Séance du 20 janvier 2000






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Liberté de communication. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 1 ).

Article 6 (p. 2 )

Amendement n° 17 de la commission. - M. Jean-Paul Hugot, rapporteur de la commission des affaires culturelles ; Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication ; M. Michel Dreyfus-Schmidt. - Adoption.
Amendement n° 177 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 153 de M. Jack Ralite. - MM. Ivan Renar, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 154 rectifié de M. Jack Ralite. - MM. Ivan Renar, le rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Pelchat. - Adoption.
Amendement n° 18 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 115 rectifié de M. Claude Belot, rapporteur pour avis. - MM. Hubert Haenel, au nom de la commission des finances ; le rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Dreyfus-Schmidt. - Adoption.
Amendement n° 19 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Dreyfus-Schmidt. - Adoption.
Amendement n° 20 de la commission et sous-amendement n° 211 de Mme Danièle Pourtaud. - M. le rapporteur, Mmes Danièle Pourtaud, le ministre, MM. Louis de Broissia, Hubert Haenel, Pierre Laffitte, Michel Dreyfus-Schmidt, Michel Pelchat. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Amendement n° 178 du Gouvernement. - Mme le ministre, MM. le rapporteur, Pierre Laffitte, Michel Pelchat, Ivan Renar, Michel Dreyfus-Schmidt. - Rejet.
Amendement n° 21 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 22 de la commission et 124 de M. Michel Pelchat. - MM. le rapporteur, Michel Pelchat, Mme le ministre, MM. Gérard Collomb, Louis de Broissia, Mme Danièle Pourtaud, MM. Henri Weber, Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. - Retrait de l'amendement n° 124 ; rejet de l'amendement n° 22.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 6 (p. 3 )

Amendement n° 125 de M. Michel Pelchat. - M. Michel Pelchat. - Retrait.
Amendement n° 155 rectifié de M. Jack Ralite. - MM. Ivan Renar, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.

Article 7 (p. 4 )

Amendement n° 179 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Amendements n°s 180 du Gouvernement et 212 de Mme Danièle Pourtaud. - Mmes le minisre, Danièle Pourtaud, M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement n° 180, l'amendement n° 212 devenant sans objet.
Amendement n° 181 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 258 de M. Jacques Valade. - MM. Adrien Gouteyron, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 182 à 184 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption des trois amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel avant l'article 7 bis
ou après l'article 7 bis (p. 5 )

Amendements n°s 23 de la commission et 163 de M. Philippe Richert. - MM. le rapporteur, Pierre Hérisson, Mme le ministre, MM. Michel Dreyfus-Schmidt, Ivan Renar. - Retrait de l'amendement n° 163 ; adoption, par scrutin public, de l'amendement insérant un article additionnel avant l'article 7 bis.

Article additionnel avant l'article 7 bis (p. 6 )

Amendement n° 116 de M. Claude Belot, rapporteur pour avis. - MM. François Trucy, au nom de la commission des finances ; le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.

Article 7 bis (p. 7 )

Amendements identiques n°s 24 de la commission et 126 de M. Michel Pelchat. - MM. le rapporteur, Michel Pelchat, Mme le ministre. - Adoption des deux amendements supprimant l'article.

Article 8 (p. 8 )

Amendement n° 185 du Gouvernement. - Adoption.
Amendement n° 25 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 9 (p. 9 )

Amendement n° 26 rectifié de la commission et sous-amendements n°s 156 de M. Jack Ralite, 95 et 96 de M. Louis de Broissia ; amendement n° 213 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. le rapporteur, Ivan Renar, Louis de Broissia, Mmes Danièle Pourtaud, le ministre, MM. Michel Dreyfus-Schmidt, Michel Pelchat, Jean-Louis Lorrain. - Rejet des sous-amendements n°s 156 et 95 ; adoption du sous-amendement n° 96 et de l'amendement n° 26 rectifié modifié rédigeant l'article, l'amendement n° 213 devenant sans objet.

Article 9 bis. - Adoption (p. 10 )

Article 10 (p. 11 )

Amendement n° 214 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. Henri Weber, le rapporteur, Mme le ministre, M. Louis de Broissia. - Adoption.
Amendement n° 186 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 10 bis (p. 12 )

Amendement n° 27 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 261 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles 11 et 12. - Adoption (p. 13 )

Article 13 (p. 14 )

Amendement n° 28 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 14. - Adoption (p. 15 )

Division et articles additionnels avant l'article 15 (p. 16 )

Amendement n° 29 rectifié de la commission et sous-amendement n° 157 de M. Jack Ralite. - MM. le rapporteur, Ivan Renar, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel.
Amendements n°s 136 rectifié et 137 rectifié de M. Pierre Laffitte, repris par la commission, et sous-amendement n° 262 de M. Louis de Broissia. - MM. le rapporteur, Louis de Broissia, Mme le ministre, MM. Michel Pelchat, Pierre Laffitte. - Réserve de l'amendement n° 136 rectifié ; adoption du sous-amendement n° 262 et de l'amendement n° 137 rectifié modifié insérant un article additionnel ; adoption de l'amendement n° 136 rectifié insérant une division additionnelle et son intitulé.
Amendement n° 97 rectifié de M. Louis de Broissia. - MM. Louis de Broissia, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 107 de M. Louis de Broissia. - MM. Louis de Broissia, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 108 de M. Louis de Broissia. - MM. Louis de Broissia, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 109 de M. Louis de Broissia. - MM. Louis de Broissia, le rapporteur, Mme le ministre, M. Henri Weber. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 110 de M. Louis de Broissia. - MM. Louis de Broissia, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 215 rectifié de Mme Danièle Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Suspension et reprise de la séance (p. 17 )

PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET

3. Questions d'actualité au Gouvernement (p. 18 ).
M. le président.

RÉGLEMENTATION DES SORTIES SCOLAIRES (p. 19 )

MM. Nicolas About, Daniel Vaillant, ministre des relations avec le Parlement.

MESURES APPELÉES PAR LA MARÉE NOIRE
CONSÉCUTIVE AU NAUFRAGE DE L' ERIKA (p. 20 )

M. Louis Le Pensec, Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.

FINANCEMENT DES 35 HEURES (p. 21 )

MM. Charles Descours, Claude Bartolone, ministre délégué à la ville.

NIVEAU EXCESSIF DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES (p. 22 )

MM. Jean-Pierre Fourcade, le président, Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget.

MESURES APPELÉES PAR LA MARÉE NOIRE
CONSÉCUTIVE AU NAUFRAGE DE L' ERIKA (p. 23 )

MM. Gérard Le Cam, Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.

POLITIQUE FISCALE DU GOUVERNEMENT (p. 24 )

M. Jean-Louis Lorrain, Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget.

AVENIR DE L'INDUSTRIE TEXTILE (p. 25 )

MM. Jean-Pierre Bel, Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.

MESURES EN FAVEUR DE LA FORÊT (p. 26 )

MM. Jacques Delong, Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche.

RESPONSABILITÉ DU TRANSPORTEUR
DANS LE NAUFRAGE DE L' ERIKA (p. 27 )

MM. Pierre Hérisson, Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.

RAPPORTS CHARPIN ET TEULADE
SUR L'AVENIR DES RETRAITES (p. 28 )

MM. Alain Vasselle, Claude Bartolone, ministre délégué à la ville.

DISPOSITIONS FISCALES EN FAVEUR DES VICTIMES
DES TEMPÊTES DU MOIS DE DÉCEMBRE (p. 29 )

M. François Trucy, Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget.

Suspension et reprise de la séance (p. 30 )

4. Dépôt du rapport annuel de la Cour des comptes (p. 31 ).
MM. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes ; le président, Alain Lambert, président de la commission des finances.

Suspension et reprise de la séance (p. 32 )

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE

5. Démission de membres de commissions et candidatures (p. 33 ).

6. Liberté de communication. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 34 ).

Article 15 (p. 35 )

Amendement n° 30 de la commission. - M. Jean-Paul Hugot, rapporteur de la commission des affaires culturelles ; Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication ; M. Gérard Collomb. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 15 bis (p. 36 )

Amendement n° 31 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 16 (p. 37 )

Amendements n°s 32 de la commission, 187 du Gouvernement et 216 de Mme Danièle Pourtaud. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud, MM. Michel Pelchat, Alain Joyandet, Louis de Broissia. - Adoption de l'amendement n° 32, les amendements n°s 187 et 216 devenant sans objet.
Amendement n° 34 rectifié de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 98 de M. Louis de Broissia. - MM. Louis de Broissia, le rapporteur, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud, M. Alain Joyandet. - Rejet.
Amendement n° 99 de M. Louis de Broissia. - MM. Louis de Broissia, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 33 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 16 (p. 38 )

Amendement n° 221 rectifié de Mme Danièle Pourtaud. - Mmes Danièle Pourtaud, le ministre, M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 222 rectifié de Mme Danièle Pourtaud et sous-amendement n° 263 du Gouvernement. - Mmes Danièle Pourtaud, le ministre, MM. le rapporteur, Michel Dreyfus-Schmidt, Louis de Broissia. - Réserve de l'amendement et du sous-amendement.
Amendement n° 233 rectifié de Mme Danièle Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Pelchat. - Retrait.

Article 17 (p. 39 )

Amendement n° 117 de M. Claude Belot, rapporteur pour avis. - MM. François Trucy, au nom de la commission des finances ; le rapporteur, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 16 (suite) (p. 40 )

Amendement n° 222 rectifié bis de Mme Danièle Pourtaud et sous-amendement n° 263 du Gouvernement (précédemment réservés) . - Mme Danièle Pourtaud. - Rejet de l'amendement, le sous-amendement étant devenu sans objet.

Article 18 (p. 41 )

Amendement n° 127 de M. Michel Pelchat. - MM. Michel Pelchat, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Amendement n° 35 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 36 de la commission. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud, M. Jean-Pierre Fourcade. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 18 (p. 42 )

Amendement n° 217 de Mme Danièle Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Pelchat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 19 (p. 43 )

Amendement n° 37 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Jean-Pierre Fourcade. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel avant l'article 20 (p. 44 )

Amendement n° 38 de la commission et sous-amendement n° 249 de M. Alain Joyandet. - MM. le rapporteur, Alain Joyandet, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud, MM. Michel Pelchat, Louis de Broissia, Jean-Pierre Fourcade, Pierre Laffite, Henri Weber, Ivan Renar, Jack Ralite, Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. - Retrait du sous-amendement ; adoption, par scrutin public, de l'amendement insérant un article additionnel.

7. Modification de l'ordre du jour (p. 45 ).

8. Nomination de membres de commissions (p. 46 ).

9. Liberté de communication. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 47 ).

Article 20 (p. 48 )

Amendement n° 188 du Gouvernement. - Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication ; M. Jean-Paul Hugot, rapporteur de la commission des affaires culturelles. - Adoption.
Amendement n° 39 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 20 (p. 49 )

Amendements identiques n°s 128 de M. Michel Pelchat et 158 rectifié de M. Jack Ralite. - MM. Michel Pelchat, Ivan Renar, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet des deux amendements.
Amendement n° 40 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Suspension et reprise de la séance (p. 50 )

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER

Article 20 bis (p. 51 )

Amendement n° 218 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. Henri Weber, le rapporteur, Mme le ministre, MM. Michel Dreyfus-Schmidt, Michel Pelchat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 21 (p. 52 )

Amendement n° 41 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendements identiques n°s 129 de M. Michel Pelchat et 159 de M. Jack Ralite ; amendement n° 219 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. Michel Pelchat, Jack Ralite, Mme Danièle Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Louis de Broissia, Michel Dreyfus-Schmidt, Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. - Adoption des amendements n°s 129 et 159, l'amendement n° 219 devenant sans objet.
Amendements n°s 189 du Gouvernement et 42 de la commission. - Mme le ministre, MM. le rapporteur, Jack Ralite. - Rejet de l'amendement n° 189 ; adoption de l'amendement n° 42.
Adoption de l'article modifié.

Article 22 (p. 53 )

Amendement n° 43 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 44 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 45 de la commission et 220 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. le rapporteur, Michel Dreyfus-Schmidt, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement n° 45, l'amendement n° 220 devenant sans objet.
Amendement n° 46 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Michel Dreyfus-Schmidt, Jack Ralite. - Adoption.
Amendements n°s 47 à 50 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption des quatre amendements.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 22 (p. 54 )

Amendement n° 51 de la commission et sous-amendement n° 196 de M. Alain Joyandet. - MM. le rapporteur, Alain Joyandet, Mme le ministre, M. Louis de Broissia. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel.
Amendement n° 52 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 23 (p. 55 )

Amendement n° 53 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 224 de Mme Danièle Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 24 (p. 56 )

Amendement n° 130 de M. Michel Pelchat. - MM. Michel Pelchat, le rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Dreyfus-Schmidt. - Adoption.
Amendement n° 190 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 191 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 54 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 24 bis (p. 57 )

Amendement n° 55 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 25 (p. 58 )

Amendement n° 56 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 26 (p. 59 )

Amendements n°s 104 de M. Gaston Flosse et 57 de la commission. - MM. Gaston Flosse, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement n° 104, l'amendement n° 57 devenant sans objet.
Amendements n°s 58 de la commission et 225 de Mme Danièle Pourtaud. - M. le rapporteur, Mmes Danièle Pourtaud, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 58, l'amendement n° 225 devenant sans objet.
Amendement n° 59 de la commission. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud. - Adoption.
Amendement n° 229 de Mme Danièle Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Amendements n°s 60 de la commission et 226 de Mme Danièle Pourtaud. - M. le rapporteur, Mmes Danièle Pourtaud, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 60, l'amendement n° 226 devenant sans objet.
Amendement n° 61 de la commission et sous-amendement n° 192 du Gouvernement. - M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Louis de Broissia, Mme Danièle Pourtaud. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Amendements identiques n°s 62 de la commission et 228 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. le rapporteur, Michel Dreyfus-Schmidt, Mme le ministre. - Adoption des deux amendements.
Amendements identiques n°s 112 de M. Louis de Broissia, 164 rectifié de M. Philippe Richert, 172 de M. Michel Pelchat et 230 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. Louis de Broissia, Pierre Hérisson, Michel Pelchat, Mme Danièle Pourtaud, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption des quatre amendements.
Amendement n° 63 de la commission et sous-amendement n° 227 de Mme Danièle Pourtaud ; amendement n° 132 de M. Michel Pelchat. - MM. le rapporteur, Michel Dreyfus-Schmidt, Michel Pelchat, Mme le ministre. - Retrait du sous-amendement n° 227 ; adoption de l'amendement n° 63, l'amendement n° 132 devenant sans objet.

Articles additionnels avant l'article 26 bis (p. 60 )

Amendements n°s 118 de M. Claude Belot, rapporteur pour avis, et 169 de M. Philippe Richert. - MM. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances ; Pierre Hérisson, le rapporteur, Mme le ministre, M. Louis de Broissia. - Retrait de l'amendement n° 169 ; rejet de l'amendement n° 118.
Amendements n°s 119 de M. Claude Belot, rapporteur pour avis, 168 de M. Pierre Hérisson et 250 de M. Paul Loridant. - MM. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances ; Pierre Hérisson, Jack Ralite, le rapporteur, Mme le ministre, MM. Louis de Broissia, Alain Joyandet. - Adoption de l'amendement n° 119 insérant un article additionnel, les amendements n°s 168 et 250 devenant sans objet.
Renvoi de la suite de la discussion.

10. Transmission d'un projet de loi (p. 61 ).

11. Dépôt d'une proposition de résolution (p. 62 ).

12. Textes soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 63 ).

13. Dépôt de rapports (p. 64 ).

14. Ordre du jour (p. 65 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

LIBERTÉ DE COMMUNICATION

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 392, 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication. [Rapport n° 154 (1999-2000) et avis n° 161 (1999-2000).]
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 6.

Article 6



M. le président.
« Art. 6. _ L'article 53 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 53 . _ I. _ Des contrats d'objectifs et de moyens sont conclus entre l'Etat et chacune des sociétés France Télévision, Réseau France Outre-mer, Radio France et Radio France Internationale, ainsi que l'Institut national de l'audiovisuel. La durée de ces contrats est comprise entre trois et cinq années civiles.
« Les contrats d'objectifs et de moyens déterminent notamment pour chaque société ou établissement public :
« _ les axes prioritaires de son développement ;
« _ le coût prévisionnel de ses activités pour chacune des années concernées, et les indicateurs quantitatifs et qualitatifs d'exécution et de résultats qui sont retenus ;
« _ le montant des ressources publiques devant lui être affectées ;
« _ le montant du produit attendu des recettes propres, notamment celles issues de la publicité de marques et du parrainage ;
« _ les perspectives économiques pour les services qui donnent lieu au paiement d'un prix.
« Le contrat d'objectifs et de moyens de la société France Télévision détermine les mêmes données pour chacune des sociétés France 2, France 3 et La Cinquième-Arte.
« II. _ Le conseil d'administration de la société France Télévision approuve le projet de contrat d'objectifs et de moyens de cette société et délibère sur l'exécution annuelle de celui-ci.
« Les conseils d'administration des sociétés France 2, France 3 et La Cinquième-Arte sont consultés, chacun en ce qui le concerne, sur le projet de contrat d'objectifs et de moyens mentionné à l'alinéa précédent, ainsi que sur l'exécution annuelle de celui-ci.
« Le président de la société France Télévision présente chaque année devant les commissions des affaires culturelles de l'Assemblée nationale et du Sénat un rapport sur l'exécution du contrat d'objectifs et de moyens de la société.
« Les conseils d'administration de l'Institut national de l'audiovisuel et des sociétés Radio France, Réseau France Outre-mer et Radio France Internationale approuvent leurs contrats d'objectifs et de moyens respectifs et délibèrent sur leur exécution annuelle.
« II bis. _ Chaque année, à l'occasion du vote de la loi de finances, le Parlement, sur le rapport d'un membre de chacune des commissions des finances de l'Assemblée nationale et du Sénat ayant les pouvoirs de rapporteur spécial, autorise la perception de la taxe dénommée redevance pour droit d'usage, assise sur les appareils récepteurs de télévision, et approuve la répartition des ressources publiques affectées au compte d'emploi de la redevance entre les sociétés France Télévision, Radio France, Radio France Internationale, Réseau France Outre-mer et l'Institut national de l'audiovisuel.
« Il approuve également, pour chacun des organismes précités, le produit attendu des recettes propres, et notamment de celles provenant de la publicité de marques et du parrainage.
« Un rapport du Gouvernement sur la situation et la gestion des organismes du secteur public est annexé au projet de loi de finances. Ce rapport présente un bilan détaillé de l'exécution de chacun des contrats d'objectifs et de moyens de ces organismes.
« III. _ Le montant des ressources publiques allouées par la loi de finances à la société France Télévision est affecté intégralement par celle-ci aux sociétés France 2, France 3 et La Cinquième-Arte.
« A cette fin, le conseil d'administration de la société France Télévision approuve un état prévisionnel des recettes et des dépenses de cette société et de ses filiales pour chaque exercice. Il approuve également les modifications apportées, en cours d'exercice, à ces budgets prévisionnels par les filiales.
« IV. _ Les exonérations de redevance audiovisuelle décidées pour des motifs sociaux donnent lieu à remboursement intégral du budget général de l'Etat au compte d'emploi de la redevance audiovisuelle.
« Ce remboursement est calculé sur le fondement des exonérations en vigueur à la date de publication de la loi n° du précitée ainsi que de celles qui pourraient intervenir postérieurement.
« Ces crédits financent exclusivement des dépenses de programmes ou de développement des sociétés ou organismes attributaires de redevance.
« V. _ Pour chacune des sociétés France 2 et France 3, le temps consacré à la diffusion de messages publicitaires ne peut être supérieur à huit minutes par période de soixante minutes.
« Pour ces mêmes sociétés, le conseil d'administration de la société France Télévision détermine les limitations de durée applicables aux messages destinés à promouvoir les programmes et les produits qui en sont directement dérivés.
« VI. _ A l'issue du premier exercice au cours duquel les règles mentionnées au V du présent article sont appliquées, le Gouvernement présentera au Parlement un rapport évaluant leur incidence sur l'évolution du marché publicitaire. »
Par amendement n° 17, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, dans le premier alinéa du I du texte présenté par cet article pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les mots : « entre l'Etat », d'insérer les mots : « , représenté par le ministre chargé de la communication et le ministre chargé des finances, ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur de la commission des affaires culturelles. Avec l'amendement n° 17, nous prévoyons expressément que le ministre des finances signe les contrats d'objectifs des organismes de l'audiovisuel public.
Il s'agit d'un engagement pluriannuel. Il importe donc d'apporter une garantie, au-delà de l'annualité budgétaire si je puis dire, par cette signature complémentaire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement car la désignation des représentants de l'Etat ne relève pas du domaine de la loi : il s'agit en effet d'une question d'organisation interne des pouvoirs publics.
Ce sont les ministères de la culture et des finances qui discuteront avec les présidents des sociétés de ces contrats, mais il convient de garder une certaine souplesse. Le secrétariat d'Etat à l'outre-mer, pour RFO, et le ministère des affaires étrangères, pour RFI, doivent en effet être associés à l'élaboration des contrats d'objectifs et de moyens.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 17.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Il me paraît que l'Etat c'est l'Etat, comme il me paraît que c'est le Gouvernement qui choisit par qui il se fait représenter. Il n'y a donc pas lieu que le législatif décide que c'est tel ou tel ministre qui doit représenter l'Etat.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 177, le Gouvernement propose :
I. - A la fin de la première phrase du I du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « ainsi que l'Institut national de l'audiovisuel » par les mots : « ainsi que la société La Sept-Arte et l'Institut national de l'audiovisuel ».
II. - En conséquence, dans le dernier alinéa du II de ce même texte, après les mots : « Radio France Internationale », d'insérer les mots : « ainsi que l'organe compétent de la Sept-Arte ».
III. - En conséquence, à la fin du premier alinéa du II bis du même texte, avant les mots : « et l'Institut national de l'audiovisuel », d'insérer les mots : « , la société La Sept-Arte ».
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. C'est un amendement de coordination qui tire la conséquence de la nouvelle rédaction des articles 2 et 3 quant à la séparation de La Sept-Arte et de La Cinquième.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 177, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 153, MM. Ralite et Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le deuxième alinéa du I du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi du 30 septembre 1986, après les mots : « contrats d'objectifs et de moyens déterminent notamment » d'insérer les mots : « dans le respect des missions du service public telles que définies à l'article 43-7 ».
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Madame la ministre, nous attendons beaucoup des contrats d'objectifs et de moyens conclus entre les responsables des chaînes publiques et le Gouvernement par l'entremise de votre ministère.
Nous voyons en eux un outil indispensable au recentrage des missions de service public telles que la loi doit ou devrait les définir, et une forme d'émancipation à l'égard des règles de l'Audimat, qui semblent seules prévaloir aujourd'hui, au détriment de l'audiovisuel public.
Notre amendement tend à ce que la loi et les missions de service public édictées par elle soient la base première de ces contrats d'objectifs et de moyens.
Dans ce cadre, la réécriture des contrats d'objectifs et de moyens par notre commission, qui fait figurer les compétences du ministère du budget dans la signature desdits contrats, augure mal du rôle que nous voudrions voir jouer par le ministère lors de ces conventionnements.
N'est-ce pas une fois encore faire prévaloir une logique comptable contre la seule logique qui devrait l'emporter, à savoir celle de l'intérêt des téléspectateurs ?
Notre amendement vise donc à rappeler que les contrats d'objectifs et de moyens auront cours dans le cadre des missions du service public définies par l'article 43-7 de la loi du 30 septembre 1986, et nous vous demandons, mes chers collègues, de bien vouloir l'adopter.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable également.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 153, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 154 rectifié, MM. Ralite et Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter le I du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi du 30 septembre 1986 par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans le cadre de ces contrats, des indicateurs qualitatifs sont mis en oeuvre afin de mesurer et d'évaluer les attentes du public. »
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Monsieur le président, je viens de placer une petite pierre blanche sur mon pupitre ! J'espère pouvoir en placer une seconde tout à l'heure. (Sourires.)
J'indiquais à l'instant notre attachement aux contrats d'objectifs et de moyens.
Dans le droit-fil de cette idée, notre amendement vise à proposer un préalable que bien des téléspectateurs, mais également bien des acteurs de la création audiovisuelle attendent, à savoir que l'audiovisuel public se détache des règles de l'Audimat.
La concurrence qui règne entre nos chaînes publiques et les chaînes privées dessert, nous pouvons le constater chaque jour, la qualité du service public.
Des pans entiers de notre culture ont disparu de nos écrans ou y apparaissent à des heures très tardives. La musique, le théâtre, la critique de cinéma, les émissions de plateaux, les créations originales sont trop souvent absents pour des motifs liés à l'Audimat et abaissée au niveau que l'on pense être celui du téléspectateur moyen.
Comment, dans ces conditions, l'audiovisuel, notamment nos chaînes généralistes, peuvent-elles participer à une quelconque cohésion culturelle ou sociale ?
Nous faut-il imaginer un univers audiovisuel fait de chaînes thématiques où le petit écran cesse, comme c'est d'ores et déjà le cas, d'être un espace d'échanges ?
La notion d'« heures de grande écoute », notion marchande s'il en est, anéantit les potentialités de notre audiovisuel.
A l'Audimat, madame la ministre, nous préférons d'autres indicateurs, notamment des indicateurs qualitatifs, qui sont seuls à même de prendre en compte la complexité et la diversité des publics de l'audiovisuel.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement exprime une idée très intéressante et nous serons attentifs aux conditions dans lesquelles le Gouvernement estime pouvoir la mettre en oeuvre.
Dans l'attente de cet avis, nous nous en remettons à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il me semble qu'il va de soi que tout ce que nous faisons ici tend précisément à satisfaire les attentes du public. Je ne vous cache donc pas que cet amendement peut paraître quelque peu redondant avec le dispositif prévu par le projet de loi. En effet, les contrats d'objectifs déterminent notamment les indicateurs qualitatifs d'exécution et de résultats qui sont retenus.
Je suis donc favorable à cet amendement, à condition que les indicateurs qualitatifs ne soient pas exclusifs d'autres indicateurs tels que la maîtrise des dépenses de structure, la recherche de gains de productivité par exemple, à condition que « des indicateurs qualitatifs soient "notamment" mis en oeuvre ».
M. le président. Quel est désormais l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission maintient sa position : elle s'en remet à la sagesse du Sénat. Toutefois, à titre personnel, cette précision m'incitera à voter pour l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 154 rectifié.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Comme l'a souligné notamment l'un de nos collègues de l'Union centriste - et nous partageons son sentiment - les indicateurs qualitatifs doivent prévaloir sur l'Audimat.
Il est bon, selon moi, de recueillir l'impression des téléspectateurs sur les émissions diffusées par nos chaînes publiques. Cet amendement va donc vraiment dans le bon sens, et il mérite d'être pris en compte.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 154 rectifié, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Une deuxième pierre blanche sur votre pupitre, monsieur Renar !
Par amendement n° 18, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger ainsi le troisième alinéa du II du texte proposé par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986.
« Le président de chaque société mentionnée au premier alinéa du I présente chaque année devant la commission des affaires culturelles, familiales et sociale de l'Assemblée nationale et devant la commission des affaires culturelles du Sénat un rapport sur l'exécution du contrat d'objectifs et de moyens de la société. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'Assemblée nationale a prévu que seul le président de France Télévision serait entendu par les commissions des affaires culturelles des deux assemblées sur l'exécution des contrats d'objectifs. Or il paraît normal que les présidents des autres sociétés publiques soient entendus eux aussi.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 115, M. Belot, au nom de la commission des finances, propose de compléter le dernier alinéa du II bis du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par une phrase ainsi rédigée : « Il fournit pour les sociétés France 2, France 3 et La Cinquième-Arte, des prévisions de recettes et de dépenses, précisant notamment le produit attendu des recettes propres de ces sociétés. »
La parole est à M. Haenel.
M. Hubert Haenel, au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Au présent article, qui définit les contrats d'objectifs et de moyens que devront passer France Télévision, RFO, RFI et Radio France, et qui comporte également deux paragraphes tendant à poser le problème du remboursement par l'Etat des exonérations de redevance ainsi que la limitation à huit minutes par heure de la durée de l'écran publicitaire, il est proposé de compléter le paragraphe II bis introduit par l'Assemblée nationale pour rétablir la prérogative conférée au Parlement en matière de répartition de la redevance et de prévoir que l'annexe au projet de loi de finances contiendra des éléments d'information sur les budgets prévisionnels des filiales de France Télévision.
En première lecture, l'Assemblée nationale a adopté un paragraphe II bis nouveau réparant une omission du projet de loi initial qui impliquait la suppression à la fois du « jaune budgétaire » relatif à la communication audiovisuelle et l'approbation parlementaire quant à la répartition de la redevance entre les sociétés et les organismes de l'audiovisuel public.
Le rapporteur pour avis considère que l'on peut aller plus loin dans le sens de l'information du Parlement et vous demande de prévoir que le « jaune » puisse inclure, comme c'est actuellement le cas, un budget prévisionnel pour les sociétés de programmes dépendant de la holding France Télévision.
Un tel dispositif ne peut en aucune façon porter atteinte à l'autonomie de gestion de la holding. Il vise simplement à donner des éléments de référence aux parlementaires sur la politique du secteur public de l'audiovisuel.
La commission des finances vous demande donc d'adopter cet article, sous réserve de l'amendement qu'elle a déposé et, bien sûr, de la rectification de coordination supprimant la référence à La Cinquième-Arte.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 115 rectifié, présenté par M. Belot, au nom de la commission des finances, et tendant à compléter le dernier alinéa du II bis du texte proposé par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par une phrase ainsi rédigée :
« Il fournit pour les sociétés France 2, France 3 et la société mentionnée à l'article 45 des prévisions de recettes et de dépenses, précisant notamment le produit attendu des recettes propres de ces sociétés. »
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission est favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 115 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 19, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de compléter le dernier alinéa du II bis du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par une phrase ainsi rédigée : « Le Gouvernement communique ce bilan au Conseil supérieur de l'audiovisuel. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Dans la mesure où il est associé à la révocation éventuelle des présidents en cas de gestion défectueuse, il est utile que le CSA soit officiellement destinataire des bilans annuels de l'exécution des contrats d'objectifs et de moyens. S'ils sont faits avec sérieux, ces bilans doivent en effet permettre d'évaluer la gestion des présidents.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il s'agit d'une mesure d'organisation pratique, puisque le CSA dispose bien évidemment de ces documents. Il ne me paraît pas nécessaire de l'inscrire dans la loi. Toutefois, si le Sénat décide de le faire, je n'émettrai pas d'opposition formelle à l'encontre d'une disposition qui traduit en fait une pratique existante. Je m'en remets donc à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 19.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Le bilan est annexé au rapport du Gouvernement, qui, lui-même, est annexé au projet de loi de finances. Il est donc dans le domaine public.
Si, par hasard, le Gouvernement oubliait - ce qui ne saurait s'imaginer - de le communiquer directement, par correction, au CSA, il est évident que ce dernier en aurait, comme nous-mêmes, immédiatement connaissance. Il me paraît donc parfaitement inutile d'inscrire une telle disposition dans la loi.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'association étroite entre le Gouvernement et le CSA pour la désignation des présidents nous paraît parfaitement traduite, en termes emblématiques si je puis dire, par l'obligation de cet envoi du bilan et elle concrétise notre volonté d'avancer sur ce point.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 20, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger ainsi le premier alinéa du III du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 :
« La société France Télévision répartit entre les sociétés France 2, France 3 et La Cinquième-Arte les ressources publiques que la loi de finances alloue à cette société. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 211, présenté par Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° 20, après le mot : "répartit", à insérer le mot : "intégralement".
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 20.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel. En effet, l'adverbe « intégralement », qui a été inséré par l'Assemblée nationale, n'ajoute rien, à notre sens, à l'obligation de répartir la totalité des ressources publiques, obligation qui résulte clairement de la rédaction initiale du projet de loi.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre le sous-amendement n° 211.
Mme Danièle Pourtaud. Par ce sous-amendement, nous entendons apporter une précision qui nous semble importante, à savoir que la holding France Télévision doit répartir « intégralement » entre les sociétés qui dépendent d'elle les ressources publiques issues de la redevance qu'elle perçoit dans le cadre de la loi de finances. Nous estimons, en effet, que l'essentiel des ressources tirées de la redevance doit être investi dans les programmes, dont nous avons dit et répété ici qu'il constituent l'enjeu principal de l'avenir.
En revanche, nous souhaitons que la holding France Télévision soit dotée de fonds propres pour assurer son fonctionnement, afin d'éviter qu'elle ne ponctionne les chaînes pour assurer ses missions, en particulier son développement.
Il nous semble donc nécessaire, comme l'avait d'ailleurs souhaité l'Assemblée nationale, de réinsérer cet adverbe dans le texte et nous le faisons par le biais d'un sous-amendement, puisque l'amendement n° 20 de la commission, qui tend à rédiger autrement l'alinéa concerné, ne reprend pas cet adverbe.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 211 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission n'a pas repris, dans la nouvelle rédaction de l'alinéa, l'adverbe « intégralement », car elle a estimé qu'il était redondant.
Les explications de notre collègue établissent qu'en toute hypothèse la présence de l'adverbe ne semble pas avoir un impact substantiel sur l'interprétation de l'amendement. La commission s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 20 et sur le sous-amendement n° 211 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je ne peux pas être favorable à l'amendement n° 20, qui supprime l'affectation « intégrale » des ressources publiques aux chaînes France 2, France 3 et La Cinquième.
La répartition intégrale de la redevance ne fait en effet nullement obstacle au financement de la société mère France Télévision. Celle-ci pourra être financée, d'une part, le cas échéant, par des dotations en capital de l'Etat actionnaire si celui-ci estime nécessaire de lui donner les moyens de faire face ainsi aux besoins de son développement - je pense notamment aux nouvelles chaînes et aux nouveaux services - et, d'autre part, bien évidemment, comme c'est l'usage dans les groupes, par des prélèvements sur les filiales pour la participation aux frais communs et par la facturation des charges spécifiques assumées pour le compte de ces filiales. C'est le principe qui est retenu et qui est la meilleure garantie que nous n'ayons pas une surcharge des dépenses financières à l'échelle du groupe.
La rédaction retenue par la commission étant toutefois plus satisfaisante, par ailleurs, je serais prête à l'accepter si le débat n'était que de forme et si M. le rapporteur acceptait d'intégrer l'adverbe « intégralement » en adoptant le sous-amendement défendu par Mme Pourtaud, auquel je suis favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 211.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Ce sous-amendement n'est pas anodin, Mme Pourtaud l'a souligné tout à fait honnêtement.
Chacun reconnaît que l'on crée une société holding. Ce n'est pas une société fantôme ! C'est une société de droit réelle avec des charges propres.
L'adverbe « intégralement » se rapporte à l'amendement n° 20 de la commission des affaires culturelles. Il signifie que si la société reçoit cent, elle donne cent. Mais alors comment est-elle elle-même financée ? Je ne vois pas apparaître son mode de financement, madame le ministre. Je suis comme saint Thomas : tant que je vois pas, je ne vote pas. Par conséquent, je ne peux accepter un tel adverbe.
A mon sens, il conviendrait, monsieur le rapporteur, de préciser que la société France Télévision, après imputation de ses charges propres, répartira entre les sociétés France 2, France 3 et La Cinquième les ressources publiques que la loi de finances lui alloue. Il faut bien reconnaître dans la loi que la holding a des charges propres que je ne connais pas.
Par conséquent, je suggère un rapprochement entre les auteurs du sous-amendement n° 211 et de l'amendement n° 20, puisque le Gouvernement élude la question du financement de la holding.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je voudrais donner une explication complémentaire à M. de Broissia pour ne pas le laisser, aussi perplexe, au milieu du gué ! Il me fait peine ! (Sourires.)
Un prélèvement a priori de redevance au bénéfice de la holding conduirait, de façon critiquable à mon sens, à détourner une partie des obligations de production et des contributions au compte de soutien qui s'imposent à chacune des chaînes. Pourquoi, après un grand débat à ce sujet, avons-nous préféré ce système ?
Tout d'abord, il est beaucoup plus clair vis-à-vis des sociétés. En effet, pour financer ses dépenses, le groupe les facture ; ce sont des dépenses financées au coûtant, et non pas sur une enveloppe dont on ne peut pas a priori vérifier la portée. Cela limite au strict nécessaire les dépenses au niveau du groupe et de la société mère, et les sociétés sont ainsi assurées de disposer du maximum de financement.
De plus, comme nous centrons ce projet de loi sur le développement, notamment sur la production, il est normal que les chaînes bénéficient en priorité des ressources de redevance, ce qui est, je crois, le souci du Parlement.
Il ne serait pas bon d'adopter un système permettant de soustraire une partie de la redevance aux obligations, d'autant que nous voulons, au moyen de l'argent public dont le montant est voté par le Parlement, favoriser l'augmentation de la production de programmes.
M. Louis de Broissia. Je reste au milieu du gué, madame le ministre !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je relève avec grand intérêt la proposition de notre collègue M. de Broissia. Il est vrai que la commission s'est prononcée sur cet adverbe en termes purement rédactionnels.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Voilà !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Une nouvelle question se pose : la holding doit-elle bénéficier de moyens propres dont la totalité ne serait pas répartie sur chacune des entités qu'elle chapeaute ? Si, effectivement, monsieur Laffitte, l'affectation des ressources propres serait plus libre, il importe malgré tout que la commission mène cette réflexion.
Nous préférons donc en rester à la position purement rédactionelle que nous avons adoptée, renvoyant à la deuxième lecture l'approndissement de cette proposition, madame la ministre.
M. Hubert Haenel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Haenel.
M. Hubert Haenel. L'amendement et les explications que vient de donner M. de Broissia me paraissent tout à fait pertinents.
Mettons-nous à la place de la Cour des comptes, dont on parle beaucoup aujourd'hui, ou à celle de M. Belot, qui, au nom de la commission des finances, a un pouvoir de contrôle sur place et sur pièces. Il faut que les règles soient bien précises. Sur quoi et comment allez-vous financer, même s'ils sont minces, les frais de la holding ?
Madame la ministre, votre réponse ne m'a pas convaincu, car elle n'est pas suffisamment précise sur le plan strictement comptable.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je tiens d'abord à préciser qu'il existe des ressources propres, ne serait-ce que les ressources publicitaires sur lesquelles on peut sans difficulté prélever les sommes nécessaires au fonctionnement de la holding.
Vis-à-vis de tous les Français qui paient la redevance, le fait de préciser que la totalité de ladite redevance est affectée à la fabrication des programmes est une solution claire, simple et efficace. Je voterai donc l'amendement et le sous-amendement.
M. Hubert Haenel. C'est encore moins clair qu'avant !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je remercie M. Hugot des précisions qu'il a apportées.
Il nous a été dit en commission, et M. le rapporteur vient de le confirmer, qu'il s'agit d'une question d'ordre rédactionnel. En effet, affirmer que : « La société France Télévision répartit... les ressources publiques que la loi de finances alloue à cette société » signifie, bien évidemment, que toutes les ressources publiques soient réparties.
En présentant notre amendement, nous avions attiré l'attention sur le fait qu'il fallait éviter toute équivoque. Aucune conclusion ne doit être tirée de la suppression de l'adverbe « intégralement » qui a été introduit à l'Assemblée nationale.
M. de Broissia insiste, et M. Haenel après lui, en affirmant que l'on peut entendre les choses différemment, en dépit du fait que la commission des finances ne se soit pas jusqu'à présent souciée de cette question. C'est une raison de plus, en effet, pour réintroduire cet adverbe.
Dans le privé, une holding ne dispose pas de fonds propres en tant que tels, hormis son capital. S'il y a des frais, ils sont facturés aux diverses sociétés. Mme le ministre dit qu'il sera procédé ainsi. Il n'y a donc aucune raison de ne pas faire figurer l'adverbe dans le texte. S'il était retiré, il s'ensuivrait une équivoque que nos débats souligneraient encore. C'est pourquoi nous insistons pour que le sous-amendement n° 211 soit adopté.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Je veux bien l'admettre, il s'agit non pas d'un problème politique, mais d'un problème rédactionnel.
Je partage l'avis de mon collègue M. Pierre Laffitte quant à l'adoption de l'amendement n° 20 tel qu'il nous est proposé, assorti du sous-amendement n° 211, quitte à revenir sur cette décision lors de la deuxième lecture. Mais les interprétations ne reflétant pas toujours exactement les intentions de ceux qui les expriment, je ne voudrais pas que notre vote laisse, d'une manière ou d'une autre, penser que le Sénat émet des réserves quant à l'affectation de la totalité de la redevance.
J'ai bien relevé du côté de la commission une certaine hésitation entre les deux solutions ; en fait, elle n'a pas vraiment arrêté sa position sur ce point. Aussi, je crois qu'il faut adopter l'amendement avec le sous-amendement. Nous montrerons ainsi que nous souhaitons que l'intégralité de la redevance soit versée aux chaînes. Ensuite, s'il y a des factures à adresser pour le fonctionnement de la holding aux chaînes, celles-ci sauront ce qu'elles paient et pourquoi elles paient. Ce ne sera pas la conséquence d'une décision arbitraire de la part du président de la holding.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. De toute façon, l'article 6 reste en navette.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je rappelle simplement à notre collègue Michel Pelchat que, sur le sous-amendement n° 211, la commission s'en est remis à la sagesse du Sénat. En ce qui me concerne, je considère qu'il n'a qu'une portée rédactionnelle, donc je ne lui attache pas une importance considérable.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 211, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 20, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 178, le Gouvernement propose, à la fin du deuxième alinéa du paragraphe IV du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi du 30 septembre 1986, de supprimer les mots : « ainsi que de celles qui pourraient intervenir postérieurement. »
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Si de nouvelles exonérations de la redevance devaient être décidées demain, il serait préférable que le Parlement se prononce sur leur remboursement à France Télévision au cas par cas, ce qui permettrait à celui-ci de veiller à ce que toute nouvelle exonération soit compensée par des crédits correspondants.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Nous sommes un peu surpris par cet amendement qui ne semble pas prendre en compte le fait que le remboursement intégral des exonérations de redevance doit être considéré comme une donnée indiscutable. La commission est donc plutôt défavorable à ce qui lui apparaît comme une limitation de l'interprétation de ce principe général.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 178.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Madame la ministre, je souhaiterais qu'il soit bien précisé que, en cas de vote du Parlement dans le cas défini à cet article 6, l'article 40 de la Constitution, ne pourra être opposé.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Cet amendement présente un aspect intéressant. Rappelez-vous l'objection que j'avais formulée et que je continue de formuler sur l'engagement pris aujourd'hui, en toute sincérité, je le reconnais. Mais, on ne sait pas qui, dans quelques années, siégera au banc du Gouvernement ni quelle sera la majorité en place, ni quelles seront les difficultés budgétaires. Le passé nous enseigne qu'il est très facile de supprimer un demi-milliard de francs sur la compensation de la redevance. S'il y a débat au Parlement, ce sera déjà plus difficile.
Par ailleurs, le fait que le Gouvernement soit amené, pour toute nouvelle compensation, à demander au Parlement d'émettre un avis peut être considéré dans un autre sens.
Je serais presque tenté de sous-amender cet amendement en précisant que, quand le Gouvernement décide de ne pas compenser intégralement, il doit faire savoir au Parlement quelles sont les exonérations qu'il entend supprimer.
C'est pourquoi je trouve cet amendement intéressant. Peut-être pourrait-on le travailler un peu plus à l'occasion de la deuxième lecture et le renforcer, pour qu'il ait un côté pile et un côté face : le côté pile serait ce que vous nous proposez, madame le ministre, et le côté face, que nous pourrions vous proposer en deuxième lecture, serait de faire en sorte que, le jour où le Gouvernement décide de supprimer des exonérations, il en informe le Parlement.
En conséquence, je voterai cet amendement dans la mesure où, en deuxième lecture, on pourra le compléter de façon intéressante.
M. Ivan Renar. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Je trouve, moi aussi, cet amendement intéressant. Il est fondé sur l'expérience, qui tient compte des difficultés qu'ont rencontrées les ministres responsables de la communication pour faire rentrer l'argent des exonérations.
Je suis d'accord avec notre collègue M. Pelchat : les ressources de l'audiovisuel public mériteraient, à elles seules, un débat. En l'occurrence, Mme Trautmann parle d'expérience ; il y a un aspect « rocher de Sisyphe » dans la compensation de ces exonérations : on croit avoir réglé le problème et il se pose de nouveau. Il serait bon que le Parlement prévoie une espèce de garde-fou pour l'avenir.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. J'avoue que je ne comprends pas : si la loi est votée demain et qu'après-demain intervienne une exonération, celle-ci ne serait pas, aux termes de l'amendement, remboursée par l'Etat aux chaînes publiques.
Il est vrai que la loi pourrait dire purement et simplement que ce remboursement est calculé sur les fondements des exonérations. Si des exonérations sont instituées demain, qui en décidera ? C'est la loi et non le Gouvernement. Dans ces conditions, vous serez éclairé, mon cher collègue Pelchat.
Madame la ministre, nous avons vraiment du mal à comprendre pourquoi il faudrait supprimer les termes « ainsi que de celles qui pourraient intervenir postérieurement ». Dans ces conditions, nous ne sommes pas tentés de voter cet amendement.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. L'expérience nous permet de savoir comment les choses se passent. Des exonérations ont été décidées. Les compensations correspondantes ont été prévues, puis elles ont diminué sans que l'on se soucie du rapport entre ces compensations et les montants réels des exonérations. Il faut donc être extrêmement attentif au problème qui se pose et je sais que tel est le souci de M. Pelchat. Nous en avons beaucoup parlé ensemble : il faut absolument réfléchir à deux fois avant d'aller plus loin dans des décisions d'exonération.
En effet, si les chaînes sont sans arrêt confrontées à la diminution de leurs recettes, ce qu'elles ont connu jusqu'à ce gouvernement, de telle sorte qu'elles se trouvent dans l'obligation de rechercher dans la publicité les recettes qui devraient naturellement leur être octroyées par les ressources publiques, il existe un vrai problème.
Il faut donc en revenir au principe d'une décision à caractère social qui doit être prise en compte comme telle et ne pas mettre les chaînes en difficulté.
Quand une telle décision à caractère social est prise, il faut que chacun puisse en mesurer toutes les conséquences, comme d'ailleurs, inversement, quand il s'agit d'une décision de suppression, ainsi que cela a été évoqué tout à l'heure.
En fait, cet amendement participe du souci de clarification que nous éprouvons à l'égard des exonérations de redevance, de leur compensation ou de leur mode de décision.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. L'article 6 reste en navette, de toute façon.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 178, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 21, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de supprimer le dernier alinéa du IV du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'affectation des remboursements d'exonération aux dépenses de programmes et de développement n'a aucun sens comptable dans la mesure où les dépenses de programmes et de développement figurent parmi les postes principaux des budgets des chaînes et sont financées par l'ensemble des ressources dans lesquelles sont noyés les remboursements d'exonération.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est favorable à la suppression de cette phrase, qui est peu claire.
Bien évidemment, comme je l'ai indiqué dans la discussion générale, les nouvelles ressources dont bénéficient les chaînes publiques doivent servir à financer les programmes et le développement. Mais inscrire dans la loi une obligation d'affectation me semble contre-productif dans la mesure où cela pourrait même nous interdire le versement des sommes correspondantes au compte d'affectation spéciale de la redevance et leur totale fongibilité avec le produit de la redevance que nous défendons par ailleurs comme une garantie de non-réglementation infra-annuelle.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 21, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 195, M. Joyandet propose :
« I. - De compléter le IV du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les foyers ne percevant pas, par voie hertzienne terrestre, la totalité des chaînes publiques de télévision sont exonérés du paiement de la redevance télévisuelle.
« Les exonérations de redevance audiovisuelle décidées pour des motifs de mauvaise couverture du territoire ne donnent pas lieu à remboursement du budget général de l'Etat au compte d'emploi de la redevance audiovisuelle. »
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, de compléter, in fine, cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes pour le budget de l'Etat résultant de l'exonération de redevance audiovisuelle pour des motifs de mauvaise couverture du territoire est compensée à due concurrence par le relèvement des tarifs prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
« III. - En conséquence, de faire précéder le début de cet article par : "I.". »
L'amendement est-il soutenu ?
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 22, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de supprimer les paragraphes V et VI du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986.
Par amendement n° 124, M. Pelchat propose, à la fin du premier alinéa du V du texte présenté par l'article 6 pour l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « à huit minutes par période de soixante minutes » par les mots : « à respectivement six et quatre minutes par période de soixante minutes ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 22.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Diminuer la durée des écrans publicitaires et la part de la publicité dans les ressources de France 2 et de France 3 est une excellente chose en principe. C'est probablement pourquoi le Gouvernement a voulu en faire une mesure emblématique du projet de loi.
Je considère cette démarche comme une erreur. En inscrivant dans la loi une mesure dont le caractère est manifestement réglementaire, le Gouvernement renonce en effet à toute flexibilité. C'est un risque qu'il prend ainsi car le secteur public va perdre la possibilité de ponctionner le marché publicitaire pour répondre aux besoins de financement liés à la diversification dans le numérique et faire face aux aléas inévitables de la gestion des finances publiques.
A mon avis, la durée maximale théorique des écrans publicitaires doit être fixée par le cahier des charges de façon suffisamment large pour donner des marges de manoeuvre au service public. La durée effective doit être fixée par les contrats d'objectifs et de moyens en fonction de la stratégie de programmation définie avec l'actionnaire, des stratégies de développement retenues, des prévisions de ressources publiques et des besoins de financement des organismes.
Faire de la durée des écrans publicitaires le critère emblématique de la qualité et de la liberté des programmes du secteur public est, à mon sens, une lourde erreur. Ce n'est que l'un des nombreux éléments constitutifs d'une politique globale que les contrats d'objectifs et de moyens définiront et à laquelle les lois de finances alloueront les moyens nécessaires.
C'est pourquoi, mes chers collègues, je vous propose de supprimer la disposition limitant la durée horaire des messages publicitaires diffusés par France 2 et France 3.
M. le président. La parole est à M. Pelchat, pour présenter l'amendement n° 124.
M. Michel Pelchat. Il va sans dire que cet amendement va exactement à l'opposé de la suppression qui est demandée par la commission. Pour ma part, je propose au contraire que la diminution prévue - qui va dans la bonne direction, madame, je l'ai dit, et qui comportera des effets positifs incontestables - aille encore au-delà. J'ai pris l'exemple de nos voisins européens, l'Angleterre, l'Allemagne, qui vont bien au-delà de ce que vous proposez aujourd'hui.
Je ne connais pas de pays où l'on ait laissé le responsable de la chaîne décider de lui-même quel temps de publicité il convenait de diffuser. Nous avons, nous, une double obligation à l'égard des chaînes publiques : leur donner les moyens financiers nécessaires pour fonctionner convenablement et leur indiquer les limites à respecter en matière de publicité, notamment en termes de temps d'antenne.
Je n'ai pas déposé d'amendement en ce sens, mais il serait bon, madame la ministre, que vous permettiez au service public de pratiquer plusieurs « tunnels », à l'instar de ce que font aujourd'hui les chaînes privées, y compris dans les huit minutes que vous prévoyez.
On le sait, les téléspectateurs ont beaucoup moins tendance à quitter un programme lorsqu'une émission est coupée au cours de son déroulement. Ils changent d'autant plus facilement de chaîne qu'ils savent que le tunnel sera long. Or les tunnels de début ou de fin d'émission sont particulièrement longs. Les mesures opérées par Médiamétrie sont tout à fait significatives à cet égard.
Cela signifie que nous pourrions aussi, éventuellement, élever un peu le prix des espaces publicitaires en fidélisant mieux les téléspectateurs pendant les tunnels.
L'amendement n° 124 est simplement un amendement de cohérence avec les amendements qui, en contrepartie d'une réduction certes sensible de la durée des espaces publicitaires, tendaient à augmenter le produit de la redevance, afin de compenser le manque à gagner.
Bien entendu cet amemendement n'a plus véritablement de sens à partir du moment où le Sénat a repoussé ceux dont il était la contrepartie, sauf à mettre en difficulté les chaînes publiques, ce que je ne souhaite surtout pas. Je retire donc cet amendement.
Cela étant, je souhaite que le Parlement fixe un cadre et j'espère que l'on ira encore en deçà des huit minutes d'espaces plubicitaires sur les chaînes publiques. Ce serait une initiative qui irait dans la bonne direction. Mais cela suppose une augmentation des ressources publiques. Apparemment, ce n'est pas ce que l'on veut faire aujourd'hui, mais il faudra en passer par là pour rejoindre nos partenaires européens les plus performants.
M. le président. L'amendement n° 124 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 22 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Chacun le comprendra, je suis fondamentalement défavorable à cet amendement. Il s'agit en effet d'une disposition essentielle du projet de loi.
J'ai proposé au législateur qu'il se prononce clairement pour une réduction à huit minutes du temps consacré à la publicité et qu'il se prononce en même temps sur la clarification des missions des chaînes publiques. Ces deux mesures se complètent au regard de la volonté de raffermissement de l'identité du service public et de rééquilibrage de son financement. Elles relèvent toutes deux, dans l'intention du Gouvernement, de la définition de l'audiovisuel public à laquelle invite le protocole d'Amsterdam.
Je regrette que la commission des affaires culturelles, dont je sais qu'elle partage dans sa majorité la volonté ici exprimée par le Gouvernement, n'y ait pas été plus sensible. Il s'agit non pas d'une disposition d'ordre interne aux sociétés ou d'une décision conjoncturelle qui pourrait relever de leur conseil d'administration, mais d'une prise de position forte, politique, qui traduit notre conception d'un service public.
C'est la conception d'un service public dégagé des contraintes de la rentabilité commerciale, bénéficiant d'une structure de recettes plus favorable, et mettant par ailleurs France Télévision à l'abri des contestations sur le niveau de la ressource publique comparée aux recettes commerciales. En effet, il faut choisir : ou bien la majorité des ressources a une provenance publique, et l'on se met alors en mesure de résister à toute contestation possible face à la concurrence avec le privé ; ou bien on continue de fragiliser le système en poussant les chaînes, comme on l'a fait dans le passé, à rechercher des recettes commerciales, mais, on le sait, elles y perdent leur liberté et leur marge de manoeuvre, elles n'effectuent plus correctement leurs missions de service public, et cela leur a été durement reproché.
Je crois donc, mesdames, messieurs les sénateurs, que c'est un engagement très fort vis-à-vis du service public audiovisuel, et je souhaite très sincèrement que vous vous prononciez en faveur du dispositif qui vous est proposé.
Je le répète, dans la perspective de toute la réflexion qui a été engagée concernant France 2 et France 3, il convient que nous puissions donner ce cadre et marquer que, lorsque le Parlement vote la redevance, il se prononce également pour un engagement des chaînes publiques à respecter les missions qu'il leur assigne.
En votant un tel amendement, d'une certaine manière, le Parlement refuserait de se prononcer sur 50 % de ce qui fait aujourd'hui la force de ce texte. (Très bien ! sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 22.
M. Gérard Collomb. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Collomb.
M. Gérard Collomb. Nous ne pouvons cautionner un amendement qui tend à supprimer, comme le disait Mme la ministre, l'une des dispositions essentielles du projet de loi.
Si nous suivions la commission, que deviendrait l'originalité du secteur public ? Celui-ci adopterait progressivement la même logique marchande que les chaînes privées ! Soit on est pour une logique totalement privée, soit on considère qu'il existe une autre voie, où sont prises en compte d'autres considérations que commerciales, où l'on n'est pas enchaîné aux règles marchandes.
Nous avons d'ailleurs été parfois étonnés par une argumentation selon laquelle, si nous diminuions la publicité sur les chaînes publiques, c'était simplement pour accompagner un mouvement déjà bien amorcé, pour entériner l'effondrement des recettes publicitaires de ces chaînes.
En effet, les chiffres démontrent que l'évolution est, en réalité, exactement inverse. Si nous voulions suivre la pente la plus facile, nous irions au contraire vers une augmentation de la publicité.
Cette décision de diminution relève donc bien d'une démarche volontariste et elle est un signe en direction des téléspectateurs.
Car il est bien évident que l'écrasante majorité des téléspectateurs est aujourd'hui choquée par la diffusion de séquences de publicité qui n'en finissent plus, qui forment des tunnels interminables, et je crains qu'ils n'apprécient guère cette volonté de la majorité de notre assemblée de s'opposer à une disposition majeure de ce texte.
A tout prendre, nous préférerions adopter le point de vue de notre collègue Michel Pelchat. Nous considérons que l'on est parvenu aujourd'hui à un point d'équilibre mais que, demain, il faudra peut-être aller plus loin. Au demeurant, il est clair qu'un jour il faudra oser trancher et faire en sorte, par exemple, que la redevance soit semblable à ce qu'elle est dans les pays où existe une télévision publique forte.
M. Michel Pelchat. Voilà !
M. Gérard Collomb. C'est pourquoi nous nous opposons à l'amendement n° 22.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Très bien !
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Il s'agit effectivement ici d'une des rares dispositions « mythiques » de ce projet de loi.
On a d'abord voulu faire une grande loi « anticoncentration ». Or il n'y a rien à cet égard dans le texte qui nous est présenté.
Mme Danièle Pourtaud. Vous le regrettez ?
M. Louis de Broissia. L'histoire récente est toujours intéressante. Nos collègues de l'Assemblée nationale voulaient absolument stopper la concentration, empêcher les grandes entreprises de tout dévorer.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Mais il y a bien, dans le texte, quelque chose contre les concentrations !
M. Louis de Broissia. Ensuite, il a été question de faire une loi « anti-exclusivité sur TPS ». Je me souviens que, à l'époque où j'étais dans la majorité - et cela reviendra, car c'est la loi du genre ! - nos collègues nous disaient : « Quand nous reviendrons au pouvoir, nous prendrons une mesure anticoncentration et ensuite une mesure anti-exclusivité des chaînes publiques sur TPS. »
Pour finir, on en revient à quelque chose de raisonnable, et il faut vous en complimenter, madame le ministre, même si certaines propositions sont un peu aberrantes.
En effet, ces dispositions publicitaires vont finalement favoriser les grandes chaînes, TF 1 et M 6 pour ne pas les citer. En réduisant la publicité sur les chaînes publiques, on va inévitablement, compte tenu des effets d'aspiration, augmenter la demande sur les autres chaînes.
D'ailleurs, si Mme Pourtaud nous propose un amendement visant à taxer ces ressources publicitaires nouvelles, c'est bien qu'il va y en avoir ! L'opération me paraît vraiment bizarre !
Je vis aussi aux côtés de téléspectateurs, et je sais aussi les écouter.
Il en est d'abord un certain nombre pour se plaindre des zones d'ombre. On élude systématiquement ce sujet. Evidemment, les habitants de nos campagnes et de nos vallées qui, même à trente kilomètres de Dijon, subissent de très mauvaises conditions de réception n'intéressent personne ! Vous le voyez, monsieur le président, je n'ai pas pu défendre l'amendement de M. Joyandet, mais je retombe sur mes pieds ! (Sourires.)
Eh bien, sur les zones d'ombre, il n'y a rien dans ce projet de loi ! Autrement dit, les téléspectateurs se débrouilleront, paraît-il en achetant une coupole, puis un décodeur. On m'a même expliqué qu'un jour ils seraient remboursés !
Les gens sont attachés au service public, comme nous tous. Mais ils disent que l'on ne distingue pas le service public du service privé.
Plusieurs sénateurs socialistes. Justement !
M. Louis de Broissia. Si vous n'aviez pas la mire de France 2 et celle de TF 1, vous ne sauriez pas sur quelle chaîne vous êtes. Avec les présentateurs qui, effectivement, ne sont pas les mêmes, c'est la seule chose qui les différencie !
Personne ne m'a jamais dit que le fait de passer de dix minutes à cinq minutes de publicité par heure l'empêchait de dormir !
Il y a en outre une inquiétude très profonde chez les personnes qui travaillent à France 2, à France 3, à La Cinquième ou à Arte sur la manière dont ensuite, de loi de finances en loi de finances, nous pourrons leur accorder une certaine indépendance financière.
Je ne suis pas du tout persuadé que cette mesure de rétrécissement du tunnel publicitaire soit attendue par les téléspectateurs. Aucun sondage ne l'a jamais montré ! La respiration publicitaire permet aussi une respiration des téléspectateurs ! Après tout, pendant dix minutes, ils ne sont pas asservis !
Je ne suis pas davantage persuadé que ce rétrécissement corresponde à une aspiration incontournable des employés du service public.
Faites un sondage : vous constaterez, au contraire, que cette mesure provoque une grande inquiétude.
Je suivrai, pour ma part, de façon résolue, la proposition de la commission des affaires culturelles.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Je considère, moi aussi, qu'il s'agit d'une disposition centrale du projet de loi, d'une disposition essentielle pour la refondation du service public.
M. de Broissia vient de nous expliquer que cette mesure de réduction de la publicité n'était absolument pas attendue par nos concitoyens, que cette question ne les empêchait pas de dormir et que, de toute façon, aucun sondage ne leur avait jamais demandé ce qu'ils en pensaient.
Eh bien, je tiens à sa disposition des articles nombreux parus dans la presse et faisant état d'un sondage réalisé en 1998 par la SOFRES - un institut qui jouit tout de même d'une certaine notoriété - aux termes duquel 83 % des Français estimaient qu'il y avait trop de publicité sur les chaînes du service public et plus de 70 % étaient favorables à une baisse autoritaire de la publicité sur ces chaînes.
M. Henri Weber. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Weber.
M. Henri Weber. J'ignore s'il s'agit d'une disposition mythique mais je veux rappeler à M. de Broissia son contexte.
Notre pays est, parmi les pays comparables, le seul où l'introduction de la mixité dans l'audiovisuel s'est faite par la privatisation de la principale chaîne de service public. Nulle part ailleurs, cela ne s'est passé ainsi ! En général, aux chaînes publiques existantes ont été adjointes des chaînes privées, lesquelles se sont ensuite taillé un marché.
En France, de par la volonté de quelques-uns, qui se reconnaîtront - ils ont, ici même, voté la loi - on a procédé de façon véritablement scandaleuse, on a marché sur la tête : la principale chaîne de service public, TF 1, a été privatisée, ce qui a gravement déséquilibré le système audiovisuel, système qui doit être pensé dans son ensemble, avec, entre un pôle public et un pôle privé, des chaînes diverses.
Cependant, on ne s'est pas contenté de déstabiliser ce système : à partir de 1993, on a assisté à ce que Mme la ministre a appelé une « privatisation rampante ». Autrement dit, les dotations publiques ont baissé tandis que la part du financement publicitaire augmentait de façon presque exponentielle, des objectifs de recettes publicitaires irréalistes, hors d'atteinte, ayant été fixés. Cette situation a contraint les chaînes publiques à des mesures d'économies et même à des mesures malthusiennes dans le domaine de la production.
Le Gouvernement, et c'est tout à fait salutaire, entend précisément donner un coup d'arrêt à cette dérive, à cette privatisation rampante. C'est cela que nous soutenons. Nous ne sommes pas des publiphobes, nous ne sommes pas des ayatollas opposés à toute publicité. Tout comme vous, j'éprouve du plaisir à regarder des spots publicitaires, à condition toutefois qu'on ne m'impose pas un tunnel de vingt minutes ! Pendant quatre ou cinq minutes, c'est tout à fait distrayant. Les spots sont souvent très bien faits et, dans le domaine du film publicitaire, notre industrie est d'ailleurs une des meilleures du monde.
Il faut réduire la durée des écrans publicitaires et je suis donc en désaccord avec notre commission, qui ne comprend pas l'intérêt de cette réduction parce qu'elle s'inscrit encore dans la logique que j'évoquais tout à l'heure et qui a conduit à faire passer, de 1992 à 1997, la part du financement par recettes publicitaires de la chaîne amiral du service public, France 2, de 42 % à 52 %.
Il faut inverser ce processus, en procédent de façon réaliste et progressive, c'est-à-dire sans mettre immédiatement le « compteur » à quatre ou à cinq minutes de publicité seulement. De ce point de vue, l'Assemblée nationale a prévu un processus sage mais, quelle que soit à cet égard l'issue, il ne s'agit pas là d'une disposition anecdotique ; c'est une disposition centrale du présent projet de loi, et notre assemblée s'honorerait en la votant.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Je demande la parole.
M. le président. La parole est M. le président de la commission des affaires culturelles.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. J'éprouve le besoin de prendre la parole à ce moment du débat parce que les interventions des uns et des autres me semblent traduire un malentendu, ou, tout au moins, procéder d'une interprétation erronée des intentions de la commission. Je parle, bien entendu, sous le contrôle de ses membres et, d'abord, de son rapporteur.
J'ai bien entendu ce qu'a dit M. Pelchat sur la publicité ainsi que sur la situation dans les autres pays. Que l'on ne s'y trompe pas toutefois : la commission des affaires culturelles ne souhaite pas le maintien au niveau actuel de la publicité sur les chaînes publiques ; elle indique au contraire au Gouvernement que le meilleur moyen de réduire le temps consacré à la publicité est de passer par le cahier des charges, et elle lui demande de l'appliquer aux chaînes publiques.
Cette formule présente deux avantages. Le premier est celui de la souplesse : on adapte la mesure aux objectifs que l'on veut atteindre.
Le second - je réponds à M. Michel Pelchat - est de ne pas bloquer la situation : si le Gouvernement veut réduire ensuite davantage les temps de publicité, il pourra le faire par le biais du cahier des charges, mais qu'il prenne alors les mesures de financement qui en découlent !
Telle est la position de la commission. Il n'y a pas, parmi les membres de cette assemblée, ceux qui sont pour la réduction des temps de publicité et ceux qui sont contre, comme certains sembleraient vouloir le faire croire ; il y a ceux qui estiment que légiférer en la matière n'est pas la bonne méthode, car elle est rigide et ne permet pas les adaptations nécessaires, et ceux qui veulent légiférer pour frapper l'opinion !
Aussi, madame la ministre, si vous voulez réellement réduire les temps de la publicité, faites-le par l'intermédiaire du cahier des charges. Nous approuverons cette démarche, bien qu'il ne soit pas certain que le service public doive se caractériser par cette seule mesure. La personnalité du service public ne se réduit tout de même pas, en effet, à la durée plus ou moins longue des écrans publicitaires !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. C'est sûr !
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Tout le monde en est bien d'accord.
Il ne s'agit pas ici, je le répète, d'une opposition entre partisans de plus ou de moins de publicité. Notre débat porte sur la méthode.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Pour vous !
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Je donne acte au président de la commission des affaires culturelles et à son rapporteur qu'il n'est pas dans leur intention de refuser de s'engager dans la voie de la réduction de la publicité sur les chaînes de service public et que, en tout cas, ils n'ont pas exprimé une telle intention.
Cependant, j'ai déjà dit tout à l'heure, à un autre propos, que je me méfiais des interprétations, souvent simplistes, de l'opinion publique. Or que retiendra-t-elle de notre débat ? Elle retiendra que le Sénat s'oppose à l'inscription dans la loi de la réduction des temps de publicité ! C'est un raccourci mais nous sommes, hélas ! habitués à ce genre de considération sur nos débats.
A cette raison de ne pas suivre la commission s'ajoute toutefois une raison beaucoup plus fondamentale. En 1992, d'un seul coup d'un seul, la durée des écrans publicitaires sur France 3 a été portée de neuf minutes à douze minutes. En avez-vous été informés ? Non, car il s'agissait d'un simple décret pris par le ministre de l'époque - dont les responsabilités ministérielles touchaient d'ailleurs à leur terme puisque ce décret fut pris le dernier ou l'avant-dernier jour avant la cessation de ses fonctions. (Sourires.)
M. Henri Weber soulignait que la part des recettes publicitaires dans le financement de France 2 était passée de 42 % à 52 % entre 1992 et 1997. Eh bien, pour France 3, l'augmentation a été encore plus importante, à la suite toujours de ce décret pris dans le secret d'un cabinet ministériel !
Décider que la modification de la durée des écrans publicitaires devra désormais être prévue par la loi, c'est obliger, demain, un ministre tenté de le faire à soumettre un projet de loi aux assemblées, garantie très forte...
Mme Danièle Pourtaud. Excellent !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Tout à fait !
M. Michel Pelchat. ... au-delà du fait, unanimement reconnu dans cette assemblée, que les chaînes publiques européennes qui ont le mieux réussi sont celles dont les écrans publicitaires sont les plus courts et les financements publics les plus importants.
Tirer les conséquences de ce constat dans la loi constitue une précaution : il ne sera plus possible de revenir en arrière et, même, on pourra pousser le Gouvernement à aller plus loin, et, en fonction de la réussite des objectifs que nous fixons aujourd'hui, réduire encore la publicité en augmentant à due concurrence les recettes publiques.
En tout cas, nous serons à l'avenir protégés contre les décrets pris dans le secret des cabinets ministériels !
Plusieurs sénateurs socialistes. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, repoussé par le Gouvernement.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas l'amendement.)
M. Ivan Renar. Ceux qui ont dit non !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 6, modifié.

