gouvernement, qui sera examiné tout à l'heure, va effectivement dans le sens souhaité par M. Deneux. Le dispositif que nous proposons est plus souple et plus léger. Je propose donc que l'amendement n° 417 soit retiré ou bien réservé.
M. le président. Monsieur Deneux, l'amendement n° 417 est-il maintenu ?
M. Marcel Deneux. J'en demande la réserve jusqu'après l'examen de l'amendement n° 373 rectifié.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur cette demande de réserve ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. La réserve est ordonnée.

Chapitre IV

De l'emploi salarié

M. le président. Par amendement n° 136, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de rédiger comme suit cet intitulé : « L'emploi salarié ».
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Il s'agit d'un amendement rédactionnel qui tend à mettre en cohérence l'intitulé du chapitre IV avec les intitulés des autres chapitres.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 136, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du chapitre IV du titre II est ainsi rédigé.

Article 27



M. le président.
« Art. 27. _ I. _ Le titre Ier du livre VII du code rural est complété par un chapitre IV ainsi rédigé :

« Chapitre IV

« Titre emploi simplifié agricole

« Art. 1000-6 . _ L'employeur qui, au moment de l'embauche d'un salarié par contrat à durée déterminée à l'exclusion des contrats visés à l'article L. 122-2 du code du travail, remet au salarié et adresse à la caisse de mutualité sociale agricole les parties qui leur sont respectivement destinées du document appelé "titre emploi simplifié agricole" est réputé satisfaire aux obligations prévues par les articles L. 122-3-1, L. 143-3, L. 212-4-3 et L. 320 du code du travail, et par les articles 1028 et 1031 du présent code, ainsi qu'aux déclarations au titre de la médecine du travail et du régime des prestations mentionnées à l'article L. 351-2 du code du travail.
« L'inscription sur le registre unique du personnel est réputée accomplie lorsque les employeurs tiennent à la disposition des personnes mentionnées au troisième alinéa de l'article L. 620-3 du code du travail, et pour chacun des salariés concernés, un double du document prévu ci-dessus portant un numéro correspondant à leur ordre d'embauchage. La tenue du livre de paie prévue à l'article L. 143-5 du code du travail est alors également réputée accomplie.
« Le titre emploi simplifié agricole est délivré par les caisses de mutualité sociale agricole aux employeurs qui font appel, au moyen d'un ou plusieurs contrats de travail à durée déterminée, à des salariés relevant de l'article 1144 (1° , 2° , 3° et 5°) du présent code ainsi qu'aux coopératives d'utilisation de matériel agricole, et aux coopératives agricoles employant moins de cinq salariés permanents.
« Par dérogation à l'article L. 143-2 du code du travail, lorsqu'il est fait usage de ce titre, pour des travaux saisonniers, les salariés sont rémunérés à l'issue de chaque campagne saisonnière et au moins une fois par mois.
« Par dérogation aux dispositions de l'article 10 de la loi n° 86-966 du 18 août 1986 portant diverses mesures relatives au financement des retraites et pensions, la mention des cotisations patronales de sécurité sociale, d'origine législative, réglementaire ou conventionnelle n'est pas obligatoire sur le titre emploi simplifié agricole.
« II. _ Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article et notamment les mentions qui doivent figurer sur le titre emploi simplifié agricole, les parties de ce document qui doivent comporter la signature du salarié, et les conditions et délais dans lesquels celles-ci sont remises à ses destinataires.
« III. _ Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités de mise en oeuvre du titre emploi simplifié agricole dans les départements d'outre-mer. »
Sur cet article, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 471, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de remplacer les cinq premiers alinéas du texte proposé par cet article pour l'article 1000-6 du code rural par quatre alinéas ainsi rédigés :
« L'employeur, confronté momentanément à un surcroît d'embauches d'au moins vingt salariés qui, au moment de l'embauche d'un salarié par contrat à durée déterminée à l'exclusion des contrats visés à l'article L. 122-2 du code du travail, remet au salarié et adresse à la caisse de mutualité sociale agricole les parties qui leur sont respectivement destinées du document appelé "titre emploi simplifié agricole" est réputé satisfaire aux obligations prévues par les articles L. 122-3-1, L. 143-3, L. 212-4-3 et L. 320 du code du travail, et par les articles 1028 et 1031 du présent code, ainsi qu'aux déclarations au titre de la médecine du travail et du régime des prestations mentionnées à l'article L. 351-2 du code du travail.
« L'inscription sur le registre unique du personnel en application du troisième alinéa de l'article L. 620-3 du code du travail, et la tenue du livre de paie prévue à l'article L. 143-5 du code du travail demeurent obligatoires.
« Ce titre, non reconductible, ne peut être utilisé que pour une période inférieure à un mois.
« Il est délivré par les caisses de mutualité sociale agricole aux employeurs qui font appel, au moyen de plusieurs contrats de travail à durée déterminée en référence au troisième alinéa de l'article L. 122-1-1 du code du travail, à des salariés relevant de l'article 1144 (1°, 2°, 3° et 5°) du présent code. »
Par amendement n° 137, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de supprimer la dernière phrase du deuxième alinéa du texte présenté par le I de l'article 27 pour l'article 1000-6 du code rural.
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° 138 est présenté par M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° 354 est déposé par M. Emorine et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Tous deux tendent, dans le troisième alinéa du texte proposé par le I de l'article 27 pour l'article 1000-6 du code rural, à remplacer le mot : « cinq » par le mot « onze ».
La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 471.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le titre emploi simplifié agricole, le TESA, tend à élargir un dispositif qui existe déjà pour les travailleurs saisonniers.
Si, dans sa rédaction actuelle, l'article 27 apporte des garanties supplémentaires pour les saisonniers, il peut, en revanche, être source de régression et de précarisation pour d'autres contrats à durée déterminée.
C'est pourquoi, au lieu de demander une simple suppression de l'article 27, nous en proposons une réécriture complète afin d'en limiter la portée aux seuls saisonniers et, ainsi, de mieux lutter contre le travail au noir.
Si le recrutement de saisonniers est inévitable compte tenu des caractéristiques et des cycles de productions, il ne doit pas être prétexte à une désorganisation du droit du travail.
Mon collègue et ami M. Robert Bret m'a récemment alerté à cet égard sur la situation de son département, les Bouches-du-Rhône, où, chaque année, ce sont plus de 8 000 salariés originaires, pour l'essentiel, du Maroc et de la Tunisie, qui sont introduits en France par l'Office des migrations internationales pour travailler sur des périodes de six à huit mois.
Les conditions de logement, de rémunération et de travail, de suivi médical y sont proches de l'esclavage.
Or le risque est de voir se généraliser la précarité des contrats de courte durée, voire la disparition des contrats à durée indéterminée, alors qu'il faut tendre, à l'inverse, vers le développement d'emplois stables en agriculture.
Notre démarche consiste donc à placer des garde-fous contre une dérive à la flexibilité libérale dans ce secteur.
Nous suggérons, dans un premier temps, que l'employeur soit confronté à un surcroît d'embauches d'au moins 20 salariés, que la tenue d'un livre de paie et l'inscription sur le registre unique du personnel soient obligatoires et que la durée du TESA soit limitée à un mois non renouvelable.
L'idée est de favoriser la simplification administrative uniquement dans les cas précis où celle-ci peut s'avérer utile sans remettre en cause les droits des salariés.
Compte tenu de ces éléments, nous nous opposerons aux amendements de la commission des affaires sociales, qui visent à élargir encore davantage le champ d'application pour faire du TESA le modèle du contrat en agriculture là où il doit demeurer, selon nous, un outil réservé à un type de salariat saisonnier.
M. le président. La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis, pour présenter les amendements n°s 137 et 138.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. L'amendement n° 137 tend à corriger une erreur matérielle.
En effet, l'article 27 du projet de loi institue le titre emploi simplifié agricole, le TESA, qui permet d'alléger les formalités des employeurs pour l'embauche d'un salarié agricole par contrat à durée déterminée. Il prévoit en particulier que l'utilisation du TESA se substitue à l'obligation de tenue du livre de paie prévue à l'article L. 143-5 du code du travail.
Or, l'article 8 de la loi du 2 juillet 1998 portant diverses mesures d'ordre économique et financier a abrogé l'article L. 143-5 du code du travail. La tenue du livre de paie n'est donc plus nécessaire.
L'amendement n° 138 vise à étendre le droit d'utilisation du TESA aux coopératives agricoles employant moins de onze salariés permanents. La rédaction actuelle de l'article ne le permet que pour les coopératives employant moins de cinq salariés permanents.
L'augmentation du seuil d'effectifs maximum accordant aux coopératives agricoles le bénéfice de la mesure répond à une double justification.
D'une part, le seuil de cinq salariés permanents est trop restrictif pour les coopératives agricoles. En effet, sur un total de 3 600 coopératives, 2 400 ont moins de dix salariés. Or ces coopératives ne réalisent que 15 % du chiffre d'affaires coopératif total et ne représentent que 13 % des salariés des coopératives agricoles, soit 15 000 personnes. En outre, les coopératives agricoles, notamment dans le secteur des fruits et légumes et du grain, ont fréquemment recours aux services de travailleurs saisonniers. Il s'agit donc de petites structures agricoles soumises à de fortes variations d'activité auxquelles doivent s'adresser en priorité les mesures de simplification administrative.
D'autre part, l'applicabilité de nombreuses normes de droit du travail dépend d'un seuil d'effectifs, c'est-à-dire du nombre de salariés utilisés par l'employeur. Or le seuil de cinq salariés est, en l'état actuel de la législation, inconnu en droit du travail. Le seuil en dessous duquel les petites entreprises bénéficient d'exception à des fins de simplification administrative ou d'allégement des procédures est traditionnellement de onze salariés. Aussi, dans un souci de cohérence du droit du travail, il serait souhaitable de retenir également le seuil de onze salariés pour les coopératives agricoles pouvant bénéficier du TESA.
M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Emorine, pour défendre l'amendement n° 354.
M. Jean-Paul Emorine. Cet amendement est identique à l'amendement n° 138.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 471, 137, 138 et 354 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission saisie au fond est défavorable à l'amendement n° 471, qui va à l'encontre du dispositif adopté par la commission des affaires sociales. D'ailleurs, notre collègue Gérard Le Cam n'a-t-il pas dit tout à l'heure qu'il ne voterait pas les amendements de la commission des affaires sociales ?
Cet amendement définit de manière trop restrictive les conditions d'utilisation du TESA. Il conduit à vider le mécanisme de son intérêt.
En revanche, la commission a émis un avis favorable sur les amendements n°s 137, 138 et 354.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ces quatre amendements ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'avis du Gouvernement est simple et comparable à celui de la commission.
A propos de l'amendement n° 471 de M. Gérard Le Cam, je répondrai que c'est le problème de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ! Vous dites que le TESA c'est la précarité, monsieur Le Cam. Peut-être ! Mais, en même temps, nous considérons, nous, que ce titre permet de lutter contre le travail clandestin et que, de ce point de vue, il rend des services. Je ne peux donc pas accepter votre amendement.
En revanche, le Gouvernement considère que les amendements n°s 137, 138 et 354 constituent des avancées utiles ; il y est donc favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 471, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 137, accepté par la commission et par le Gouvernement.
M. Gérard Le Cam. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendement identiques n°s 138 et 354, acceptés par la commission et par le Gouvernement.
M. Gérard Le Cam. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 27, modifié.

(L'article 27 est adopté.)

Article 27 bis



M. le président.
« Art. 27 bis. - Il est inséré, après l'article L. 127-9 du code du travail, un article L. 127-10 ainsi rédigé :
« Art. L. 127-10 . - Pour les groupements d'employeurs constitués dans le but exclusif de mettre à disposition d'exploitants agricoles des salariés, la zone géographique d'exécution du contrat doit prévoir des déplacements limités.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article. »
Sur cet article je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 139, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de supprimer cet article.
Par amendement n° 367, le Gouvernement propose de rédiger comme suit cet article :
« Le premier alinéa de l'article L. 127-9 du code du travail est complété par les mots : "qui doit prévoir des déplacements limités". »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 139.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. La commission des affaires sociales propose de supprimer cet article.
En effet, l'article 27 bis tend à encadrer strictement l'activité des groupements d'employeurs dans le but exclusif de mettre des salariés à disposition d'exploitants agricoles. Il prévoit que la zone géographique d'exécution du contrat n'oblige les salariés qu'à des déplacements limités.
La multiplication des déplacements peut assurément, dans certains cas, engendrer des difficultés pour les salariés agricoles ; il n'en reste pas moins que la disposition de l'article 27 bis risque de soulever de nombreux problèmes.
En premier lieu, les groupements d'employeurs ont créé une importante dynamique de l'emploi en milieu rural et ont permis de pérenniser l'emploi de nombreux travailleurs agricoles occasionnels. Ce sont ainsi 912 créations nettes d'emplois qui ont été réalisées en 1997. Restreindre leur champ d'intervention reviendrait alors à mettre en péril cette dynamique de l'emploi.
En deuxième lieu, cette disposition serait très difficilement applicable. Il serait en effet très délicat de définir une zone géographique maximale d'exécution du contrat sans tenir compte du type d'exploitation utilisatrice et des réalités locales.
En troisième lieu, l'article L. 127-9 du code du travail institue déjà une protection des salariés du groupement d'employeurs contre des déplacements trop lointains. Cet article précise en effet que leur contrat de travail doit mentionner la zone géographique d'exécution du contrat. Il précise également que l'inspection du travail doit délivrer un agrément au groupement d'employeurs. Or cet agrément se fonde notamment sur la vérification que les contrats de travail contiennent « des clauses prenant en compte les sujétions liées au changement de lieux d'emploi et à la durée des missions ». Il est alors préférable de laisser à l'initiative des parties, et notamment des salariés, le soin de déterminer leurs conditions d'emploi.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 367.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. En soutenant cet amendement, monsieur le président, je donnerai l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 139, pour montrer la cohérence de sa position.
Evidemment, le Gouvernement est contre la suppression de l'article 27 bis, qui vise, comme l'a montré le débat à l'Assemblée nationale, à éviter aux salariés des groupements d'employeurs composés d'exploitants agricoles de trop longs déplacements et que ne se créent de très vastes groupements d'employeurs dans lesquels de nombreux salariés seraient déplacés sans prise en compte de la fatigue, des temps de transports, etc. Si ce texte était supprimé, ce serait un retour en arrière.
En revanche, le Gouvernement, pour sa part, a proposé un amendement tout simple consistant non pas à créer un nouvel article du code du travail L. 127-10, mais à rattacher la disposition proposée à l'article L. 127-9 pour ne pas laisser croire qu'en ajoutant un nouvel article du code du travail on crée une nouvelle catégorie d'employeurs.
L'objet de l'amendement n° 367 est donc simplement de banaliser l'introduction de cette disposition dans le code du travail existant.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 139 et 367 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission des affaires économiques a émis de vives réserves sur cet article, et sa position est diamétralement opposée à celle du Gouvernement puisqu'elle est défavorable à l'amendement n° 367 et accepte, en revanche, l'amendement de suppression n° 139.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 139, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 27 bis est supprimé et l'amendement n° 367 n'a plus d'objet.

Articles additionnels après l'article 27 bis



M. le président.
Par amendement n° 392 rectifié, M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Le Jeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 27 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai de 18 mois à compter de la promulgation de la présente loi, un accord cadre interviendra entre la Mutualité sociale agricole, la caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales, l'IRCANTEC et l'ensemble des caisses concernées, tendant à définir les règles régissant le statut de l'employé rural. »
La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Cet amendement s'inscrit dans le droit-fil du débat sur les groupements d'employeurs, dont le nombre ne fait que croître en milieu rural.
Le monde agricole a en effet un besoin toujours plus grand en personnel à temps partiel. Les exploitations s'agrandissent, le matériel existe, mais l'on manque de main-d'oeuvre en période de pointe.
Ce personnel intervient au coup par coup et, trop souvent, les groupements d'employeurs, ne peuvent embaucher à temps complet. Aussi, chaque fois qu'un de ces salariés a la possibilité de trouver une activité plus stable, il quitte le groupement d'employeurs. Dans de telles conditions, il n'est pas possible d'employer quelqu'un pour le former et le rendre opérationnel sur la ou les exploitations où il intervient.
Parallèlement, il existe des petites communes rurales qui n'emploient plus de cantonnier comme autrefois mais qui utilisent, selon les mêmes schémas que l'on trouve dans certaines exploitations agricoles, du personnel à temps partiel pour nettoyer le cimetière ou la place du village.
Le but que nous visons à travers cet amendement, c'est la création des conditions permettant d'intégrer une ou plusieurs collectivités communales dans un groupement d'employeurs constitué par deux ou trois exploitants, de manière que puisse être offert à des personnes un nombre d'heures de travail susceptible de constituer un véritable temps complet.
Ainsi ces personnes pourraient bénéficier d'une certaine stabilité professionnelle et serait plus enclines à demeurer dans la commune ou dans ses environs immédiats.
C'est aussi une manière de fixer des familles dans nos zones rurales.
Outre l'emploi stable qui leur serait offert, ces personnes pourraient également recevoir une formation, dont les employeurs, qu'il s'agisse des exploitants ou des communes, tireraient à leur tour avantage.
Par cet amendement, nous demandons que, dans un délai de dix-huit mois, le Gouvernement mène un certain nombre de consultations auprès des différentes caisses. Un accord entre les caisses est en effet nécessaire dans la mesure où les exploitants relèvent de la MSA, régime privé, et les collectivités locales d'un régime public.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est consciente que M. Pastor soulève un vrai problème mais elle n'est pas moins consciente du vrai problème juridique que pose son amendement. C'est pourquoi, avant de se prononcer, elle souhaite entendre l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est, donc, l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le problème abordé par M. Pastor est effectivement tout à fait intéressant, et je ne peux qu'aller dans son sens.
J'observe toutefois que ce problème concerne essentiellement les communes forestières,...
MM. Jean Delaneau et Jean-Paul Emorine. Pas seulement !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. ... les entreprises forestières et le droit local d'Alsace et de Moselle.
Or, à l'occasion de l'élaboration du projet de loi de modernisation forestière, nous avons chargé un groupe de travail d'étudier ces questions. Dès lors, monsieur Pastor, je pense que vous pourriez retirer cet amendement, étant entendu que nous aborderons ce sujet lors de l'examen dudit texte.
M. le président. Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Elle s'en remet à la sagesse du Sénat, eu égard au problème de droit que j'ai déjà évoqué.
M. le président. Monsieur Pastor, l'amendement n° 392 rectifié est-il maintenu ?
M. Jean-Marc Pastor. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 392 rectifié.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le ministre, le problème ne concerne pas que les communes forestières : il est présent dans 80 % des communes, c'est-à-dire dans toutes ces petites communes qui constituent la France profonde. Un département que je connais très bien comprend 324 communes et 280 d'entre elles, qui ont moins de 500 habitants, sont directement concernées par la mesure que j'appelle de mes voeux.
Je ne prétends pas qu'elle entraînera une vague de création d'emplois, mais elle permettra de stabiliser certaines situations et d'apporter des solutions. C'est pourquoi je maintiens cet amendement.
Certes, je le sais bien, dans certaines communes forestières où des exploitations ont un peu trop recours au travail au noir, cette mesure présenterait un intérêt spécifique. Mais, à mes yeux, là n'est pas l'essentiel.
M. Jean Delaneau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delaneau.
M. Jean Delaneau. Cet amendement me semble fort intéressant.
Effectivement, dans un certain nombre de petites communes, pourrait être instituée une sorte de partenariat très étroit entre divers utilisateurs de compétences. La solution suggérée par M. Pastor me paraît très souple et parfaitement adaptée aux petites communes rurales.
Cela étant, comme l'a souligné le rapporteur, se pose un réel problème de droit. Il est dommage que notre collègue M. Domeizel ne soit pas présent dans l'hémicycle, car il aurait pu nous indiquer si la CNRACL avait envisagé une telle disposition. Quoi qu'il en soit, on peut espérer que, dans un délai de dix-huit mois, une solution sera trouvée.
M. Jean-Paul Emorine. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Emorine.
M. Jean-Paul Emorine. Les groupements d'employeurs ont été mis en place dans le cadre de la loi de modernisation de l'agriculture. Je me réjouis que M. Pastor les prenne en compte. Cela va dans votre sens, monsieur le ministre. Vous souhaitez la pluriactivité. A partir de cette proposition, nous pouvons régler les problèmes que rencontrent les groupements d'employeurs. En intégrant les collectivités locales, ils pourraient offrir des emplois plus stables.
Voilà pourquoi, personnellement, je voterai l'amendement n° 392 rectifié.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Que les choses soient bien claires : j'ai indiqué que je faisais mienne cette proposition intéressante. Ne me faites donc pas dire que je la combats ! Je considère, au contraire, qu'elle répond à un vrai besoin. Toutefois, je pense qu'il serait sage d'attendre. Bien sûr, c'est à votre assemblée de trancher, mais nul ne doit avoir le sentiment que je combats une proposition du groupe socialiste ! (Sourires.)
Il reste qu'il ne me paraît pas de bonne méthode législative d'inscrire dans la loi qu'un accord sera passé, dans un délai de dix-huit mois, entre une mutuelle, la MSA, et une caisse de retraite, la CNRACL.
Si l'on peut admettre qu'une loi vienne entériner un accord déjà passé entre des partenaires sociaux, il est tout de même plus surprenant d'imposer, par un article de loi, à des partenaires sociaux la conclusion d'un accord.
M. Albert Vecten. Au lieu de dix-huit mois, on pourrait leur donner le troisième millénaire ! (Sourires.)
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Oui, ou dire simplement que, « un jour », un accord interviendra !
Il n'en demeure pas moins, monsieur Emorine, que la suggestion de M. Pastor m'apparaît comme extrêmement pertinente.
M. Jean Huchon. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Huchon.
M. Jean Huchon. Je souhaite seulement indiquer que, moi aussi, je voterai cet amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 392 rectifié, pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 27 bis .
Par amendement n° 491, M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Tremel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 27 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Le contrat de travail des salariés des établissements, institutions, services d'utilité agricole ou de toute autre entreprise collective d'intérêt agricole prévus à l'article L. 511-4 du code rural est un contrat de droit privé. Les dispositions du code rural concernant les salariés ainsi que celles du code du travail s'y appliquent entièrement. Un décret en Conseil d'Etat précisera les modalités de mise en oeuvre de cet article. »
La parole est à M. Piras.
M. Bernard Piras. Les chambres d'agriculture emploient deux types de personnels : des personnels sous statut de droit public, en l'espèce les personnels administratifs, et des personnels relevant du droit privé, qui travaillent le plus souvent dans les services d'utilité agricole.
Ces personnels de droit privé étant régis par des conventions collectives spécifiques, l'objet de cet amendement est de faire en sorte qu'ils bénéficient des avantages que le code du travail accorde à de nombreux salariés employés par des établissements publics industriels et commerciaux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Dans un amendement n° 370 portant article additionnel après l'article 29 ter et concernant le statut des salariés des chambres d'agriculture, le Gouvernement proposera une solution différente de celle que suggèrent nos collègues du groupe socialiste.
Je souhaite donc que cet amendement n° 491 soit réservé jusqu'après l'examen de l'amendement n° 370, qui a d'ailleurs la préférence de la commission.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de réserve ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. La réserve est ordonnée.

Article 28



M. le président.
« Art. 28. _ Le titre Ier du livre VII du code rural est complété par un chapitre V ainsi rédigé :

« Chapitre V

« Dispositions relatives aux comités
des activités sociales et culturelles

« Art. 1000-7 . _ Une convention ou un accord collectif de travail étendu, conclu sur le plan départemental, régional ou national, prévoit la constitution d'un comité des activités sociales et culturelles des salariés agricoles.
« Ce comité des activités sociales et culturelles est constitué au plan départemental. Peuvent bénéficier de ses activités les salariés énumérés aux 1° , 2° , 3° et 5° de l'article 1144 du présent code, et leurs familles, employés dans les exploitations ou entreprises agricoles dont l'effectif est inférieur à cinquante salariés et qui n'ont pas de comité d'entreprise.
« Le comité est doté de la personnalité civile et détermine ses modalités de fonctionnement dans un règlement intérieur.
« Le comité est composé en nombre égal de représentants des organisations syndicales d'employeurs et de salariés agricoles représentatives dans le champ visé au deuxième alinéa du présent article (1° , 2° , 3° et 5° de l'article 1144 du présent code). Les représentants sont choisis parmi les salariés et les employeurs entrant dans le champ d'application territorial et professionnel de la convention ou de l'accord collectif de travail étendu.
« Le comité exerce les attributions dévolues aux comités d'entreprise par l'article L. 432-8 du code du travail. Les employeurs des salariés mentionnés au deuxième alinéa ci-dessus versent au comité une contribution assise sur la masse salariale brute, destinée à couvrir son fonctionnement et les activités sociales et culturelles.
« Les contributions versées et les avantages servis suivent en matière de cotisations sociales et de fiscalité le régime applicable aux activités sociales et culturelles des comités d'entreprise.
« La convention ou l'accord collectif de travail mentionné au premier alinéa ci-dessus contient obligatoirement des dispositions concernant :
« 1° La composition du comité, les modalités de désignation des représentants et la durée de leur mandat ;
« 2° Les modalités d'exercice du mandat détenu par les représentants des organisations de salariés ;
« 3° Le taux de la contribution versée par chaque employeur ainsi que les modalités de recouvrement de celle-ci ;
« 4° La destination des fonds recouvrés et les modalités d'utilisation de ceux-ci. »
Par amendement n° 472, MM. Le Cam, Fischer et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger ainsi le premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 1000-7 du code rural :
« Un comité des activités sociales et culturelles des salariés agricoles est constitué sur la base d'une convention ou d'un accord collectif de travail étendu, conclu sur le plan national. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. La création de comités départementaux des activités sociales et culturelles dans les entreprises de moins de 50 salariés sera une avancée sociale réelle.
Cette innovation dans notre législation permettra à ce salariat particulièrement atomisé et différencié de bénéficier d'avantages collectifs nouveaux.
J'observe, pour m'en réjouir, que la commission des affaires sociales du Sénat n'a pas remis en cause l'utilité de ce comité, malgré les critiques dont il a pu faire l'objet de la part de certains députés de l'opposition et au sein de notre commission des affaires économiques.
Toutefois, pour favoriser l'application de ce texte, le groupe communiste républicain et citoyen propose, par cet amendement, de rendre plus incitatif pour l'entreprise la signature d'une convention entre les partenaires sociaux.
Il ne faudrait pas, en effet, que ce progrès social ouvert par la loi échoue du simple fait de l'obstruction d'une des parties, ce qui aboutirait à une mise en oeuvre seulement partielle des dispositions de cet article.
Il s'agit pour nous non de remettre en cause la nature conventionnelle de l'accord constitutif du comité d'activités sociales et culturelles mais de rendre la loi aussi précise que possible, afin d'éviter tout contournement.
Il est également souhaité que la convention ou l'accord collectif soit conclu au niveau national, afin d'éviter de trop grandes disparités entre les départements et entre les entreprises, notamment quant au niveau de cotisations versées.
Nous souhaitons que le Sénat vote cet amendement afin de renforcer la loi et d'encourager les salariés à saisir cette opportunité dans chaque entreprise ou exploitation agricole.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Cet amendement rend nécessaire une négociation collective à l'échelon national pour créer des comités d'activités sociales et culturelles. Il est donc préférable de s'en tenir à la rédaction actuelle, qui prévoit un cadre plus souple pour la négociation collective.
La commission est, en conséquence, défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Même avis.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 472, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 140, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose, à la fin de la première phrase du quatrième alinéa du texte présenté par l'article 28 pour l'article 1000-7 à insérer dans le code rural, de remplacer les mots : « dans le champ visé au deuxième alinéa du présent article (1°, 2°, 3° et 5° de l'article 1144 du présent code », par les mots : « dans le champ d'application de la convention ou de l'accord ».
La parole est M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement vise à modifier les conditions de représentativité des représentants des organisations syndicales membres du comité des activités sociales et culturelles.
En effet, la rédaction actuelle prévoit que le critère de représentativité pour le comité départemental est la représentativité nationale pour l'ensemble des professions agricoles.
D'une part, les critères de représentativité nationale risquent d'être déconnectés de la représentativité syndicale locale. Des organisations d'exploitants ou de salariés, représentatives à l'échelon local ou professionnel, pourraient ne pas siéger au comité.
D'autre part, la rédaction actuelle comporte une incohérence : entre la première et la seconde phrase de l'alinéa, les définitions des représentants des organisations syndicales au sein du comité sont différentes et même incompatibles. Nous proposons donc que le critère de représentativité soit fixé avec plus de souplesse. La représentativité doit être appréciée dans le champ d'application de la convention ou de l'accord, et non plus à l'échelon national et interprofessionnel des professions agricoles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 140, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 28, ainsi modifié.

(L'article 28 est adopté.)