(L'article 6 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 6



M. le président.
Par amendement n° 125, M. Pelchat propose d'insérer, après l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans la première phrase du II de l'article 71 de la loi du 30 septembre 1986 précitée, les mots : "le produit de la redevance pour droit d'usage et des" sont remplacés par le mot : "les". »
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. L'amendement n° 125 vise, lui aussi, à réduire sensiblement la durée des écrans publicitaires.
Il tend à supprimer la taxe sur la redevance affectée au Centre national de la cinématographie et, afin que celui-ci conserve le même niveau de financement, à augmenter à due concurrence le prélèvement sur l'ensemble du marché publicitaire, public et privé.
Toutefois, l'amendement n° 125 n'a de sens que si l'on procède à une augmentation importante des recettes publiques. Comme tel n'est pas le cas, il déséquilibrerait le service public. Je le retire donc, mais, dans l'esprit, je le maintiens car il nous faudra y venir un jour.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Absolument.
M. le président. L'amendement n° 125 est retiré.
Par amendement n° 155 rectifié, MM. Ralite et Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 6, d'un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai d'un an après la publication de la présente loi, un rapport sera soumis au Parlement sur le financement des sociétés de l'audiovisuel public visant à conforter les ressources du service public de l'audiovisuel. »
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Nombre de collègues sont intervenus au cours du débat pour souligner la faiblesse du financement de l'audiovisuel public. Or, chacun le sait, le financement est le nerf de la guerre, en l'occurrence le nerf de la guerre des programmes. Aucune piste ne doit donc être omise, et je rejoins, de ce point de vue, les préoccupations de nos collègues MM. Collomb et Pelchat.
Peut-on se satisfaire, par exemple, de l'utilisation des réseaux publics hertziens par les opérateurs privés à titre gratuit ?
La question de l'assiette de la redevance ne doit-elle pas être approfondie au moment même où le développement des nouvelles technologies, et notamment du réseau Internet, pourrait la remettre en cause ?
N'y aurait-il pas dans le développement de nouveaux services publics audiovisuels, des solutions pour accroître le financement du service public dans son ensemble ?
Doit-on se résoudre à constater le déclin de l'audience de nos chaînes publiques au profit des chaînes à péage ?
Quelles mesures serons-nous à même de prévoir, dans un délai que nous souhaitons le plus bref possible, pour rattraper le retard que notre pays a pris dans le financement de son audiovisuel, quand, dans le même temps - et nous avons soutenu cette mesure - l'on renonce à une part importante des ressources publicitaires, pour des motifs que nous pensons - j'insiste - légitimes ?
Toutes ces questions doivent être abordées par la représentation nationale et c'est pourquoi l'amendement que nous vous proposons d'adopter prévoit la présentation, dans un délai d'un an, par le Gouvernement d'un rapport au Parlement sur le financement de l'audiovisuel public visant à conforter ses missions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement parce que, comme je l'indiquais hier, il déposera avant le mois de juin 2000 un rapport au Parlement sur la redevance. Il a donc, je crois, anticipé vos voeux, monsieur Renar.
M. le président. Monsieur Renar, l'amendement n° 155 rectifié est-il maintenu ?
M. Ivan Renar. Je le maintiens, monsieur le président, car son objet est plus vaste que la redevance. Une réflexion d'ensemble s'impose pour déboucher sur le vote, dans un an, deux ans ou trois ans, d'une loi. Pour autant, nous nous félicitons, bien évidemment, de l'annonce par Mme la ministre du dépôt d'un rapport sur la redevance.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 155 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 7



M. le président.
« Art. 7. _ I. _ Au premier alinéa de l'article 18 de la même loi, les mots : "par les sociétés et l'établissement public mentionnés aux articles 44 et 49 de la présente loi" sont remplacés par les mots : "par les sociétés nationales de programme, par la société La Cinquième-ARTE, pour l'exercice des missions prévues au a de l'article 45, et par l'établissement public mentionné à l'article 49".
« II. _ Supprimé .
« III. _ L'article 26 de la même loi est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1999, les sociétés nationales de programme prévues aux articles 44, 45 et issue du traité du 2 octobre 1990 deviennent titulaires des fréquences précédemment utilisées pour la diffusion de leurs programmes par la société mentionnée à l'article 51. » ;
« 2° Après les mots : "en priorité", la fin du quatrième alinéa est ainsi rédigée : "aux sociétés nationales de programme, l'usage des fréquences supplémentaires qui apparaîtront nécessaires à l'accomplissement de leurs missions de service public." ;
« 3° Après les mots : "en priorité", la fin du cinquième alinéa est ainsi rédigée : "à la société mentionnée à l'article 45 l'usage des fréquences de radiodiffusion sonore ou de télévision nécessaires à l'accomplissement de ses missions de service public." ;
« 4° Après les mots : "en priorité", la fin du sixième alinéa est ainsi rédigée : "à la chaîne culturelle européenne issue du traité signé le 2 octobre 1990 l'usage des fréquences nécessaires pour l'accomplissement des missions qui lui sont assignées par ce traité."
« IV. _ Au premier alinéa de l'article 34-1 de la même loi, les mots : "ou par la chaîne culturelle européenne issue du traité signé le 2 octobre 1990" sont remplacés par les mots : "ou par la société La Cinquième-ARTE et diffusé par voie hertzienne terrestre" et les mots : ", soit d'un service soumis au régime de la concession de service public" sont supprimés.
« V. _ Au troisième alinéa de l'article 48 de la même loi, le mot : "fixées" est remplacé par le mot : "précisées".
« VI. _ Au premier alinéa de l'article 48, au premier alinéa de l'article 48-1, aux articles 48-2, 48-3, 48-9 et 48-10 de la même loi, après les mots : "société mentionnée à l'article 45", sont insérés les mots : ", pour l'exercice de la mission prévue au a de cet article,".
« VII. _ Le premier alinéa de l'article 51 de la même loi est complété par les mots : "et de la société La Cinquième-ARTE".
« VIII. _ A l'article 56 de la même loi, les mots : "société visée au troisième alinéa (2° ) de l'article 44" sont remplacés par les mots : "société France 2".
« IX. _ Au 2° de l'article 62 de la même loi, les mots : "la société mentionnée à l'article 42 de la loi n° 82-652 du 29 juillet 1982 précitée, à laquelle sera substituée la société mentionnée au 4° de l'article 44 de la présente loi" sont remplacés par les mots : "la société Réseau France Outre-mer".
« X. _ Au troisième alinéa de l'article 73 de la même loi, après les mots : "visées à l'article 44 de la présente loi", sont insérés les mots : ", par la société La Cinquième-ARTE, pour l'exercice de la mission prévue au a de l'article 45".
« XI. _ A l'article L. 4433-28 du code général des collectivités territoriales, les mots : "de la société prévue au 4° de l'article 44 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication" sont remplacés par les mots : "de la société Réseau France Outre-mer".
« XII. _ Supprimé . »
Par amendement n° 179, le Gouvernement propose, après les mots : « sont remplacés par les mots : », de rédiger comme suit la fin du I de cet article : « par les sociétés et l'établissement public mentionnés aux articles 44, 45 et 49 de la présente loi ».
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Les amendements n°s 179 et 180 sont deux amendements de coordination concernant la nouvelle situation de la Sept-Arte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 179 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 179, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 180, le Gouvernement propose de rédiger comme suit le texte présenté par le troisième alinéa du III de l'article 7 pour le premier alinéa de l'article 26 de la loi du 30 septembre 1986 :
« A compter du 1er janvier 1999, les sociétés prévues aux articles 44 et 45 et la chaîne culturelle issue du traité du 2 octobre 1990 deviennent titulaires des fréquences précédemment utilisées pour la diffusion de leurs programmes par la société mentionnée à l'article 51. »
Par amendement n° 212, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans le texte présenté par le 1° du III de l'article 7 pour le premier alinéa de l'article 26 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « aux articles 44, 45 et issue du traité du 2 octobre 1990 » par les mots : « à l'article 44, la société mentionnée à l'article 45 et la chaîne culturelle européenne issue du traité signé le 2 octobre 1990 ».
L'amendement n° 180 a déjà été présenté.
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 212.
Mme Danièle Pourtaud. Il s'agit également d'une amélioration rédactionnelle, relative à la chaîne culturelle européenne.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 180 et 212 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission émet un avis favorable sur ces deux amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 212 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 180, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 212 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 181, le Gouvernement propose, dans le texte présenté par le IV de l'article 7 pour le premier alinéa de l'article 34-1 de la loi du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « ou par la société La Cinquième-ARTE » par les mots : « et à l'article 45, ou par la chaîne culturelle européenne issue du traité signé le 2 octobre 1990 ».
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il s'agit, là encore, d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 181, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 258, MM. Valade, Gouteyron, Huriet, Hugot, Collin, Gerbaud, Nachbar et Richert proposent, après le paragraphe IV de l'article 7, d'insérer un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - L'article 45-2 de la même loi est ainsi modifié :
« 1° Il est inséré, après le neuvième alinéa, un alinéa ainsi rédigé :
« Sous réserve des dispositions du présent article, ces sociétés sont soumises à la législation sur les sociétés anonymes. »
« 2° L'avant-dernier alinéa est ainsi rédigé :
« Le bureau de chacune des assemblées fixe et contrôle les conditions dans lesquelles la réglementation applicable aux services mentionnés à l'article 33 s'applique à La Chaîne Parlementaire. »
La parole est à M. Gouteyron.
M. Adrien Gouteyron. Il s'agit d'un simple amendement de coordination matérielle, qui permettra de mettre en cohérence le texte sur La Chaîne Parlementaire avec le présent projet de loi. Cet amendement ne me semble pas poser de problème particulier.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 258, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 182, le Gouvernement propose de supprimer le VI de l'article 7.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il s'agit d'un amendement de coordination relatif à Arte. De fait, tous les amendements déposés sur cet article concernant Arte sont des amendements de coordination.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 182, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 183, le Gouvernement propose de rédiger comme suit le VII de l'article 7 :
« VII. - Après les mots : "des sociétés", le premier alinéa de l'article 51 de la même loi est ainsi rédigé : "mentionnés aux articles 44 et 45". »
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Même situation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Même position.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 183, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 184, le Gouvernement propose de rédiger comme suit le X de l'article 7 :
« X. - Au troisième alinéa de l'article 73 de la même loi, les mots : "visées à l'article 44" sont remplacés par les mots : "visées aux articles 44 et 45". »
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Même situation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Même position.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 184, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 7, modifié.

(L'article 7 est adopté.)

Article additionnel avant l'article 7 bis
ou après l'article 7 bis



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 23, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, avant l'article 7 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article 51 de la même loi, après les mots : "par tous procédés" sont insérés les mots : "analogiques" ;
« II. - Le deuxième alinéa du même article est ainsi rédigé :
« Sous réserve des dispositions de l'alinéa précédent, elle peut offrir, concurremment avec d'autres opérateurs, tous services de diffusion et de transmission à l'ensemble des distributeurs et des éditeurs de services de communication audiovisuelle. »
Par amendement n° 163, MM. Richert, Hérisson et Amoudry proposent d'insérer, après l'article 7 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier et le second alinéas de l'article 51 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée sont remplacés par un alinéa ainsi rédigé :

« Une société dont les statuts sont approuvés par décret offre, concurremment avec d'autres opérateurs, tous services de diffusion et de transmission en France et vers l'étranger aux exploitants de services de communication audiovisuelle. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 23.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit de supprimer pour la diffusion numérique hertzienne de terre le monopole dont TDF dispose à l'égard des diffuseurs publics. En effet, rien ne justifie le maintien du monopole de TDF en diffusion numérique, qui sera concurrentielle.
M. le président. La parole est à M. Hérisson, pour défendre l'amendement n° 163.
M. Pierre Hérisson. Il s'agit de donner aux entreprises du secteur public de l'audiovisuel la possibilité de faire jouer la concurrence sur les prestations de diffusion de leurs programmes.
Je crois que le monopole de TDF pour la diffusion des programmes des sociétés audiovisuelles publiques peut être remis en cause en introduisant une concurrence salutaire pour les coûts de diffusion des sociétés de programmes publiques et sans menacer la viabilité économique de TDF.
Indépendamment de l'article 51 de la loi de 1986, TDF détient durablement une situation monopolistique incontournable sur le marché de la diffusion de programmes télévisuels. En effet, c'est la totalité de ce marché que contrôle TDF, télévisions privées incluses, alors que celles-ci ont toute liberté légale de confier leur diffusion à un diffuseur privé. C'est une liberté dont elles n'usent pas et dont les chaînes publiques n'useront vraisemblablement pas plus si le monopole légal de TDF était levé. En effet, le monopole de TDF en matière de télévision ressort d'un paramètre technique, qui tient à l'unidirectionalité des antennes de télévision orientées vers le site de diffusion historique de TDF. En conséquence, sur ce segment de marché, la remise en cause juridique du monopole ne devrait se solder que par une très marginale et très lente érosion du chiffre d'affaires de TDF.
En matière de diffusion de radios privées, il convient de souligner que le marché des programmes FM privés a constitué un nouveau marché concurrentiel en très forte croissance pour TDF depuis 1982, et que, malgré la totale liberté des radios privées de confier leur diffusion à une autre société que TDF, c'est 75 % de ce marché que détient TDF après plus de quinze ans de concurrence active. Sa position dominante n'est donc pas menacée par la concurrence, pas plus qu'elle ne le serait sur le marché de la diffusion des programmes des radios publiques si l'article 51 de la loi de 1986 venait à être abrogé. En revanche, la concurrence sur ce marché a engendré des effets bénéfiques que tous les acteurs du secteur reconnaissent, même TDF, en termes de services, de tarifs, d'organisation, de performances, de compétitivité et d'innovation.
Les mêmes atouts devraient pouvoir profiter aux radios du secteur public, qui pourraient, grâce à la concurrence, bénéficier de conditions commerciales globalement plus intéressantes sur un poste budgétaire qui représente un coût annuel de 500 millions de francs.
Il convient enfin de souligner que TDF s'est diversifiée dans des activités concurrentielles nouvelles, en particulier dans des activités de radiomessageries et de radiocommunications mobiles, profitant notamment du marché induit par France Télécom Mobiles Radiomessagerie, dont TDF détient 34 % du capital. Cela signifie que TDF a su trouver des relais de croissance dans d'autres domaines que ses activités exercées sous monopole, ce qui constitue une garantie importante pour la stabilité de son activité, quand bien même le monopole induit par l'article 51 viendrait à être remis en cause.
Si la répartition du marché de la diffusion des radios publiques devait être calquée sur la structure du marché des radios privées après quinze ans de concurrence, ce serait, à terme, 25 % de ce marché qui pourraient progressivement passer à la concurrence, soit moins de 150 millions de francs de chiffre d'affaires.
A l'évidence, une société, filiale à 100 % de France Télécom, réalisant un chiffre d'affaires de 4,7 milliards de francs peut envisager d'être concurrencée sur un trentième de celui-ci, surtout lorsqu'elle affirme être toujours prête à affronter le paysage concurrentiel, ce qu'elle ne manque pas de faire sur la totalité de ses activités.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 163 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission n'exclut pas la suppression du monopole de TDF mais elle souhaiterait la limiter dans ce qui est prévisible à la diffusion hertzienne numérique. En outre, en ce qui concerne l'analogique, la suppression de ce monopole ne pourrait être envisagée sans prévoir des modalités de compensation de l'obligation de couverture de l'ensemble du territoire qui incombe à TDF.
Le fait que cet amendement ne distingue pas ces deux secteurs de développement incite la commission à émettre un avis défavorable, même si je suis mandaté pour inviter les auteurs de cet amendement à retenir la distinction que nous faisons en réservant la limitation du monopole au développement numérique, et donc à retirer cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendement n°s 23 et 163 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. S'agissant de l'amendement n° 23, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat. Cet amendement ayant pour objet de ne pas accorder de monopole à TDF pour la diffusion hertzienne terrestre, il est lié au dispositif juridique que nous allons mettre en place sur ce point.
Comme la commission, le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n° 163.
Le monopole de TDF sur les sociétés nationales de programme se justifie notamment par les obligations de couverture liées aux missions de service public, rappelées à l'instant par M. Dreyfus-Schmidt. La levée du monopole de TDF pour la diffusion analogique n'est pas opportune, notamment au moment où s'engage une réflexion sur le numérique hertzien qui obligera TDF à des investissements importants.
En revanche, s'agissant de la diffusion numérique de terre, une extension de la mise en concurrence concernant la diffusion des sociétés nationales de programme est en cours d'examen. Cela fait partie des points qui appartiennent aux décisions de mise en oeuvre du numérique hertzien.
En outre - et je tiens tout de suite à rassurer M. Dreyfus-Schmidt et l'ensemble de son groupe - nous intégrons ce qui devrait être associé à l'attribution de multiplex en matière d'obligation de couverture. Certes il convient d'en étudier les modalités. Mais il faut d'emblée intégrer la question de la couverture territoriale et non pas poser le problème a posteriori. En effet, la couverture ne peut pas être assurée intégralement par l'ensemble des multiplex, qui sont de qualité inégale.
M. le président. Monsieur Hérisson, l'amendement n° 163 est-il maintenu ?
M. Pierre Hérisson. Le développement auquel je me suis livré devant vous avait pour but premier de dire les choses telles qu'elles sont et de rappeler deux points qui sont aujourd'hui essentiels.
Premièrement, TDF est une filiale à 100 % de France Télécom. Y a-t-il une logique, aujourd'hui, compte tenu de l'évolution de France Télécom et de son changement de statut avec la loi sur les télécommunications, à ce que TDF soit aujourd'hui une filiale à 100 % d'une entreprise de droit privé soumise à la concurrence ? Il importe, à mon avis, de se poser cette question, même si, j'en conviens, le problème ne peut être totalement réglé au travers d'un amendement. Je souhaite donc que le Gouvernement étudie ce point.
Deuxièmement, je forme le voeu que TDF soit plus raisonnable en matière de calcul du coût des transmissions des télévisions de proximité. Ce coût constitue, en effet, un frein majeur au développement de telles télévisions, encore trop peu nombreuses dans notre pays.
Or, même si les prix de revient sont identiques, des péréquations sont possibles au sein d'une société qui est en situation de monopole et qui n'a pas à être soumise aux règles de la concurrence, conformément aux statuts qui la définissent.
Répondant aux demandes qui m'ont été adressées tant par Mme le ministre que par M. le rapporteur, et pour assurer une bonne image de la cohésion de la majorité sénatoriale, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 163 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 23.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Hier, Mme Pourtaud a dit que les zones d'ombre m'étaient chères. Elle voulait dire que la lutte contre les zones d'ombre m'était chère, comme elle est chère à de nombreux élus locaux et, bien évidemment, à nombre de sénateurs.
Certes, les deux principales chaînes publiques nous disent - et TDF nous le dit également - qu'elles couvrent plus de 99 % du territoire. Cependant, dans nos départements, notamment lorsqu'il y a des montagnes, nombre de personnes se trouvent dans des zones d'ombre et ne parviennent pas à recevoir toutes les chaînes.
Il y a une solution. Le plus souvent, c'est le satellite. C'est d'ailleurs un argument supplémentaire pour que les chaînes qui diffusent leurs émissions par satellite puissent relayer les chaînes publiques, ce qui n'est pas le cas en l'état actuel puisque TPS bénéficie d'une exclusivité, que nous nous combattons.
Par conséquent, il faudrait sans doute que nous nous souciions de faire en sorte que toutes les Françaises et tous les Français puissent recevoir les chaînes de télévision, en particulier les chaînes publiques. Comment faire ? Il me paraîtrait normal, pour respecter l'égalité des citoyens devant la télévision, de leur payer le matériel nécessaire pour capter les chaînes diffusées par satellite lorsqu'ils n'ont pas accès à toutes les chaînes. Qui doit payer ? On a pu envisager que ce soit TDF, mais cet établissement est aujourd'hui en partie privatisé, et ce n'est donc peut-être pas la bonne solution. Il faudrait donc que ce soit, à mon avis, l'Etat lui-même, ou alors les chaînes.
Cette solution qui paraît séduisante pour l'esprit et qui avait retenu l'attention de nombre des membres de la commission, semble préférable au dispositif de l'amendement que M. Joyandet aurait dû défendre ce matin et qui prévoyait que ceux qui ne peuvent capter les chaînes pourraient ne pas acquitter la redevance, ce qui n'est pas toujours une solution dans la mesure où ils ont tout de même accès à quelques chaînes.
Je livre ces réflexions au Sénat, et à vous-même, madame la ministre, de manière que l'on puisse réfléchir à la façon de permettre à tout le monde de bénéficier, d'une manière ou d'une autre, par un canal ou par un autre, et dans les mêmes conditions, des programmes de télévision, en particulier des chaînes publiques. Vous m'excuserez, je l'espère, d'avoir pris le prétexte du débat sur cet amendement relatif à TDF pour livrer ces explications, afin que la question des zones d'ombre soit tout de même évoquée.
M. Ivan Renar. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. C'est un point important que la mise en cause du monopole de TDF : le groupe communiste républicain et citoyen votera contre cet amendement et demande un scrutin public.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos. M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 32:

Nombre de votants 236
Nombre de suffrages exprimés 236119
Pour l'adoption 215
Contre 21

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 7 bis.

Article additionnel avant l'article 7 bis



M. le président.
Par amendement n° 116, M. Belot, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, avant l'article 7 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, après l'article 25 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Toute société qui assure la diffusion et la transmission par tous procédés de télécommunication de programmes audiovisuels est tenue d'offrir l'accès à ses sites d'émission aux services de radiodiffusion sonore ou de télévision autorisés en vertu des articles 29 et 30 qui en font la demande pour la diffusion de leurs programmes, ainsi qu'à tout prestataire qui assurerait la diffusion ou la transmission des programmes de ces services.
« Cet accès, qui s'effectue dans le cadre d'une convention, donne lieu au versement d'une redevance à la société mentionnée à l'alinéa précédent. Il ne doit pas perturber les conditions dans lesquelles sont assurées la diffusion et la transmission de signaux pour le compte d'autres exploitants de services de communication audiovisuelle.
« Les conventions qui fixent notamment les modalités de mise en place et d'entretien sur site des matériels de diffusion, ainsi que le montant de la redevance, sont soumises à l'approbation du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Celui-ci vérifie le caractère non discriminatoire de la convention et veille à la proportionnalité de la redevance avec l'usage des équipements qu'elle rémunère.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, pour des raisons techniques tenant à la nature du site ou aux fréquences utilisées, dispenser une société mentionnée au premier alinéa des obligations prévues au présent article. »
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy, au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Cet amendement a pour objet de mettre en place une obligation pour les sociétés assurant la diffusion et la transmission de programmes audiovisuels, en particulier pour la société Télédiffusion de France, de donner accès à leurs sites d'émission aux exploitants des services de télévision ou à leurs prestataires techniques qui en font la demande.
En ce sens, une partie de ce que je vais dire recoupe parfaitement les propos qu'a tenus notre ami Pierre Hérisson à l'instant.
Cet article additionnel a pour objet de créer, au profit des sociétés de télévision ou des opérateurs techniques agissant pour le compte de ces dernières, une liberté d'accéder aux sites d'émission des sociétés de diffusion, notamment de TDF, pour la diffusion de leurs programmes.
Compte tenu de la fragilité financière de nombre de services de télévisions locales hertziens, les coûts de diffusion actuellement demandés par l'entreprise Télédiffusion de France - et nous retrouvons là les propos de M. Hérisson - se révèlent bien souvent, sinon prohibitifs, du moins dissuasifs.
L'expérience d'autres pays montre que des matériels de diffusion performants et bon marché sont disponibles et qu'ils pourraient, s'ils étaient convenablement disposés, assurer un service suffisant au moindre coût.
Compte tenu du monopole de fait dont dispose TDF sur les « points hauts », il est proposé d'inciter cette entreprise à ouvrir ses sites à des opérateurs extérieurs à certaines conditions.
Le rapport de MM. Françaix et Vistel développe également l'idée que, compte tenu de la rareté des sites d'émission favorables, il convient d'aménager la liberté d'accès à ces sites des opérateurs de télévisions locales, moyennant un certain nombre de garanties techniques.
Il faut souligner que la rédaction est suffisamment générale pour concerner tous les diffuseurs et pas seulement Télédiffusion de France.
On note que des précédents existent non seulement à l'étranger, en Grande-Bretagne notamment, où les deux sociétés de diffusion s'accordent réciproquement des droits d'accès sur leurs sites respectifs, mais aussi en France, dans la mesure où Canal Plus a négocié avec TDF la possibilité d'installer ses propres émetteurs sur les sites de ladite entreprise.
Tel est l'objet de cet amendement tendant à insérer un article additionnel avant l'article 7 bis .
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à organiser l'accès de tous les prestataires de services de diffusion aux pylônes de TDF.
La commission, lorsqu'elle a adopté l'article du projet de loi qui rend au Conseil de la concurrence une compétence de droit commun à l'égard de l'audiovisuel, a manifesté son souci général, chaque fois que cela est possible, d'aligner le droit de la communication audiovisuelle sur le droit commun.
C'est pourquoi il lui semble préférable de laisser TDF organiser sur une base purement contractuelle ses relations avec les prestataires techniques qui souhaiteraient utiliser ces pylônes. La commission n'est donc pas favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Comme la commission, le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement. En effet, les dispositions existantes, ainsi que vient de le rappeler M. le rapporteur, permettent d'ores et déjà aux chaînes du secteur privé de faire jouer la concurrence dans leur choix d'un opérateur de diffusion. Et en matière d'accès aux « points hauts », le CSA est en mesure d'imposer le regroupement de plusieurs utilisateurs sur un même site géographique, comme le prévoit l'article 25 de la loi actuelle. Ces dispositions ont déjà conduit, sur certains sites de TDF, à l'introduction d'émetteurs n'appartenant pas à cette société. Les relations sont alors régies de manière contractuelle entre les acteurs.
De manière plus large, me référant à notre discussion antérieure, j'observe que cette question est intimement liée au dispositif qui sera mis en place pour le numérique hertzien. Nous en reparlerons donc à l'occasion de la finalisation de ces dispositions.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 116.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je voudrais me ranger fermement à l'avis de la commission et du Gouvernement. En effet, il me paraît évident que le CSA n'a pas à s'introduire dans un système où c'est normalement la concurrence qui joue. D'ailleurs, un amendement de M. Pelchat qui sera examiné tout à l'heure vise à le préciser très nettement.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Je suis tout à fait d'accord avec le propos que vient de tenir M. Pierre Laffitte. Peut-être serai-je amené à revenir plus en détail tout à l'heure sur ce point, en défendant mon amendement si l'amendement n° 116 venait à être adopté.
J'ajouterai simplement deux points, en vue d'alerter ceux de nos collègues qui ont soutenu l'amendement n° 116.
Tout d'abord, nous connaissons les matériels provenant de l'étranger, et nous savons que leur fiabilité n'est pas démontrée jusqu'à présent.
Par ailleurs, l'exemple de la Grande-Bretagne est relativement mal choisi puisque, pour développer son réseau numérique hertzien, ce pays a justement choisi TDF, faute d'avoir trouvé chez lui les sociétés qui convenaient ! (Sourires.)
Voilà deux éléments qui aboutissent, en fait, à condamner l'amendement n° 116.
M. François Trucy, au nom de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy, au nom de la commission des finances. Compte tenu des arguments exposés, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 116 est retiré.


Article 7
bis



M. le président.
« Art. 7 bis. _ Après le 5° de l'article L. 36-7 du code des postes et télécommunications, il est inséré un 5° bis ainsi rédigé :
« 5° bis Emet un avis public sur les tarifs pratiqués par la société créée par l'article 51 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, pour la diffusion, et la transmission en France et vers l'étranger par tous les procédés de télécommunication, des programmes des services de communication audiovisuelle ; ».
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 24 est présenté par M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles.
L'amendement n° 126 est déposé par M. Pelchat.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 24.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Les pratiques tarifaires de TDF sont souvent mises en accusation en raison du monopole dont cette société dispose pour la diffusion de la télévision et des radios publiques et de sa position dominante pour la diffusion des opérateurs privés. Cependant, ces derniers ont la possibilité de saisir le Conseil de la concurrence pour faire constater d'éventuels abus. Quant aux opérateurs publics, ils ont la possibilité d'avoir connaissance des clauses des contrats conclus avec le secteur privé et d'obtenir l'alignement sur ceux-ci des conditions qui leur sont faites.
Par ailleurs, les cahiers des charges prévoient la vérification par la tutelle du juste équilibre des tarifs.
Ce dispositif paraît suffisant pour obtenir la vérification des pratiques tarifaires de TDF.
En outre, il ne semble pas opportun de mettre en place une procédure qui implique que la structure des coûts de TDF soit rendue publique, alors que le numérique terrestre permettra la diffusion de concurrents qui ne seront pas soumis aux mêmes contraintes.
Au demeurant, la publication prévue par l'Assemblée nationale d'un avis sur les tarifs de TDF ne fournirait que la base éventuelle d'une saisine du Conseil de la concurrence : les opérateurs privés qui ont des doutes sur les tarifs peuvent saisir directement le Conseil ; en ce qui concerne les opérateurs publics, c'est à la tutelle de prendre ses responsabilités, comme les cahiers des charges l'y invitent.
M. le président. La parole est à M. Pelchat, pour défendre l'amendement n° 126.
M. Michel Pelchat. Je ne vais pas répéter ce que j'ai dit à l'occasion de l'examen de l'amendement n° 116 : je demande moi aussi la suppression de l'article 7 bis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 24 et 126 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est favorable à ces deux amendements. Comme la commission, je considère qu'il n'est pas opportun que l'ART émette un avis sur les tarifs de l'opérateur technique de diffusion audiovisuelle pour deux raisons. D'une part, ce serait étendre à l'audiovisuel le champ d'intervention de l'ART. D'autre part, TDF exerçant ses activités dans le secteur concurrentiel, il me paraîtrait tout à fait discriminatoire et inopportun de publier un avis sur ses seuls tarifs et de porter à la connaissance de ses concurrents l'ensemble de ses conditions commerciales.
Je crois cependant utile que les chaînes publiques puisent bénéficier des meilleurs tarifs de diffusion. Il me semble donc nécessaire que TDF assure une parfaite transparence de ses comptes.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 24 et 126, accceptés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 7 bis est supprimé.

Article 8



M. le président.
« Art. 8. _ I. _ Les mandats des membres des conseils d'administration des sociétés France 2, France 3 et Télévision du savoir, de la formation et de l'emploi ainsi que les mandats des membres des organes sociaux de la société La Sept-ARTE prendront fin à la date de nomination des administrateurs des sociétés mentionnées à l'article 4 de la présente loi.
« Les transferts de biens, droits et obligations pouvant intervenir en application de la présente loi ne donnent pas lieu à la perception de droits ou de taxes ni au versement de salaires ou d'honoraires.
« II. _ Le IV et le V de l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, tels qu'ils résultent de l'article 6 de la présente loi, entreront en vigueur à compter du 1er janvier suivant sa publication. »
Par amendement n° 185, le Gouvernement propose de rédiger comme suit le premier alinéa du I de cet article :
« Les mandats des membres des conseils d'administration des sociétés France 2, France 3 et Télévision du savoir, de la formation et de l'emploi, prendront fin à la date de nomination des administrateurs des sociétés mentionnées à l'article 4 de la présente loi. »
La parole et à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il s'agit d'un amendement de coordination concernant Arte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 185, accepté par la commission.

(L'amendement et adopté.)
M. le président. Par amendement n° 25, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger ainsi le début du II de l'article 8 :
« II. - Le IV de l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, tel qu'il résulte de l'article 6 de la présente loi, entrera en vigueur... »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec la suppression de la mesure concernant la publicité sur France 2 et France 3.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. J'ai du mal à comprendre : je pensais qu'en soulignant qu'il s'agissait d'un amendement de coordination avec une mesure qui a été supprimée, M. le rapporteur allait le retirer. Il aurait alors été parfaitement logique avec lui-même !
Puisqu'il ne l'a pas retiré, je suis obligée de dire que je suis défavorable à cet amendement, pour les mêmes raisons que celles que j'ai exposées tout à l'heure : je pense que l'on peut revenir au texte initial en étant cohérent avec la décision du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 25.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Après avoir entendu Mme la ministre, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 25 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 8, modifié.

(L'article 8 est adopté.)