Article 29



M. le président.
« Art. 29. _ I. _ Au premier alinéa de l'article L. 231-2-1 du code du travail, les mots : "notamment pour les exploitations et les entreprises agricoles qui ne disposent pas de comités d'hygiène et de sécurité" sont remplacés par les mots : "à l'exception des exploitations et entreprises agricoles qui ne disposent pas de comité d'hygiène et de sécurité, lesquelles relèvent du II ci-après".
« II. _ Les trois alinéas de l'article L. 231-2-1 du code du travail en constituent le I, lequel est complété par un II ainsi rédigé :
« II. _ Des commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture sont instituées dans chaque département. Elles sont chargées de promouvoir la formation à la sécurité et de contribuer à l'amélioration des conditions d'hygiène et de sécurité pour les exploitations et entreprises agricoles qui emploient des salariés énumérés aux 1° , 2° , 3° et 5° de l'article 1144 du code rural et qui sont dépourvues de comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou de délégués du personnel.
« Chaque commission comprend, en nombre égal, des représentants des organisations d'employeurs et de salariés les plus représentatives au plan national dans les branches professionnelles concernées, ou des organisations locales représentatives dans les départements d'outre-mer, nommés par le préfet. Ces représentants doivent exercer leur activité dans une exploitation ou entreprise visée à l'alinéa ci-dessus située dans le ressort territorial de la commission.
« Les commissions susvisées sont présidées alternativement par période d'un an par un représentant des salariés ou un représentant des employeurs. Le sort détermine la qualité de celui qui est élu la première fois.
« Le temps passé par les membres salariés aux réunions de la commission est de plein droit considéré comme temps de travail, et rémunéré comme tel. Les intéressés bénéficient en outre d'une autorisation d'absence rémunérée pour exercer leurs fonctions, dans la limite de quatre heures par mois. Les membres employeurs bénéficient de l'indemnité forfaitaire représentative du temps passé prévue par l'article 1022 du code rural pour les administrateurs du troisième collège de la caisse de mutualité sociale agricole. Les frais de déplacement exposés par les membres de la commission, les salaires maintenus par les employeurs ainsi que les cotisations sociales y afférentes et les indemnités représentatives du temps passé, sont pris en charge par le fonds national de prévention créé en application de l'article 1171 du code rural.
« Les membres salariés des commissions départementales ou interdépartementales d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture bénéficient des dispositions de l'article L. 236-11 du présent code.
« Un décret détermine les conditions d'application du présent article et notamment les modalités de fonctionnement des commissions ; il peut conférer à certaines commissions une compétence interdépartementale lorsque les salariés de certains départements limitrophes sont peu nombreux. »
Par amendement n° 141, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de rédiger comme suit le I de cet article :
« I. - a ) A la fin du premier alinéa de l'article L. 231-2-1 du code du travail les mots : "notamment pour les exploitations et les entreprises agricoles qui ne disposent pas de comités d'hygiène et de sécurité" sont supprimés.
« b ) Le même alinéa est complété par une seconde phrase ainsi rédigée : "Ces dispositions ne sont pas applicables aux exploitations et aux entreprises agricoles qui ne disposent pas de comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail prévu à l'article L. 236-1 du présent code, ces exploitations et entreprises relevant du II ci-après. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Il s'agit d'un amendement rédactionnel, qui tend à mettre en cohérence le paragraphe I de cet article avec la législation actuelle.
En effet, dans ce paragraphe, il est fait référence aux comités d'hygiène et de sécurité. Or la loi du 23 décembre 1982 a institué un nouvel organisme : le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, celui-ci s'est substitué aux deux organismes existant jusqu'alors : le comité d'hygiène et de sécurité, d'une part, le comité d'amélioration des conditions de travail, d'autre part.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 141, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 142, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose :
A. - Au début de la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 29 pour compléter l'article L. 231-2-1 du code du travail par un II, de remplacer les mots : « Des commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture » par les mots : « Des commissions paritaires d'hygiène et de sécurité en agriculture ».
B. - En conséquence, dans le cinquième alinéa du même texte, de remplacer les mots : « commissions départementales ou interdépartementales d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture » par les mots : « commissions paritaires d'hygiène et de sécurité en agriculture ».
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 368, présenté le Gouvernement et tendant :
I. - A supprimer le A de l'amendement n° 142.
II. - En conséquence, à rédiger comme suit le premier alinéa de l'amendement :
« Dans le cinquième alinéa du texte proposé par le II de cet article, pour compléter l'article L. 231-2-1 du code du travail par un II, remplacer les mots : »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 142.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Il s'agit de mettre en cohérence la dénomination des commissions instituées par cet article et leur fonctionnement.
Ces commissions sont chargées de promouvoir la formation et la sécurité et de contribuer à l'amélioration des conditions d'hygiène et de sécurité. Elles n'ont donc pas vocation à s'occuper des conditions de travail, qui dépassent de beaucoup le simple champ de l'hygiène et de la sécurité.
La dénomination « commission d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail » fait explicitement référence aux comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, les CHSCT, institués par la loi du 23 décembre 1982. Elle est donc inadéquate.
Le parallèle avec les CHSCT est d'autant plus abusif que ceux-ci ont non seulement des missions relatives aux conditions de travail mais aussi des pouvoirs plus étendus.
Je propose donc d'appeler ces commissions « commissions paritaires d'hygiène et de sécurité en agriculture » et de s'en tenir à cette expression tout au long de cet article.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 368 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 142.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est favorable au paragraphe B de l'amendement de M. Leclerc et de la commission des affaires sociales, mais refuse que la référence aux conditions de travail soit supprimée dans le texte de l'article 29.
Par conséquent, si notre sous-amendement devait être repoussé, nous préconiserions le rejet de l'amendement n° 142.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 142, ainsi que sur le sous-amendement n° 368 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement présenté par M. Leclerc et, par voie de conséquence, défavorable au sous-amendement du Gouvernement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 368, repoussé par la commission.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 142, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 473, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le quatrième alinéa du paragraphe II de l'article 29, de remplacer les mots : « quatre heures par mois », par les mots : « huit heures par mois ». La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Afin de renforcer l'implication des salariés au sein des commissions paritaires, nous proposons qu'ils puissent bénéficier d'une autorisation d'absence rémunérée pour exercer leurs fonctions d'une durée de huit heures par mois, au lieu de quatre heures seulement actuellement.
Il s'agit pour nous non pas de faire une surenchère inutile, mais de créer les conditions d'un bon fonctionnement des commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture.
En outre, s'agissant de la formation des salariés, êtes-vous en mesure, monsieur le ministre, de nous préciser quel est le contenu de l'accord-cadre conclu entre votre prédécesseur, M. Le Pensec, et Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité, la FNSEA et la CFCA, la Confédération française de la coopération agricole ?
L'affectation de 95 millions de francs annoncée à l'Assemblée nationale sur une période de trois ans sera-t-elle suffisante pour permettre aux salariés et aux exploitants de bénéficier d'une formation adaptée ?
Il y a la loi et l'application qui en sera faite le moment venu. Notre souci est d'obtenir des assurances pour que cette application se fasse dans les meilleures conditions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est défavorable à cet amendement, et ce pour deux raisons.
En premier lieu, il vise à doubler la durée des autorisations d'absence rémunérées dont peut bénéficier un salarié membre de la commission paritaire d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture, alors que quatre heures sont suffisantes.
En second lieu, son adoption entraînerait un surcoût non prévu pour le Fonds national de prévention.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 473, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29, modifié.

(L'article 29 est adopté.)

Article 29 bis



M. le président.
« Art. 29 bis . - Dans les professions agricoles, les conditions de mise en oeuvre des articles L. 932-1 et L. 932-2 du code du travail peuvent résulter d'une convention de branche ou d'un accord professionnel étendus. » - (Adopté.)

Article 29 ter



M. le président.
« Art. 29 ter . - Il est créé au niveau départemental un observatoire de l'emploi salarié en agriculture comportant les organisations représentatives des salariés, des professionnels et l'inspection des lois sociales en agriculture.
« Ses missions seront de suivre l'évolution des emplois salariés agricoles en référence aux 1°, 2°, 3° et 5° de l'article 1144 du code rural, de comparer les écarts entre emplois permanents et emplois précaires, type contrats à durée déterminée et saisonniers, et de proposer des solutions pour renforcer les emplois permanents. Un bilan annuel sera établi auprès de l'autorité administrative et rendu public. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 143, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de supprimer cet article.
Par amendement n° 369, le Gouvernement propose de rédiger comme suit l'article 29 ter :
« Après l'article 1000-7, il est inséré dans le code rural un article 1000-8 ainsi rédigé :
« Art. 1000-8. - Il est créé, auprès de chaque préfet de département, un observatoire départemental de l'emploi salarié en agriculture.
« L'observatoire départemental de l'emploi salarié en agriculture a pour mission de suivre l'évolution des emplois salariés visés aux 1°, 2°, 3° et 5° de l'article 1144 du code rural, et notamment des contrats à durée indéterminée et des contrats à durée déterminée et de proposer, le cas échéant, des solutions pour inciter à la conclusion de contrats à durée indéterminée.
« Il remettra chaque année un rapport au préfet de département, qui sera rendu public.
« Un décret détermine les modalités d'application du présent article et fixe notamment la composition et les modalités de fonctionnement de l'observatoire. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 143.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement vise à supprimer l'article 29 ter. En effet, celui-ci pose trois types de difficultés.
En premier lieu, la création d'observatoires départementaux de l'emploi salarié en agriculture semble très largement inutile, car il existe déjà de nombreuses structures, à l'échelon tant national que local, qui sont chargées d'étudier l'emploi agricole.
Ainsi, la mutualité sociale agricole a mis en place un observatoire économique et social qui fonctionne bien. Elle doit, en outre, installer un outil spécifique de suivi des salariés, qui devrait être opérationnel au début de l'année 1999.
De même, à l'échelon local, il existe des commissions paritaires régionales et départementales de l'emploi, mises en place grâce à la négociation collective, qui offrent aux partenaires sociaux un outil adapté pour mener des négociations sur l'évolution et les conditions d'emploi du travail salarié agricole. Ces commissions s'appuient également sur les associations régionales de l'emploi et de la formation agricoles et sur les associations départementales emploi-formation, qui associent la MSA et l'inspection du travail, de l'emploi et de la protection sociale en agriculture aux partenaires sociaux et jouent en matière d'étude et de concertation un rôle identique à celui qui est prévu pour l'observatoire.
En deuxième lieu, les missions dévolues à cet observatoire départemental prêtent à confusion. Au-delà de la simple fonction d'étude, il est chargé de « proposer des solutions pour renforcer l'emploi permanent ». Or le rôle d'un observatoire est non pas de déterminer les axes de la politique de l'emploi en agriculture, mais d'établir des constats.
En troisième lieu, la rédaction de l'article 29 ter reste plus qu'approximative. En effet, il ne prévoit pas de codification de ces dispositions dans le code rural et il ne précise pas les conditions de création de l'observatoire, dont la composition est plus qu'incertaine : les « professionnels » évoqués ne sont pas définis et l'inspection des lois sociales en agriculture n'existe plus sous ce nom depuis de nombreuses années. Les missions de l'observatoire sont, comme on l'a constaté, ambiguës. En tout état de cause, cet article mériterait une nouvelle rédaction juridiquement plus précise et il serait nécessaire de prendre un décret d'application pour le mettre en oeuvre.
En conséquence, la commission des affaires sociales propose au Sénat de le supprimer.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 369 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 143.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'amendement n° 369 s'inscrit dans la suite logique du conseil que M. Leclerc a donné au Gouvernement à la fin de son intervention. (Sourires.)
Selon M. Leclerc, la rédaction de l'article 29 ter est approximative et une réécriture plus précise et prévoyant une codification s'imposerait. Tel est exactement l'objet de l'amendement du Gouvernement.
Par conséquent, je suis défavorable à l'amendement n° 143 de suppression de l'article 29 ter présenté par M. Leclerc, dont je préfère suivre les conseils.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 143 et 369 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission des affaires économiques a fait la même analyse que M. Leclerc.
Par conséquent, elle est favorable à l'amendement n° 143 et défavorable à l'amendement n° 369 du Gouvernement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 143.
M. Gérard Le Cam. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Une fois de plus, la commission des affaires sociales du Sénat s'attaque aux amendements adoptés par l'Assemblée nationale sur l'initiative des députés du groupe communiste. (Exclamations amusées sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Jean-Paul Emorine. On n'y aurait pas pensé !
M. Gérard Le Cam. Comme j'ai eu l'occasion de le dire tout à l'heure en évoquant le TESA, la situation de l'emploi salarié en agriculture est particulièrement hétérogène et atomisée.
En effet, parmi les 800 000 salariés agricoles, on compte seulement 150 000 permanents travaillant plus de deux cents heures par an, contre 650 000 travailleurs employés à temps partiel ou en tant que saisonniers.
La vocation de l'observatoire départemental de l'emploi salarié dont la création est envisagée est d'assurer le suivi de l'emploi dans un secteur en situation d'éclatement et de précarisation et, élément important qui milite pour la mise en place d'un tel organisme, de formuler des propositions en faveur du développement d'emplois permanents qualifiés, rémunérés et reconnus.
Cet observatoire doit permettre de coordonner les actions qui se développent dans chacun des secteurs agricoles et d'organiser la confrontation des partenaires sociaux et de l'administration du travail.
Les spécificités du métier d'agriculteur ne peuvent, à elles seules, justifier que l'on s'accommode d'une précarisation de l'emploi salarié et d'un recul de la proportion des contrats à durée indéterminée.
Certains voient probablement dans cette situation un modèle qu'ils souhaiteraient étendre à l'ensemble des activités économiques, un modèle de flexibilité des horaires, de mobilité des salariés et d'absence de représentation syndicale coordonnée et structurée.
Compte tenu du devenir prévisible du salariat agricole dans les prochaines années, il me paraît indispensable de disposer des outils permettant de mieux évaluer la situation sociale et économique des salariés, afin d'anticiper les évolutions de la production agricole et de l'industrie agroalimentaire.
Nous rejetons donc l'amendement n° 143 de la commission des affaires sociales.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. Je n'admets pas, monsieur Le Cam, que vous puissiez dire que la commission des affaires sociales vise particulièrement, parmi les textes qui nous viennent de l'Assemblée nationale, ceux qui sont issus de l'imagination...
M. Hilaire Flandre. Fertile !
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. ... des députés membres du groupe communiste. Cette assertion me paraît tout à fait abusive.
La réalité, et M. le ministre l'a dit lui-même, c'est que l'article 29 ter était mal écrit et absolument pas conforme à ce que doit être un texte législatif. Je regrette simplement que nos collègues de l'Assemblée nationale aient eu la faiblesse d'avoir laissé passer une telle rédaction.
Cela montre au moins que, entre le Sénat et l'Assemblée nationale, des aménagements sont parfois possibles. Malheureusement, puisque l'urgence a été déclarée, nous ne pourrons pas poursuivre ce travail d'amélioration du texte.
Cela étant, sur le fond, la commission des affaires sociales n'a pas préconisé la suppression de l'article 29 ter pour la seule raison qu'il émanait du groupe communiste de l'Assemblée nationale. Nous pensons simplement qu'il existe, en particulier dans le domaine agricole, un nombre considérable d'organismes, à l'échelon de la chambre d'agriculture ou de la direction départementale de l'agriculture et de la forêt, qui mènent des études et élaborent des rapports. Il ne nous paraissait donc pas nécessaire de créer un observatoire supplémentaire, alors que tout est déjà observé par les deux bouts de la lorgnette !
Ce n'est donc pas de l'hostilité que nous éprouvons à l'égard de vos amis, monsieur Le Cam. Rassurez-vous, nous traitons les textes qui nous viennent de l'Assemblée nationale en fonction de leur contenu et non pas de leur origine.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 143, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 29 ter est supprimé et l'amendement n° 369 n'a plus d'objet.

Articles additionnels après l'article 29 ter
ou après l'article 27 bis (suite)



M. le président.
Je suis tout d'abord saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 144 est présenté par M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° 492 est déposé par M. Pastor, Mme Yolande Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 29 ter , un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Après l'article 1031-3, il est inséré dans le code rural un article ainsi rédigé :
« Art. 1031-4. - I. Les dispositions prévues au III de l'article L. 241-10 du code de la sécurité sociale sont applicables aux cotisations patronales d'assurances sociales, d'accidents du travail et d'allocations familiales, dues par les associations et organismes sur les rémunérations des salariés affiliés au régime de protection sociale agricole, dans les conditions mentionnées par cet article.
« Les conditions d'application de l'exonération prévue au III de l'article L. 241-10 du code de la sécurité sociale au bénéfice des associations et organismes visés à l'alinéa ci-dessus sont fixées par décret. Celui-ci détermine notamment les informations et pièces que les associations et organismes précités doivent produire auprès des caisses de mutualité sociale agricole ainsi que les modalités permettant aux caisses de mutualité sociale agricole de vérifier la qualité de bénéficiaires des prestations mentionnées aux b, c, d et e du I de l'article L. 241-10 précité ou des prestations d'aide ménagère visées au III du même article.
« II. - Les caisses de mutualité sociale agricole procèdent auprès des associations et organismes affiliés au régime agricole et bénéficiant de l'exonération prévue à l'article L. 241-10 du code de la sécurité sociale à des contrôles identiques à ceux réalisés par les caisses de sécurité sociale auprès des associations et organismes relevant du régime général, afin de s'assurer de la régularité des opérations financières et comptables et d'apprécier la qualité des prestations servies.
« III. - Les dispositions du I sont applicables aux gains et rémunérations versés postérieurement au 31 décembre 1998. »
« B. - La perte de recettes résultant du A ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575-A du code général des impôts. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis pour défendre l'amendement n° 144.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. L'article 5 de la loi n° 98-1194 du 23 décembre 1998 de financement de la sécurité sociale pour 1999 a majoré le taux de l'exonération s'appliquant aux charges sociales acquittées par les associations d'aide à domicile et prévue à l'article L. 241-10 du code de la sécurité sociale, le portant de 30 % à 100 %.
Notre collègue, Louis Boyer, avait déposé alors un amendement qui avait été adopté par le Sénat et qui visait à insérer dans le code rural un article nouveau précisant que les dispositions dudit article L. 241-10 s'appliquent aux associations d'aide à domicile intervenant en milieu rural, qui ont souvent été créées par les caisses de la mutualité sociale agricole et dont les salariés dépendent du régime agricole. La commission des affaires sociales avait donné un avis favorable à l'amendement de M. Louis Boyer, considérant qu'il était équitable d'appliquer une législation identique aux différentes associations d'aide à domicile.
L'Assemblée nationale avait supprimé cet article, sur l'initiative du Gouvernement, alors que sa commission des affaires culturelles, familiales et sociales l'avait adopté conforme. Le Gouvernement avait expliqué à l'époque que les salariés concernés devaient être inscrits au régime général.
Cette argumentation me paraît curieuse.
Sur le plan juridique, il est intéressant de noter que le 7° de l'article 1144 du code rural inclut, parmi les assujettis au régime agricole, les salariés, « d'une manière générale, de tout groupement professionnel agricole ». Cette rédaction résulte de la loi n° 88-1202 du 30 décembre 1988 relative à l'adaptation de l'exploitation agricole à son environnement économique et social.
La notion de « groupement professionnel agricole » a été précisée par la jurisprudence : il s'agit de « tout groupement constitué principalement de membres de professions agricoles poursuivant un but d'intérêt professionnel agricole ». L'objet d'un GPA peut ainsi être très large ; certaines associations d'aide à domicile intervenant en milieu rural sont des groupements professionnels agricoles.
D'autres associations de service aux personnes, sans être des GPA, ont été constituées par des caisses de la Mutualité sociale agricole dans l'optique de l'exécution des missions accomplies au titre de l'action sanitaire et sociale. Les salariés des caisses de la mutualité sociale agricole étant, selon la loi, affiliés au régime agricole, il serait inopportun de prévoir un traitement différencié pour les salariés d'associations dépendant des caisses de la mutualité sociale agricole.
La commission des affaires sociales observe donc que l'inscription de ces salariés au régime agricole répond à un objectif de simplicité de gestion et que le régime général ne pâtit pas particulièrement de la perte de ces salariés.
Par conséquent, je propose au Sénat d'insérer cet article additionnel.
M. le président. La parole est à M. Piras, pour présenter l'amendement n° 492.
M. Bernard Piras. Il s'agit d'un amendement assez technique, dont je vais essayer de résumer la teneur.
En milieu rural, nombre de personnes sont employées par des organismes ou des associations relevant de la mutualité sociale agricole, en particulier les aides ménagères. Nous demandons donc l'exonération de cotisations patronales pour ces organismes et ces associations.
Pour éviter que l'on ne nous oppose l'article 40 de la Constitution, j'indique que la perte de recettes résultant de la mise en oeuvre de cette proposition sera compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 144 et 492 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Ce sujet, qui est délicat, me touche beaucoup. En tant qu'élu rural, je connais le travail exemplaire des aides à domicile en milieu rural, les ADMR. Je connais la situation financière difficile dans laquelle elles se trouvent. J'imagine donc la portée que cette mesure aurait pour elles. En première lecture, à l'Assemblée nationale, le Gouvernement s'y était opposé afin de préserver les dispositions arrêtées par la loi de financement de la sécurité sociale. Je vais modifier ma position en m'en remettant à la sagesse du Sénat.
M. Gérard César. Bonne action !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. J'estime, à titre personnel - cela n'engage que moi - que cette mesure sera utile et je me réjouis à l'avance de la décision que le Sénat va prendre. (Sourires.) Bien entendu, je lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc des amendements n°s 144 rectifié et 492 rectifié.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 144 rectifié et 492 rectifié, acceptés par la commission et pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 ter.
Par amendement n° 370 rectifié, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 29 ter, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le code rural est ainsi modifié :
« I. - Après l'article L. 511-4, il est inséré un article L. 511-4-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 511-4-1. - Une commission nationale de concertation et de proposition examine toutes questions relatives aux conditions d'emploi, de travail et de garanties sociales des personnels des chambres d'agriculture. Elle est composée en nombre égal de représentants des organisations syndicales de salariés représentatives des personnels des chambres d'agriculture et de représentants des employeurs, dont le président ou le secrétaire général de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture.
« La commission nationale de concertation et de proposition est habilitée à faire toute proposition à la commission nationale paritaire instituée par la loi n° 52-1311 du 10 décembre 1952.
« Les décisions prises par la commission nationale paritaire sont applicables à l'ensemble du personnel des chambres d'agriculture. La commission nationale paritaire précise dans ses décisions les mesures nécessaires d'adaptation qui peuvent faire l'objet de négociations au niveau local dans chaque chambre d'agriculture.
« La commission nationale paritaire peut saisir la commission nationale de concertation et de proposition de toute question entrant dans les attributions de ladite commission.
« Un décret précisera les modalités de désignation des membres de la commission nationale de concertation et de proposition ainsi que ses règles de fonctionnement. »
« II. - Le deuxième alinéa de l'article L. 513-3 est ainsi rédigé :
« Les articles L. 511-4, L. 511-4-1, L. 511-10 et L. 511-11 sont applicables à l'assemblée permanente des chambres d'agriculture. »
« III. - L'article L. 513-1 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'assemblée permanente des chambres d'agriculture a compétence pour représenter l'ensemble des chambres d'agriculture en matière sociale et pour signer au nom de ces chambres tout accord national résultant d'une négociation à laquelle elle serait partie prenante, sous réserve du vote d'une délibération spéciale prise à cet effet par la session ou, en cas d'urgence, pendant l'intervalle des sessions, par le comité permanent général. »
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Par cet amendement, auquel nous avons déjà fait allusion lors de l'examen de l'amendement n° 491, le Gouvernement prévoit l'installation d'un organisme de négociation collective pour les personnels des chambres d'agriculture, qui me paraît mieux adapté au problème que M. Pastor a évoqué tout à l'heure.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission émet un avis favorable, et souhaiterait donc que M. Piras retire l'amendement n° 491.
M. le président. Monsieur Piras, maintenez-vous l'amendement n° 491, qui a été précédemment réservé et qui tend, je le rappelle, à insérer, après l'article 27 bis un article additionnel ainsi rédigé : « Le contrat de travail des salariés des établissements, institutions, services d'utilité agricole ou de toute autre entreprise collective d'intérêt agricole prévus à l'article L. 511-4 du code rural est un contrat de droit privé. Les dispositions du code rural concernant les salariés ainsi que celles du code du travail s'y appliquent entièrement. Un décret en Conseil d'Etat précisera les modalités de mise en oeuvre de cet article. »
M. Bernard Piras. Je suis assez perplexe. L'amendement du Gouvernement reprend, de façon générale, une négociation sur l'ensemble des aspects salariaux concernant cette catégorie de personnel, mais, il n'évoque en rien le problème des personnels de droit privé et les désavantages qu'ils connaissent par rapport aux salariés de droit privé qui travaillent dans des organismes analogues.
Je sais bien qu'il s'agira d'une négociation. Je souhaite en tout cas qu'elle aboutisse pour que cette catégorie de personnel bénéficie des mêmes avantages que les autres catégories de salariés des EPIC.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur Piras, l'amendement n° 491 ne change rien à la situation. J'allais dire qu'il serait inopérant. En effet, la jurisprudence dans cette matière a clairement établi depuis longtemps et systématiquement que les agents qui travaillent dans les établissements et services d'utilité agricole sont des agents de droit privé qui bénéficient de toutes les dispositions du code du travail. Donc, cet amendement n'apporte rien.
En revanche, l'amendement n° 370 rectifié, présenté par le Gouvernement et qui prévoit cette instance de négociation collective, a fait l'objet d'une négociation entre les chambres d'agriculture et les salariés. Nous souhaitons donner une force législative à cet accord qui est intervenu entre les partenaires sociaux.
M. le président. Monsieur Piras, l'amendement n° 491 est-il maintenu ?
M. Bernard Piras. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 491 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 370 rectifié.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Monsieur le président, vous permettez à un président de chambre d'agriculture d'intervenir sur un sujet qui concerne directement les chambres d'agriculture.
Je voudrais d'abord donner mon accord à M. le ministre sur le texte qui est proposé. Je voudrais également rassurer M. Piras : dans les chambres d'agriculture, des salariés, ingénieurs ou conseillers agricoles, sont sous statut ou relèvent de la convention collective.
L'amendement du Gouvernement ne concerne pas directement la rémunération, les avantages, le 1 % qui est distribué chaque année, mais intéresse les conditions d'emploi, de travail et les garanties sociales, et c'est cela qui est important. Je suis tout à fait favorable à cet amendement. Au passage, je rends hommage à tous les agents des chambres d'agriculture, qui font un excellent travail.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'associe à cet hommage !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 370 rectifié, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article aditionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 ter.

Chapitre V

Du fonctionnement des organismes
de mutualité sociale agricole

M. le président. Par amendement n° 145, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de rédiger comme suit la section et l'intitulé avant l'article 29 quater :
« TITRE II BIS
« Fonctionnement des organismes de mutualité sociale agricole. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement porte sur la forme. En effet, les cinq articles consacrés à la mutualité sociale agricole et adoptés par l'Assemblée nationale sur l'initiative du Gouvernement n'ont pas leur place au sein du titre II consacré aux exploitations et aux personnes. La commission considère qu'ils nécessitent un titre particulier. C'est pourquoi elle propose un amendement visant à requalifier l'actuel chapitre V en titre relatif au fonctionnement des organismes de mutualité sociale agricole.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 145, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, la section et l'intitulé sont ainsi rédigés.

Article 29 quater



M. le président.
« Art. 29 quater . I. - Dans l'intitulé du chapitre II du titre V du livre 1er et à l'article L. 152-1 du code de la sécurité sociale, les références : "articles 1002 et 1002-4" sont remplacées par les références : "articles 1002 à 1002-4".
« II. - Le dernier alinéa de l'article 1242 du code rural est ainsi rédigé :
« Les décisions des assemblées générales des caisses départementales et pluridépartementales de mutualité sociale agricole et de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole ainsi que des associations et groupements d'intérêt économique, mentionnés aux articles 1000-2 et 1002 à 1002-4, sont soumises à l'approbation de l'autorité compétente de l'Etat dans les mêmes conditions que les délibérations des conseils d'administration desdits organismes. »
« III. - Au II de l'article 16 de la loi n° 94-637 du 25 juillet 1994 relative à la sécurité sociale, la date : "31 décembre 1998" est remplacée par la date : "30 avril 2001". Dans le même article, les mots : "les plans annuels de réalisation et" sont supprimés.
Sur l'article, la parole est à M. Darcos.
M. Xavier Darcos. L'article 29 quater prévoit que les décisions des assemblées générales et pluridépartementales de mutualité sociale et de la caisse centrale de mutualité sociale, ainsi que leurs associations ou groupements d'intérêt économique, sont soumises à l'approbation de l'autorité compétente de l'Etat.
Voilà, monsieur le ministre, une excellente mesure, qui aurait dû être prise depuis longtemps.
En 1987, le commissariat au Plan, dans son rapport intitulé Retraite : les périls de l'an 2000 s'était livré, à la page quarante-neuf, aux réflexions suivantes sur la gestion des caisses des régimes de base de l'assurance vieillesse :
« Les régimes de base enregistrent et conservent, pour les nécessités de leur gestion, des informations détaillées sur la carrière de leurs ressortissants. Mais elles n'ont guère de motifs d'utiliser ces bases de données à des fins prévisionnelles, puisque la responsabilité de leur équilibre financier incombe à l'Etat. Or l'horizon temporel d'un gouvernement est borné. La difficulté qu'il éprouve à obtenir auprès des caisses, jalouses de leurs prérogatives, les chiffres nécessaires à la projection, à les interpréter et à les homogénéiser, le conforte dans son inclination à n'attacher qu'une importance secondaire aux conséquences lointaines de ses décisions.
« On observe a contrario que les régimes complémentaires, responsables de leur équilibre, sont les seuls à effectuer des prévisions à long terme. »
Ce que le commissariat au Plan considérait alors comme des questions sans réponse trouve aujourd'hui un début de solution.
Les mutualités sociales agricoles sont des organismes de droit privé dont le financement provient de prélèvements obligatoires et de fonds publics. Leur gestion doit être irréprochable et il est légitime que les délibérations de leurs assemblées générales soient soumises à l'approbation du représentant de l'Etat.
Toutefois, je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous me précisiez les délibérations qui sont visées par l'article 29 quater .
La Cour des comptes, dans son rapport de 1997 sur la mauvaise gestion de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole critiquait le fait que les décisions relatives aux recrutements et à l'évolution des rémunérations échappent à tout contrôle, en particulier au contrôle de son conseil d'administration qui avait donné délégation à son directeur général pour embaucher ou révoquer tous employés. J'observe d'ailleurs que, dans son rapport de 1998, la Cour des comptes reprend le même thème.
Demain, en sera-t-il toujours de même ? Par ailleurs, afin d'éviter certains abus comme ceux qui ont été soulevés par la Cour des comptes, le groupe du RPR présentera un amendement tendant à instituer auprès de la caisse centrale un conseil de surveillance sur le modèle de celui qui a été mis en place dans le régime de l'assurance vieillesse des travailleurs salariés et auprès de l'agence centrale des organismes de sécurité sociale.
M. le président. Par amendement n° 371, le Gouvernement propose de rédiger ainsi le paragraphe I de l'article 29 quater :
« I. - Dans l'intitulé du chapitre II du titre V du livre Ier et à l'article L. 152-1 du code de la sécurité sociale, les références : "articles 1002 et 1002-4" sont remplacées par les références : "articles 1000-2 et 1002 à 1002-4". »
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je souhaiterais d'abord répondre brièvement à M. Darcos. Dans son rapport de 1998, la Cour des comptes prend au contraire l'exemple de la MSA pour montrer qu'elle ne prêche pas éternellement dans le désert. En effet, elle écrit : « Un nombre croissant de ces interventions est suivi de redressements et d'améliorations significatives de la gestion des administrations et organismes concernés. » Elle cite l'effet immédiat de son enquête sur la caisse centrale de mutualité sociale agricole qui a conduit à suspendre le conseil d'administration et à nommer un administrateur provisoire. Vous le constatez, les observations de la Cour des comptes sont suivies de décisions du Gouvernement.
J'en viens à l'amendement n° 371. Il vise à étendre à la médecine du travail l'harmonisation entre caisses de mutualité sociale agricole et caisses du régime général réalisée par l'article 29 quater.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 371, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29 quater, ainsi modifié.

(L'article 29 quater est adopté.)

Article additionnel après l'article 29 quater (réservé)



M. le président.
Par amendement n° 256, MM. Darcos, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 29 quater, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est institué auprès de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole un conseil de surveillance composé des représentants du Parlement, des collectivités locales, des familles, des retraités, des handicapés, d'accidentés du travail, des organisations oeuvrant dans le domaine économique et social et en faveur des populations les plus démunies ainsi que d'un conseiller de la Cour des comptes et de personnalités qualifiées.
« Les membres du conseil de surveillance sont nommés pour une durée de cinq ans. Le conseil de surveillance élabore son règlement intérieur. Le président du conseil de surveillance est un membre du Parlement, désigné d'un commun accord par les deux assemblées. Le président de chaque caisse centrale ainsi que leur directeur assistent avec voix délibérative à ses délibérations.
« Un représentant du ministre de l'agriculture assiste aux réunions.
« Le conseil de surveillance se réunit au moins deux fois par an pour examiner les conditions de fonctionnement administratif et financier des organismes de mutualité sociale agricole et de mise en oeuvre de la politique sociale agricole et de ses conventions d'objectifs.
« Son président remet au Parlement un rapport annuel. Il fixe l'ordre du jour du conseil de surveillance.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Cet amendement est assorti de deux sous-amendements présentés par M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques.
Le sous-amendement n° 597 a pour objet, dans le premier alinéa du texte présenté par l'amendement n° 256 pour insérer un article additionnel après l'article 29 quater , de supprimer les mots : ", des familles, des retraités, des handicapés, d'accidentés du travail, des organisations oeuvrant dans le domaine économique et social et en faveur des populations les plus démunies". »
Le sous-amendement n° 602 vise, au début de la dernière phrase du deuxième alinéa du texte de l'amendement n° 256, à remplacer les mots : « Le président de chaque caisse » par les mots : « Le président de la caisse ».
La parole est à M. Darcos, pour défendre l'amendement n° 256.
M. Xavier Darcos. Cet amendement, que je défends au nom de tous les membres du groupe du RPR, vise à instituer un conseil de surveillance auprès de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole.
Ce conseil de surveillance, je le rappelle, existe déjà dans d'autres régimes.
Il est donc légitime qu'il s'applique à des organismes de droit privé financés par des prélèvements obligatoires et par des fonds publics.
Je le répète : dans son rapport de 1997, la Cour des comptes avait dénoncé les graves erreurs de gestion de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole. Je ne m'étendrai pas sur les irrégularités ou sur les abus qui ont été relevés.
Vous admettrez, mes chers collègues, qu'il est anormal que le directeur général de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole perçoive une rémunération brute annuelle de 2,4 millions de francs. Je souhaite tout de même préciser publiquement que cette rémunération provient en partie des cotisations d'exploitants agricoles. Or nombreux sont les exploitants qui dispose aujourd'hui d'une retraite inférieure à 2 800 francs et qui, souvent, vivent en marge de la société.
Le Commissariat général au Plan reprochait, en 1987, à certaines caisses des régimes de protection sociale de n'attacher qu'une importance secondaire aux projections à long terme de leur équilibre financier.
L'institution d'un conseil de surveillance remédiera à ces lacunes et permettra d'éviter que ne se reproduisent certaines fautes de gestion lourdes de conséquences pour le bon fonctionnement de la protection sociale agricole.
Ce conseil de surveillance auquel le Parlement sera associé exercera un contrôle annuel de gestion administrative et financière sur les organismes de mutualité sociale agricole et aura pour mission de vérifier que les conventions d'objectifs, c'est-à-dire les engagements tant de l'Etat que de la caisse centrale de la MSA, sont bien respectées.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre les sous-amendements n°s 597 et 602, ainsi que pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 256.
M. Michel Souplet, rapporteur. Le sous-amendement n° 597 s'explique par son texte même. Quant au sous-amendement n° 602, il est d'ordre rédactionnel.
La commission est favorable à l'amendement n° 256, sous réserve de l'adoption de ces deux sous-amendements et de la suppression, dans l'article 29 sexies, des mots « le commissaire du Gouvernement ».
M. le président. Dans ces conditions, monsieur le rapporteur, peut-être serait-il sage de réserver l'amendement n° 256 et les sous-amendements qui y sont rattachés jusqu'après l'examen de l'article 29 sexies !
M. Michel Souplet, rapporteur. En effet, monsieur le président, j'en demande la réserve.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de réserve ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement y est favorable, car elle lui semble tout à fait cohérente.
M. le président. La réserve est ordonnée.

Article 29 quinquies



M. le président.
« Article 29 quinquies . - Après l'article 1002-3 du code rural, il est inséré un article 1002-3-1 ainsi rédigé :
« Art. 1002-3-1 . - La circonscription des caisses fusionnées et celle des associations à but non lucratif créées par regroupement de deux ou plusieurs caisses de mutualité sociale agricole, mentionnées aux articles 1002-2 et 1002-3, ne peuvent, sauf dérogation accordée par le ministre de l'agriculture, excéder la circonscription de la région administrative. »
Par amendement n° 146, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. L'article 29 quinquies résulte d'un amendement adopté par l'Assemblée nationale sur l'initiative du Gouvernement et vise à interdire la fusion de caisses départementales de la mutualité sociale agricole ou d'associations à but non lucratif appartenant à deux ou plusieurs régions.
Une démarche de rapprochement des orientations générales et de mise en commun des moyens de fonctionnement a été initiée par certaines caisses de mutualité sociale agricole dans un objectif d'économie de gestion.
Par ailleurs, depuis 1995, plusieurs caisses départementales ont décidé de fusionner. Trois des six opérations de fusion dépassent le cadre de la région administrative.
Le Gouvernement souhaite l'adoption de cet article compte tenu de la difficulté d'exercer une politique de tutelle sur une caisse regroupant des départements différents.
L'argument ne semble pas des plus pertinent : l'administration doit pouvoir s'adapter à ce qui correspond à une demande des caisses locales.
Un autre argument invoqué me paraît plus pertinent : dans le cadre de l'assurance maladie, la circonscription régionale, avec les unions régionales des caisses d'assurance maladie, les URCAM, et les agences régionales de l'hospitalisation, les ARH, est devenue l'échelon de référence. Il est clair qu'une caisse regroupant plusieurs départements de plusieurs régions doit faire partie de chaque URCAM dont elle relève. Par ailleurs, plusieurs AHR sont compétentes, ce qui est source de complexité.
La rédaction actuelle de l'article n'est donc pas satisfaisante. Elle aurait pour conséquence, si ces dispositions étaient appliquées à la lettre, d'interdire tous les regroupements de moyens de gestion opérés par les caisses départementales, à l'exemple des centres informatiques.
Il est également nécessaire que la caisse centrale puisse être consultée sur les opérations de fusion.
La commission des affaires sociales estime que l'Etat disposera de tous les moyens juridiques, après le vote du présent projet de loi, pour prévenir un regroupement de caisses départementales issues de deux ou de plusieurs régions. Mais elle constate que de tels regroupements ont déjà eu lieu.
Elle observe, de plus, qu'une interdiction a priori dans la loi aurait eu un effet néfaste sur la politique de regroupement des moyens de gestion. Il apparaît en effet essentiel que cet objectif ne soit pas plus entravé que les opérations de fusion.
Les opérations de mise en commun, notamment par le partage des équipes de direction, sont source d'économie, et le système de dérogation accordée par le ministre de l'agriculture est administrativement très lourd.
Pour l'ensemble de ces raisons, la commission des affaires sociales vous propose un amendement de suppression de cet article.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Compte tenu des arguments percutants développés par M. Leclerc, la commission émet un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est très embarrassé, notamment parce que le ministre est concerné directement par le projet de regroupement des caisses des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées, qui intéresse deux régions.
M. Hilaire Flandre. Un autre regroupement de caisses concerne trois régions !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Vous faites sans doute allusion à celui des caisses de l'Aisne, de la Marne et de la Meuse, qui concerne effectivement trois régions. C'est encore pire, si je puis dire !
Comme le disait excellement M. le rapporteur, les affiliations à des URCAM et à des ARH différentes posent nombre de problèmes.
La limitation à la circonscription de la région administrative a cependant pour objet non pas de protéger le ministre mais de répondre à une demande de la MSA, qui souhaite mettre un frein à ces fusions tous azimuts car elle ne pourra pas faire face à cette diversification des agences régionales qui risque de lui poser des problèmes de gestion insurmontables. Elle préfère donc que la règle soit la correspondance avec les régions administratives et que, dans des cas exceptionnels, des dérogations soient accordées par le ministre. Cela ne constitue pour elle qu'une soupape.
Encore une fois, je ne suis pas demandeur d'une telle disposition, qui répond à un souhait de la MSA.
M. Hilaire Flandre. Ce sont les caisses centrales qui le réclament !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Personnellement, je suis donc défavorable à la proposition de suppression de l'article 29 quinquies présentée par M. Leclerc.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 146, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 29 quinquies est supprimé.

Article 29 sexies



M. le président.
« Article 29 sexies . - I. - Le deuxième alinéa du III de l'article 1002-4 du code rural est complété par trois phrases ainsi rédigées :
« La convention d'objectifs et de gestion est signée, pour le compte de la caisse de mutualité sociale agricole, par le président du conseil central d'administration et par le directeur de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole. La mise en oeuvre de la convention d'objectifs et de gestion fait l'objet de contrats pluriannuels de gestion conclus entre la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole et chacune des caisses de mutualité sociale agricole. Les contrats pluriannuels de gestion sont signés pour chacun des deux organismes par le président du conseil d'administration et par le directeur. »
« II. - L'avant-dernier alinéa de l'article 1002-4 du code rural est ainsi rédigé :
« Elle est soumise aux dispositions applicables en matière de gestion administrative, comptable et financière aux caisses départementales et pluridépartementales de mutualité sociale agricole. »
« III. - L'article 1011 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Le ministre de l'agriculture est représenté auprès de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole par un commissaire du Gouvernement. Le commissaire du Gouvernement assiste aux séances de l'assemblée générale centrale ainsi qu'à celles du conseil central d'administration. »
Par amendement n° 147, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose, dans la première phrase du texte présenté par le I de cet article pour compléter le deuxième alinéa du III de l'article 1002-4 du code rural, après les mots : « pour le compte de la caisse », d'insérer le mot : « centrale ».
La parole est M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Il s'agit d'un amendement rédactionnel : il convient en effet de préciser que la caisse de mutualité sociale agricole concernée est bien la caisse centrale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 147, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 148, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose de supprimer le III de l'article 29 sexies .
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Le Gouvernement propose d'instituer un commissaire du Gouvernement auprès de la caisse centrale de mutualité sociale agricole.
Cette proposition appelle la plus grande attention. Le Gouvernement la justifie en rappelant les dérives constatées dans la gestion de la précédente équipe de la caisse centrale.
Avec cet amendement, j'ai encore l'espoir de vous convaincre, monsieur le ministre : le législateur, à notre sens, irait trop loin en instituant un commissaire du Gouvernement.
Tout d'abord, je citerai, comme vous l'avez fait, un extrait du dernier rapport public de la Cour des comptes : « Le contrôle de la Cour a donné lieu à des réactions rapides de la part de l'organisme et de sa tutelle. Le conseil d'administration a été suspendu et un administateur provisoire a été nommé avant même la publication du rapport de la Cour, à la suite de la communication par celle-ci des conclusions de son enquête aux autorités administratives ; les instances dirigeantes de la Caisse ont été renouvelées ; des plaintes ont été déposées davant la juridiction pénale contre certains dirigeants. Des mesures ont été prises pour corriger les errements critiqués par la Cour en matière de rémunération des agents de direction, de passation des marchés, de dépenses de fonctionnement et d'activités exercées par des organismes satellites. Le contrôle de l'Etat sur la gestion de l'organisme a été renforcé. »
La Cour se félicite des suites données à son rapport : elle n'a pas émis de recommandation visant à aller plus loin, notamment en instituant un commissaire du Gouvernement.
La commission des affaires sociales estime, quant à elle, que le Gouvernement dispose d'ores et déjà d'un nombre important d'outils de contrôle, qui correspondent aux pouvoirs de la tutelle. D'autres dispositions du présent projet de loi relatives au fonctionnement de la mutualité sociale agricole renforcent en outre les outils de cette tutelle, notamment aux articles 29 quater, 29 septies et 29 octies, que la commission n'a pas amendés.
La commission des affaires sociales constate encore que la nouvelle convention d'objectifs et de gestion est présentée comme le moyen d'assurer « un exercice plus stratégique de la tutelle ».
A cet égard, il est important de souligner la pratique des relations entre la caisse centrale et de la tutelle qui a été instituée depuis décembre 1997 : rencontre chaque année entre le ministre de l'agriculture et de la pêche et le bureau du conseil central d'administration ; rencontre annuelle entre le directeur des exploitations, de la politique sociale et de l'emploi du ministère de l'agriculture et le bureau du conseil central d'administration ; rencontre mensuelle entre le directeur des exploitations, de la politique sociale et de l'emploi du ministère de l'agriculture et le directeur général de la caisse centrale ; transmission préalable, huit jours auparavant, des ordres du jour et des dossiers préparatoires aux décisions du conseil central d'administration et du comité d'action sanitaire et sociale ; envoi d'un relevé des délibérations dans les vingt-quatre heures suivant la séance actant l'ensemble des décisions, avis et résolutions pris par le conseil ; envoi, enfin, d'un procès-verbal détaillé dans les vingt jours suivant le conseil.
Ces dispositions sont expressément inscrites dans la nouvelle convention d'objectifs et de gestion. A ce propos, monsieur le ministre, où en est la signature de cette convention, qui lui donnera force juridique ?
L'institution d'un commissaire du Gouvernement apparaît ainsi, dans le meilleur des cas, inutile.
Je tiens à faire remarquer au passage que la présence de commissaires de Gouvernement - le cas des entreprises publiques l'a, hélas ! montré - n'est d'ailleurs, en aucun cas, gage d'un meilleur contrôle. Certes, le Gouvernement est représenté par un commissaire dans un grand nombre d'autres régimes de sécurité sociale. Mais n'oublions pas que la situation juridique et historique de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole est bien différente !
Les caisses du régime général sont des établissements publics nationaux à caractère administratif, alors que la mutualité sociale agricole est née du mouvement mutualiste. Juridiquement, le statut de la caisse centrale n'est pas celui d'un établissement public national. Elle est soumise à l'article 1235 du code rural, qui se borne à renvoyer aux dispositions du titre premier du livre IV du code du travail, relatif aux syndicats professionnels.
Alors, monsieur le ministre, si l'on veut absolument instituer un commissaire du Gouvernement, il conviendrait, au préalable, de modifier le statut juridique de la mutualité sociale agricole !
Enfin, la commission des affaires sociales estime que le Gouvernement a sous-estimé l'effet psychologique de la mesure proposée, qui intervient plus d'un an et demi après le rapport de la Cour des comptes et qui tend à montrer du doigt l'actuelle équipe dirigeante, alors même que cette équipe a justement engagé le redressement de la caisse centrale.
J'insiste sur le fait que cette mesure aurait pour conséquences de fragiliser le régime agricole, de décrédibiliser la caisse centrale, ce qui irait à l'encontre du but visé.
Pour l'ensemble de ces raisons, la commission des affaires sociales vous propose un amendement de suppression du troisième paragraphe de l'article 29 sexies .
A la lumière de ce qui vient d'être dit, l'institution d'un conseil de surveillance - s'il reste souple et bien adapté - et les sous-amendements proposés par M. le rapporteur me paraissent aller dans le bon sens et constituer une bonne initiative.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission des affaires économiques est tout à fait favorable à l'amendement qui vient d'être présenté. M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Les choses doivent être clairement dites. Si un gouvernement a remis de l'ordre dans la MSA, c'est bien le nôtre ! Si certains ont toléré les erreurs et les manquements dévoilés par la Cour des comptes - les erreurs et les manquements précédents : je ne précise pas de date, parce que cela durait depuis longtemps - ce n'est pas notre cas.
Tout ce que vous avez décrit, le Gouvernement y a remédié. Je ne peux donc pas laisser dire que quelque responsabilité que ce soit pourrait peser sur ce gouvernement. Au contraire ! J'ai même dit tout à l'heure que la Cour des comptes, dans son rapport de 1998, avait non pas rendu hommage à notre action, mais s'était félicitée publiquement que son rapport ait eu des suites concrètes. Il faut que les choses soient claires entre nous en termes de responsabilités !
Par ailleurs, la nomination d'un commissaire du Gouvernement auprès de la MSA avait été suggérée par la Cour des comptes. Le Gouvernement ne fait donc que suivre ces propositions. Nous obtempérons, nous ne pouvons guère faire beaucoup mieux.
Reste un argument que je veux balayer d'un revers de la main, selon lequel prendre cette décision un an après le dépôt du rapport de la Cour des comptes apparaîtrait comme un désaveu de l'équipe actuelle de la MSA. Franchement, monsieur le rapporteur, permettez-moi de répéter les propos que, tout comme mon prédecesseur, j'ai tenus à de multiples reprises : l'équipe de Mme Gros accomplit un travail de remise en ordre exceptionnel et de grande qualité. Il n'est pas question, pour le Gouvernement et pour le Parlement, en prenant ce type de disposition, d'accomplir un acte de défiance à l'encontre de l'équipe actuelle de la MSA. Par ailleurs, un commissaire du Gouvernement n'est pas un juge a posteriori , une sorte de policier avec son sifflet qui sanctionne ! Il siégera au conseil d'administration de la caisse centrale et aura un rôle de conseil à l'instar des commissaires aux comptes qui interviennent lors des conseils d'administration des entreprises pour attirer l'attention des membres de ceux-ci sur tel ou tel point et les éclairer de leur savoir.
Il faut donc concevoir le rôle du commissaire du Gouvernement comme une aide au contrôle et à la gestion de la caisse centrale de la MSA dans le bon sens du terme.
J'ajoute, puisque vous m'avez interrogé sur ce point, monsieur le rapporteur, que la convention d'objectifs et de gestion est signée et qu'elle est en cours d'approbation.
Pour l'ensemble de ces raisons, je suis défavorable à l'amendement n° 148.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 148.
M. André Lejeune. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Lejeune.
M. André Lejeune. Compte tenu des errements qui ont été constatés dans le fonctionnement du conseil d'administration de la caisse centrale de la MSA, j'estime que, parlementaires, nous ne devons pas prendre la responsabilité de nous opposer à une recommandation de la Cour des comptes.
En conséquence, je voterai contre l'amendement présenté par la commission des affaires sociales.
M. Jean-Paul Emorine. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Emorine
M. Jean-Paul Emorine. Je voterai pour l'amendement n° 148.
M. le ministre répète sans cesse que nous avons des conceptions différentes : pour moi, le terme de « commissaire » me rappelle un système étatique et des références à certains pays et à d'autres époques. Peut-être conviendrait-il de retenir une autre appellation...
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Mes chers collègues, la présence de commissaires du Gouvernement au sein d'un certain nombre de structures n'est pas une novation ! Les compagnies d'aménagement du territoire, notamment, en comptent en leur sein et leur conseil d'administration n'en est pas pour autant « ficelé » !
La caisse centrale vient de vivre une période très difficle. Il me semble qu'en tant qu'élus de la République nous n'avons pas le droit de nous montrer laxistes envers quiconque qui a pour responsabilité de gérer qui une collectivité qui une structure, dont les fonds sont des fonds publics !
Certes, le BAPSA est pour 13 % abondé par des cotisations agricoles, mais le solde est financé par le budget de la nation. La République doit tout de même avoir un oeil sur cette maison pour contrôler ce qui s'y passe, surtout après ce que nous venons de vivre.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. M. Pastor a dit qu'il ne fallait pas être laxiste : la commission des affaires sociales ne fait pas preuve de laxisme en proposant de supprimer le paragraphe III. Elle estime simplement que le Gouvernement dispose des moyens suffisants pour exercer sa tutelle sur la caisse centrale de la MSA.
Pour ma part, après avoir écouté les uns et les autres, je crois qu'il est quand même dommage de fragiliser une institution qui, aujourd'hui, marche très bien. Je ne vois pas en quoi la présence d'un commissaire du Gouvernement apporterait quelque chose de plus alors que le texte dont nous discutons accroît encore, au-delà des conventions d'objectifs et de gestion, les moyens du Gouvernement pour exercer sa tutelle sur la MSA.
De grâce, ne donnons pas le sentiment de fragiliser cet organisme à un moment où certains aspects de la protection sociale sont remis en cause, tout au moins dans la forme.
Tel est l'esprit qui a présidé au dépôt de cet amendement. Loin de nous toute idée de laxisme, bien au contraire !
M. Xavier Darcos. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Darcos.
M. Xavier Darcos. Je ne suis nullement choqué par l'appellation : « commissaire du Gouvernement », qui n'a, à mes yeux, aucune connotation péjorative.
Je crois en effet que la Cour des comptes nous incite à favoriser le contrôle. Il nous semble que ce que nous proposons s'agissant du conseil de surveillance a moins un caractère vexatoire pour la caisse centrale que la création spécifique, pour cette seule caisse, d'un commissaire du Gouvernement, d'autant que, dans d'autres organismes comparables, il existe déjà des conseils de surveillance.
M. Hilaire Flandre. Au Crédit lyonnais !
M. Xavier Darcos. C'est là respecter l'orientation qui est souhaitée par tout un chacun, à savoir la nécessité d'un contrôle, sans prendre une mesure qui pourrait avoir un caractère vexatoire.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 148, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires économiques.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 68:

Nombre de votants 319
Nombre de suffrages exprimés 318
Majorité absolue des suffrages 160
Pour l'adoption 220
Contre 98

Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29 sexies , modifié.

(L'article 29 sexies est adopté.)

Article additionnel après l'article 29 quater (suite)



M. le président.
Nous en revenons à l'amendement n° 256 et aux sous-amendements n°s 597 et 602 qui ont été précédemment réservés.
Monsieur Darcos, acceptez-vous de rectifier votre amendement n° 256 ainsi que vous l'a suggéré tout à l'heure M. le rapporteur ?
M. Xavier Darcos. Dès lors que le commissaire du Gouvernement a disparu, le conseil de surveillance devient d'autant plus nécessaire. Je rectifie donc mon amendement dans le sens préconisé par la commission.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 256 rectifié, présenté par MM. Darcos, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braur, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, tendant à insérer après l'article 29 quater , un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est institué auprès de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole un conseil de surveillance composé des représentants du Parlement, des collectivités locales ainsi que d'un conseiller de la Cour des comptes et de personnalités qualifiées.
« Les membres du conseil de surveillance sont nommés pour une durée de cinq ans. Le conseil de surveillance élabore son règlement intérieur. Le Président du conseil de surveillance est un membre du Parlement, désigné d'un commun accord par les deux Assemblées. Le président de la caisse centrale ainsi que son directeur assistent avec voix délibérative à ses délibérations.
« Un représentant du ministre de l'agriculture assiste aux réunions.
« Le conseil de surveillance se réunit au moins deux fois par an pour examiner les conditions de fonctionnement administratif et financier des organismes de mutualité sociale agricole et de mise en oeuvre de la politique sociale agricole et de ses conventions d'objectifs.
« Son président remet au Parlement un rapport annuel. Il fixe l'ordre du jour du conseil de surveillance.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Dès lors, les sous-amendements n°s 597 et 602 n'ont plus d'objet.
Quel est l'avis du Gouvernement sur cet amendement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 206 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 quater.

Article 29 septies



M. le président.
« Art. 29 septies . - L'article 1023 du code rural est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est ainsi rédigé :
« En cas d'irrégularités graves, de mauvaise gestion ou de carence du conseil d'administration d'un organisme de mutualité sociale agricole, ce conseil peut, à l'expiration d'un délai déterminé, être suspendu ou dissous par un arrêté du ministre de l'agriculture qui nomme un administrateur provisoire. » ;
« 2° Le deuxième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Cette disposition est applicable, dans les conditions prévues par décret en Conseil d'Etat, en cas de non-paiement par un administrateur des cotisations dont il est redevable en application des articles 1031, 1062, 1106-6 et suivants et 1123 et suivants du présent code. » - (Adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures quarante, est reprise à vingt et une heures quarante-cinq, sous la présidence de M. Gérard Larcher.)

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi d'orientation agricole.

Article additionnel après l'article 29 septies
ou après l'article 29 octies



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 152 est présenté par M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° 434 est déposé par M. Barraux.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 29 septies , - ou après l'article 29 octies - un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le troisième alinéa (2°), il est inséré dans l'article 1060 du code rural un alinéa ainsi rédigé :
« ... Aux mandataires des sociétés ou caisses locales d'assurances mutuelles agricoles exerçant leur activité en qualité de non-salariés dans les conditions prévues aux articles R. 511-2-4° et R. 512-2 du code des assurances. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 152.
M. Dominique Leclerc, rappporteur pour avis. Cet amendement a pour objet de confirmer le rattachement au régime des non-salariés agricoles d'une personne qui exerce, en qualité de non-salarié, une activité unique ou accessoire de mandataire d'une caisse locale d'assurance mutuelle agricole.
Les secrétaires mandataires, échelon de base de l'organisation mutualiste Groupama, ont en charge l'animation de la caisse locale et la commercialisation de l'offre d'assurance.
Nombreux - on en compte environ 5 500 - et particulièrement actifs dans certaines régions, les secrétaires mandataires sont en général des agriculteurs ou des conjoints d'agriculteurs ayant ainsi un emploi complémentaire de leur activité de production agricole.
Leur affiliation à la mutualité sociale agricole, qui résulte de la pratique et d'une jurisprudence constante, serait susceptible d'une remise en cause. Il apparaît donc nécessaire de donner une base légale à leur affiliation au régime agricole.
Leur affiliation à un régime différent serait, en effet, source de complexité supplémentaire de gestion tant pour les assurés que pour les caisses régionales de Groupama qui seraient dès lors obligées d'opérer une distinction entre les secrétaires mandataires et les salariés relevant de la mutualité sociale agricole.
M. le président. L'amendement n° 434 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 152 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable également.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 152, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 septies .

Article 29 octies



M. le président.
« Article 29 octies . - L'article 1237 du code rural est ainsi modifié :
« 1° Le II est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les caisses de mutualité sociale agricole et leurs associations peuvent également conclure des conventions avec des tiers en vue de la gestion partielle d'une activité en relation directe ou complémentaire avec la mission de service public dont elles sont chargées. » ;
« 2° Le III est ainsi rédigé :
« III. - Lorsque la participation financière, directe ou indirecte, des caisses de mutualité sociale agricole et de leurs associations, mentionnées aux articles 1002 à 1002-4 du présent code, atteint ou dépasse la majorité des parts du capital social des unions d'économie sociale, groupements d'intérêt économique ou sociétés civiles immobilières auxquels elles sont autorisées à participer, les budgets et comptes annuels des unions d'économie sociale, groupements d'intérêt économique et sociétés civiles immobilières sont soumis à l'approbation de l'autorité compétente de l'Etat dans les mêmes conditions que celles prévues pour les caisses de mutualité sociale agricole. Ces dispositions sont également applicables aux unions et associations dont au moins la moitié des moyens de fonctionnement est financée, de manière directe ou indirecte, par les caisses de mutualité sociale agricole et leurs associations. » ;
« 3° Il est ajouté un IV ainsi rédigé :
« IV. - Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application des dispositions prévues aux I, II et III ci-dessus. » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 29 octies
ou après l'article 26 (suite)