TITRE II


TRANSPOSITION DE DIVERSES DISPOSITIONS DE LA DIRECTIVE 89/552/CEE DU 3 OCTOBRE 1989, MODIFIÉE PAR LA DIRECTIVE 97/36/CE DU 30 JUIN 1997

Article 9



M. le président.
« Art. 9. _ L'article 15 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est ainsi rédigé :
« Art. 15 . _ Le Conseil supérieur de l'audiovisuel veille à la protection de l'enfance et de l'adolescence et au respect de la dignité de la personne dans les programmes mis à disposition du public par un service de communication audiovisuelle.
« Il veille à ce que des programmes susceptibles de nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs ne soient pas mis à disposition du public par un service de radiodiffusion sonore et de télévision, sauf lorsqu'il est assuré, par le choix de l'heure de diffusion ou par tout procédé technique approprié, que des mineurs ne sont normalement pas susceptibles de les voir ou de les entendre.
« Lorsque des programmes susceptibles de nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs sont mis à disposition du public par des services de télévision, le conseil veille à ce qu'ils soient précédés d'un avertissement au public et qu'ils soient identifiés par la présence d'un symbole visuel tout au long de leur durée.
« Il veille en outre à ce qu'aucun programme susceptible de nuire gravement à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs ne soit mis à disposition du public par les services de radiodiffusion sonore et de télévision.
« Il veille enfin à ce que les programmes des services de radiodiffusion sonore et de télévision ne contiennent aucune incitation à la haine ou à la violence pour des raisons de race, de sexe, de moeurs, de religion ou de nationalité. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 26 rectifié, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit cet article : « Il est inséré, à la fin du titre Ier de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, un article ainsi rédigé :
« Art. 20-1-A. - Les services de radiodiffusion sonore et de télévision ne peuvent mettre à disposition du public des émissions susceptibles de nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs que si l'heure de diffusion de ces émissions ou l'utilisation d'un procédé technique approprié garantissent que des mineurs ne sont pas normalement exposés à les voir ou à les entendre.
« Les émissions susceptibles de nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs mis à disposition du public par des services de télévision diffusés en clair doivent être précédées d'un avertissement sonore ou être identifiées par un symbole visuel tout au long de leur durée.
« Les services de radiodiffusion sonore ou de télévision ne peuvent mettre à disposition du public des émissions susceptibles de nuire gravement à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs, notamment en raison des scènes de pornographie ou de violence gratuite qu'ils comportent.
« Les services de radiodiffusion sonore ou de télévision ne peuvent mettre à disposition du public des émissions comportant des incitations à la discrimination ou à la violence pour des raisons de race, de sexe, de religion ou de nationalité. »
Cet amendement est assorti de trois sous-amendements.
Le premier, n° 156, présenté par MM. Ralite, Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, a pour objet, après les mots : « des mineurs », de supprimer la fin du troisième alinéa du texte proposé par l'amendement n° 26 pour l'article 20-1-A de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986.
Le deuxième, n° 95, déposé par M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, vise, à la fin du troisième alinéa du texte présenté par l'amendement n° 26 pour l'article 20-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les mots : « en raison des scènes pornographiques », à supprimer les mots : « ou de violence gratuite ».
Le troisième, n° 96, présenté par M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, tend, dans le dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 26 pour l'article 20-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les mots : « de sexe, » à insérer les mots : « de moeurs, ».
Par amendement n° 213, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter in fine le texte présenté par l'article 9 pour l'article 15 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux programmes diffusés par la chaîne culturelle européenne. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 26 rectifié.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement tend, conformément à nos engagements européens, à une transposition exacte des articles de la directive Télévision sans frontières qui organisent la protection de l'enfance et de l'adolescence dans les programmes de télévision.
Le texte du Gouvernement ne comporte pas l'interdiction, expressément prévue par la directive, des émissions comportant des scènes de pornographie ou de violence gratuite susceptibles de nuire gravement à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs.
En outre, le projet de loi charge le CSA d'une mission de veille dont la portée juridique est très ambiguë alors que la directive incite les Etats à prendre de véritables mesures normatives.
L'amendement de la commission rectifie ces approximations, dont Mme la ministre va peut-être nous expliquer la raison d'être.
M. le président. La parole est à M. Renar, pour présenter le sous-amendement n° 156.
M. Ivan Renar. Cet article est la conséquence de la transcription dans notre législation de la directive européenne Télévision sans frontières.
Il ne va pas sans poser problème, et les amendements proposés par la commission des affaires culturelles risquent d'entraîner, de fait, un véritable retour de la censure.
En effet, la rédaction de cet article, telle qu'elle est issue des travaux de l'Assemblée nationale, posait le principe selon lequel le CSA veillerait, après l'adoption de la loi, « à ce que des programmes susceptibles de nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs ne soient pas mis à disposition du public par un service de radiodiffusion et de télévision ».
La rédaction proposée par la commission des affaires culturelles pose une interdiction : c'est une première restriction dans le sens de la censure.
Plus grave encore, deux alinéas plus loin, la commission cite, au titre de la pornographie et de la violence gratuite, les émissions susceptibles de nuire gravement à l'épanouissement des mineurs.
Cette rédaction ouvre assez largement, à notre avis, la voie à la censure sur l'ensemble de nos chaînes, notamment sur nos chaînes publiques.
Nous sommes naturellement soucieux de l'épanouissement des jeunes générations. Pour autant, la loi peut-elle, en des termes aussi génériques, juger de ce qui va nuire gravement à l'épanouissement des mineurs lorsqu'il s'agit, potentiellement, de création audiovisuelle ?
Telle qu'elle est rédigée, cette disposition ne risque-t-elle pas d'interdire la diffusion d'un certain nombre d'oeuvres dont on sait qu'elles sont avant tout des oeuvres de création ? Car enfin, comment définir des notions aussi discutables que celles de pornographie ou de violence gratuite ?
Ainsi, le film l'Humanité , qui a été primé au festival de Cannes l'année dernière, comporte quelques scènes violentes et pornographiques. Doit-il pour autant être interdit d'antenne ? Quant au tableau l'Origine du monde , de Courbet, il a été interdit d'exposition pendant des dizaines d'années. Les parents sont-ils à ce point privés de leur libre arbitre pour ne pas pouvoir déterminer de manière responsable ce que doivent regarder ou ne pas regarder leurs enfants mineurs ?
Faut-il, sous ce motif, fermer la porte à certaines créations et ouvrir en grand les vannes de la censure ? N'y a-t-il pas là un fort risque d'ordre moral ?
Ces questions appellent un débat d'une autre ampleur que celui que nous tenons ici sur l'audiovisuel public.
En l'état, notre sous-amendement tend à revenir sur certaines dispositions trop restrictives proposées par notre commission. Aussi, mes chers collègues, je vous invite à l'adopter.
M. le président. La parole est à M. de Broissia, pour défendre les sous-amendements n°s 95 et 96.
M. Louis de Broissia. Je m'inscris dans une perspective différente de celle de notre collègue Ivan Renar.
S'agissant ici de transposer purement et simplement une directive dans le droit français, rien ne nous contraint d'adopter terme pour terme le texte proposé ! Nous avons bien vu le temps qui a été nécessaire pour adopter certaines directives, celle-ci en particulier !
Si la pornographie a été soigneusement définie, y compris dans le code pénal, qui en fait un délit, en revanche, pour ce qui concerne la violence gratuite, on introduit une notion totalement nouvelle. L'expression même apparaît extrêmement floue et pourrait induire une appréciation subjective et souveraine, ce qui me gêne au regard du droit pénal. Et je connais le souci de certains d'entre nous, de M. Dreyfus-Schmidt en particulier, de bien lier les textes les uns aux autres.
Que l'on parle de violence, oui, mais pourquoi gratuite ? Existe-t-il alors, a contrario, une violence payante ?
De quoi souffrent les enfants ? Le vrai débat doit porter sur la sensibilisation à la violence dès le plus jeune âge. Aux Etats-Unis, la situation est beaucoup plus simple : une expérience a été conduite par toutes les chaînes américaines, sous l'égide de la Federal communication commission, la FCC et, à partir d'un certain degré de violence - on ne parle pas de violence gratuite ou payante ! - l'émission est, en principe, bloquée pour les enfants grâce à une puce électronique introduite dans le téléviseur.
Je récuse, en tout cas, la notion de violence gratuite, et je souhaite que nous supprimions soit les mots « violence gratuite », soit le mot « gratuite ».
Tel est l'objet du sous-amendement n° 95.
Quant au sous-amendement n° 96, il vise à corriger un oubli rédactionnel et à rétablir la référence aux moeurs qui a été supprimée par l'Assemblée nationale.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 213.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement de cohérence vise à tenir compte de la position spécifique de la chaîne culturelle Arte, dans la mesure où le CSA ne peut avoir compétence sur les programmes de cette chaîne.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 156, 95 et 96, ainsi que sur l'amendement n° 213 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. S'il était adopté, le sous-amendement n° 156, présenté par M. Renar, supprimerait la cohérence recherchée entre la rédaction de l'amendement de la commission et les dispositions de la directive Télévision sans frontières relatives à la protection des mineurs. La commission y est donc défavorable.
Le sous-amendement n° 95 a suscité un long débat au sein de la commission. Comme M. de Broissia, plusieurs de nos collègues se sont inquiétés - et leur souci est très compréhensible - de la portée de notion de violence gratuite. Ce concept figure cependant dans le texte de la directive et, pour respecter l'obligation de transposition qui incombe au législateur national, nous avons décidé de nous en tenir à la rédaction de la commission, d'autant que, si les concepts ont, paraît-il, des contours un peu flous, le mieux est de ne pas les multiplier au risque d'accentuer ce caractère flou. La commission est donc défavorable à ce sous-amendement.
En revanche, elle émet un avis favorable sur le sous-amendement n° 96, qui vise à reprendre la référence à la discrimination pour raisons de moeurs, introduite par l'Assemblée nationale, dans la mesure où il apporte un complément utile au texte de la directive.
Quant à l'amendement n° 213, il nous paraît satisfait par la rédaction proposée par la commission, qui décharge le CSA de son pouvoir de veille dans ce domaine, d'où un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 26 rectifié, les sous-amendements n°s 156, 95, 96 et l'amendement n° 213 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 26 rectifié pour plusieurs raisons.
Sur le fond, il n'est pas assuré que la directive interdise la diffusion des programmes pornographiques et de violence gratuite de façon absolue ; ces expressions ne sont d'ailleurs données qu'à titre indicatif dans la directive.
Nous prévoyons donc un dispositif avec deux niveaux : d'une part, les programmes susceptibles de nuire gravement à l'épanouissement des mineurs, qui doivent être absolument interdits et sont réprimés par le code pénal ; d'autre part, des messages qui ne doivent être accessibles qu'avec des précautions particulières.
Ce qui importe, en l'espèce, c'est de protéger les mineurs de certains programmes. Qu'appelle-t-on violence gratuite ? Est-ce là un critère valable ? Interdire de façon absolue la diffusion d'autres programmes relève d'une préoccupation plus large que celle de la simple protection des mineurs. Il en irait de la protection de l'ordre public en général, c'est-à-dire du droit pénal. Je n'ai pas besoin ici de vous rappeler que le code pénal énonce déjà plusieurs prohibitions absolues : atteinte à la dignité de la personne humaine, messages pornographiques mis à la disposition des mineurs, messages à caractère pédophile, etc.
Pour le reste, il s'agirait d'une censure absolue qui n'est plus de notre temps, M. Renar le disait à l'instant. A l'heure des nouvelles technologies de l'information, nous savons bien que, parfois, les jeunes qui le souhaitent ont, par Internet, mais aussi par des cassettes, des revues, etc., accès à différents types de contenus.
Ce qui importe, c'est qu'il y ait des dispositifs techniques ou une obligation de diffusion très tardive et cryptée pour empêcher les plus jeunes de tomber par hasard sur des scènes qui pourraient leur nuire.
Je pense que c'est au CSA, qui a par ailleurs mis au point un système qui permet d'attirer l'attention des parents, des jeunes et des enfants, d'y veiller. Je note, à ce sujet, que la puce, dont il a été question, n'a pas été validée par la Commission européenne, car elle s'avère inopérante, ou insuffisamment opérante, par rapport à l'objectif visé.
Je regrette que le dispositif qui est proposé n'ait pas prévu de s'appuyer sur le CSA pour faire respecter les précautions nécessaires, d'autant que c'est au niveau du CSA qu'a été entreprise une réflexion, en liaison avec des associations de parents, avec l'éducation nationale, avec les responsables des chaînes, sur les programmes violents, qu'il s'agisse de films ou d'émissions.
Si donc je suis défavorable à l'amendement, c'est non pas, bien évidemment, pour qu'il n'y ait plus aucune disposition de protection des mineurs, bien au contraire, mais parce que j'estime que nous devons être parfaitement précis pour être opérationnels et agir aussi dans un esprit de prévention.
Quant au sous-amendement n° 156, je ne peux qu'y être défavorable, même s'il est vrai qu'il m'aurait permis d'être moins opposée à l'amendement de la commission. Mais, je le répète, je préfère ne pas supprimer toute référence au rôle indispensable du CSA.
Je suis également défavorable au sous-amendement n° 95. Je partage l'argumentation de M. de Broissia. C'est précisément la raison pour laquelle je suis opposée à la réécriture de la transposition de la directive proposée par l'amendement n° 26 rectifié.
S'agissant du sous-amendement n° 96, je partage le souci de M. de Broissia de sanctionner la discrimination pour raisons de moeurs et c'est d'ailleurs pourquoi, là encore, je suis opposée à la réécriture proposée de la transposition de la directive. Aussi, je serais prête, si le Sénat votait l'article 9 tel que rédigé dans le projet de loi, à retenir cette précision, qui me paraît utile.
Pour ce qui est de l'amendement n° 213, je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 156.
M. Ivan Renar. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Je ne fais preuve, dans ce sous-amendement, d'aucune espèce de laxisme. Simplement, la rédaction de l'amendement n° 26 rectifié nous entraîne beaucoup plus loin que ce que veulent même nos collègues de la commission, à commencer par le président et le rapporteur.
Le code pénal fixe clairement les choses. Le CSA a son rôle à jouer. Les paroles volent, mais l'écrit reste, et, là l'écrit va trop loin. C'est pourquoi je propose de supprimer un membre de phrase. Et si mon sous-amendement n'est pas adopté, je voterai contre l'amendement de la commission.
Nous devons faire attention, j'y insiste, car on ne sait jamais à partir de quel moment une liberté commence à disparaître. Le sous-amendement que j'ai déposé permet au moins de limiter les risques.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Mon explication de vote ira à l'encontre de celle de M. Renar.
Notre collègue souhaite défendre une liberté, la liberté d'expression, la liberté de communication, et je le conçois. Mais nous sommes aussi au Parlement pour défendre d'abord le plus faible, et le plus faible, c'est l'enfant. Il n'est pas encore façonné, formé.
Je défendrai tous les amendements qui vont dans ce sens parce qu'il nous faut assurer la protection du plus faible contre la violence clairement exprimée par la télévision.
Pour nombre de faits divers violents, en France comme aux Etats-Unis, la presse a souligné qu'ils étaient intervenus à la suite de plusieurs visions de Tueurs nés . Certes, ce n'est pas l'Humanité , monsieur Renar, et vous voudrez bien m'excuser de ne pas avoir les mêmes sources que vous ! De même, après Orange mécanique, on avait constaté que certains actes avaient été commis par des personnes fragilisées par ce film.
Nous sommes là pour protéger la liberté des plus faibles. Je ne voterai donc pas ce sous-amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 156, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 95, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 96, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 26 rectifié.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmit. Nous sommes bien d'accord : il faut protéger les mineurs. C'est d'ailleurs, à quoi tend le texte proposé par le Gouvernement. Au demeurant, il faut protéger aussi les majeurs.
Je suis de ceux, comme nous tous ici, qui estiment qu'il y a beaucoup trop de violence à la télévision. Je ne parle pas des actualités, parfois très violentes, hélas ! mais des nombreux films où règne la violence. Chacun doit tendre à ce qu'il y en ait moins. A cette fin, il faut évidemment encourager une production de qualité, plutôt que d'acheter des séries étrangères - je ne dirai pas d'où elles viennent, tout le monde le sait - qui, pour être bon marché, ne sont pas des exemples en la matière.
Non seulement des protections sont assurées par la loi, mais, Mme la ministre l'a dit, le CSA a donné l'exemple en la matière, et la directive s'est d'ailleurs largement inspirée de ce qui a été fait en France par le CSA.
J'avoue que je ne vous comprends pas, monsieur le rapporteur. Vous nous avez expliqué tout au long du débat que vous ne vouliez pas encadrer le CSA. Bien souvent, lorsque nous avons voulu lui faire respecter certaines règles, vous nous avez rétorqué que vous lui faisiez confiance. Et voilà que vous ne faites plus confiance au CSA !
En effet, vous proposez de supprimer les mots : « Le CSA veille à... ». Cela devient une obligation pour les chaînes. Autrement dit, je le répète, vous ne faites plus confiance au CSA, en contradiction avec la philosophie que vous avez prétendu développer depuis le début de ce débat.
Vous souhaitez, dites-vous, vous en tenir à la lettre de la directive. Si chaque directive doit être insérée intégralement et telle qu'elle est dans notre législation, cela nous évitera de nombreux débats ! Ce sera très simple. Peut-être même faudrait-il, à vous entendre - cela m'étonne, sachant les travées sur lesquels vous siégez - accepter les directives comme du bon pain et les reproduire immédiatement dans la législation des Etats.
Et lorsque M. de Broissia, avec beaucoup de bon sens, s'interroge sur ce qu'est la violence gratuite - c'est peut-être de la philosophie, on connaît l'acte gratuit de Jean-Paul Sartre - sur ce qui la distingue de celle qui ne l'est pas, vous lui répondez : c'est dans la directive ! Par conséquent, on garde la directive.
Je relève donc qu'il y a une contradiction entre M. de Broissia et vous-même, monsieur le rapporteur, sur ce point.
De même lorsque notre collègue fait valoir qu'il y a aussi la discrimination pour raisons de moeurs, vous lui répondez : c'est vrai, on a mal recopié la directive, on a oublié le mot « moeurs ».
Encore une fois, il faut veiller à ne pas aller trop loin. Toutes dispositions nécessaires sont prises, et le CSA continuera à en prendre, pour protéger les enfants lorsqu'ils doivent l'être. Mais il ne faut pas tomber non plus dans l'ordre moral. C'est une question de nuance.
Nous, nous faisons confiance au CSA, qui a fait ses preuves en la matière, et c'est pourquoi, résolument, le groupe socialiste votera contre l'amendement n° 26 rectifié.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Nous venons d'avoir deux exemples de la façon caricaturale de détourner les intentions et les textes. D'où l'intérêt d'être précis.
Madame la ministre, ce qui me frappe, c'est qu'un texte et des formules auxquels vous reconnaissez un caractère indicatif dans la directive, acquièrent un caractère de prohibition absolue lorsqu'ils sont repris par la commission.
Nous avons là, en temps réel, l'illustration du rôle de l'interprétation et il me paraît difficile de trouver des interprétations plus opposées.
En réalité, la commission ne fait rien d'autre que de préconiser la reprise la plus exacte possible de la directive, et je vous laisse apprécier comment les mots, dans la bouche de l'un ou de l'autre, peuvent soudain prendre un sens aussi diamétralement oppposé.
En tout cas, je récuse votre interprétation de notre propre démarche qui se contente de considérer, y compris à valeur indicative, que la directive n'a voulu rester muette ni sur la question de la pornographie, ni sur la question de la violence. Elle estime que ceux qui ont travaillé l'ont fait en connaissance de cause.
Un autre aspect de la caricature, et là, je me tourne vers mon collègue M. Dreyfus-Schmidt, nous accuse de remettre en cause l'autorité de régulation en la matière. J'aimerais que notre collègue comprenne que notre objectif est au contraire de promouvoir le rôle du CSA, et je l'invite à suivre la préconisation de la directive européenne qui édicte de nouvelles normes qui vont au-delà même de la simple fonction de veille.
La promotion même du rôle de la régulation en la matière, que nous préconisons, me semble plus ambitieuse que votre souhait, monsieur Dreyfus-Schmidt, de cantonner le CSA dans un rôle de veille.
Pour ces deux raisons, je considère que notre amendement est très respectueux de l'esprit de la directive et du rôle que nous entendons voir jouer par le CSA. Je réfute donc la lecture caricaturale qui est faite de notre proposition.
M. Jacques Machet. Très bien !
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je rassure immédiatement M. Dreyfus-Schmidt : mon opposition à mon collègue et ami Jean-Paul Hugot ne porte que sur la forme - nous sommes des législateurs et c'est ainsi que nous travaillons avec le rapporteur, en harmonie - et non sur le fond. Je soutiens totalement l'esprit de l'amendement n° 26 rectifié.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ce n'est pas la même chose !
M. Louis de Broissia. Madame le ministre, dans cette affaire, nous sommes en présence de deux types d'hypocrisie.
La première est américaine. Outre-Atlantique, où la violence est assez banalisée, où l'actualité et les reportages ne sont qu'images de violence et où les films sont extraordinairement provoquants, on va s'en remettre à une puce pour la réduire. Telle est la réalité américaine. A chacun son hypocrisie !
L'hypocrisie française - vous en êtes l'illustration - consiste à ne pas vouloir en parler et à laisser le CSA s'en occuper. Or tous autant que nous sommes avons toujours encouragé le CSA à coder, à procéder au marquage des films, ce qui est une très bonne chose. En quoi l'amendement de la commission réduirait-il ce travail du CSA ? Bien au contraire, il l'y encourage puisque désormais cela sera inscrit dans le marbre de la loi !
Monsieur Dreyfus-Schmidt, vous dites que nous nous empressons d'appliquer la directive européenne Télévision sans frontières, mais sommes le dernier pays européen à l'appliquer !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je n'ai pas dit cela !
M. Louis de Broissia. Si, vous avez dit que nous nous empressions d'appliquer la directive !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Non !
M. Louis de Broissia. Vous n'avez pas parlé d'empressement pour l'application, mais vous avez dit que, puisqu'il y a une directive, nous l'appliquons !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je n'ai pas dit cela !
M. Louis de Broissia. Nous sommes le dernier pays européen à l'appliquer ! Nous avons vraiment mis du temps à le faire. Ce temps a été mis à profit par le CSA. Si les gouvernements qui se sont succédé avaient été plus rapides pour transposer la directive, eh bien ! nous aurions précédé le CSA. Là, nous l'accompagnons ; nous sommes dans notre mission.
Je me souviens avoir voté la création du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Si Michel Charasse était là, il m'approuverait lorsque je dis qu'il ne s'agit pas d'une autorité administrative indépendante qui plane sur des nuages : elle s'occupe de la réalité quotidienne de 60 millions de Français. Eh bien ! nous sommes là aussi pour l'accompagner.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Pour l'essentiel, je suis d'accord avec mon collègue Louis de Broissia et avec l'amendement de la commission, que je voterai volontiers.
Je ne veux pas me référer à la directive européenne. Ce n'est pas le lieu ; ici, chacun vote en toute indépendance, directive ou non, en fonction de ses convictions sur le sujet. Là, il s'agit des problèmes de diffusion d'un certain nombre d'images violentes, racistes ou autres tout à fait inacceptables ; elles sont déjà difficilement acceptables pour un public adulte, elles le sont encore moins pour un public de jeunes, quand on sait les conséquences qu'elles peuvent avoir sur leurs comportements.
Pour ma part, je fais confiance au CSA et je souhaite que l'Assemblée nationale retienne cet amendement - vous pourriez peut-être y apporter votre soutien, madame la ministre. Ainsi, la représentation parlementaire, dans son ensemble, marquerait sa volonté de mettre un terme à un certain nombre de dérives. Cela irait au-delà de la mission de veille du CSA. Souvent, malheureusement, le CSA constate un manquement et fait une réprimande. Mais le manquement a eu lieu. Nous en connaissons quelques exemples.
Nous sommes souvent accusés de ne pas avoir marqué notre volonté de faire en sorte que des dérives de cette nature disparaissent des écrans de télévision. Le législateur s'honorerait de bien marquer sa volonté dans ce domaine en renforçant les pouvoirs de contrôle du CSA, voire de sanctions, à l'égard de ceux qui enfreindraient non pas un simple règlement mais la loi.
Il ne s'agit donc pas du tout d'un amendement de défiance à l'égard du CSA, mais, bien au contraire, d'un amendement qui marque une volonté politique de la représentation nationale. Je souhaite que cette disposition figure dans la loi définitive.
M. Ivan Renar. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Vous le savez, les moyens de protéger les plus faibles se retrouvent dans l'ensemble des dispositifs de notre société. Il y a le code pénal et un certain nombre de lois,...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Oui, il y a le code pénal !
M. Ivan Renar. ... il y a l'Autorité de régulation des télécommunications pour le quotidien de la télévision. Faut-il en rajouter ? Qui définira la notion de dérive ? Vous savez très bien que nous sommes là sur un terrain très glissant. Ce que je sais, c'est que la violence est dans la société avant d'être sur les écrans de télévision, et que l'on débat de la frontière entre pornographie et érotisme depuis qu'existent l'amour, mais aussi son pendant négatif, la misère sexuelle.
M. Henri Weber. La pornographie, c'est l'érotisme des autres !
M. Ivan Renar. Oui, et c'est souvent aussi l'érotisme du pauvre !
Ce que je crains, c'est que la liberté de création ne soit plus garantie. Quant je parlais tout à l'heure de l'Humanité, c'était non pas du journal qu'il s'agissait, mais d'un film de Bruno Dumont qui a encore été censuré, voilà quelque temps, en Italie.
M. Louis de Broissia. Un peu sordide !
M. Ivan Renar. Oui, mais la liberté de création doit être respectée. Il existe aussi des tableaux ou des sculptures sordides. La notion de sordide reflète un moment donné de l'évolution des hommes, et ce qui est sordide à une époque l'est moins à une autre. Dans les grottes de Lascaux, il y a aussi des représentations sordides de la façon dont les femmes étaient alors traitées.
Ce que je sais, c'est que si la liberté de création n'est pas assurée, c'est une liberté fondamentale qui disparaît. Comme le disait Camus, « la liberté dans le désert, ce n'est pas la liberté ».
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. M. de Broissia nous a expliqué combien il a soutenu le CSA. Pour ma part, je me rappelle surtout comment la majorité sénatoriale a « trucidé » la Haute Autorité pour la remplacer par une commission nationale de la Communication et des libertés et comment il a fallu que la gauche revienne au pouvoir pour créer le CSA. Il faut tout de même rendre à César ce qui lui appartient.
Ensuite, l'hypocrisie, mon cher collègue, cela peut consister aussi à dire, suivant le vers bien connu de Molière : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. » Notre collègue a parlé de L'Origine du monde du Franc-Comtois Courbet ; on peut citer Les Fleurs du mal ou Le Déjeuner sur l'herbe , et nombre d'oeuvres encore que vos prédécesseurs, messieurs, ne voulaient pas que le public puisse voir.
Et puis enfin, nous avons un code pénal pour dire les limites qu'il ne faut pas franchir.
Franchement, je ne reviendrai pas sur le fait qu'une directive n'est pas faite pour être prise à la lettre, comme le croit M. le rapporteur, et je continue à rendre hommage, sur ce point-là, à notre collègue M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Merci !
M. Jean-Louis Lorrain. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain. Je ne voudrais pas que les propos que je vais tenir sur les risques encourus du fait de la violence sur support audiovisuel soient mal compris. Je tenais à porter témoignage, ayant moi-même travaillé sur les violences à l'école et sur les répercussions de ces violences sur les enfants. Je sais que des études ont été réalisées. On a ainsi observé des groupes d'enfants placés devant des programmes de télévision, dont certains seulement ont été soumis à des émissions dites violentes. Heureusement ou malheureusement, les résultats, pour ce qui est de l'influence de l'image, ne sont pas toujours très significatifs. En revanche, nous sommes tous d'accord pour dire qu'il faut protéger nos enfants de l'image.
Au-delà de la répression nécessaire qui existe et qui est, à mon avis, suffisante, il faudrait engager une réflexion sur le rôle de l'éducation. Il faut apprendre à l'enfant, dès l'âge de trois ou quatre ans, à lire l'image, comme on lui apprend à lire les bandes dessinées, à écouter la musique, etc.
Il faut, par un effort important, faire en sorte que le désir d'images pornographiques soit rejeté, par choix, par désintérêt. Il faut que, grâce à l'éducation qu'on a reçue, on ne soit pas attiré par ce type d'images.
Le problème se situe à un niveau plus global de notre société. Je ne minimise pas du tout les effets de la violence. Quand ils peuvent être évités, évitons-les. Mais il convient de tempérer les propos et de ne pas trop stigmatiser certains phénomènes.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Très bien !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je tiens à bien clarifier les choses. Nous ne dénonçons pas les dérives manifestes de la télévision d'aujourd'hui. Au-delà de l'évocation par M. Renar du rôle de la famille, et du rôle que nous souhaitons normatif du CSA, le cryptage des films ou leur diffusion à certains horaires permettent de protéger un public jeune. En outre, le droit pénal est là pour sanctionner les abus. Nous souhaitons simplement lever toute ambiguïté quant à un rejet explicite des mesures indicatives retenues par la directive que nous devons appliquer, et c'est précisément pour éviter toute interprétation ambiguë de la directive que nous voulons « coller » au texte de celle-ci dans tout ce qu'elle a d'explicite et de significatif.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Lorsque j'ai exposé l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 26 rectifié, je me suis fondée sur les dispositions du droit français et sur les responsabilités effectives du CSA.
Je relève par ailleurs, comme vient de le rappeler M. Lorrain à l'instant, qu'en relation avec le ministère de l'éducation nationale notamment nous travaillons sur l'éducation à l'image. Il convient en effet de donner toute sa place, dans les écoles mais aussi à l'extérieur des écoles, à cette discipline en faveur de laquelle je plaide depuis très longtemps. Il faut créer les bons réflexes chez les téléspectateurs.
J'ai récemment abordé la question avec un réalisateur qui, par ses films, amène le public à avoir une réaction répulsive à l'égard de la violence.
Nous vivons dans un monde violent. Ce ne sont pas seulement les films et les émissions de télévision qui sont violents, ce sont aussi les comportements.
Cet amendement n° 26 rectifié me dérange en tant que ministre de la culture qui est parfois saisi - pas trop souvent, heureusement - de questions quant au classsement de certains films. Il est en effet extrêmement difficile de placer la barre.
C'est donc en connaissance de cause que j'admire le travail monumental accompli par la commission de sélection, qui visionne et analyse chaque film et qui a établi une jurisprudence, ce qui n'est pas évident.
Finalement, nous disposons dans notre pays d'une série de dispositifs qui nous ont toujours permis d'agir dans le respect de la liberté de création. Or, en l'occurrence, ce qui me gêne profondément, c'est notamment le troisième alinéa de l'amendement n° 26 rectifié, car il instaure une censure a priori.
Je m'adresserai maintenant à M. de Broissia qui disait « madame la ministre, votre texte est hypocrite ». Non, il n'est pas hypocrite !
L'article 9 a fait l'objet d'une discussion d'une grande intensité à l'Assemblée nationale et nous sommes arrivés à une rédaction qui transpose bien dans le droit français une directive européenne.
En revanche, en prévoyant un dispositif de portée générale dans les termes suivants : « ne peuvent mettre à disposition du public des émissions susceptibles de nuire gravement », la commission instaure a priori une interdiction.
Mme Danièle Pourtaud et M. Michel Dreyfus-Schmidt. Voilà !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il s'agit d'une censure préalable, qui est la pire qui soit en regard de la responsabilité des diffuseurs et de la liberté que revendiquent les créateurs.
Avec un tel dispositif, on court-circuite et notre volonté pédagogique et la possibilité d'utiliser un certain nombre de verrous, la diffusion à des heures tardives, par exemple.
Avec un tel texte, on instaure une suspicion générale et globale à l'encontre de toute émission qui serait, de près ou de loin, liée à la violence gratuite ou à la pornographie.
Selon moi, je vous le dis très franchement, de temps en temps, il faut vraiment réfléchir longtemps, prendre beaucoup de précautions ; sinon, on permet des retours en arrière considérables.
Rappelez-vous ! Un certain nombre de livres ou de films qui ont été dans le passé censurés ont ensuite été largement diffusés, et plus personne ne comprenait les raisons de cette censure. C'est pourquoi je suis défavorable à cet amendement.
La violence est présente dans notre société, et il convient de ne pas la nier. Il n'en demeure pas moins que, sans hypocrisie, il faut évidemment prendre toutes les précautions indispensables à l'égard des mineurs tout en préservant la liberté de création.
Notre démarche est cohérente. (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 26 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 9 est ainsi rédigé et l'amendement n° 213 n'a plus d'objet.

Article 9 bis



M. le président.
« Art. 9 bis. - Au premier alinéa de l'article 12 de la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française, les mots : "chapitre Ier du" sont supprimés. » - ( Adopté. )

Article 10



M. le président.
« Art. 10. _ Le titre 1er de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est complété par un article 20-2 ainsi rédigé :
« Art. 20-2 . _ Les événements d'importance majeure ne peuvent être retransmis en exclusivité d'une manière qui aboutit à priver une partie importante du public de la possibilité de les suivre en direct ou en différé sur un service de télévision à accès libre.
« La liste des événements d'importance majeure est fixée par décret. Ce décret détermine, en fonction de l'intérêt du public, si ces événements doivent pouvoir faire l'objet d'une retransmission intégrale ou partielle, en direct ou en différé.
« A titre gracieux, les services de télévision qui retransmettent les événements sportifs mentionnés à l'alinéa précédent diffusent immédiatement avant le début de la manifestation un message de sensibilisation à la lutte contre le dopage et à la préservation de la santé des sportifs, homologué par le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage.
« Les services de télévision ne peuvent exercer les droits exclusifs qu'ils ont acquis après le 23 août 1997 d'une manière telle qu'ils privent une partie importante du public d'un autre Etat membre de la Communauté européenne ou d'un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique européen de la possibilité de suivre, sur un service de télévision à accès libre, les événements déclarés d'importance majeure par cet Etat. »
Par amendement n° 214, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger ainsi le deuxième alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 20-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 :
« La liste des événements d'importance majeure est fixée par décret en Conseil d'Etat pris après avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Ce décret détermine les conditions d'application du présent article. »
La parole est à M. Weber.
M. Henri Weber. Cet amendement tend à revenir à la rédaction initiale du projet de loi en ce qui concerne la fixation de la liste des événements majeurs pouvant faire l'objet d'une exclusivité de retransmission.
Vous vous souvenez que l'Assemblée nationale avait supprimé l'avis préalable du CSA à la fixation par décret de la liste de ces événements.
Pour faire plaisir à M. le rapporteur et parce que nous croyons que tel est l'intérêt général, il nous semble opportun de prévoir l'avis préalable du CSA, puisque cette instance de régulation est chargée de veiller au respect, par les chaînes françaises, des listes des événements établies à la fois en France et dans les autres Etats membres de l'Union européenne.
Notre amendement apporte une seconde modification au texte adopté par l'Assemblée nationale en visant à ce que le renvoi au décret d'application soit moins encadré, à laisser une plus grande marge d'appréciation au pouvoir réglementaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable également.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 214.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je profite de l'examen de cet amendement, que je voterai, pour insister sur le fait que, parmi les événements d'importance majeure, il ne faut pas oublier les catastrophes météorologiques.
M. Henri Weber. C'est une évidence !
M. Louis de Broissia. Si je dis cela, c'est parce que j'ai le sentiment que les Français n'ont pas toujours obtenu, par le biais des chaînes publiques, les renseignements heure par heure qui leur auraient permis d'être informés de la manière dont le courant allait être rétabli, par exemple.
La carence du service public de l'information en cas de catastrophe météorologique qui a été constatée lors d'une tempête dite « du siècle » apparaît aussi lorsque des autoroutes sont bloquées par les intempéries, ce qui se produit plusieurs fois par an.
Madame le ministre, je souhaite que le Gouvernement insiste auprès du CSA pour que les chaînes publiques diffusent ces informations de façon régulière. Aujourd'hui, ce sont en effet les chaînes privées qui couvrent ces événements.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 214, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 186, le Gouvernement propose de supprimer l'avant-dernier alinéa du texte présenté par l'article 10 pour l'article 20-2 de la loi du 30 septembre 1986.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. La loi sur le dopage du 23 mars 1999 dispose, en son article 3, que les cahiers des charges des sociétés nationales de programmes prévoient des dispositions pour la promotion de la protection de la santé des sportifs et de la lutte contre le dopage.
Il n'y a donc pas lieu d'adopter une obligation sensiblement comparable dans la loi audiovisuelle, qui serait d'ailleurs restreinte à la seule diffusion des événements d'importance majeure.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 186, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10, modifié.

(L'article 10 est adopté.)

Article 10 bis



M. le président.
« Art. 10 bis . _ Le titre Ier de la même loi est complété par un article 20-3 ainsi rédigé :
« Art. 20-3 . _ I. _ Au sens du présent article, les mots : "système d'accès sous condition" désignent tout dispositif technique permettant, quel que soit le mode de transmission utilisé, de restreindre l'accès à tout ou partie d'un ou plusieurs services de communication audiovisuelle transmis par voie de signaux numériques au seul public autorisé à les recevoir et les mots : "exploitants de systèmes d'accès sous condition" désignent toute personne, physique ou morale, exploitant ou fournissant un système d'accès sous condition.
« II. _ Les exploitants de système d'accès sous condition font droit, dans des conditions équitables, raisonnables et non discriminatoires, aux demandes provenant de distributeurs ou éditeurs de services mis à disposition du public par voie de signaux numériques lorsque ces demandes concernent la fourniture des prestations techniques nécessaires à la réception de leur offre par le public autorisé.
« L'accès à tout parc de terminaux de réception de services mis à disposition du public par voie de signaux numériques est proposé à des conditions équitables, raisonnables et non discriminatoires à tout distributeur ou éditeur de services désirant l'utiliser pour mettre à disposition du public autorisé son offre.
« Les exploitants de systèmes d'accès sous condition doivent utiliser un procédé technique permettant, dans des conditions économiques raisonnables, aux distributeurs d'offres groupées de services utilisant l'un des réseaux prévus à l'article 34 de distribuer les services par voie de signaux numériques sur le réseau qu'ils utilisent au moyen de systèmes d'accès sous condition de leur choix.
« Lorsqu'un éditeur ou un distributeur de services utilise un système d'accès sous condition en application du premier ou du deuxième alinéa du présent II, l'octroi des licences de développement des systèmes techniques utilisés avec ce système d'accès sous condition par le détenteur des droits de propriété intellectuelle à ces éditeurs ou à ces distributeurs s'effectue dans des conditions équitables, raisonnables et non discriminatoires. Ces éditeurs ou distributeurs s'engagent alors à respecter, dans la mesure où ils sont concernés, les conditions garantissant la sécurité de fonctionnement de chacun des systèmes qu'ils utilisent.
« Le détenteur des droits de propriété intellectuelle relatifs à tout ou partie d'un système technique permettant la réception d'une offre de services numériques ne peut en octroyer les licences d'exploitation à des fabricants à des conditions ayant pour effet d'entraver le regroupement ou la connexion dans le même terminal de plusieurs de ces systèmes, dès lors que lesdits fabricants s'engagent à respecter, dans la mesure où ils sont concernés, les conditions garantissant la sécurité du fonctionnement de chacun de ces systèmes. La cession des droits doit être réalisée à des conditions équitables, raisonnables et non discriminatoires.
« Les exploitants ou fournisseurs de systèmes d'accès conditionnel à des services numériques mis à disposition du public établissent une comptabilité financière séparée retraçant l'intégralité de leur activité d'exploitation ou de fourniture de ces systèmes. »
Par amendement n° 27, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose :
I. - De rédiger comme suit le premier alinéa de cet article :
« Il est inséré, après l'article 94 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, un article 95 ainsi rédigé : »
II. - En conséquence, au début du deuxième alinéa de cet article, de remplacer la référence : « Art. 20-3 » par la référence : « Art. 95 ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement modifie, dans la loi de 1986, l'article qui transpose les dispositions de la directive « Normes et signaux » portant sur l'ouverture des systèmes d'accès sous condition.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 261, le Gouvernement propose :
I. - Dans le premier alinéa du I du texte présenté par l'article 10 bis pour l'article 20-3 de la loi du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « communication audiovisuelle », par les mots : « télévision ou de radiodiffusion sonore ».
II. - Dans le premier alinéa du II du même texte, après les mots : « éditeurs de services », d'insérer les mots : « de télévision ou de radiodiffusion sonore ».
III. - Dans le deuxième alinéa du II du même texte, après les mots : « de réception de services », d'insérer les mots : « de télévision ou de radiodiffusion sonore ».
IV. - Dans le même alinéa, après les mots : « éditeur de services », d'insérer les mots : « de télévision ou de radiodiffusion sonore ». »
V. - De compléter le même alinéa par une phrase ainsi rédigée :
« Les dispositions du présent alinéa ne visent pas l'accès aux infrastructures de diffusion hertzienne et les réseaux de télédistribution. »
VI. - Dans le troisième alinéa du II du même texte, après les mots : « distribuer les services », d'insérer les mots : « de télévision ou de radiodiffusion sonore ».
VII. - Dans la première phrase du quatrième alinéa du II du même texte, après les mots : « distributeur de services », d'insérer les mots : « de télévision ou de radiodiffusion sonore ».
VIII. - Dans la première phrase de l'avant-dernier alinéa du II du même texte, après les mots : « offre de services », d'insérer les mots : « de télévision ou de radiodiffusion sonore par voie de signaux ».
IX. - Dans le dernier alinéa du II du même texte, après les mots : « à des services numériques », d'insérer les mots : « de télévision ou de radiodiffusion sonore ».
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Cet article 10 bis a pour objet de transposer la directive « Normes et signaux » afin d'assurer la compatibilité des décodeurs pour les services numériques de télévision.
La rédaction de cet article adoptée en première lecture est ambiguë. Elle pourrait laisser croire qu'elle s'applique également à Internet, voire à la téléphonie mobile, ce qui n'est pas l'objet de la directive.
Il convient également de préciser, s'agissant du câble, que le droit d'accès aux terminaux ne concerne bien sûr pas l'accès aux réseaux eux-mêmes.
Ces clarifications nous ont paru absolument indispensables. C'est pourquoi j'invite vivement le Sénat à les adopter. Cela permettra de corriger la rédaction actuelle, qui n'est pas assez précise, et d'éviter des interprétations qui seraient préjudiciables.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 261, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10 bis , modifié.

(L'article 10 bis est adopté.)

Articles 11 et 12



M. le président.
« Art. 11. _ Les troisième et quatrième alinéas de l'article 31 de la même loi sont supprimés. » - ( Adopté. )
« Art. 12. _ Il est inséré, après l'article 43-1 de la même loi, un chapitre V ainsi rédigé :

« Chapitre V

« Détermination des services de télévision
soumis à la présente loi

« Art. 43-2. _ La présente loi est applicable aux services de télévision dont l'exploitant est établi en France selon les critères prévus à l'article 43-3 ou qui relève de la compétence de la France en application des critères prévus à l'article 43-4, sans préjudice de l'application des règles relatives à l'occupation du domaine public.
« Art. 43-3 . _ Un exploitant de service de télévision est considéré comme établi en France lorsqu'il a son siège social effectif en France et que les décisions de la direction relatives à la programmation sont prises en France.
« Lorsque l'exploitant d'un service a son siège social effectif en France, mais que les décisions de la direction relatives à la programmation sont prises dans un autre Etat membre de la Communauté européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen, il est réputé être établi en France si une partie importante des effectifs employés aux activités du service y travaille, même si une partie importante des effectifs employés aux activités du service travaille également dans l'Etat où sont prises les décisions de la direction relatives à la programmation. Lorsque les effectifs employés aux activités du service ne travaillent pour une part importante ni en France ni dans l'Etat où sont prises les décisions de la direction relatives à la programmation, l'exploitant de service est réputé être établi dans le premier Etat où il a été régulièrement mis à disposition du public, à condition que soit maintenu un lien économique stable et réel avec cet Etat.
« Lorsque l'exploitant d'un service a son siège social effectif en France, mais que les décisions relatives à la programmation sont prises dans un autre Etat, qui n'est ni membre de la Communauté européenne ni partie à l'accord sur l'Espace économique européen, il est réputé être établi en France si une partie importante des effectifs employés aux activités du service y travaille.
« Lorsque l'exploitant d'un service a son siège social effectif dans un autre Etat membre de la Communauté européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen, mais que les décisions de la direction relatives à la programmation sont prises en France, il est réputé être établi en France si une partie importante des effectifs employés aux activités du service y travaille, sauf si une partie importante des effectifs employés aux activités du service travaille également dans l'autre Etat. Lorsque les effectifs employés aux activités du service ne travaillent pour une partie importante ni dans l'Etat où il a son siège social effectif ni en France, l'exploitant de service est réputé être établi dans le premier Etat où il a été régulièrement mis à disposition du public, à condition que soit maintenu un lien économique stable et réel avec cet Etat.
« Lorsque l'exploitant d'un service a son siège social effectif dans un autre Etat, qui n'est ni membre de la Communauté européenne ni partie à l'accord sur l'Espace économique européen, il est réputé être établi en France si les décisions relatives à la programmation du service sont prises en France et si une partie importante des effectifs employés aux activités du service travaille en France.
« Art. 43-4 . _ Les exploitants des services de télévision auxquels ne sont applicables aucun des critères définis à l'article 43-3 relèvent de la compétence de la France s'ils satisfont à l'une des conditions suivantes :
« a) S'ils utilisent une fréquence accordée par la France ;
« b) Si, n'utilisant pas une fréquence accordée par un Etat membre de la Communauté européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen, ils utilisent une capacité satellitaire relevant de la France ;
« c) Si, n'utilisant ni une fréquence accordée par un Etat membre de la Communauté européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen ni une capacité satellitaire relevant d'un de ces Etats, ils utilisent une liaison montante vers un satellite à partir d'une station située en France.
« Art. 43-5 . _ En dehors des cas prévus aux articles 43-3 et 43-4, il est fait application, pour la détermination de la législation applicable, des critères d'établissement prévus aux articles 52 et suivants du traité instituant la Communauté européenne.
« Art. 43-6 . _ Les exploitants des services relevant de la compétence d'un autre Etat membre de la Communauté européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen effectuent, préalablement à la mise à disposition du public d'un service de télévision par un autre moyen de télécommunication que la voie hertzienne terrestre, une déclaration auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel, selon une procédure fixée par décret.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut suspendre provisoirement la retransmission de ces services, selon une procédure définie par décret, si les conditions suivantes sont remplies :
« a) Le service a diffusé plus de deux fois au cours des douze mois précédents des émissions susceptibles de nuire de façon manifeste, sérieuse et grave à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs ou comportant une incitation à la haine pour des raisons de race, de sexe, de religion ou de nationalité ;
« b) Après une notification des griefs au service, la violation alléguée persiste. » - ( Adopté. )

Article 13



M. le président.
« Art. 13. _ I. _ Le 1° de l'article 27 de la même loi est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« 1° La publicité, le télé-achat et le parrainage ;
« 1° bis Les services consacrés exclusivement à l'auto-promotion ;".
« II. _ La loi n° 88-21 du 6 janvier 1988 relative aux opérations de télépromotion avec offre de ventes dites de "télé-achat" est abrogée. »
Par amendement n° 28, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose :
I. - Dans le deuxième alinéa (1°) du I de cet article, de remplacer les mots : « et le parrainage » par les mots : « le parrainage et l'autopromotion ».
II. - En conséquence :
a) De supprimer le dernier alinéa (1° bis ) du même texte ;
b) A la fin du premier alinéa du I de cet article, de remplacer les mots : « deux alinéas ainsi rédigés : » par les mots : « un alinéa ainsi rédigé : ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement exclut les services consacrés exclusivement à l'autopromotion de la liste des matières régies par les décrets prévus à l'article 27 de la loi de 1986.
En effet, l'article 27 prévoit déjà que les obligations des services diffusés par voie hertzienne terrestre seront fixées en fonction des différentes catégories de services. Par conséquent, la mention ajoutée par l'Assemblée nationale est redondante.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 13, ainsi modifié.

(L'article 13 est adopté.)

Article 14



M. le président.
« Art. 14. - I. - L'article 70-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est ainsi rédigé :
« Art. 70-1 . - Les contrats conclus par un éditeur de services de télévision en vue de l'acquisition de droits de diffusion d'une oeuvre cinématographique prévoient le délai au terme duquel la diffusion de celle-ci peut intervenir.
« Lorsqu'il existe un accord entre une ou plusieurs organisations professionnelles de l'industrie cinématographique et un éditeur de services portant sur les délais applicables à un ou plusieurs types d'exploitation télévisuelle des oeuvres cinématographiques, les délais de diffusion prévus par cet accord s'imposent à l'éditeur de services. »
« II. - Au 1° de l'article 79 de la même loi, les mots : "et au délai au terme duquel leur diffusion peut intervenir" sont supprimés. » - ( Adopté. )