M. le président.
Par amendement n° 373 rectifié, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 29 octies , un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 171-2, il est inséré dans le code de la sécurité sociale un article L. 171-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 171-3. I. - Les personnes qui exercent simultanément une activité non salariée agricole et une activité non salariée non agricole sont affiliées au seul régime de leur activité principale. Elles cotisent et s'acquittent des contributions sociales sur l'ensemble de leurs revenus selon les modalités en vigueur dans le régime de leur activité principale.
« L'activité principale est déterminée au regard du montant respectif des revenus professionnels retenus pour la détermination des assiettes telles que définies aux articles L. 136-3 et L. 136-4 ou, à défaut, au regard du montant respectif des recettes professionnelles prises en compte pour déterminer lesdits revenus.
« Par dérogation, les personnes affiliées simultanément au régime des non-salariés non agricoles et au régime des non-salariés agricoles lors de l'entrée en vigueur du présent article peuvent, sur leur demande et dès lors que l'ensemble de leurs revenus professionnels non salariés ne sont pas assujettis dans la même catégorie fiscale, continuer à être affiliées à chacun de ces deux régimes dans les conditions en vigueur avant la promulgation de la présente loi.
« Les conditions d'application du présent article sont fixées par décret.
« II. - L'article 69 de la loi n° 90-85 du 23 janvier 1990 complémentaire à la loi n° 88-1202 du 30 décembre 1988 relative à l'adaptation de l'exploitation agricole à son environnement économique et social et l'article 34 de la loi n° 93-121 du 27 janvier 1993 portant diverses mesures d'ordre social sont abrogés.»
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 598, présenté par M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, et tendant, dans le deuxième alinéa du texte proposé pour l'article L. 171-3 du code de la sécurité sociale, après les mots : « au regard », à insérer les mots : « du temps consacré à chaque activité et ».
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 373 rectifié.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Cet amendement vise à faire rattacher les personnes au régime de leur activité principale. C'est une mesure d'ordre général qui fait que, pour la détermination de l'activité principale, les revenus professionnels pris en compte sont ceux qui servent de base à l'assiette de la CSG ou, à défaut, les recettes professionnelles. Pour les non-salariés agricoles, la référence à un revenu théorique calculé forfaitairement par rapport à l'exploitation type est donc supprimée.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter le sous-amendement n° 598 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 373 rectifié.
M. Michel Souplet, rapporteur. Ce sous-amendement de précision permettrait à la commission, s'il était adopté, de donner un avis favorable sur l'amendement du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur le sous-amendement n° 598 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'amendement gouvernemental, je l'ai dit, introduit cette mesure de simplification pour les pluriactifs qui exercent deux activités non salariées et retient un critère simple et objectif pour affilier les pluriactifs à un seul régime.
Ce critère simple, c'est l'activité principale, qui est déterminée à partir d'une comparaison des revenus que les personnes tirent de leurs différentes activités. Le critère supplémentaire qui est proposé par M. le rapporteur, en l'occurence le temps de travail, introduirait une règle en pratique inapplicable et invérifiable pour des activités non salariées.
Un tel critère aboutirait immanquablement à rendre difficile la détermination de l'activité principale et irait par conséquent à l'encontre de la simplification que nous recherchons.
Le Gouvernement est donc défavorable au sous-amendement n° 598.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je regrette la position du Gouvernement parce que, justement, le fait d'avoir intégré un temps consacré à chaque activité permettait à la mutualité sociale agricole de sauver beaucoup de ses mandants, qui risquent autrement d'être évacués vers d'autres régimes.
La commission tient donc beaucoup à ce sous-amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 598, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 373 rectifié, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 octies .
Nous en revenons à l'amendement n° 417, précédemment réservé.
Par cet amendement, MM. Deneux et Machet proposent d'insérer, après l'article 26, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après les mots : "l'une de leurs activités", la fin du premier alinéa de l'article 34 de la loi n° 93-121 du 27 janvier 1993 portant diverses mesures d'ordre social est ainsi rédigée : "Dans ce but, les caisses doivent passer des conventions entre elles pour la couverture des différents risques dans un délai fixé par décret". »
L'amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 149, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer après l'article 29 octies , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A la fin de la troisième phrase de l'article 1002-2 du code rural, la référence : "l'article 1069 du code général des impôts" est remplacée par la référence : "l'article 1085 du code général des impôts".
« II. - Les pertes de recettes éventuelles résultant du I sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits de consommation visés à l'article 575 du code général des impôts. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Les caisses de mutualité sociale agricole, qui sont actuellement soumises à l'article 1065 du code général des impôts lors d'une opération de fusion, doivent s'acquitter, en raison du transfert de biens, de la taxe de publicité foncière alors que les caisses du régime général bénéficient d'une exonération totale.
Cette recette fiscale, il est vrai, est très limitée ; elle a été de l'ordre de 40 000 francs lors du regroupement des caisses du Tarn et de l'Aveyron.
Il est donc souhaitable, pour des raisons de simplification et pour ne pas pénaliser les caisses dans leur effort de regroupement, d'aligner sur ce point le régime fiscal de la mutualité sociale agricole sur le régime fiscal des caisses du régime général et d'adopter la référence unique de l'article 1089 du code général des impôts.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est favorable à cette harmonisation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable et le Gouvernement lève le gage.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 149 rectifié.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 149 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 octies.
Par amendement n° 475, MM. Le Cam, Fischer et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 1005 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. 1005. - Dans chaque canton, les électeurs des premier, deuxième et troisième collèges élisent neuf délégués cantonaux, à raison de quatre délégués pour le premier collège, de trois délégués pour le deuxième collège et de deux délégués pour le troisième collège.
« Toutefois, dans chaque collège, si le nombre des électeurs d'un ou plusieurs cantons est inférieur à cent, le représentant de l'Etat dans le département réunit, après consultation du Conseil d'administration de la mutualité agricole, deux ou plusieurs cantons pour former des circonscriptions électorales groupant au moins cent électeurs ou, à défaut, tous les électeurs du département. Dans ce cas, quelle que soit la circonscription électorale, le nombre de délégués cantonaux est égal au nombre de délégués éligibles dans un seul canton majoré d'une unité par canton supplémentaire regroupé.
« Les délégués cantonaux sont élus au scrutin de liste à la représentation proportionnelle suivant la règle du plus fort reste sans panachage, rature ou vote préférentiel. Les sièges sont attribués dans l'ordre de présentation des candidats.
« Les listes sont présentées par les organisations syndicales reconnues représentatives au plan national. Elles doivent comprendre au minimum un candidat et au plus le double du nombre de sièges à pourvoir. Il est pourvu aux vacances survenant dans les trois collèges dans l'ordre de présentation de la liste intéressée. »
« II. - Les articles 1006 et 1007 du code rural sont abrogés.
« III. - L'article 1018 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. 1018. - Les scrutins pour l'élection des délégués cantonaux des premier, deuxième et troisième collège ont lieu le même jour à une date fixée par arrêté du ministre de l'agriculture.
« Le vote a lieu dans les mairies des chefs-lieux de canton sous la présidence du maire ou de son délégué. L'électeur empêché de prendre part au scrutin peut voter par correspondance dans les conditions et limites fixées par le décret prévu à l'article 1023-2. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Dans le prolongement des articles que nous venons de voter tendant à renforcer le contrôle de l'Etat, le groupe communiste républicain et citoyen suggère de revoir en profondeur le scrutin électoral de la mutualité sociale agricole en soumettant à la Haute Assemblée quatre amendements, les amendements n°s 475, 476, 477 et 478, dont je vais exposer les objets.
Leur premier objet est la transparence.
Chacun a en mémoire les conclusions du rapport de la commission des comptes de 1997 concernant la caisse centrale de la mutualité sociale agricole.
Sans détailler le contenu de ce rapport, il est bon de rappeler qu'ont été mis en cause à la fois des problèmes de dysfonctionnement interne à la MSA, des opérations financières douteuses, notamment par le biais de certaines filiales et, enfin, l'intégrité de plusieurs cadres dirigeants, aussi bien en ce qui concerne les caisses départementales que le conseil central d'administration et son président.
Le projet de loi d'orientation agricole propose - nous nous en réjouissons - le renforcement du contrôle externe de l'Etat sur la MSA afin de sauvegarder le deuxième régime français de sécurité sociale, qui compte 4,5 millions d'affiliés pour un budget global d'environ 140 milliards de francs.
Si le contrôle externe de l'Etat est, certes, nécessaire, il n'en reste pas moins qu'il est insuffisant.
Logiquement, nous proposons de renforcer le contrôle interne de la mutualité sociale agricole par une meilleure représentation des organisations syndicales qui gèrent la MSA.
Or il ne peut exister de garantie de transparence sans l'instauration du pluralisme syndical à tous les niveaux du régime.
Notre deuxième objectif est donc la démocratisation du mode de scrutin.
Le système en vigueur, des élections à étage, et un scrutin majoritaire antidémocratique par nature, contribuent à l'opacité et à la paralysie de la gestion. A l'évidence, ce système de représentation a fortement contribué aux faits dénoncés par la Cour des comptes. Nous le savons tous, ce mode d'élection a été élaboré, pensé pour conforter le monopole d'une seule organisation syndicale, la FNSEA.
Ironiquement, je dirai que ce mode de scrutin est à l'image du scrutin sénatorial : il est échafaudé par et pour une certaine sensibilité syndicale ou politique, en évinçant, au fur et à mesure des échelons, les organisations non majoritaires.
Ce système est à ce point injuste que le Gouvernement lui-même avait, me semble-t-il, mis en place une commission chargée d'engager une concertation et d'élaborer des propositions.
Monsieur le ministre, pourquoi cette réforme a-t-elle été abandonnée ?
Votre connaissance de la situation de la caisse de la mutualité corse ne peut que vous convaincre de sortir ce projet du placard et de soutenir nos amendements.
Notre troisième objectif est la parité entre les salariés et les non-salariés.
La population agricole salariée, avec 800 000 personnes employées à temps plein ou partiel ou comme saisonniers, représente plus de la moitié de la population agricole globale. Or la loi n° 84-1 du 2 janvier 1984 ne lui accorde que huit représentants sur les vingt-trois élus au conseil d'administration d'une caisse départementale, douze représentants sur trente élus dans le cadre interdépartemental, huit représentants sur vingt-trois membres élus au conseil central de la MSA et, enfin, deux représentats sur six au sein de l'assemblée générale centrale.
Les amendements présentés par le groupe communiste républicain et citoyen respectent le principe d'égalité de représentation de deux catégories pour tous ces échelons, sans remettre en cause la répartition en trois collèges : les exploitants, les salariés et les employeurs.
Au niveau de l'élection des collèges, lors des dernières élections, près de 20 % des cantons n'avaient pas de liste - 5 % - ou une seule liste en présence - 15 %. Il doit désormais être possible de proposer un seul candidat afin que tous les cantons soient représentés. Nous limitons nos propositions à une élection de délégués cantonaux ; l'élection départementale serait peut-être préférable.
S'agissant des conseils d'administration départementaux, l'élection se déroule actuellement sur la base de la présence à l'assemblée générale des élus cantonaux. Nous proposons l'élection directe des administrateurs par les électeurs de la circonscription de la caisse concernée et la liste des candidats serait présentée par les organisations syndicales représentatives.
Chaque liste se verrait attribuer un nombre de sièges égal au pourcentage obtenu sur le département, les vingt-quatre élus étant répartis, pour moitié, entre salariés et non-salariés.
Enfin, le comité de protection sociale des non-salariés agricoles et, plus particulièrement, le comité de protection des salariés verraient leurs prérogatives renforcées.
Au niveau de l'assemblée générale, les délégués sont actuellement désignés par chacun des collèges à l'intérieur du conseil d'administration. Il en découle une surreprésentation des organisations les plus fortes, mais, paradoxalement, par le jeu des alliances, une organisation arrivée en tête peut parfois être absente. Par exemple, actuellement, s'agissant des salariés, la CGT, avec 12,5 % des voix, ne dispose que de douze sièges au sein du conseil central d'administration contre vingt-trois sièges à la CFDT, qui réalise un score pourtant plus faible de l'ordre de 5 %.
En outre, pour être candidat au conseil d'administration des caisses centrales, il faut aujourd'hui être élu délégué à l'assemblée générale de la caisse centrale. Cela ne permet pas à chacun des syndicats de présenter les candidats de son choix.
Notre proposition est à cet égard marquée par le souci de démocratie et de liberté de présentation des candidats, puisqu'il suffit d'être ressortissant du régime pour se présenter. Chaque organisation serait alors représentée au conseil d'administration de la caisse centrale à partir du résultat obtenu au niveau national.
En conclusion, ces amendements ayant été le fruit d'un long travail d'élaboration et de concertation avec plusieurs organisations de salariés et d'exploitants agricoles, je vous demande de leur réserver le sort qu'ils méritent : l'adoption.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Notre collègue M. Le Cam nous a expliqué que, pour arriver à ce résultat, il avait effectué un gros travail. Mais, franchement, pensez-vous qu'il est sérieux, à moins d'un an d'élections, de changer les systèmes électoraux ? On n'a même pas osé le faire pour les systèmes électoraux politiques ! Pourquoi le ferions-nous pour la mutualité ?
La commission est donc défavorable à cet amendement n° 475.
M. Guy Fischer. C'est ce qui s'appelle botter en touche !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je souhaite répondre aussi complètement que possible sur ces quatre amendements n°s 475, 476, 477 et 478 et, peut-être d'une manière préventive - il me le pardonnera - à l'amendement n° 573, qui va dans le même sens.
Ces amendements, qui portent tous sur le même sujet, tendent à modifier le conseil d'administration des caisses de la mutualité sociale agricole pour y renforcer la représentation des salariés, cela afin de tenir compte de l'évolution démographique de ces dernières années.
Même si ce n'est pas avec autant de force que M. le rapporteur, je dirai que ces amendements me paraissent intellectuellement recevables. Quand on réfléchit à la démocratie des élections à la MSA, on ne peut pas ne pas soulever ce genre de questions, questions que l'on nous pose d'ailleurs dans nos départements.
La proposition qui nous est soumise a pour conséquence de modifier l'organisation des élections des administrateurs qui, comme le remarquait le rapporteur, est prévue pour l'automne 1999. Le collège des salariés sera en effet amené à élire plus d'administrateurs qu'il n'en est prévu aujourd'hui.
Le Gouvernement ne souhaite pas modifier la règle du jeu à moins d'un an des élections ni reporter les élections des administrateurs de la MSA, compte tenu des délais de mise en oeuvre d'une telle réforme. Il faudrait, après la publication de la loi, attendre la sortie des décrets d'application.
En effet, la MSA est le seul régime de protection sociale dans lequel les consultations électorales se déroulent régulièrement tous les cinq ans, à terme échu, et il serait dommageable de rompre avec cette bonne habitude.
Ce serait d'autant plus dommageable que cette modification a également pour conséquence de modifier la répartition actuelle entre employeurs et salariés et qu'il n'existe pas aujourd'hui de consensus minimal entre les organisations professionnelles agricoles et de salariés sur une nouvelle distribution qui prendrait mieux en compte les évolutions démographiques récemment constatées.
Dans ces conditions, je formulerai trois propositions.
Premièrement, il paraît souhaitable de veiller à une meilleure expression du pluralisme au sein des représentants des agriculteurs et des employeurs de main-d'oeuvre du premier et du troisième collège en application des dispositions de l'article 1er bis que nous avons déjà examinées.
Deuxièmement, il convient de s'assurer d'une meilleure prise en compte de la représentation des salariés agricoles, à l'issue des élections prochaines, dans la répartition des responsabilités au sein des conseils d'administration des caisses départementales et de la caisse centrale. Je pense, par exemple, qu'il serait souhaitable que la première vice-présidence soit exercée par un administrateur du deuxième collège.
Troisièmement, nous souhaitons que les consultations déjà engagées par mon ministère avec l'ensemble des parties concernées se poursuivent après l'échéance de 1999, de telle sorte qu'un accord soit trouvé, bien avant les élections de 2004, afin de simplifier l'organisation de cette consultation électorale et de revoir, à l'instar de ce qui s'est déjà fait pour les caisses fusionnées, la représentation des trois collèges en fonction de l'évolution du poids respectif de chacun.
Les modifications législatives qui découleront de cet accord pourront être proposées dans le prochain projet de loi portant diverses mesures d'ordre social.
C'est pourquoi, monsieur le sénateur, je vous demande, prenant acte de cet engagement et de cette méthode de gouvernement qui impose, comme je vous l'ai expliqué, une concertation pour arriver à faire maturer cette évolution, de retirer votre amendement en attendant la reprise de ces consultations et l'examen de ce texte à l'occasion du DMOS à venir.
M. le président. Monsieur Le Cam, maintenez-vous l'amendement n° 475 ?
M. Gérard Le Cam. J'avais demandé un scrutin public... (Murmures ironiques sur les travées du groupe du Rassemblement pour la République.)
Je retire les amendements n°s 475, 476, 477 et 478.
M. le président. Les amendements n°s 475, 476, 477 et 478 sont retirés.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 476, MM. Le Cam, Fischer et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les cinq premiers alinéas de l'article 1009 du code rural sont ainsi rédigés :
« Le conseil d'administration d'une caisse départementale de mutualité sociale agricole, comprenant vingt-six membres, est composé comme suit :
« 1° vingt-quatre membres élus à la proportionnelle pour cinq ans, sur présentation de listes départementales présentées par les organisations syndicales reconnues représentatives, à raison de :
« a) huit administrateurs représentant le premier collège ;
« b) douze administrateurs représentant le deuxième collège ;
« c) quatre administrateurs représentant le troisième collège.
« II. - L'article 1009 du code rural est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Les comités ainsi formés disposent de la pleine autorité sur leur champ d'intervention dans le cadre des budgets concernés. »
Par amendement n° 573, M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 1009 du code rural est ainsi modifié :
« 1. Dans le premier alinéa, le nombre : "vingt-cinq" est remplacé par le nombre : "vingt-sept".
« 2. Dans le deuxième alinéa, le nombre : "vingt-trois" est remplacé par le nombre : "vingt-cinq".
« 3. Dans le quatrième alinéa (b), le nombre : "huit" est remplacé par le nombre : "dix". » L'amendement n° 476 vient d'être retiré.
La parole est à Mme Boyer, pour défendre l'amendement n° 573.
Mme Yolande Boyer. Comme M. le ministre vient de le dire, cet amendement va un peu dans le même sens puisqu'il concerne la représentation dans les conseils d'administration de la MSA, vise à tenir compte de l'évolution des populations dans le monde agricole et à représenter de façon plus importante les salariés.
La composition des conseils d'administration des caisses départementales ne prenant pas en compte l'évolution démographique, nous proposons un rééquilibrage entre les différents collèges.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Défavorable et je souhaite que notre collègue réponde à l'attente du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je souhaite, au nom de la méthode que je viens d'exposer au Sénat, le retrait de cet amendement n° 573.
M. le président. Madame Boyer, entendez-vous ce double appel ?
Mme Yolande Boyer. Oui, et nous retirons cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 573 est retiré.
Je suis à nouveau saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 372, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article 1010 du code rural est remplacé par cinq alinéas ainsi rédigés :
« Lorsque la circonscription des caisses de mutualité sociale agricole s'étend sur deux ou plusieurs départements, le conseil d'administration comprend :
« 1° Trente membres élus en nombre égal par les délégués cantonaux de chaque collège de chacun des départements réunis en assemblée générale de la caisse pluridépartementale, selon les modalités prévues à l'article 1009, pour cinq ans, à raison de : douze représentants du premier collège, douze représentants du deuxième collège et six représentants du troisième collège ;
« 2° Trois représentants des familles dont au moins un salarié et un non-salarié désignés conjointement par les unions départementales des associations familiales concernées sur proposition des associations familiales rurales.
« Siègent également, avec voix consultative, trois représentants du personnel de la caisse, désignés par le comité d'entreprise et pris en son sein, à raison de deux représentants des employés et assimilés et d'un représentant des cadres et assimilés.
« En ce qui concerne les caisses de mutualité sociale agricole d'Ile-de-France, de la Haute-Saône et du territoire de Belfort, les représentants des trois collèges pourront être élus dans les conditions prévues par l'article 1009. »
Par amendement n° 477, MM. Le Cam, Fischer et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La première phrase du premier alinéa de l'article 1010 du code rural est ainsi rédigée :
« Lorsque la circonscription des caisses de mutualité sociale agricole s'étend sur deux ou plusieurs départements, le conseil d'administration comprend : dix représentants du premier collège, quinze représentants du deuxième collège et cinq représentants du troisième collège élus dans les conditions prévues à l'article précédent ainsi que trois représentants des familles, dont au moins un salarié et un non-salarié désignés conjointement par les unions départementales des associations familiales concernées, sur proposition des associations familiales rurales.
« II. - L'article 1010 du code rural est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Les comités ainsi formés disposent de la pleine autorité sur leur champ d'intervention dans le cadre des budgets concernés. »
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 372.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le présent amendement modifie l'article 1010 du code rural en fixant la composition des conseils d'administration des caisses de mutualité sociale agricole dont la circonscription s'étend sur deux ou plusieurs départements. Il renvoie notamment aux conditions prévues par l'article 1009 pour les modes de scrutins dans chacun des collèges. Cependant, il préserve pour cette élection le fait départemental, en pérennisant le dispositif jusqu'alors prévu à l'occasion de la seule fusion des caisses de mutualité sociale agricole.
Une certaine souplesse doit cependant être apportée dans le cas de la caisse de mutualité sociale agricole d'Ile-de-France, où la parité ne peut être respectée en raison du nombre de départements constituant sa circonscription, ainsi qu'en ce qui concerne la caisse de mutualité sociale agricole de la Haute-Saône et du territoire de Belfort compte tenu de la trop grande disproportion démographique existant entre les deux départements.
Tel est l'objet de la dérogation prévue pour ces deux caisses au nouveau mode d'élection institué pour les caisses pluridépartementales, cas particulier que chacun comprend.
M. le président. Je rappelle que l'amendement n° 477 a été précédemment retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 372 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Les rapporteurs y sont favorables. (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 372, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 octies.
Par amendement n° 478, MM. Le Cam, Fischer et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les six premiers alinéas de l'article 1011 du code rural sont ainsi rédigés :
« L'assemblée générale de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole est constituée par des délégués de chacune des caisses de mutualité sociale agricole, à raison de deux délégués pour le premier collège, de trois délégués pour le deuxième collège et d'un délégué pour le troisième collège. Dans chacun des collèges, la désignation se fait sur la base des résultats obtenus par chaque liste et par ordre décroissant.
« Le conseil central d'administration de la mutualité sociale agricole comprend vingt-six membres. Les administrateurs sont élus à la proportionnelle, sur la base de listes présentées par les organisations syndicales reconnues représentatives. L'élection se fait à partir des résultats obtenus nationalement par chacune des listes. Le conseil central d'administration de la mutualité sociale agricole est composé comme suit :
« 1° Vingt-quatre membres élus à la proportionnelle pour cinq ans, à raison de :
« a) huit administrateurs représentant le premier collège ;
« b) douze administrateurs représentant le deuxième collège ;
« c) quatre administrateurs représentant le troisième collège. »
Je vous rappelle que cet amendement a été précédemment retiré.
Par amendement n° 474, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le paragraphe II de l'article 1143-1 du code rural est complété par les mots suivants : "à l'exception de tout agriculteur reconnu en difficulté".
« II. - Les droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts sont relevés à due concurrence. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. En vertu de l'article 1143-1, paragraphe II, du code rural, toute personne physique ou morale doit justifier qu'elle s'est acquittée de la totalité des cotisations légalement exigibles aux régimes de protection sociale agricole pour solliciter l'attribution de certains avantages économiques.
Ces différents avantages, énumérés à l'article 5 du décret n° 90-1025 du 16 novembre 1990, sont les suivants : subvention pour la restauration de l'habitat rural ; détaxe des carburants pour usages agricoles ; indemnités compensatoires des handicaps naturels permanents ; enfin, subventions destinées à favoriser l'équipement des exploitations en matière agricole dans les zones de montagne.
Par cet amendement, il est simplement proposé de rétablir ces droits économiques très ciblés aux agriculteurs qui connaissent des difficultés et qui sont officiellement reconnus comme tels.
Est-il normal, en effet, qu'un exploitant agricole qui se trouve dans une situation de précarité momentanée ou plus durable vis-à-vis du régime agricole soit une seconde fois sanctionné par la suppression de ces droits économiques ?
A défaut de rompre le cercle vicieux de l'exclusion, cette disposition permettrait d'en limiter les conséquences. De plus, cette mesure de justice sociale serait appréciée par les agriculteurs.
En outre, le coût financier de cette mesure me paraît tout à fait raisonnable. C'est pourquoi je souhaite vivement que le Sénat adopte cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission a examiné ce dossier avec beaucoup d'intérêt. Toutefois, il lui paraît difficile d'admettre que certains ne paient pas de cotisations. C'est pourquoi elle est défavorable à cet amendement.
Je précise que les caisses étudient déjà au cas par cas les dossiers délicats.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 474, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 150, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 29 octies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa de l'article 1149 du code rural est complété par une seconde phrase ainsi rédigée :
« En outre, l'indemnité forfaitaire prévue à l'article L. 454-1 du code de la sécurité sociale et recouvrée par un organisme de mutualité sociale agricole auprès d'un tiers responsable d'un accident, constitue une recette de gestion pour ledit organisme. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement tend à simplifier la procédure de gestion des caisses de mutualité sociale agricole en les autorisant à recouvrer directement à leur profit les indemnités forfaitaires mises à la charge des tiers responsables d'un accident du travail.
L'article L. 454-1 du code de la sécurité sociale prévoit que, en contrepartie des frais engagés pour obtenir le remboursement des prestations mises à sa charge du fait d'un accident du travail dont la victime est l'un de ses assurés sociaux et dont la responsabilité, entière ou partagée, incombe à un tiers, une caisse d'assurance maladie recouvre une indemnité forfaitaire à la charge du tiers et au profit du fonds national des accidents du travail qu'elle gère.
Cette indemnité est égale au tiers des sommes dont le remboursement a été obtenu, dans les limites d'un plafond - 5 000 francs - et d'un plancher - 500 francs.
Les conditions de recouvrement sont définies par les chapitres 3 et 4 du titre IV du livre II, qui ne sont applicables qu'au régime général.
Cet amendement a pour objet de rendre cohérent le code rural par rapport au code de la sécurité sociale en complétant l'article 1149 du code rural, qui rend l'article L. 454-1 du code de la sécurité sociale applicable dans le régime agricole, par un alinéa précisant une mesure d'application spécifique.
Les caisses de mutualité sociale agricole, à la différence de la CNAMTS et de la CANAM, disposent de la compétence générale de recouvrement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Il s'agit d'une simplification de gestion pour les caisses de la mutualité sociale agricole. La commission est donc favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 150, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 octies.
Par amendement n° 151, M. Leclerc, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 29 octies , un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 1240 du code rural, il est rétabli un article 1240-1 ainsi rédigé :
« Art. 1240-1. - Par dérogation aux dispositions de l'article L. 434-2 du code du travail, la présidence du comité d'entreprise d'un organisme de mutualité sociale agricole est assurée par le directeur de l'organisme. »
La parole est à M. Leclerc, rapporteur pour avis.
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis. Cet amendement tend à préciser que la présidence du comité d'entreprise d'un organisme de la mutualité sociale agricole est assurée par le directeur de l'organisme.
Il vise, lui aussi, à harmoniser le code rural avec les dispositions du code de la sécurité sociale.
En effet, l'article L. 217-7 du code de la sécurité sociale prévoit que la croissance des comités d'entreprise des organismes régionaux et locaux des caisses du régime général est assurée par le directeur. Cette disposition mérite d'être intégrée dans le code rural pour permettre au directeur d'un organisme de la mutualité sociale agricole d'assurer la présence du comité d'entreprise.
Cet article donnera ainsi une base légale à une pratique largement répandue bien que contraire à l'article L. 434-2 du code du travail qui prévoit que la présidence du comité d'entreprise est assurée par le président du conseil d'administration.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable également.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 151, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 octies.

TITRE II

EXPLOITATIONS ET PERSONNES (suite)
(précédemment réservé)

M. le président. Nous en revenons à l'intitulé du titre II, avant l'article 6, qui avait été précédemment réservé.
Par amendement n° 6, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit cet intitulé : « Entreprises et personnes ».
Cet amendement est assorti de deux sous-amendements.
Le sous-amendement n° 196 rectifié, présenté par MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, tend à insérer dans le texte proposé par l'amendement n° 6, après le mot : « entreprises », le mot : « agricoles ».
Le sous-amendement n° 601, présenté par MM. de Richemont, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, vise à insérer dans le texte de l'amendement n° 6, après le mot : « entreprises », le mot : « , fiscalité ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Michel Souplet, rapporteur. Cette modification d'intitulé peut paraître anodine. Or, ce n'est pas le cas ; elle nécessite une véritable explication.
Il s'agit de promouvoir la création et le développement d'entreprises agricoles qui contribuent au développement local.
L'exploitation familiale à responsabilité personnelle avait constitué le fil conducteur de la loi d'orientation de 1960. Le rapporteur que je suis souhaite que l'entreprise agricole soit celui du texte qui vous est proposé.
La substitution de la notion d'entreprise à celle d'exploitation traduit la volonté d'adapter le droit de l'exploitation agricole aux réalités économiques.
La législation est encore largement imprégnée d'une vision patrimoniale et « agrarienne » de l'agriculture qui ne permet plus de répondre aux exigences qu'imposent les règles économiques. Un chef d'entreprise doit pouvoir développer ses activités en fonction de l'évolution de la demande, sans subir les contraintes de réglementations qui relèvent d'un autre temps, quand la valeur d'une exploitation reposait principalement sur le foncier.
Néanmoins, je souhaite que cette entreprise agricole demeure à responsabilité personnelle et à taille humaine. Derrière cette référence, s'exprime le souhait de prendre en compte les réalités sociales. J'estime que, pour encourager l'installation, il faut valoriser les statuts des hommes et des femmes qui choisissent d'exercer les métiers de l'agriculture.
Une agriculture dirigée par des sociétés de capitaux dans lesquelles les exploitants ne seraient plus maîtres de leur outil de travail ne permettrait pas d'atteindre cet objectif.
Si le statut des baux ruraux, qui date de 1945-1946, prend en compte certains impératifs qui sont aujourd'hui ceux d'un droit de l'entreprise agricole, c'est au cours de la décennie des années quatre-vingt qu'a pris corps la nécessité d'une évolution du droit rural vers la prise en compte de l'entreprise agricole. Le rapport Gouzes a été le révélateur de cette nouvelle prise de conscience. Quatre innovations méritent, sous cet aspect, d'être notées : l'avènement d'un statut des conjoints d'exploitants agricoles, en 1980, la définition de l'activité agricole consacrée en 1988, l'extension des procédures commerciales de règlement judiciaire aux agriculteurs en difficulté, en 1984, et l'institution des formules d'EARL, exploitation agricole à responsabilité limitée.
La loi complémentaire agricole de 1990 met l'accent sur la nécessité de « doter l'exploitation agricole d'un cadre juridique, fiscal et social tenant compte des caractéristiques spécifiques de l'activité agricole et de la diversité des exploitations » et d'« adopter une économie d'entreprise », déclaration de principe d'ailleurs reprise dans la loi de modernisation de 1995.
On constate donc une évolution dans le sens de l'officialisation du concept d'entreprise agricole.
Le projet de loi soumis à votre examen ne poursuit pas cette tendance vers l'élaboration progressive d'un droit de l'entreprise agricole, alors qu'il serait nécessaire de progresser vers la définition des divers éléments qui peuvent servir à constituer cette entreprise : bail, contenu et valeur de l'entreprise, conditions de garanties, statut fiscal adapté, etc.
Ainsi, la consécration de la notion d'entreprise agricole devrait permettre de faire face au défi du renouvellement des générations et au risque de concentrations excessives pouvant conduire à l'approbation par des capitaux extérieurs ou à l'intégration par des entreprises d'amont et d'aval.
La principale caractéristique de l'exploitation agricole a toujours été le lien de la famille et de l'entreprise. L'exploitation agricole familiale a été, en effet, jusqu'à maintenant un modèle d'exploitation en France. Les liens entre l'exploitation agricole et la famille ont d'ailleurs imprégné profondément la vie sociale rurale.
Pour autant, l'exploitation agricole est avant tout autre chose une entité économique, entité qui n'est pas définie par le droit. L'examen du droit européen comme du droit français conduit à la même conclusion.
Ainsi, la Cour de justice des Communautés européennes a dû constater qu'il est impossible de dégager des dispositions du traité ou des règles du droit communautaire dérivé une notion uniforme d'exploitation.
En droit interne, le mot « exploitation » est utilisé à double sens.
Le législateur emploie le terme « exploitation » pour désigner une activité humaine. C'est le cas de l'article L. 412-5 du code rural, qui permet au preneur ayant préempté « de faire assurer l'exploitation du fonds » par un membre de sa famille, ou de l'article 23 de la loi du 4 juillet 1980, qui édicte des règles particulières en cas « d'exploitation » par chacun des époux d'un fonds agricole séparé.
Mais le même législateur emploie aussi ce terme pour désigner l'ensemble des biens affectés à l'exercice de l'activité agricole. C'est ainsi qu'il faut comprendre les dispositions organisant l'attribution préférentielle des exploitants agricoles ou celles qui instituent un contrôle de la structure des exploitations agricoles.
Quel que soit le sens dans lequel il a été utilisé, le terme « exploitation » est repris par toutes les branches du droit rural.
Pourtant, depuis les années soixante, un autre terme est apparu, celui d'« entreprise agricole » sans recevoir véritablement de consécration légale. Cette évolution du langage est le reflet d'une évolution économique et sociale.
Sans pour autant bannir de notre droit rural le terme « exploitation », la commission souhaite ouvrir la voie à une reconnaissance de la notion d'entreprise agricole.
M. le président. La parole est à M. César, pour défendre les sous-amendements n°s 196 rectifié et 601.
M. Gérard César. Nous avons voulu ajouter l'adjectif « agricole » à l'amendement de la commission. M. le rapporteur a d'ailleurs mentionné l'« entreprise agricole » à de nombreuses reprises et avec beaucoup de sagacité.
Nous avons, en outre, voulu faire figurer dans l'intitulé du titre II le mot « fiscalité ». Il est important de parler de l'« entreprise agricole », mais il faut également parler de sa fiscalité. Or le projet de loi ne prévoit rient à ce sujet.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 196 rectifié et 601 ?
M. Michel Souplet. rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 6 et sur les deux sous-amendements n°s 196 rectifié et 601 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. J'ai écouté avec beaucoup d'attention le long exposé des motifs de M. Souplet. Comme je me suis moi-même déjà longuement exprimé sur ce sujet, je me bornerai, pour gagner du temps, à indiquer que le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 6 ainsi qu'aux sous-amendements n°s 196 rectifié et 601.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 196 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 601, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 6, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du titre II est ainsi rédigé.

Chapitre Ier

L'exploitation agricole (suite)

M. le président. Nous en revenons à l'intitulé du chapitre Ier du titre II, qui avait été précédemment réservé.
Par amendement n° 7, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit cet intitulé : « L'entreprise agricole ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du chapitre Ier du titre II est ainsi rédigé.

TITRE III

ORGANISATION ÉCONOMIQUE

Chapitre Ier

Coopération agricole

M. le président. Par amendement n° 29, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger ainsi l'intitulé de ce chapitre : « Coopération agricole et organisation de la production ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet rapporteur. Il s'agit d'un amendement de précision.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du chapitre Ier du titre III est ainsi rédigé.

Article 30 A



M. le président.
« Art. 30 A. - I. - L'article L. 551-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 551-1 . - Dans une région déterminée, les sociétés coopératives agricoles et leurs unions, les sociétés d'intérêt collectif agricole, les syndicats agricoles autres que les syndicats à vocation générale régis par les dispositions du livre IV du code du travail, les associations entre producteurs agricoles régies par les dispositions de la loi du 1er juillet 1901, lorsqu'ils ont pour objet de maîtriser durablement la valorisation de leur production, de renforcer l'organisation commerciale des producteurs, d'organiser et de pérenniser la production sur un territoire déterminé, peuvent être reconnus par l'autorité administrative comme organisations de producteurs si :
« 1° Dans le cadre de leur compétence et de leurs pouvoirs légaux, ils édictent des règles destinées à :
« - adapter la production à la demande des marchés, en quantité et en qualité, en respectant des cahiers des charges et en établissant des relations contractuelles avec leurs partenaires de la filière ;
« - instaurer une transparence des transactions et régulariser les cours, notamment par la fixation éventuelle d'un prix de retrait ;
« - mettre en oeuvre la traçabilité ;
« - promouvoir des méthodes de production respectueuses de l'environnement ;
« 2° Ils couvrent un secteur ou des secteurs complémentaires de produits agricoles faisant ou pouvant faire l'objet d'un règlement communautaire d'organisation de marché dans le cadre de la politique agricole commune de la Communauté européenne, à moins qu'un décret ne décide d'appliquer le présent texte à d'autres secteurs de production ;
« 3° Ils justifient d'une activité économique suffisante au regard de la concentration des opérateurs sur les marchés. »
« II. - La première phrase du premier alinéa de l'article L. 551-2 du code rural est remplacée par deux phrases ainsi rédigées :
« Les producteurs organisés peuvent bénéficier de priorités dans l'attribution de l'aide que l'Etat peut apporter pour l'organisation de la production et des marchés, en conformité avec les règles communautaires. Les aides décidées sont modulées en fonction du degré d'organisation et des engagements des producteurs. »
« III. - Dans l'intitulé du titre V du chapitre Ier du titre V et du chapitre III du titre V du livre V du code rural et dans la seconde phrase du premier alinéa et dans le deuxième alinéa de l'article L. 551-2 du code rural, les mots : "groupements de producteurs" sont remplacés par les mots : "organisations de producteurs". Dans le deuxième alinéa de l'article L. 552-1 du code rural, les mots : "groupement de producteurs" sont remplacés par les mots : "organisation de producteurs". »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 259, MM. Debavelaere, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de compléter in fine cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... L'article L. 552-1 du code rural est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Les comités économiques agricoles contribuent à la mise en oeuvre des politiques économiques nationales et communautaires et peuvent être consultés sur les orientations de la politique de filière les concernant. »
Par amendement n° 493, M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter l'article 30 A par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... L'article L. 552-1 du code rural est complété par la phrase suivante : "Les comités économiques agricoles contribuent à la mise en oeuvre des politiques économiques nationales et communautaires, et peuvent être consultés sur les orientations et les mesures de politique de filière les concernant". »
La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 259.
M. Alain Vasselle. Les comités économiques jouent un rôle d'orientation non négligeable dans certains secteurs et certaines régions. Il convient donc de leur reconnaître la possibilité d'être consultés sur les orientations de la politique de filière les concernant.
Tel est l'objet de l'amendement que le groupe du RPR propose.
M. le président. La parole est à M. Godard, pour défendre l'amendement n° 493.
M. Serge Godard. Cet amendement tend à compléter l'article L. 552-1 du code rural, afin de modifier la loi du 8 août 1962.
L'article 30 A redéfinit la mission des groupements de producteurs, notion qui cède la place à celle d'organisation des producteurs.
La mission des comités économiques définie par la loi du 8 août 1962 doit être actuellement actualisée. Nous proposons donc de compléter ce nouvel article par un alinéa qui reprend une formulation de l'article 33 du projet de loi concernant les organisations interprofessionnelles. Sur ce point, en effet, les comités économiques doivent avoir les mêmes attributions que les comités interprofessionnels.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 259 et 493 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. L'article 30 A réforme les organisations de producteurs, c'est-à-dire ce qu'on appelle le premier étage de l'organisation économique, qui fait partie du champ d'application du projet de loi.
En revanche, les comités économiques font partie intégrante du deuxième étage, qui n'est absolument pas concerné par le projet de loi.
C'est la raison pour laquelle je demanderai aux signataires de ces deux amendements de bien vouloir les retirer, faute de quoi j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je serai moins sévère que M. le rapporteur à l'égard de ces deux amendements, qui vont dans le même sens, même s'ils ne sont pas exactement semblables.
L'amendement n° 493 étant un peu plus précis, j'aurai une petite préférence pour lui.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 259, repoussé par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 493 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 30 A, ainsi modifié.