TITRE III

DES SERVICES DE COMMUNICATION AUDIOVISUELLE

Chapitre Ier

Dispositions relatives au pluralisme,

à l'indépendance de l'information et à la concurrence

Division et articles additionnels avant l'article 15



M. le président.
Par amendement n° 136, M. Laffitte propose d'insérer, avant l'article 15, une division additionnelle ainsi rédigée :
« Dispositions relatives à la répartition des fréquences »
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission demande la réserve de cet amendement jusqu'après l'exament de l'amendement n° 137.
M. le président. Il n'y a pas d'opposition ?...
La réserve est ordonnée.
Par amendement n° 137, M. Laffitte propose d'insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - L'article 21 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est complété in fine par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - Le Premier ministre définit également la répartition des fréquences libérées par le passage du mode analogique au mode numérique de la diffusion des services de radiodiffusion sonore et de télévision entre :
« - celles qui sont assignées à des administrations de l'Etat en vue de leur attribution, notamment des services de télécommunications ou de sécurité ;
« - celles dont l'attribution ou l'assignation à des services de radiodiffusion sonore ou de télévision sont confiées au Conseil supérieur de l'audiovisuel. »
« B. - En conséquence, le texte de cet article est précédé de la mention : "I. -". »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 262 déposé par MM. de Broissia, Joyandet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République et tendant à compléter in fine le dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 137 pour le II de l'article 21 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par une phrase ainsi rédigée : « En outre, lors du passage de l'utilisation des fréquences analogiques à l'utilisation des fréquences numériques, les fréquences analogiques libérées pourront être, dans une proportion significative, attribuées à des télévisions d'expression locale et de proximité. »
L'amendement n° 137 est-il soutenu ?...
Dès lors, nous ne pouvons examiner le sous-amendement n° 262.
Par amendement n° 29 rectifié, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article 13 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 est complété in fine par deux phrases ainsi rédigées : "Il transmet au Parlement un rapport annuel sur le traitement de l'information dans les programmes des mêmes services. Ce rapport est accompagné des réponses des présidents des sociétés aux observations que le Conseil leur a préalablement communiquées". »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 157, déposé par MM. Ralite, Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen, et tendant, dans la première phrase du texte proposé par l'amendement n° 29 pour compléter le premier alinéa de l'article 13 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les mots : « le traitement de l'information », à insérer les mots : « et la mise en oeuvre du pluralisme ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 29 rectifié.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à instaurer, entre le CSA et les présidents des sociétés nationales de programmes, un dialogue public sur le traitement de l'information dans les programmes.
Pour assurer la mission générale de garantie du pluralisme dans les programmes de ces sociétés, conformément à l'article 13 de la loi de 1986, le CSA ne dispose actuellement que du relevé mensuel permettant de faire respecter la règle des trois tiers.
M. le président. La parole est à M. Renar, pour défendre le sous-amendement n° 157.
M. Ivan Renar. Nous nous sommes exprimés longuement sur notre conception du respect du pluralisme dans l'audiovisuel, et mon ami Jack Ralite a décliné cette conception dans son intervention générale.
Nous pensons qu'à ce titre le traitement de l'information doit faire l'objet de l'application de ce même principe, et c'est le sens de cet amendement que nous vous demandons de bien vouloir adopter.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 157 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 29 rectifié et sur le sous-amendement n° 157 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Pour l'amendement n° 29 rectifié, je m'en remets à la sagesse du Sénat, car cette exigence légitime du Parlement correspond parfaitement aux missions du CSA qui, bien évidemment, établit et rend publics de tels rapports dans son bilan annuel sur les chaînes.
Je ne suis cependant pas persuadée que cette mention doive figurer. Mais je vous laisse le soin de trancher, mesdames, messieurs les parlementaires...
Pour ce qui concerne le sous-amendement n° 157, le Gouvernement s'en remet également à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 157, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 29 rectifié.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Je ne voudrais pas rallonger le débat, d'autant que nous aurons l'occasion de revenir sur le sujet à l'occasion de la discussion de notre amendement n° 215, qui a le même objectif.
Si nous trouvons l'amendement n° 29 rectifié intéressant, dans la mesure où il est important de disposer d'un rapport sur le traitement de l'information, de même que le sous-amendement n° 157, relatif au pluralisme, nous préférerions que le rapport annuel demandé porte sur l'ensemble des chaînes et non pas simplement sur les chaînes publiques. C'est ce que nous proposerons dans l'amendement n° 215, qui sera examiné ultérieurement.
Nous voterons donc l'amendement n° 29 rectifié et le sous-amendement n° 157, en espérant que le Sénat aura le souci d'étendre ces dispositions à l'ensemble des sociétés de l'audiovisuel en adoptant notre amendement n° 215.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 29 rectifié, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Avec votre autorisation, monsieur le président, je souhaite reprendre, au nom de la commission, les amendements n°s 136 et 137 de M. Laffitte, afin que le sous-amendement n° 262 puisse être défendu.
M. le président. Il s'agit donc des amendements n°s 136 rectifié et 137 rectifié.
Vous avez la parole, monsieur le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La numérisation des services de communication audiovisuelle conduira à terme à la libération d'un certain nombre de fréquences.
Compte tenu des besoins de développement des nouveaux services de télécommunications - téléphonie mobile, système de transmission de données par satellite, nouveaux services interactifs - il importe que les ressources libérées soient affectées en priorité à ces nouveaux services.
La commission avait émis un avis favorable sur l'amendement n° 137 ainsi que sur l'amendement n° 136.
M. le président. La parole est à M. de Broissia, pour défendre le sous-amendement n° 262.
M. Louis de Broissia. Je remercie à la fois le président de séance et le rapporteur de la commission des affaires culturelles, car j'étais, je l'avoue, un peu frustré de ne pouvoir discuter de ces amendements et de ce sous-amendement !
Le sous-amendement n° 262 a pour objet d'anticiper - je l'ai dit lors de la discussion générale, madame le ministre - sur la période transitoire du passage du mode analogique au mode numérique.
D'autres nations ont d'ores et déjà fixé une date pour ce changement. En France, il sera progressif et la transition risque d'être longue : j'ai parlé de dix ans, mais je ne m'engage pas.
Compte tenu des besoins de développement des nouveaux services de télécommunications évoqués par notre collègue Pierre Laffitte - téléphonie mobile, système de transmission de données par satellite, nouveaux services interactifs - il me paraît important de profiter de la période transitoire pour consacrer, dans une proportion significative, les fréquences libérées aux télévisions d'expression locale et de proximité. Cela signifie qu'il ne faut pas condamner l'occupation des bandes non utilisées du fait du passage au numérique. Je crois m'en être expliqué oralement avec mon collègue Pierre Laffitte hier soir.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 262 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission y est d'autant plus favorable qu'elle avait elle-même suggéré à ses auteurs de le rattacher à l'amendement n° 137 de M. Laffitte.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 137 rectifié et sur le sous-amendement n° 262 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable, tant au sous-amendement qu'à l'amendement.
En effet, n'étant pas encore passé au numérique hertzien, il me semble prématuré de prévoir d'ores et déjà un dispositif précisant la manière dont seront attribuées les fréquences libérées. Il est en particulier trop tôt pour connaître la façon dont les fréquences seront reprises, en tout cas réutilisables, du fait de l'arrêt progressif des émissions analogiques.
Le Gouvernement sera également défavorable à l'amendement n° 136 rectifié, pour les mêmes raisons.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 262.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Je suis très favorable à l'adoption de ce sous-amendement et des amendements n°s 137 rectifié et 136 rectifié.
Je remercie l'auteur initial de l'amendement n° 137 d'avoir écrit dans son objet que les ressources libérées seraient affectées en « priorité », ce qui laisse la liberté de faire éventuellement d'autres choix s'il n'y avait pas de demandes susceptibles d'être satisfaites, s'il avait précisé « intégralement », cela aurait effectivement pu poser des problèmes !
Malheureusement - et c'est ce sur quoi je voudrais attirer l'attention de notre Haute Assemblée, bien que nous en ayons conscience ; l'auteur de l'amendement comme nous tous - cela ne répondra pas aux besoins de 30 %, voire 40 % de la population des zones qui ne bénéficieront pas du numérique hertzien avant bien des années, les frais de couverture augmentant de façon exponentielle pour ces cas-là ! Dans les cinq ans qui viennent, seuls de 60 % à 70 % de la population seront concernés, essentiellement autour des grandes agglomérations. Il se produira, pour le numérique hertzien, ce qui s'est produit avec anciennement La Cinq, sur le cinquième réseau, et M 6.
Il est vrai, comme le disait hier notre collègue Michel Dreyfus-Schmidt, que les zones d'ombre doivent être couvertes par les satellites. Mais ce n'est pas vraiment une réponse à la question. Il faudra bien que l'on se décide un jour à examiner ce problème, sinon, comme je le disais hier pour l'outre-mer, le paysage audiovisuel présentera, sur le territoire, des inégalités d'autant plus grandes que le nombre de chaînes non reçues s'accroîtra, sans parler de tous les services multiples qu'apportera le numérique hertzien. C'est inacceptable !
Voilà ce que je tenais à souligner au Sénat à l'occasion du vote de ce sous-amendement. Cela dit, bien entendu, je pense qu'il va dans le bon sens.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Puisque nous entrons dans la problématique du numérique, je voudrais attirer l'attention sur une différence de vocabulaire. Mme la ministre a parlé d'une initiative prématurée. Je préfère retenir la formule des auteurs du sous-amendement n° 262, qui fait état de la nécessité d'anticiper. Globalement, c'est l'attitude du Sénat ; en matière de numérique, nous avons voulu précisément anticiper.
M. Louis de Broissia. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 262, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 137 rectifié.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffite.
M. Pierre Laffitte. Je voudrais souligner qu'il s'agit non pas d'une révolution, mais d'une précision.
En fait, la loi actuellement en vigueur prévoit très clairement que c'est le Premier ministre qui définit la répartition des fréquences, notamment pour ce qui concerne l'analogique. L'Agence nationale des fréquences a effectivement pour rôle de répartir les fréquences. Il doit en être de même pour celles qui seront libérées grâce à la numérisation. Dès lors, il s'agit simplement de mettre les textes en conformité avec les nouvelles possibilités techniques. Le texte en vigueur n'évoque pas de façon implicite une telle affectation. Ce n'est donc pas une révolution, c'est une précision. Aussi je m'étonne de votre réaction, madame la ministre.
Le rôle du Gouvernement est d'assurer la meilleure répartition possible des fréquences, ressources éminemment rares en fonction de l'intérêt général. Il devra définir quelles sont les fréquences qui seront réservées à l'audiovisuel, dont il attribue la gestion et la répartition au Conseil supérieur de l'audiovisuel, et celles qu'il souhaite réserver à d'autres destinations, qu'il s'agisse des télécommunications, de la sécurité, de la télémédecine, etc.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. M. Laffitte s'étonne poliment. Moi, je ne m'étonne pas. J'ai le souvenir, voilà quelques années, d'une loi sur l'expérimentation de l'Internet, dite loi Fillion. Je siégeais alors dans une autre assemblée.
L'opposition de l'époque avait refusé cette expérimentation. J'avais dit à l'un de mes collègues, un élu bourguignon que je ne citerai pas et avec qui j'ai des relations d'amitié, que si on lui avait proposé le téléphone, il l'aurait refusé de la même façon. Nous sommes, nous, je le souligne, une assemblée anticipatrice !
Mme Danièle Pourtaud. D'avant-garde !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 137 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
Nous en revenons à l'amendement n° 136 rectifié, qui avait été réservé.
Je vous rappelle qu'il tend à insérer, avant l'article 15, une division additionnelle ainsi rédigée :
« Chapitre...
« Dispositions relatives à la répartition des fréquences ».
La commission et le Gouvernement ont par avance donné leur avis sur cet amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 136 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, une division additionnelle ainsi rédigée est insérée dans le projet de loi, avant l'article 15.
Par amendement n° 97, M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, avant l'article 15, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel établit un rapport chaque année sur l'application du droit de réponse dans le secteur audiovisuel. »
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Mes chers collègues, j'attache beaucoup d'importance à cet amendement. Il m'apparaît en effet important de souligner - nous l'avons tous notée - l'absence étonnante - j'allais dire stupéfiante - de l'exercice du droit de réponse dans l'audiovisuel.
Nous savons tous, lecteurs de la presse écrite, qu'elle soit régionale, nationale ou spécialisée, qu'un droit à l'erreur est reconnu au journaliste, mais que le droit de réponse l'est tout autant, sans oublier les conséquences pénales qui peuvent intervenir par la suite sur un autre plan.
Dans l'audiovisuel, peut-être est-ce parce que je ne regarde jamais à la bonne heure, je n'ai jamais vu s'exercer un quelconque droit de réponse. Je m'en suis ouvert au CSA. Il m'a été répondu que ce droit de réponse s'exerçait dans une discrétion telle que cela passait inaperçu.
Je pense que l'une des missions confiées au CSA devrait consister à sortir les journalistes de l'audiovisuel de l'infaillibilité dans laquelle cette absence de droit de réponse les consacre. Les journalistes de l'audiovisuel ne se trompent jamais, il faut croire !
Cet amendement vise donc, mes chers collègues, à proposer qu'une fois par an le CSA établisse un rapport sur l'application, chaîne par chaîne, du droit de réponse. (Très bien ! sur les travées du RPR.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. C'est une proposition opportune, sur laquelle la commission émet un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je m'en remets à la sagesse du Sénat.
Je proposerais toutefois, si le Sénat adopte cet amendement, qu'il soit introduit à l'article 18 de la loi de 1986 relatif au rapport annuel établi par le CSA, où ce document me semble avoir davantage sa place.
M. le président. Monsieur de Broissia, acceptez-vous de modifier votre amendement dans le sens souhaité par Mme le ministre ?
M. Louis de Broissia. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 97 rectifié visant à insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 18 de la même loi est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel établit un rapport chaque année sur l'application du droit de réponse dans le secteur audiovisuel. ».
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 97 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
Par amendement n° 107, M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article 5 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est ainsi rédigé :
« Les fonctions de membres du Conseil supérieur de l'audiovisuel sont incompatibles avec tout mandat électif ou tout emploi public. »
« II. - Après le premier alinéa du même article, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La fonction de président du Conseil supérieur de l'audiovisuel est soumise aux dispositions du premier alinéa du présent article et, en outre, est incompatible avec toute autre activité professionnelle. »
« III. - Au deuxième alinéa du même article, les mots : "exercer de fonctions" sont remplacés par les mots : "exercer une activité professionnelle ou une fonction". »
« IV. - Après le deuxième alinéa du même article, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel est soumis aux dispositions de l'alinéa précédent et, en outre, dans toute entreprise du cinéma, de l'édition, de la presse, de la publicité ou des télécommunications. »
« V. - Au troisième alinéa du même article, les mots : "de l'alinéa précédent" sont remplacés par les mots : "des deux alinéas précédents".
« VI. - Au sixième alinéa du même article, les mots : "deuxième alinéa" sont remplacés par les mots : "troisième alinéa". »
La parole est M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Il va de soi, madame le ministre, que nous attachons tous beaucoup d'intérêt à la définition des mandats exercés par le CSA.
Il me semble que cette autorité administrative, dont le principe de nomination n'est pas remis en cause et dont nous souhaitons consacrer l'indépendance - nos collègues Michel Charasse et Michel Dreyfus-Schmidt y ont fait allusion hier à plusieurs reprises - doit aussi voir la diversité de ses membres garantie.
C'est pourquoi l'amendement n° 107 vise à permettre à tous ceux qui ont une certaine compétence d'être nommés aux fonctions de membre du Conseil supérieur. S'il me semble opportun de maintenir les incompatibilités pour le président, en revanche, je propose des assouplissements pour les membres.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Monsieur de Broissia, d'abord, contrairement à vous, je pense que la composition du CSA est réellement diversifiée.
Ensuite, je ne vois pas pourquoi un sort différent serait fait entre les membres s'agissant des incompatibilités. Celles-ci visent à garantir l'impartialité des membres de l'autorité de régulation. Il n'est pas souhaitable qu'elles diffèrent selon les membres ; cela me paraît d'ailleurs contradictoire avec la notion de collégialité.
Il n'est pas admissible qu'un cumul de fonctions puisse potentiellement porter atteinte à cette impartialité.
Je rappelle que les fonctions de membre du CSA sont des emplois à plein temps. Si on l'entendait autrement, cela tendrait à dire que cette institution verrait son activité se réduire alors que, précisément, elle vit le contraire.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 107, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
Par amendement n° 108, M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Au deuxième alinéa de l'article 5 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, les mots : " dans une entreprise de l'audiovisuel, du cinéma, de l'édition, de la presse, de la publicité ou des télécommunications " sont remplacés par les mots : " dans une entreprise de l'audiovisuel ou une entreprise engagée par des contrats de toute nature avec une entreprise de l'audiovisuel ". »
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Cet amendement est le complément de celui que je viens de défendre.
Interdire aux anciens membres du Conseil supérieur de l'audiovisuel d'exercer des fonctions dans toute entreprise du cinéma, de l'édition, de la presse, de la publicité ou de la télécommunication fait que, contrairement à ce que disait Mme le ministre tout à l'heure, ne seront candidats aux fonctions de membre du CSA que des fonctionnaires pour lesquels il n'y a jamais d'incompatibilité, puisque, comme chacun sait, appartenir à la fonction publique permet de tout faire à la fois, ce qui nous privera de tous ceux qui, ensuite, pourraient, tout à fait légitimement, exercer des fonctions dans un secteur qui n'est pas lié directement à l'audiovisuel.
Cet amendement n° 108 vise donc à diversifier le recrutement du CSA en en ouvrant l'accès à des personnalités de toutes origines.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. A nouveau, je ne peux vous suivre sur ce point, monsieur de Broissia. Les règles destinées à garantir l'impartialité des membres du CSA n'ont, à mon sens, rien de conjoncturel, et je pense que votre amendement aboutit à l'inverse de ce que vous recherchez.
Les entreprises de l'audiovisuel appartenant aujourd'hui, pour la plupart des grands groupes, aux activités les plus diverses, votre amendement élargit de manière considérable et disproportionnée ce régime d'incompatibilité. Je suis donc particulièrement défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 108, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
Par amendement n° 109, M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le cinquième alinéa de l'article 5 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, les mots : "un an" sont remplacés par les mots : "six mois". »
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Dans un monde où tout va très vite, on impose à tout membre du CSA de s'abstenir de prendre quelque position publique alors que l'on sait que toutes les positions prises par le CSA sont immédiatement connues. Il y a là une certaine hypocrisie qu'il faut lever. Je propose que l'on fasse passer de un an à six mois la durée d'interdiction de prise de position publique par les anciens membres du CSA.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Comme je m'interrogeais, hier, à propos d'un amendement qui visait à changer la procédure de nomination du président du CSA, je m'interroge aujourd'hui sur les dispositions surprenantes qui sont présentement proposées concernant les incompatibilités, l'exercice professionnel, bref traçant une configuration du CSA dont je ne mesure pas bien ce qu'elle signifie par rapport à l'exercice de ses membres, qui doivent tous être garants de l'indépendance de cette institution.
J'ai l'impression que sans pratiquemment aucun débat, sur proposition de M. de Broissia et avec l'appui de la commission, le Sénat est amené à changer la configuration du CSA de façon subreptice.
Monsieur de Broissia, vous qui avez le reproche d'hypocrisie rapide, je voudrais vraiment savoir ce que vous cherchez à travers les amendements que vous proposez ainsi.
Que tel ou tel membre se sente concerné par tel ou tel aspect, nous pouvons le comprendre. Mais il ne me paraît pas normal que des amendements puissent découler de telle attente ou de telle suggestion, dans la mesure où le Parlement doit se décider en toute objectivité.
Ainsi, monsieur de Broissia, j'aimerais recevoir une explication plus précise quant à la nouvelle configuration du CSA que vous recherchez, quant à ses attributions, à sa légitimité ou à la crédibilitié de ses membres.
J'aimerais aussi que M. le rapporteur aille un peu plus loin dans l'explicitation de son avis favorable. Ce serait nécessaire pour éclairer l'opinion de chacun et, notamment, celle du Gouvernement.
En tout cas, je suis défavorable à l'amendement n° 109. Encore une fois, je ne comprends pas l'objectif de M. de Broissia : en quoi demander aux membres du CSA de s'abstenir pendant un an de toute prise de position sur les affaires qu'ils ont eu à traiter pendant l'exercice de leur mandat est-il si contraignant alors que cela participe au contraire du bon exercice d'une fonction de cet ordre ?
Au moment où le CSA prend de plus en plus d'importance, alors qu'il va être un des organismes centraux du système de régulation de la société Internet, on nous propose des dispositions qui vont à l'inverse de ce développement !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 109.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Si aimablement sollicité par Mme la ministre, je me vois dans l'obligation de lui donner une explication.
Madame la ministre, apparemment, le mot hypocrisie vous agace.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Non, pas du tout, moi, je ne suis pas hypocrite !
M. Louis de Broissia. Lorsque j'étais enfant, nous disions : c'est la vérité qui blesse.
Je suis là pour dire la vérité et la manière dont doivent s'exercer les fonctions de membre d'une autorité administrative indépendante.
Je pense qu'il faut ouvrir le Conseil supérieur de l'audiovisuel à tout le monde et que le fait de le sanctuariser dans des fonctions qui seront de fait, dans le système tel que vous voulez le consacrer, confiées à des fonctionnaires, à des gens qui sont en fin de carrière, à des gens qui ensuite n'exerceront plus de mission ne me semble pas sain.
Il m'arrive de circuler en Europe ou en Amérique et de voir que l'on peut entrer dans une autorité administrative totalement indépendante et ensuite poursuivre sa carrière. Ce n'est pas le cas en France, il suffit de le constater. Regardez, madame le ministre, le parcours des membres qui ont été nommés à ces hautes fonctions ! Pour ma part, je pense qu'il faut leur permettre d'exercer plus librement d'autres fonctions. N'introduisons pas sans cesse dans notre loi de discrimination entre ceux qui bénéficient du titre de fonctionnaire ou de rattaché à la fonction publique et les autres ! Il ne saurait y avoir une partie des Français à qui tout est possible et une autre parti faisant l'obejt de sanctions ou d'interdictions permanentes.
Tel est, puisque vous le demandez, madame le ministre, le fondement de mes amendements.
M. Henri Weber. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Weber.
M. Henri Weber. Comme M. de Broissia nous y invite, regardons les dernières nominations au Conseil supérieur de l'audiovisuel. Mme Véronique Cayla vient de l'entreprise audioviduelle - elle était chez Marin Karmitz - entreprise qu'elle a d'ailleurs contribué à développer considérablement. M. Joseph Daniel vient de chez Total, où il était directeur de la communication. La troisième personnalité qui vient d'être nommée était magistrate.
Au vu de ces dernières nominations, sur quoi peut reposer concrètement cette phobie anti-fonctionnaires ?
Mme la ministre a raison de dire que le CSA prend peu à peu sa vitesse de croisière et qu'il recrute de façon très diversifiée.
Au demeurant, je ne vois pas en quoi le fait d'autoriser les ex-membres du CSA à s'exprimer sur des affaires dont ils ont eu à traiter six mois après leur départ plutôt qu'un an après favorise la diversification au sein de cette institution.
Dans ces conditions, monsieur de Broissia, on ne comprend pas bien quels objectifs vous visez à travers cette batterie d'amendements.
Le CSA est en train de trouver son équilibre, et il ne faut pas céder à un travers français, que vous dénoncez souvent, consistant à bouleverser les règles du jeu et de nominations au moment même où elles se rodent.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je souhaite simplement indiquer que nous sommes sensibles au souhait des auteurs de l'amendement de favoriser la diversification dans le recrutement des membres du CSA.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 109, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
Par amendement n° 110, M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le sixième alinéa de l'article 5 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est ainsi rédigé :
« Après la cessation de leurs fonctions, les membres du Conseil supérieur de l'audiovisuel sont, pendant un an, soumis aux obligations résultant du deuxième alinéa du présent article, sous les peines prévues à l'article 432-12 du code pénal. »
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je tiens d'abord à dire à M. Weber que, si les trois autorités qui nomment au CSA ont pris la mesure du problème, je ne peux que m'en réjouir.
Cela étant, je préfère que cela soit consacré dans la loi et c'est la raison d'être de mes amendements. Je ne fais qu'encourager à suivre la voie qui permet de nommer au CSA non seulement des professeurs et des fonctionnaires mais aussi des personnes issues du reste de la société, y compris du milieu associatif, que nous avons évoqué hier à propos du comité consultatif.
Mme Danièle Pourtaud. Mais là, justement, vous n'avez pas voulu qu'il soit mentionné ! Soyez cohérent !
M. Louis de Broissia. Ici, ma chère collègue, nous parlons du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Je pense qu'en être membre, cela se mérite, et j'aime bien l'égalité des citoyens devant la loi. Je reconnais que l'inégalité devant la loi est effectivement une de mes phobies, monsieur Weber, et je crois qu'il devrait en être de même pour tout parlementaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Monsieur le président, d'une certaine façon, je me suis déjà exprimée.
Je constate au passage que l'argumentation a tendance à se faire de plus en plus laconique. Or cet amendement introduirait, s'il était adopté, un changement assez radical.
J'inviterai la Haute Assemblée à se souvenir de la polémique qui a été déclenchée dans l'Europe tout entière, voilà quelques mois, lorsqu'un ancien commissaire européen a annoncé son intention de rejoindre immédiatement une entreprise du secteur qu'il contrôlait au sein de la Commission.
Si nous voulons que l'indépendance du CSA conserve, dans ses décisions et interventions, toute sa crédibilité, nous devons le maintenir à l'abri des lobbies et lui garder toute son autorité : il doit être absolument insoupçonnable de toute influence extérieure.
Cela implique, pour ses membres, une incompatibilité avec l'exercice d'une responsabilité dans une entreprise qui aurait été éventuellement sous son contrôle, et cette incompatibilité doit s'étendre sur une période suffisamment longue pour qu'on ne soit pas amené à penser a posteriori que celui qui finirait par exercer une telle responsabilité après avoir siégé au CSA a pu, lorsqu'il était investi de cette mission, voir ses décisions déterminées par la perspective d'un emploi futur.
Faute de telles précautions, les décisions du CSA deviendraient entachées de soupçon, ce que nous ne saurions admettre.
Par conséquent, cet amendement me paraît soulever un problème de fonds.
On ne peut pas dire que les membres du CSA ne sont pas au courant au moment où ils sont nommés. Si cela leur pose un problème, ils sont toujours libres de dire non ! En tout état de cause, il est normal que le fait de siéger au sein de cette institution, d'exercer ces hautes responsabilités, soit assorti d'un certain nombre de contraintes.
Chacun l'aura compris, le Gouvernement est donc très défavorable à cet amendement, qui a, au demeurant, été rédigé par une main particulièrement experte.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 110, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
Par amendement n° 215 Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article 13 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, les mots : "sociétés nationales de programmes" sont remplacés par les mots : "service de radiodiffusion sonore et de communication audiovisuelle dont les programmes contribuent à l'information politique et générale". »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Avec cet amendement, nous revenons à des sujets que nous avons déjà abordés lors de l'examen de l'amendement n° 29 et du sous-amendement n° 157, lesquels ont été adoptés par la Haute Assemblée.
Il s'agit d'étendre le contrôle du CSA sur le traitement de l'information et sur le respect du pluralisme à l'ensemble des chaînes de télévison et des radios dont les programmes incluent de l'information.
En effet le texte actuel de la loi ne fait mention que des sociétés nationales de programmes. Nous considérons qu'elles ne sont pas seules concernées par le respect du pluralisme et que celui-ci constitue une exigence pour toutes les entreprises de l'audiovisuel.
Par cohérence avec le vote de l'amendement n° 29 et du sous-amendement n° 157, le Sénat devrait adopter cette proposition.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission émet un avis favorable, sous réserve d'une simple rectification de forme : il s'agirait simplement de faire mention de « services de radiodiffusion », au pluriel.
M. le président. Madame Pourtaud, suivez-vous la suggestion de M. le rapporteur ?
Mme Danièle Pourtaud. Bien sûr, et je remercie M. le rapporteur de l'avoir formulée.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 215 rectifié, tendant à insérer, avant l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article 13 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, les mots : "sociétés nationales de programmes" sont remplacés par les mots : "services de radiodiffusion sonore et de communication audiovisuelle dont les programmes contribuent à l'information politique et générale". »
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 215 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 15.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures cinquante-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Christian Poncelet.)

PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET

M. le président. La séance est reprise.

3

QUESTIONS D'ACTUALITÉ
AU GOUVERNEMENT

M. le président. L'ordre du jour appelle les questions d'actualité au Gouvernement.
Je voudrais saluer la présence au banc du Gouvernement de M. le Premier ministre, dont nous apprécions la participation à la séance des questions d'actualité de la Haute Assemblée.
Conformément à la règle posée par la conférence des présidents, je rappelle que l'auteur de la question et le ministre qui lui répond disposent chacun de deux minutes trente. Je demande à chaque intervenant de bien vouloir respecter le temps de parole qui lui est imparti.

RÉGLEMENTATION DES SORTIES SCOLAIRES

M. le président. La parole est à M. About.
M. Nicolas About. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Le 23 janvier 1998, la France entière était bouleversée par le drame de l'avalanche des Orres, qui faisait onze morts et dix-sept blessés.
Le Gouvernement français manifestait immédiatement son émoi et sa solidarité. M. Bernard Kouchner accompagnait les familles de Montigny-le-Bretonneux sur les lieux. M. le Premier ministre et M. le ministre de l'intérieur se rendaient sur place.
De nombreuses personnalités assistaient aux obsèques à Montigny-le-Bretonneux. Mme Jacques Chirac, Mmes Ségolène Royal et Marie-Georges Buffet venaient s'incliner devant les cercueils de tous ces enfants.
Le 13 janvier 2000, le tribunal correctionnel de Gap a rendu son jugement à la suite de la procédure judiciaire engagée, condamnant le guide à une peine avec sursis.
Les autres prévenus, les encadrants de l'Union nationale des centres sportifs de plein air, l'UCPA, et le professeur du collège, organisateurs de cette sortie fatale, étaient relaxés.
Dans les attendus de son jugement, le tribunal correctionnel de Gap fait état d'un « malheureux accident » dû à une erreur d'appréciation, considérant qu'il était possible de sortir avec un groupe d'enfants par un risque d'avalanche maximum, les bulletins d'alerte météorologique et nivologique ne constituant que des paramètres indicatifs à confronter à la situation locale.
Comme moi, vous imaginez l'émotion des familles à la lecture de ce jugement. Mais ma question ne porte pas, bien sûr, sur ce jugement, puisqu'il appartient aujourd'hui au seul procureur général de se prononcer sur l'opportunité d'un appel.
Elle a trait à l'avenir des séjours scolaires, voire à celui des sorties sportives, culturelles ou de loisirs.
Compte tenu de l'immunité dont semblent jouir désormais les responsables auxquels nous confions nos enfants, doit-on inciter les chefs d'établissement à supprimer toutes les sorties ?
Doit-on informer les parents des dangers majeurs que courent les enfants lorsqu'ils partent avec leurs professeurs, puisqu'il est démontré que les encadrants n'ont pas pour responsabilité de protéger leurs élèves des risques pris par des intervenants extérieurs ?
Peut-on confirmer à tous les enseignants et aux animateurs des collectivités locales que leur responsabilité ne sera plus engagée s'ils prennent la précaution de se faire accompagner par un spécialiste de la discipline pratiquée au cours d'une sortie ?
Enfin, quelles garanties ont les parents de voir les adultes à qui ils confient leurs enfants assurer réellement leur sécurité et les préserver des périls majeurs, par exemple d'une sortie hors piste un jour de risque majeur d'avalanches ? (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants.)
M. le président. En l'absence de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie, retenu par d'autres obligations, la parole est à M. le ministre des relations avec le Parlement.
M. Daniel Vaillant, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur, l'avalanche des Orres et ses conséquences dramatiques ont rappelé que certaines activités pratiquées dans le cadre des sorties scolaires présentaient des risques que la réglementation relative aux modalités d'organisation des sorties doit donc prévenir.
C'est la ligne qui a prévalu lors de la révision par Ségolène Royal de l'ensemble des textes régissant les sorties scolaires, dans un premier temps en 1997, puis, après un bilan de l'application des nouveaux textes, en septembre dernier.
La question des risques liés à la pratique de certaines activités physiques et sportives a été traitée à plusieurs niveaux.
Tout d'abord, certaines activités présentant des risques particuliers ne peuvent plus être pratiquées à l'école primaire. C'est le cas du tir avec arme à feu, des sports aériens ou mécaniques, de la descente de canyon ou du rafting.
Pour d'autres activités faisant appel à certaines techniques pouvant présenter des risques, les taux d'encadrement des élèves ont été renforcés. C'est le cas par exemple du cyclisme sur route, du VTT, des sports équestres ou des activités nautiques.
Cependant, le drame des Orres a mis en évidence que le nombre de personnes encadrant la sortie n'est pas le seul élément à prendre en compte. La qualité de l'encadrement peut être déterminante pour écarter le risque. Il est nécessaire que l'évaluation du risque soit effectuée par des professionnels. C'est pourquoi la nouvelle réglementation précise les qualifications exigées pour encadrer les activités physiques et sportives à l'école.
Enfin, l'enseignant doit, lorsqu'il prépare pédagogiquement et organise la sortie, se préoccuper des questions de sécurité. A cette fin, il est précisé que l'enseignant dispose en préalable d'une information précise sur les conditions dans lesquelles se dérouleront les activités, en particulier « sur les risques éventuels liés à la configuration du site ».
Des taux d'encadrement renforcés, des encadrants qualifiés, des enseignants sensibilisés aux questions de sécurité, toutes ces dispositions, sans remettre en cause l'organisation de sorties scolaires et la pratique d'activités sportives et physiques, doivent permettre de garantir la sécurité des élèves. (Applaudissements sur les travées socialistes.)

MESURES APPELÉES PAR LA MARÉE NOIRE
CONSÉCUTIVE AU NAUFRAGE DE L' ERIKA

M. le président. La parole est à M. Le Pensec.
M. Louis Le Pensec. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, deux catastrophes de nature différente ont causé d'immenses préjudices humains, patrimoniaux, économiques, écologiques et touristiques.
La tempête a dévasté des secteurs urbains, des territoires. La détresse est immense à l'heure où il faut panser les plaies, rebâtir, replanter. Notre groupe prendra toute sa part des travaux que notre assemblée consacrera à cette catastrophe naturelle.
Le naufrage de l' Erika , un navire au pavillon très complaisant et opaque, sans propriétaire connu à ce jour, qui a sept fois changé de nom, suscite écoeurement et légitime indignation sur la façade atlantique et bien au-delà.
Voilà reposée avec brutalité la question de la sécurité des transports par mer des produits dangereux et polluants.
Je sais que, pour le Premier ministre, pour Mme Voynet, pour M. Chevènement et pour vous, monsieur le ministre des transports, l'idée que la France et l'Europe seraient impuissantes face à ces drames de la mer est insupportable.
Le Gouvernement a indiqué ses intentions, pris date, et il y a consensus sur ce qu'il convient de faire.
Il convient d'abord d'exiger l'application intransigeante de règles existantes. Ministre de la mer en 1982, j'avais tiré les leçons du naufrage de l' Amoco Cadiz et bâti avec quatorze Etats d'Europe le mémorandum de Paris, qui permet aujourd'hui de contrôler et de retenir dans les ports les navires sous normes, lesquels font désormais l'objet d'un fichier.
Vous avez dit, monsieur le ministre, votre volonté d'aller au-delà.
Il importe ensuite d'édicter de nouvelles règles pour éloigner au maximum le risque. Les Américains ont su le faire en 1994. Leur dispositif est tellement dissuasif que jamais l' Erika ne se serait approché de leurs eaux.
Il faut aussi étendre la responsabilité de l'armateur à l'affréteur.
Certaines de ces mesures peuvent être d'application immédiate pour la France.
Pourriez-vous nous dire quelles avancées vous avez accomplies en ce domaine ?
Les autres mesures requièrent une mise en oeuvre européenne. C'est le niveau opérationnel pertinent.
Pourriez-vous nous dire ce que demande et demandera la France à l'Europe ?
Monsieur le ministre, la volonté politique affichée du Gouvernement se heurtera à de farouches résistances, car elle touche au coeur des pratiques d'un capitalisme débridé.
Nous serons à vos côtés, car il s'agit de l'affirmation par la France et par l'Europe, du principe de souveraineté face à des agressions répétées.
C'est un combat pour la dignité.
Donnez-nous des raisons de croire au slogan « Plus jamais ça ». (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, comment ne pas partager l'esprit qui vous anime ? Vous avez rappelé la volonté commune du Gouvernement et des représentants de la nation de renforcer les moyens destinés à ce que, plus jamais, une telle catastrophe ne se produise.
Alors que vous étiez ministre de la mer, vous aviez engagé vous-même la bataille en 1982, lors de l'élaboration du mémorandum de Paris.
Dans la continuité de l'engagement pris par le Gouvernement il y a deux ans, je m'emploierai à poursuivre l'action nationale et internationale en faveur de la sécurité autour de quatre axes : renforcement de la réglementation - elle est insuffisante - renforcement des systèmes de contrôle - ils sont insuffisants - responsabilisation de tous les acteurs du commerce maritime et, enfin, sanctions réelles et plus fortes à l'encontre de ceux qui ne respectent pas les règles.
Les obligations et la réglementation concernant les navires transportant des matières dangereuses ou polluantes doivent être durcies. Je demanderai notamment à l'OMI, l'Organisation maritime internationale, de bannir rapidement les navires à simple coque et les navires les plus âgés de nos ports européens.
Nous devons également être plus exigeants en matière de conditions de travail et de qualification des marins. Les contrôles doivent être renforcés.
A l'échelon français, tous les moyens budgétaires ont été mobilisés depuis deux ans pour aller dans ce sens et l'augmentation des effectifs d'inspecteurs dans les ports se poursuivra afin de parvenir à un doublement de leur nombre d'ici à 2001.
A l'échelon international et européen, je demanderai la mise en place d'un système commun de surveillance en haute mer et d'autorisation d'entrer dans les ports nous autorisant, en tant que de besoin, à contrôler les navires mettant en péril l'environnement dès leur entrée dans la zone économique exclusive, située, vous le savez, à 200 milles marins.
Je demanderai aussi que les plafonds de responsabilisation actuellement en vigueur soient supprimés ou, pour le moins, fortement augmentés. Les entreprises doivent prendre conscience des responsabilités qui sont les leurs lorsqu'elles affrètent ou possèdent un navire sous normes.
Enfin, je demanderai, notamment, que des sanctions plus sévères soient mises en place et que le recours au bannissement soit élargi.
Voilà ce que je tenais à vous dire, monsieur le sénateur.
J'aurai l'occasion d'aborder à nouveau ce sujet puisque d'autres questions me seront posées sur ce point dans quelques instants.
Il en va de l'intérêt des hommes, des équipages et de l'environnement que la donne soit changée dans le domaine du commerce maritime. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen et sur les travées socialistes.)

FINANCEMENT DES 35 HEURES

M. le président. La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, je regrette l'absence de Mme Aubry, que son cabinet m'a expliquée ce matin.
Lors de la discussion du projet de loi sur la réduction du temps de travail, le Sénat avait constaté que le financement des 35 heures n'était pas assuré en vitesse de croisière. Le Gouvernement pensait que ce financement serait au moins assuré pour 2000. Or, l'annulation par le Conseil constitutionnel de la taxation des heures supplémentaires qui devait alimenter le fonds créé par l'article 5 de la loi de financement de la sécurité sociale nous conduit aujourd'hui à constater qu'il manque, dès cette année, 7 milliards de francs, soit le tiers du coût de la loi.
Comment et où le Gouvernement entend-il trouver ces 7 milliards de francs ? C'est le premier point sur lequel je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous répondiez précisément.
Par ailleurs, le Gouvernement fait valoir qu'en réalité il ne manquerait que 4 à 5 milliards de francs car les heures supplémentaires désormais payées aux salariés - et nous nous en réjouissons - généreront des cotisations sociales.
Faut-il comprendre, monsieur le ministre, que vous entendez confisquer ces cotisations pour financer les 35 heures ?
Pensez-vous que les partenaires sociaux vont vous suivre dans cette voie, ou tenterez-vous de passer en force malgré votre demi-échec de l'automne ? Je dis « demi-échec » car vous avez tout de même réussi à prélever indirectement près de 6 milliards de francs sur la sécurité sociale, contrairement à votre discours.
C'est le deuxième point sur lequel j'aimerais obtenir une réponse précise de votre part, monsieur le ministre.
Enfin, hier, M. le Président de la République, gardien de la Constitution, s'est exprimé avec toute l'autorité que lui confère sa fonction pour que le Gouvernement respecte les droits du Parlement, ce qui implique qu'il présente dans les meilleurs délais un projet de loi de financement rectificative. Cette exigence est incontournable pour le bon fonctionnement de notre démocratie.
Je viens de lire la dépêche de l'AFP, qui constitue la réponse de Mme Aubry, où il est dit qu'il n'y aura pas de perte de recettes, et donc que les comptes ne seront pas affectés. (M. Alain Gournac sourit.). Eh bien ! malgré cette fuite, je répète que, en démocratie, il doit y avoir une seule règle : le respect du droit et de la représentation nationale.
La troisième question sur laquelle je souhaite obtenir une réponse est la suivante : quand le Gouvernement déposera-t-il ce projet de loi de financement rectificative qui est indispensable ? (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question. Elle me permet tout de même d'insister sur un point : le 1er février, la loi sur les 35 heures sera appliquée. (Très bien ! sur les travées socialistes.) Malgré l'ensemble des critiques qui ont été entendues, y compris dans cette belle maison, trente-trois articles, parmi lesquels un grand nombre étaient, à vos yeux, non conformes à la Constitution, ont été validés par le Conseil constitutionnel.
M. Charles Descours. Monsieur le ministre, nous voulons des réponses précises !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. En effet, le dispositif qui constitue le coeur de cette loi, c'est-à-dire une aide massive en direction des entreprises, une limitation du nombre d'heures supplémentaires et le surcoût apporté à ces heures supplémentaires...
M. Charles Descours. Le Gouvernement ne sait pas répondre !
M. Alain Gournac. La réponse !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. ... a été validé par le Conseil constitutionnel. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
Monsieur le sénateur, j'en viens à votre remarque car après avoir subi un tel échec par rapport au Conseil constitutionnel vous essayez de voir le bémol qui a pu être apporté par cette institution.
M. Charles Descours. Sept milliards !
M. Jean Chérioux. C'est un gros bémol !
M. Charles Descours. Heureusement que vous ne jouez pas de la musique ! (Sourires.)
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Sept milliards de francs par rapport à 64 milliards de francs !
M. Louis de Broissia. C'est rien !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Eh bien ! mesdames, messieurs les sénateurs, compte tenu de l'excellence de l'activité économique et des recettes sociales et fiscales attendues - vous êtes très nombreux à dénoncer jour après jour la cagnotte du Gouvernement - nous mettrons une partie de ces recettes pour réussir à abonder ce fonds à hauteur de 64 milliards de francs.
M. Alain Lambert. Quel aveu !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Monsieur Descours, vous qui êtes, en particulier, un spécialiste des finances de la sécurité sociale, vous devriez savoir que la loi de finances,...
M. Charles Descours. La loi de financement !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. ... la loi de financement, voulais-je dire, n'a jamais prévu un article d'équilibre. Elle prévoit des recettes et un niveau de dépenses. Et s'il devait y avoir une loi rectificative chaque fois qu'un paramètre est modifié, mesdames, messieurs les sénateurs, nous devrions tout le temps nous réunir. Actuellement, il y a une épidémie de grippe qui perturbera les finances de la sécurité sociale. Pourquoi ne pas se réunir ? (Protestations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Louis de Broissia. Ce n'est pas sérieux !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. In cauda venenum, je voudrais rappeler un précédent éclairant.
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. La loi de financement pour 1997 adoptée à la fin de 1996 prévoyait un déficit de 29 milliards de francs. Celui-ci s'est élevé à 37 milliards de francs. Or, à l'époque, je ne vous ai pas entendu réclamer un collectif. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur plusieurs travées du groupe communiste républicain et citoyen.)

NIVEAU EXCESSIF DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES

M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, mais je m'adresse bien volontiers à Mme la secrétaire d'Etat au budget, à qui je souhaite la bienvenue dans notre assemblée, en lui assurant que je l'écouterai toujours avec une grande attention et beaucoup de vigilance.
La lecture des comptes publiés par l'INSEE pour les trois premiers trimestres de l'année dernière apporte une note discordante dans le concert de louanges que le Gouvernement s'adresse à lui-même depuis quelques mois. Bonne conjoncture, recul du chômage, excédent des échanges extérieurs, reprise de l'investissement productif, forte consommation des ménages, tout paraissait aller dans le bon sens.
M. Marcel Charmant. Et tout cela est vrai !
M. Jean-Pierre Fourcade. Malheureusement, l'INSEE annonce que, du fait d'une pression fiscale excessive, le revenu brut des ménages est en baisse, même en tenant compte des transferts sociaux.
M. Henri Weber. Au troisième trimestre !
M. Jean-Pierre Fourcade. La progression brutale des prélèvements...
M. Alain Gournac. C'est normal, il n'y a plus rien dans les caisses !
M. Jean-Pierre Fourcade. ... résultant des impôts sur le revenu et sur le patrimoine commence à amputer le revenu disponible et même, ce qui est plus grave, à faire reculer le taux d'épargne des ménages.
Comme les ordres de grandeur ne sont pas infinitésimaux - moins 1 % pour le revenu des ménages au troisième trimestre et moins 1,5 % pour l'épargne -...
M. Alain Gournac. C'est normal !
M. Jean-Pierre Fourcade. ... je doute que la situation se soit améliorée au quatrième trimestre de 1999...
M. Henri Weber. Si, pourtant !
M. Jean-Pierre Fourcade. ... et je crains un ralentissement de la consommation des ménages au premier semestre de la présente année. J'ajoute que la hausse des taux d'intérêt et le niveau très élevé des prix des produits pétroliers risquent d'aggraver la situation.
Dans ces conditions, madame la secrétaire d'Etat, quelles sont vos intentions et celles du Gouvernement pour réactiver la baisse de l'impôt sur le revenu interrompue depuis 1997 ? La plupart de nos partenaires sont en train d'amorcer la baisse des prélèvements obligatoires. Serons-nous isolés en Europe sur ce sujet ? (Très bien ! et applaudissements sur plusieurs travées du RDSE, de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Avant de vous donner la parole, madame le secrétaire d'Etat, je voudrais saluer votre première intervention devant le Sénat. Permettez-moi de vous adresser, au nom de l'ensemble de mes collègues, nos souhaits de cordiale bienvenue. (Applaudissements.)
Dans l'exercice difficile de vos fonctions, vous pourrez, je l'espère, apprécier la qualité des travaux et des réflexions de la Haute Assemblée, qui, sachez-le, sont toujours formulées dans un esprit de dialogue courtois et républicain. (Applaudissements.)
M. Henri Weber. On va le voir !
M. le président. Vous avez la parole, madame le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le président, je vous remercie de vos mots d'accueil chaleureux.
Monsieur le sénateur, vous m'avez interrogée sur les résultats de l'enquête de l'INSEE. Comme vous l'avez sans doute vous-même remarqué, cette enquête ne porte que sur le troisième trimestre de 1999. Par conséquent, il est un peu délicat d'en tirer des conclusions définitives, car seules les conclusions qui seront établies sur la base de la totalité de l'année 1999 seront pertinentes.
Cette enquête montre que les prélèvements ont augmenté au cours de ce trimestre par rapport à ce qu'ils avaient été en 1998. Cela tient à deux raisons simples. La première, et on ne peut que s'en réjouir, c'est que la croissance dans notre pays va bien et que le troisième trimestre est celui au cours duquel les Français qui ne paient pas l'impôt sur le revenu de manière mensuelle s'acquittent de leur dernier tiers provisionnel. La seconde tient au fait que certains impôts d'une importance plus mineure qui, en 1998, étaient perçus au quatrième trimestre l'ont été en 1999, à la suite de réformes approuvées par le Parlement, au mois de septembre, c'est-à-dire au troisième trimestre. Dans ces conditions, nous pensons - mais nous attendons les résultats de l'INSEE - que le quatrième trimestre devrait être, toutes choses égales par ailleurs, plutôt meilleur que le troisième trimestre.
S'agissant du fond de votre question, je voudrais vous dire que ce Gouvernement a déjà commencé à baisser les impôts. (Exclamations sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean Chérioux. Heureusement que vous le dites, car on ne s'en était pas aperçu !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Il l'a fait dans le cadre du projet de budget pour l'année 2000, qui a été présenté à la Haute Assemblée voilà quelques semaines. Les baisses d'impôts sont substantielles - elles représentent 40 milliards de francs - et elles ont été mises en oeuvre dès le moment de leur annonce, notamment en ce qui concerne la baisse de la TVA sur les travaux dans les logements.
Pour autant, nous n'en avons pas terminé avec la baisse des prélèvements obligatoires.
M. Alain Gournac. Ah !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. M. le Premier ministre a indiqué qu'au cours des deux prochaines années notre travail devra porter sur la réforme des prélèvements directs au profit des ménages. Cette réforme devra concerner la plus grande majorité des Français et devra avoir pour objectif une plus grande justice sociale et une économie plus dynamique. (Bravo ! et applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)

MESURES APPELÉES PAR LA MARÉE NOIRE
CONSÉCUTIVE AU NAUFRAGE DE L' ERIKA

M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, à l'heure où nous parlons, le pétrole de M. Desmarest, le patron de l'année 1999, continue de souiller notre littoral. Je tiens ici à exprimer toute ma solidarité et mon admiration aux élus, aux bénévoles, à tous les acteurs qui contribuent courageusement à dépolluer nos côtes. Ainsi, c'est aujourd'hui la logique de tout un système fondé exclusivement sur la loi du profit et la recherche effrénée de la meilleure compétitivité à n'importe quel prix qui est mise en accusation.
Cette actualité dramatique, de même que la mobilisation exceptionnelle des services publics et de leurs agents face aux conséquences de la tempête, donne raison à ceux qui, comme nous, ont combattu sans relâche toutes les tentatives de déréglementation qui sont à l'oeuvre depuis une quinzaine d'années.
Monsieur le ministre, la récente étude du bureau Enquête Accident, créé sur votre initiative, a confirmé ce que chacun pensait : la responsabilité de la pollution repose non pas sur l'équipage de l' Erika , ni même sur le commandant du navire, mais bien sur l'armateur, la société de contrôle et l'affréteur, en l'occurrence la multinationale Total-Fina.
Comme vous, nous estimons qu'il convient d'agir à l'échelon européen et international pour assainir durablement les conditions du transport maritime.
Je m'interroge, à cet égard, sur le mutisme de la Commission de Bruxelles, d'habitude si prompte à intervenir sur des sujets de moindre importance ou qui ne relèvent pas de sa compétence.
Dans le cadre de la préparation à la présidence de l'Union enropéenne, quelles initiatives le Gouvernement français entend-il mener pour renforcer la réglementation maritime et se donner les moyens de la faire respecter ? En outre, un vaste programme communautaire de prévention et de traitement des pollutions par les hydrocarbures est indispensable ; je pense notamment aux techniques de pompage en surface dont on a pu mesurer les déficiences.
Au niveau de l'Organisation maritime internationale, dont les statuts devront être revus, il est urgent, selon nous, d'exiger une pénalisation dissuasive des affréteurs, notamment les sociétés pétrolières, qui utilisent des navires sous pavillon de complaisance réputés vétustes et à bord desquels les travailleurs sont parfois traités comme des esclaves.
M. Ivan Renar. Eh oui !
M. Alain Gournac. Oh là là !
M. Gérard Le Cam. L'Europe s'honorerait en prenant l'initiative d'interdire l'entrée de ses ports à ces « navires poubelles ». Je rappelle que 40 % de la flotte mondiale ne répondrait pas aux règles internationales !
Ensuite, ne faut-il pas mettre en place un organisme international indépendant chargé de vérifier la conformité des navires aux normes techniques de sécurité ?
Enfin, de quelle manière le Gouvernement peut-il favoriser la transparence dans la chaîne de responsabilités dans ce secteur tant la complexité génère, nous le voyons, l'impunité des véritables pollueurs ?
Dans l'urgence, monsieur le ministre, comment l'Etat va-t-il organiser, sur le long terme, l'indemnisation des pêcheurs, des ostréiculteurs, des professionnels et des collectivités locales, qui vivent de la mer et du tourisme, et quelles mesures réglementaires et législatives préconisez-vous pour l'avenir ? (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen et sur plusieurs travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, comment ne pas comprendre votre réflexion sur les bénévoles et le service public ? Bien entendu, le Gouvernement la partage totalement.
Je vous trouve néanmoins un peu sévère, s'agissant de la Commission européenne. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Depuis le début du naufrage, les contacts que j'ai eus avec Mme Loyola de Palacio, commissaire européen, et M. François Lamoureux, directeur des transports et de l'énergie, vont tous dans le sens d'un renforcement du dispositif. Nous veillerons à ce que cette volonté se confirme.
Vous avez évoqué la constitution d'un organisme international indépendant chargé de vérifier la conformité des navires. Je proposerai en ce sens à la Commission européenne et à l'Organisation maritime internationale de mettre en place un système commun de contrôle des inspecteurs et des contrôleurs publics ou privés, de façon à garantir la qualité de l'ensemble du travail effectué.
Les opérateurs doivent également s'engager immédiatement en faveur d'un transport maritime propre sans attendre que tout ait évolué sur le plan international. J'ai demandé aux entreprises pétrolières de me faire connaître toutes les mesures qu'elles avaient d'ores et déjà prises et qu'elles comptaient encore prendre tout de suite, en tant qu'affréteurs, pour garantir la sécurité du transport des produits polluants et dangereux.
Dans cette optique, je leur ai demandé de s'engager immédiatement à ne plus affréter des navires anciens dont on ne connaîtrait pas clairement les propriétaires présents et passés et les conditions de contrôle de sécurité. Je leur ai également demandé de ne plus affréter des navires enregistrés sous pavillon de complaisance et de privilégier le recours aux pavillons français ou européens.
Bien entendu, s'agissant des plans Polmar-terre et Polmar-mer, le Gouvernement - M. le Premier ministre l'a dit - est décidé à tirer toutes les leçons utiles de cette catastrophe, y compris en termes de prévisions et de moyens, justement pour éviter que ce type de situation ne se reproduise. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen et sur les travées socialistes.)

POLITIQUE FISCALE DU GOUVERNEMENT

M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, et à Mme le secrétaire d'Etat au budget, qui répondra à sa place.
Madame, votre compétence étant grande, votre réponse est attendue courtoisement et avec un préjugé favorable.
Ma question concerne l'écart grandissant entre la réalité des faits et les effets d'annonce en matière de politique fiscale.
M. le Premier ministre avait promis une baisse d'impôts dans la déclaration de politique générale qu'il avait faite devant l'Assemblée nationale, baisse que Bercy a confirmée en multipliant les promesses dans ce sens. Ma question diffère quelque peu de celle de M. Fourcade ; elle revêt néanmoins un caractère pressant.
Voilà quelques jours, les statistiques de l'INSEE indiquaient une très forte augmentation des prélèvements obligatoires - près de 8 % - au troisième trimestre de 1999, augmentation accompagnée d'une baisse du taux d'épargne des Français. L'impôt sur le revenu a même progressé de près de 12 % et contraint bon nombre de Français à puiser dans leurs réserves pour s'en acquitter. Mais cela n'est qu'un rappel.
Par ailleurs, les plus-values de recettes fiscales en 1999 ne seraient pas de 11,3 milliards de francs, comme vous l'annonciez, mais au moins de 24,3 milliards de francs, comme a fini par l'admettre M. Sautter, devant le Sénat, le 20 décembre dernier.
La désinformation bat son plein lorsque le Gouvernement sous-estime sciemment la hausse des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques. Je n'évoque même pas le coût des 35 heures aggravé par l'accord récent concernant les transporteurs routiers, ni les incertitudes sur leur financement qui va peser encore davantage sur les dépenses publiques, donc sur les contribuables. Et tout cela se produit dans un contexte de confusion et d'opacité qui semble entretenu.
Ma question est simple : quand, madame la secrétaire d'Etat, aurons-nous une politique fiscale conforme aux déclarations du Gouvernement, c'est-à-dire une baisse des impôts et une politique suffisamment transparente et claire pour que chaque Français se sente considéré, compris et responsable ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le sénateur, vous m'interrogez sur les hausses d'impôt mises en avant par l'enquête de l'INSEE, et vous me demandez quand les impôts vont baisser dans ce pays.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire à M. Fourcade, l'enquête de l'INSEE est partielle. Prenons donc patience, attendons les résultats du quatrième trimestre ! Lorsque nous disposerons des chiffres définitifs, nous en tirerons toutes les conclusions. Mais, pour l'instant, il est encore un peu tôt.
Ce gouvernement, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, a réduit de 40 milliards de francs les impôts dans le budget pour 2000. Outre la baisse de la TVA sur les travaux dans les logements dont j'ai parlé tout à l'heure, les frais de notaire ont été réduits de 40 % au cours des deux dernières années et la taxe professionnelle a diminué de 35 %. Ces exemples illustrent, à mon avis, la volonté de ce gouvernement d'aller dans le sens de la baisse des impôts et des prélèvements obligatoires.
Pour l'avenir, M. le Premier ministre a rappelé avec force la décision de poursuivre la baisse des prélèvements obligatoires en faveur des ménages, la réforme devant bénéficier à l'ensemble des Français, en particulier aux foyers les plus modestes et aux classes moyennes. Cette réforme devra aussi être favorable à la justice sociale et à l'emploi, encourager l'innovation, la création d'emplois et la création d'entreprises.
En conclusion, je rappellerai que ce gouvernement, depuis 1997, à travers toutes les mesures fiscales qui ont été votées par le Parlement dans les différentes lois de finances, aura permis à 90 % des ménages de ce pays de bénéficier, d'une manière ou d'une autre, d'une baisse de leurs prélèvements. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)

AVENIR DE L'INDUSTRIE TEXTILE

M. le président. La parole est à M. Bel.
M. Jean-Pierre Bel. Monsieur le Premier ministre, grâce aux mesures courageuses et volontaristes mises en oeuvre par votre gouvernement (M. Gournac s'exclame.), nombre d'indicateurs économiques sont au vert, et la confiance semble revenue.
Aujourd'hui, même si rien n'est acquis, les experts les plus sérieux commencent à imaginer le retour au plein emploi dans les dix ans qui viennent.
Pourtant, un vrai paradoxe nous guette : d'un côté, un solde positif pour l'emploi et, de l'autre, des pans entiers du territoire, qui, parce qu'ils sont structurés autour d'activités dites traditionnelles, seraient vidés de leur population jusqu'à rester exsangues. A cet égard, je pense bien sûr à l'industrie textile, qui a perdu en dix ans près de 50 % de ses effectifs. L'exemple de la fermeture définitive de la Lainière de Roubaix est encore dans les esprits ; mais, tous les mois, ce sont 3 000 emplois liés au secteur du textile qui disparaissent.
Nous ne pouvons rester passifs face à ce séisme présent et annoncé parce que les conséquences, en particulier humaines, sont trop énormes, parce qu'il est indéniable que le secteur du textile a fait des efforts d'adaptation et d'innovation, parce que ce secteur est riche du savoir-faire des femmes et des hommes de ce pays, riche de leur créativité.
Alors que viennent de se dérouler les discussions sur l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, à Seattle, les inquiétudes sont vives de voir ce secteur abandonné, bradé sur l'autel de la libéralisation des échanges.
Je souhaiterais savoir, monsieur le secrétaire d'Etat à l'industrie, quelles sont les directives prises par le Gouvernement pour que le secteur du textile ne serve pas de monnaie d'échange dans les négociations de l'OMC ou dans d'autres conférences internationales.
Par ailleurs, les élus et les acteurs des territoires liés au secteur du textile veulent croire qu'il reste des solutions à promouvoir pour peu que leurs initiatives soient accompagnées par l'Etat et l'Union européenne.
Pourriez-vous nous indiquer, monsieur le secrétaire d'Etat, si le Gouvernement est prêt à réfléchir avec l'ensemble des partenaires, aux grands axes d'un plan textile européen ? Oui, monsieur le secrétaire d'Etat, notre pays va mieux ; mais il demeure des sujets d'inquiétude qui exigent que l'on ne laisse personne sur le bord du chemin : il reste encore 500 000 salariés dans le secteur du textile, et les salariés licenciés de plus de cinquante ans ne bénéficient pas, à ce jour, d'un véritable plan social. Monsieur le secrétaire d'Etat, ils attendent, et nous avec eux, dans vos réponses, de nouvelles raisons de croire en leur avenir. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. François Gerbaud. Très bonne question !
M. le président. Voilà effectivement une très bonne question, à laquelle je m'associe bien évidemment.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Monsieur le sénateur, il existe en effet un contraste entre, d'une part, la situation globale du secteur industriel français qui, pour la première fois depuis quinze ans, a créé, en 1998 et en 1999, 50 000 postes de travail supplémentaires, et, d'autre part, la situation d'un secteur du textile qui, en 1999, a perdu 7 % de ses effectifs, soit environ 20 000 emplois.
Les facteurs structurels à l'origine de cette difficulté sont bien connus, à savoir la libéralisation mondiale du commerce, la baisse des prix, la guerre des prix, ainsi que les surcapacités mondiales.
Devant cette situation, nous ne sommes pas passifs, bien au contraire : nous agissons en effet à trois niveaux.
Notre intervention se situe d'abord au niveau international. La conférence de Seattle, si elle n'a pas abouti, a néanmoins permis de démontrer que nous refusions les concessions unilatérales qui se feraient au détriment de pans entiers de l'industrie européenne, comme le secteur du textile et de l'habillement. Cette position dure a été saluée par les professionnels comme un acquis pour eux.
Ensuite, nous entendons appliquer l'ATV, l'accord sur le textile et les vêtements, qui prévoit que ce secteur ne connaîtra pas d'accélération de son démantèlement, pas de nouveau démantèlement de quotas, qui prévoit également l'ouverture des marchés émergents et une lutte déterminée, à laquelle la France s'emploie au sein de l'Union européenne, contre les pics tarifaires.
Par ailleurs, notre intervention se situe au niveau industriel.
Les plans sectoriels ne peuvent pas être mis en oeuvre par un membre de l'Union européenne. En revanche, une action européenne est possible par l'innovation, avec le programme de recherche-développement au niveau européen, par le fonds de développement des PMI, en France, et l'investissement, par la formation, avec le fonds social européen, et par l'aide aux territoires les plus fragiles, avec le zonage du type fonds européen de développement régional, objectif 2.
Enfin, le troisième niveau d'intervention est la baisse des charges sociales sur les industries de main-d'oeuvre, dont le secteur du textile et de l'habillement doit profiter au premier chef. Le secteur du textile peut, par ailleurs, bénéficier des dispositions générales qui s'appliquent à l'ensemble de l'économie, du type de celles que le secteur de l'automobile vient de mettre en oeuvre pour les travaux pénibles et pour les personnes qui ont commencé à travailler très tôt, et d'un ensemble de dispositions sociales favorables à l'emploi.
Le Gouvernement croit au développement du secteur du textile. Il se bat par une politique coordonnée dans ce domaine ; il se bat avec les pays européens en faveur d'une vraie politique européenne du textile. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du groupe communiste républicain et citoyen.)

MESURES EN FAVEUR DE LA FORE^T

M. le président. La parole est à M. Delong.
M. Jacques Delong. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, le Gouvernement a pris récemment des engagements intellectuellement satisfaisants pour faire face au désastre occasionné à la forêt française par les tempêtes du mois de décembre ; il reste à les mettre en application.
Monsieur le ministre de l'agriculture et de la pêche - vous n'êtes malheureusement pas encore ministre de la forêt -, vous avez rencontré des maires de communes forestières très sinistrées et des propriétaires forestiers privés dans la même situation. Vous avez pu mesurer leur détresse face à la destruction de tout ou partie de leur patrimoine forestier, qui est aussi celui de la France.
Dès le 30 décembre 1999, au sein de la cellule nationale de crise que vous avez constituée, j'ai formulé, au nom de la Fédération nationale des communes forestières, cinq propositions parmi lesquelles figurent des aides financières destinées aux communes et aux propriétaires forestiers privés. Bien entendu, M. le ministre de l'intérieur est également concerné.
Le 12 janvier dernier, M. le Premier ministre a annoncé des mesures importantes...
M. Alain Gournac. Ah !
M. Jacques Delong. ... en faveur des massifs forestiers et de la mobilisation des chablis.
Je vous serais reconnaissant, monsieur le ministre, de me préciser quels mécanismes financiers seront mis en place : premièrement, pour permettre aux communes sinistrées d'établir leur budget de l'année 2000 ; deuxièmement, pour inciter les communes non sinistrées à différer la vente de leurs coupes ; troisièmement, pour déterminer l'aide technique et financière à apporter immédiatement aux propriétaires forestiers privés. Je compte sur votre soutien et sur celui de M. le ministre de l'intérieur pour que leur soit apportée l'aide qui leur est indispensable.
Par ailleurs, je m'interroge sérieusement sur les difficultés financières auxquelles, pour des raisons similaires, l'Office national des forêts, gestionnaire des forêts domaniales et communales, risque d'être confronté dans les mois et les années à venir.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le sénateur, je voudrais tout d'abord, à travers vous qui présidez, chacun le sait, la fédération des communes forestières, à la fois rendre hommage aux élus de ces communes, qui se sont mobilisés dans cette catastrophe, et témoigner, à l'égard des communes intéressées, le message de solidarité auquel elles ont droit.
Je ne vais pas détailler l'ensemble du plan, ne serait-ce que parce que nous y avons travaillé ensemble : au sein de la cellule de crise qui a été mise en place, vous avez en effet participé directement à l'élaboration des mesures prises.
Il est vrai que les communes forestières sont sinistrées non seulement dans l'immédiat, comme le sont tous les propriétaires forestiers publics ou privés, mais aussi à moyen et à long terme, dans la mesure où elles risquent d'être privées de ressources financières dans les années qui viennent.
Je peux vous assurer qu'avec mon collègue M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, nous avons prévu un dispositif qui permettra à la solidarité nationale de s'exprimer à l'égard des communes forestières.
Je profite du fait que je suis en présence de tous les membres de cette Haute Assemblée pour faire passer trois idées simples, dont je sais, monsieur le sénateur, que vous les approuvez.
Tout d'abord, nos sylviculteurs, privés ou publics, ne doivent pas se décourager, ni brader leur bois : ils doivent le garder, car nous allons les aider à le valoriser, à l'exploiter et à le stocker. Nous devons éviter qu'un afflux de bois sur le marché entraîne une baisse des cours, ce qui serait une seconde catastrophe pour cette filière. Nous devons vraiment faire passer ce message : gardez votre bois, nous allons vous aider !
Ensuite, nous devons avertir nos concitoyens. N'allez pas dans la forêt, elle est très dangereuse ; n'y allez pas, même pour voir les bûcherons travailler ! Plusieurs accidents se sont produits depuis les tempêtes de la fin décembre et il nous faut donc multiplier les mesures de sécurité pour protéger notre forêt et éviter de nouveaux accidents.
Enfin, mon troisième message rejoint le premier : un immense élan de solidarité des Françaises et des Français s'est manifesté à l'égard de la forêt et des sinistrés. Mais, si vous voulez rendre service aux forestiers, achetez des stères de bois : c'est le meilleur moyen de soutenir les cours, et c'est aussi comme cela que vous pourrez témoigner activement de votre solidarité. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur certaines travées du RDSE et de l'Union centriste.)

RESPONSABILITÉ DU TRANSPORTEUR
DANS LE NAUFRAGE DE L' ERIKA

M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Ma question s'adresse à M. lePremier ministre.
La fin de l'année 1999 aura été, pour la plupart des Français, une période difficile, voire tragique, car des femmes et des hommes ont péri lors de la tempête et des inondations.
C'est aussi l'arrivée d'une marée noire, qu'il ne faut pas avoir peur de qualifier, n'en déplaise à certains, de catastrophe écologique et qui a atteint toute la côte atlantique. Contrairement à la tempête, elle aurait pu et dû être évitée si la négligence des hommes n'était pas à l'origine de celle-ci.
Monsieur le Premier ministre, le rapport d'étape de l'enquête sur les causes du naufrage de l' Erika mentionne la responsabilité de l'armateur - certes -, des affréteurs successifs et de la société italienne chargée de vérifier l'état du navire.
Je ne vous poserai pas la question qui consiste à savoir, selon la rumeur qu'il vous appartiendra peut-être de faire taire, pourquoi le capitaine du pétrolier, qui avait décelé des anomalies sur son bateau et avait demandé à entrer dans le port de Saint-Nazaire, n'a pas été autorisé à y faire escale (Très bien ! sur les travées du RPR.)
Je n'évoquerai pas non plus la rumeur selon laquelle une compagnie hollandaise spécialiste des pompages en surface n'a pas été sollicitée alors qu'elle proposait ses services.
Ma question porte sur les suites et les initiatives que vous comptez prendre, d'une part, pour aider sur tous les plans ces communes sinistrées une fois de plus sur la côte atlantique et, d'autre part, pour faire avancer le droit international afin qu'une véritable politique du transport maritime soit mise en oeuvre, comme cela a été le cas dans notre pays - et nous nous en félicitons - pour le transport routier des matières dangereuses et des hydrocarbures. Cela me permet d'ailleurs de dire aujourd'hui, avec une certaine fierté, que notre parc routier, dans ce domaine d'activité, est l'un des plus modernes d'Europe et que la formation des personnels y est la meilleure.
La responsabilité des acteurs de ce type de catastrophe maritime doit être recherchée à tous les niveaux d'intervention, y compris et surtout en direction du propriétaire de la marchandise.
Monsieur le Premier ministre, à quelle échéance pouvons-nous espérer la fin des marées noires et leur cortège de perte d'activité des professionnels de la mer et du tourisme, de côtes souillées, d'oiseaux mazoutés dans notre pays, même si de nombreux bénévoles venant de toute la France - la population de nos côtes, mais aussi des Savoyards, à qui je tiens à rendre hommage ici - sont toujours prompts à se rendre sur les lieux ?
Pensez-vous pouvoir peser rapidement sur tous les lobbies de la planète dans le domaine du transport maritime des hydrocarbures et des matières dangereuses et engager la responsabilité de l'ensemble des pétroliers qui, aujourd'hui, appliquent le régime du moins-disant pour réaliser du profit ? Au demeurant, contrairement à notre collègue M. Le Cam, ce qui nous gêne, nous, ce n'est pas le profit, mais ceux qui ne respectent pas les règles - c'est bien le problème du moment ! - pour obtenir ledit profit.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, s'agissant de la chronologie des événements que vous avez évoqués, je vous encourage à prendre connaissance - puisque le Gouvernement a décidé de les rendre publics immédiatement - des premiers éléments du rapport du bureau Enquête accidents : cela vous évitera de faire état de rumeurs et vous permettra de parler des faits.
Compte tenu des indications fournies par le directeur du port, je suis en mesure de vous dire que le bateau n'a pas du tout changé de cap vers Donges et qu'il se trouvait encore à plus d'une demi-journée de navigation du port lorsqu'il a sombré. Le capitaine du port a donc réagi en fonction des éléments qui étaient à sa disposition au moment où la question lui a été posée.
S'agissant de la responsabilité des différents acteurs du transport maritime des matières dangereuses ou polluantes, les dispositions juridiques internationales doivent être revues si nous voulons apporter un véritable remède à la situation que nous connaissons. En effet, les mécanismes actuels limitent les responsabilités. Or, je le répète, les pollueurs doivent être les payeurs.
Vous souhaitez, monsieur le sénateur, que pareille situation ne se reproduise plus jamais. C'est aussi le voeu du Gouvernement, bien entendu ! Nous savons que le risque zéro n'existe pas, surtout compte tenu de l'augmentation du trafic. Cette année, on a ainsi dénombré 300 000 mouvements dans la Manche et 50 000 sur le rail d'Ouessant ! Face à cette augmentation de trafic, nous devons donc prendre des mesures supplémentaires, car la réglementation, les contrôles et les normes ne sont pas suffisants.
Telle est la démarche du Gouvernement, et il n'attendra pas pour agir la présidence française de l'Union européenne.
Enfin - je n'avais pas prévu de vous répondre à cet égard, mais vous vous êtes fait l'écho des propos de M. Le Cam en ce qui concerne la recherche du profit maximum - permettez-moi de vous dire que la logique qui consiste à rechercher le profit maximum immédiat est une des raisons qui expliquent le dumping économique et social : la recherche du transport à bas prix est dangereuse non seulement pour les hommes, mais aussi pour l'environnement. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur les travées socialistes.)

RAPPORTS CHARPIN ET TEULADE
SUR L'AVENIR DES RETRAITES

M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, voilà bientôt deux ans, le Gouvernement confiait à M. Charpin, commissaire général au Plan, la mission d'établir un diagnostic sur les retraites.
Ce diagnostic a été publié en avril dernier et a confirmé que notre système de retraites serait confronté à un choc financier inéluctable à partir de 2006. M. Charpin invitait donc le Gouvernement à engager des réformes au plus tôt.
Il semble que ses conclusions n'aient pas convaincu suffisamment le Gouvernement, qui s'est empressé d'annoncer que l'on verrait dans un an quelles réformes il y aurait lieu d'engager.
Il est clair, mes chers collègues, que le Gouvernement donne le sentiment de vouloir gagner à tout prix du temps. Et, pour gagner du temps, il vient de téléguider - le mot n'est pas trop fort -...
M. Henri Weber. Si !
M. Alain Vasselle. ... un nouveau rapport, sous la responsabilité cette fois d'un ancien ministre socialiste, M. Teulade.
M. Henri Weber. Ce rapport a été adopté par le Conseil économique et social !
M. Alain Vasselle. La rédaction de ce dernier rapport, mes chers collègues, a été d'autant plus rapide qu'elle converge fortement, semble-t-il, avec celle d'un autre éminent rapport provenant de la direction du parti socialiste.
M. Jean-Paul Hugot. Très bien !
M. Alain Vasselle. Ce rapport a pris la forme d'un avis du Conseil économique et social, adopté non sans difficultés par cette assemblée le 12 janvier dernier.
M. Henri Weber. Ils l'ont voté !
M. Alain Vasselle. Ce rapport, dont chacun s'accorde à reconnaître aujourd'hui, mes chers collègues - y compris parmi les organisations syndicales - le caractère fantaisiste et irréaliste...
M. Alain Gournac. Tout à fait !
M. Alain Vasselle. ... est en train de ruiner les efforts de pédagogie qui avaient été accomplis depuis plusieurs années. (Exclamations sur les travées socialistes.)
Il est clair que le seul objectif du Gouvernement est de gagner du temps, en laissant croire aux Français qu'on a le temps. (Protestations sur les mêmes travées.)
Vous cherchez à semer la confusion dans l'esprit des Français sur ce dossier ô combien sensible, et vous y réussissez.
Toutefois, et vous le savez bien, en affirmant que rien ne presse, en privilégiant l'attentisme et l'inaction, vous prenez des décisions graves pour l'avenir du pays et vous reportez sur les générations futures le poids des ajustements nécessaires.
Il faut que les Françaises et les Français sachent que chaque année perdue, ce seront des années de cotisations supplémentaires. Au moment où l'on constate que le pouvoir d'achat des Français est atteint, mes chers collègues, j'espère que le Gouvernement va prendre des décisions rapidement et répondre à ces questions : à quoi aura servi vraiment le rapport Charpin ? Quelles réflexions lui inspire le rapport Teulade ? Le Gouvernement est-il vraiment décidé à engager des réformes sur les retraites, qui concerneraient également les régimes spéciaux ? (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le sénateur, permettez-moi d'abord de vous dire que je suis quelque peu choqué de l'appréciation que vous venez de porter sur le Conseil économique et social, notamment à un moment où le Président de la République lui-même insiste sur la nécessité du dialogue social.
M. Henri Weber. Encore un désaveu !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Vous voir traiter d'une manière aussi légère ce lieu qui offre une possibilité de discussion à la société civile et aux organisations syndicales, cela me navre et ce n'est pas bon pour la démocratie ! (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen. - Vives protestations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Quoi qu'il en soit, monsieur le sénateur, le ton de votre démarche ne fera pas changer le Gouvernement de route. Nous avons décidé d'aborder ce sujet des retraites avec la volonté de privilégier le diagnostic, le dialogue et la décision.
M. Jean Chérioux. Quel dialogue ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Le moment du diagnostic, vous avez eu l'occasion de le rappeler, a été l'élaboration du rapport du commissaire général au Plan.
Le dialogue a été entrepris par l'ensemble des ministres concernés - ministres des affaires sociales, des transports, du budget - avec l'ensemble des organisations syndicales, et c'est dans le cadre de ce dialogue que je place le rapport Teulade et le vote du Conseil économique et social (Exclamations ironiques sur les travées du RPR.)
Avant d'en arriver aux décisions, il est important, sur un sujet comme celui-là, que l'ensemble des personnes concernées puissent s'exprimer pour faire avancer ce dossier.
J'en veux pour preuve, mesdames, messieurs les sénateurs, les avancées qu'a d'ores et déjà connues dans le pays le principe même de la retraite par répartition : on n'entend plus les déclarations péremptoires de jadis sur sa suppression. (Vives protestations sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. Jean Chérioux. On n'a jamais voulu la supprimer !
M. Alain Vasselle. Il n'en a jamais été question !
M. Jean Chérioux. Assez de contrevérités !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Il faut cesser d'opposer les régimes particuliers les uns aux autres. (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)
Mais nous devons, au moment où nous posons la question des retraites, examiner ce que nous pouvons faire pour favoriser l'épargne à long terme.
Mesdames, messieurs les sénateurs, après le moment du diagnostic et du dialogue, viendra le temps de la décision, mais nous ne commettrons pas l'erreur qui a été commise par le gouvernement de M. Juppé, qui, en brusquant les partenaires sociaux et en saccageant, d'une certaine manière, les conditions du dialogue, a blogué pendant de nombreuses années le débat sur les retraites. (Vifs applaudissements sur les travées socialistes et sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen. - Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)

DISPOSITIONS FISCALES EN FAVEUR
DES VICTIMES DES TEMPÊTES DU MOIS DE DÉCEMBRE

M. le président. La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Madame la secrétaire d'Etat, afin que votre réponse puisse être retransmise à la télévision, j'abrégerai mon propos.
Aujourd'hui, alors même qu'il est clair que des dizaines de milliers d'agriculteurs, d'exploitants forestiers et de personnes résidant dans les zones sinistrées ne seront pas indemnisés ou ne le seront que très peu, alors même que beaucoup ont perdu leur outil de travail et le fruit d'années d'exploitation, qu'ils devront dépenser beaucoup pour reconstruire, reconstituer, replanter, l'Etat, qui chiffre à des dizaines de milliards de francs les travaux nécessaires, compte-t-il récupérer au passage la TVA sur ces travaux et profiter de ces réinvestissements ?
Ne serait-il pas légitime et bienvenu que tous ces travaux, qui concernent les professionnels, les particuliers ou les collectivités, bénéficient d'une exonération totale de la TVA ?
Envisagez-vous, madame la secrétaire d'Etat, de mettre en oeuvre une telle mesure, qui allierait solidarité, justice et efficacité ? (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le sénateur, comme les élus, le Gouvernement s'est fortement engagé ces dernières semaines aux côtés des victimes des intempéries.
Vous avez sans doute noté que le budget pour 2000 comporte une mesure fiscale extrêmement importante de ce point de vue, qui conduit à baisser le taux de la TVA sur les réparations dans les logements.
Pour les particuliers, la quasi-totalité des travaux effectués afin de réparer les logements bénéficient ainsi du taux réduit de 5,5 % depuis le 15 septembre dernier. Ce taux réduit de TVA s'applique au logement, quelle que soit son ancienneté, mais également aux dépendances, notamment les garages et les clôtures.
Quant aux entreprises, il va de soi qu'elles peuvent récupérer la taxe qui est supportée sur les travaux de réparation. De ce point de vue donc, la TVA est neutre pour elles.
En complément de cette mesure, le Gouvernement a également annoncé un plan d'ensemble qui repose sur la solidarité nationale. Ce plan, adapté aux besoins des Français durement touchés par les intempéries, comporte un volet en faveur des professionnels de la forêt, de la pêche, de la conchyliculture et de l'agriculture qui ont, eux-mêmes, été particulièrement touchés.
En liaison avec mon collège Jean Glavany, ces mesures permettent de mobiliser 2,1 milliards de francs en faveur de la forêt. Cette somme se décompose en 1,6 milliard de francs de mesures pour le dégagement des voies forestières, la sortie des bois, leur stockage et leur transport, et 500 millions de francs de bonification des prêts, lesquels s'élèvent à 12 milliards de francs.
A cela s'ajoute un effort sur dix ans de 600 millions de francs par an pour financer le reboisement.
Par ailleurs, 300 millions de francs de crédits ont été mis en place en faveur des conchyliculteurs et des pêcheurs. Les agriculteurs qui ont subi des sinistres qui ne sont pas indemnisés seront également aidés à hauteur de 300 millions de francs.
Par conséquent, au total, c'est de 2,7 milliards de francs que bénéficieront les professionnels de la forêt, de la mer et de l'agriculture.
A cela s'ajoutent les mesures fiscales de délai de paiement arrêtées en faveur des forestiers, ainsi que les avances consenties par la Banque du développement des PME, la BDPME.
Quant au financement de ces mesures, il sera assuré. Le Gouvernement dégagera les moyens appropriés pour faire face, dans la durée, au défi de la reconstruction. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.
Nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures cinq, est reprise à seize heures quinze.)

M. le président. La séance est reprise.

4

DÉPÔT DU RAPPORT ANNUEL
DE LA COUR DES COMPTES

M. le président. L'ordre du jour appelle le dépôt du rapport annuel de la Cour des comptes.
Huissiers, veuillez introduire M. le premier président de la Cour des comptes.

(M. le premier président de la Cour des comptes est introduit selon le cérémonial d'usage.)
La parole est à M. le premier président de la Cour des comptes.
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mesdames, messieurs les sénateurs, une semaine après la parution de notre premier rapport public particulier consacré à la fonction publique de l'Etat, je viens aujourd'hui vous présenter le rapport annuel de la Cour des comptes, qui a été remis hier au Président de la République.
Je vous le remets, monsieur le président. (M. le premier président de la Cour des comptes remet un exemplaire du rapport à M. le président du Sénat.) Tous vos collègues en recevront un.
Comme vous pourrez le voir si vous le feuilletez ou si vous le consultez sur vos ordinateurs, puisque vous pouvez en prendre connaissance par la voie électronique, cette année encore - et nous le ferons dans l'avenir systématiquement - un chapitre est consacré aux suites données aux observations antérieures de la Cour. Nous pensons en effet que c'est ce qui est le plus utile, ce qui intéresse le plus l'opinion et les parlementaires.
Parfois, ces suites, on vient de le voir, peuvent être observées en cours de contrôle ou trouvées dans les réponses apportées par les ministères. Par exemple, avant même que le rapport sur la fonction publique de l'Etat ne paraisse, un certain nombre de mesures ont été annoncées ou même prises par le ministre des finances et par le secrétaire d'Etat au budget au cours du quatrième trimestre de 1999 pour faire droit à un certain nombre d'observations que nous avions faites.
Mais parfois, au contraire, il faut que de nouvelles enquêtes interviennent pour que nous puissions insister. Nous l'avons fait, par exemple, sur quatre thèmes qui vous intéresseront, je pense, qui avaient fait l'objet de contrôles mais dont les suites ont été examinées par nos soins, en particulier la gestion budgétaire et la programmation du ministère de la défense, qui représentent encore maintenant des sommes considérables, les programmes d'armement ayant parfois un déroulement qui réserve bien des surprises. Il s'agit également des achats du Commissariat à l'énergie atomique et encore du financement des charges futures du secteur nucléaire.
Nous essayons, en particulier dans des secteurs qui nécessitent des dépenses importantes pour des programmes de longue haleine, d'analyser dans quelles conditions la programmation a été faite, d'abord, réalisée et contrôlée, ensuite.
Mais vous trouverez aussi dans ce rapport quelques exemples concrets d'économies rendues possibles ou parfois de reversements et de régularisations intervenus dans les domaines les plus variés.
Ainsi, par exemple, nous avions fait, en 1998, dans le rapport que je vous avais remis, quelques préconisations au ministre de l'environnement sur la politique de l'eau. Et l'année dernière, en 1999, le ministre de l'environnement a présenté et fait adopter en conseil des ministres des mesures qui vont exactement dans le sens que nous avions préconisé.
De même, après la publication de notre rapport sur la préfecture de police de Paris qui comportaient certaines recommandations, notamment en matière d'organisation des services, la préfecture a pris des mesures qui sont en cours d'exécution.
J'évoquerai un autre exemple satisfaisant. Nous avions fait observer que l'achat de Canadair par le ministère de l'intérieur - ces bombardiers d'eau, hydravions qui servent de pompiers volants - s'était déroulé dans des conditions qui étaient discutables. Ces conditions ont été renégociées, ce qui a abouti à un reversement de 100 millions de francs au ministère de l'intérieur, ce qui est loin d'être symbolique.
J'insiste sur ces différents points parce qu'il nous paraît utile, et même, d'un point de vue psychologique, nécessaire que chacun, en particulier les parlementaires, puisse connaître les suites des travaux de la Cour des comptes.
Parfois, ces suites mettent longtemps avant de se concrétiser ; parfois elles interviennent très rapidement, mais il est rare qu'il n'y en ait pas. Nous voulons lutter contre cette idée que notre rapport est comme le tonneau des Danaïdes, que c'est toujours la même chose. C'est d'autant moins vrai que, depuis quelques années, la Cour des comptes et ses magistrats coopèrent de plus en plus avec le Parlement, et pas seulement avec ses commissions des finances. D'ailleurs, nous avons apporté notre concours à la commission des affaires sociales du Sénat, qui nous a entendu dans le cadre de sa commission d'enquête sur l'éducation nationale. Cet exemple montre l'importance de notre fonction d'assistance au Parlement.
Nous innovons également en insérant cette année une sorte de rapport d'activités ; nous le développerons au fil des années. Il nous semble, en effet, légitime que les conditions du fonctionnement de la Cour soient décrites et rendues publiques.
Je n'entrerai pas plus dans les détails de notre rapport. Je remercie le Sénat qui, à plusieurs reprises, a contribué à nous accorder les crédits nécessaires à l'informatisation de la Cour des comptes, ce qui fait qu'aujourd'hui nous sommes parmi les services publics non pas forcément les plus en avance mais du moins pas en retard du point de vue de l'informatisation.
M. le président. Monsieur le premier président, me permettez-vous de vous interrompre ?
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Je vous en prie, monsieur le président.
M. le président. Monsieur le premier président, pour faire écho à certains propos que vous avez tenus, je profite de ce que vous venez de dire pour vous assurer que le Sénat fait bien son travail et qu'il n'y a pas de mauvais sénateurs. Nous sommes les représentants du peuple et nous essayons de remplir consciencieusement la mission qu'il nous a confiée !
Je vous laisse poursuivre, monsieur le premier président.
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Je vois à quoi vous voulez faire allusion, monsieur le président. En fait, plus qu'une interruption, c'est une admonestation ! (Rires.)
Je me suis peut-être quelque peu emporté en parlant dans une radio de sénateurs qui étaient meilleurs que d'autres... C'est sans doute cela que vous évoquez !...
Bien que chacun d'entre nous tende à la perfection, qui est certain d'y parvenir, qu'il s'agisse d'individus ou de corps ? En ce qui concerne l'appréciation portée sur les élus, quel que soit le fonctionnement des chambres régionales des comptes, rien ne m'empêchera de penser que certains sénateurs sont meilleurs que d'autres. Je reconnais toutefois que je me suis laissé un peu aller.
M. Jean-Pierre Fourcade. Les magistrats aussi !
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Mais comme je sais que cela vous arrive aussi, je pense que vous me le pardonnez, comme il m'est arrivé de vous pardonner à Epinal il y a dix-huit mois. (Nouveaux rires.)
M. le président. C'est pour cela que j'évite de condamner !
M. Marcel Debarge. On peut s'en aller ! C'est une boutade !
M. Michel Pelchat. Ce sont les repentances réciproques !
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Voilà, c'est cela ! Ce sont les plus fertiles !
Dans le chapitre consacré à l'activité des juridictions financières, je décris en particulier les moyens de la Cour des comptes et des chambres régionales des comptes et je les décris autant que nous pouvons parce que c'est un sujet de déplaisir.
Notre budget, qui est inclus dans le budget du ministère des finances, ne retrace pas la totalité des moyens et, en particulier, des rémunérations des fonctionnaires mis à notre disposition.
En effet, un certain nombre de fonctionnaires mis à disposition de la Cour des comptes sont rétribués par d'autres ministères.
De même, un certain nombre de crédits circulent entre la Cour des comptes et le ministère des finances. Ainsi, ce que vous avez pu lire dans le Canard enchaîné d'hier ne reflète pas la réalité. Il ne s'agit pas du tout de crédits qui ont été retirés à la Cour des comptes pour être reversés à l'administration des finances. En vertu de ce système incroyablement compliqué, des agents figurent au tableau d'effectifs de la Cour des comptes, les crédits relatifs à ces agents sont inscrits au budget de la Cour des comptes, mais ces agents sont en fait payés par d'autres services du ministère des finances, ce qui fait que, chaque année, interviennent des régularisations, qu'un rédacteur du journal en question a interprétées de façon malicieuse, mais erronée.
M. Claude Estier. Comme d'habitude !
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Je ne m'étendrai pas sur le rapport sur la fonction publique de l'Etat, le premier rapport que nous avons publié, la presse s'en étant déjà largement fait l'écho. Je vous dirai simplement que nous avons l'intention de continuer ce travail dont d'ailleurs le Sénat, ou du moins les sénateurs de la commission d'enquête sur l'éducation nationale ont été les premiers informés, puisque nous avons eu l'occasion, le président de la troisième chambre et moi-même,...
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Effectivement !
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. ... de venir apporter un certain nombre d'informations en cours de contrôle.
M. le président. Le président de la commission des affaires culturelles donne acte et confirme l'appréciation que vous venez de porter.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Je remercie M. le premier président de la Cour des comptes parce que cela a été une excellente audition.
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Je vous remercie. Je préfère ce genre d'interruption à la précédente ! (Sourires.)
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Elles ne sont pas exclusives !
M. Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes. Non, c'est vrai !
Qu'il s'agisse d'emplois, du nombre des effectifs, de modes de rémunérations, de modes de gestion, ce qui prévaut actuellement dans la fonction publique est trop complexe, trop divers, trop hétérogène, et je pense que les travaux que nous avons commencé à accomplir et à publier après trois ans de travail seront utiles au Parlement, en particulier, mais aussi au Gouvernement pour rapprocher un peu plus, au moment du vote du budget, l'analyse des objectifs et la répartition des moyens.
Monsieur le président, je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet. Vous êtes tous très informés de nos travaux puisque nous avons des relations fréquentes. Simplement, je voudrais, en conclusion, concernant notre propre mode de fonctionnement, vous recommander la prochaine réforme qui va vous être soumise puisque le Gouvernement a adopté le projet de réforme du statut des magistrats des chambres régionales des comptes.
J'étais présent dans les tribunes lorsque, voilà maintenant trois ans, la réforme du statut des magistrats des tribunaux administratifs a été discutée et adoptée. Les magistrats des chambres régionales des comptes attendent, en effet, avec impatience un projet de loi qui vous sera bientôt soumis et qui rétablirait une forme d'équilibre comme l'un d'entre vous, qui est ici présent, l'avait rappelé à l'époque lors du débat en séance publique.
Enfin, je profite, mais pas abusivement, de la présence d'un nouveau secrétaire d'Etat au budget, pour lui dire que les parlementaires trouveraient normal que le budget de la Cour des comptes et celui des chambres régionales des comptes décrivent la totalité des moyens de la Cour des comptes. (Applaudissements.)
M. le président. Monsieur le Premier président, le Sénat vous donne acte du dépôt de ce rapport.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président du Sénat, monsieur le Premier président de la Cour des comptes, madame la secrétaire d'Etat au budget - je vous souhaite, après M. le président du Sénat, la bienvenue à la Haute Assemblée, en particulier devant sa commission des finances, où vous serez accueillie avec courtoisie et écoutée avec beaucoup d'intérêt - mes chers collègues, le Parlement est composé de deux assemblées, l'Assemblée nationale et le Sénat. Chacun le sait ici, mais il est bon aussi que les Français ainsi que toutes les institutions de notre pays le sachent.
Le Sénat assure, au même titre que l'Assemblée nationale, la représentation des Français et il exprime la volonté générale. C'est pourquoi le Premier président de la Cour des comptes dépose son rapport annuel sur le bureau du Sénat comme sur celui de l'Assemblée nationale.
Au Sénat, madame la secrétaire d'Etat, nul ne conteste la prééminence constitutionnelle de l'Assemblée nationale en matière de finances publiques ; mais nul n'envisage non plus de renoncer à son indépendance à l'égard du Gouvernement, quel que soit ce Gouvernement. C'est en effet cette indépendance qui est le gage d'un contrôle sans concession, exclusivement dicté par l'intérêt général, par l'intérêt d'un peuple qui voit la moitié du produit de son travail prélevé et géré par la puissance publique.
Notre peuple a le droit de savoir comment, en son nom, l'Etat emploie le produit de ces prélèvements. Or, ce droit lui est ajourd'hui disputé par ce que j'appelle « la culture du secret », qui est celle du Gouvernement auquel vous appartenez comme celle des précédents - les choses doivent être claires - culture du secret qui confine parfois à la dissimulation, quand elle ne s'agrémente pas de mépris - en tout cas, nous le percevons parfois ainsi - ou de leçons de morale.
Cette pratique de la dissimulation, nous n'avons cessé de la dénoncer à cette tribune, d'ailleurs sans grand écho à l'extérieur, malgré tant de communiqués de presse ignorés des médias. Or, la Cour des comptes vient de la mettre à jour fort à propos dans son rapport particulier sur la fonction publique, qui n'est pas le rapport qui vient d'être déposé par le Premier président.
L'indépendance du Sénat n'est pas d'aujourd'hui ; il la manifeste depuis toujours. Pour l'illustrer, je cite l'exemple repris par la Cour à propos des ressources cachées, dites extrabudgétaires, perçues par certains ministères pour accroître leurs moyens, en particulier pour rémunérer leurs fonctionnaires.
Dès 1995 - c'était un autre gouvernement - le Sénat a demandé la réintégration au budget général. Il l'a fait lors de trois discussions budgétaires successives, sous les deux derniers gouvernements et sous l'impulsion d'un rapporteur général de la majorité sénatoriale et de rapporteurs spéciaux de la minorité du Sénat. L'Assemblée nationale, quelle qu'ait été sa composition - elle n'a pas toujours été la même - ne nous a alors pas suivis jusqu'au bout, puisqu'il a fallu une décision du Conseil constitutionnel pour que cette réintégration intervienne.
Lors du dépôt du précédent rapport de la Cour des comptes, j'avais manifesté le souhait de donner un nouvel élan au contrôle et à l'évaluation des politiques publiques, ainsi que vous nous y invitiez, monsieur le président. La commission des finances a donc procédé à une audition contradictoire avec un gestionnaire de fonds publics, il s'agissait d'un membre de la Caisse des dépôts et consignations, et la Cour des comptes ; monsieur le Premier président, vous assistiez à cette audition.
L'expérience sera prochainement renouvelée, notamment dans le prolongement de l'enquête sur la fonction publique, si cela vous agrée. Cette enquête confirme en effet que le vote du Parlement sur les crédits de la fonction publique, qui représentent rien moins que 40 % du budget de l'Etat, est fondé sur des chiffres systématiquement erronés. Ce n'est d'ailleurs pas une découverte pour notre commission, puisqu'elle n'a cessé de dénoncer cet état de fait, mais avec beaucoup moins de succès que vous, monsieur le Premier président.
Cette situation ne peut pas durer plus longtemps, selon nous. C'est d'ailleurs ce que j'ai voulu dire à cette tribune le soir du vote final du budget lorsque j'ai déclaré que nous ne pouvions plus continuer de cette manière car accepter cette situation reviendrait à remettre en cause des principes de la démocratie représentative.
Nous évoquons depuis plusieurs années la nécessité de réformer l'ordonnance de 1959. Au mois de juin dernier, j'ai demandé une contribution sur ce thème à la Cour des comptes. Celle-ci m'a été remise au mois de décembre.
Monsieur le Premier président, c'est un document précieux, il montre combien la Cour des comptes et la commission des finances sont souvent en accord, notamment s'agissant de la présentation du budget de l'Etat en section de fonctionnement et en section d'investissement ou sur la pertinence d'une présentation consolidée des comptes publics.
Nous allons poursuivre nos travaux, nous allons même les amplifier. Et, d'ici à quelques mois, en concertation avec la commission des finances de l'Assemblée nationale, nous proposerons de réformer l'ordonnance organique et, plus généralement, d'instaurer des relations nouvelles entre le Gouvernement et le Parlement pour l'élaboration et l'exécution du budget.
S'agissant d'une loi organique, les deux assemblées devront dialoguer dans un respect mutuel de leurs prérogatives propres, sauf à paralyser leurs initiatives. Mais je suis confiant dans notre aptitude à coopérer loyalement pour permettre à la représentation nationale d'accomplir mieux la mission qui lui a été confiée par les Français.
J'ai voulu aussi que les rapporteurs spéciaux donnent à l'activité de contrôle la place qu'elle mérite, en application des pouvoirs étendus qui leur sont confiés par la Constitution. Ils effectuent désormais un suivi systématique des observations de la Cour des comptes sur les crédits qu'ils sont chargés de rapporter ainsi qu'un suivi régulier des apports particuliers relatifs aux organismes publics.
Leur activité de contrôle atteint désormais un excellent niveau. Je citerai, pour 1999, l'Office national des anciens combattants, la restructuration de l'industrie aéronautique civile, le Fonds national de développement du sport, l'ambassade de France à Berlin et il s'agira bientôt de la direction générale des impôts.
Je souhaite cependant que notre commission offre au Sénat une plus grande visibilité qu'aujourd'hui. C'est pourquoi nous rendrons public, lors d'une prochaine réunion de la commission, le programme de travail des rapporteurs spéciaux pour ce semestre.
Dans l'immédiat, je souhaite que soit donné un contenu plus substantiel à la mission d'assistance que la Cour des comptes doit au Parlement, notamment au droit qui lui est reconnu de demander l'ouverture d'enquêtes. Je dois dire à ce sujet qu'une meilleure connaissance des perspectives pluriannuelles de la Cour peut nous y aider.
Cette possibilité de contrôle de la Cour sur notre initiative n'est pas suffisamment exploitée. Il faudra qu'elle le soit davantage et je m'y appliquerai, monsieur le premier président, lors d'une rencontre avec vous.
Je m'adresserai maintenant plus particulièrement à Mme la secrétaire d'Etat. Il nous faut réfléchir également à la levée des obstacles au contrôle posés par les administrations elles-mêmes. Ces refus multiples et les manoeuvres dilatoires, les parlementaires et les rapporteurs spéciaux en subissent encore, et c'est inadmissible.
Mais je relève que, aujourd'hui, les sanctions prévues sont soit inexistantes soit tellement disproportionnées qu'elles sont inapplicables.
Au-delà du contrôle, et dans l'hypothèse où les constatations et les demandes demeurent sans effet, restent les suites. N'est-il pas nécessaire de poser clairement le principe des sanctions publiques à infliger à tout ministre, à tout fonctionnaire qui viendrait à manquer aux exigences de sa charge, en particulier à la sincérité des comptes qu'il présente, quelle que soit la juridiction de laquelle il relève ?
Sans doute cette réaffirmation de la sanction apparaîtra-t-elle comme une provocation, mais n'est-elle pas la contrepartie du respect que chaque ordonnateur doit, pour l'usage de ses deniers, au peuple français et, par là même, à sa représentation nationale, c'est-à-dire au Parlement ? En fait, mes chers collègues, c'est cela la démocratie. (Applaudissements.)
M. le président. Huissiers, veuillez reconduire M. le premier président de la Cour des comptes.

(M. le premier président quitte la salle des séances.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pendant quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures quarante, est reprise à seize heures quarante-cinq, sous la présidence de M. Guy Allouche.)

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

5

DÉMISSION DE MEMBRES DE
COMMISSIONS ET CANDIDATURES

M. le président. J'ai reçu avis de la démission de M. Jean Bernard comme membre de la commission des affaires culturelles et de celle de M. Xavier Dugoin comme membre de la commission des affaires économiques et du Plan.
Le groupe intéressé a fait connaître à la présidence le nom des candidats proposés en remplacement.
Ces candidatures vont être affichées et la nomination aura lieu conformément à l'article 8 du règlement.
J'informe le Sénat que le groupe du Rassemblement pour la République a fait connaître à la présidence le nom des candidats qu'il propose pour siéger à :
- la commission des affaires culturelles, en remplacement de M. Jean Bernard, démissionnaire ;
- la commission des affaires économiques et du Plan, en remplacement de M. Xavier Dugoin, démissionnaire ;
- la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, en remplacement de M. Charles Pasqua, démissionnaire de son mandat de sénateur ;
- la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, en remplacement de M. Alain Peyrefitte, décédé.
Ces candidatures vont être affichées et la nomination aura lieu conformément à l'article 8 du règlement.

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LIBERTÉ DE COMMUNICATION

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi (n° 392, 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication. Rapport n° 154 (1999-2000) et avis n° 161 (1999-2000).
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 15.

Article 15



M. le président.
« Art. 15. _ Le 1° et le 2° de l'article 19 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée sont ainsi rédigés :
« 1° Recueillir, sans que puissent lui être opposées d'autres limitations que celles qui résultent du libre exercice de l'activité des partis et groupements politiques mentionnés à l'article 4 de la Constitution :
« _ auprès des autorités administratives, toutes informations nécessaires à l'élaboration de ses avis et décisions,
« _ auprès des administrations ou des éditeurs et distributeurs de services de communication audiovisuelle, toutes les informations nécessaires pour s'assurer du respect des obligations qui sont imposées à ces derniers,
« _ auprès de toute personne physique ou morale détenant, directement ou indirectement, une part égale ou supérieure à 10 % du capital ou des droits de vote aux assemblées générales d'une société éditant ou distribuant un service de télévision ou de radiodiffusion sonore dont les programmes contribuent à l'information politique et générale, toute information sur les marchés publics et délégations de service public pour l'attribution desquels cette personne ou une société qu'elle contrôle ont présenté une offre au cours des vingt-quatre derniers mois ;
« 2° Faire procéder auprès des administrations ou des éditeurs et distributeurs de services à des enquêtes. »
Par amendement n° 30, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger ainsi cet article :
« Dans le deuxième alinéa (1°) de l'article 19 de la même loi, les mots : "personnes morales ou physiques titulaires des autorisations prévues au titre II délivrées pour des services de communication audiovisuelle » sont remplacés par les mots : « éditeurs et distributeurs de services de communication audiovisuelle ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur de la commission des affaires culturelles. L'article 15 crée, à la charge des éditeurs et distributeurs de services de radiodiffusion sonore ou de télévision comportant des progammes d'information, lorsque ces éditeurs et distributeurs présentent des offres pour l'attribution de marchés publics ou de délégations de service public, une obligation d'informer le CSA, à sa demande, sur les offres présentées au cours des vingt-quatre derniers mois. C'est désigner à la suspicion publique les distributeurs d'eau et autres entreprises du bâtiment et travaux publics présents dans la communication audiovisuelle.
Cette disposition a manifestement un caractère d'affichage politique. Il avait été envisagé d'interdire à ces entreprises tout investissement dans l'audiovisuel. Cela n'ayant pas été possible, on se replie sur une mesure mineure, mais lourde à mettre en oeuvre. Je rappelle que le texte actuel de l'article 19 de la loi de 1986 permet au CSA de recueillir auprès des titulaires d'autorisations pour des services de communication audiovisuelle les informations nécessaires pour s'assurer qu'ils respectent leurs obligations.
Il faut s'en tenir à cette formulation, sachant que le respect du pluralisme dans les programmes d'information fait partie des obligations mentionnées dans les conventions passées entre le CSA et les titulaires d'autorisations.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement n° 30.
Permettez-moi de rectifier le propos qui a été le vôtre, monsieur le rapporteur : il avait été envisagé non pas d'interdire, telle que vous l'évoquiez, la présence capitalistique d'entreprises de construction et de distribution d'eau, mais de séparer les activités d'un groupe, celles qui dépendent de marchés publics et celles qui sont liées à la communication. Voilà ce qui avait été préconisé, mais sous une forme à définir concernant le périmètre capitalistique de ces dites sociétés.
La disposition que vous visez à supprimer a tout simplement été insérée dans le texte en vue d'instaurer un pouvoir plus étendu du CSA en matière de régulation économique, et ce en complément du Conseil de la concurrence. Ce dernier peut se prononcer sur le fond, mais il doit le faire sur la base de l'avis du CSA qui, lui, est garant du pluralisme, alors que le Conseil de la concurrence ne l'est évidemment pas.
Par conséquent, votre amendement vise à supprimer une disposition du projet qui est essentielle et qui est parfaitement en cohérence avec la contribution du CSA en matière de régulation économique et son intervention dans le domaine des concentrations.
Je voudrais que la Haute Assemblée soit sensible à la volonté d'introduire un dispositif tendant à garantir l'indépendance et l'honnêteté de l'information. Vous savez très bien que c'est important.
Le débat qui dure depuis des années a été parfois très vif en raison des soupçons pesant sur des intérêts éventuellement confondus pouvant avoir un impact sur l'information de sociétés de communication liées à des entreprises bénéficiant de marchés publics.
Nous clarifions la situation dans de bonnes conditions, puisque nous donnons au CSA des moyens d'investigation adaptés à sa mission, qui lui est d'ailleurs confiée depuis 1989, et renforcés pour résoudre les problèmes qui se posent, notamment en cas d'entraves, d'interventions ou de remises en question de l'indépendance ou de l'autonomie de l'information. Ce dispositif me paraît donc non seulement utile, mais proportionné aux objectifs fixés de transparence et de respect de l'impartialité de l'information.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 30.
M. Gérard Collomb. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Collomb.
M. Gérard Collomb. La société dans laquelle nous vivons - le rapport que présentait à l'instant M. le Premier président de la Cour des comptes le montre - exige de plus en plus de transparence pour la fonction publique. Mais cette exigence touchera de plus en plus de domaines de la vie des affaires comme de la vie publique en général. Ainsi, dans un article récent, le président du MEDEF réclamait la transparence des rémunérations des dirigeants d'entreprise.
Il serait incohérent, dans le domaine de l'audiovisuel où la transparence est essentielle, de limiter les moyens d'investigation permettant au CSA de recueillir des informations sur les offres présentées pour l'attribution de marchés publics par les éditeurs et distributeurs de services audiovisuels, d'autant qu'il s'agit, selon vous, monsieur le rapporteur, de mesures mineures !
Si elles sont mineures, et qu'elles permettent malgré tout de garantir à l'ensemble du public qu'il y a bien transparence dans ce domaine, alors adoptons-les !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 15 est ainsi rédigé.

Article 15 bis



M. le président.
« Art. 15 bis . _ L'avant-dernier alinéa de l'article 1er de la même loi est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Il peut adresser aux éditeurs et distributeurs de services de communication audiovisuelle des recommandations relatives au respect des principes énoncés dans la présente loi. Ces recommandations sont publiées au Journal officiel de la République française. »
Par amendement n° 31, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger ainsi le premier alinéa de cet article :
« L'article 1er de la même loi est complété par un alinéa ainsi rédigé : ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement modifie l'insertion dans l'article 1er de la loi de 1986 du pouvoir de recommandation attribué au CSA par l'article 15 bis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 31, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 15 bis, ainsi modifié.

(L'article 15 bis est adopté.)

Article 16



M. le président.
« Art. 16. _ I. _ L'article 29 de la même loi est ainsi modifié :
« 1° Au quatrième alinéa, les mots : "et, le cas échéant, la composition du capital" sont supprimés ;
« 2° Le même alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« En cas de candidature présentée par une société, ces déclarations indiquent également la composition de son capital et de ses actifs, la composition du capital social de la société qui contrôle la société candidate, au regard des critères figurant à l'article 355-1 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales, ou qui l'a placée sous son autorité ou sa dépendance, ainsi que la composition de ses organes dirigeants et la composition de ses actifs." ;
« 3° Il est ajouté un 4° , un 5° et trois alinéas ainsi rédigés :
« 4° Pour les services dont les programmes comportent des émissions d'information politique et générale, des dispositions envisagées en vue de garantir le caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion, l'honnêteté de l'information et son indépendance à l'égard des intérêts économiques des actionnaires, en particulier lorsque ceux-ci sont titulaires de marchés publics ou de délégations de service public ;
« 5° De la contribution à la production de programmes réalisés localement.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel veille, sur l'ensemble du territoire, à ce qu'une part suffisante des ressources en fréquences soit attribuée aux services édités par une association et accomplissant une mission de communication sociale de proximité, entendue comme le fait de favoriser les échanges entre les groupes sociaux et culturels, l'expression des différents courants socioculturels, le soutien au développement local, la protection de l'environnement ou la lutte contre l'exclusion.
« Le conseil veille également au juste équilibre entre les réseaux nationaux de radiodiffusion, d'une part, et les services locaux, régionaux et thématiques indépendants, d'autre part.
« Il s'assure que le public bénéficie de services dont les programmes contribuent à l'information politique et générale. »
« II. _ Au premier alinéa de l'article 80 de la même loi, les mots : "dont les" sont remplacés par les mots : " mentionnés au quinzième alinéa de l'article 29, lorsque leurs ».
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 32, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose :
I. - De supprimer les quatre derniers alinéa du I de cet article.
II. - En conséquence, de rédiger ainsi le cinquième alinéa (3°) du même paragraphe : « 3° Il est ajouté un 4° ainsi rédigé ».
Par amendement n° 187, le Gouvernement propose, à la fin du huitième alinéa de l'article 16, avant les mots : « ou la lutte contre l'exclusion », de supprimer les mots : « , la protection de l'environnement ».
Par amendement n° 216, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter le dernier alinéa du I de l'article 16 par les mots : « sur l'ensemble du territoire national. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 32.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'amendement n° 32 vise à supprimer « la contribution à la production de programme réalisés localement » de la liste des critères d'attribution des fréquences radiophoniques par le CSA.
En effet, c'est dans la définition par le CSA de cinq catégories de stations de radio FM que la dimension locale du paysage radiophonique est prise en compte.
Par ailleurs, l'amendement tend à restituer au CSA la plénitude de sa compétence en matière de partage des fréquences radiophoniques entre les différentes catégories de services. Il s'est parfaitement bien acquitté de cette tâche difficile dans le passé et a réussi à rétablir un équilibre globalement satisfaisant dans le paysage radiophonique. Il n'y a donc pas de raison majeure de limiter sa marge de manoeuvre en attribuant un caractère prioritaire à certaines catégories. Laissons faire le CSA.
M. Michel Pelchat. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme la ministre, pour présenter l'amendement n° 187 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 32.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 32. Certes, je comprends les arguments de la commission des affaires culturelles du Sénat, selon lesquels la multiplication des critères que devrait prendre en compte le Conseil supérieur de l'audiovisuel pour l'attribution des fréquences aux stations de radio risque finalement d'être en contradiction avec l'objectif visé.
Toutefois, à partir du moment où ces critères existent et établissent une priorité au profit de certaines formes de stations de radio que nous souhaitons continuer à favoriser, à savoir, d'une part, les stations de radio associatives, et, d'autre part, celles qui contribuent directement à l'information politique et générale, le fait de supprimer ces précisions dans la loi pourrait être interprété comme un signal inversé et introduire une certaine perplexité chez nos interlocuteurs au moment où, par ailleurs, nous allons abondamment évoquer l'intérêt qu'il y a à créer des télévisions locales.
J'en reviens à l'amendement n° 187 du Gouvernement.
Il n'y a pas lieu d'imposer au CSA de veiller à ce que des fréquences soient attribuées à des radios ayant pour objet de défendre la protection de l'environnement, ce format radiophonique n'existant pas, contrairement à ce que l'on aurait pu déduire des débats de l'Assemblée nationale où, à un moment donné, cette référence à l'environnement avait été reprise assez systématiquement.
C'est donc simplement par cohérence et par souci d'une exacte correspondance entre les critères et les formats radiophoniques que nous avons déposé cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 216.
Mme Danièle Pourtaud. Par cet amendement, nous souhaitons que le CSA, dans ses critères d'attribution, veille à ce que les radios généralistes, qui remplissent une mission d'information nationale, soient prises en compte et puissent être captées sur l'ensemble du territoire national. Je rappelle qu'il s'agit de radios privées, le CSA n'attribuant pas les fréquences du secteur public.
Il nous semble important de considérer que les radios généralistes, par la fourniture d'un programme d'informations nationales, contribuent au débat démocratique. Les fréquences ne peuvent donc pas être attribuées de la même manière selon qu'il s'agit de radios diffusant des programmes musicaux - quel que soit l'intérêt de ces programmes, je n'en disconviens pas - ou de radios généralistes, qui contribuent à l'information de l'opinion publique et au débat démocratique.
Or il nous semble important que ces dernières disposent d'une couverture nationale. C'est pourquoi nous proposons de compléter le dernier alinéa du paragraphe I de l'article 16 tel qu'il résulte des travaux de l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 187 et 216 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'amendement n° 187 porte sur un alinéa dont la commission souhaite la suppression. Je note d'ailleurs qu'il est satisfait par l'amendement qu'elle propose. Il me semble préférable d'en rester à ce dernier.
L'amendement n° 216 porte également sur un alinéa dont la commission prévoit la suppression en cohérence avec son souci de conserver au CSA sa liberté de choix entre les différentes catégories.
En commission a eu lieu un débat sur le problème de l'octroi aux radios généralistes de fréquences leur permettant de couvrir l'ensemble du territoire. La commission est naturellement favorable à une solution positive de ce problème. Cependant, compte tenu de son amendement, elle ne peut donner un avis favorable sur l'amendement concerné.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 216 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Lors des appels aux candidatures, le CSA veille à préserver le pluralisme des courants d'expression socioculturelle et la diversité des opérateurs, conformément à l'article 1er de la loi de 1986. Dans le respect des équilibres entre les grands groupes radiophoniques, il s'est fixé pour objectif de soutenir la présence des radios généralistes partout où cela était possible, compte tenu de la rareté des fréquences. Ainsi, les trois radios généralistes, Europe 1, RMC et RTL, se sont vu attribuer 14,2 % des fréquences FM. Toutefois, un autre chiffre me paraît significatif : les populations desservies en FM ou en ondes longues représentent, pour les deux premières radios, 49 millions d'auditeurs potentiels et, pour la troisième, 32 millions.
En mesurant bien l'intérêt que présente cet amendement, je m'en remets à la sagesse de la Haute Assemblée en souhaitant qu'il soit clair que cette disposition ne doit en aucune manière être interprétée comme instaurant un droit automatique à l'attribution de fréquences pour les radios généralistes. Je crois d'ailleurs que tel n'est pas l'objectif de Mme Pourtaud.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 32.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Nous sommes contre cet amendement, qui vise à supprimer tous les critères d'attribution des fréquences radio.
Comme on vient de le voir dans le débat, il n'est pas inintéressant de préciser que la représentation nationale considère comme important que le CSA veille à attribuer une proportion suffisante de fréquences aux associations.
Je rappelle que cela n'a pas toujours été le cas. Si notre pays compte aujourd'hui entre quatre cents ou cinq cents radios associatives, c'est parce qu'elles ont su se mobiliser et mobiliser l'opinion publique autour d'elles pour montrer l'intérêt qu'elles pouvaient représenter dans l'animation de notre vie sociale et démocratique.
Je ne pense pas inutile non plus d'affirmer que les radios généralistes doivent être reçues sur l'ensemble du territoire parce qu'elles remplissent un rôle particulier à l'égard de nos concitoyens en matière d'information et de formation de l'opinion.
En donnant l'avis de la commission sur mon amendement n° 216, M. le rapporteur a indiqué qu'il était intéressant de favoriser la réception des radios généralistes sur l'ensemble du territoire national. Il a semblé regretter que le fait de vouloir supprimer les alinéas auxquels cet amendement se rapportait ne lui permettait pas de le voter. Dès lors, je lui propose de retirer l'amendement n° 32 afin que nous puissions indiquer au CSA quelles sont les priorités que le législateur lui suggère lorsqu'il attribue des fréquences radios.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Cette explication de vote sur l'amendement n° 32 vaudra également pour les deux amendements suivants qui, s'ils ne sont pas complémentaires, portent néanmoins sur le même sujet.
Il ne faut pas, selon moi, avoir une vision figée des choses. Dans le domaine de la radio, comme dans celui de la télévision d'ailleurs, on constate une évolution considérable, une perméabilité régulière et constante des auditeurs, ainsi qu'une transformation permanente de la répartition des radios.
Voilà dix ans - ce n'est pas vieux - l'écoute se répartissait entre ce que vous appelez les radios généralistes et les radios spécialisées dans la musique, ce que l'on appelle les radios musicales et qui effectivement, au départ, étaient quasiment exclusivement musicales. N'avez-vous pas remarqué l'évolution qui s'est produite ? N'avez-vous pas remarqué que ces radios devenaient de plus en plus généralistes et qu'en outre elles diffusaient de plus en plus d'informations de proximité ?
Il nous faut veiller à ne pas tuer cette évolution qui, aujourd'hui, répond à une demande. En effet, les gens souhaitent que leurs télévisions comme leurs radios soient le plus près possible de chez eux et leur apportent les informations les plus proches de leur domicile et les plus proches de leurs préoccupations quotidiennes sans pour autant négliger la grande information nationale et internationale.
En tout cas, je note qu'il y a de plus en plus d'information sur ces grands réseaux que l'on a appelé et que l'on continue d'appeler les radios musicales.
J'en veux pour preuve le fait que des centaines de journalistes sont employés dans ces radios. C'est pourquoi nous ne pouvons figer la physionomie du schéma radiophonique. Laissons-le évoluer au gré de la demande des auditeurs.
Je souhaite donc que le CSA, observateur attentif, permanent et compétent du paysage audiovisuel, tienne compte de toutes ces évolutions lorsqu'il attribue les fréquences au fil des mois et des ans.
C'est pourquoi je me propose d'adopter l'amendement de la commission et de rejeter l'amendement n° 216, qui me semble aller dans le sens d'une priorité qui ne s'impose pas et, en tout cas, qui vise à figer le paysage radiophonique.
M. Alain Joyandet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet. Je m'associe pleinement aux propos que vient de tenir notre collègue Michel Pelchat. La commission a raison de vouloir renforcer les pouvoirs du CSA, qui est un observateur, et qui, petit à petit, modifie les règles en fonction des dessins futurs du paysage radiophonique. C'est vraiment la bonne direction.
Par ailleurs, je dirai à Mme Pourtaud que sa suggestion serait excessivement difficile à appliquer. En effet, si l'on veut favoriser les formats généralistes, pour leur donner prioritairement un certain nombre de fréquences, il faut se rappeler que, il y a quelques années, ces radios généralistes n'étaient pas du tout dans la FM et qu'aujourd'hui elles ont comme filiales des radios dites musicales, qui font, elles aussi, de l'information. Le CSA doit donc raisonner non plus en termes de formats mais en termes de groupes. Si l'on commence à dire qu'il faut donner prioritairement les fréquences aux grands réseaux généralistes, se posera alors la question de savoir à qui les prendre. Doit-on demander aux réseaux généralistes de s'organiser avec leurs filiales et de proposer des répartitions de fréquences ? Tout simplement, ne risque-t-on pas de prendre des fréquences au service public, qui, lui, en est très largement pourvu pour l'instant ?
Cette manière de voir n'est plus du tout d'actualité. Bien au contraire, il faut, comme le suggère la commission, donner au CSA la possibilité d'affiner le paysage radiophonique tranquillement et par petites touches. Tout ce que nous inscrirons dans la loi deviendra beaucoup trop rigide pour l'évolution à venir de ce paysage, qui n'a pas fini de changer.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je reconnais la cohérence de l'approche de la commission, approche que je soutiens à 99,9 %. Néanmoins, je ne peux cacher mon état d'âme plutôt favorable à la proposition de Mme Pourtaud.
En effet, contrairement à ce que viennent de dire mes collègues MM. Joyandet et Pelchat, cette loi a une orientation très claire : le service public, en plus de l'objectif de régularisation.
Dans ce cadre du service public, quoi qu'on puisse penser de l'évolution récente des radios associatives, dont la plupart d'ailleurs ont rejoint des grands groupes et se sont syndiquées, un besoin n'est pas satisfait en France, auquel le CSA cherche à répondre : celui d'une couverture nationale d'information générale et politique par la radio.
Qu'on le veuille ou non, les radios diffusent maintenant sur la bande FM. Même si autrefois, voilà dix ou quinze ans, les grands radios que sont RTL, RMC et Europe 1 ont fait une erreur de calcul - on ne va pas leur reprocher pendant un siècle d'avoir fait le mauvais choix à un moment -, ces radios correspondent à un besoin de débat politique en France.
Qui organise les débats politiques sinon RMC, Europe 1, RTL, en liaison souvent avec de grandes chaînes de télévision ou avec des journaux ?
Vous avez parlé, mon cher collègue Pelchat, de centaines de journalistes dans les radios associatives. Je connais des centaines de journalistes dans les radios que j'ai citées mais les autres se répartissent dans un grand nombre de radios. J'ai beaucoup de respect pour les radios associatives de notre secteur, mais on y trouve un journaliste par-ci par-là.
Il me semble qu'il faut relayer le souci du CSA, qui est apparu depuis trois ou quatre ans à la suite des conclusions sévères d'une étude sur les fréquences gelées, le mitage des fréquences attribuées aux grandes radios généralistes. En effet, si vous voulez écouter un débat sur RTL, Europe 1 ou RMC, pour ne citer que ces trois radios-là, vous êtes dans l'impossibilité de vous déplacer, de sortir du territoire de la commune sur laquelle vous vous trouvez car, sitôt que vous empruntez la route de Paris, par exemple, l'émission est coupée.
Il faut donc, à l'occasion de cette discussion, que nous introduisions une priorité et, dans ces conditions, j'aurai tendance à soutenir l'amendement n° 216.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Il ne s'agit absolument pas pour nous de figer le paysage radiophonique français. Nous n'avons pas proposé de fixer de pourcentages dans la loi ni d'imposer au CSA le découpage autoritaire des fréquences. Mais notre conception de la régulation ne nous interdit pas, tout en faisant confiance à l'autorité de régulation, de déterminer un cadre, des priorités. Le législateur est, me semble-t-il, parfaitement dans son rôle ce faisant et il n'y a aucune rigidité dans ce que nous proposons.
Par ailleurs, je dirai, à l'intention de M. Joyandet, que le CSA, à ma connaissance - mais peut-être a-t-il des informations contraires - attribue des fréquences non à des groupes mais à des programmes.
Bien sûr, les groupes actionnaires des grandes stations émettant sur les grandes ondes se sont adaptés à l'attente des auditeurs en développant, eux aussi, des réseaux musicaux. Il n'en demeure pas moins que le CSA est parfaitement en mesure, lorsqu'il attribue une fréquence, de dire : je l'attribue au programme d'Europe 1 ou d'Europe 2. Or, il s'agit bien du même groupe mais de programmes d'un genre différent.
Ainsi, les priorités que nous indiquons me semblent tout à fait nécessaire et je remarque que, finalement, certains de nos collègues de la majorité sénatoriale sont plutôt d'accord avec nous.
C'est pourquoi, me tournant vers M. le rapporteur, je me demande s'il ne serait pas possible de transformer notre amendement n° 216 en sous-amendement à l'amendement n° 32. Cela permettrait, moyennant sans doute une légère récriture, de donner satisfaction à l'ensemble de l'hémicycle.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'esprit de notre amendement et notre appréciation portée sur l'amendement n° 216 concernent pour l'essentiel la catégorisation des radios, et nous avons noté que le CSA s'accommodait très bien de cette catégorisation, notamment en considérant, comme l'a relevé M. Pelchat, l'espace radiophonique non comme une juxtaposition d'entreprises, mais comme un lieu de processus mouvants dont il se fait l'observateur pour ajuster, période après période, les enjeux du pluralisme à l'ensemble des mobilisations.
Si nous devions constater qu'une majorité se dégage en faveur d'une sorte de priorité accordée aux radios généralistes, commençant ainsi à infléchir l'appréhension équitable de l'ensemble des intérêts radiophoniques que représente la catégorisation réalisée sous la responsabilité du CSA, je ne manquerais pas, lors de la seconde lecture, de rappeler les intérêts non moins importants des radios associatives. Nous entrerions alors franchement dans la légalisation de ce qui est aujourd'hui une catégorisation dont le caractère pratique est un élément essentiel de son accroche à ce domaine extrêmement fluctuant et que nous souhaitons voir demeurer tel.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° 32, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 187 et 216 n'ont plus d'objet.
Par amendement n° 34 rectifié, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de compléter de I de l'article 16 par un 4° ainsi rédigé :
« 4° Dans le huitième alinéa, après les mots : "accorde les autorisations", sont insérés les mots : "dans le souci d'un juste partage entre les catégories de services qu'il a déterminées,". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il est utile d'inscrire dans la loi un critère synthétique de partage des fréquences radiophoniques. Ce critère peut être trouvé dans la notion de « juste partage ». C'est précisément ce juste partage que le CSA tente d'opérer depuis qu'il a déterminé cinq catégories de radios FM dans son mémorable communiqué n° 34.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je suis défavorable à cet amendement pour deux raisons : d'une part, comme je l'ai indiqué précédemment, je préfère en rester à la formulation actuelle du projet de loi ; d'autre part, la formule proposée ne me paraît avoir que peu de valeur normative pour le CSA et être donc, pour celui-ci, particulièrement difficile à interpréter.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 98, M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de compléter le I de l'article 16 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ...° Dans le huitième alinéa, après les mots : "pluralisme des courants d'expression socioculturels," sont insérés les mots : "l'accès sur l'ensemble du territoire à des programmes d'information politique et générale,". »
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Les combats les plus beaux sont peut-être ceux qui sont quasiment perdus d'avance ! En effet, je ne suis pas certain que cet amendement recueillera la faveur de notre assemblée.
Je rappelle que, depuis maintenant trois ou quatre ans - pas d'avantage - le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'attache à promouvoir une meilleure couverture des radios généralistes.
Ces radios se voient imposer la diffusion, chaque jour, de quatre heures au minimum d'informations politiques et générales. Il me semble que, en contrepartie, il convient de leur accorder, de par la loi, la priorité que le CSA s'efforce d'ores et déjà de leur reconnaître en pratique. Cet amendement ne vise pas à mettre quelque frein que ce soit. Je le conçois au contraire comme un encouragement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'insistance à revenir sur ce thème montre la continuité, d'ores et déjà relevée, entre la réflexion de Mme Pourtaud et celle de M. de Broissia.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet amendement. Si l'expression de cette sagesse devait aboutir à l'adoption de cet amendement, nous serions amenés, en deuxième lecture, à discuter un jeu d'amendements nouveaux concernant les autres types de radios, faute de quoi ces autres radios pourraient considérer qu'elles sont traitées de manière discriminatoire au regard de leur légitime aspiration à se développer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. L'avis du Gouvernement est défavorable.
Il y a quelques instants, c'est l'amendement de M. le rapporteur qui a été adopté, mais je persiste à penser que l'amendement de Mme Pourtaud était beaucoup plus clair dans la mesure où il ne laissait pas supposer l'existence d'un droit automatique à l'attribution de fréquences pour chacun des opérateurs généralistes. Je pense qu'il aurait été préférable d'écarter tout risque d'une contrainte préjudiciable à la liberté de décision et d'appréciation du CSA.
J'indique à M. de Broissia que l'étude sur les fréquences a été déclenchée après ma prise de fonction, à un moment où avait lieu un grand débat sur la manière dont un certain nombre de fréquences étaient, on peut le dire, rachetées, alors que les fréquences constituent un bien public. Il était donc nécessaire de remettre un peu d'ordre dans le paysage des fréquences en France.
Cet audit des fréquences a d'abord permis de réduire à néant le mythe selon lequel les radios publiques gardaient par devers elles une série de fréquences sans les utiliser. Il a été démontré à cette occasion que les réserves de fréquences n'étaient pas aussi importantes qu'on le prétendait.
Cet audit a également permis d'éclairer le CSA dans la réattribution des fréquences. Celui-ci s'est évidemment inspiré de cette meilleure connaissance du spectre.
En tout cas, la formulation de cet amendement présente, à mon sens, un inconvénient majeur par rapport à la liberté de décision, même si, c'est vrai, les radios d'information politique et générale n'ont pas les mêmes charges ni le même rôle que les radios musicales qui font des flashes d'information. La simple présentation de tels flashes n'a évidemment rien à voir avec le fait d'entretenir une véritable rédaction, comprenant des journalistes, des envoyés spéciaux qui circulent à travers la France, l'Europe et le monde pour apporter de l'information fraîche à l'auditeur.
Bien sûr, je me réjouis que les autres radios fassent aussi de l'information, mais je crois que les radios généralistes méritent une attention particulière, notamment dans un contexte qui voit se multiplier les canaux télévisuels spécialisés.
La radio reste le média de proximité par excellence, le média d'accompagnement quotidien de nos concitoyens. Il est donc important que, de la même manière qu'on soutient la presse écrite, on fasse en sorte que chacun puisse partout et dans les meilleurs conditions possibles accéder à la radio.
Peut-être faudra-t-il attendre la deuxième lecture de ce projet de loi pour que soient reprises des orientations que j'ai défendues dans ce texte, que Mme Pourtaud a soutenues et que M. de Broissia a rejointes. M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 98.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. L'amendement de M. de Broissia est sous-tendu par le même raisonnement que celui que nous avions développé à propos de l'amendement n° 216.
Cependant, comme nous avons précédemment supprimé la référence aux radios associatives, je ne peux pas accepter que ne figure plus dans la loi qu'une seule catégorie de radios, les radios généralistes, qui deviendraient ainsi seules prioritaires dans l'attribution des fréquences. Ce serait décidément pousser le balancier trop loin dans l'autre sens.
Par conséquent, il faut assumer la position qu'a adoptée le Sénat en votant l'amendement n° 32 et attendre la deuxième lecture pour pouvoir éventuellement réaffirmer ce que nous voulons vraiment faire dans le paysage radiophonique.
M. Alain Joyandet. Je demande la parole pour explicatioin de vote.
M. le président. La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet. En fin de compte, il apparaît que nous sommes tous ici - y compris Mme le ministre - d'accord pour considérer que, dans l'avenir, les radios généralistes doivent être reçues sur l'ensemble du territoire. Le reste n'est qu'affaire de technique.
Cela étant dit, il me paraît évident que le CSA raisonne non plus par radio mais par groupe. Je rappelle que la loi prévoit des plafonds d'auditeurs potentiels par groupe.
Mme Danièle Pourtaud. Cela n'a rien à voir !
M. Alain Joyandet. Si, puisqu'on a vu un certain nombre de groupes se désengager de radios ou de formats pour pourvoir demander au CSA des fréquences sur leur format leader. Cela signifie bien que le CSA est contraint de raisonner, du fait même des termes de la loi, non plus uniquement par radio mais par groupe de radios.
Sur le plan technique, nous allons nous heurter au fait que les fréquences sont attribuées non sur le plan national mais sur le plan régional, par des CTR. Louis de Broissia a raison de dire que le CSA met en marche la série de décisions qui vont permettre, dans les années à venir, aux formats généralistes d'être présents sur l'ensemble du territoire national. Si on l'impose d'ores et déjà par une mesure législative, cela veut dire que, brutalement, il sera obligé de prendre des décisions CTR par CTR. Il me paraît excessivement difficile d'imposer cela au CSA.
Puisque nous sommes d'accord sur l'objectif, il me semble que lui laisser la liberté, le temps et le choix de la méthode serait plus efficace au regard même de cet objectif qui nous est commun.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Si l'amendement de Mme Pourtaud avait été adopté, mon amendement n'aurait plus eu d'objet. Nous n'en aurions même pas discuté ! Puisque cela n'a pas été le cas, mon amendement offre au moins l'avantage d'indiquer, pour la deuxième lecture, que le Sénat soutient le CSA dans sa recherche d'une bonne couverture pour les stations de radio d'information politique et générale.
A cet égard, ce n'est pas parce que l'on a mentionné un type de radios que l'on oublie et condamne les autres.
Simplement, je le répète, ces radios remplissent une mission de service public à travers la diffusion de quatre heures, au minimum, d'informations, que beaucoup de nos concitoyens attendent.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 98, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 99, M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de compléter le I de l'article 16 par deux alinéas ainsi rédigés :
« ... Il est complété, in fine, par un alinéa ainsi rédigé :
« Les fréquences non utilisées pendant un an par les services de radiodiffusion sonore, publics ou privés, seront remises à la disposition du Conseil supérieur de l'audiovisuel. »
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Mme le ministre y a fait allusion tout à l'heure, le gel des fréquences, vieux mythe que l'on a parfois reproché au service public de la radiodiffusion, a fait l'objet d'études très poussées de la part du CSA, des stations de radio elles-mêmes et du ministère.
Je souhaite que les fréquences, accordées aux services publics ou privés, de radiodiffusion sonore et non utilisées pendant un an soient remises à disposition.
Il faut encourager le CSA dans la voie du dégel des fréquences. On répète partout que les fréquences sont rares et donc chères. Les fréquences constituent un bien public et elles doivent donc être « remises dans le circuit » au bout d'un an.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Pour les radios privées, la disposition qu'il vise à introduire est inutile, les autorisations prévoyant qu'une fréquence inutilisée est restituée dans un délai de six mois.
Pour Radio France, elle n'est pas plus nécessaire. En effet, l'audit mené récemment a montré que les fréquences inutilisées étaient peu nombreuses et généralement justifiées par des impossibilités techniques.
Néanmoins, dans son plan de réorganisation de l'usage des fréquences, le président de Radio France a envisagé la possibilité de restituer certaines fréquences, en particulier au bénéfice des radios associatives, solution à laquelle je suis favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 99, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 33, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de supprimer le II de l'article 16.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de conséquence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Défavorable, également par conséquence, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 16, modifié.