(L'article 30 A est adopté.)

Article 30



M. le président.
« Art. 30. - L'article L. 522-1 du code rural est complété par un 6° ainsi rédigé :
« 6° Toute personne physique ou morale ayant la qualité d'agriculteur ou de forestier, ressortissant d'un Etat membre de la Communauté européenne et dont le domicile ou le siège est situé hors du territoire de la République française dans une zone contiguë à la circonscription de la société coopérative agricole. »
« II. - L'article L. 522-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 522-2 . - Peuvent être associés coopérateurs d'une union de sociétés coopératives, en sus des sociétés coopératives agricoles et de leurs unions, et des coopératives agricoles et de leurs unions constituées en vertu de la législation d'autres Etats membres de la Communauté européenne, dans la limite du cinquième des voix à l'assemblée générale, toutes autres personnes morales intéressées par l'activité de l'union. » - (Adopté.)

Article 30 bis



M. le président.
« Art. 30 bis . - L'acquisition de parts sociales dans la coopération agricole ouvre droit à déduction fiscale au titre des opérations d'investissement.
« La perte de recettes résultant éventuellement de l'application de cette disposition est compensée par le relèvement des tarifs du droit de consommation sur les tabacs prévu à l'article 575 du code général des impôts. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 553, le Gouvernement propose de supprimer cet article.
Par amendement n° 30, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit cet article :
« I. - Le troisième alinéa du I de l'article 72 D du code général des impôts est complété par la phrase suivante :
« Pour l'acquisition et pour la production de stocks de produits ou d'animaux dont le cycle de rotation est supérieur à un an ou pour la souscription de parts sociales de sociétés coopératives agricoles visées à l'article L. 521-1 du code rural, dans la limite des investissements nouveaux réalisés par elles, et dont elles peuvent justifier à la clôture de l'exercice et au prorata du capital souscrit par les coopérateurs dans le financement et cet investissement. »
« II. - La perte de recettes éventuelle résultant de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 553.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Lors de l'examen en première lecture du présent projet de loi, l'Assemblée nationale a adopté un amendement prévoyant le dépôt par le Gouvernement, avant le 1er octobre 1999, d'un rapport au Parlement portant sur l'adaptation de la fiscalité agricole, des charges sociales et de la transmission d'exploitation.
C'est dans ce cadre que seront examinées les propositions relatives à la fiscalité, y compris celles qui concernent l'application du mécanisme de la déduction pour investissement à l'acquisition de parts sociales dans la coopération agricole.
Voilà pourquoi je propose la suppression de cet article.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 30 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 553.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'amendement n° 30 tend, lui, à une autre rédaction de l'article n° 30 bis.
J'approuve le principe du dispositif de cet article. Cependant, pour être opérationnelle, l'extension de la déduction pour investissement à l'acquisition de parts sociales de coopératives doit être transcrite dans le code général des impôts. C'est l'objet de l'amendement n° 30.
Il va de soi que, dès lors, la commission est défavorable à l'amendement n° 553.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 30 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. De manière symétrique, le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 30.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 553.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Lors de la dernière réunion de la commission des affaires économiques, son président, M. François-Poncet, a proposé qu'elle se saisisse du dossier de la fiscalité agricole - sujet facile s'il en est ! - et il a été décidé de créer un groupe de travail à cet effet. Je tenais à en informer la Haute Assemblée.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 553, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 30 bis est ainsi rédigé.

Article 31



M. le président.
« Art. 31. - I. - L'article L. 524-6 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 524-6 . - Les coopératives agricoles établissent et publient chaque année à la diligence du conseil d'administration, du directoire ou de l'assemblée générale, selon leur mode d'administration, des comptes consolidés ainsi qu'un rapport sur la gestion du groupe dans les conditions prévues aux articles 357-3 à 357-10 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales, dès lors qu'elles contrôlent de manière exclusive ou conjointe une ou plusieurs entreprises ou qu'elles exercent une influence notable sur celles-ci dans les conditions définies par l'article 357-1 de ladite loi.
« A l'exception des coopératives agricoles qui font appel public à l'épargne, le 2° de l'article 357-2 de la loi précitée leur est applicable.
« Les comptes consolidés sont certifiés par deux commissaires aux comptes au moins dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l'article 228 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 précitée. Ceux-ci sont désignés conformément aux dispositions du troisième alinéa de l'article 27 de la loi n° 84-148 du 1er mars 1984 relative à la prévention et au règlement amiable des difficultés des entreprises. Lorsque les coopératives agricoles font appel public à l'épargne, un commissaire aux comptes au moins est choisi sur la liste mentionnée à l'article 219 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 précitée.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe en tant que de besoin les conditions particulières applicables à la consolidation des comptes des coopératives agricoles, compte tenu de leur statut propre. »
« II. - Les dispositions du I sont applicables à compter du premier exercice ouvert après la date de publication de la présente loi. »
Par amendement n° 393, M. Pastor, Mme Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de remplacer le troisième alinéa du texte présenté par le I de cet article pour l'article L. 524-6 du code rural par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les coopératives agricoles qui ne sont pas soumises à l'obligation de consolidation sont soumises aux dispositions visées ci-dessus si elles établissent des comptes consolidés.
« Dans tous les cas, les comptes consolidés sont certifiés par deux commissaires aux comptes au moins dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l'article 228 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 précitée. Un commissaire aux comptes au moins est choisi sur la liste mentionnée à l'article 219 de cette même loi. »
La parole est à M. Godard.
M. Serge Godard. Cet amendement vise à généraliser l'intervention des commissaires aux comptes, qui interviendraient non seulement lors du premier établissement des comptes et mais aussi lors de l'établissement des comptes consolidés, que celui-ci soit obligatoire ou sur option. Il s'agit de permettre une meilleure lisibilité des comptes de garantir une plus grande indépendance du contrôle, compte tenu de l'importance de ces comptes consolidés, tant vis-à-vis des associés que vis-à-vis des tiers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Actuellement, les fédérations de révision agréées exercent des mandats de commissariat aux comptes dans les coopératives agricoles, en vertu de l'article 27 de la loi n° 84-149 du 1er mars 1984.
L'article 31 du projet de loi d'orientation agricole institue une obligation de consolidation des comptes pour les groupes coopératifs qui atteignent les seuils prévus par la loi de 1966 et autorise les fédérations de révision à pratiquer ces opérations. Cette mesure, proposée par les pouvoirs publics, a reçu l'approbation de la confédération française des coopératives agricoles, et la rédaction actuelle, qui préserve le libre choix des coopératives, nous semble satisfaisante.
Deux arguments sont avancés pour habiliter les fédérations de révision à pratiquer la consolidation.
Le premier est un argument de forme. Ne pas inscrire cette possibilité dans le texte aboutirait à réserver la consolidation des comptes dans les groupes coopératifs agricoles aux seuls commissaires aux comptes inscrits.
En effet, le dernier alinéa de l'article 223 de cette même loi précise que la consolidation des comptes doit être certifiée par deux commissaires aux comptes inscrits sur la liste établie à cet effet. Une habilitation légale des fédérations de révision agréées pour exercer les missions de certification des comptes consolidés est donc nécessaire.
Le second argument est de fond. Les fédérations de révision ont acquis depuis trente ans, à travers leur expérience, une bonne connaissance des coopératives agricoles et des filières qu'elles ont mises en place.
La consolidation n'est qu'une mission complémentaire de celle qui est exercée au titre du commissariat aux comptes, les commissaires aux comptes de l'entreprise consolidante étant également ceux qui certifient la consolidation du groupe. Si les fédérations ne sont pas habilitées à certifier les comptes consolidés, elles seront écartées aussi de la certification des comptes sociaux, alors que telle n'a pas été la volonté du législateur en 1984, et que telle n'est pas non plus celle des pouvoirs publics et de la profession aujourd'hui.
C'est la raison pour laquelle la commission est défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Aujourd'hui, toutes les coopératives qui établissent des comptes consolidés doivent faire appel à un commissaire aux comptes. Le projet de loi ne maintient cette obligation que pour les coopératives faisant appel public à l'épargne.
Je comprends le souci des auteurs de cet amendement, qui craignent peut-être un recul par rapport à l'état actuel du droit.
Pour autant, je ne pense pas que cet amendement ait une très grande portée pratique. En effet, comme le disait M. le rapporteur, les groupes coopératifs alignent de plus en plus leur comportement sur les entreprises de droit commun.
Je pense que le plus sage serait de retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur Godard, maintenez-vous l'amendement ?
M. Serge Godard. Nous le retirons.
M. le président. L'amendement n° 393 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 31.

(L'article 31 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 31



M. le président.
Par amendement n° 421, MM. Amoudry, Hérisson et Deneux proposent d'insérer, après l'article 31, un article additionnel ainsi rédigé :
« Au début du troisième alinéa de l'article L. 525-1 du code rural, les mots : "Il peut" sont remplacés par les mots : "Il doit". »
La parole est à M. Amoudry.
M. Jean-Paul Amoudry. Dans la pratique, une coopérative ayant perdu toute activité économique ne subit aucun contrôle ni aucune obligation pour qu'il soit procédé à sa dissolution ou liquidation. L'autorité administrative ne dispose d'aucun pouvoir contraignant pour veiller à une telle régularisation juridique.
C'est ce que cet amendement tend à corriger en créant les conditions de la mise en place d'un contrôle, sous l'autorité du représentant de l'Etat dans le département, sanctionnant l'inactivité économique des coopératives agricoles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Selon les textes actuels, les coopératives agricoles sont d'ores et déjà soumises à un certain nombre de contrôles de l'autorité administrative et, en cas de violation manifeste des règles légales et statutaires, l'autorité de tutelle dispose de moyens pour imposer une régulation.
Il nous apparaît important que cette procédure soit préservée et que ne soit pas introduite, en la matière, une automaticité.
Sous le bénéfice de ces réserves, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Comme la commission, le Gouvernement est réservé sur cet amendement, ce qui l'incite à en demander le retrait.
En effet, la rédaction actuelle du code rural laisse à l'autorité administrative le soin d'apprécier les situations. L'amendement proposé, qui tend à encadrer la procédure de manière rigide, me semble receler des risques de contentieux qui devraient être réglés par le juge administratif.
A défaut du retrait de cet amendement, j'en demanderai le rejet.
M. le président. Monsieur Amoudry, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jean-Paul Amoudry. Oui, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 421, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 31.
Par amendement n° 422 rectifié, MM. Amoudry et Hérisson proposent d'insérer, après l'article 31, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le deuxième alinéa (a) de l'article L. 526-2 du code rural est ainsi rédigé :
« a) La fraction de cet actif net représentative des réserves indisponibles peut être attribuée avec l'assentiment de l'autorité administrative et avec celui des collectivités publiques ou des établissements publics donateurs, lorsque cette fraction a résulté de leurs libéralités, à d'autres coopératives agricoles ou unions de coopératives, après avis consultatif de la commission départementale d'orientation agricole, ou à des établissements ou oeuvres d'intérêt général agricole. »
« II. - Le même article est complété in fine par un alinéa nouveau ainsi rédigé :
« b) Un fonds coopératif départemental placé sous la tutelle du représentant de l'Etat dans le département est créé. Il recueille l'actif net sur le capital social excédent des coopératives dissoutes. La dévolution de ces capitaux ainsi regroupés est opérée par l'autorité administrative après avis consultatif de la commission départementale d'orientation agricole. »
La parole est à M. Amoudry.
M. Jean-Paul Amoudry. Cet amendement vise à redéfinir les conditions de la dévolution des actifs nets de coopératives agricoles en permettant leur réaffectation ou leur réinvestissement dans le secteur productif agricole.
La redistribution ainsi opérée serait de nature à contribuer au développement des structures coopératives les plus dynamiques, tout en préservant les intérêts des collectivités locales et autres organismes publics ayant contribué à l'acquisition des immobilisations faisant l'objet de la dévolution.
Le paragraphe II de cet amendement organise concrètement les conditions de la répartition de l'actif net des coopératives dissoutes à un échelon décentralisé à travers la création du fonds coopératif départemental.
Cela répond à un double objectif : un objectif économique de soutien au secteur coopératif et un objectif de solidarité entre les coopératives ayant cessé toute activité et celles qui perdurent.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Le régime actuel a fait ses preuves, et nous ne souhaitions pas vraiment le modifier.
Je sais bien que des coopératives ont, alors qu'elles étaient en activité, cédé leur outil industriel au secteur privé dans des conditions de transparence parfois douteuses. Mais je ne souhaite pas pour autant que l'on modifie par trop la règle actuelle.
La commission s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement, comme la commission, s'en remettra à la sagesse du Sénat. Mais permettez-moi de sourire ! Quand je pense que vous nous accusez de faire une agriculture sur-administrée ! (Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Hilaire Flandre. L'amendement n'émane pas de notre groupe !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 422 rectifié.
M. Gérard César. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Pour ma part, je voterai contre cet amendement.
J'ai occupé les fonctions de président de coopérative pendant vingt ans. Lorsqu'une coopérative est en difficulté - ce n'est pas le cas de la mienne, fort heureusement ! - et que sa dissolution est prononcée, les actifs qui n'ont pas pu être répartis entre ses sociétaires sont dévolus à une autre coopérative ou à l'union.
Je suis pour le maintien du dispositif actuel, qui a fait la preuve de son efficacité, comme l'a fort bien dit M. le rapporteur.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 422 rectifié, pour lequel la commission et le Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 32



M. le président.
« Art. 32. - Il est inséré, dans le code rural, un article L. 528-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 528-1 . - Le Conseil supérieur d'orientation de la coopération agricole assiste le ministre de l'agriculture dans l'orientation, le développement et la mise en oeuvre de la politique poursuivie en matière de coopération agricole, en vue notamment de concilier son adaptation aux évolutions économiques avec les préoccupations liées à l'aménagement du territoire.
« Il étudie les orientations qu'il juge souhaitable de donner à la politique économique du secteur coopératif, propose des moyens permettant de les mettre en oeuvre et concourt à la recherche des synergies entre les différents partenaires concernés.
« Il exerce un rôle permanent d'étude, de proposition et de conseil sur le plan juridique et fiscal. Il peut être consulté sur l'élaboration de la réglementation.
« Il est présidé par le ministre de l'agriculture. Sa composition et son fonctionnement sont précisés par décret. »
Par amendement n° 260, MM. Debavelaere, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Gérard Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après le premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 528-1 à insérer dans le code rural, un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Dans les secteurs où l'activité est partagée entre coopératives et industriels privés, ce conseil est associé dans ses travaux par des représentants de l'industrie de l'agro-alimentaire et de l'agrofourniture. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Il s'agit de permettre la représentation, au sein du Conseil supérieur d'orientation de la coopération agricole, de l'industrie agroalimentaire et de l'agrofourniture.
En effet, il est des cas où la coopération et l'industrie privée s'associent pour exercer certaines activités. Il nous paraît donc judicieux de prévoir que les industriels puissent faire entendre leur voix au sein de cet organisme.
Tel est l'objet de l'amendement n° 260.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission comprend très bien les préoccupations des auteurs de cet amendement, mais d'autres instances peuvent regrouper les industriels et les coopérateurs.
A notre sens, l'adoption d'un tel amendement conduirait à rendre inopérant le Conseil supérieur d'orientation de la coopération agricole. La commission souhaite donc son retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Il partage l'avis de la commission.
M. le président. Monsieur Vasselle, acceptez-vous de retirer votre amendement ?
M. Alain Vasselle. Je le maintiens, monsieur le président. J'espère des explications !
M. Hilaire Flandre. On ne comprend pas l'argumentation de M. le rapporteur !
M. le président. Je vais donc mettre aux voix l'amendement n° 260.
M. Marcel Deneux. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Je suis hostile à la rédaction de cet amendement.
En effet, j'avais fait écrire dans un rapport relatif au troisième Plan - ce n'est pas d'hier ! - qu'il existait non pas d'un côté des entreprises privées et de l'autre des coopératives, mais des entreprises, dont certaines ont le statut de coopérative. Coopération et industrie privée ne s'opposent pas, car les coopératives sont des industries privées et elles ne relèvent pas du droit public.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. le président. Si l'interprétation de l'article 32 qui vient d'être donnée par notre collègue Marcel Deneux correspond à celle du Gouvernement, je suis prêt à m'y rallier et à retirer l'amendement n° 260. Il suffirait que M. le ministre, par un hochement de tête, le confirme. (M. le ministre hoche ostensiblement la tête. - Sourires.)
Le Journal officiel prendra acte de votre acquiescement, monsieur le ministre, et c'est donc à cette interprétation que les juristes devront se conformer. Ainsi, l'association de l'industrie et de la coopération que nous prônons entrera dans les faits.
Je retire donc l'amendement n° 260.
M. le président. L'amendement n° 260 est retiré.
Par amendement n° 31, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans la seconde phrase du troisième alinéa du texte présenté par l'article 32 pour l'article L. 528-1 du code rural, de remplacer les mots : « peut être » par le mot : « est ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'article 32 tend à insérer dans le code rural un nouvel article L. 528-1 permettant de consacrer par la voie légistative la création du Conseil supérieur d'orientation de la coopération agricole.
La commission souhaite en outre préciser que la consultation de cet organisme n'est pas facultative.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'article 32 vise bien à ce que le Conseil supérieur d'orientation de la coopération agricole soit consulté. Dans la pratique, il le sera systématiquement pour les décisions de portée significative, mais il pourra ne pas l'être pour les décisions de moindre portée.
Je suis donc plutôt défavorable à l'amendement n° 31, mais je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 31, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 499, M. Joly propose de compléter le troisième alinéa du texte présenté par l'article 32 pour l'article L. 528-1 du code rural par la phrase suivante : « Dans les secteurs où l'activité est partagée entre coopérateurs et industriels privés, il entend les représentants de l'industrie agroalimentaire et de l'agrofourniture. »
Cet amendement est-il soutenu ? ...
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 32, modifié.

(L'article 32 est adopté.)

Chapitre Ier bis

Offices d'intervention

Article 32 bis



M. le président.
« Art. 32 bis . - I. - L'article L. 621-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 621-1 . - Afin d'atteindre les objectifs définis par le traité instituant la Communauté européenne et de contribuer à la garantie et à l'amélioration des revenus, à la réduction des inégalités, à l'emploi optimum des facteurs de production et à la régularisation des marchés dans l'intérêt des producteurs, des transformateurs, des négociants et des consommateurs, des offices d'intervention par produit ou groupe de produits peuvent être créés dans le secteur agricole et alimentaire par décret en Conseil d'Etat. »
« II. - L'article L. 621-3 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 621-3 . - En conformité avec les principes, les objectifs et les règles de la politique agricole commune, dans le cadre défini par le plan de la Nation, et en cohérence avec les recommandations émises par le Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire, les offices ont pour mission :
« 1° D'améliorer la connaissance et le fonctionnement des marchés de façon à assurer, en conformité avec les intérêts des consommateurs, une juste rémunération du travail des agriculteurs et des conditions normales d'activité aux différents opérateurs de la filière. A cette fin, les offices :
« - favorisent l'organisation des producteurs ainsi que l'organisation des relations entre les diverses professions de chaque filière ;
« - encouragent l'organisation de la mise en marché et participent à l'élaboration et à la mise en oeuvre des mesures relatives à l'amélioration des conditions de concurrence et à la protection et à l'information des consommateurs ;
« 2° De renforcer l'efficacité économique de la filière, notamment en contribuant à la mise en place d'une politique de qualité ;
« 3° D'appliquer les mesures communautaires. »
Par amendement n° 32, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose d'insérer dans le texte présenté par le paragraphe I de cet article pour l'article L. 621-1 du code rural, après les mots : « des négociants », les mots : « des commerçants ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Les missions assignées aux offices par l'article 32 bis du projet de loi sont plus étendues que ne le prévoit le droit actuellement en vigueur.
En effet, alors que l'article L. 621-1 du code rural évoque uniquement les objectifs définis par l'article 39 du traité du 27 mars 1957, le projet de loi assigne aux offices d'autres missions : ils doivent contribuer à la garantie et à l'amélioration des revenus, à la réduction des inégalités et à l'emploi de façon optimale des facteurs de production, et veiller à une bonne régulation des marchés, dans l'intérêt des producteurs, des négociants et des consommateurs.
Je vous propose, mes chers collègues, d'insérer dans cette dernière énumération, la catégorie professionnelle des commerçants. Ceux-ci participent, avec d'autres acteurs, à l'équilibre des marchés agricoles.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 32, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 261, MM. Debavelaere, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Gérard Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le deuxième alinéa du 1° du texte présenté par le paragraphe II de l'article 32 bis pour l'article L. 621-3 du code rural, après les mots : « favorisent l'organisation des producteurs », d'insérer les mots : « en s'appuyant, dans les régions et productions pour lesquelles ils existent, sur les comités économiques ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement vise à associer à l'organisation des producteurs les comités économiques existant dans certaines régions de production.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Cet amendement ne m'enthousiasme pas. En effet, si l'on veut préciser dans la loi que l'organisation des producteurs peut s'appuyer sur les comités économiques, il faut alors citer l'ensemble des acteurs de la filière. Pourquoi mentionner exclusivement les comités économiques ?
Je suis donc défavorable à l'amendement n° 261.
M. Alain Vasselle. Je retire mon amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 261 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 32 bis , modifié.

(L'article 32 bis est adopté.)

Chapitre II

Organisation interprofessionnelle

Article additionnel avant l'article 33



M. le président.
Par amendement n° 510, M. Huchon et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, avant l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le comité des fruits à cidre et des productions cidricoles est transformé en centre technique industriel régi par les dispositions de la loi n° 48-1228 du 22 juillet 1948 fixant le statut juridique des centres techniques industriels.
« Les règles fiscales posées à l'article 11 de cette loi s'appliquent à cette transformation.
« Le titre I du décret n° 55-576 du 20 mai 1955 relatif à l'assainissement du marché des fruits à cidre et à poiré et à la reconversion du verger cidricole est abrogé. »
La parole est à M. Huchon.
M. Jean Huchon. Le comité des fruits à cidre - le CFC - créé par le décret n° 55-576 du 20 mai 1955 est l'institut technique de la filière cidricole, dont la mission principale est de mettre en oeuvre des programmes d'expérimentation réalisés en vergers.
Le CFC ne dispose pas, toutefois, de véritables statuts pris en application de ce décret. Seules des règles de composition et de fonctionnement ont été fixées, par arrêté. C'est pourquoi les professionnels de la filière cidricole ont souhaité doter le CFC d'une plus grande sécurité juridique et préciser ses missions.
Il est apparu que le statut le mieux adapté à cette transformation était celui de centre technique industriel - CTI - pris en application de la loi du 22 juillet 1948.
Cependant, cette transformation se heurte à deux difficultés d'ordre juridique, qui tiennent à la fois à l'objet et à la nature du décret du 20 mai 1995.
La première difficulté résulte des dispositions combinées de l'article 2 et de l'article 11 relatifs à l'objet des CTI. En effet, l'article 2 de la loi du 22 juillet 1948 dispose que « les centres techniques industriels ont pour objet de promouvoir le progrès des techniques, de participer à l'amélioration du rendement et à la garantie de la qualité dans l'industrie », alors que l'article 1er du décret du 20 mai 1955 confie au comité des fruits à cidre « une mission d'organisation économique, de reconversion et de réduction du verger cidricole, d'orientation et d'assainissement de la production ».
Les deux organismes ont donc des objets distincts : l'activité de l'un se rapporte à l'organisation économique et à l'orientation de la production, tandis que l'autre se consacre à des activités de recherche. De fait, la transformation du CFC en CTI ne peut intervenir par un simple arrêté.
La seconde difficulté résulte de la nature du décret du 20 mai 1955 qui a créé le comité des fruits à cidre. Il s'agit d'un décret pris en Conseil d'Etat, mais aussi d'un décret pris en conseil des ministres de la IVe République en vertu d'une loi du 14 août 1954 dite « loi de pleins pouvoirs », qui conférait des pouvoirs spéciaux au gouvernement en matière économique, sociale et fiscale.
Ce décret ne peut être modifié par voie réglementaire, et l'insertion d'un article de loi est donc nécessaire. Celui-ci pourrait prévoir la transformation du CFC en CTI, en reprenant l'exonération fiscale prévue par l'article 11 de la loi du 22 juillet 1948. C'est pourquoi nous proposons l'introduction d'un article additionnel dans le projet de loi d'orientation agricole. M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. La proposition de M. Huchon me va droit au coeur. (Sourires.)
En effet, le statut du comité des fruits à cidre ne correspond effectivement plus aux missions actuelles de cet organisme. Les services du ministère ont essayé de le transformer par voie réglementaire, mais ils ont abouti à une impasse.
Je vous remercie donc, monsieur Huchon, de nous offrir une sortie législative honorable et j'émets un avis très favorable sur cet amendement. (Exclamations amusées.)
M. Charles Revet. C'est très bien que ce soit le Sénat qui le propose !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 510, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 33.

Article 33



M. le président.
« Art. 33. - Les articles L. 632-1 et L. 632-2 du code rural sont ainsi rédigés :
« Art. L. 632-1 . - I. - Les groupements constitués par les organisations professionnelles les plus représentatives de la production agricole ou sylvicole et, selon les cas, de la transformation, de la commercialisation et de la distribution, peuvent faire l'objet d'une reconnaissance en qualité d'organisations interprofessionnelles par l'autorité administrative compétente après avis du Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire, soit au niveau national, soit au niveau d'une zone de production, par produit ou groupe de produits déterminés s'ils visent, en particulier par la conclusion d'accords interprofessionnels, à la fois :
« - à définir et favoriser des démarches contractuelles entre leurs membres ;
« - à contribuer à la gestion des marchés, par une meilleure adaptation des produits aux plans quantitatif et qualitatif et par leur promotion ;
« - à renforcer la sécurité alimentaire, en particulier par la traçabilité des produits, dans l'intérêt des utilisateurs et des consommateurs et à gérer les signes d'identification de la qualité et de l'origine.
« Dans les mêmes conditions, pour le secteur de la pêche maritime et de l'aquaculture, les groupements constitués notamment par des associations ou des organisations de producteurs ou leurs unions, et, selon les cas, par les organisations professionnelles les plus représentatives de la transformation, de la commercialisation et de la distribution, peuvent faire l'objet d'une reconnaissance par l'autorité administrative compétente, après avis du Conseil supérieur d'orientation des politiques halieutique, aquacole et halio-alimentaire, soit au niveau national, soit au niveau d'une zone de production, par produit ou groupe de produits déterminés.
« II. - Il ne peut être reconnu qu'une organisation interprofessionnelle par produit ou groupe de produits. Lorsqu'une organisation interprofessionnelle nationale est reconnue, les organisations interprofessionnelles régionales constituent des comités de cette organisation interprofessionnelle nationale et sont représentés au sein de cette dernière.
« Toutefois, des organisations interprofessionnelles spécifiques peuvent également être reconnues pour des produits qui bénéficient d'une même appellation d'origine contrôlée, d'une même indication géographique protégée, d'un même label ou d'une même certification de conformité mentionnés au chapitre V du titre Ier du livre Ier du code de la consommation. Chaque fois qu'une organisation interprofessionnelle de portée générale existe pour les produits ou groupes de produits concernés, l'autorité administrative visée au premier alinéa du I recueille l'avis de l'organisation générale préalablement à sa décision sur la demande de reconnaissance et aucun accord soumis par l'interprofession spécifique ne peut être étendu par l'autorité administrative susvisée en l'absence de règles de coordination établies entre elle et l'organisation générale et notifiées à l'autorité administrative susvisée. Pour les vins d'appellation d'origine contrôlée, l'existence d'une interprofession de portée générale reconnue exclut la possibilité de reconnaître des organisations interprofessionnelles spécifiques.
« De même, une organisation interprofessionnelle spécifique à compétence nationale peut être reconnue pour les produits issus de l'agriculture biologique, et une organisation interprofessionnelle spécifique à compétence nationale pour les produits portant la dénomination « montagne ».
« Art. L. 632-2 . - I. - Seules peuvent être reconnues les organisations interprofessionnelles dont les statuts prévoient la désignation d'une instance de conciliation pour les litiges pouvant survenir à l'occasion de l'application des accords interprofessionnels ainsi que les modalités de cette conciliation, et disposent qu'en cas d'échec de celle-ci le litige est déféré à l'arbitrage. Les statuts doivent également désigner l'instance appelée à rendre l'arbitrage et en fixer les conditions.
« L'exécution de la sentence arbitrale et les recours portés contre cette sentence relèvent de la compétence des juridictions de l'ordre judiciaire.
« Les organisations interprofessionnelles reconnues peuvent être consultées sur les orientations et les mesures des politiques de filière les concernant.
« Elles contribuent à la mise en oeuvre des politiques économiques nationale et communautaire.
« Elles peuvent associer les organisations représentatives des consommateurs et des salariés des entreprises du secteur pour le bon exercice de leurs missions.
« Les conditions de reconnaissance et de retrait de reconnaissance des organisations interprofessionnelles sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« II. - Les accords conclus au sein d'une des interprofessions reconnues spécifiques à un produit sous signe officiel d'identification mentionnées au deuxième alinéa du II de l'article L. 632-1 et visant à adapter l'offre à la demande, ne peuvent pas comporter de restrictions de concurrence à l'exception de celles qui résultent :
« - d'une programmation prévisionnelle et coordonnée de la production en fonction des débouchés ;
« - d'un plan d'amélioration de la qualité des produits ayant pour conséquence directe une limitation du volume de production ;
« - d'une limitation des capacités de production ;
« - d'une restriction temporaire à l'accès des nouveaux opérateurs selon des critères objectifs et appliqués de manière non discriminatoire ;
« - de la fixation de prix de cession par les producteurs ou de prix de reprise des matières premières.
« Ces accords sont adoptés à l'unanimité des organisations professionnelles membres de l'interprofession conformément aux dispositions du premier alinéa de l'article L. 632-4. Les mesures qu'ils mettent en oeuvre sont au nombre des pratiques mentionnées au 1 de l'article 10 de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence.
« Les dispositions du présent paragraphe ne s'appliquent pas si l'une des parties à l'accord détient une position dominante sur le marché du produit concerné.
« Ces accords sont notifiés, dès leur conclusion et avant leur entrée en application, au ministre de l'agriculture, au ministre chargé de l'économie et au Conseil de la concurrence. Un avis mentionnant leur conclusion est publié au Bulletin officiel de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. »
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Monsieur le ministre, les ministres européens chargés de l'agriculture, réunis à Bruxelles le mardi 15 décembre dernier, n'ont pas accepté le projet de texte qui leur était présenté pour la réglementation des productions animales biologiques.
Si, sur de nombreux points, les négociations ont permis des avancées significatives dans la direction souhaitée par la France, s'agissant notamment de l'interdiction de l'utilisation des organismes génétiquement modifiés, de l'alimentation des animaux et de la limitation des traitements des animaux à l'aide de médicaments allopatiques de synthèse, il ne s'agit que d'une première étape.
D'autres points devront impérativement faire l'objet de discussions, afin de dégager des règles cohérentes avec l'approche de la France, fondée sur la défense et la promotion d'une agriculture réellement biologique.
Vous savez, monsieur le ministre, que l'ensemble des organisations professionnelles de l'agriculture biologique française se sont mobilisées contre le texte proposé, qui, selon elles, risque de favoriser l'apparition d'une agriculture biologique à deux vitesses.
J'aimerais connaître votre avis sur cette question précise, monsieur le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le rapporteur, il est vrai que la France est aujourd'hui l'un des rares Etats de l'Union européenne à disposer d'une véritable réglementation des produits de l'agriculture biologique, et ce avec un niveau élevé d'exigence, fondé sur une conception aussi rigoureuse que possible de l'agriculture biologique.
Je suis convaincu que seul le respect de ces principes peut permettre un développement durable de ce mode de production. J'ai donc fermement défendu, lors du dernier conseil des ministres de l'Union européenne, les productions développées à l'échelon français, et ce en étroite concertation avec la profession.
Le conseil agricole a adopté des éléments d'orientation, sur la base desquels les discussions devront être poursuivies sous la prochaine présidence allemande, au cours du premier semestre de 1999.
Comme vous l'avez rappelé, monsieur le rapporteur, sa position reste sur de nombreux points encore trop éloignée de l'approche française de la production biologique, bien que les négociations aient permis des avancées significatives dans le sens souhaité par la France. Je considère qu'il s'agit d'une première étape dans le processus de négociation. Cela étant, je suis très étonné de constater que certains pays - mon regard se tourne vers le nord de l'Europe - qui, parfois, se comportent un peu comme des donneurs de leçons de morale en termes de qualité, de précautions et de santé publique, font en revanche preuve, en matière d'agriculture biologique et de normes, d'un laxisme assez ahurissant à certains égards.
Je tiens à indiquer au Sénat que je suis déterminé à m'en tenir, lors des prochaines discussions, à la même logique de rigueur et de fermeté, afin de parvenir à un texte communautaire qui soit cohérent avec notre vision de l'agriculture biologique et avec nos ambitions pour ce mode de production. Il s'agit de maintenir la confiance des consommateurs et la crédibilité des produits issus de l'agriculture biologique.

ARTICLE L. 632-1 DU CODE RURAL

M. le président. Sur le texte proposé pour cet article par l'article 33, je suis d'abord saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 394 est présenté par M. Pastor, Mme Yolande Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés.
L'amendement n° 479 est déposé par M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent, dans le premier alinéa du paragraphe I du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural, après les mots : « les organisations professionnelles », à supprimer les mots : « les plus. »
La parole est à M. Plancade, pour défendre l'amendement n° 394.
M. Jean-Pierre Plancade. Nous pensons que le texte qui nous est soumis est un peu trop restrictif. C'est pourquoi nous avons proposé cette modification de sa rédaction.
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour présenter l'amendement n° 479.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement me paraît tout à fait explicite. Il s'agit de favoriser l'expression du pluralisme syndical au sein des organisations interprofessionnelles.
Les organisations interprofessionnelles seront probablement amenées à jouer un rôle plus important encore qu'aujourd'hui dans la politique agricole. Aussi, il est souhaitable que l'ensemble des organisations syndicales puisse avoir accès aux comités interprofessionnels pour assurer la crédibilité des décisions prises et la pérennité de leur fonctionnement.
La rédaction actuelle de l'article 33 peut laisser entendre que les interprofessions auraient à défendre des intérêts corporatistes, alors qu'il faudrait démocratiser ce système pour renforcer l'organisation des marchés.
A cette fin, nous vous proposons d'adopter cet amendement de bon sens démocratique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 394 et 479 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Le bon sens démocratique veut que les minorités soient représentées dès lors qu'elles sont représentatives. La commission a déterminé une stratégie de représentativité qu'elle a inscrite dans les textes qu'elle propose.
Rien de telle qu'une profusion de représentants professionnels de multiples organismes syndicaux pour paralyser le système. Nous avons défini des barrières. Aussi, la commission émet-elle un avis défavorable sur cette disposition.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je comprends bien la préoccupation des auteurs de ces amendements et je la partage. Mais je crains que le moyen choisi ne soit pas approprié et même qu'il ne se retourne contre l'objectif qu'ils cherchent à atteindre. La rédaction actuelle du code rural relative aux interprofessions reconnues, que le projet de loi ne modifie pas, ne fait pas obstacle à l'introduction du pluralisme. Seul l'usage qui en a été fait est à incriminer.
En revanche, l'adoption de cette mesure fragiliserait le dispositif car, en pratique, il ôterait à l'autorité administrative le pouvoir d'apprécier si les conditions de la reconnaissance sont bien remplies. C'est ainsi que toute organisation reconnue représentative par les tribunaux - et la jurisprudence est plutôt libérale - pourrait contester la validité de la reconnaissance de toutes les interprofessions dont elle ne serait pas partie prenante. Nous ne pouvons pas nous exposer à un tel risque.
Il est donc nécessaire de maintenir les termes en vigueur, et peut-être d'essayer d'en faire un meilleur usage.
Sous le bénéfice de ces explications, je demande aux auteurs de ces amendements de bien vouloir les retirer, ce qui, à mon avis, serait plus sage.
M. le président. Monsieur Plancade, l'amendement n° 394 est-il maintenu ?
M. Jean-Pierre Plancade. Non, monsieur le président, nous le retirons.
M. le président. L'amendement n° 394 est retiré.
Monsieur Le Cam, l'amendement n° 479 est-il maintenu ?
M. Gérard Le Cam. Oui, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 479, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 263, MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de rédiger comme suit le quatrième alinéa du I du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural.
« - à proposer au ministère de l'agriculture des dispositions de nature à renforcer la sécurité alimentaire, en particulier par la traçabilité des produits, dans l'intérêt des utilisateurs et des consommateurs et à gérer les régimes d'identification de la qualité et de l'origine. »
Par amendement n° 33, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le quatrième alinéa du I du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural, après les mots : « gérer les », d'insérer les mots : « produits bénéficiant de ».
La parole est à M. César, pour défendre l'amendement n° 263.
M. Gérard César. L'adoption directe par les interprofessions agricoles, et plus particulièrement par les interprofessions régionales, de mesures réglementaires de nature à renforcer la sécurité alimentaire ne peut aboutir qu'à une très grande disparité, variable d'une région à l'autre, dans le choix de ces mesures, source de cloisonnement des marchés et d'entraves non tarifaires à la circulation des produits.
Dans ces conditions, il est préférable d'accorder des pouvoirs de propositions dans ce domaine aux interprofessions agricoles en laissant à l'autorité compétente en la matière, c'est-à-dire au ministère de l'agriculture, le soin de retenir celles qui sont susceptibles de permettre des pratiques efficaces et harmonisées.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 33 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 263.
M. Michel Souplet, rapporteur. Par l'amendement n° 33, la commission souhaite renforcer l'article 33.
Compte tenu de l'insertion qu'elle propose, l'amendement n° 263 est en partie satisfait. De plus, il ne semble pas excellent de préciser ce que l'interprofession propose au ministère de l'agriculture. Enfin, nous examinerons tout à l'heure un amendement relatif à la traçabilité des produits, qui satisfera aussi cet amendement. Par conséquent, je demande aux auteurs de l'amendement n° 263 de bien vouloir le retirer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 263 et 33.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 33. En revanche, il est défavorable à l'amendement n° 263. J'ai l'impression, monsieur César, que les dispositions que vous proposez vont à l'encontre de votre souhait. En effet, si vous indiquez que l'interprofession « propose au ministère de l'agriculture des dispositions de nature à renforcer... », cela signifie qu'elle se contente de les proposer et qu'elle ne peut pas les mettre en oeuvre elle-même. Or je pense que l'interprofession peut mener des actions et qu'elle ne doit pas simplement se contenter de les proposer. Par conséquent, j'irai plutôt dans le sens de M. le rapporteur.
M. le président. Monsieur César, l'amendement n° 263 est-il maintenu ?
M. Gérard César. Non, monsieur le président, je le retire, dans la mesure où il est satisfait en partie par l'amendement n° 33 de la commission et par l'amendement que nous examinerons tout à l'heure.
M. le président. L'amendement n° 263 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 334 est présenté par MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du RPR.
L'amendement n° 579 est déposé par MM. Mathieu, Emorine et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Tous deux tendent, après l'avant-dernier alinéa du I du texte proposé par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural, à insérer un alinéa ainsi rédigé :
« - à contribuer et favoriser le maintien du potentiel économique de leurs membres. »
Par amendement n° 541, M. Deneux propose, après l'avant-dernier alinéa du I du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« - à contribuer au maintien du potentiel économique de leurs membres. »
La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 334.
M. Alain Vasselle. L'un des rôles de l'interprofession est de réguler le marché. De ce point de vue, la maîtrise des conséquences des aléas climatiques est essentielle. L'interprofession doit pouvoir jouer un rôle capital vis-à-vis des entreprises afin de maintenir leur potentiel économique.
Au cours des campagnes précédentes, gel et grêle ont causé de très graves dégâts dans certaines régions. Ces importants dégâts occasionnent pour les producteurs de très graves difficultés financières, ainsi qu'une perte de leurs capacités d'investissements, en particulier pour les investissements de nature qualitative.
Compte tenu de ces aléas climatiques, le producteur doit faire face aux contraintes suivantes : le gel est un risque non assurable ; la procédure des calamités agricoles est lourde et souvent mal adaptée aux spécificités de la viticulture ; l'assurance contre la grêle est très onéreuse et n'est pas généralisée.
Afin de remédier à cette carence, les interprofessions agricoles et notamment viticoles doivent avoir les moyens juridiques de souscrire un contrat collectif d'assurance contre les aléas climatiques, en particulier le gel et la grêle, qui couvre les coûts de production pour les volumes effectivement perdus par l'exploitation. Le financement pourrait être assuré par le biais de la cotisation interprofessionnelle.
En conséquence, il nous semble impératif que ce dispositif soit intégré dans les prérogatives dévolues aux interprofessions.
Cet amendement présente en outre un double avantage pour les pouvoirs publics. D'une part, il devrait tendre à la diminution de la tension sociale qui suit tout sinistre important, et nous avons tous vécu cette situation. D'autre part, il se traduirait par une exonération de toute sollicitation financière.
Compte tenu de ces arguments, M. le ministre, comme M. le rapporteur, devrait manifester un certain enthousiasme.
M. le président. La parole est à M. Emorine, pour présenter l'amendement n° 579.
M. Jean-Paul Emorine. Je n'ai rien à ajouter aux propos de M. Vasselle.
M. le président. La parole est à M. Deneux, pour présenter l'amendement n° 541.
M. Marcel Deneux. Les arguments sont les mêmes que ceux qui ont été développés pour les deux amendements précédents. J'ajouterai simplement que cela ouvre la voie de l'assurance récolte, sur laquelle nous devrons réfléchir dans les prochains jours.
M. Gérard César. Nous avons déposé un amendement sur ce point, mon cher collègue !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 334, 579 et 541 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission émet un avis favorable sur les trois amendements.
M. Alain Vasselle. Merci, monsieur le rapporteur !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Puisque M. Vasselle en appelle à mon enthousiasme, je n'exprimerai pas de réticence. (Sourires.) Ces propositions sont intéressantes. Aussi, je m'en remets volontiers à la sagesse du Sénat.
M. Alain Vasselle. Merci, monsieur le ministre !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 334 et 579, acceptés par la commission et pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Monsieur Deneux, l'amendement n° 541 est-il maintenu ?
M. Marcel Deneux. Non, monsieur le président, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 541 est retiré.
Je suis saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 599, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le II du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural :
« II. - Il ne peut être reconnu qu'une organisation interprofessionnelle par produit ou groupe de produits. Lorsqu'une organisation interprofessionnelle nationale est reconnue, les organisations interprofessionnelles régionales constituent des comités de cette organisation interprofessionnelle nationale et sont représentés au sein de cette dernière.
« Toutefois des organisations interprofessionnelles spécifiques peuvent également être reconnues pour un produit d'appellation d'origine contrôlée ou un groupe de produits d'appellation d'origine contrôlée, et pour des produits qui bénéficient d'une même appellation d'origine contrôlée, d'une même indication géographique protégée, d'un même label ou d'une même certification de conformité mentionnés au chapitre V du titre Ier du livre Ier du code de la consommation. Des sections consacrées aux produits issus de l'agriculture biologique ou aux produits portant la dénomination "montagne" peuvent également être créées au sein des organisations interprofessionnelles de portée générale. Une organisation interprofessionnelle spécifique à compétence nationale peut être reconnue pour les produits issus de l'agriculture biologique et une organisation interprofessionnelle spécifique à compétence nationale pour les produits portant la dénomination « montagne ». Chaque fois qu'une organisation interprofessionnelle de portée générale existe pour les produits ou groupes de produits concernés, l'autorité administrative visée au premier alinéa du I recueille l'avis de l'organisation générale préalablement à sa décision sur la demande de reconnaissance et aucun accord soumis par l'interprofession spécifique ne peut être étendu par l'autorité administrative susvisée en l'absence de règles de coordination établies entre elle et l'organisation générale et notifiées à l'autorité administrative susvisée. Pour les vins d'appellation d'origine contrôlée, l'existence d'une inteprofession de portée générale reconnue exclut la possibilité de reconnaître des organisations interprofessionnelles spécifiques. »
Cet amendement est assorti de deux sous-amendements.
Le sous-amendement n° 607, présenté par le Gouvernement, tend, dans la première phrase du second alinéa du texte proposé par l'amendement n° 599 pour le II de l'article L. 632-1 du code rural, à supprimer les mots : « d'une même appellation d'origine contrôlée, ».
Le sous-amendement n° 356 rectifié, déposé par M. Humbert et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, vise, après la troisième phrase du deuxième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 599 pour le II de l'article L. 632-1 du code rural, à insérer une phrase ainsi rédigée : « Les accords adoptés par l'organisation interprofessionnelle spécifique à compétence nationale pour les produits issus de l'agriculture biologique ou par l'organisation professionnelle spécifique à compétence nationale pour les produits portant la dénomination "montagne" ne peuvent en aucun cas déroger aux accords adoptés par l'organisation ou les organisations interprofessionnelles concernées. »
Les trois amendements suivants sont présentés par MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 265 a pour objet de supprimer, après les mots : « indication géographique protégée », la fin de la première phrase du deuxième alinéa du II du texte proposé par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural.
L'amendement n° 266 tend à rédiger comme suit la deuxième phrase du deuxième alinéa du II du texte proposé par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural : « Chaque fois qu'une organisation interprofessionnelle de portée générale existe pour les produits ou groupes de produits concernés, le ministère de l'agriculture recueille l'avis de l'organisation générale, préalablement à sa décision sur la demande de reconnaissance et aucun accord soumis par l'interprofession spécifique ne peut être étendu par le ministère de l'agriculture sans l'accord de l'organisation générale. »
L'amendement n° 267 vise à supprimer le dernier alinéa du II du texte proposé par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural.
Par amendement n° 423, MM. Amoudry, Hérisson, Faure, Jarlier, Lesbros, Deneux et Mme Bardou proposent de compléter le dernier alinéa du II du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural par la phrase suivante : « Les accords adoptés par l'organisation interprofessionnelle à compétence nationale pour les produits issus de l'agriculture biologique ou par l'organisation professionnelle spécifique à compétence nationale pour les produits portant la dénomination "montagne" ne peuvent en aucun cas déroger aux accords adoptés par l'organisation ou les organisations interprofessionnelles concernées. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 599.
M. Michel Souplet, rapporteur. La reconnaissance d'une interprofession spécifique autour de plusieurs AOC, telle qu'une interprofession regroupant les produits cidricoles ou de l'oléiculture sous AOC, doit également être visée dans cet article, à l'image des interprofessions déjà reconnues dans le secteur viticole ou pour certains fromages AOC.
L'article 33 du projet de loi consacre la notion d'organisation interprofessionnelle spécifique : elle est qualifiée ainsi car elle concerne trois types de produits.
D'abord, ceux qui bénéficient d'une même appellation d'origine contrôlée, d'une même indication géographique protégée, d'un même label ou d'un même certificat de conformité. Soulignons que la possibilité pour une interprofession de gérer l'ensemble des produits sous le signe IGP est une mesure de cohérence avec la promotion de l'indication géographique protégée consacrée au titre IV du présent projet de loi. J'aborderai l'examen de cette disposition lors de la présentation de l'article 39.
Ensuite, les produits qui sont issus de l'agriculture biologique.
Enfin, ceux qui portent la dénomination « montagne ».
La commission a analysé longuement le dispositif relatif à la reconnaissance d'une interprofession « agriculture biologique » et « montagne ». En effet, la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale soulève deux difficultés.
La première tient à l'ambiguïté de la rédaction du dernier alinéa du II, qui pourrait conduire à ne pas soumettre l'interprofession nationale spécifique bio aux mêmes conditions de coordination avec les interprofessions générales.
La seconde tient au risque d'isoler l'interprofession bio et montagne, qui aura une compétence nationale, des autres interprofessions.
Face à ces problèmes, je présente trois dispositions.
Je propose, d'abord, de supprimer le dernier alinéa du paragraphe afin de clarifier les modalités qui s'appliquent aux différentes interprofessions : il faut en effet éviter toute distorsion dans l'organisation des filières par les interprofessions.
Je propose, ensuite, d'ouvrir la possibilité de créer au sein des interprofessions des sections consacrées aux produits issus de l'agriculture biologique et de la montagne. Cette mesure pourrait compléter le deuxième alinéa du II.
Je propose, enfin de permettre, si les professionnels le souhaitent, de créer une interprofession « agriculture biologique » en raison de la spécificité et de l'importance de ce type de production ou une interprofession « produits de montagne ». Il apparaît, de plus, indispensable que le projet de loi rappelle le principe de subordination des règles des interprofessions spécifiques aux règles des organisations générales de façon à empêcher que des décisions contradictoires ne viennent gêner le développement des filières sur les marchés intérieurs et internationaux.
Tel est l'objet de l'amendement de coordination n° 599, qui nous a permis de retirer les amendements n°s 34, 35 rectifié et 36.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 607.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 599 de la commission, sous réserve de l'adoption de ce sous-amendement n° 607.
Il s'agit d'abord de permettre la constitution d'une seule interprofession regroupant plusieurs produits d'appellation d'origine contrôlée qui ont vocation à être gérés en commun.
La rédaction proposée par la commission alourdit cependant inutilement le texte puisqu'il y est fait mention de groupes de produits d'appellation contrôlée et de produits qui bénéficient d'une même appellation d'origine contrôlée.
La modification que le Gouvernement propose est donc purement formelle.
M. le président. La parole est à M. Emorine, pour défendre le sous-amendement n° 356 rectifié.
M. Jean-Paul Emorine. Afin d'éviter toute distorsion dans l'organisation des filières par les interprofessions, il est indispensable de préciser que les règles de coordination établies entre les organisations générales et les organisations spécifiques s'appliquent également dans le cadre de la création d'organisations interprofessionnelles spécifiques à compétence nationale pour les produits issus de l'agriculture biologique et pour les produits portant la dénomination « montagne ».
Si le législateur entend donner à ces productions horizontales - biologiques ou « montagne » -, le moyen de gérer leur spécificité, il doit aussi rappeler le principe de subordination des règles de leurs organisations aux règles des interprofessions de produit de façon à éviter des décisions contradictoires susceptibles de générer une certaine confusion dans le bon développement des filières sur leurs marchés intérieurs et internationaux.
M. le président. La parole est à M. Flandre, pour défendre les amendements n°s 265, 266 et 267.
M. Hilaire Flandre. Les motivations exposées par M. le rapporteur et par M. Emorine afin d'éviter la confusion et la multiplication des signes de reconnaissance ainsi que toute distorsion dans l'organisation des filières par les interprofessions nous ont conduits à déposer ces amendements, qui ne font que compléter ceux qui viennent d'être défendus.
M. le président. La parole est à M. Amoudry, pour défendre l'amendement n° 423.
M. Jean-Paul Amoudry. Cet amendement va dans le sens des motivations et dispositions qui viennent d'être exposées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 607 et 356 rectifié, ainsi que sur les amendements n°s 265, 266, 267 et 423 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Si la commission est favorable au sous-amendement n° 607, il n'en est pas de même du sous-amendement n° 356 rectifié ni des amendements n°s 265, 266, 267 et 423, à propos desquels je vais faire une réponse identique : si l'on relit l'amendement n° 599, on s'aperçoit que la totalité des questions qui ont été posées sont satisfaites.
Je souhaiterais le retrait de ces différents textes.
M. le président. Monsieur Emorine, le sous-amendement n° 356 rectifié est-il maintenu ?
M. Jean-Paul Emorine. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° 356 rectifié est retiré.
Monsieur Flandre, les amendements n°s 265, 266 et 267 sont-ils maintenus ?
M. Hilaire Flandre. Je les retire, monsieur le président.
M. le président. Les amendements n°s 265, 266 et 267 sont retirés.
Monsieur Amoudry, l'amendement n° 423 est-il maintenu ?
M. Jean-Paul Amoudry. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 423 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 607, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 599, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 632-1 du code rural.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 632-2 DU CODE RURAL

M. le président. Par amendement n° 268, MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de supprimer le cinquième alinéa du II du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-2 du code rural.
La parole est à M. Flandre.
M. Hilaire Flandre. Le fonctionnement des interprofessions inclut déjà des limitations en termes de restrictions de concurrence.
Ajouter de nouvelles restrictions reviendrait à remettre en cause le fonctionnement actuel des interprofessions, et risquerait de provoquer des discriminations incontrôlables entre les opérateurs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Permettez-moi un rappel historique : le Gouvernement ayant souhaité la suppression de cette disposition, la commission de la production et des échanges de l'Assemblée nationale l'avait supprimée en 1998. En octobre dernier, M. François Patriat, rapporteur du présent projet au Palais-Bourbon, a déposé un amendement afin de la rétablir.
La commission des affaires économiques approuve cette sagesse car la restriction de l'accès de nouveaux opérateurs doit permettre de réguler le marché en cas de crise de surproduction. Cette restriction ne saurait donc être que temporaire, objective, c'est-à-dire fondée sur des critères quantitatifs ou de qualité reconnus par la profession, préalables et non discriminatoires.
La commission apprécierait donc que les auteurs de cet amendement veuillent bien le retirer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement considère, comme la commission, que le risque que souhaitent éliminer les auteurs de l'amendement n° 268 n'existe pas réellement.
Il s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. L'amendement n° 268 est-il maintenu ?
M. Hilaire Flandre. Non, monsieur le président, il est retiré.
M. le président. L'amendement n° 268 est retiré.
Par amendement n° 37, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans la première phrase du septième alinéa du II du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-2 du code rural, de remplacer les mots : « organisations professionnelles » par le mot : « professions ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission propose de modifier la rédaction du septième alinéa du II du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-2 du code rural afin d'introduire un parallélisme avec l'article 34 relatif à l'extension des accords. En effet, le mot « professions » renvoie à celui de « collèges ».
La rédaction adoptée par l'Assemblée nationale signifierait que l'unanimité soit recherchée au niveau de chacune des organisations professionnelles composant chaque collège. Une telle disposition risquerait de conduire rapidement au blocage.
C'est la raison pour laquelle la commission propose de substituer aux mots « organisations professionnelles » le mot « professions ».
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 632-2 du code rural.

(Ce texte est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 33, modifié.

(L'article 33 est adopté.)

Article 34



M. le président.
« Art. 34. - I. - l'article L. 632-3 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 632-3 . - Les accords conclus dans le cadre d'une organisation interprofessionnelle reconnue peuvent être étendus, pour une durée déterminée, en tout ou partie, par l'autorité administrative compétente, lorsqu'ils tendent, par des contrats types, des conventions de campagne et des actions communes conformes à l'intérêt général et compatibles avec les règles de la politique agricole commune, à favoriser :
« 1° La connaissance de l'offre et de la demande ;
« 2° L'adaptation et la régularisation de l'offre ;
« 3° La mise en oeuvre, sous le contrôle de l'Etat, de règles de mise en marché, de prix et de conditions de paiement ;
« 4° La qualité des produits : à cet effet les accords peuvent notamment prévoir l'élaboration et la mise en oeuvre de disciplines de qualité et de règles de définition, de conditionnement, de transport et de présentation, si nécessaire jusqu'au stade de la vente au détail des produits ; pour les appellations d'origine contrôlées, ces accords peuvent notamment prévoir la mise en oeuvre de procédures de contrôle de la qualité ;
« 5° Les relations interprofessionnelles dans le secteur intéressé, notamment par l'établissement de normes techniques et de programmes de recherche appliquée et de développement ;
« 6° La promotion du produit sur les marchés intérieur et extérieur.
« II. - Le premier alinéa de l'article L. 632-4 du code rural est ainsi rédigé :
« L'extension de tels accords est subordonnée à l'adoption de leurs dispositions par les professions représentées dans l'organisation interprofessionnelle, par une décision unanime. Toutefois, pour les accords ne concernant qu'une partie des professions représentées dans ladite organisation, l'unanimité de ces seules professions est suffisante à condition qu'aucune autre profession ne s'y oppose. »
Sur cet article, je suis tout d'abord saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° 335 est présenté par MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du RPR.
L'amendement n° 543 est déposé par M. Deneux.
L'amendement n° 580 est présenté par MM. Mathieu, Emorine et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Tous trois tendent à compléter le texte proposé par le I de l'article 34 pour l'article L. 632-3 du code rural par un alinéa ainsi rédigé :
« ... - Les démarches collectives de leurs membres afin de lutter contre les aléas climatiques ».
La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 335.
M. Alain Vasselle. Je serai bref, car il s'agit d'un amendement de conséquence après la décision prise par notre assemblée à l'article 33.
Ce texte concerne une nouvelle fois les aléas climatiques. Je vous ferai grâce de son exposé des motifs, puisqu'il tend aux mêmes effets.
M. le président. La parole est à M. Deneux, pour présenter l'amendement n° 543.
M. Marcel Deneux. Amendement identique ; présentation identique. C'est fait ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. Emorine, pour défendre l'amendement n° 580.
M. Jean-Paul Emorine. Amendement identique !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces trois amendements identiques ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Trois fois favorable !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Sagesse !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les trois amendements identiques n°s 335, 543 et 580, acceptés par la commission et pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Par amendement n° 554, le Gouvernement propose, dans la première phrase du texte présenté par le paragraphe II de l'article 34 pour le premier alinéa de l'article L. 632-4 du code rural, de remplacer les mots : « est subordonnée » par les mots : « peut être subordonnée ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le débat sur l'article 1er bis a permis de réaffirmer la nécessité de l'ouverture des différentes structures de concertation agricole au pluralisme.
Il est cependant nécessaire de veiller à ce que cela n'implique pas de risque de blocage des prises de décision, en particulier dans le domaine interprofessionnel. La règle de l'unanimité des professions parties prenantes à un accord me paraît essentielle et ne doit pas être remise en cause.
Je retire donc l'amendement que j'avais déposé initialement et qui pouvait être interprété en ce sens.
Il est néanmoins important que les interprofessions adoptent des règles précises pour que puisse s'exprimer la pluralité des opinions au sein des représentants des producteurs agricoles sans bloquer le dispositif de décision.
Tel est l'objet d'un nouvel amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 554 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission estime que cet amendement vide le dispositif de son intérêt et elle y est défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 554, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 608, le Gouvernement propose de compléter in fine le texte présenté par le II de l'article 34 pour le premier alinéa de l'article L. 632-4 du code rural par une phrase ainsi rédigée : « Les statuts de l'organisation interprofessionnelle doivent prévoir les règles de majorité prévalant au sein du collège de la production agricole. »
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le président, je me suis mal exprimé tout à l'heure : j'ai retiré l'amendement n° 554, et je présente l'amendement n° 608 à sa place. Mais le résultat est le même, je le reconnais.
M. le président. Monsieur le ministre, le Sénat vient de repousser l'amendement n° 554 !
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 608 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Même avis défavorable que pour l'amendement n° 554.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 608, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 34, modifié.

(L'article 34 est adopté.)

Article 35



M. le président.
« Art. 35. - Il est inséré, après le premier alinéa de l'article L. 632-6 du code rural, un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque l'assiette de la cotisation résulte d'une déclaration de l'assujetti et que celui-ci omet d'effectuer cette déclaration, l'organisation interprofessionnelle peut, après mise en demeure restée infructueuse au terme d'un délai d'un mois, procéder à une évaluation d'office dans les conditions précisées par l'accord étendu. » - (Adopté.)

Article 36



M. le président.
« Art. 36. - Il est inséré, après l'article L. 632-8 du code rural, un article L. 632-8-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 632-8-1 . - Les organisations interprofessionnelles reconnues rendent compte chaque année aux autorités administratives compétentes de leur activité et fournissent :
« - les comptes financiers ;
« - un rapport d'activité et le compte rendu des assemblées générales ;
« - un bilan d'application de chaque accord étendu.
« Elles procurent aux autorités administratives compétentes tous documents dont la communication est demandée par celles-ci pour l'exercice de leurs pouvoirs de contrôle. »
Par amendement n° 271, MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de rédiger comme suit le dernier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 632-8-1 du code rural :
« Elles procurent au ministère de l'agriculture tous documents dont la communication est demandée par celui-ci pour l'exercice de son pouvoir de contrôle. »
La parole est à M. Rispat.
M. Yves Rispat. Cet amendement a simplement pour objet de clarifier les compétences en matière de politique agricole et de demander que soit fournie toute documentation nécessaire pour permettre au Gouvernement d'exercer son pouvoir de contrôle.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission, pour des raisons déjà exposées précédemment, souhaite que cet amendement soit retiré. Je pensais même qu'il allait l'être avant d'être présenté !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
M. le président. Monsieur Rispat, l'amendement est-il maintenu ?
M. Yves Rispat. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 271 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 36.

(L'article 36 est adopté.)