(L'article 16 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 16



M. le président.
Par amendement n° 221 rectifié, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 28-3 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 28-3 - Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, sans être tenu de procéder aux appels aux candidatures prévus par l'article 29 ou l'article 30, délivrer à toute société, fondation, association déclarée selon la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association, association à but non lucratif régie par la loi locale dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, des autorisations relatives à un service de radiodiffusion sonore ou de télévision par voie hertzienne terrestre pour une durée n'excédant pas neuf mois. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Par cet amendement, nous proposons d'allonger de six à neuf mois la durée maximale des autorisations temporaires que le CSA peut délivrer pour des services de radio ou de télévision.
Cette disposition est particulièrement favorable à la création de télévisions ou de radios associatives en milieux scolaires et universitaires. Il nous a semblé intéressant, puisqu'il y a une forte demande dans ce secteur, de faire correspondre la durée des autorisations temporaires, qui est actuellement de six mois, à la durée normale d'une année scolaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat pour l'adoption de cet amendement qui traite, me semble-t-il, spécifiquement les radios de campus.
Mme Danièle Pourtaud. Tout à fait !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 221 rectifié, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 16.
Par amendement n° 222 rectifié, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 28-3 de la même loi, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art... - Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, par dérogation au troisième alinéa de l'article 30, délivrer des autorisations d'usage de fréquences locales pour la diffusion de services de télévision par voie hertzienne terrestre à des associations déclarées selon la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association ainsi qu'à des associations à but non lucratif régies par la loi locale dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Ces autorisations sont délivrées pour une durée qui ne peut excéder cinq ans.
« Ces services ne peuvent diffuser d'émissions de télé-achat.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe un seuil maximum de population pour l'ensemble des zones desservies par les services d'une même association au-dessus duquel une autorisation de même nature ne peut être attribuée.
« Ces autorisations sont reconduites dans les conditions fixées à l'article 28-1. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 263, présenté par le Gouvernement, et tendant à supprimer l'avant-dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 222 rectifié.
La parole est à Mme Pourtaud, pour présenter l'amendement n° 222 rectifié.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement vise à ouvrir aux associations le réseau hertzien terrestre pour leur permettre d'exploiter des services de télévision.
Une telle mesure s'inscrit dans le contexte plus large d'une forte demande de programmes locaux de la part de nos concitoyens, qui doivent, là aussi, avoir la garantie du pluralisme.
Les programmes locaux rencontrent un grand succès auprès du public, comme en témoigne le succès d'audience des décrochages de M6 et de France 3 ou des 140 expériences de télévisions locales en France - le plus souvent au stade embryonnaire il est vrai - diffusées sur les canaux locaux du câble ou, plus rarement, sur le réseau hertzien.
Un tel succès n'a d'ailleurs rien de surprenant alors que les chaînes thématiques, de plus en plus spécialisées, ont pour effet de fragmenter les publics et cherchent, chez le téléspectateur, une cible commerciale à vendre à des publicitaires. Si les grandes chaînes publiques nationales ont pour mission de rassembler tous les Français autour de programmes généralistes, les chaînes locales, à l'inverse, cherchent à rapprocher les citoyens les uns des autres en renforçant le sentiment d'appartenance à une région, un département, une ville ou un quartier.
Les télévisions locales peuvent être un véritable instrument au service de notre démocratie. Ce rôle peut d'ailleurs, me semble-t-il, être mieux rempli par des structures associatives - comme c'est le cas pour les radios dont nous venons de parler longuement - que par des structures commerciales orientées vers le profit. Le tissu associatif capable de produire des programmes de télévision est aujourd'hui très dense.
Le tiers secteur audiovisuel devrait se voir reconnaître toute sa place dans nos régions, nos villes et nos quartiers ; je pense plus particulièrement à Paris, où l'individualisme, la solitude ou la dualité sociale s'aggravent.
Or, dans l'état actuel de la loi, seules les télévisions locales organisées en société peuvent bénéficier d'une autorisation de diffusion délivrée par le CSA après appel à candidatures.
Les rares télévisions locales associatives qui ont pu émerger en milieu urbain ou rural n'ont pu obtenir que des autorisations provisoires d'une durée maximale de six mois, renouvelables une seule fois.
A Paris par exemple, Ondes sans frontières, dans le vingtième arrondissement, a bénéficié de deux autorisations provisoires. Télé bocal, dans l'Est parisien, vient d'obtenir une autorisation de trois mois. La première de ces télévisions locales a cessé d'émettre, la seconde, dont la durée d'autorisation vient d'être dépassée se trouve en fait dans l'illégalité depuis quelques jours.
L'amendement n° 222 rectifié vise donc à garantir l'existence des télévisions locales de nature associative et à permettre leur développement.
Le CSA doit pouvoir délivrer des autorisations de diffusion à des associations sur le réseau hertzien analogique, et cela pour une durée normale de cinq ans.
J'ajouterai qu'à mon sens le CSA devrait veiller, comme l'article 16 le prévoit ou, plutôt, le prévoyait pour les radios, à réserver des fréquences aux télévisions associatives.
Vous l'aurez compris, mes chers collègues, il me semble indispensable que les télévisions locales, que j'appelle de mes voeux, soient plurielles pour mieux refléter la diversité des opinions, le foisonnement des initiatives culturelles et sociales de la vie locale, c'est-à-dire, en résumé, pour favoriser la vie citoyenne. Telle est la finalité de l'amendement n° 222 rectifié.
M. le président. La parole est à Mme la ministre, pour présenter le sous-amendement n° 263.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Monsieur le président, pour justifier ce sous-amendement, je suis en fait obligée de me prononcer sur l'amendement n° 222 rectifié.
Vous savez tout l'attachement que je porte au développement des télévisions de proximité et au secteur associatif. Je suis donc heureuse que vous proposiez, madame Pourtaud, d'ouvrir aux associations la possibilité d'exploiter des services de télévision locale, possibilité qui devrait leur être ouverte depuis longtemps. La demande que ces associations expriment me paraît en effet revêtir un véritable caractère démocratique et citoyen.
Je dois cependant lier mon avis favorable sur l'amendement que vous présentez à l'adoption du sous-amendement n° 263, qui est un sous-amendement technique.
La fixation d'un seuil maximal de couverture ne me semble pas relever du décret. Tous les autres seuils de ce type sont déjà prévus dans la loi. Je propose donc de sous-amender l'amendement n° 222 rectifié en en supprimant l'avant-dernier alinéa.
D'une façon plus générale, il faut certainement profiter de ce projet de loi pour reconnaître les télévisions associatives. Nous aurons l'opportunité d'en débattre dans le cadre des propositions que j'attends, propositions qui seront aussi relatives au numérique terrestre, et qui devront prendre en compte les approches de tous les acteurs locaux et régionaux, qu'il s'agisse de France 3 ou des quotidiens régionaux, et, bien évidemment, du tissu associatif, qui trouvera ainsi toute sa place dans le paysage télévisuel.
Je serai à l'écoute de ces propositions, aujourd'hui souvent divergentes. Il nous appartiendra de les harmoniser afin de parvenir à un ensemble équilibré au sein duquel toutes les nuances qui font la richesse de la vie démocratique décentralisée seront assurées de trouver leur expression.
Il est bon cependant de reconnaître dès maintenant, alors que l'on traite des télévisions locales, la légitimité de ces télévisions d'initiative associative qui émanent de citoyens décidés à diffuser ensemble des émissions qu'ils composent eux-mêmes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 222 rectifié et sur le sous-amendement n° 263 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission a l'intention de favoriser l'accès à la vie associative aux télévisions locales, intention qu'elle exprimera à travers un amendement déposé à l'article suivant, l'amendement n° 117. Quel que soit l'ordre de présentation des amendements aujourd'hui, elle estime donc que l'amendement n° 222 rectifié est satisfait et elle y est défavorable, de même, en conséquence, qu'au sous-amendement n° 263.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Monsieur le président, puisque, selon la commission, l'amendement n° 117 satisfait le nôtre, ces deux amendements ne devraient-ils pas faire l'objet d'une discussion commune ?
Nous ne partageons pas l'avis de la commission et il me semble donc nécessaire de les examiner ensemble.
M. le président. Monsieur le rapporteur, acceptez-vous que les amendements n°s 117 et 222 rectifié fassent l'objet d'une discussion commune ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. M. Dreyfus-Schmidt demande en somme que l'on reprenne en séance plénière les débats qui ont eu lieu en commission. Même si aujourd'hui nous travaillons vite, mon cher collègue, il me semble que la majorité a déjà une idée assez définitive sur votre amendement !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. La majorité de la commission, pas celle du Sénat !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission n'est donc pas favorable à une discussion commune.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Excusez-moi d'insister auprès de la commission et de nos collègues, mais, comment peut-on dire que l'on est défavorable à un amendement au motif qu'il est satisfait par un autre que l'on n'a pas encore examiné ? En outre, nous estimons, nous, que notre amendement n'est pas satisfait. La moindre des choses serait que la discussion soit commune.
M. le rapporteur nous dit que la commission a fait son choix. Oui, mais nous ne sommes pas en commission et nos collègues qui ne font pas partie de la commission ont le droit de savoir de quoi il s'agit. Je demande donc à nouveau, au nom de la démocratie, que la discussion soit commune.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je reviens sur le respect des règles démocratiques. Tout à l'heure, lors de l'examen d'amendements portant sur les mêmes radios d'information générale et politique, monsieur Dreyfus-Schmidt, vous n'avez pas eu les mêmes scrupules. J'eusse aimé que vous me soutinssiez ! Mais peut-être n'étiez-vous pas là, ou pas suffisamment attentif.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Si vous aviez demandé la priorité...
M. Louis de Broissia. Je partage l'avis de la commission. Je vous donne acte qu'en commission des affaires culturelles, dans laquelle vous siégez comme moi, il a été décidé que le fait que l'amendement de Mme Pourtaud soit satisfait par le suivant conduisait la commission à ne pas le soutenir. Aussi, je ne voterai pas l'amendement de Mme Pourtaud,...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Mais le Sénat ne le connaît pas !
M. Louis de Broissia. ... me réservant pour celui que présentera la commission.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je voudrais rappeler les faits. La commission a d'abord examiné l'amendement n° 117 présenté par M. Belot, puis elle a considéré que l'amendement n° 222 était satisfait par l'amendement n° 117. Par la suite, les auteurs de l'amendement n° 222 ont jugé bon de le rectifier de façon à changer l'ordre de présentation. Monsieur le président, je crains que nous n'ayons du mal à fonctionner longtemps de cette façon !
M. Louis de Broissia. Très bien !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Nous souhaitions que ces amendements soient examinés ensemble. Nous vous aurions soutenu si vous aviez demandé la priorité tout à l'heure.
M. Louis de Broissia. Moi, je respecte l'ordre qui nous est proposé !
M. le président. Monsieur le rapporteur, nous pourrions, me semble-t-il, réserver l'amendement n° 222 rectifié et le sous-amendement n° 263 jusqu'après l'examen de l'amendement n° 117.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. D'accord, monsieur le président.
M. le président. Il n'y a pas d'opposition ?...
La réserve est ordonnée.
M. Henri Weber. Ça, c'est un président ! (Sourires.)
M. le président. Par amendement n° 223 rectifié, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 80 de la même loi, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... Les associations déclarées selon la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association et les associations à but non lucratif régies par la loi dans le département du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle qui détiennent une autorisation d'usage de fréquences conformément aux articles 28-3 et 28-4 bénéficient d'une aide selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Le financement de cette aide est assuré par un prélèvement sur les ressources provenant de la publicité diffusée par les services de télévision. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Nous allons donc parler maintenant du financement virtuel de télévisions virtuellement créées par l'amendement que j'ai soutenu mais dont nous n'avons pas débattu.
Le présent amendement vise à créer, pour les télévisions locales associatives, un fonds de soutien à l'expression télévisuelle associative, sur le modèle de celui qui existe déjà pour les radios associatives depuis dix ans.
Il est clair que les télévisions locales associatives sont, par nature, non commerciales et à but non lucratif. Je ne surprendrai personne en disant qu'elles sont structurellement déficitaires, comme toutes les associations culturelles. Ainsi, on peut imaginer que le budget moyen d'une télévision locale associative se situe entre quatre millions et cinq millions de francs par an, hors coût de diffusion. Il est clair qu'elles ne pourront survivre qu'avec l'apport d'un financement public important.
Il y aurait, me semble-t-il, une sorte d'hypocrisie à leur donner le droit à l'existence sans leur donner les moyens de celle-ci.
Nous devons tirer les leçons de l'histoire des radios libres, créées par la loi de 1982 sur la liberté de communication, et qui, faute de financements, ont, pendant des années, été la proie des réseaux commerciaux. Grâce au fonds de soutien à l'expression radiophonique, ce sont aujourd'hui entre 400 et 500 radios associatives qui, sur l'ensemble de notre territoire, contribuent à la vie culturelle et à l'animation sociale, en milieu rural comme en milieu urbain.
Il me semble qu'une taxe du même ordre que celle qui est appliquée à la publicité télévisuelle pour alimenter le fonds de soutien radiophonique pourrait permettre d'abonder le fonds pour les télévisions. Il suffirait de déplafonner le montant du chiffre d'affaires sur lequel la taxe s'applique. Cette opération serait en quelque sorte « indolore » pour nos groupes privés audiovisuels dans la mesure où ils bénéficieront de ce que les médias ont appelé un « effet d'aubaine », du fait de la diminution des objectifs publicitaires des chaînes publiques prévue par le présent projet de loi. Si, comme un certain nombre d'experts l'ont dit, c'est près de 1,5 milliard de francs qui sera ainsi transféré du secteur public au secteur privé, je crois que nous pouvons légitimement prélever sur cette somme entre 300 et 400 millions de francs pour financer ces nouveaux espaces de liberté que seraient des télévisions locales associatives.
Je sais bien, madame la ministre, que vous m'objecterez qu'il n'est pas possible de créer une nouvelle taxe dans le présent texte. J'aurais pu, comme l'ont fait certains de nos collègues, proposer de financer les télévisions locales associatives à l'aide du fonds de soutien des radios associatives. Ce serait peut-être techniquement une bonne solution, mais il est clair que, quelles que soient les modalités, il ne saurait être question de diminuer les financements destinés aux radios associatives au profit des télévisions associatives. Je ne propose donc pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Je pense que nous aurons l'occasion, d'ici à l'examen du prochain projet de loi de finances, de mettre au point le dispositif susceptible de financer les télévisions locales associatives. Cet amendement tend à ouvrir la discussion et à fixer les principes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement soulève plusieurs questions. Nous nous demandons si, compte tenu de la taxe qu'il prévoit, il ne représenterait pas une charge excessive pour les diffuseurs, si l'on voulait vraiment que le prélèvement prévu permette de satisfaire les besoins de financement des télévisions locales associatives. Par ailleurs, nous ne pouvons ignorer que cet amendement - cela vient d'être rappelé par un des auteurs de l'amendement - vise à créer un prélèvement et prévoit l'affectation de la ressource correspondante. Or, nous connaissons - je n'insiste pas sur ce point - les obstacles qui s'opposent à cet exercice.
Aussi la commission a-t-elle émis un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Si je comprends bien la logique qui prévaut dans l'amendement soutenu par Mme Pourtaud, cet amendement reprend un système qui serait cohérent entre les radios et les télévisions nouvelles. Néanmoins je ne peux raisonnablement le soutenir, et je pense que Mme Pourtaud en comprendra aisément la raison.
Ouvrir le fonds de soutien radiophonique aux télévisions locales implique une étude économique préalable et indispensable pour mesurer à la fois les besoins réels et les ressources disponibles. Je rappelle en effet que ce fonds est doté de 106 millions de francs par la loi de finances et qu'il est assuré par un prélèvement sur les recettes publicitaires des radios et des télévisions. Il faut, comme l'a dit M. le rapporteur, mesurer l'effet de cette disposition sur les recettes publicitaires des radios et des télévisions.
Je relève que cette taxe porte bien sur les deux médias. Cet élément irait, lui aussi, en faveur de l'extension de ce fonds. Toutefois, les sommes requises pour la télévision seraient beaucoup plus considérables que pour les radios. L'ouverture de ce fonds aux télévisions sans une ressource additionnelle n'est pas possible puisqu'elle serait néfaste aux radios bénéficiant de ces 106 millions de francs.
Aussi, je suis défavorable à cet amendement, même si je considère que, au même titre que d'autres propositions sur le financement des radios locales, celle de Mme Pourtaud doit être pleinement examinée.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ce n'est pas ce qui est demandé !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 223 rectifié.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Moi aussi, je suis contre cet amendement.
Je tiens à dire que, de toute façon, ce prélèvement aura lieu, madame Pourtaud. Laissons-le se faire naturellement. Vous devez comme moi être informée des démarches d'une association de presse quotidienne régionale qui attend avec impatience l'émergence de nouvelles télévisions locales afin de pouvoir se syndiquer et de faire de la publicité nationale sur ces télévisions locales. Or, cette publicité nationale sera prélevée normalement dans le cadre du marché sur l'ensemble de la publicité télévisée. Ce dispositif va fonctionner tout naturellement.
En effet, quelle est aujourd'hui la démarche adoptée par ces grands titres de la presse qui souhaitent démarrer ? Elle consiste à dire que, si le processus n'a pas encore abouti, c'est parce qu'il n'existe que quatre télévisions locales qui n'ont pas pu faire une syndication avec une couverture nationale. Dès lors qu'elles seraient une quinzaine, elles procéderaient bien sûr à cette syndication. Telle est bien leur intention, qu'elles ne se privent d'ailleurs pas d'annoncer. Dans ce cadre-là, elles prélèveraient de la publicité également nationale. Donc, cela se ferait tout naturellement.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Cela n'a rien à voir !
M. Michel Pelchat. Il n'y a donc pas lieu de créer une taxe nouvelle ou un prélèvement nouveau.
Je suis, comme vous, favorable à la réduction de la durée de la publicité sur les chaînes publiques. Pour autant, je ne souhaite pas qu'elle entraîne une diminution trop importante de leurs recettes. Je pense au contraire que, compte tenu d'une plus grande fidélisation des téléspectateurs, il en résultera une augmentation du prix des écrans publicitaires, donc de l'espace publicitaire, de façon que les recettes diminuent le moins possible. Il ne s'agit pas, comme le prévoit votre amendement, de leur imposer une nouvelle taxe.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Cela n'a rien à voir ! En l'occurrence il s'agit des télévisions associatives locales !
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Monsieur Pelchat, notre amendement ne vise absolument pas à instaurer une taxe sur la publicité à la télévision afin de financer les télévisions locales commerciales,...
M. Michel Pelchat. Elles le seront toutes !
Mme Danièle Pourtaud. ... que souhaitent effectivement créer les différentes sociétés de la presse quotidienne régionale. Nous aurons l'occasion d'y revenir un peu plus tard dans le débat. En l'occurrence, nous proposons de créer des télévisions associatives et de les financer par une taxe sur la publicité télévisuelle.
Madame la ministre, nous n'avons pas proposé de faire financer ces télévisions associatives par le fonds de soutien aux radios associatives ; nous avons proposé de créer un autre fonds, par symétrie, si je puis dire, identique dans sa conception et son financement. Dans notre esprit, il n'est pas question de diminuer les financements dont bénéficient les radios associatives. J'ai bien conscience que le financement nécessaire pour les télévisions associatives sera supérieur à celui dont bénéficient les radios associatives et qui est, comme vous l'avez dit, de l'ordre de 100 millions à 110 millions de francs. En effet, j'ai dit tout à l'heure qu'il serait nécessaire de prévoir entre 300 millions et 400 millions de francs pour financer les télévisions associatives.
Par conséquent, nous pouvons réfléchir à un mécanisme identique. C'est d'ailleurs pourquoi nous avions proposé de financer ces télévisions uniquement par une taxe sur la publicité télévisée, et non sur la publicité radiophonique, car il ne s'agissait pas de financer de la radio.
Cela étant dit, je suis bien consciente que ce n'est pas possible dans le cadre du présent projet de loi. J'ai bien noté que le Gouvernement accepte la démarche et considère, comme nous, qu'il est nécessaire, si l'on crée des télévisions associatives, de penser à leur financement. Aussi, je retire cet amendement et j'évoquerai de nouveau ce sujet lors de l'examen du prochain projet de loi de finances.
M. le président. L'amendement n° 223 rectifié est retiré.

Article 17



M. le président.
« Art. 17. _ L'article 30 de la même loi est ainsi modifié :
« 1° Le troisième alinéa est ainsi rédigé :
« La déclaration de candidature est présentée par une société. Elle indique notamment l'objet et les caractéristiques générales du service, les caractéristiques techniques d'émission, les prévisions de dépenses et de recettes, l'origine et le montant des financements prévus, ainsi que la composition du capital, des organes dirigeants et des actifs de cette société ainsi que de la société qui la contrôle, au regard des critères figurant à l'article 355-1 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 précitée, ou qui l'a placée sous son autorité ou sa dépendance. Cette déclaration est également accompagnée des éléments constitutifs d'une convention comportant des propositions sur un ou plusieurs des points mentionnés à l'article 28." ;
« 2° Au cinquième alinéa, les mots : "aux trois derniers alinéas (1° , 2° , 3° ) de l'article 29" sont remplacés par les mots : "aux 1° à 4° de l'article 29". »
Par amendement n° 117, M. Belot, au nom de la commission des finances, propose :
I. - De remplacer la première phrase du texte présenté par l'article 17 pour le troisième alinéa de l'article 30 de la loi 86-1067 du 30 septembre 1986 par deux alinéas ainsi rédigés :
« La déclaration de candidature est présentée par une société commerciale.
« Pour les services de télévision diffusés par voie hertzienne autres que nationaux, elle peut être présentée par une association mentionnée au troisième alinéa de l'article 29, ainsi que par une société d'économie mixte dans les conditions prévues par un décret en Conseil d'Etat, qui fixe notamment les conditions dans lesquelles est garanti le respect du pluralisme dans l'information et les programmes, ainsi que dans les modalités de nomination des organes dirigeants de la société. » ;
II. - En conséquence, au début de la deuxième phrase du même texte, de remplacer le mot : « Elle » par les mots : « La déclaration » ;
III. - En conséquence, à la fin du deuxième alinéa de cet article, de remplacer les mots : « est ainsi rédigé : » par les mots : « est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés : ».
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy, au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Tout à l'heure, en écoutant Mme Pourtaud, j'ai considéré que son amendement et celui-ci étaient cousins.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Mais pas frères ! (Sourires.)
M. François Trucy, au nom de la commission des finances. L'amendement n° 117, qui a été déposé par M. Belot, rapporteur pour avis, a pour objet de permettre à d'autres personnes que des sociétés de faire acte de candidature auprès du CSA pour être autorisées à exploiter un service de télévision hertzienne.
L'article 30 de la loi du 30 septembre 1986 prévoit que la déclaration de candidature à l'usage des fréquences hertziennes doit être présentée par une société. Cette disposition interdit aux associations de se porter candidates et constitue un frein à l'initiative locale en matière audiovisuelle.
En outre, afin de conforter la possibilité pour les collectivités territoriales d'être parties prenantes dans l'exploitation d'un service de télévision locale, il est prévu d'étendre explicitement aux sociétés d'économie mixte la possibilité de faire acte de candidature.
Ainsi que le note le rapport de MM. Françaix et Vistel, si le statut de société commerciale est tout à fait adapté aux agglomérations urbaines qui justifient de moyens importants, il n'en est pas de même des petites agglomérations et des zones rurales.
Dans ces zones, il faut envisager des structures soutenues par les collectivités territoriales ou par des structures associatives faisant une place au bénévolat. Tel est l'objet de cet amendement.
Dans un cas comme dans l'autre, cette extension des catégories de personnes pouvant exploiter une télévision ne s'entend que pour les services diffusés par voie hertzienne autre que nationale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Je suis bien sûr sensible au souci de M. Belot, rapporteur pour avis, d'ouvrir aux associations la possibilité d'exploiter des services de télévision locale. Et je constate qu'il existe une large convergence à cet égard sur les différentes travées du Sénat, comme notre débat le montre, ainsi qu'au sein du Gouvernement.
Je suis en revanche beaucoup plus réservée sur l'ouverture de cette possibilité aux sociétés d'économie mixte.
Cet amendement vise très probablement les sociétés d'économie mixte locales de la loi du 7 juillet 1983 dont on sait bien que les domaines et les modalités d'intervention sont soumis à des conditions très strictes. Leurs missions sont limitativement définies par le code général des collectivités territoriales, et la télévision n'entre pas actuellement dans ces missions.
Dès lors que c'est sous cette forme que se constitueraient des collectivités pour créer et pour gérer des télévisions, il faudrait alors bien évidemment prendre aussi en compte la question de l'indépendance. En effet, la forme d'organisation en société d'économie mixte associerait les collectivités à la gestion de chaînes de télévision, fussent-elles locales. Voilà qui explique que, en l'état, je ne puisse être favorable à cet amendement. M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 117.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Je voudrais dire à M. le rapporteur que je comprends bien qu'il soit extrêmement important d'examiner d'abord un amendement de la commission des finances. Mais, si nous avions souhaité que notre amendement n° 222 rectifié fasse l'objet d'une discussion commune avec l'amendement n° 117, c'était en quelque sorte afin de permettre à la commission des affaires culturelles de se prononcer sur un amendement ayant été redigé par certains de ses membres. Il n'y avait donc là, à mon avis, rien de choquant.
Nous sommes opposés à l'amendement n° 117, parce qu'il prévoit d'étendre aux sociétés d'économie mixte la possibilité que nous avions souhaité ouvrir aux associations ; or, nous pensons préférable de la réserver à celles-ci, puisque, par ailleurs, nous allons proposer, dans notre logique, qu'un fonds public soit créé pour les financer. Il ne nous semble donc pas souhaitable de mélanger les deux problèmes.
En outre, nous avions précisé que les télévisions associatives pourraient obtenir des autorisations pour une période de cinq ans. Je ne vois rien de tel dans cet amendement, que nous ne pouvons donc soutenir.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 117, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'article 17, ainsi modifié.

(L'article 17 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 16 (suite)



M. le président.
Nous en revenons à l'amendement n° 222 rectifié et au sous-amendement n° 263, qui avaient été précédemment réservés.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 263.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Nous sommes à ce point favorables au sous-amendements du Gouvernement que nous rectifions notre amendement n° 222 rectifié pour le prendre en compte. J'ai bien compris, en effet, qu'il s'agit entre nous d'une opposition non pas sur le fond, mais sur la forme.
Nous sommes prêts, avant la deuxième lecture, à réfléchir aux dispositions que nous pourrions introduire dans la loi, car, effectivement - Mme la ministre nous l'a fait remarquer - toutes les dispositions anticoncentation applicables aux autres catégories de sociétés de l'audiovisuel figurent dans la loi et non pas dans un décret. Nous réfléchirons donc, d'ici à la deuxième lecture, à la manière de respecter cette logique.
Nous renonçons donc au décret et rectifions notre amendement n° 222 rectifié afin de supprimer l'avant-dernier alinéa du texte proposé par ce dernier.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 222 rectifié bis , présenté par Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant à insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 28-3 de la même loi, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art ... - Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, par dérogation au troisième alinéa de l'article 30, délivrer des autorisations d'usage de fréquences locales pour la diffusion de services de télévision par voie hertzienne terrestre à des associations déclarées selon la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association ainsi qu'à des associations à but non lucratif régie par la loi locale dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Ces autorisations sont délivrées pour une durée qui ne peut excéder cinq ans.
« Ces services ne peuvent diffuser d'émissions de télé-achat.
« Ces autorisations sont reconduites dans les conditions fixées à l'article 28-1. »
Par conséquent, le sous-amendement n° 263 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets au voix l'amendement n° 222 rectifié bis , repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 18



M. le président.
« Art. 18. _ I. _ L'article 34-1 de la même loi devient l'article 33-1 de la même loi.
« II. _ Au premier alinéa du même article, après les mots : "ne peuvent être distribués", sont insérés les mots : "par satellite ou".
« III. _ Le même article est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Pour les services de télévision dont les programmes comportent des émissions d'information politique et générale, la convention précise les mesures à mettre en oeuvre pour garantir le caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion ainsi que l'honnêteté de l'information et son indépendance à l'égard des intérêts économiques des actionnaires, en particulier lorsque ceux-ci sont titulaires de marchés publics ou de délégations de service public.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, s'il l'estime nécessaire pour garantir l'indépendance et la pluralité de l'information au regard des intérêts économiques des actionnaires, en particulier lorsque ceux-ci sont aussi actionnaires de sociétés par ailleurs bénéficiaires de marchés publics ou de délégation de service public, imposer à la société titulaire d'une autorisation d'usage de fréquences de s'organiser conformément aux articles 118 à 150 de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 relative aux sociétés commerciales. Les organes dirigeants peuvent, s'ils le souhaitent, décider dans ce cadre que les fonctions dévolues au directoire peuvent être exercées par une seule personne nonobstant le deuxième alinéa de l'article 119 de la loi précitée. »
Par amendement n° 127, M. Pelchat propose d'insérer, après le I de cet article, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Au début du premier alinéa du même article, après les mots : "les services de radiodiffusion sonore et de télévision", sont insérés les mots : "dont l'exploitant est établi en France ou qui relève de la compétence de la France,". »
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Cet amendement vise à compléter l'article 18 par les mots : « dont l'exploitant est établi en France ou qui relève de la compétence de la France », et ce afin d'instaurer une égalité entre le câble et le satellite, s'agissant des autorisations de diffusion.
Aujourd'hui, alors que le satellite et le câble sont complémentaires, mais aussi concurrents sur le même marché, il est anormal que le câble soit soumis à des complexités beaucoup plus grandes que le satellite et, surtout, que l'on ne puisse pas y diffuser le même type de chaînes. Je reviendrai sur ce thème à l'occasion de l'examen d'autres amendements. L'amendement n° 127 est le premier sur ce thème : son adoption permettrait l'adoption des autres amendements ; son rejet rendrait sans objet ces derniers, qui visent pourtant à rétablir l'équité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Sur cet amendement, la commission a décidé de s'en remettre à l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. J'ai l'impression de parler comme un oracle. (Sourires.) Toutefois, je veux bien, sur ce point, éclairer le Sénat.
La proposition de M. Pelchat m'a beaucoup étonnée et, de fait, je ne vois pas comment je pourrais y être favorable. Pour les chaînes extra-européennes, la directive « Télévision sans frontières » impose au premier Etat européen de réception d'exercer sa compétence en soumettant cette chaîne à sa réglementation.
La directive nous impose donc de conventionner les chaînes extra-européennes. Cet amendement n'est pas conforme au droit communautaire. L'avantage formidable de cette directive est d'ailleurs de garantir qu'il y aura toujours un Etat compétent.
Sur le fond surtout, il serait de notre part irresponsable de prévoir une reprise systématique de toute chaîne alors que, vous le savez bien, certaines chaînes posent de réels problèmes à l'ordre public. En pratique, le CSA passe des conventions avec prudence, mais s'oppose parfois à un conventionnement pour des raisons tenant précisément à l'ordre public. Et cela est très bien ainsi.
Tel est l'ensemble des raisons pour lesquelles le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n° 127.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Ainsi se définit l'orientation de la commission, qui émet un avis défavorable sur l'amendement n° 127.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 127.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Madame la ministre, votre étonnement ne me surprend guère ! Le dépôt de cet amendement quelque peu provocateur visait simplement à attirer l'attention. Je défendrai ultérieurement d'autres amendements sur ce sujet.
Le problème que vous soulevez est réel. Mais pourquoi les chaînes qui posent problème à l'ordre public sont-elles autorisées sur le satellite alors qu'elles sont interdites sur le câble ? C'est à cet égard qu'existent une distorsion et un risque de trouble à l'ordre public. En effet, l'équipement pour la réception par satellite se développe de plus en plus : actuellement, plus de deux millions de foyers en sont équipés, et, demain, il y en aura davantage encore. En conséquence, il y a, d'un côté, un certain nombre de foyers équipés du câble, que l'on veut protéger, et, d'un autre côté, d'autres foyers, dont le nombre est tout de même significatif et qui reçoivent, par le satellite, des chaînes réputées poser des problèmes et risquant de troubler l'ordre public.
Telle est donc la distorsion réelle sur laquelle je tenais à attirer l'attention du Gouvernement et du Sénat, et que nous aurons l'occasion d'évoquer de nouveau lors de l'examen de plusieurs autres articles. Cela étant, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 127 est retiré.
Par amendement n° 35, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit le II de l'article 18 :
« II. - Au premier alinéa de cet article, après les mots : "ne peuvent être" sont insérés les mots : "diffusés par satellite ou" .»
La parole est à M. le rapporteur. M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. C'est un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 35, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 36, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose :
I. - De supprimer le second alinéa du texte présenté par le III de l'article 18 pour compléter l'article 34-1 de la loi n° 86-1086 du 30 septembre 1986.
II. - En conséquence, dans le premier alinéa du III de cet article, de remplacer les mots : « deux alinéas ainsi rédigés : » par les mots : « un alinéa ainsi rédigé : ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à supprimer la possibilité tout à fait exorbitante conférée par le projet de loi au CSA d'imposer aux services du câble et du satellite la forme juridique de la société à directoire et conseil de surveillance.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Pourquoi ?
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. La disposition incriminée fait partie du dispositif permettant au CSA d'assurer la transparence de l'information.
Je m'en remets à la sagesse du Sénat pour juger si les raisons que j'ai rappelées précédemment à propos d'un autre amendement lui paraissent bonnes et justifient ce dispositif ou si, au contraire, le Sénat trouve ce dernier trop contraignant.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 36.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. La commission est cohérente avec elle-même dans sa lutte contre toutes les dispositions qui pourraient introduire un peu de transparence dans le fonctionnement de nos sociétés audiovisuelles.
Elle a tout à l'heure proposé la suppression d'une disposition permettant au CSA de demander à une société de télévision de lui donner des informations lorsque, par ailleurs, celle-ci bénéficie de marchés publics.
La commission propose maintenant de supprimer une disposition permettant au CSA, lorsqu'il estime nécessaire de garantir l'indépendance et la pluralité de l'information au regard des intérêts économiques des actionnaires, en particulier lorsque ceux-ci sont aussi actionnaires de sociétés par ailleurs bénéficiaires de marchés publics ou de délégation de service public - il s'agit donc bien de la même chose - de demander aux sociétés de télévision de s'organiser de manière à mettre une plus grande distance entre la société gérant les activités de télévision et l'actionnaire principal qui, comme on le sait, est souvent, dans notre pays, lié à des activités n'ayant pas grand-chose à voir avec l'audiovisuel : je pense à des entrepreneurs de travaux publics ou à des grandes sociétés de distribution d'eau sur l'ensemble du territoire, par exemple.
Dans ces conditions le CSA pourrait demander que les activités de télévision des sociétés soient organisées avec un conseil de surveillance et un directoire, permettant ainsi une plus grande distance par rapport aux activités du groupe.
Nous ne pouvons en tout cas accepter de supprimer une mesure qui nous semble faire partie de l'ensemble des dispositions qui, dans ce projet de loi, visent à instaurer plus de transparence et à permettre une plus grande indépendance de nos sociétés audiovisuelles.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je soutiens cet amendement, parce que la disposition ajoutée par l'Assemblée nationale est un coup d'épée dans l'eau. Ou bien l'on ne veut pas, comme Mme Pourtaud, que les sociétés de ciment, de travaux publics, de distribution d'eau, participent à ces opérations, ou bien l'on fait jouer la liberté du commerce et de l'industrie ! Mais demander que le CSA, autorité certes importante mais qui n'a un caractère ni parlementaire ni gouvernemental, impose à une société une structure particulière, c'est vraiment farfelu.
C'est la raison pour laquelle je soutiens complètement la position de la commission des affaires culturelles.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Vous êtes même d'accord pour aller plus loin !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 36, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 18, modifié.

(L'article 18 est adopté.)

Article additonnel après l'article 18



M. le président.
Par amendement n° 217, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 18, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 33-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, il est inséré un article 33-2-A ainsi rédigé :
« Art. 33-2-A. - Tout éditeur d'un service ayant conclu une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel conformément à l'article 33-1, peut proposer à un distributeur de services d'intégrer dans son offre de services de communication audiovisuelle mise à la disposition du public le service conventionné dont il est l'éditeur. Sa demande est adressée conjointement au distributeur de services et au Conseil supérieur de l'audiovisuel.
« Le distributeur de services est tenu de répondre à la demande qui lui est adressée dans un délai de deux mois. Sa réponse doit être motivée notamment en cas de refus de diffusion ou de distribution du service. Elle est adressée à l'éditeur du service ainsi qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel.
« Sur la base des motivations de la réponse du distributeur de services, le Conseil supérieur de l'audiovisuel dispose d'un délai d'un mois, à compter de la réception de celle-ci, pour saisir le Conseil de la concurrence.
« Le Conseil de la concurrence se prononce, dans un délai d'un mois, sur la conformité de la réponse motivée du distributeur de services aux dispositions des articles 7 et 8 de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement vise à prévenir les risques d'abus de position dominante sur le câble ou sur le satellite.
Nous savons tous ce qui s'est passé pour le groupe NRJ : son projet de télévision NRJ-TV s'est heurté aux difficultés que rencontre tout éditeur indépendant pour la diffusion de ses programmes sur les bouquets satellitaires ou câblés, car les actionnaires desdits bouquets, actionnaires par ailleurs de sociétés qui diffusent et qui produisent des programmes, ont effectivement tendance à privilégier systématiquement leurs propres programmes au détriment de ceux de leurs concurrents.
Nous pensons aussi qu'il est nécessaire de permettre l'accès des éditeurs indépendants à la diffusion sur les bouquets satellitaires numériques.
Pour pallier ce risque permanent, il serait utile de pouvoir intégrer les négociations entre les éditeurs indépendants et les diffuseurs de services dans un cadre permettant de veiller à ce que les conditions d'une concurrence loyale soient bien respectées. Dans la mesure où les négociations ne peuvent pas se dérouler entièrement sous la surveillance d'une instance de contrôle, il serait possible de mettre en place un système permettant de vérifier que les motivations de refus de diffusion des programmes indépendants sont bien conformes au principe de pluralisme protégé par le CSA et aux dispositions des articles 7 et 8 de l'ordonnance de 1986.
Telle est l'ambition de ce dispositif, qui permet de ne pas bouleverser les structures existantes en plaçant les éditeurs de programmes en situation de contrôler leur diffusion en France tout en veillant à prévenir les risques d'abus de position dominante liés à cette concentration verticale.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission a décidé de laisser aux distributeurs de services la liberté d'organiser leur offre sous réserve de diffuser un nombre minimal de services indépendants.
Nous émettons donc un avis défavorable à l'adoption de cet amendement, qui est contradictoire avec cette position.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je partage tout à fait le souci de Mme Pourtaud : il faut permettre à tous les éditeurs d'être diffusés par les distributeurs de services. Je diffère cependant sur les modalités proposées à cette fin et le dispositif de l'amendement me paraît trop complexe, dans la mesure où il associe à la fois l'éditeur, le distributeur, le CSA et le Conseil de la concurrence.
Vous le savez, le projet de loi prévoit un dispositif garantissant la présence des chaînes indépendantes au sein de toutes les offres de programmes. En outre, pour le câble, il complète les instruments dont dispose le CSA pour apprécier les modifications des plans de services.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'aller au-delà, dans la mesure où un éditeur qui se verrait refuser un accès à un bouquet dispose toujours des moyens de droit commun, à savoir le Conseil de la concurrence lui-même et le juge judiciaire.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 217.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. J'observe que l'avis défavorable de la commission est fortement modulé dans la mesure où chacun s'accorde à reconnaître que le distributeur doit laisser un libre accès à des éditeurs indépendants au sein du bouquet.
Mme le ministre nous dit que, lorsque l'éditeur se voit refuser l'accès à tel ou tel bouquet - ou à tous les bouquets, comme cela a été le cas à de nombreuses reprises au cours des dernières années - plusieurs recours sont possibles. Toutefois, apparemment, il ne doit pas y avoir autant de recours que cela, puisque ces recours ont finalement échoué sur nos bureaux ! Nous avons ainsi tous été saisis par les mêmes personnes qui ont rencontré des problèmes identiques, ne pouvant faire diffuser leurs programmes alors que, dans le même temps, étaient diffusées des émissions qui, il faut le reconnaître, madame le ministre, ne donnent pas beaucoup de travail à la production audiovisuelle française.
Il y a là une certaine contradiction, que nous regrettons tous. C'est pourquoi, même si c'est rare, je suis favorable à l'adoption de l'amendement n° 217 de Mme Pourtaud. Je ne pense d'ailleurs pas que ma position soit en opposition totale avec celle de la commission, qui considère cet amendement un peu compliqué. Toutefois, monsieur le rapporteur, d'ici à la deuxième lecture, nous aurons le temps de modifier ce dispositif !
Les distributeurs doivent, en tout cas, faire une place aux éditeurs indépendants, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Nous le prévoyons dans la loi !
M. Michel Pelchat. Peut-être, mais si vous voulez que le Parlement réaffirme cette volonté, il me semble bon qu'il attire l'attention du CSA sur ces problèmes.
Même si le dispositif de l'amendement de Mme Pourtaud est un peu compliqué, il est nécessaire de mettre fin à la situation que nous connaissons actuellement avec la répétition incessante des rediffusions, ce qui ne fait pas travailler la production audiovisuelle. Et, pendant ce temps, les éditeurs ne trouvent pas de débouché.
Face à cette injustice, marquons notre volonté de changement et pensons à l'avenir de notre production.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 217, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 18.

Article 19



M. le président.
« Art. 19. _ L'article 41-4 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 41-4 . _ En cas de notification au titre de l'article 40 de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence, le ministre chargé de l'économie saisit le Conseil de la concurrence de toute concentration et de tout projet de concentration concernant un éditeur ou un distributeur de services de communication audiovisuelle. Dans ce cas, le Conseil de la concurrence recueille l'avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel et, à cet effet, lui communique toute saisine relative à de telles opérations. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel transmet ses observations au Conseil de la concurrence dans le délai d'un mois suivant la réception de cette communication.
« Le Conseil de la concurrence recueille également l'avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel sur les pratiques anticoncurrentielles dont il est saisi dans le secteur de la communication audiovisuelle. Il lui communique, à cet effet, toute saisine sur de telles affaires. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel lui transmet ses observations dans le délai d'un mois suivant la réception de cette communication.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel saisit le Conseil de la concurrence de tout fait susceptible de constituer une pratique anticoncurrentielle au sens du titre III de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 précitée dont il a connaissance dans le secteur de la communication audiovisuelle. »
Par amendement n° 37, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 41-4 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 :
« Lorsque le Conseil de la concurrence est saisi, en application de l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence, de concentrations ou de projets de concentration intervenant dans le secteur de la communication audiovisuelle, il recueille l'avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Le Conseil de la concurrence communique, à cet effet, au Conseil supérieur de l'audiovisuel toute saisine relative à de telles opérations. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel transmet ses observations au Conseil de la concurrence dans le délai d'un mois suivant la réception de cette communication. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'article 19 du projet de loi attribue au Conseil de la concurrence une compétence de droit commun que la loi de 1986 ne lui reconnaît actuellement pas en matière de contrôle des concentrations économiques dans le secteur de la communication audiovisuelle.
Cette disposition est conforme à une proposition du rapport du groupe de travail de la commission, publié en décembre dernier. Toutefois, le texte adopté par l'Assemblée nationale impose au ministre de l'économie et des finances de saisir le Conseil de la concurrence quand une opération de concentration lui a été notifiée, mais pas dans le cas inverse.
Cette distinction se comprend mal et il est préférable d'en revenir au droit commun pur et simple.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. On ne peut considérer que la communication audiovisuelle entre dans le droit commun des concentrations tant que perdure un dispositif anticoncentration spécifique à ce secteur, ce qui est nécessaire pour la sauvegarde du pluralisme, principe de valeur constitutionnelle.
C'est la raison pour laquelle je ne suis pas favorable à cet amendement, qui tend à supprimer la saisine automatique du CSA par le Conseil de la concurrence : il est nécessaire que ce dernier puisse tenir compte des avis du CSA lorsqu'il statue en matière de concurrence et de concentration.
Le système tel qu'il a été modifié par l'Assemblée nationale permet de mieux respecter les deux objectifs que sont le bon fonctionnement de la concurrence et le pluralisme.
Je voudrais souligner à nouveau, à cet égard, mon opposition à toute une série de dispositions qui recueillent la faveur du Sénat - en tout cas de sa commission des affaires culturelles - et qui visent à restreindre le pouvoir de régulation du CSA. Si nous voulons nous exprimer sur le numérique hertzien, penser au développement des programmes, des bouquets satellitaires, à la présence d'opérateurs nouveaux et d'éditeurs indépendants, il nous faut, me semble-t-il, faire le choix de la cohérence en permettant au CSA de juger et d'être présent dans l'évolution de l'économie du secteur.
Supprimer les possibilités d'articulation entre le CSA et le Conseil de la concurrence favorise incontestablement une meilleure intégration du secteur audiovisuel dans le droit commun. Toutefois, cette solution ne prend pas en compte les problèmes qui se posent pour garantir le bon exercice de la régulation et pour respecter le nécessaire pluralisme.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 37.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. Ce débat me déconcerte quelque peu car il semble que la commission soit revenue au texte initial du Gouvernement, tandis que vous, madame la ministre, défendez le texte adopté par l'Assemblée nationale. Je suis donc un peu étonné.
Toutefois, comme, en matière de concurrence, on oscille entre le Conseil de la concurrence et le Conseil de l'audiovisuel, tout est possible...
Je voterai le texte de la commission parce que je le trouve tout à fait convenable vis-à-vis de la concurrence. Toutefois, le texte de l'Assemblée nationale évoquait clairement les problèmes de concentration concernant un distributeur ou un éditeur. Or, dans l'ensemble de ce texte, on ne fait pas assez la distinction - qui sera de plus en plus nécessaire, compte tenu du développement d'Internet et de toutes les méthodes modernes - entre les éditeurs et les diffuseurs.
Comme l'a dit tout à l'heure notre collègue M. Pelchat, il est très important de bien séparer la fonction d'éditeur et celle de distributeur, car c'est si une concentration les rassemble un jour que nous aurons des difficultés en matière de concurrence et de transparence.
Par conséquent, j'aimerais que M. le président ou M. le rapporteur de la commission nous précise que, dans son esprit, l'amendement va bien dans le sens de ce que souhaitait l'Assemblée nationale, a savoir que le conseil de la concurrence puisse être saisi chaque fois qu'un projet de concentration interviendra soit dans le secteur de l'édition, soit dans celui de la distribution, soit - ce serait encore plus grave - lors d'une opération de contraction entre l'édition et la distribution.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. M. Fourcade nous a parfaitement compris. Il vient d'expliciter ce que, implicitement, nous comprenons dans cet amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 19, ainsi modifié.

(L'article 19 est adopté.)

Chapitre II

Dispositions concernant l'édition
et la distribution de services audiovisuels

Article additionnel avant l'article 20



M. le président.
Par amendement n° 38, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, avant l'article 20, un article additionnel ainsi rédigé :
« Avant le dernier alinéa de l'article 26 de la même loi, il est inséré deux alinéas ainsi rédigés :
« Le Conseil supérieur de l'audivisuel attribue en priorité à la société mentionnée au premier alinéa de l'article 44 l'usage de la ou des fréquences nécessaires pour la mise à disposition du public de deux offres nationales de services de communication audiovisuelle diffusée par voie hertzienne terrestre. Chacune de ces offres pourra comprendre un ou plusieurs services locaux diffusés dans une zone délimitée.
« Le Conseil peut en outre attribuer à la société mentionnée au premier alinéa de l'article 44, éventuellement en partage avec un ou plusieurs éditeurs de services autres que nationaux autorisés en application de l'article 30, l'usage de la fréquence ou des fréquences nécessaires pour la mise à disposition du public d'une offre de services locaux de communication audiovisuelle par voie hertzienne terrestre. Le Conseil fixe dans un cahier des charges les conditions, notamment techniques et financières, dans lesquelles la société mentionnée au premier alinéa de l'article 44 partage, le cas échéant, avec un ou plusieurs éditeurs de services autres que nationaux autorisés en application de l'article 30 l'usage de la fréquence ou des fréquences mentionnées au présent alinéa. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 249, présenté par M. Joyandet, et tendant, dans le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 38, après les mots : « par voie », à insérer le mot : « numérique ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 38.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit du premier amendement visant à insérer le régime juridique de la diffusion numérique de terre dans la trame de la loi de 1986.
Cet amendement prévoit l'attribution à France Télévision de deux multiplex numériques sur les six qui devraient être lancés. Cela permet de diffuser une douzaine de services.
En outre, l'amendement vise à permettre au CSA de confier à France Télévision le rôle de distributeur d'un autre multiplex, qui sera réservé aux services locaux, France 3 partageant les canaux de diffusion avec des services locaux indépendants.
Il s'agit de réserver à la communication locale un espace dans le numérique hertzien de terre.
M. le président. La parole est à M. Joyandet, pour défendre le sous-amendement n° 249.
M. Alain Joyandet. Il s'agit d'un sous-amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ce sous-amendement ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission a émis un avis défavorable sur ce sous-amendement, qui lui a paru redondant avec le texte de l'amendement n° 38. Aussi demande-t-elle à son auteur de bien vouloir le retirer.
M. Alain Joyandet. J'en suis d'accord.
M. le président. Le sous-amendement n° 249 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 38 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. C'est l'amendement qui, sur une des questions essentielles, la place du service public, ouvre notre débat sur le numérique de terre.
Monsieur le rapporteur, nous devons bien être conscients que ce débat ne pourra se conclure aujourd'hui.
En effet, si je suis convaincue qu'une priorité pour le service public serait justifiée pour l'attribution des fréquences numériques, je ne suis pas sûre qu'il appartienne à la loi de répartir d'emblée la quantité de canaux qui lui seront attribués.
Je note, à cet égard, que le rapport de M. Hadas-Lebel suggère plutôt, en cette matière, de conserver, pour le numérique hertzien, le mécanisme existant d'attribution prioritaire de fréquences aux chaînes publiques, ainsi que la fixation par décret du cahier des charges des chaînes publiques numériques.
C'est sans doute par erreur que cet amendement confie ce cahier des charges au CSA, alors qu'en matière de service public la définition des tâches ne peut être dissociée des moyens de financement public qui leur sont attribués. Cela méritera d'être précisé à l'occasion des navettes parlementaires.
De manière plus générale, je veux saluer le travail exploratoire auquel la commission et, au premier chef, son rapporteur se sont livrés. Leurs propositions, les premières réflexions dont je vous ferai part à leur égard, le rapport Hadas-Lebel et toutes les riches contributions professionnelles qui l'ont précédé constitueront la base des propositions que je ferai, au nom du Gouvernement, et que nous examinerons ensemble en seconde lecture.
D'ores et déjà, je souhaite présenter les objectifs que se fixe le Gouvernement en matière de numérisation de la diffusion terrestre de la télévision.
Est d'abord prévu, pour l'ensemble des foyers français, un élargissement de l'offre de programmes, en particulier pour les foyers qui ne peuvent, pour des raisons techniques ou économiques, s'abonner au câble ou au satellite. C'est le premier objectif. Le numérique terrestre pourra leur apporter de nouvelles chaînes, mais aussi faire accéder un plus grand nombre d'entre eux à d'autres services de la société de l'information, en particulier interactifs.
C'est indéniablement un progrès non seulement pour la télévision, mais aussi au regard de l'accès à tous les nouveaux services que pourra offrir ce nouveau mode de diffusion.
Deuxième objectif : favoriser le développement de l'expression locale et associative, dont nous parlions à l'instant. Le numérique terrestre ne sera pas et ne doit pas être un prétexte pour retarder le lancement de télévisions locales analogiques. Il constituera toutefois, dans un proche avenir, un support particulièrement adapté pour ces chaînes.
Troisième objectif : la qualité et la diversité des programmes sur le numérique terrestre. Nous les assurerons à la fois par le renforcement de notre secteur public et par le développement de nos industries de programmes. Sans doute des mesures d'accompagnement seront-elles nécessaires. J'ai demandé au CNC d'étudier cette question.
Quatrième objectif : permettre à nos industriels de confirmer leur compétitivité sur les marchés internationaux, à l'heure des grands mouvements, dans un domaine où ils ont su acquérir des positions particulièrement enviées. Je pense notamment à Thomson Multimédia.
Cinquième objectif : une meilleure utilisation du spectre, avec la libération à terme des fréquences utilisées par la diffusion analogique.
Ces objectifs seront atteints tout en veillant au respect de deux conditions essentielles : d'une part, l'équilibre du paysage audiovisuel, équilibre entre câble et satellite, gratuit et payant, opérateurs historiques et nouveaux entrants, télévisions nationales et offres locales ; d'autre part, le respect strict des grands principes qui fondent notre droit de l'audiovisuel.
La sauvegarde du pluralisme, l'égalité de traitement, la qualité et la diversité des offres de programme, le développement de la production et de la création audiovisuelles sont autant de principes qui seront réaffirmés et mis en oeuvre avec force. Ils seront à la base des critères de sélection, par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, des candidats aux ressources en fréquences.
Le numérique terrestre ne doit pas conduire à une refonte de notre droit de la communication, voire à une déréglementation, souhaitée par certains à l'étranger, et même parfois dans notre propre pays. Il nécessite simplement que soient apportées des adaptations au cadre juridique existant pour tenir compte de certaines spécificités, notamment techniques, et des objectifs que se fixe le Gouvernement après cette très large consultation.
Je ne pense pas que nous puissions aller beaucoup plus loin aujourd'hui. Nous devons maintenant, à partir de la synthèse des contributions de l'ensemble des professionnels et des particuliers qui ont répondu au Livre blanc ou se sont exprimés, prendre le temps nécessaire aux décisions politiques et à leur traduction juridique.
Je serai, bien évidemment, particulièrement attentive aux propositions et aux réflexions du Sénat, dont nous aurons l'occasion de débattre à l'occasion de l'examen de chacun des amendements.
Mais, je l'ai déjà dit, en particulier à M. le rapporteur, nous avons besoin, après la remise du rapport de M. Hadas-Lebel, de tenir un certain nombre de réunions interministérielles décisives sur différents sujets pour préparer l'examen en deuxième lecture et finaliser les dispositions.
Cela étant, je le répète, les propositions du Sénat ont été analysées. Je les commenterai en détail de manière à favoriser l'évolution positive de ce débat.
Pour ce qui est de l'amendement n° 38, le Gouvernement émet un avis défavorable.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je conçois, madame le ministre, que, face aux mesures que nous proposons et qui permettent le lancement du numérique hertzien, vous ayez le souci prudent de vouloir confronter les différentes données, tout en accélérant peut-être la réflexion puisque désormais ces données sont rassemblées. Je note d'ailleurs que l'ensemble de la réflexion sur le projet de loi de communication audiovisuelle a toujours bénéficié d'un calendrier favorisant la prudence.
Nous vous remercions de nous avoir transmis très rapidement le rapport de M. Hadas-Lebel, dont nous saluons également la célérité, même si nous ne pouvons que regretter que le mandat qui lui a été donné l'ait été dans des conditions telles que son travail n'a pas pu nourrir suffisamment la préparation de ce premier échange parlementaire.
J'ai écouté avec la plus grande attention la description du cadre général que vous proposez pour l'épanouissement du numérique hertzien terrestre français. J'y ai vu le signe de convergences futures avec nos propres réflexions lors de la deuxième lecture.
Nous chercherons toutefois à être plus positifs que vous, qui, au fond, tout en saluant courtoisement notre réflexion, avez laissé entendre qu'elle était totalement aux antipodes de vos attentes. Je crois pouvoir vous prouver le contraire au cours du débat.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 38.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Je tiens à dire à la Haute Assemblée que le groupe socialiste a choisi d'attendre de connaître les propositions précises du Gouvernement, et donc l'examen de ce projet en deuxième lecture, pour se prononcer sur l'organisation du paysage numérique hertzien dans notre pays.
Au cours de la discussion générale, nous avons rappelé quelques principes, comme vient de le faire Mme la ministre. En l'instant, nous nous abstiendrons sur chacun des amendements, dans la mesure où nous pensons qu'il faut étudier un système cohérent et non pas procéder par touches sans avoir connaissance du dispositif d'ensemble.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Pour ma part, je voterai cet amendement. Certes, j'en ai conscience, il ne figurera pas sous cette forme dans le texte qui sera finalement adopté, mais il aura marqué la volonté qu'a notre assemblée de voir le service public fortement présent dans les multiplex qui seront accordés à l'occassion du développement du numérique hertzien.
En fait, tout cela a un coût. On le sait, le numérique hertzien ne desservira, malheureusement, que 60 % à 70 % des téléspectateurs métropolitains. Au-delà, les coûts deviennent exponentiels.
Il se posera donc un grave problème : d'une part, on sera obligé, pour certaines fréquences - il y aura six fréquences par multiples, je le rappelle - de trouver un financement complémentaire, la redevance n'y suffisant pas ; d'autre part, il faudra consentir d'énormes efforts et faire preuve d'une sacrée motivation pour essayer de porter à son maximum le taux de population desservie. Plus il y aura de multiplex, desservant 60 % à 70 % de la population, plus on creusera l'écart entre ceux qui recevront une quantité infinie de chaînes et de services, et ceux qui n'y auront pas accès.
Au-delà des problèmes techniques, au-delà des problèmes liés au mode d'attribution, soit par multiplex, soit par fréquence, se repose donc le grave problème de l'équipement de notre territoire. Si l'on met fortement l'accent sur le développement et la présence du service public - ce à quoi tend le présent amendement - on incite le Gouvernement mais aussi - pourquoi pas ? - les régions et les collectivités territoriales à faire un important effort d'équipement et d'aménagement du territoire. En tout cas, on mobilise tous les moyens potentiels de la nation afin que tous nos concitoyens soient traités de manière équitable s'agissant de ces nouveaux services de télévision numérique hertzienne.
Voilà ce que je tenais à dire. Je n'interviendrai pas sur les autres amendements, je voulais simplement, sur cette question un peu générale, de fond, manifester notre volonté de voir le secteur public très fortement présent sur le numérique hertzien.
Je me permets d'insister sur le principe de l'égalité de nos concitoyens à l'accès aux services qui seront diffusés largement par ce nouveau procédé.
Par ailleurs, qui et comment va-t-on financer l'équipement nécessaire si l'on veut couvrir 90 % de notre territoire ? Selon les techniciens, compte tenu de la géographie française, ce sont des centaines de millions, voire des milliards de francs qu'il faudra investir. Cette dimension doit être prise en compte et le secteur public est bien armé pour cela.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je voterai aussi avec beaucoup de certitude l'amendement proposé par la commission des affaires culturelles. Je regrette, madame le ministre, mais chacun est dans son rôle, la prudence avec laquelle vous abordez la question du numérique.
Je sais que le rapport Hadas-Lebel existe puisque le président de la commission me l'a montré avant-hier à vingt-deux heures trente-cinq, alors que je m'exprimais à la tribune.
Nous ne devons pas faire preuve de prudence excessive, madame le ministre !
C'est comme si nous débattions en ce moment du code de la route et que vous nous proposiez de nous arrêter aux calèches !
Madame le ministre, vous l'avez dit dans votre intervention générale, le numérique existe depuis de nombreuses années. Je suis issu de la presse écrite. Cela fait dix ans que l'on sait que le numérique va changer la communication dans son ensemble. Nous l'avons dit les uns et les autres : le numérique est une voie universelle. Ce n'est pas l'alpha et l'omega de la communication. Cela ne changera rien pour le moment au contenu. Cela permet en particulier de répondre à de lancinantes questions qui sont celles des zones d'ombre ; c'est une obsession que tout parlementaire devrait avoir puisque l'on doit assurer une couverture du territoire national équitable.
Le numérique permet de disposer de télévisions de proximité, d'ouvrir des fréquences à des télévisions associatives, de mettre en place l'interactivité et la convergence des médias. Comment voulez-vous que, à peu près normalement constitué, je refuse un amendement novateur et d'anticipation ?... On nous demande d'attendre la deuxième, voire la troisième lecture, les calendes grecques, 2002, le renouvellement ... Non, ce soir, tout de suite !
M. Jean-Pierre Fourcade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. Madame la ministre, je comprends très bien votre prudence, mais je crois que l'amendement de la commission présente nombre d'avantages, même s'il faudra l'améliorer en fonction des résultats obtenus.
Dans ce domaine de la communication, nous avons été beaucoup trop longtemps à la remorque des techniciens qui nous ont fait gaspiller de l'argent et faire des bêtises considérables.
La commune que j'ai eu l'honneur d'administrer pendant vingt ans, Saint-Cloud, a été l'une des communes pilotes du plan câble. Aujourd'hui, ce réseau ne fonctionne pas. Pourtant, les personnels de France Télécom avaient à l'époque estimé que ledit réseau était le fin du fin. Nous avons un réseau merveilleux qui ne marche pas.
Au niveau de l'utilisateur, la bataille actuelle entre le satellite, le câble et la ligne téléphonique est rude. Or l'ensemble de nos concitoyens ne comprend rien à cette bataille, ponctuée de communiqués triomphants : demain, nous sera servi le branchement sur Internet gratuit ; après-demain, nous bénéficierons d'un système forfaitaire, etc. Aujourd'hui, se met en place une technique nouvelle, le numérique hertzien terrestre, qui va compléter le câble, la ligne téléphonique et le satellite. Pour une fois, il serait bon que le Parlement précède les experts, malgré tout ce que l'on peut entendre.
Je relève deux points intéressants dans l'amendement de la commission.
Premièrement, il vise à donner sa place dès le départ au secteur public. Cela me paraît une indication essentielle à fournir à tous les opérateurs. Il se trouve qu'aujourd'hui j'administre une ville placée au coeur du secteur audiovisuel et que je suis environné d'opérateurs de toutes nationalités et de toutes capacités qui sont en train de faire des trous, de passer des câbles partout, de créer des systèmes. Je suis environné de satellites, de câbles, etc.
Vis-à-vis des opérateurs, il me paraît bon de dire que la volonté du Parlement est de réserver dans le futur au numérique hertzien terrestre un certain nombre de possibilités - chiffrées à deux, mais ce peut être une ou trois, le problème n'est pas là - pour que le secteur public audiovisuel ait sa place dans cette nouvelle technologie qui ne doit pas être complètement abandonnée aux opérateurs privés.
Deuxièmement, je crois qu'il est important d'indiquer que la télévision locale pourra bénéficier de cette nouvelle technologie. Il est essentiel de régler ce problème. Il n'a pu l'être lors du démarrage du câble pour des raisons de coût, d'insuffisance d'abonnés, parce que c'était trop difficile... Là, on aura un véhicule pour les télévisions locales, d'agglomération, régionales, dans des conditions que notre ami M. Pelchat a parfaitement définies. C'est une deuxième indication donnée aux opérateurs futurs tant publics que privés.
Madame la ministre, je comprends que vous vouliez attendre le rapport. Mais on a tellement fait faire de rapports, il y a tellement eu d'experts qui se sont prononcés, on a tellement perdu d'argent avec le premier plan câble, on a tellement installé de prises qui ne serviront jamais à rien, on a tellement gaspillé d'argent que, pour une fois où le Parlement est en avance, il faut le suivre et suivre le rapporteur et la commission. Nous verrons bien si en deuxième lecture ou en troisième lecture, il conviendra de modifier quelques points de détail. Mais compte tenu de la complexité du paysage audiovisuel actuel, il est essentiel que le Parlement indique lui-même un certain nombre de directions, un certain nombre d'orientations. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR).
M. Louis de Broissia. Bravo !
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je voterai cet amendement, tout en étant convaincu qu'il faudra modifier les dispositions qu'il préconise au cours de la navette.
Pourquoi vais-je le voter ? D'abord, pour les raisons qui ont été brillamment exposées par notre collègue Jean-Pierre Fourcade. Je considère, en effet, qu'un signal fort est donné de notre volonté de voir le service public être parmi les premiers à disposer des moyens nécessaires et, par conséquent, de cette ressource la plus rare qui soit, c'est-à-dire les fréquences pour pouvoir développer de la télévision hertzienne terrestre.
Il n'était pas évident, d'ailleurs, qu'il faille donner des fréquences supplémentaires, notamment une deuxième. Mais il est affiché que le service public doit avoir des fréquences. Par ailleurs, il est affiché aussi qu'au niveau régional il doit également en avoir.
Cela étant, Mme le ministre est tout à fait dans son rôle et elle a raison. Il existe des quantités de questions à résoudre, y compris celle des délais nécessaires pour que, par exemple, les câblo-opérateurs ou les opérateurs de satellite puissent véritablement trouver un équilibre financier. Il ne faut donc pas se précipiter.
Il est essentiel aussi que l'expérimentation, notamment par France Télévision, puisse être mise en avant, si nous voulons que le service public continue à jouer un rôle et tenir une place importante en ce domaine.
Comme l'ont fait remarquer M. Michel Pelchat et M. Louis de Broissia, il est certain que cela implique des moyens. Les moyens peuvent aussi être réunis aux termes du texte de l'amendement, qui dispose que, dans certains cas, cela peut être fait en liaison avec d'autres opérateurs.
Des ouvertures importantes sont donc possibles et c'est un signal fort. Le Sénat s'honorerait de donner ce signal fort, quitte, après approfondissement de la réflexion, au cours de la navette, à voir comment il convient de modifier ce texte. Je le répète, je voterai l'amendement de la commission.
M. Henri Weber. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Weber.
M. Henri Weber. Je comprends bien la nécessité de donner des signaux forts mais j'ai le sentiment que les rapports qui viennent d'être publiés, aussi bien le rapport Cottet-Eymery que le rapport Hadas-Lebel, dont je n'ai pas encore pris connaissance, traduisent cette volonté de passer en numérique terrestre.
Personnellement, je comprends la démarche de Mme le ministre et sa prudence parce que - cela a souvent été dit dans la discussion générale - nous sommes là dans un domaine où non seulement les technologies sont en évolution extrêmement rapide mais sont souvent contradictoires. Ne nous racontons pas d'histoire ! En développant massivement le numérique hertzien, on porte un second coup au câble. Le câble, on l'a déjà coulé une fois en multipliant les chaînes. Et on irait le couler une deuxième fois, alors qu'il redémarre ?
Comme vous tous, nous avons auditionné des câblo-opérateurs. Ils nous ont expliqué qu'une fois de plus nous menons une guerre de retard, que l'avenir est au câble, l'avenir est au grand débit. C'est là-dessus, selon eux, qu'il faut faire porter l'effort. Selon eux, nous nous trompons de bataille et nous allons compromettre une deuxième fois ce qui est la technologie d'avenir. Ont-ils tort, ont-ils raison ? Je n'en sais rien, en tout cas cela mérite d'être très sérieusement considéré.
Même chose, nous avons rencontré des responsables de start-up qui nous ont dit que nous étions dans une nouvelle révolution satellitaire. Vous le savez très bien, monsieur Laffitte, dans deux ans on va commercialiser des satellites à basse altitude qui seront capables de réceptionner sur une plaque pas plus grosse que cela plusieurs centaines de chaînes de télévision. (L'orateur brandit un document de format A4.)
Souvenez-vous à l'inverse que, il y a trois ans, on nous expliquait que le numérique hertzien c'était du « pipeau » et qu'il allait rejoindre toutes sortes d'inventions, D2 Mac et autres, dans le musée des horreurs de la technocratie française !
Autrement dit, il y a dans ces domaines non seulement une grande célérité technique, mais aussi une réelle incertitude et des effets de mode.
Le fait de prendre son temps, de réfléchir, de mener des concertations, je ne crois pas que ce soit du luxe. En conséquence, je pense que notre position est sage qui consiste à suivre ce que préconise le Gouvernement, c'est-à-dire attendre d'être en possession d'un ensemble cohérent de propositions concernant les modalités de mise en oeuvre du numérique de terre. Alors, on pourra les discuter avec la réflexion nécessaire. En attendant, nous nous abstiendrons.
M. Alain Joyandet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet. Compte tenu des évolutions technologiques qui viennent d'être évoquées, si l'on attend toujours la prochaine, finalement, on ne fait jamais rien. Cela fait un certain nombre d'années que l'on ne fait rien parce que l'on attend toujours les évolutions technologiques et que les politiques sont les otages des techniciens.
M. Henri Weber. Souvenez-vous du Minitel !
M. Alain Joyandet. Il me semble que cet amendement ouvre une voie nouvelle très intéressante. Ce sera, semble-t-il, un vrai coup de pied dans la fourmilière, c'est un renoncement au conservatisme.
Je m'étonne d'ailleurs que le groupe de gauche du Sénat ne soit pas plus hardi, lui qui essaie toujours de dépeindre la droite comme un rassemblement de gens qui reculent et la gauche comme une équipe qui avance.
Je regrette que, sur ce sujet, la gauche ne soit pas plus ouverte, quitte d'ailleurs - nous l'entendons depuis avant-hier - à revoir le dispositif en deuxième lecture puisque nous sommes ici uniquement pour parler de la deuxième lecture ! Je pense d'ailleurs que l'on aurait dû procéder comme pour le Congrès et que l'on aurait dû repousser ce projet de loi à un peu plus tard puisque rien n'est prêt !
Autant donc se prononer sur la base des travaux de la commission. Cela me rappelle ce qui s'est passé avec les radios dans les années quatre vingt. Souvenez-vous, on ne faisait rien pour ouvrir la FM compte tenu des conservatismes et des intérêts ambiants.
M. Henri Weber. C'est nous qui l'avons ouverte !
M. Alain Joyandet. Cela m'étonne d'autant plus que c'est vous...
Mme Danièle Pourtaud. Cela fait plaisir à entendre !
M. Alain Joyandet. ... qui avez, à un moment donné, cédé à la pression, car nous ne faisions rien. Que s'est-il passé ? Etant donné qu'un certain nombre de personnes qui avaient décidé de faire de la radio ont été traduites devant les tribunaux - et un certain nombre de vos amis dont les plus illustres - on a fini par faire une loi, en se disant qu'il serait peut-être bon que ceux qui ont fait de la radio en premier ne soient pas tous traduits devant les tribunaux.
Voilà comment cette loi a été faite dans la douleur ! Les politiques n'ont pas anticipé ; ils ont, une fois de plus, couru derrière. Voilà pourquoi on essaye aujourd'hui de rectifier le paysage radiophonique ! Pour une fois, les politiques anticipent sans inventer des choses très dangereuses. Il suffit de regarder ce qui se passe à l'étranger.
Cela me paraît particulièrement intéressant. En effet, c'est un coup de pied dans la fourmilière ; c'est facile à faire car, sur le plan technique, ce n'est pas un second plan câble ; c'est aisé, sur le plan financier, car cela ne représente pas un effort énorme ; enfin, ce sera vraiment un marché très important pour la création, car cela introduira de la production supplémentaire,...
Mme Danièle Pourtaud. Espérons !
M. Alain Joyandet. ... ce qui est une bonne chose pour l'industrie française, qui risquerait d'être à la traîne.
Cela dit, madame le ministre, je comprends les dangers ; c'est pourquoi, dans sa sagesse légendaire, la commission a clairement dit qu'il sera tenu compte, bien entendu, de ce qui se passera à l'occasion de la deuxième lecture. En effet - vous avez évoqué le problème à juste titre, madame le ministre -, le numérique terrestre hertzien va ouvrir une possibilité à de nouveaux producteurs.
Tout à l'heure, vous vouliez obliger - nous vous avons d'ailleurs un peu suivie sur ce sujet - les bouquets de satellites actuels à s'ouvrir sur de nouveaux programmes. Le numérique terrestre hertzien va justement permettre une telle ouverture.
D'où le problème de l'équité : il faut accueillir des opérateurs nouveaux, tout en ne remettant pas en cause ceux qui existent.
Enfin - et c'est peut-être le problème qui vous préoccupe le plus, ce que je comprends - comme notre collègue M. Pelchat l'a très bien dit, face à ce futur paysage, on ne peut que s'interroger sur le coût. Vous avez levé les bras au ciel, madame le ministre, quand certains ont parlé, lors de la discussion générale, des milliards de francs dont il faudrait doter notre service public. Les 2,5 milliards de francs que vous lui accorderez pour compenser le manque à gagner dans le domaine de la publicité ne suffiront pas !
Si le Sénat, par le biais de la commission des affaires culturelles, réussit à ouvrir la télévision au numérique hertzien - ce qui constituerait, d'une certaine manière, un petit acte historique, en tout cas cela a été considéré comme tel dans d'autres pays européens - j'en serais très heureux. La commission des affaires cuturelles pose clairement le problème et sera attentive à ce qui se passera lors de la navette.
C'est un beau jour pour le Sénat, qui anticipe sur un sujet essentiel touchant à la vie de tous nos concitoyens au lieu d'être à la traîne, et c'est pourquoi je voterai avec beaucoup de bonheur cet amendement de la commission.
M. Ivan Renar. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Historique, mon cher collègue Alain Joyandet, mais pourquoi nous limiter à deux offres seulement ? Il me semble qu'il s'agit en quelque sorte d'un amendement faux ami. Ce qui est à craindre, c'est qu'au terme de l'aventure la part du pauvre soit laissée au secteur public, comme on l'a vu dans des expériences précédentes.
Les raisons évoquées par Mme la ministre et les explications données par les sénateurs, à droite comme à gauche, montrent que, s'il est nécessaire de prendre une décision à l'occasion de cette loi, sa mise en oeuvre demandera un long travail, travail que la deuxième lecture nous permettra de faire. Je suis par conséquent d'accord avec mes collègues du groupe socialiste, qui vont s'abstenir, pour prendre la mesure du nouveau paysage, pour évaluer les décisions à prendre, leur ampleur, mais surtout pour éviter de tomber dans la précipitation, car si les victoires historiques existent, il existe aussi des défaites historiques !
M. Gérard Collomb. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Collomb.
M. Gérard Collomb. Selon nos collègues, il y aurait deux catégories de sénateurs : ceux qui veulent entrer dans le numérique hertzien et les rétrogrades qui ne le veulent pas. Mais ce que l'on nous propose, ce n'est pas seulement l'entrée dans le numérique hertzien, ce sont les modalités d'entrée !
M. Ivan Renar. Voilà !
M. Gérard Collomb. Quand on met bout à bout l'ensemble des amendements, on s'aperçoit qu'on ne nous propose qu'un certain type d'entrée dans le numérique hertzien. (Marques d'approbations sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
De plus, les intérêts sont extrêmement contradictoires, avec la possibilité, selon les cas, d'avantager soit ceux qui sont déjà présents sur le marché, soit ceux qui ne le sont pas encore. On a reçu, par exemple, des gens qui, aujourd'hui, ne sont pas du tout présents sur le marché de la télévision, mais qui se disent que, pour eux, c'est une chance historique d'essayer de briser ce que j'appelais tout à l'heure le segment oligopolistique de l'audiovisuel et d'introduire un peu de concurrence sur le marché.
Tel est le véritable problème qui impose que l'on ait une vue d'ensemble et que l'on n'agisse pas au coup par coup, avec pour perspective un paysage que serait entièrement déterminé.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'ambition du Sénat en la matière - mais peut-être dois-je pour l'instant limiter cette ambition à la commission - est de prendre ses responsabilités dans le cadre strict de ses compétences.
Notre rôle n'est pas de construire le secteur économique du nouveau numérique hertzien terrestre. En effet, nous nous positionnons à l'égard d'autres acteurs dont nous ne sous-estimons pas la mission. Ainsi, la mission essentielle du Gouvernement, madame la ministre, est de définir l'ambition nationale en matière de développement audiovisuel et - pourquoi pas ? - de stimuler l'engagement des grands opérateurs dans cette voie.
Bref, marquer le lancement opérationnel du numérique hertzien n'est pas la mission du Sénat.
Ce secteur économique et industriel démarrera lorsque les opérateurs le décideront dans la logique du développement de leur entreprise. Nons n'avons pas l'outrecuidance de prétendre lancer le numérique hertzien terrestre. Nous faisons, avec nos amendements, une démarche que seule le Parlement peut faire : définir le cadre juridique des initiatives qui se feront jour. Mais ce n'est pas le départ des concrétisations elles-mêmes. Je prendrai un simple exemple.
Si les télévisions d'agglomération sont autorisées depuis la loi de 1986, ce n'est que récemment que les opérateurs ont estimé économiquement possible et intéressant leur lancement. L'important, c'est d'anticiper afin que le cadre juridique soit déjà fixé...
M. Alain Joyandet. Tout à fait !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. ... et que les droits, les devoirs et les orientations aient été arrêtés en amont.
On nous fait le procès de vouloir, dans notre précipitation, pousser à l'opérationnel. Nous voulons simplement, madame la ministre, dans les limites de notre mission législative, ne pas rater un défi historique. A nous de définir le plus tôt possible le cadre juridique afin de permettre à ceux qui le veulent de s'investir.
Ce que nous croyons avoir compris, c'est que le Gouvernement prend son temps pour se prononcer sur la définition de l'ambition nationale en la matière, sur le choix des dates de diffusion simultanée en analogique et en numérique, de la date à partir de laquelle le numérique remplacera l'analogique dans le secteur de l'audiovisuel.
Que chacun prenne ses responsabilités et qu'on ne nous reproche pas, à nous parlementaires, de nous positionner - comme toujours le droit par rapport aux évolutions - en amont de l'opérationnel dans le secteur des nouvelles technologies ! En la matière, le Sénat prouve qu'il prend ses responsabilités dans le cadre strict de ses compétences !
M. Jack Ralite. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite. D'abord, que la France ait un certain retard, c'est évident. Mais ce n'est pas la faute du Gouvernement actuel. Combien de fois, au cours des débats qui se sont déroulés ici, avons-nous dit qu'il fallait s'occuper de ces questions ! Pourtant, comme soeur Anne, on n'a pas vu le numérique venir ! (Sourires.) Plusieurs orateurs ont toutefois produit des documents importants et utiles.
Dans tous les débats relatifs à la télévision ou aux nouvelles technologies, la question se pose de savoir si les évolutions vont entraîner une dérégulation ou, au contraire, élargir une régulation respectueuse des oeuvres, des hommes et des femmes.
A l'automne dernier, à l'occasion des rencontres cinématographiques de Bonn organisées par l'Association des auteurs, réalisateurs, producteurs, l'ARP, le représentant du cinéma américain, par ailleurs homme très compétent, nous a dit : « On vous concède la régulation a minima pour ce qui existait, mais, pour l'arrivée, pas de régulation du tout ! »
M. Fourcade a évoqué le règne des ingénieurs. Si je comprends bien, sous ce règne, vous êtes embêtés ; nous, qui ne le connaissons pas, nous sommes tout aussi embêtés !
Il faut en sortir sur ces questions. Mais nous ne sommes pas des ingénieurs, nous sommes des politiques. C'est pourquoi je n'ai fait que des remarques politiques, et c'est pourquoi l'exposé de Mme la ministre, qui est assez complet, n'est pas un exposé traduisant de la prudence ; c'est un exposé faisant preuve de responsabilité, tant publique, sociale, nationale qu'internationale. Parce qu'elle a joué le rôle que l'on connaît sur ces questions, aussi bien à Seattle que dans les instances européennes ou à l'UNESCO, avec cinquante-trois ministres de la culture, tout à coup nous serions prêts ?
Avant de tirer un coup de feu, il faut quand même s'assurer qu'on le tire dans le bon sens ! Ce n'est donc pas de la prudence, c'est simplement un appel à l'approfondissement de ces questions.
Quand la deuxième lecture interviendra-t-elle ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Fin février.
M. Jack Ralite. Rendez-vous compte !
Combien y a-t-il de jours cette année en février ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Vingt-neuf !
M. Jack Ralite. Nous disposerons même d'un jour de plus !
Cela nous donne un mois de réflexion supplémentaire. On l'a tous dit dans nos discours : il est urgent de prendre la décision nationale d'entrer dans le numérique. Politiquement, si le Sénat en fait un voeu général, je vote, et même des deux mains. Mais je suis d'accord avec mon collègue M. Collomb : quand on réunit les amendements, cela donne un tricot dont je ne voudrais pas ! Ce soir, nous ne sommes pas prêts, même si nous voulons aller vite.
Je terminerai par une citation extraite d'un ouvrage sur les dernières technologies : « L'histoire de l'art n'est pas celle du pinceau. » Je voudrais qu'on manie bien les deux. Si les poils sont un peu mélangés, il faut les nettoyer !
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Tout le monde a bien compris que nous étions à un moment très important du débat et, en tant que président de la commission des affaires culturelles, je souhaite, madame la ministre, mes chers collègues, intervenir brièvement.
Je tiens tout d'abord à remercier Mme la ministre de nous avoir communiqué le rapport de M. Hadas-Lebel dès qu'il lui a été remis, c'est-à-dire à la veille de l'ouverture de ce débat. En parcourant ce rapport - je ne peux pas dire que je l'ai étudié à fond, ce ne serait pas honnête - je n'ai pas trouvé d'opposition de fond entre les propositions qui y sont faites et celles de la commission des affaires culturelles.
Qu'il me soit permis de formuler quelques remarques sur les interventions, toutes intéressantes, qui ont été faites, même si elles concluent à des votes différents.
M. Weber a soulevé des problèmes d'ordre technique si complexes que je ne vois pas comment le Gouvernement pourrait être beaucoup plus éclairé dans un mois que maintenant, même si l'année est bissextile. (Sourires.) Je ne crois vraiment pas que les réponses aux questions que vous avez posées, mon cher collègue, soient très faciles à apporter !
Madame la ministre, il faudra bien que vous preniez une position politique, et je rejoins en cela les propos de notre collègue M. Ralite : nous devons prendre une position politique. Mais mon cher collègue Collomb, une position politique ne se borne pas à une simple position de principe ! Comment entrer dans le numérique sans commencer à en dessiner les modalités ?
M. Henri Weber. C'est de cela que l'on parle !
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. C'est en tout cas ce qu'essaie de faire le Sénat, et je me réjouis que M. Fourcade et M. Laffitte, ainsi que M. le rapporteur aient insisté sur les deux principes fondamentaux sur lesquels s'appuie l'amendement de la commission.
Il s'agit, premièrement, de la place accordée au service public, aux chaînes du secteur public. A ce propos, je ne comprends pas bien la remarque de M. Renar puisqu'on leur réserve trois multiplex, dont un à partager avec les chaînes locales.
Il s'agit, deuxièmement, de la place réservée aux chaînes locales. On sait, les spécialistes ici présents l'ont rappelé, qu'une législation en la matière est très attendue et qu'il nous faut saisir l'occasion qui nous est donnée.
Enfin, je terminerai mon intervention par une remarque en forme de questions.
Madame la ministre, de quoi aurait l'air le Sénat si nous n'avions pas pris d'initiative dans ce domaine ? Que dirait-on à l'extérieur ? Que diraient ceux qui liront le compte rendu de nos débats ? Devions-nous faire comme si le sujet n'existait pas, comme si le problème n'était pas à traiter ? Impossible !
Je ne veux pas croire, madame la ministre, que vous souhaitiez réserver la primeur des propositions gouvernementales à une autre assemblée. Non, vous n'avez pas eu le temps, après le dépôt du rapport, d'élaborer des propositions suffisamment étudiées. Vous vous êtes donc contentée de rappeler quelques grands principes, sur lesquels nous sommes tous d'accord. Je suis certain, d'ailleurs, que si l'intention du Gouvernement avait été celle que j'évoquais nos collègues socialistes auraient voté avec nous, car ils n'auraient pas pu accepter, non plus que nos collègues Ivan Renar et Jack Ralite, que le Sénat soit traité de la sorte.
Non, vraiment, le Sénat ne pouvait pas ne pas prendre position sur un sujet pareil. Notre position est politique, et c'est bien ce qui fait la dignité de notre assemblée ; c'est bien ce qui fait la force du vote que nous allons émettre.
C'est la raison pour laquelle, je demande, monsieur le président, au nom de la commission des affaires culturelles, que le Sénat se prononce par un scrutin public sur cette affaire importante. (Applaudissemnts sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. J'ai entendu les arguments des uns et des autres. Il était normal que l'examen de cet amendement proposé par la commission des affaires culturelles soit l'occasion pour chacun de définir la position qu'il allait prendre. Pour ma part, j'ai expliqué celle du Gouvernement.
Evidemment, avant que tout le système soit élaboré, je ne suis pas en mesure de donner un avis favorable sur cet amendement, mais la proposition du Sénat existe et elle sera nécessairement prise en compte.
Voilà maintenant des mois que chacun travaille sur cette question du numérique mais, avant de faire quelque proposition que ce soit, il était indispensable d'en vérifier la faisabilité auprès de ceux qui sont directement concernés, qu'il s'agisse des chaînes du secteur public ou, bien évidemment, des diffuseurs privés.
Ainsi, je voudrais attirer votre attention sur les données financières, par exemple. Décider par le biais de cet amendement de l'attribution de trois multiplex aux chaînes du service public, d'abord cela fait beaucoup par rapport au paysage existant, même si le troisième multiplex est consacré aux chaînes locales, ensuite et surtout cela représente un coût. Or je souhaite qu'au sein du Gouvernement les décisions soient prises en tenant compte des modalités financières.
Je souhaite que l'ouverture du numérique hertzien n'entraîne pas une fragilisation au moment où nous devons nous battre contre une forte concurrence internationale dans l'ensemble de notre paysage. Nous devons établir un dispositif, le jouer comme un atout, vérifier qu'il marche, et à partir de là nous engager. C'est ce qui fait l'objet des vérifications actuelles.
M. le président de la commission a souligné que le dépôt de ce rapport était intervenu juste à l'ouverture du débat. J'ai souhaité le mettre à votre disposition le plus rapidement possible, comme d'ailleurs à celle du rapporteur et du président de la commission de l'Assemblée nationale.
Si nous avons procédé ainsi, c'est parce que nous pensons qu'il faut respecter le temps de la concertation. Or, on ne peut lancer une concertation, solliciter l'avis de nombreux intervenants et dire : eh bien, maintenant, on va se décider sans tenir compte de ce que vous pensez et de votre stratégie.
Cette période de concertation a été extrêmement positive. Elle a permis de vérifier un certain nombre d'analyses antérieures et d'en modifier d'autres. Je crois qu'en tous points elle était indispensable. Nous pouvons maintenant, au terme de cette concertation, envisager de présenter nos propositions à l'Assemblée nationale et au Sénat pour la deuxième lecture.
Cela ne signifie pas que ce qui a été voté sera annulé. Non ! Mais certaines dispositions seront fortement modifiées, d'autres pourront être aménagées. C'est ainsi que les choses vont avancer.
Pour aujourd'hui, lors de mes prochaines interventions sur les amendements concernant le numérique, je ne manquerai pas de préciser chaque fois si les dispositions proposées me semblent inenvisageables ou si elles peuvent être retenues comme contribution à la réflexion en cours.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi de deux demandes de scrutin public émanant l'une de la commission des affaires culturelles, l'autre du groupe du RPR.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 33:

Nombre de votants 312
Nombre de suffrages exprimés 219
Majorité absolue des suffrages 110
Pour l'adoption 214
Contre 5

Le Sénat a adopté. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

7

MODIFICATION DE L'ORDRE DU JOUR


M. le président. M. le président a reçu de M. le ministre des relations avec le Parlement une lettre en date de ce jour par laquelle le Gouvernement, en accord avec la commission des affaires culturelles, inscrit la suite de la discussion du projet de loi relatif à la liberté de communication, actuellement en cours de discussion, à la séance du mercredi 26 janvier, qui s'établirait désormais comme suit :
A quinze heures et le soir :
- proposition de loi relative à la création d'un Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale ;
- suite du projet de loi modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication ;
- proposition de loi relative aux trésors nationaux.
L'ordre du jour de la séance du mercredi 20 janvier est ainsi modifié.

8

NOMINATION DE MEMBRES
DE COMMISSIONS


M. le président. Je rappelle au Sénat que le groupe du Rassemblement pour la République a présenté des candidatures pour la commission des affaires culturelles, la commission des affaires économiques et du Plan et la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Le délai d'une heure prévu par l'article 8 du règlement est expiré.
La présidence n'a reçu aucune opposition.
En conséquence, je déclare ces candidatures ratifiées et je proclame :
- M. Roger Karoutchi pour siéger à la commission des affaires culturelles, en remplacement de M. Jean Bernard, démissionnaire ;
- M. Paul Dubrule pour siéger à la commission des affaires économiques et du plan, en remplacement de M. Xavier Dugoin, démissionnaire ;
- M. Jean Bernard pour siéger à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, en remplacement de M. Charles Pasqua, démissionnaire de son mandat de sénateur ;
- M. Xavier Dugoin, pour siéger à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, en remplacement de M. Alain Peyrefitte, décédé.

9

LIBERTE DE COMMUNICATION


Suite de la discussion d'un projet de loi


M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi (n° 392, 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 20.

Article 20



M. le président.
« Art. 20. _ L'article 27 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "ou par satellite" sont supprimés ;
« 2° Le 3° est remplacé par quatre alinéas ainsi rédigés :
« 3° La contribution des éditeurs de services au développement de la production, notamment de la production indépendante à leur égard, d'oeuvres cinématographiques et audiovisuelles ainsi que la part de cette contribution ou le montant affectés à l'acquisition des droits de diffusion de ces oeuvres sur les services qu'ils éditent, en fixant, le cas échéant, des règles différentes pour les oeuvres cinématographiques et pour les oeuvres audiovisuelles ;
« 4° La cession des droits de diffusion, selon les différents modes d'exploitation, et la limitation de la durée de ces droits lorsqu'ils sont exclusifs ;
« 5° Le régime de diffusion des oeuvres cinématographiques de longue durée, et en particulier la fixation d'un nombre maximal annuel de diffusions et de rediffusions et la grille horaire de programmation de ces oeuvres ;
« 6° La contribution à la recherche et à la formation en audiovisuel.;
« 3° A l'avant-dernier alinéa, les mots : "a lieu par voie hertzienne terrestre ou par satellite, selon qu'elle" sont supprimés. »
Par amendement n° 188, le Gouvernement propose, au début du troisième alinéa du 2° de cet article, de remplacer les mots : « La cession » par les mots : « L'acquisition ».
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Cet amendement apporte une amélioration rédactionnelle : l'obligation pesant sur les éditeurs et non sur les producteurs, il est préférable de viser l'acquisition de droits et non leur cession.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Favorable, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 188, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 39, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose :
I. - De supprimer le dernier alinéa (6°) du 2° de l'article 20.
II. - En conséquence, à la fin du premier alinéa du 2° de cet article, de remplacer les mots : « quatre alinéas ainsi rédigés : » par les mots : « trois alinéas ainsi rédigés : ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'amendement n° 39 vise à supprimer la contribution à la formation et à la recherche dans le domaine audiovisuel imposée par l'Assemblée nationale aux services de radios et de télévisions diffusées par voie hertzienne terrestre. Rien ne justifie que l'on impose aux diffuseurs cette mission, qui relève d'ailleurs de l'INA.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je n'ai bien évidemment pas d'opposition à ce que les chaînes privées contribuent à la recherche et à la formation dans le domaine audiovisuel, mais j'ai le souci d'éviter toute confusion avec des missions qui sont en effet propres à l'INA.
La formulation retenue pourrait de surcroît laisser entendre que l'obligation impose une contribution financière analogue à celle qui est prévue en matière de production au même article.
Je m'en remets donc à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Ivan Renar. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 20, modifié.