Article 37



M. le président.
« Art. 37. - Pour faire face aux crises conjoncturelles affectant les productions de produits agricoles périssables ou de produits issus de cycles courts de production ou les productions de la pêche maritime ou des cultures marines et correspondant à des situations où le prix de cession de ces produits par leur producteur est anormalement bas par rapport à la moyenne des prix observés lors des périodes correspondantes des trois précédentes campagnes, et afin d'adapter l'offre en qualité et en volume aux besoins des marchés, des contrats peuvent être conclus entre des organisations professionnelles représentatives de la production ou des groupements de producteurs reconnus et des organisations professionnelles représentatives de la transformation, de la commercialisation ou de la distribution, pour un ou plusieurs produits, et pour une durée déterminée qui ne peut excéder trois mois.
« Ces contrats ne peuvent comporter d'autres restrictions de concurrence que les suivantes :
« - une programmation des mises en production ou des apports ;
« - un renforcement des normes et critères de qualité requis pour la mise en marché ;
« - la fixation des prix de cession au premier acheteur, ou la reprise des matières premières.
« Les dispositions contenues dans ces contrats sont au nombre des pratiques mentionnées au 1 de l'article 10 de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence.
« Ces contrats sont notifiés, dès leur conclusion et avant leur entrée en application, au ministre de l'agriculture, au ministre chargé de l'économie et au Conseil de la concurrence. Un avis mentionnant leur conclusion est publié au Bulletin officiel de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
« En prévision de ces crises conjoncturelles, le ministère de l'agriculture et de la pêche, sur proposition des organisations syndicales ou de consommateurs et en concertation avec l'Observatoire des prix peut rendre obligatoire l'affichage du prix d'achat au producteur et du prix de vente au consommateur sur les lieux de vente. »
Par amendement n° 588, MM. Doublet, de Richemont, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le premier alinéa de cet article, après les mots : « de produits issus de cycles courts de production », d'insérer les mots : « et de produits à rotation lente ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Bien que cosignataire de cet amendement, j'avoue que j'ai du mal à distinguer la différence qui peut exister entre les produits issus de cycles courts de production et les produits à rotation lente. (Sourires.) Mais je ne doute pas que M. le rapporteur va pouvoir m'éclairer sur cette nuance qui n'est certainement pas dénuée d'intérêt ! (Nouveaux sourires.)
Mes collègues m'ayant demandé de défendre cet amendement, je le fais toutefois, comme vous le voyez, avec enthousiasme ! (Rires.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Monsieur Vasselle, ce n'est pas nous qui avons déposé cet amendement et plus je le lis, plus je me demande pourquoi vous l'avez déposé. (Nouveaux rires.)
Je souhaite donc qu'il soit retiré.
M. le président. Monsieur Vasselle, pourrions-nous imaginer que la rotation soit suffisamment lente pour que cet amendement soit à nouveau présenté lors de l'examen du prochain projet de loi d'orientation agricole ? (Sourires.)
M. Alain Vasselle. Oui, monsieur le président : je le retire.
M. le président. L'amendement n° 588 est retiré.
Par amendement n° 38, M. Souplet au nom de la commission des affaires économiques, propose, après le sixième alinéa de l'article 37, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu'ils ne remplissent pas les conditions pour être étendus en application des dispositions de l'article 2 de la loi n° 75-600 du 10 juillet 1975, ces contrats peuvent être homologués par l'autorité administrative compétente. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission propose, afin de clarifier la rédaction de l'article 37, d'insérer une disposition indiquant que si la faculté de conclure des accords entre les organisations professionnelles représentatives de la production, de la transformation, de la commercialisation ou de la distribution est un élément positif, la sécurité juridique requiert néanmoins que ces accords, lorsqu'ils ne sont pas passés dans le cadre de l'interprofession, puissent faire l'objet d'une homologation par l'Etat.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le gouvernement est défavorable à cet amendement. En effet, le septième alinéa de l'article 37 prévoit déjà la publication de ces accords au Bulletin officiel de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Soumettre ces accords à un agrément préalable serait de nature à retarder leur entrée en vigueur, alors qu'ils sont souvent conclus dans l'urgence pour gérer des crises.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 38 est retiré. Par amendement n° 272, MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, après le sixième alinéa de l'article 37, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque pour le ou les produits concernés, il existe une organisation interprofessionnelle reconnue par la loi, ces contrats sont conclus dans le cadre de cette organisation interprofessionnelle. »
La parole est à M. César.
M. Gérard César. J'espère que j'aurai plus de chances que M. Vasselle avec son amendement sur les rotations lentes et les cycles courts. (Sourires.)
Cet amendement vise les produits où il existe une organisation interprofessionnelle. Je propose que les contrats soient conclus dans le cadre de l'organisation interprofessionnelle concernée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Notre collègue ayant participé au travail de la commission, il sait que cet amendement soulève quelques difficultés car l'article 37 concerne précisément les situations où il n'y a pas d'organisation professionnelle.
Cet amendement risquant de créer une situation anti-concurrentielle très forte, j'émets les plus grandes réserves et je demande à son auteur de bien vouloir accepter de le retirer.
M. le président. Monsieur César, maintenez-vous l'amendement ?
M. Gérard César. Fort des réserves de M. le rapporteur, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 272 est retiré.
Par amendement n° 442, M. Robert propose de supprimer le dernier alinéa de cet article.
Cet amendement est-il soutenu ?...
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 480, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter in fine l'article 37 par trois alinéas ainsi rédigés :
« Par dérogation à l'article 34 de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence, le ministre de l'agriculture et de la pêche, en cas de crise conjoncturelle grave telle que mentionnée au premier alinéa du présent article, peut mettre en oeuvre, de façon transitoire, un coefficient multiplicateur afin d'éviter les écarts abusifs entre le prix à la production et le prix à la distribution.
« Il intervient sur propositions des organisations syndicales ou de consommateurs et en collaboration avec l'Observatoire des prix.
« Les conditions d'application des deux alinéas précédents sont fixées par décret. »
Par amendement n° 481, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter in fine l'article 37 par trois alinéas ainsi rédigés :
« Par dérogation à l'article 34 de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence, le ministre de l'agriculture et de la pêche, en cas de crise conjoncturelle grave affectant les productions de produits agricoles périssables, dans les conditions décrites au premier alinéa du présent article, peut mettre en oeuvre, de façon transitoire, un coefficient multiplicateur afin d'éviter les écarts abusifs entre le prix à la production et le prix à la distribution.
« Il intervient sur proposition des organisations syndicales ou de consommateurs et en collaboration avec l'Observatoire des prix.
« Les conditions d'application des deux alinéas précédents sont fixées par décret. »
La parole est à M. Le Cam, pour défendre ces deux amendements.
M. Gérard Le Cam. Nos amendements n°s 480 et 481 visent à introduire dans l'article 37 une dérogation à l'ordonnance de 1986 du gouvernement Chirac relative à la liberté des prix et de la concurrence.
L'objectif du coefficient multiplicateur est simple : il s'agit de modifier la répartition de la valeur ajoutée de la production agricole entre les différents acteurs d'une filière, notamment dans les périodes de crise qui la rendent particulièrement déséquilibrée.
La conséquence immédiate d'un tel dispositif, élaboré en concertation avec les organisations professionnelles, serait de limiter les écarts abusifs entre les prix à la production et les prix à la consommation.
Les périodes de crise sont trop souvent l'occasion pour les intermédiaires et la grande distribution d'augmenter sensiblement leurs marges en ne reportant pas la chute des cours sur leurs prix de vente au public et en faisant jouer la concurrence entre les fournisseurs.
Aussi, on assiste à une concentration de la plus-value vers les acteurs de la commercialisation et de la transformation des produits et un appauvrissement aux deux extrémités de la chaîne qui relie le producteur et le consommateur.
On arrive alors au paradoxe suivant : l'exploitant agricole vend sa production à un prix inférieur à son coût de revient et le consommateur achète un produit à un prix bien supérieur à sa valeur réelle.
Dès lors, la grande distribution est non plus le simple intermédiaire où se rencontrent une offre et une demande, mais le lieu où s'organise un véritable hold-up économique pour le plus grand profit de quelques puissances financières internationales, et ce au détriment des exploitations agricoles, notamment les plus petites d'entre elles, et des ménages à faibles revenus.
Si cette situation est, en réalité, permanente et a permis aux centrales d'achat de réaliser, ces dernières années, des profits juteux, elle est d'autant plus inacceptable en temps de crises aiguës.
Face à cela, il existe une alternative : la solution libérale, qui consiste à laisser agir la « main invisible » du marché et à attendre la disparition de milliers d'exploitations de petite taille incapables de soutenir une concurrence aussi rude, et une solution progressiste, qui se donne les moyens d'assurer un contrôle des prix raisonné, efficace et ciblé.
Autres avantages du coefficient multiplicateur : en recréant ainsi le lien entre le prix d'achat au producteur et le prix de vente au consommateur, ce dernier serait davantage impliqué par la crise que subit le producteur.
Ainsi, le consommateur bénéficierait, dans un premier temps, de la chute des cours ; il serait incité à acheter davantage, ce qui permettrait d'écouler les stocks, lesquels ont précisément favorisé, sinon provoqué, la crise elle-même.
Enfin, les intermédiaires verraient rapidement l'intérêt d'acheter à un prix plus élevé les produits de l'exploitant dans la mesure où la marge bénéficiaire croît en proportion du prix d'achat du producteur.
Prenons l'exemple d'un coefficient multiplicateur égal à deux : un produit acheté 10 francs l'unité au producteur et revendu 20 francs au consommateur donne une marge de 10 francs par unité ; un même produit acheté 15 francs et revendu 30 francs offre une marge de 15 francs, soit une augmentation du bénéfice de 50 %.
De surcroît, un coefficient multiplicateur appliqué sur une période réduite à quelques mois ne serait pas, je le pense, un handicap pour les entreprises situées en aval, compte tenu des profits accumulés durant plusieurs années.
Un tel dispositif, nous dit-on, mettrait nos producteurs en situation de faiblesse par rapport aux importations à bas prix. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons voir une réflexion s'engager au plan européen afin d'anticiper et de gérer solidairement des périodes de crise sur la base d'une maîtrise de prix, ponctuelle et limitée.
En conclusion, je vous rappellerai, mes chers collègues, que l'idée d'un coefficient multiplicateur a reçu récemment des alliés pour le moins inattendus en la personne de M. Christian Jacob, qu'on ne peut soupçonner de vouloir administrer l'agriculture (Sourires), ainsi que du président de la Fédération nationale des légumes qui envisage favorablement l'application d'un coefficient multiplicateur de manière exceptionnelle.
Deux amendements vous sont proposés : le premier s'applique dans les conditions prévues au premier alinéa de l'article 37 ; le second se limite aux produits périssables tels que les fruits et légumes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 480 et 481 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Si la commission peut partager les réflexions de l'auteur de ces amendements sur la grande distribution et le poids économique extraordinaire de celle-ci sur toute la chaîne de transformation, il ne peut pas le suivre lorsqu'il propose de généraliser un système de coefficients multiplicateurs. Surtout, la commission ne peut pas être d'accord avec lui lorsqu'il souhaite inscrire ce système dans la loi.
La commission est donc défavorable à ces deux amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Si je partage le souci de M. Le Cam, je ne peux pas le rejoindre quant aux mécanismes qu'il propose.
D'abord, les coefficients multiplicateurs, c'est l'économie administrée.
Quant à cet allié qu'on ne pourrait soupçonner de vouloir administrer l'agriculture, je vous mets en garde (sourires), car il a tout de même quelques lettres de référence en matière d'économie administrée !
Les coefficients multiplicateurs, leur histoire l'a prouvé, ont un effet inverse de celui que vous recherchez. Ils ont été des instruments de rigidité. Ils ont notamment permis l'accroissement des marges des distributeurs, contrairement à ce que vous croyez. Or, je le devine, vous recherchez l'accroissement du revenu des agriculteurs. Le coefficient multiplicateur ne me paraît donc pas être un élément adéquat pour y parvenir.
J'ajoute que ce système est complexe et que c'est vraiment le moins bien adapté aux produits saisonniers et périssables qui sont soumis à des crises violentes.
Ce n'est pas une solution de sagesse que de revenir à des systèmes de réglementation lourds et complexes qui n'ont jamais sauvegardé le pouvoir d'achat des agriculteurs, mais ont, au contraire, je le répète, toujours accru les marges des intermédiaires.
Je ne peux donc pas être favorable à ces deux amendements.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 480, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 481, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 37.

(L'article 37 est adopté.)

Chapitre III

Composition du Conseil supérieur d'orientation

Article 38



M. le président.
« Art. 38. - Le premier alinéa de l'article L. 611-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Un Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire, composé de représentants des ministres intéressés, de la production agricole, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles, de l'artisanat et du commerce indépendant de l'alimentation, des consommateurs et des associations agréées pour la protection de l'environnement, ainsi que d'un représentant du comité permanent du financement de l'agriculture, participe à la définition, à la coordination, à la mise en oeuvre et à l'évaluation de la politique d'orientation des productions et d'organisation des marchés. »
Sur cet article, je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 482, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le texte présenté par cet article pour le premier alinéa de l'article L. 611-1 du code rural, après les mots : « de l'alimentation, », d'insérer les mots : « des salariés, ».
Par amendement n° 275 rectifié, MM. Vissac, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, César, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le texte présenté par l'article 38, pour rédiger le premier aliéna de l'article L. 611-1 du code rural, de remplacer les mots : « des associations agréées pour la protection de l'environnement », par les mots : « de la propriété agricole ».
Par amendement n° 39, M, Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le texte présenté par l'article 38 pour le premier alinéa de l'article L. 611-1 du code rural, après les mots : « de l'environnement, », d'insérer les mots : « de la propriété agricole, des syndicats représentatifs des salariés agricoles ».
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 374, présenté par le Gouvernement, et qui tend, à la fin du texte proposé par l'amendement n° 39, à remplacer les mots : « des salariés agricoles », par les mots : « des salariés des filières agricoles et alimentaires ».
La parole est à M. Le Cam, pour présenter l'amendement n° 482.
M. Gérard Le Cam. Ce projet de loi met en avant la notion de multifonctionalité de l'agriculture, c'est-à-dire qu'on ouvre l'agriculture sur la société.
En retour, il paraît logique de donner à des organisations autres que les seuls syndicats agricoles la possibilité d'émettre un avis sur l'orientation de notre politique agricole. Dès lors, pourquoi exclure les salariés ?
M. François Patriat, rapporteur de ce texte à l'Assemblée nationale, a expliqué que le CSO n'était pas le lieu où se négocient les questions salariales. Mais personne ne le demande, pas même les représentants des salariés de l'agro-alimentaire que j'ai rencontrés.
Il s'agit simplement de leur assurer l'accès au CSO, au même titre que les artisans, les consommateurs ou les défenseurs de l'environnement, pour évoquer les problèmes de l'agriculture et de l'agro-alimentaire.
Je demande au Sénat d'adopter cette proposition qui est d'ailleurs reproduite dans l'amendement présenté par notre collègue Michel Souplet, au nom de la commission des affaires économiques.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 275 rectifié.
M. Alain Vasselle. Il s'agit tout simplement, dans le cadre du conseil supérieur, d'y associer les représentants de la propriété agricole, ce qui m'apparaît cohérent et logique. Je ne doute pas que le bon sens l'emportera.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 39.
M. Michel Souplet, rapporteur. Dès lors que les associations de défense de la nature et celles des consommateurs sont représentées au sein du CSO, la commission des affaires économiques considère qu'il convient d'y associer à la fois les propriétaires de biens fonciers sur lesquels s'exercent les productions et les syndicats représentatifs de salariés agricoles.
Cet amendement n° 39, s'il est adopté, satisfait les amendements n°s 482 et 275 rectifié, raison pour laquelle je demanderai à leurs auteurs de bien vouloir les retirer.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 374.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'est donc inscrit dans la logique de sous-amender l'amendement de la commission qu'il considère comme plus complet et qui fera en effet tomber, s'il est adopté, les amendements n°s 482 et 275 rectifié. Simplement, le Gouvernement précise un peu plus encore la rédaction en remplaçant les mots : « salariés agricoles » par les mots : « des salariés des filières agricoles et alimentaires ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 374 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Monsieur Le Cam, l'amendement n° 482 est-il maintenu ?
M. Gérard Le Cam. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 482 est retiré.
Monsieur Vasselle, l'amendement n° 275 rectifié est-il maintenu ?
M. Alain Vasselle. Non, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 275 rectifié est retiré.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 374.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Je suis intervenu en commission précisément pour que les salariés agricoles soient représentés au sein des conseils d'orientation. C'est un point important. Je suis donc très favorable au sous-amendement du Gouvernement. Il est normal que les salariés agricoles, qui sont des membres actifs de l'agriculture dans ce pays, soient associés aux décisions qui engagent leur avenir et l'avenir de l'agriculture.
M. Alain Vasselle. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 374, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. Hilaire Flandre. Unanimité remarquable !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 39, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 38, ainsi modifié.

(L'article 38 est adopté.)

Chapitre IV

Création d'un Conseil supérieur
des exportations alimentaires

Article 38 bis



M. le président.
« Art. 38 bis . - Il est créé un Conseil supérieur des exportations agricoles et alimentaires, instance de concertation entre les pouvoirs publics et les représentants des entreprises tournées vers l'exportation dans les domaines de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles et agro-alimentaires. Il a pour objet de formuler des recommandations sur les politiques d'appui à l'exportation et de veiller à la cohérence de leur mise en oeuvre.
« Un décret en précise les missions, fixe la composition et les règles de fonctionnement. »
Sur cet article, je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 40, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit l'article 38 bis :
« Il est créé un Conseil supérieur des exportations agricoles et alimentaires, instance de concertation entre les pouvoirs publics et les représentants des entreprises tournées vers l'exportation dans les domaines de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles et agro-alimentaires.
« Il a pour objet de formuler des recommandations sur les politiques d'appui à l'exportation et de veiller à la cohérence de leur mise en oeuvre.
« Un décret précise la composition et les règles de fonctionnement de cet organisme. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 278, présenté par MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, et tendant à supprimer le deuxième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 40 pour l'article 38 bis.
Par amendement n° 276, MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, proposent de supprimer la dernière phrase du premier alinéa de l'article 38 bis.
Par amendement n° 277, MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, au deuxième alinéa de cet article, de supprimer les mots : « en précise les missions, ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 40.
M. Michel Souplet, rapporteur. Cet amendement tend à compléter et à clarifier la rédaction de l'article 38 bis.
M. le président. La parole est à M. Flandre, pour défendre le sous-amendement n° 278 ainsi que les amendements n°s 276 et 277.
M. Hilaire Flandre. Le sous-amendement n° 278 vise à rendre cohérente la rédaction des articles 38 bis et 38 ter afin de préciser les missions du conseil supérieur des exportations alimentaires.
Quant aux amendements n°s 276 et 277, ils tendent au même objet.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 278 ainsi que sur les amendements n°s 276 et 277 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Le deuxième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 40 pour l'article 38 bis définit des objectifs généraux et non pas les missions du conseil supérieur des exportations agricoles.
Les amendements n°s 40 et 41 de la commission satisfont les amendements n°s 276 et 277. Je demande donc à leurs auteurs de retirer ces deux amendements.
M. le président. Monsieur Flandre, les amendements n°s 276 et 277 sont-ils maintenus ?
M. Hilaire Flandre. Je les retire, monsieur le président.
M. le président. Les amendements n°s 276 et 277 sont retirés.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 40 et sur le sous-amendement n° 278 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 40 et s'en remet à la sagesse du Sénat sur le sous-amendement n° 278.
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est défavorable au sous-amendement s'il est maintenu !
M. Gérard César. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Je retire le sous-amendement n° 278, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° 278 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 38 bis est ainsi rédigé.

Article 38 ter



M. le président.
« Art. 38 ter . - Le Conseil supérieur des exportations alimentaires a pour tâche d'orienter les interventions publiques dans l'appui à l'exportation, et de faciliter l'accès des entreprises au dispositif.
« Les missions du Conseil supérieur des exportations alimentaires sont les suivantes :
« - définir les axes de la politique d'appui public à l'exportation à partir d'analyses basées sur des matrices croisées pays-produits et les types d'action à privilégier ;
« - faire connaître les axes retenus à tous les organismes publics en utilisant des fonds publics qui participent à l'appui à l'exportation ;
« - diffuser l'information économique sur les marchés et faire connaître les mesures de politique commerciale qui concernent les exportateurs ;
« - veiller à la cohérence des programmes pluriannuels de l'ensemble des organismes nationaux et territoriaux (régions, départements) qui fonctionnent sur crédits publics ;
« - définir et mettre en oeuvre les moyens destinés à faciliter l'accès des entreprises à ces dispositifs ;
« - s'assurer de la cohérence des moyens mis en oeuvre à l'étranger. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 41, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit cet article :
« Les missions du Conseil supérieur des exportations agricoles et alimentaires sont les suivantes :
« - émettre des recommandations sur la politique publique, destinée à favoriser les exportations des produits agricoles et alimentaires ;
« - définir les stratégies de l'appui public à l'exportation à partir d'analyses basées sur des matrices croisées pays-produits et les types d'action à privilégier ;
« - faire connaître les axes retenus à tous les organismes publics ou utilisant des fonds publics qui participent au développement des exportations ; « - diffuser l'information économique sur les marchés et faire connaître les mesures de politique commerciale qui concernent les exportations ;
« - veiller à la cohérence des programmes pluriannuels de l'ensemble des organismes nationaux et territoriaux gérant des crédits publics ;
« - définir et mettre en oeuvre les moyens destinés à faciliter l'accès des entreprises à ces dispositifs ;
« - s'assurer de la cohérence des moyens mis en oeuvre à l'étranger. »
Par amendement n° 279, MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, proposent de rédiger comme suit cet article :
« Les missions du Conseil supérieur des exportations agricoles et alimentaires sont les suivantes :
« - émettre des recommandations sur les axes de la politique de l'Etat, destinée à favoriser les exportations de produits alimentaires ;
« - émettre des recommandations en vue de l'action des pouvoirs publics pour identifier et réduire les obstacles au commerce ;
« - définir les axes de l'appui public à l'exportation de produits alimentaires ;
« - faire connaître les axes retenus à tous les organismes publics ou utilisant des fonds publics qui participent au développement des exportations ;
« - veiller à la cohérence des programmes pluriannuels de l'ensemble des organismes nationaux et territoriaux (régions, départements) qui fonctionnent sur crédits publics ;
« - définir et mettre en oeuvre les moyens destinés à faciliter l'accès des entreprises à ces dispositifs ;
« - s'assurer de la cohérence des moyens mis en oeuvre à l'étranger ;
« - s'assurer que l'information économique relative aux marchés et les mesures de politique commerciale soient effectivement portées à la connaissance des exportateurs. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 41.
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission propose une nouvelle rédaction de l'article 38 ter qui lui semble plus claire et mieux ordonnée.
M. le président. La parole est à M. César, pour défendre l'amendement n° 279.
M. Gérard César. Nous avons souhaité organiser une meilleure coordination, une meilleure répartition des rôles entre les nombreux organismes qui s'occupent, avec efficacité d'ailleurs, de promotion ; nous avons surtout souhaité des financements, qui sont nécessaires pour exporter.
Je retire toutefois cet amendement, puisque l'amendement de la commission a le même objet.
M. le président. L'amendement n° 279 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 41 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable, bien sûr.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 41, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 38 ter est ainsi rédigé.

Article additionnel après l'article 38 ter



M. le président.
Par amendement n° 42, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose d'insérer, après l'article 38 ter , un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement présentera un rapport sur les adaptions législatives ou réglementaires nécessaires afin d'encadrer le phénomène de l'intégration et de renforcer le pouvoir économique des producteurs. »
Cet amendement est affecté de deux sous-amendements.
Le sous-amendement n° 280, présenté par MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bizet, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République tend, dans le texte présenté par l'amendement n° 42, après le mot : « Gouvernement » à insérer les mots : « , après consultation des différents partenaires concernés, ». Le sous-amendement n° 433, déposé par M. Barreaux, vise, après les mots : « le phénomène de l'intégration », à supprimer la fin du texte de l'amendement n° 42.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 42.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'intégration étend chaque jour un peu plus ses ramifications dans l'agriculture. Les textes qui la régissent doivent être revus et complétés afin de couvrir tous les aspects de ce phénomène.
Il est donc logique d'étudier les adaptations législatives ou réglementaires nécessaires afin d'encadrer le phénomène de l'intégration et celui du renforcement du pouvoir économique des productions.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre le sous-amendement n° 280.
M. Alain Vasselle. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je me plais à souligner l'initiative de M. le rapporteur et je l'en félicite. Je relève cependant que l'article additionnel qu'il propose serait encore meilleur s'il acceptait ce sous-amendement prévoyant que le Gouvernement doit consulter les partenaires en amont, avant de présenter le rapport.
Cette habitude a apporté la preuve de son efficacité. Je ne doute donc pas que le sous-amendement recueille l'assentiment et de la commission et du Gouvernement.
M. le président. Le sous-amendement n° 433 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 280 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 42 et le sous-amendement n° 280 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat. M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 280, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 42.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. L'amendement n° 42 m'amène à évoquer l'une des propositions que nous présenterons à l'occasion de la discussion d'un amendement tendant à insérer un article additionnel après l'article 65.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire à maintes reprises, s'il est question, en l'espèce, d'un rappport gouvernemental, il serait nécessaire que nous disposions également d'un rapport parlementaire, qui seul permettrait de refléter toutes les sensibilités, d'un rapport parlementaire portant non seulement sur l'intégration, mais aussi sur les droits à produire et la fiscalité.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 42, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Jean-Marc Pastor. Le groupe socialiste s'abstient.
M. Gérard Le Cam. Le groupe communiste républicain et citoyen également.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 38 ter .

TITRE IV

QUALITÉ ET IDENTIFICATION DES PRODUITS

Par amendement n° 43, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit cet intitulé : « Qualité, identification et sécurité des produits ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Compte tenu de la présence de plusieurs dispositions relatives à la qualité sanitaire des denrées destinées à l'alimentation humaine ou animale, la modification de l'intitulé du titre IV s'impose.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du titre IV est ainsi rédigé.

Article 39 A



M. le président.
« Art. 39 A. - Il est inséré, avant le chapitre 1er du titre IV du livre VI du code rural, un article L. 640-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 640-1 . - La politique conduite dans le domaine de la qualité et de l'origine des produits agricoles, de la mer ou alimentaires doit répondre de façon globale et équilibrée aux objectifs suivants :
« - promouvoir la diversité des produits et l'identification de leurs caractéristiques, ainsi que leur mode de production ou leur origine, pour renforcer l'information du consommateur et satisfaire ses attentes ;
« - renforcer le développement des secteurs agricoles et alimentaires et accroître la qualité des produits par une segmentation claire du marché ;
« - fixer sur le territoire la production agricole et alimentaire et assurer le maintien de l'activité économique notamment en zones rurales défavorisées par une valorisation des savoir-faire et des bassins de production ;
« - répartir de façon équitable la valorisation des produits agricoles, de la mer ou alimentaires entre les agriculteurs ou les pêcheurs, les transformateurs et les entreprises de commercialisation. » - (Adopté.)

Article 39



M. le président.
« Art. 39. - Il est inséré, avant le chapitre 1er du titre IV du livre VI du code rural, un article L. 640-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 640-2 . - La qualité et l'origine des produits agricoles ou alimentaires donnent lieu à la délivrance par l'autorité administrative de signes d'identification qui sont l'appellation d'origine contrôlée, l'indication géographique protégée, le label, la certification de conformité, la certification du mode de production biologique et la dénomination "montagne".
« L'appellation d'origine contrôlée et l'indication géographique protégée sont fondées sur la reconnaissance d'une ou des qualités spécifiques liées respectivement au terroir et à la zone de production ou de transformation.
« Le label et la certification de conformité sont fondés respectivement sur la reconnaissance d'une qualité supérieure et de caractéristiques spécifiques préalablement fixées, qui les distinguent des produits de même nature ne bénéficiant pas d'un signe d'identification.
« L'utilisation du qualificatif "fermier" ou de la mention "produit de la ferme" ou "produit à la ferme", ou toute autre dénomination équivalente, est subordonnée au respect des conditions fixées par décret.
« Il en est de même des conditions d'utilisation de la dénomination "montagne" et, dans les départements d'outre-mer, des termes "produit pays". »
Par amendement n° 44 rectifié, M. Souplet, au nom de la commission des affaires économiques, propose de rédiger comme suit le texte présenté par cet article pour l'article L. 640-2 du code rural :
« Art. L. 640-2. - La qualité et l'origine des produits agricoles ou alimentaires peuvent donner lieu à la délivrance par l'autorité administrative de signes d'identification qui sont l'appellation d'origine contrôlée, le label, la certification de conformité, la certification du mode de production biologique et la dénomitation "montagne".
« L'enregistrement d'une indication géographique protégée s'effectue dans le cadre des dispositions du chapitre III du Livre VI du code rural.
« L'appellation d'origine contrôlée identifie les produits dont la qualité ou les caractères sont dus au milieu géographique et qui possèdent une notoriété dûment établie.
« Le label et la certification de conformité sont fondés respectivement sur la reconnaissance d'une qualité supérieure et de caractéristiques spécifiques préalablement fixées, qui les distinguent des produits de même nature ne bénéficiant pas d'un signe d'identification.
« Sans préjudice des règlementations communautaires, ni des réglementations nationales en vigueur à la date de promultation de la loi n° du d'orientation agricole ni des conditions approuvées pour bénéficier d'un label agricole, l'utilisation du qualificatif "fermier" ou de la mention "produit de la ferme" ou "produit à la ferme", ou toute autre dénomination équivalente, est subordonnée au respect des conditions fixées par décret.
« Il en est de même des conditions d'utilisation de la dénomination "montagne" et, dans les départements d'outre-mer, des termes "produits pays". »
Cet amendement est affecté de trois sous-amendements.
Le sous-amendement n° 282, présenté par MM. César, Althapé, Bernard, Besse, Bisset, Braun, Cazalet, Cornu, Courtois, Debavelaere, Doublet, Dufaut, Esneu, Flandre, Fournier, François, Gaillard, Gérard, Gerbaud, Goulet, Gruillot, Hamel, Hugot, Jourdain, Larcher, Lassourd, Lauret, Leclerc, Le Grand, Martin, Murat, Ostermann, de Richemont, Rispat, de Rohan, Taugourdeau, Vasselle, Vinçon, Vissac et les membres du Groupe du Rassemblement pour la République, tend à rédiger comme suit le deuxième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 44 pour l'article L. 640-2 du code rural :
« L'indication géographique protégée ne peut être délivrée que sur l'obtention préalable d'un label ou d'une certification de conformité. » Le sous-amendement n° 609, déposé par le Gouvernement, vise à supprimer les troisième et quatrième alinéas du texte proposé par l'amendement n° 44 pour l'article L. 640-2 du code rural.
Le sous-amendement n° 429, présenté par M. Revet et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, a pour objet de rédiger comme suit le cinquième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 44 pour l'article L. 640-2 du code rural :
« Sans préjudice des réglementations communautaires, ni des réglementations nationales en vigueur à la date de promulgation de la loi n° du d'orientation agricole, ni des conditions approuvées pour bénéficier d'un label agricole, l'utilisation du qualificatif « fermier » ou de la mention : « produit de la ferme » ou « produit à la ferme », ou toute autre dénomination équivalente, est subordonnée au respect des conditions suivantes : un produit est réputé d'appellation fermier à partir du moment où il est fabriqué par les agriculteurs seuls ou en groupement, sur l'exploitation ou en un lieu géré par eux, et à partir de matières premières produites sur la ou les exploitations et transformées selon les méthodes traditionnelles, sans addition de produits chimiques et dans le respect du cycle biologique des produits. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 44 rectifié.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je serai un peu plus long, mais le sujet l'exige.
L'indication géographique protégée, l'IGP, est une marque collective communautaire. Elle est attribuée aux produits agricoles ou alimentaires conformes à un cahier des charges établi par un groupement de producteurs selon la procédure de la certification, et dont la demande d'inscription sur le registre communautaire des IGP a été acceptée et transmise à la Commission européenne par le Gouvernement d'un Etat membre.
Le règlement (CE) 2081/92 du Conseil du 14 juillet 1992 fixe le régime des IGP. Rappelons que l'IGP n'est pas applicable aux vins et aux boissons spiritueuses et que les produits sous label ou certification de conformité ne peuvent mentionner une indication d'origine que si celle-ci est enregistrée comme IGP.
Or, l'article 39 du projet de loi d'orientation prévoit de considérer cette protection commerciale communautaire comme un nouveau signe d'identification géré par l'INAO.
Examinons les arguments qui militent en faveur d'une telle mesure :
Il y a, d'abord, un argument financier.
Actuellement, il existe deux procédures pour valoriser l'origine d'un produit. La première fait appel à l'Institut national des appellations d'origine, l'INAO ; elle est gratuite et de nature administrative. La seconde nécessite le recours à des organismes certificateurs et faisant appel à la Commission nationale des labels et des certifications de produits agricoles et alimentaires ; elle exige un investissement, par les producteurs, de l'ordre de 200 000 francs à 400 000 francs.
Actuellement, les indications géographiques protégées doivent emprunter la seconde procédure. Votre rapporteur souhaite préciser toutefois que la « voie INAO » est loin d'être gratuite et qu'elle est largement payée par le contribuable.
Vient ensuite un argument psychologique.
Selon le rapporteur de l'Assemblée nationale, « l'indication géographique protégée devient peu à peu, dans l'esprit des consommateurs, un signe plus fort que l'appellation d'origine contrôlée, car le consommateur a tendance à lier une indication de lieu géographique avec la reconnaissance d'une qualité ».
Votre rapporteur tient à souligner qu'aucune étude n'a montré une telle hiérarchie des valeurs chez les consommateurs qui, par ailleurs, ne connaissent pas encore bien ces protections européennes.
De plus, M. François Patriat précise que la démarche actuelle « finit par induire en erreur les consommateurs sur la nature même de plusieurs produits bénéficiant d'une indication géographique protégée. Ainsi, il faut savoir que la majorité des jambons de Bayonne sont produits en Bretagne avec du porc breton. Le sel de Guérande est source de mêmes confusions ».
Je ne partage en aucune façon ces propos. L'IGP « Jambon de Bayonne » est aujourd'hui enregistrée par l'Union européenne. Par définition, cette protection assure aux consommateurs que les porcs utilisés sont élevés autour de Bayonne et non en Bretagne.
Le sel de Guérande est, quant à lui, en démarche IGP couplée à un label rouge et à une certification de conformité, destinées à couvrir l'ensemble des productions de sel de Guérande. La démarche de qualité étant en cours, il est donc un peu trop facile de formuler dès à présent de telles critiques.
Mais il y a aussi un argument administratif.
La gestion des IPG par l'INAO devrait permettre à cet organisme de gérer à la fois les AOC et les IGP. Si votre rapporteur n'est pas opposé à la participation de l'INAO dans la gestion de l'IGP, cela ne constitue en aucune façon une raison justifiant la reconnaissance de l'IGP comme un signe d'identification totalement indépendant.
Vient enfin un argument d'efficacité.
Selon le rapporteur de l'Assemblée nationale, l'INAO pourra « exercer un contrôle efficace et apprécier le lien entre le terroir, un produit et un savoir-faire. Sans contrôle de l'IGP par l'INAO, à terme, n'importe qui pourra détourner des produits d'appellation d'origine contrôlée en faisant reconnaître des indications géographiques protégées. Même si l'indication géographique protégée n'est pas un signe de qualité, la maintenir hors des signes d'identification protégés par la loi serait donc faire un cadeau aux négociants et aux distributeurs souhaitant tirer profit de la crédulité des consommateurs ».
Là encore, il risque d'y avoir une certaine confusion. Peut-on considérer que le signe d'identification de la qualité et de l'origine, tel qu'il est vu ici, s'appuie sur un système de contrôle équivalent, en termes d'indépendance, d'impartialité et de compétence, systèmes des signes de qualité actuels ?
En tant qu'organisme public chargé à terme des contrôles de l'AOPC, de l'AOP et de l'IGP, l'INAO est, par nature, un contrôleur indépendant impartial et compétent. Mais, a-t-il réellement tous les moyens nécessaires à cette indépendance, cette impartialité, voire cette compétence ?
Il est cependant inexact de prétendre qu'en faisant contrôler les IGP par l'INAO celles-ci deviendront un vrai signe de qualité. Sans une réforme du système de contrôle, cet objectif ne paraît guère envisageable.
A une époque où le contrôle devient la logique même du système partout en Europe, et alors que la France a la particularité d'être en avance pour la qualité de ses produits nous aurions désormais la réputation d'être le premier pays où l'on diminuera les contrôles.
Compte tenu de l'apparition du logo IGP sur les étiquetages et du programme de communication de Bruxelles sur ce logo, l'INAO devra apporter des réponses à un certain nombre de questions.
Comment fera-t-on pour expliquer à la presse et aux consommateurs qu'ils trouveront des IGP identifiées par un même logo, mais à plusieurs niveaux de qualité et de contrôle dans les rayons ? En quelle IGP devront-ils avoir confiance ?
Les IGP sans signes de qualité seront-elles dévalorisées par rapport à celles qui passent par un label, alors qu'elles auront été attribuées par le même organisme ?
Comment fera-t-on demain pour expliquer en termes simples, clairs et précis la différence entre l'AOC et l'IGP sans dévaloriser l'une par rapport à l'autre ? Le consommateur sera-t-il suffisamment perspicace pour faire la différence entre « typicité » et « réputation » ?
Comment fera-t-on pour expliquer la qualité « réputée » sans contrôles ?
Si l'INAO met en place des procédures de contrôles spécifiques aux IGP, pourra-t-il en faire l'économie sur les produits d'AOC ?
C'est pourtant toute l'aberration du système que l'on nous propose en voulant déconnecter l'IGP du système label ou certification de conformité, donc d'un dispositif de qualité.
Les pouvoirs publics doivent être conscients qu'avec une telle démarche ils entraîneront, à la moindre erreur qualitative, à la décrédibilisation du système et à leur propre mise en cause. Ils doivent être conscients aussi qu'ils sont en train de mettre en place des distorsions à l'intérieur même de l'IGP en donnant naissance à des IGP bas de gamme et à des IGP haut de gamme. Ils doivent être conscients, enfin, et c'est peut-être là le véritable problème, que la non-réglementation de l'indication de provenance va amener, de la part de certains industriels, une « ruée » sur les appellations géographiques sans reconnaissances officielles, et cela au détriment de la politique de qualité et d'aménagement du territoire et de ceux qui auront fait l'effort de se lancer dans une stratégie de qualité et d'origine fondée sur les garanties officielles.
C'est pourquoi la commission, tout en comprenant les motivations qui conduisent à proposer cette réforme, vous suggère de supprimer la reconnaissance de l'IGP comme signe autonome d'identification et de revenir au statut communautaire de l'IGP.
En outre, cet amendement vise à compléter l'alinéa relatif aux produits fermiers, ce terme étant aujourd'hui employé pour des fromages d'AOC et pour des volailles, des gros bovins, des veaux, des agneaux et des porcs bénéficiant du label rouge.
Cette utilisation, qui combine un mode de production avec la spécificité ou la qualité des produits, consigné dans des cahiers des charges stricts contrôlés par des organismes tiers, ne doit pas être remise en cause par une définition qui concerne des produits qui n'entrent pas dans le dispositif des signes d'identification.
M. Alain Vasselle. Très bien !
M. le président. La parole est à M. César, pour défendre le sous-amendement n° 282.
M. Gérard César. J'apprécie beaucoup ce M. le rapporteur a dit en défendant l'amendement n° 44 rectifié, qui est important.
Le sous-amendement n° 282, loin d'aller à l'encontre des dispositions de la commission, en améliore la qualité.
J'étais rapporteur lorsque le Sénat a débattu de la directive européenne relative aux AOC, aux IGP, aux certificats de conformité, etc. Le sujet était d'une grande complexité. Le Sénat m'a fait entièrement confiance, puisqu'il a émis un vote unanime.
Heureusement que nous sommes à une heure tardive et que les consommateurs sont très peu nombreux, ce soir, dans l'hémicycle. En effet, s'ils avaient entendu tout ce qui a été dit sur les signes de qualité et sur la définition que nous donnons des produits de qualité, ils n'achèteraient plus beaucoup de produits français ! (Exclamations sur les travées socialistes.) C'est pourtant le risque que nous courons ! Il faut toujours faire attention à ce que l'on dit en public - bien évidemment, ma recommandation ne s'adresse pas à M. le rapporteur - sur les signes de qualité.
Le sous-amendement n° 282 a pour objet de préciser que l'indication géographique protégée ne peut être délivrée que sur l'obtention préalable d'un label ou d'une certification de conformité. Cette précision est très importante, car les signes de qualité sont si nombreux aujourd'hui que le consommateur ne s'y retrouve plus. Une classification est donc nécessaire.
En clair, je souhaite que le label soit obtenu avant que l'IGP soit délivrée.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 609.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je suis très ennuyé, car M. le rapporteur a démontré de façon très éloquente tout ce que j'aurais aimé dire ! Il me fauche l'herbe sous les pieds en quelque sorte. (Sourires.) Il est vrai que j'avais déjà abordé le problème, en tant que ministre lors de la discussion générale de ce texte et en tant que député à l'occasion de la première lecture à l'Assemblée nationale.
J'approuve donc totalement l'amendement n° 44 rectifié, qui me paraît être de bon sens.
Le sous-amendement n° 282 de M. César ne me gêne pas du tout, la disposition qu'il introduit me paraîssant raisonnable.
Le sous-amendement n° 609 du Gouvernement vise simplement, dans un souci de rigueur, à suggérer à M. le rapporteur la suppression des troisième et quatrième alinéas de son amendement. En effet, les définitions proposées par ces alinéas pour l'appellation d'origine contrôlée et l'indication géographique protégée sont moins précises et moins rigoureuses que celles qui existent déjà dans le code rural. Elles pourraient prêter à confusion et c'est pourquoi il convient de supprimer ces deux alinéas.
Ce sous-amendement est en fait de pure forme dans la mesure où il ne vise qu'à harmoniser cette proposition avec ce qui existe déjà.
M. le président. La parole est M. Revet, pour défendre le sous-amendement n° 429.
M. Charles Revet. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il n'existe pas d'interprétation clairement définie de l'appellation « produit fermier ».
Pour illustrer ce propos, monsieur le ministre, je partirai de l'expérience que j'ai faite dans ma petite commune de Turretot, en Seine-Maritime, qui est passée de 240 à 1 500 habitants.
Avec le conseil municipal, nous avons créé un centre commercial auquel nous avons voulu donner une vocation spécifique, à savoir la vente de produits fermiers et artisanaux. J'ai donc réuni à cet effet un certain nombre d'agriculteurs à qui j'ai demandé s'ils souhaitaient s'engager dans cette voie. Ils m'ont répondu par l'affirmative.
Par prudence, compte tenu des réglementations rigides qui existent en la matière, j'ai téléphoné à la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes pour connaître la définition d'un « produit fermier ». On m'a dit qu'il s'agissait d'un produit fabriqué à la ferme.
Quand j'ai insisté pour avoir plus de précisions, on m'a répondu qu'il était difficile d'en donner une définition plus précise. J'ai donc proposé d'inverser les rôles en donnant à choisir entre deux définitions.
L'agriculteur qui souhaite complètement transformer sa production chez lui, mais qui utilise pour ce faire des produits chimiques et des méthodes non traditionnelles, produit-il un « produit fermier » ? On m'a répondu par l'affirmative car ce produit est fabriqué et transformé à la ferme.
Plusieurs agriculteurs qui, n'ayant pas les moyens d'investir chez eux, se réunissent en un lieu choisi par eux pour transformer en commun leur production suivant une méthode traditionnelle et sans utilisation d'additifs chimiques ou autres produisent-ils un « produit fermier » ? On m'a répondu par la négative, car ce produit n'est pas transformé à la ferme.
Vous avouerez que c'est quelque peu paradoxal et qu'il y a même un risque de tromperie pour le consommateur. En effet, lorsque ce dernier achète un produit fermier, dans son esprit, il achète un produit dont la matière première vient, bien entendu, de la ferme et qui est transformé suivant une méthode traditionnelle. Or ce n'est pas le cas !
Monsieur le ministre, à un moment où l'on recherche la qualité, particulièrement peut-être dans notre pays, il faut d'autant plus définir clairement ce qu'est un produit fermier que c'est pour un certain nombre d'agriculteurs, y compris de petits agriculteurs, un moyen de donner à leurs produits une valeur ajoutée et, surtout, de conserver les qualités à leur production !
Je vous propose donc de préciser qu'un produit est réputé d'appellation fermier à partir du moment où il est fabriqué par des agriculteurs, seuls ou en groupement, sur l'exploitation ou en un lieu géré par eux, et à partir de matières premières produites sur la ou les exploitations et transformées selon les méthodes traditionnelles, sans addition de produits chimiques et dans le respect du cycle biologique des produits.
Cette définition très claire vise en outre à préserver la qualité gustative du produit, et non à la « tuer », ce qui est essentiel !
Monsieur le ministre, tout à l'heure vous avez remercié mon excellent collègue et ami M. Huchon d'avoir aidé vos services à trouver une définition. S'agissant des produits fermiers, il semble que l'on ait bien du mal à en trouver une. En acceptant ce sous-amendement, vous allez aider beaucoup d'agriculteurs à développer des productions de qualité fermière.
M. le président. Quel l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 282, 609 et 429 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est favorable au sous-amendement n° 609 du Gouvernement.
J'ai relu et comparé le sous-amendement n° 282 au troisième alinéa de l'amendement n° 44 rectifié de la commission. Ces dispositions sont similaires et, en définitive, nous voulons dire la même chose. La seule différence réside dans le fait que la commission se réfère précisément au chapitre 3 du Livre VI du code rural, qui a été revu en juillet 1998, alors que le texte du sous-amendement de M. César est moins complet. C'est pourquoi je serais tenté de conserver la rédaction de la commission.
Je pense que notre ami Gérard César pourrait retirer son sous-amendement afin d'éviter une redite.
M. Gérard César. Que dit le code rural, monsieur le rapporteur ? Ce serait intéressant de le savoir !
M. Michel Souplet, rapporteur. On relie l'IGP à un label ou à un certificat de conformité. C'est bien là le lien que vous cherchez à établir. A mon avis, les termes retenus par la commission sont plus explicites, et ne voyez pas dans ce jugement un amour-propre d'auteur !
En revanche, s'agissant du sous-amendement n° 429, je ne suis pas certain qu'il appartienne au législateur de définir le terme « fermier ».
M. Charles Revet. Pourquoi pas ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Je souhaite connaître l'avis du Gouvernement sur se point avant de me prononcer.
M. Charles Revet. Et pour quelle raison n'appartiendrait-il pas au législateur de définir ce terme ?
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 44 rectifié ainsi que sur les sous-amendements n°s 282 et 429 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement, je le répète, est extrêmement favorable à l'amendement n° 44 rectifié et se réjouit que la commission ait accepté son sous-amendement n° 609.
Le sous-amendement n° 282 ne me « choque » pas, sous réserve de ce que vient de dire M. le rapporteur.
Je remercie M. Revet d'avoir, avec le sous-amendement n° 429, contribué au travail de mes services, qui seront eux-mêmes très touchés de sa sollicitude ! (Sourires.)
Cependant, comme le disait M. le rapporteur, les dispositions de ce sous-amendement ne peuvent, hélas ! figurer dans la loi...
M. Alain Vasselle. Dommage !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. ... parce que tout dépend du produit.
Ma connaissance n'est pas telle que je puisse donner ici une leçon de choses sophistiquée, mais, pour chaque produit, le caractère fermier sera différent, fonction du produit donc.
Je vous mets d'ailleurs au défi de définir dans la loi l'expression « sans addition de produits chimiques ». Il faudrait donner en annexe la définition de chacun des ces produits. En outre, comment préciser le cycle biologique des produits qui variera d'un produit à l'autre ?
Comme vous, je souhaite que l'on parvienne à une définition la plus rigoureuse possible, mais cela ne peut se faire que par décret.
La proposition que vous faites relève d'une très louable intention, dont je vous remercie vivement, mais elle me paraît, hélas !très mal adaptée à la diversité des produits fermiers.
Je souhaite donc que vous retiriez ce sous-amendement, qui me paraît présenter plus de dangers que d'avantages.
M. le président. Monsieur César, votre sous-amendement est-il maintenu ?
M. Gérard César. M. le rapporteur dit que mon sous-amendement n'est pas clair, mais lorsqu'on écrit « l'indication géographique protégée ne peut être délivrée que sur l'obtention préalable d'un label », c'est très clair !
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Ce sous-amendement est un peu redondant par rapport à notre amendement, mais si son auteur souhaite le maintenir, la commission s'en remettra à la sagesse du Sénat.
M. Gérard César. Je maintiens mon sous-amendement, monsieur le président.
M. le président. Monsieur Revet, le vôtre est-il maintenu ?
M. Charles Revet. Avant de le retirer, je souhaiterais que M. le ministre veuille bien apporter une précision.
Je comprends bien ce que vous avez dit concernant les additifs chimiques, monsieur le ministre. Je voudrais simplement que vous nous précisiez si des producteurs qui se regroupent pour fabriquer ensemble, à partir de leurs produits, en un lieu qui n'est pas forcément l'exploitation et suivant les méthodes traditionnelles, en respectant les conditions d'hygiène peuvent considérer que leur production est un produit fermier de façon qu'il n'y ait pas de problème avec la concurrence et la consommation.
Jusqu'à maintenant, le seul critère retenu était la fabrication dans l'exploitation. A défaut, le produit n'était pas considéré comme « fermier » ; c'est peut-être un peu abusif !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur Revêt, ce genre de situation ne peut être appréciée qu'au cas par cas. C'est ce qui est indiqué dans l'excellent amendement de M. le rapporteur, qui prévoit que « l'utilisation du qualificatif "fermier" ou de la mention "produit de la ferme" ou "produit à la ferme", ou toute autre dénomination équivalente, est subordonnée au respect des conditions fixées par décret ».
Ce n'est pas à la loi de fixer les choses de manière uniforme, parce que la situation ne l'est pas. Bien entendu, je souhaite aller dans le même sens que vous, à savoir que la définition soit aussi précise que possible, mais elle ne peut pas être générique.
M. le président. Monsieur Revêt, le sous-amendement n° 429 est-il maintenu ?
M. Charles Revêt. Compte tenu de l'engagement de M. le ministre, je le retire.
M. le président. Le sous-amendement n° 429 est retiré.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 282.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Si certains critères de qualité et certaines marques sont gérés par la production, n'oublions pas qu'il en est d'autres qui sont gérés par la distribution et qui obéissent à des règles différentes. Or ils se trouvent aujourd'hui en concurrence.
Le débat qui s'est engagé montre que, indépendamment des amendements et des sous-amendements qui seront adoptés, il nous faudra, dans les prochains mois, revenir sur un certain nombre de points, notamment sur ceux qui ont été soulevés par M. Revêt et tenter de mieux préciser les critères de qualité gérés par les uns et les autres car, indirectement, ils induisent une partie du revenu des agriculteurs.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Que les choses soient claires ! Monsieur le sénateur, la loi est la même pour tous. Qu'on s'en tienne aux définitions des AOC, du label ou de la certification de conformité conformément à ce que prévoit le code rural, qu'il s'agisse de l'IGP, qui n'est plus autonome, compte tenu de l'évolution de nos débats, qu'on renvoie au décret pour les produits à la ferme ou les produits fermiers, toutes ces dispositions s'appliquent à tous, y compris à la distribution, qui ne peut se référer qu'à ces données. Elle doit respecter dans sa démarche de qualité ce que nous déciderons ensemble ; plus elle en fera, mieux cela vaudra.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 282, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 609.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. la parole est à M. César.
M. Gérard César. Cette explication de vote me donne l'occasion de répondre amicalement à M. Pastor.
Toutes les indications géographiques protégées qui existent et les AOP sont fondées sur la notion de terroir. Lorsque l'on parle de distributeurs, on vise des marques qui sont mises en avant et soutenues fortement par des crédits de promotion. La différence avec un produit venant d'une exploitation ou de groupements d'agriculteurs, c'est aussi, au-delà des indications géographiques protégées ou des AOP, la notion de terroir et le cahier des charges assorti à cette approche de qualité.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le ministre, M. César et moi-même parlons globalement le même langage. Un point change tout cependant : il s'agit des moyens accordés à un certain nombre de partenaires qui peuvent à un moment donné valoriser la règle générale s'imposant à tout le monde.
Aujourd'hui, on est bien obligé de constater que, dans la chaîne économique, la grande distribution dispose en termes publicitaires d'énormes possibilités que n'a pas la production. C'est donc un énorme rouleau compresseur qui s'avance dans notre pays et risque d'écraser indirectement toute la partie qui peut être valorisable autour de la production. Cela pose un problème : si nous ne nous penchons pas rapidement sur cette question, je crains que, malgré toutes les organisations, toutes les IGP, tous les labels qui pourront être mis en place pour essayer de protéger la production, nous n'aurons pas les moyens suffisants pour permettre aux producteurs de réellement valoriser la production.
Cela mérite qu'à un moment donné nous nous interrogions sur la manière de maîtriser ce mouvement qui est en train de se développer dans notre pays.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 609, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 44 rectifié.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. L'article 39 est un article extrêmement important. C'est l'exemple de ce qu'aurait dû être l'ensemble du projet de loi.
Monsieur le ministre, si l'ensemble des articles avaient procédé du même esprit, je suis persuadé que le projet de loi aurait recueilli un large consensus dans notre assemblée.
Ce que nous reprochons à ce texte, c'est de ne pas inclure suffisamment de mesures économiques et fiscales. En effet, lorsqu'on prend des dispositions qui permettent de dire aux consommateurs que nous nous sommes fixé comme objectif une plus grande qualité des produits et que nous leur donnons le maximum de garantie sur l'aspect à la fois qualitatif et sanitaire des produits, nous faisons oeuvre utile pour l'économie agricole, la profession agricole, mais également pour l'ensemble de la société.
Cette garantie de qualité pour les consommateurs, c'est aussi une garantie de débouchés et une assurance économique pour l'ensemble de la profession agricole.
C'est la raison pour laquelle je considère que cet article 39, dans la rédaction proposée par la commission des affaires économiques, est extrêmement important et, comme vous, monsieur le ministre, je me félicite de la grande qualité des explications qui ont été données par le M. le rapporteur.
Ce point me semble faire l'objet d'un consensus général au sein de la Haute Assemblée. J'espère que ce consensus se retrouvera à l'Assemblée nationale lorsque celle-ci examinera ce texte. S'il avait pu en être ainsi sur l'ensemble des articles, combien aurions-nous été satisfaits monsieur le ministre ! (Exclamations sur les travées socialistes.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 44 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 39, ainsi modifié.

(L'article 39 est adopté.)

Renvoi de la suite de la discussion



M. le président.
La suite de la discussion du projet de loi d'orientation agricole est prévue le mardi 2 février, à neuf heures trente et à seize heures.
La commission des affaires économiques propose au Sénat de prévoir que la séance du mardi 2 février se poursuivra également le soir pour avancer la discussion du texte et peut-être terminer la discussion des articles.
Cette question sera examinée par la prochaine conférence des présidents.
Y a-t-il une opposition à cette séance de nuit ?...
Il en est ainsi décidé.

6

DEPÔT DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Paul Masson un rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur :
- le projet de loi autorisant l'approbation d'un accord sous forme d'échange de lettres portant aménagements du titre Ier de la convention de voisinage entre la France et la Principauté de Monaco du 18 mai 1963 (n° 60, 1998-1999),
- et le projet de loi autorisant l'approbation d'un accord sous forme d'échange de lettres relatif à l'application de l'article 7 modifié de la convention de voisinage entre la France et la Principauté de Monaco du 18 mai 1963 (n° 61, 1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 168 et distribué.
J'ai reçu de M. André Dulait un rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi autorisant l'adhésion de la République française à la convention sur les privilèges et immunités des institutions spécialisées approuvée par l'assemblée générale des Nations unies le 21 novembre 1997 (ensemble dix-sept annexes approuvées par les institutions spécialisées) (n° 62, 1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 169 et distribué.
J'ai reçu de M. Robert Del Picchia un rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention commune sur la sûreté de la gestion du combustible usé et sur la sûreté de la gestion des déchets radioactifs (n° 135, 1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 170 et distribué.

7

DÉPÔT D'UN RAPPORT D'INFORMATION

M. le président. J'ai reçu de M. Michel Barnier un rapport d'information, fait au nom de la délégation du Sénat pour l'Union européenne, sur la politique étrangère et de sécurité commune dans le traité d'Amsterdam.
Le rapport d'information sera imprimé sour le n° 167 et distribué.

8

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, jeudi 28 janvier 1999.
A neuf heures trente :
1. Discussion des conclusions du rapport (n° 502, 1997-1998) de M. Jean-Marie Rausch, fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan, sur :
- la proposition de loi (n° 220, 1996-1997) de M. Jean-Luc Bécart, Mmes Marie-Claude Beaudeau, Danielle Bidard-Reydet, M. Claude Billard, Mmes Nicole Borvo, Michelle Demessine , M. Guy Fischer, Mme Jacqueline Fraysse-Cazalis , MM. Félix Leyzour , Paul Loridant, Mme Hélène Luc, MM. Louis Minetti, Robert Pagès , Jack Ralite et Ivan Renar tendant à frapper de nullité d'ordre public toute clause de mutation immobilière exonérant les exploitants de mines de leur responsabilité en matière de dommages liés à leur activité minière ;
- la proposition de loi (n° 298 rectifié, 1996-1997) de MM. Claude Huriet, Jacques Baudot, Jean Bernadaux, Philippe Nachbar, Jean-Paul Amoudry, Alphonse Arzel , Bernard Barraux, François Blaizot , André Bohl, Marcel Deneux, Georges Dessaigne , André Dulait, Jean Faure, Francis Grignon, Pierre Hérisson, Rémi Herment, Jean Huchon, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain, René Marquès, François Mathieu , Louis Moinard, Jean Pourchet, Philippe Richert et Michel Soupplet complétant le code minier ;
- la proposition de loi (n° 229, 1997-1998) de Mme Gisèle Printz, M. Roger Hesling, Mme Dinah Derycke, MM. Guy Allouche, Pierre Mauroy, Paul Raoult, Léon Fatous, Roland Huguet, Daniel Percheron, Michel Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés relative à la prévention des risques miniers après la fin de l'exploitation ;
- la proposition de loi (n° 235 rectifié, 1997-1998) de Mme Gisèle Printz, M. Roger Hesling, Mme Dinah Derycke, MM. Guy Allouche, Pierre Mauroy, Paul Raoult, Léon Fatous, Roland Huguet, Daniel Percheron, Michel Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés relative à la responsabilité des dommages liés à l'exploitation minière ;
- la proposition de loi (n° 247, 1997-1998) de MM. Jean-Paul Delevoye, Philippe Nachbar, Jacques Baudot, Jean Bernadaux, André Diligent, Daniel Eckenspieller, Alfred Foy, Hubert Haenel, Rémi Herment, Claude Huriet, Roger Husson, Jacques Legendre, Jean-Louis Lorrain, Jean-Marie Rausch, Michel Rufin, Maurice Schumann et Alex Türk relative à la responsabilité en matière de dommages consécutifs à l'exploitation minière ;
- la proposition de loi (n° 248, 1997-1998) de MM. Jean-Paul Delevoye, Philippe Nachbar, Jacques Baudot, Jean Bernadaux, André Diligent, Daniel Eckenspieller, Alfred Foy, Hubert Haenel, Rémi Herment, Claude Huriet, Roger Husson, Jacques Legendre, Jean-Louis Lorrain, Jean-Marie Rausch, Michel Rufin, Maurice Schumann et Alex Türk relative à la prévention des risques miniers après la fin de l'exploitation.
Aucune inscription de parole dans la discussion générale n'est plus recevable.
Aucun amendement n'est plus recevable.
A quinze heures :
2. Discussion de la question orale avec débat n° 8 de M. Paul Masson à M. le Premier ministre sur le redéploiement des forces de sécurité.
M. Paul Masson attire l'attention de M. le Premier ministre sur les décisions du conseil de sécurité intérieure du 27 avril 1998 relatives à une nouvelle répartition géographique des effectifs de la police et de la gendarmerie sur le territoire national. Ce projet de redéploiement aurait pour conséquence la dissolution de plusieurs dizaines de commissariats et de brigades de gendarmerie dont des listes semblent avoir été établies avant qu'une véritable consultation ne s'engage. Le 25 septembre dernier, devant l'opposition, toutes tendances confondues, des élus locaux, le Gouvernement a « demandé que la méthode soit améliorée, la concertation renforcée et l'expertise approfondie ». Le 17 novembre, devant le congrès de l'Association des maires de France, M. le Premier ministre a lui-même confirmé qu'aucune décision n'avait été arrêtée et qu'une concertation « aussi approfondie que nécessaire » serait conduite.
M. Paul Masson demande à M. le Premier ministre de lui préciser quelles sont les conclusions de la mission de consultation dont M. Guy Fougier, conseiller d'Etat, a été chargé et quels aménagements, à la lumière de ces propositions, le Gouvernement entend apporter au projet de redéploiement de telle sorte que la concertation soit aussi approfondie que nécessaire avec les élus nationaux et locaux.
Aucune inscription de parole dans le débat n'est plus recevable.
3. Discussion des conclusions du rapport (n° 155, 1998-1999) de M. Alain Vasselle, fait au nom de la commission des affaires sociales, sur la proposition de loi (n° 210, 1997-1998) de MM. Alain Vasselle, Michel Alloncle, Louis Althapé, Jean Bernard, Roger Besse, Paul Blanc, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel Caldaguès, Robert Calmejane, Jean-Pierre Camoin , Auguste Cazalet, Gérard César, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Jean-Paul Delevoye, Jacques Delong, Charles Descours, Michel Doublet, Daniel Eckenspieller, Yann Gaillard, Patrice Gélard, Alain Gérard, Charles Ginésy, Daniel Goulet, Adrien Gouteyron, Georges Gruillot, Hubert Haenel, Emmanuel Hamel, Bernard Hugo, Jean-Paul Hugot, Roger Husson, André Jourdain, Alain Joyandet, Christian de La Malène, Lucien Lanier, Edmond Lauret, Dominique Leclerc, Jacques Legendre, Jean-François Le Grand, Maurice Lombard, Philippe Marini, Pierre Martin, Jacques de Menou, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin, MM. Joseph Ostermann, Roger Rigaudière, Jean-Jacques Robert, Michel Rufin, Jean-Pierre Schosteck et René Trégouët relative à l'amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de démence sénile et, en particulier, de la maladie d'Alzheimer.
Aucun amendement n'est plus recevable.

Délais limites pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements

Projet de loi organique, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à la Nouvelle-Calédonie (n° 146, 1998-1999).
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à la Nouvelle-Calédonie (n° 145, 1998-1999).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale commune : mardi 2 février 1999, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 2 février 1999, à dix-sept heures.
Projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, portant modification de l'ordonnance n° 45-2339 du 13 octobre 1945 relative aux spectacles (n° 512, 1997-1998).
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 3 février 1999, à dix-sept heures.
Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, tendant à limiter les licenciements des salariés de plus de cinquante ans (n° 114, 1998-1999).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mercredi 3 février 1999, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 3 février 1999, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée le jeudi 28 janvier 1999, à zéro heure trente.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





NOMINATIONS DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DE LA DÉFENSE ET DES FORCES ARMÉES

M. Paul Masson a été nommé rapporteur du projet de loi n° 161 (1998-1999) autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne relatif à la coopération dans leurs zones frontalières entre les autorités de police et les autorités douanières (ensemble une déclaration).
M. Paul Masson a été nommé rapporteur du projet de loi n° 162 (1998-1999) autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République italienne relatif à la coopération transfrontalière en matière policière et douanière.

COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LÉGISLATION, DU SUFFRAGE UNIVERSEL, DU RÈGLEMENT ET D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
M. Jean-Paul Amoudry a été nommé rapporteur du projet de loi n° 153 (1998-1999) relatif aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations.
M. Jean-Paul Delevoye a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 131 (1998-1999) de M. Philippe François relative à l'organisation d'une police intercommunale.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Répartition des ressources des hôpitaux

435. - 27 janvier 1999. - M. Jean Chérioux attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur la pertinence actuelle du programme médicalisé des systèmes d'information (PMSI) dans l'allocation des ressources hospitalières à l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP). Il se fonde sur une étude réalisée par le centre de gestion scientifique de l'Ecole des mines de Paris à la demande de l'AP-HP et de l'agence régionale pour l'hospitalisation d'Ile-de-France, étude ayant mis en évidence d'importants éléments de surcoûts qui résultent de charges spécifiques à l'AP-HP. Ces surcoûts, qui ont été chiffrés précisément par l'étude, proviennent notamment : de charges spécifiques de personnel ; de l'activité de recherche et d'enseignement ; du fait que des services de pointe sont « surdimensionnés » pour réaliser des activités de soins courants ; du recrutement en province et à l'étranger, pour des pathologies graves et onéreuses ; de la difficulté rencontrée pour trouver des places en moyen séjour après une hospitalisation ; de la sous-cotation, dans le PMSI, de l'activité de consultation, particulièrement développée à l'AP-HP. Le surcoût mesuré par l'étude de l'Ecole des mines s'élève, pour les seules charges de personnel et les consultations, à 550 millions de francs par rapport aux autres hôpitaux d'Ile-de-France. Mais on peut aussi citer, par exemple, 600 millions de francs au titre des activités de pointe et 530 millions de francs en raison de l'attente pour trouver un accueil en moyen séjour... Il souhaiterait connaître la manière dont ces différents surcoûts, d'un montant très élevé, seront pris en compte dans la répartition des ressources entre les hôpitaux publics.



ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mercredi 27 janvier 1999


SCRUTIN (n° 67)



sur l'amendement n° 606, présenté par M. Michel Souplet au nom de la commission des affaires économiques, modifié par le sous-amendement n° 617, présenté par M. Gérard César, tendant à une nouvelle rédaction de l'article 16 du projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence (le contrôle des structures des exploitations agricoles).

Nombre de votants : 319
Nombre de suffrages exprimés : 318
Pour : 219
Contre : 99

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :

Pour : 16.
Contre : 4. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer et Yvon Collin.
Abstention : 1. _ M. Georges Mouly.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :

Pour : 98.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (78) :

Contre : 78.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (47) :

Pour : 47.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :

Pour : 6.
Contre : 1. _ M. Gérard Delfau.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Alain Peyrefitte
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy


Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Ont voté contre


François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Paul Raoult
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

Abstention


M. Georges Mouly.

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.

Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.

SCRUTIN (n° 68)



sur l'amendement n° 148, présenté par M. Dominique Leclerc au nom de la commission des affaires sociales, tendant à supprimer le III de l'article 29 sexies du projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence (représentation du ministre de l'agriculture auprès de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole par le commissaire du Gouvernement).

Nombre de votants : 318
Nombre de suffrages exprimés : 317
Pour : 219
Contre : 98

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :

Pour : 16.
Contre : 4. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer et Yvon Collin.
Abstention : 1. _ M. Lylian Payet.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :

Pour : 98.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (78) :

Contre : 78.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (47) :

Pour : 47.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :

Pour : 6.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Gérard Delfau.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Alain Peyrefitte
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy

Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Ont voté contre


François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Paul Raoult
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

Abstention


M. Lylian Payet.

N'a pas pris part au vote


M. Gérard Delfau.

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 319
Nombre de suffrages exprimés : 318
Majorité absolue des suffrages exprimés : 160
Pour l'adoption : 220
Contre : 98

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.