(L'article 20 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 20



M. le président.
Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° 128 est présenté par M. Pelchat.
L'amendement n° 140 est déposé par M. Bernard.
L'amendement n° 158 rectifié est présenté par MM. Ralite, Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous trois tendent à insérer, après l'article 20, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le troisième alinéa de l'article 27 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Les oeuvres audiovisuelles européennes comprennent les oeuvres musicales européennes diffusées dans les émissions réalisées en plateau ; »
La parole est à M. Pelchat, pour présenter l'amendement n° 128.
M. Michel Pelchat. Cet amendement reprend un amendement qui avait déjà été adopté - à l'unanimité - par notre assemblée lors de l'examen, le 14 novembre 1995, d'un projet de loi relatif à la transposition en droit interne de la directive européenne Télévision sans frontières, projet de loi qui nous était présenté par M. Douste-Blazy.
Nous avions alors demandé au Gouvernement que l'on inclue dans les oeuvres francophones les parties musicales, notamment, pour les émissions de plateau.
Vous savez, mes chers collègues, que la directive Télévision sans frontières prévoit la diffusion de 40 % d'oeuvres nationales et de 60 % d'oeuvres européennes. Nous avons porté à 50 % le pourcentage d'oeuvres nationales, mais, au rebours de ce qui se pratique ailleurs, dans notre pays, les émissions de stocks ne sont pas prises en compte, ce qui exclut toutes les émissions de plateau, qui sont considérées dans leur intégralité comme des émissions de flux.
Je n'y suis pas du tout opposé, mais je souhaiterais que les séquences musicales francophones intégrées dans les émissions de plateau soient retenues au titre des oeuvres audiovisuelles, car elles sont de véritables oeuvres.
Il s'agit bien d'émissions de stock, et c'est pourquoi, deux jours après notre assemblée, l'Assemblée nationale votait, elle aussi à l'unanimité, l'amendement que je reprends aujourd'hui, lequel, madame la ministre, n'a pas perdu son intérêt.
Il faut en effet que les parties musicales soient retenues comme des oeuvres et comptabilisées comme telles dans les quotas de diffusion, pour donner un regain, sur nos chaînes publiques mais peut-être aussi sur les chaînes privées, aux émissions de variétés. On sait combien de jeunes interprètes et de jeunes auteurs-compositeurs elles ont lancés ! L'impact de la télévision est en effet dix fois plus fort que celui des radios. Il suffit pour s'en convaincre d'observer le bond que font les ventes des disques lorsque la publicité est télévisée.
Gilbert et Maritie Carpentier ne produisent plus, et c'est fort dommage, d'émissions pour la télévision, mais s'ils n'ont pas de successeurs connus aujourd'hui, c'est seulement parce que les émissions de variétés ont pratiquement disparu de nos plateaux. En les faisant revivre, on favorisera la création dans la chanson, on aidera à faire connaître de jeunes interprètes et auteurs-compositeurs et on enrichira nos écrans de télévision grâce à des émissions de variétés de qualité, ce qui est fondamental pour l'avenir de la culture française.
M. le président. L'amendement n° 140 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Renar, pour défendre l'amendement n° 158 rectifié.
M. Ivan Renar. Notre amendement vise, à l'identique de celui de M. Pelchat, à intégrer dans les quotas de diffusion entrant dans le décompte des obligations en matière de musique les émissions réalisées sur les plateaux de télévision.
Les émissions de plateau, qui incluent aussi bien les variétés que la musique classique, n'entrent pas dans ce décompte et sont, de ce fait, les grandes absentes de la télévision publique. C'est un handicap, étant donné le formidable vecteur que représente la télévision, pour les jeunes talents en particulier.
Notre amendement reprend en outre une disposition adoptée, M. Pelchat l'a dit, à l'unanimité par notre Haute Assemblée le 14 novembre 1995 et correspond donc à un souhait très fort.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 128 et 158 rectifié ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Nous comprenons bien l'objet de ces amendements identiques mais ils posent un problème sérieux. En effet, si la notion d'oeuvres audiovisuelles inclut toutes les émissions réalisées en plateau dès lors que des oeuvres musicales y sont intégrées, les diffuseurs pourront respecter les quotas en diffusant exclusivement des émissions de variétés ou n'importe quelles émissions, de jeu par exemple, comprenant des oeuvres musicales européennes.
M. Ivan Renar. Ah non !
M. Michel Pelchat. Qui a inventé cela ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. C'est notre crainte, mes chers collègues.
M. Michel Pelchat. Ce n'est pas mon amendement !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Nous serions alors, chacun le comprend bien, assez loin du souci qui a inspiré la définition des quotas d'oeuvres européennes, lesquels visent avant tout à favoriser la création et la diffusion d'oeuvres de fiction, c'est-à-dire les émissions de stock par rapport aux émissions de flux que sont les émissions de plateau.
Je crois, mes chers collègues, que le souci tout à fait légitime de favoriser la diffusion de musiques européennes devrait pouvoir être satisfait par d'autres moyens.
La commission est donc défavorable aux amendements identiques n°s 128 et 158 rectifié.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. L'avis du Gouvernement rejoint celui de la commission.
Je ne peux suivre M. Pelchat dans son raisonnement. Depuis 1989, la directive européenne permet de faire entrer les émissions de plateau dans la définition des oeuvres. Toutefois, nous n'avons jamais choisi, vous le savez, d'utiliser cette possibilité car nous défendons, sur le plan européen et sur le plan international, une conception patrimoniale plus ambitieuse de l'oeuvre audiovisuelle. Inclure dans cette définition tout ou partie des émissions de plateau, c'est pervertir l'obligation de quotas de diffusion dans la mesure où ces émissions sont presque systématiquement nationales. Surtout, c'est permettre aux chaînes de respecter les quotas sans diffuser de la fiction.
M. Michel Pelchat. Ce n'est pas vrai !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je ne pense franchement pas que l'on puisse mettre sur le même plan la diffusion d'une chanson, quelle qu'en soit la qualité - ne voyez là aucun mépris - dans une émission de variétés et la diffusion d'une fiction lourde.
Je suis donc défavorable aux amendements identiques n°s 128 et 158 rectifié.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 128 et 158 rectifié.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Je veux tenter d'amener la commission à rectifier son avis et m'assurer que j'ai été compris par elle. Je pense avoir été mieux compris du Gouvernement, mais je n'en suis pas sûr.
Mon amendement, monsieur le rapporteur, ne vise pas l'intégralité d'une émission de plateau. C'est clair !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Oui.
M. Michel Pelchat. C'est pourtant ce que vous lui avez reproché et c'est pourquoi je me permets cette mise au point.
Dans ces émissions de variétés, seules les parties musicales doivent être retenues, soit, pour une émission d'une heure, trois, quatre ou cinq fois trois minutes.
Vous connaissez la raison pour laquelle les émissions de variétés ont disparu des écrans de télévision : elles n'ont pas la même audience que les fictions. La raison est là, et, derrière cette raison, il y a un problème financier, ce qui n'engage pas les exploitants, y compris publics, des réseaux de télévision à hâter le retour des variétés.
Cependant, si l'on reconnaît aux parties musicales la qualité d'oeuvres, il n'y aura pas de distorsion entre la position de la France et celle de nos partenaires. Je soutiens personnellement et totalement la position de la France : les oeuvres diffusées doivent être comptabilisées non pas à la façon de nos partenaires européens mais comme nous le faisons en France, c'est-à-dire en ne prenant en compte que les oeuvres de stock. Cependant, dès lors que les parties musicales sont bien des oeuvres de stock, elles ont un nouvel intérêt économique pour les chaînes tant privées que publiques, et c'est une incitation de nature à favoriser le retour sur nos écrans des émissions de variétés dans le cadre desquelles pourront s'exprimer les artistes, auteurs-compositeurs et interprètes. Pour ces derniers comme pour le disque français, cette évolution sera incontestablement positive, et elle le sera aussi pour les téléspectateurs pour lesquels les émissions de variétés seront un plaisir retrouvé ! On le sait, lorsqu'elles sont bonnes, ces émissions obtiennent beaucoup de succès mais, pour être reconnues, il faut qu'elles fassent leurs preuves.
Ce n'est pas par hasard si les deux assemblées ont voté à l'unanimité ce texte en 1995 : leur position était tout à fait réfléchie. Ce soir, il mérite d'être à nouveau adopté car sa portée est très importante pour la télévision, publique ou privée, pour nos artistes et pour nos créateurs.
M. Ivan Renar. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Je crains moi aussi qu'il n'y ait eu un contresens. Pour ma part, je vise la jeune création dans le domaine de la musique, qu'elle soit symphonique ou de variétés. Dans quelle catégorie classer les oeuvres musicales télévisées ? Ces amendements identiques sont tout à fait de bon sens. Je me félicitais qu'il y en ait trois : j'étais persuadé qu'ils feraient l'objet d'un consensus général et je suis très étonné.
M. Michel Pelchat. Moi aussi !
M. Ivan Renar. M. Pelchat l'a rappelé, voilà quatre ans et demi, nous étions unanimes, dans les deux assemblées, à voter en faveur de cette conception des oeuvres...
M. Michel Pelchat. Ce n'était pas un hasard !
M. Ivan Renar. ... qui concernait non pas seulement les fictions - les feuilletons et les films - mais aussi les oeuvres musicales. Il s'agit bien d'oeuvres !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Voter ces amendements aurait pour effet de fragiliser le système des quotas de diffusion car on ne peut pas comptabiliser des chansons en tant qu'oeuvres audiovisuelles...
M. Michel Pelchat. A la seconde près !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. ... au sens où nous les entendons en vue de soutenir la production audiovisuelle.
Telle n'était peut-être pas l'intention des auteurs de cet amendement. En tout cas, la conséquence de celui-ci est claire. Il me semble contradictoire avec l'action de défense que nous continuons de mener, parfois face à des pays moins déterminés que nous, pour maintenir les quotas. Je voulais tout de même vous rendre attentifs à cet aspect.
M. Ivan Renar. Je vais devoir casser ma guitare pour jouer dans les téléfilms ! (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 128 et 158 rectifié, repoussés par la commission et par le Gouvernement.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. Par amendement n° 40, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, après l'article 20, un article additionnel ainsi rédigé :
« A l'avant-dernier alinéa de l'article 27 de la même loi, après les mots : "de la part des usagers," sont insérés les mots : "selon qu'elle est effectuée par un procédé analogique ou par un procédé numérique". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec les précédentes dispositions relatives au numérique hertzien. Il vise à permettre au décret fixant les obligations de services de radio et de télévision diffusés par voie hertzienne terrestre de comporter des dispositions spéciales pour les services diffusés en numérique. C'est donc un relais par rapport à l'ensemble des amendements concernant le numérique.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. J'ai bien compris l'intention de M. le rapporteur. S'agissant du développement du numérique de terre, il est en effet essentiel que la multiplication des canaux soit source d'un renforcement du potentiel économique et créatif de la production audiovisuelle, et non d'une uniformisation des contenus.
Il n'y a aucune raison pour remettre en cause les mécanismes incitatifs existants : quotas de diffusion ou obligations de production. Je voudrais signaler au Sénat que j'ai demandé à mes services d'engager la discussion avec les producteurs et les diffuseurs pour savoir quel type d'adaptation sera nécessaire pour le numérique. Je pense notamment à d'éventuelles modulations dans la période de montée en charge dont la loi devra prévoir le principe, comme le suggère d'ailleurs le rapport de M. Hadas-Lebel.
En attendant ces précisions, je le regrette, mais je ne peux qu'émettre un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 20.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à dix-neuf heures cinquante, est reprise à vingt-deux heures cinq, sous la présidence de M. Gérard Larcher.)

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 20 bis.

Article 20 bis



M. le président.
« Art. 20 bis . - L'article 71 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 71 . - Les décrets prévus aux articles 27 et 33 précisent les conditions dans lesquelles une oeuvre cinématographique ou audiovisuelle peut être prise en compte au titre de la contribution d'un éditeur de service à la production indépendante, selon les critères suivants :
« 1° La durée de détention de droits de diffusion par l'éditeur de service ;
« 2° L'étendue des droits secondaires et des mandats de commercialisation, détenus directement ou indirectement par l'éditeur de service ;
« 3° La nature et l'étendue de la responsabilité du service dans la production de l'oeuvre.
« Ces décrets prennent également en compte les critères suivants, tenant à l'entreprise qui produit l'oeuvre :
« 1° La part, directe ou indirecte, détenue par l'éditeur de service au capital de l'entreprise ;
« 2° La part, directe ou indirecte, détenue par l'entreprise au capital de l'éditeur de service ;
« 3° La part, directe ou indirecte, détenue par un actionnaire ou un groupe d'actionnaires à la fois au capital de l'éditeur de service et au capital de l'entreprise ;
« 4° Le contrôle exercé par un actionnaire ou un groupe d'actionnaires à la fois sur l'éditeur de service et sur l'entreprise. »
« 5° La part du chiffre d'affaires ou le volume d'oeuvres réalisé par l'entreprise avec l'éditeur de service.
« Ces décrets fixent les critères mentionnés au présent article retenus pour les oeuvres cinématographiques et ceux retenus pour les oeuvres audiovisuelles et déterminent leurs modalités d'application. »
Par amendement n° 218, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger ainsi le 1° du texte présenté par cet article pour l'article 71 de la loi du 30 septembre 1986 :
« 1° La durée maximale de détention de droits de diffusion par l'éditeur de service qui ne saurait excéder trois ans. »
La parole est à M. Weber.
M. Henri Weber. Nous avions souligné, au cours de la discussion générale, les difficultés et les problèmes de la production française audiovisuelle, en particulier télévisuelle.
Les raisons de ces faiblesses et de ces difficultés sont multiples, mais l'une d'elles tient au fait que, face à 700 petites et moyennes entreprises de production, il n'y a, en France, que quelques diffuseurs, que quelques chaînes nationales.
Le développement, dans les prochaines années, du numérique hertzien notamment, sujet que nous avons abordé longuement cet après-midi, permettra certainement de surmonter cette difficulté. De nouveaux entrants - locaux, régionaux, thématiques - vont apparaître, ainsi que de nouvelles fréquences et de nouveaux canaux. En conséquence, la situation va s'améliorer à cet égard.
Cependant, pour que la multiplication des diffuseurs ait des effets bénéfiques sur la production, il faut mettre un terme à une certaine « viscosité » des droits et instituer ce que vous avez appelé, madame la ministre, la « fluidité » des droits. Le texte que vous nous proposez comporte un certain nombre de dispositions allant dans ce sens, en particulier sur les droits secondaires.
S'agissant de la durée des droits que les diffuseurs peuvent imposer dans une certaine négociation, si nous souhaitons bien évidemment qu'elle soit réglée sur le plan contractuel, nous considérons cependant que la loi doit fixer un maximum. Il est souhaitable en particulier - tel est l'objet de cet amendement - que la durée maximale de détention des droits de diffusion par l'éditeur de service soit de trois ans. En effet, on a pu déplorer des contrats véritablement léonins par lesquels l'éditeur de service s'arrogeait la souveraineté sur ces droits pendant cinq, six ou sept ans, voire plus de dix ans, une telle pratique entraînant un gel des oeuvres.
Si l'on veut que les oeuvres circulent et que se crée véritablement un second marché, une seconde fenêtre, il faut mettre un terme à cette pratique de gel des oeuvres résultant d'une durée excessive de la détention des droits par l'éditeur de service.
C'est la raison pour laquelle nous proposons, par l'amendement n° 218, que la durée maximale de détention des droits de diffusion par l'éditeur de service ne puisse excéder trois ans.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement. En effet, il lui paraît nécessaire que la loi renvoie à un décret le soin de fixer la durée maximale de détention des droits de diffusion, et ce, d'ailleurs, pour les raisons qui sont évoquées dans l'objet de l'amendement.
Pour autant, si le Gouvernement choisit cette voie réglementaire pour pouvoir adapter les règles en fonction des différentes catégories d'oeuvre - fictions, documentaires, animations - il a prévu dans la loi, comme vous l'avez rappelé, des dispositifs pour faciliter la fluidité des droits.
Fixer un délai maximal unique de trois ans dans la loi rigidifierait à l'excès, me semble-t-il, un domaine où les conditions de production diffèrent considérablement. Mais nous prendrons bien évidemment en compte dans le décret les éléments qui ont motivé le dépôt de cet amendement. Néanmoins, il est préférable d'en rester au décret plutôt que d'introduire cette disposition dans la loi.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 218.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. J'aimerais savoir, madame la ministre, si un délai maximal inférieur à trois ans vous paraît possible. Si oui, cela peut être intéressant ; si non, mieux vaudrait fixer dans la loi une durée maximale de trois ans ou la durée maximale qui vous semblerait judicieuse. On saurait alors à quoi s'en tenir, ce qui n'empêcherait pas qu'un décret puisse éventuellement prévoir des durées inférieures.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. S'il est possible, dans certains cas, de descendre en dessous d'une durée de trois ans, dans d'autres cas, il faut peut-être aller au-delà. Il nous faut disposer - tel est le souhait émis par nos interlocuteurs de la production - d'un système qui ne soit pas trop difficile à mettre en oeuvre et qui permette de s'adapter, sans trop de rigidités.
Je préférerais donc ne pas fixer une règle stricte qui empêcherait, par exemple, de disposer du degré de souplesse indispensable en fonction des oeuvres.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Trois ans, cela paraît quand même un grand maximum !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Dans certains cas, non ! Je pense que cela reflète la position d'une partie des professionnels, mais pas de tous.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Cet amendement va de toute façon, à mon avis, dans le bon sens, une durée de trois ans à partir de la première diffusion me paraissant quand même constituer un délai déjà fort important ; et vous serez certainement parfois amenée, madame le ministre, à prévoir des délais moins longs.
Vous dites que l'on ne vous laisse pas de marge de manoeuvre ; mais, malheureusement, vous le savez bien, vous n'êtes pas associée à toutes les négociations qui se déroulent, par exemple, dans le secteur privé, et qui, souvent, amènent à geler des oeuvres en empêchant leur fluidité, leur diffusion ou leur rediffusion par d'autres producteurs, qui peuvent être concurrents de celui qui les a éditées pour la première fois. Ce dernier essaiera bien sûr, surtout en présence d'oeuvres de bonne qualité, de les conserver pour son propre usage ; et il les reproduira ainsi une fois ou deux.
Je crois donc que tout cela milite en faveur d'une plus grande fluidité, et c'est tout l'intérêt de cet amendement. C'est cette fluidité qui permettra d'alimenter tous les programmes à venir.
En effet, on a beaucoup parlé du numérique hertzien, et nous y reviendrons tout à l'heure ; cela représente de très nombreux programmes qu'il faudra alimenter, ce qui ne pourra se faire qu'avec des premières diffusions d'oeuvres. Il faudra procéder à nombre de rediffusions, qui ne pourront pas toujours se faire au bénéfice des mêmes diffuseurs, de ceux qui ont produit les premières oeuvres. Il faudra donc bien que les oeuvres soient fluides pour irriguer l'ensemble des moyens de diffusion existants.
Voilà pourquoi cet amendement me paraît bon.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Comme mon collègue Michel Pelchat, je pense que cet amendement va dans le bon sens. Je crois que nous sommes tous d'accord. M. le rapporteur de la commission des affaires culturelles s'en est remis à la sagesse du Sénat. Or la sagesse s'oriente généralement vers le soutien d'une mesure souhaitable.
Comme cela est indiqué dans l'objet de l'amendement, certains contrats prévoient, pour « affamer » le marché, l'achat des droits pour sept ans, huit ans, voire dix ans.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Tout à fait !
M. Louis de Broissia. J'ai vu des contrats de ce genre, qui vont à l'encontre de ce que nous recherchons, à savoir, conformément à l'intitulé de ce projet de loi, la liberté de communication. Cette liberté passe par des mesures incitatives. Une durée maximale de détention des droits de diffusion par l'éditeur de service n'excédant pas trois ans me paraît de nature à permettre une saine régulation du marché.
Nous pourrons toujours préciser, dans cette deuxième lecture dont on parle tant depuis le début de la discussion, qu'il ne sera pas possible d'excéder trois ans sauf si un décret le précise. Quoi qu'il en soit, nous aurons l'occasion d'en reparler.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Sauf renouvellement !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Chacun le sait, certaines oeuvres relèvent de budgets d'investissement d'une tout autre ampleur. Or cet amendement présente l'inconvénient de considérer toutes les oeuvres de la même façon, quel que soit leur budget, quel que soit le taux des obligations.
Pourquoi prévoyons-nous un décret ? Parce que cela permet plus de souplesse car on peut ainsi s'adapter plus facilement à chaque situation concrète, en fonction de la durée, du taux des obligations mais aussi des parts de coproduction.
Nous devons préserver une possibilité de négociation et laisser le champ relativement ouvert. Sinon, en effet, tout le monde serait toisé à la même aune.
Je n'ai pas la volonté de rigidifier le système, mais je pense qu'il vaut mieux ne pas modifier la loi pour aboutir à une disposition inapplicable. Dans tout ce secteur, il y aura négociation, et la voie réglementaire ou l'accord professionnel interviendront, comme c'est le cas actuellement entre les diffuseurs et les professionnels du cinéma.
Plus j'avance dans la concertation avec les professionnels, plus je me rends compte que nous devons prendre vraiment en compte l'intérêt non seulement des producteurs mais aussi des diffuseurs.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Voilà !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Ce que j'envisageais en proposant des dispositions nouvelles sur la fluidité des droits dans ce projet de loi, c'est bien sûr de suivre le processus en recourant, après discussion et prise en compte de l'avis des professionnels, à la voie réglementaire en prenant un décret particulièrement adapté à la diversité de leurs situations.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Nous vous faisons confiance à vous, madame la ministre, mais après, peut-être moins !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 218, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 20 bis, ainsi modifié.

(L'article 20 bis est adopté.)

Article 21



M. le président.
« Art. 21. - L'article 28 de la même loi est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "ou par satellite" sont supprimés ;
« 2° Au 2° bis, les mots : "oeuvres musicales créées ou interprétées par des auteurs et artistes français ou francophones" sont remplacés par les mots : "oeuvres musicales d'expression française ou interprétées dans une langue régionale en usage en France" ;
« 3° Après le 7° , il est inséré un 7° bis ainsi rédigé :
« « 7° bis La contribution à la recherche et à la formation en audiovisuel ; ».
Par amendement n° 41, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit le 1° de cet article :
« 1° Le début du premier alinéa est ainsi rédigé :
« « I. - La délivrance des autorisations d'usages des fréquences pour chaque nouveau service de radiodiffusion sonore ou de télévision diffusé par voie hertzienne terrestre ; »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement n° 42, qui institue une obligation de conventionnement pour les services de radio et de télévision figurant dans les multiplexes numériques de terre et non conventionnés pour d'autres supports. Les autres services seront simplement soumis à une obligation de déclaration préalable auprès du CSA.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement. Je me suis expliquée tout à l'heure sur les dispositions qui ont trait au numérique.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 41, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les trois premiers amendements sont identiques.
L'amendement n° 129 est présenté par M. Pelchat.
L'amendement n° 141 est déposé par M. Bernard.
Enfin, l'amendement n° 159 est présenté par MM. Ralite, Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous trois ont pour objet de rédiger ainsi le troisième alinéa (2°) de cet article :
« 2° Le 2° bis est ainsi rédigé :
« 2° bis La proportion substantielle d'oeuvres musicales d'expression française ou interprétées dans une langue régionale en usage en France, qui doit atteindre un minimum de 40 % de chansons d'expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions, diffusées aux heures d'écoute significative par chacun des services de radiodiffusion sonore autorisés par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, pour la part de ses programmes composée de musique de variété.
« Par dérogation, le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut autoriser, pour des formats spécifiques, les proportions suivantes :
« - soit par les radios spécialisées dans la mise en valeur du patrimoine musical : 60 % de titres francophones, dont un pourcentage de nouvelles productions pouvant aller jusqu'à 10 % du total, avec au minimum un titre par heure en moyenne ;
« - soit pour les radios spécialisées dans la promotion des jeunes talents : 35 % de titres francophones, dont 25 % au moins au total provenant de nouveaux talents et 10 % de nouvelles productions, ».
Par amendement n° 219, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, après le 2° de cet article, d'insérer un 2° bis ainsi rédigé :
« 2° bis Dans le 2° bis, les mots : "devant atteindre avant le 1er janvier 1996 un minimum de 40 % de chansons d'expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions," sont remplacés par les dispositions suivantes :
« devant atteindre soit :
« - un minimum de 40 % de chansons d'expression française dont 20 % de ces chansons provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions,
« - un minimum de 60 % de chansons d'expression française dont 5 % de ces chansons provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions,
« - un minimum de 35 % de chansons d'expression française dont 25 % de ces chansons provenant de nouveaux talents, ».
La parole est à M. Pelchat, pour présenter l'amendement n° 129.
M. Michel Pelchat. Monsieur le président, je m'exprimerai en même temps au nom de mon collègue M. Bernard, qui est souffrant et qui n'a pu nous rejoindre ce soir pour défendre son amendement n° 141.
Ces amendements sont relatifs aux quotas radiophoniques de diffusion de chansons francophones et qui sont, je le rappelle, de 40 %, dont 20 % de jeunes talents et de nouvelles productions.
Certaines radios souhaitent se diversifier et, tout en s'appuyant sur ce format de 40 %-20 %, qui reste le point d'ancrage, la règle générale qui s'applique à tous, il serait bon qu'elles puissent passer avec le CSA une convention de dérogation exceptionnelle. Elles pourraient ainsi diffuser plus de chansons francophones et, à ce moment-là, rejoindre les radios de format « radio patrimoine », en prévoyant quand même un minimum de nouvelles productions pour éviter une dérive jusqu'à 100 % avec des disques de chanteurs plus ou moins anciens, ceux que l'on appelle les « gold » - même si je n'aime pas bien le terme, mais c'est le seul qui soit compris dans la profession.
De l'autre côté, toujours par dérogation signée par convention auprès du CSA, certaines radios pourraient se spécialiser davantage dans l'expression de jeunes talents, de jeunes espoirs, en diffusant non pas 40 % mais 35 %, constitués de 25 % de jeunes talents et de 10 % de nouvelles productions, les jeunes talents émergeant de la première catégorie pour rejoindre la seconde permettant une transition : ces radios leur auraient permis d'être lancés, de vendre deux fois cent mille disques.
Mais ce n'est pas parce qu'ils auront vendu deux fois cent mille disques qu'ils seront des artistes confirmés et des auteurs ou des compositeurs ! Ces radios « jeunes » pourront donc consacrer ces jeunes talents tout juste sortis de cette catégorie.
Nous prévoyons donc deux catégories exceptionnelles, en confirmant le système des 40 % dont 20 %.
L'une des deux catégories est, je le reconnais, un peu compliquée à déchiffrer, et je vais donc vous donner quelques mots d'explication : les 60 % de titres francophones seront accompagnés de nouvelles productions pouvant aller jusqu'à 10 %, avec au moins un titre par heure en moyenne. En effet, les radios concernées passent entre dix et seize disques par heure. Or il est évident que, suivant le nombre de disques qu'elles diffusent, le quota d'une oeuvre par heure est variable. Voilà pourquoi nous avons visé une moyenne, pour que, dans le cadre de la négociation avec le CSA, celui-ci retienne 6 %, 7 % ou 8 % de nouvelles productions dans l'ensemble de ces 60 %.
La disposition que je vous présente a reçu l'avis favorable de l'ensemble de la profession, bien que celle-ci ait souvent des intérêts divergents, des représentants des artistes aux diffuseurs et aux radios qui se consacrent à ce type de format en passant par les producteurs.
Sur ces bases, mon collègue M. Bernard et moi-même sommes donc arrivés à obtenir un accord de l'ensemble de cette chaîne, ce qui, convenez-en, n'était pas facile.
De même, nous avons enregistré un avis favorable du CSA, qui devra veiller à l'application de ces quotas dans le cadre de la négociation. Il est vrai que, un titre par heure, cela paraît très difficile à contrôler, mais il ne s'agit que d'une indication : la cote sera fixée entre 5 % et 10 % suivant le nombre de titres par heure que la radio diffuse.
Tout cela est un peu compliqué à expliquer en quelques minutes, mais je rappelle que l'amendement a obtenu l'avis favorable de toute la chaîne concernée par une disposition qui, je l'espère, viendra renforcer l'impact des quotas radiophoniques de chansons francophones, obtenus, je me plais à le rappeler, grâce à l'action de notre collègue Adrien Gouteyron, qui était partie prenante dans cette bataille voilà cinq ans ou six ans. Aujourd'hui, nous sommes ainsi le seul pays européen à compter, parmi les disques vendus, plus de 60 % d'oeuvres francophones. C'est la consécration d'une disposition législative que nous avions adoptée avec difficulté voilà six ans !
Nous vous proposons donc d'ajouter deux dispositions particulières à ce dispositif. Au demeurant, seules quelques radios sont concernées, puisqu'on n'en connaît actuellement que deux parmi les radios « patrimoine » - et je ne pense pas que de nouvelles radios émergent, les deux premières ayant un taux d'audience suffisamment important pour occuper largement cet espace - tandis que, pour ce qui est de la catégorie des 35 %, il n'y en n'a pas encore, mais une ou deux pourraient se consacrer à ce format tout à fait spécifique. Quoi qu'il en soit, l'une et l'autre devraient passer par une convention qui serait établie avec le CSA.
M. le président. L'amendement n° 141 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Ralite, pour défendre l'amendement n° 159.
M. Jack Ralite. Cet amendement se situe dans le même esprit que ceux qui viennent d'être défendus. Il vise à faire correspondre la politique des quotas de diffusion aux nouveaux modes de diffusion radiophonique, aux nouveaux formats de radio.
Le CSA doit pouvoir permettre, par dérogation, à des radios participant à la mise en oeuvre du patrimoine musical, de diffuser 60 % de titres francophones et un pourcentage de nouvelles productions pouvant aller jusqu'à 10 % du total.
Pour les radios spécialisées dans la promotion des jeunes talents, 35 % de titres francophones devraient être diffusés, dont 25 % provenant de nouveaux talents et 10 % de nouvelles productions.
Cet amendement devrait coller au plus près de la réalité radiophonique et permettre l'expression de sa diversité tout en valorisant l'émergence de nouveaux talents ou de nouvelles productions.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 219.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement se situe lui aussi un petit peu dans le même esprit que les précédents.
Les quotas de chansons d'expression française vont avoir six ans ; c'est en effet la loi du 1er février 1994 qui les a institués, sur l'initiative - je crois que nous pouvons ce soir lui reconnaître cette paternité - de notre collègue Michel Pelchat.
Comme il le faisait lui-même remarquer à l'instant, cette obligation figurant dans la convention signée par les services de radio et le CSA a abouti à ce que, aujourd'hui, 60 % des enregistrements commercialisés en France soient francophones.
Cette disposition a donc eu un impact indéniablement positif sur la production phonographique française. Elle a, en outre, permis de donner leur chance à beaucoup de jeunes talents.
Toutefois, cette obligation quelque peu rigide n'est peut-être plus adaptée à la programmation des nouveaux services thématiques. Sans doute conviendrait-il d'offrir maintenant une solution plus souple aux diffuseurs et de moduler les quotas en fonction des besoins de chaque service, de leur format, tout en veillant à promouvoir les jeunes talents et les nouvelles productions.
Il est évident que les mêmes contraintes ne sauraient s'appliquer à la fois à une radio « format gold », s'adressant à un public de 35-45 ans et diffusant notre patrimoine musical, et à une radio « format jeune », qui vise un public de 13 à 20 ans. L'une, parce qu'elle fait appel à la nostalgie, aura bien évidemment plus de difficulté à diffuser de jeunes talents que l'autre, soucieuse de séduire un public avide de nouveaux sons.
Le nouveau système proposé avec l'amendement n° 219 donnera donc satisfaction à tous les diffuseurs. Par rapport aux autres amendements en discussion commune, il présente, en outre, l'avantage de la simplicité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 129, 159 et 219 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission doit avouer qu'elle n'a pas eu le temps d'étudier la portée du dispositif complexe proposé par nos collègues dans des amendements qui, il faut le reconnaître, sont extrêmement proches.
Elle est heureuse de savoir que certains des auteurs d'amendement ont pu rencontrer les intéressés. En toute confiance, car elle n'a pas pu faire les vérifications voulues, elle veut bien retenir leurs propositions. En fait, pour faire plus simple, la commission aimerait connaître l'avis du Gouvernement sur ce point.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur ces trois amendements ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je veux d'abord saluer le sens de la responsabilité et l'inventivité dont fait de nouveau preuve M. Pelchat sur cette question majeure des quotas radiophoniques, dont il fut l'initiateur en 1994.
Le principe, qui, on s'en souvient, avait alors été vivement contesté par certains, fait aujourd'hui l'unanimité, car chacun peut constater ses effets bénéfiques sur la diffusion des chansons françaises. Toutefois, chacun est malheureusement amené à admettre également, à l'expérience, que ce mécanisme présente aujourd'hui deux faiblesses.
La règle fixée par la loi ne tient pas compte de la diversité des formats radiophoniques et peut être difficilement respectée par les radios jeunes ou celles qui sont orientées vers les musiques du Sud, par exemple.
Par ailleurs, son efficacité reste très insuffisante en ce qui concerne les nouveaux talents, c'est-à-dire, en particulier, la jeune création.
Je partage l'approche des auteurs des trois amendements identiques, car ils cherchent à résoudre ces deux problèmes à travers une modulation de l'obligation mise en oeuvre sous la responsabilité du CSA, qui avait lui-même fait des propositions qui n'avaient pas rencontré l'unanimité ou, en tout cas, l'accord de l'ensemble des parties concernées, et qui avaient donc été renvoyées pour examen.
Les concertations ont eu lieu tous azimuts, et je dois d'ailleurs préciser, à l'attention de M. le rapporteur, qui veut savoir exactement où les choses en sont, qu'elles se poursuivent.
Je crains cependant que, dans la poursuite d'un difficile consensus - voilà des mois que les discussions se prolongent ! - entre représentants des radios, des éditeurs et des créateurs, le système proposé par les amendements n°s 129 et 159 ne reste trop complexe pour pouvoir faire l'objet de contrôles effectifs ou, en tout cas, trouver une légitimité suffisante.
Mme Pourtaud, qui se fonde sur les mêmes principes, sur les mêmes piliers - 60 %, 40 %, 35 %, etc. - propose un système permettant de concilier les intérêts des éditeurs, des producteurs et des artistes avec la situation actuelle des radios.
Même si ce dispositif n'est pas encore, à mon sens, complètement validé, il me paraît néanmoins plus proche de l'effectivité que nous recherchons et qui est nécessaire pour le CSA.
En conclusion, en remerciant l'ensemble des auteurs d'amendement d'avoir recherché une solution efficace et véritablement opérationnelle, je dirai que je suis plutôt défavorable aux deux premiers amendements, parce qu'ils sont difficiles à mettre en oeuvre, et plutôt favorable à l'amendement de Mme Pourtaud, dont la mise en oeuvre serait facilitée pour les radios, sans rompre avec l'intérêt de l'ensemble des parties, y compris les producteurs et les auteurs.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je pense que chacun tirera le meilleur profit de ces propos pour déterminer son vote. (Rires.)
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 129 et 159.
M. Michel Pelchat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Madame la ministre, si nous avons indiqué : « pouvant aller jusqu'à 10 % du total, avec au minimum un titre par heure en moyenne », ce n'est ni pour nous amuser ni pour faire compliqué alors que l'on pouvait faire simple. Simplement, d'un côté, il y avait ceux qui tenaient absolument à diffuser 10 % de nouvelles productions et, de l'autre, ceux qui tenaient absolument à ne pas en diffuser plus de 5 %, et il fallait bien trouver une mesure à mi-chemin. Celle-ci a été trouvée grâce à cette formulation, qui ne compliquera pas les choses, puisque le CSA signera une convention avec les radios en leur fixant comme pourcentage environ 6 % ou 7 %, en fonction du nombre de titres par heure qu'elles passent dans leur format.
Dire que c'est très compliqué parce que, d'un côté, il faudra contrôler 5 %, alors que, de l'autre, il faudra contrôler 6 % ou 7 % me paraît un peu court.
Si l'on retenait 5 %, je suis convaincu que, demain, les producteurs refuseraient la mesure. Or, vous l'avez rappelé, le CSA a mis des mois pour essayer de mettre tout le monde d'accord - sans y parvenir, veuillez m'excuser de vous le dire !
Nous, nous nous y sommes mis à plusieurs, nous avons été plusieurs à signer des amendements identiques, rédigés indépendamment les uns des autres, contenant cette formulation qui recueille l'accord des représentant des interprètes, des producteurs et des diffuseurs, c'est-à-dire les radios, notamment celles qui sont concernées par les nouvelles productions. Et c'est parce que nos amendements font l'objet de cette unanimité qui a été si difficile à obtenir qu'ils doivent être retenus.
J'en termine en disant que c'est pour ne pas avoir à contrôler s'il y a un titre par heure que nous avons précisé « en moyenne », madame le ministre. Autour de cette moyenne, le CSA fixera un pourcentage dans la convention qu'il signera avec les radios.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Nous sommes devant un choix cornélien, et, dans cette situation, il faut choisir la voie la plus simple.
Dans une autre assemblée, avec Michel Pelchat, nous avions, dans le scepticisme général, soutenu la chanson française. Cela m'avait valu - M. Pelchat devait être pris ce jour-là - de recevoir une soixantaine de chanteurs dans la salle Colbert.
On avait beaucoup ironisé, à l'époque, sur le dispositif prévu. Il a donné de bons résultats pour la chanson française.
Pour ma part, j'ai plutôt pour principe de prendre l'original et non les copies. Voilà pourquoi je voterai le texte de M. Pelchat, en espérant que notre assemblée fasse de même.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Nous avons entendu le Gouvernement et la commission, qui s'en est véritablement remise à la sagesse du Sénat. Nous, nous essayons de nous faire une religion.
J'aurais sans doute été sensible aux arguments de M. Pelchat s'il nous avait dit qu'ils s'étaient mis à plusieurs pour trouver une formule et qu'ils étaient arrivés au même résultat. En effet, je note que non seulement la musique mais aussi les paroles sont les mêmes.
Comme je n'imagine pas - à moins que l'on me soutienne le contraire ! - que M. Pelchat, M. Bernard et M. Ralite se sont mis ensemble autour d'une même table pour rédiger le même amendement,...
M. Louis de Broissia. C'est pluriel !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. ... je suis porté à croire que la musique et les paroles ne sont d'aucun des trois signataires des amendements, ce qui me fait pencher vers l'effort personnel de Mme Pourtaud, effort qui a les faveurs du Gourvernement.
M. Michel Pelchat. Vous ne pouvez pas dire cela, monsieur Dreyfus-Schmidt ! C'est incorrect envers tous ceux qui ont travaillé sur ce sujet.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. C'est un sujet dont on avait beaucoup parlé voilà quelques années. M. Michel Pelchat avait pris une initiative, et il avait été suivi dans cette assemblée.
Les débats, à l'époque, avaient été très passionnés. On ne peut que constater qu'ils se sont, depuis lors, beaucoup apaisés et que la mesure qui a finalement été adoptée dans les deux assemblées a porté ses fruits.
On perçoit dans les interventions des uns et des autres un certain embarras, il faut le dire, tout le monde étant soucieux, je le crois, de ne pas perdre de vue l'objectif que le législateur s'était fixé lorsque ces dispositions avaient été adoptées dans les conditions que j'ai rappelées.
J'hésite un peu, je dois le dire. M. le rapporteur a expliqué que la commission elle-même n'avait pas arrêté de position ferme sur ce point.
Finalement, je vais voter les deux amendements identiques. C'est vrai, le texte proposé est un peu compliqué, et je ne suis pas sûr qu'il ne faille pas travailler avant la deuxième lecture.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Nous, nous l'avons fait !
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. C'est vrai, vous avez travaillé, mais votre amendement présente l'inconvénient, à mes yeux, de mettre sur le même plan la règle et les exceptions.
Quelle est la règle ? La règle fixée par la loi, c'est 40 %, dont la moitié de jeunes talents ou de nouvelles productions. Dès le début, cette règle a été très contestée. On a dit : ce n'est pas possible, on n'y arrivera jamais ! Les radios jeunes ont dit : vous êtes fous, on fait passer tout le monde sous la même toise, on met tout le monde dans le même moule ! C'était partiellement vrai.
Les amendements proposés cherchent à éviter cet inconvénient, l'avantage de ceux qu'ont présentés M. Pelchat et M. Ralite étant qu'ils rappellent assez clairement la règle et envisagent des dérogations dans deux cas pour deux types de radios, de formats, comme on dit : les radios patrimoine et les radios jeunes.
Les pourcentages sont-ils les bons ? La formule choisie, qui est en effet un peu complexe, permettra t-elle de faire face à la diversité des situations ? Je n'en sais rien. C'est peut-être sur ces points qu'il faudra affiner les choses pour la deuxième lecture.
En tout cas, je tenais à dire pourquoi, finalement, après réflexion, je me rallierai, pour ma part, à la rédaction présentée, notamment, par M. Pelchat.
M. Jack Ralite. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite. Mon collègue et ami Michel Dreyfus-Schmidt a laissé entendre que nous nous serions réunis, que nous aurions mangé ensemble ! (Rires.)
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles Cela peut arriver !
M. Jack Ralite. Pourquoi pas ?
Cela dit, quand mon ami Henri Weber et le même M. Pelchat ont organisé une journée d'étude sur la télévision, j'y suis allé, sans me préoccuper de savoir qui était qui, qui faisait quoi. L'essentiel, c'est le débat !
M. Louis de Broissia. Bravo !
M. Jack Ralite. En l'espèce, nous avons eu des débats séparés avec des gens qui - il faut croire ! - étaient les mêmes. (Nouveaux rires.)
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Ça, c'est sûr !
M. Jack Ralite. Et c'est à ce résultat que l'on a abouti. Je tenais à le dire parce que je considère qu'il faut garder la tonalité. Je ne l'ai pas dit en chantant parce qu'il s'agit de la chanson, mais quand même...
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. C'est dommage ! (Rires.)
M. Jack Ralite. Je maintiens donc l'amendement n° 159.
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Nous aurions pu chanter en choeur !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 129 et 159, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 219 n'a plus d'objet.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 189, le Gouvernement propose de supprimer le 3° de l'article 21.
Par amendement n° 42, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit le 3° de l'article 21 :
« « 3° il est complété in fine par deux alinéas ainsi rédigés :
« II. - Tout service de radioffusion sonore ou de télévision ne peut faire partie d'une offre de services autorisée selon les modalités prévues à l'article 30-1 qu'après qu'a été conclue avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel une convention en application du paragraphe I du présent article ou une convention en application de l'article 33-1 ou une convention portant sur un ou plusieurs des points mentionnés aux alinéas quatre à dix-huit du paragraphe I du présent article.
« Tout service de communication audiovisuelle autre qu'un service de radiodiffusion sonore ou de télévision ne peut faire partie d'une offre de services autorisée selon les modalités prévues à l'article 30-1 qu'après que son éditeur a effectué une déclaration préalable auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel. »
La parole est à Mme le ministre, pour présenter l'amendement n° 189.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il n'est pas souhaitable de faire peser sur les chaînes du câble et du satellite une nouvelle obligation propre à la recherche et à la formation en audiovisuel dans la mesure où cette mission est déjà assurée par l'INA. D'ailleurs, la commission a proposé la même suppression à l'article 20 pour les chaînes terrestres avec l'amendement n° 39 qui a été adopté.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 42 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 189.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. J'ai déjà défendu l'amendement n° 42 en présentant l'amendement n° 41.
Quant à l'amendement n° 189, il est satisfait par l'amendement n° 42 de la commission qui procède à la réécriture du 3° de l'article 21. Comme nous souhaitons l'adoption de notre amendement, qui ne se borne pas à supprimer le texte actuel du 3° de cet article, nous sommes défavorables à l'amendement n° 189.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 42 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. J'ai déjà expliqué que je ne pouvais être favorable, en l'état, aux dispositions concernant le numérique de terre.
En outre, je ne pense pas que des régimes différents puissent être appliqués au système hertzien terrestre selon la nature des contenus. Si les chaînes du câble et du satellite sont reprises en hertzien terrestre, elles devront être soumises au régime de contenu applicable à ce support. C'est une raison précise et supplémentaire de mon avis défavorable sur l'amendement n° 42.
Monsieur le rapporteur, même si j'ai exprimé un avis défavorable sur votre amendement, je vous demande de ne pas considérer l'amendement du Gouvernement comme un amendement alternatif puisqu'il est cohérent avec votre amendement n° 39 qui a déjà été adopté.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je pense, effectivement, qu'il est cohérent et satisfait, notamment par l'amendement n° 42. Mais cela ne modifie pas l'avis défavorable de la commission sur l'amendement n° 189.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 189.
M. Jack Ralite. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite. Je souhaite poser une simple question à Mme la ministre. Je trouve intéressant que, dans chaque endroit, figure une petite dimension recherche. Je me trompe peut-être. Bien sûr, il y a l'INA, encore que je vois le pauvre INA se « chagriner » chaque jour davantage...
J'aimerais bien comprendre, madame la ministre, les raisons de votre position. Il me semble intéressant que le secteur du numérique, lors de sa création, se fixe comme tâche d'avoir une dimension recherche.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. M. Ralite défend fort brillament les missions de l'INA. Il est difficile d'astreindre les chaînes sur les différents supports - câble, satellite, puis numérique hertzien - à des missions qui, au fond, recoupent celles de l'INA et qui ont un coût financier.
C'est la raison pour laquelle j'ai déposé l'amendement n° 189. Ici, il s'agit des chaînes du câble et du satellite. M. le rapporteur a dit que son amendement, relatif aux chaînes du numérique hertzien, satisfaisait l'amendement du Gouvernement. En fait, non, puisque nous sommes là sur trois types de support.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 189, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 42, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 21, modifié.

(L'article 21 est adopté.)

Article 22



M. le président.
« Art. 22. - L'article 28-1 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 28-1 . - I. - La durée des autorisations délivrées en application des articles 29 et 30 ne peut excéder dix ans pour les services de télévision et cinq ans pour les autres services.
« Les autorisations sont reconduites par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, hors appel aux candidatures, dans la limite de deux fois en sus de l'autorisation initiale, et chaque fois pour cinq ans, sauf :
« 1° Si l'Etat modifie la destination de la ou des fréquences considérées en application de l'article 21 ;
« 2° Si une sanction, une astreinte liquidée ou une condamnation dont le titulaire de l'autorisation a fait l'objet sur le fondement de la présente loi, ou une condamnation prononcée à son encontre sur le fondement des articles 23 et 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ou des articles 227-23 ou 227-24 du code pénal est de nature à justifier que cette autorisation ne soit pas reconduite hors appel aux candidatures ;
« 3° Si la reconduction de l'autorisation hors appel aux candidatures est de nature à porter atteinte à l'impératif de pluralisme sur le plan national ou sur le plan régional et local ;
« 4° Si la situation financière du titulaire ne lui permet pas de poursuivre l'exploitation dans des conditions satisfaisantes ;
« 5° Pour les services de radiodiffusion sonore, si le service ne remplit plus les critères propres à la catégorie pour laquelle l'autorisation a été accordée.
« A compter du 1er janvier 2002, les autorisations prévues à l'article 30 ne sont reconduites, hors appel à candidatures, qu'une seule fois pour une période maximale de cinq ans, sauf dans les cas visés aux 1° à 5° ci-dessus.
« II. - Un an avant l'expiration de l'autorisation, le Conseil supérieur de l'audiovisuel publie sa décision motivée de recourir ou non à la procédure de reconduction hors appel aux candidatures.
« Dans l'hypothèse où le Conseil supérieur de l'audiovisuel décide de recourir à la reconduction hors appel à candidatures, sa décision mentionne les points principaux de la convention en vigueur qu'il souhaite voir réviser, ainsi que ceux dont le titulaire demande la modification.
« Pour les services de télévision, le Conseil supérieur de l'audiovisuel procède, dans le délai d'un mois suivant la publication de sa décision, à l'audition publique du titulaire. Il peut également procéder à l'audition publique de tiers intéressés.
« A défaut d'accord six mois au moins avant la date d'expiration de l'autorisation, celle-ci n'est pas reconduite hors appel aux candidatures. Une nouvelle autorisation d'usage de fréquences ne peut être alors délivrée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel que dans les conditions prévues aux articles 29 et 30. »
Par amendement n° 43, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, au premier alinéa du I du texte présenté par cet article pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 de remplacer la référence : « et 30 » par les références : «, 30 et 33-2 ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement rectifie une erreur de l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Il s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 44, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de compléter le premier alinéa du I du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1086 du 30 septembre 1986 par une phrase ainsi rédigée : « La durée des autorisations délivrées en application de l'article 30-1 ne peut excéder dix ans. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement fixe à dix ans la durée initiale des autorisations délivrées aux multiplex numériques de terre. Elles pourront être renouvelées sans appel de candidatures pour deux périodes de cinq ans.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je suis défavorable à cet amendement même si je comprends le souci de M. le rapporteur d'assurer aux opérateurs une durée d'exploitation suffisante pour qu'ils puissent rentabiliser leurs investissements. Cela étant, je puis vous assurer que nous tiendrons compte du souhait exprimé sur le fond dans cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 44, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 45, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit les quatrième (2°) et cinquième (3°) alinéas du I du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 :
« 2° Si le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que la ou les sanctions dont le titulaire de l'autorisation a fait l'objet ou que la ou les astreintes liquidées à son encontre justifient, en raison de la gravité des agissements qui les ont motivés, que cette autorisation ne soit pas reconduite hors appel aux candidatures ;
« 3° Si le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que la reconduction de l'autorisation hors appel aux candidatures porte atteinte à l'impératif de pluralisme sur le plan national ou sur le plan régional et local ; »
Par amendement n° 220, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans le 2° du I du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « articles 23 et 24 bis » par les mots : « 23, 24 et 24 bis ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 45.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à restituer au CSA le pouvoir, que l'Assemblée nationale a souhaité limiter, d'apprécier l'application des critères de refus de la reconduction à une demande de reconduction automatique d'autorisation d'un service de radio ou de télévision.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt, pour défendre l'amendement n° 220.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Il s'agit là d'une faveur accordée par la loi mais qui, si elle n'est pas maintenue, laisse néanmoins les chances à l'intéressé.
De quoi s'agit-il ? De la reconduction des autorisations hors appel à candidatures qui sont reconduites dans la limite de deux fois en sus de l'autorisation initiale, et chaque fois pour cinq ans, sauf, a dit l'Assemblée nationale, en modifiant l'article qu'a repris - mais en partie seulement - la commission « si une sanction ou une astreinte liquidée ou une condamnation dont le titulaire de l'autorisation a fait l'objet sur le fondement de la présente loi, ou une condamnation prononcée à son encontre sur le fondement des articles 23 et 24 bis de la loi... » Dans ce cas, il n'y a pas reconduction automatique, mais il peut y avoir bien entendu un nouvel appel à candidatures.
Cette position de l'Assemblée nationale nous paraît tout à fait normale. Je ne vois pas de raison de laisser au Conseil supérieur de l'audiovisuel le soin d'apprécier s'il y a lieu ou s'il n'y a pas lieu. Nous sommes donc parfaitement d'accord avec le texte qui nous arrive de l'Assemblée nationale.
J'ajoute que, si le texte du Gouvernement s'en remettait également à l'appréciation du Conseil supérieur de l'audiovisuel, il lui donnait tout de même des indications, alors que la commission laisse, quant à elle, le CSA apprécier si « la gravité des agissements... » justifie ou non la non-reconduction de l'autorisation. Cette rédaction laisse réellement au CSA une plus grande marge d'appréciation. Quels sont les cas visés ? Je le répète, il s'agit d'astreintes liquidées. Autrement dit, malgré l'astreinte, l'intéressé n'ayant pas voulu s'incliner, il a fallu aller jusqu'à liquider l'astreinte. Il s'agit d'une condamnation, ou d'une condamnation sur le fondement de la loi sur la liberté de communication ou bien d'une condamnation pour un certain nombre de délits, notamment pour les provocations suivies de crimes et délits. Et c'est là que se place notre amendement : il se situe par rapport au texte de l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale a eut tort de supprimer, au titre des condamnations prises en compte, l'article du code pénal antérieurement visé et réprimant la provocation non suivie d'effet à la commission de crimes et délits.
Or nous estimons que, du moment qu'il y a provocation aux crimes et délits, peu importe qu'elle soit ou non suivie d'effet. Ce n'est pas grâce à l'auteur de la provocation qu'elle n'a pas eu d'effet.
Notre amendement tend donc à modifier le texte adopté par l'Assemblée nationale en refusant toute faveur non seulement pour ceux qui ont été condamnés en vertu de la loi sur la liberté de communication mais aussi pour ceux qui l'ont été pour les trois délits qui sont visés et pas pour deux d'entre eux seulement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 220 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement est incompatible avec la rédaction proposée par la commission, qui a, par conséquent, émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 45 et 220 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. L'amendement n° 45 vise à revenir à la rédaction initiale de la loi Carignon et à supprimer les améliorations que nous avons apportées à ce dispositif. A titre d'exemple, il me semble nécessaire que le CSA puisse apprécier la reconduction simplifiée en tenant compte de certaines condamnations pénales qui peuvent avoir été prononcées.
Il s'agit de renforcer les pouvoirs du CSA, tâche à laquelle la commission s'est par ailleurs montrée attachée.
Je suis donc résolument défavorable à cet amendement, qui vise à supprimer une disposition que nous avions introduite pour moraliser un système trop contraignant pour le CSA et trop protecteur pour d'éventuels opérateurs peu scrupuleux.
Je voudrais rappeler qu'un tribunal a jugé que, sur la base du texte actuel, donc non modifié par ce projet, le CSA n'a pas le pouvoir de refuser la reconduction automatique à une radio pourtant sanctionnée pour propos racistes et antisémites. C'est cet exemple précis, tout récent, qui a conduit le CSA, qui le demandait, aussi bien que nous-mêmes, qui l'avons proposé dans le projet de loi, à juger qu'il fallait évidemment modifier ces dispositions.
Je regrettre que la commission se soit prononcée pour un retour à la rédaction initiale de la loi Carignon, car cela ne constitue pas un progrès en matière de capacité de décision, de régulation et même d'autorité du CSA dans le cas où le « comportement » de certaines radios n'est pas conforme à la loi.
Le Gouvernement est, en revanche, favorable à l'amendement n° 220, qui porte sur le texte proposé par l'article du projet, pour les raisons explicitées dans l'objet et développées par M. Dreyfus-Schmidt.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 45, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 220 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 46, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, dans le sixième alinéa (4°) du I du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après le mot : « Si », d'insérer les mots : « le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement a le même objectif que le précédent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 46.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. C'est très joli de commencer tous les alinéas par les mots : « Si le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que » - ce qui sera encore le cas dans le prochain amendement - mais de quoi s'agit-il ?
A l'alinéa 3°, l'Assemblée nationale a considéré qu'il était tout à fait inutile d'insérer, dans la rédaction proposée par le Gouvernement, à savoir que les autorisations sont reconduites sauf si la reconduction de l'autorisation hors appel aux candidatures est de nature à porter atteinte à l'impératif de pluralisme sur le plan national ou sur le plan régional et local, les mots : « le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que ».
En effet, la reconduction porte ou non atteinte à l'impératif de pluralisme. Mais si c'est le cas, il est évident que le Conseil supérieur de l'audiovisuel l'estime puisqu'il refusera de reconduire l'autorisation. Par conséquent, cet ajout est non seulement totalement inutile, mais il laisse supposer que le jugement du CSA prête à discussion et qu'il est susceptible d'être remis en cause alors que, précisément, ce n'est pas le cas.
A l'alinéa 4°, c'est encore pire. Selon le texte aussi bien du Gouvernement que de l'Assemblée nationale, les autorisations ne sont pas reconduites si la situation financière du titulaire ne lui permet pas de poursuivre l'exploitation dans des conditions satisfaisantes. Il s'agit d'un fait qui a été constaté. Il est par conséquent tout à fait inutile d'ajouter : « Si le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que... » ! Dans le cas de faits patents, il est évident que le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que les conditions sont réunies pour ne pas reconduire l'autorisation ! Alors à quoi bon le préciser ?
M. Jack Ralite. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite. Permettez-moi de revenir sur ce qu'a dit Mme la ministre à propos de l'amendement n° 45, qui est un retour à la loi Carignon.
Même les Britanniques ultralibéraux du temps de Mme Thatcher considéraient que le texte de loi était exorbitant ! Ils disaient même, l'expression est amusante : « Chez nous, on pratique le capitalisme du risque ; en France, ils pratiquent le capitalisme de la rente. » Là est toute la question ! Puisque nous tentons de remettre un peu d'ordre, mieux vaut ne pas accepter cet amendement.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Le signal que nous avons voulu donner avec cette référence au Conseil supérieur de l'audiovisuel est l'inverse de celui qu'ont donné nos collègues de l'Assemblée nationale en la supprimant.
En effet, il ressortait manifestement des débats une sorte de défiance à l'égard du Conseil supérieur de l'audiovisuel que l'on voulait, à l'Assemblée nationale, plus ou moins encadrer par le Conseil d'Etat.
Ne partageant pas le sentiment de défiance, qui mettait en cause la capacité de jugement du Conseil supérieur de l'audiovisuel, nous avons décidé d'insérer la formulation en question.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 46, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 47, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, dans le septième alinéa (5°) du I du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après le mot : « si », d'insérer les mots : « le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime que ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement a le même objet que le précédent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 47, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 48, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de supprimer le dernier alinéa du I du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement tend à supprimer la disposition prévoyant qu'à l'avenir les titulaires d'autorisations pour les services de radiodiffusion et de télévision diffusés par voie hertzienne terrestre ne pourront obtenir la reconduction de leurs autorisations que pour une seule période de cinq ans. La loi prévoit actuellement deux périodes de cinq ans, ce qui donne aux opérateurs une meilleure sécurité, sans figer à l'excès le paysage audiovisuel.
Le projet de loi assure une meilleure transparence de la procédure de reconduction automatique des autorisations, ce qui permet de concilier le souci de l'équilibre du paysage audiovisuel et la nécessité de ne pas fragiliser les opérateurs à l'approche de l'échéance de leur autorisation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je suis défavorable à cet amendement, qui vise à revenir sur une disposition essentielle qui avait été souhaitée et votée par l'Assemblée nationale.
Comme je l'ai déjà dit, nous devons réfléchir, à l'occasion du passage à la télévision numérique de terre, à des durées permettant de concilier nécessité pour les opérateurs d'amortir de très lourds investissements et respect du pluralisme et des règles d'occupation du domaine public, ce second objectif étant évidemment tout aussi important que le premier.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 48, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.) M. le président. Par amendement n° 49, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, dans le dernier alinéa du II du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1086 du 30 septembre 1986, de remplacer la référence : « et 30 » par les références : « , 30, 30-1 et 33-2 ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement tend à rectifier une erreur de l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 49, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 50, M. Hugot, au nom de la commission, propose de compléter, in fine , le II du texte présenté par l'article 22 pour l'article 28-1 de la loi n° 86-1086 du 30 septembre 1986 par un alinéa ainsi rédigé :
« Si, pendant la durée d'une autorisation accordée en application du premier alinéa du paragraphe premier de l'article 30-1 ou pendant la durée de la reconduction hors appel à candidatures d'une telle autorisation, l'autorisation accordée par ailleurs à son titulaire en application de l'article 30 parvient à expiration et n'est pas renouvelée, le Conseil supérieur de l'audiovisuel détermine la fréquence ou les fréquences sur laquelle ou sur lesquelles tout service national de télévision qui serait nouvellement diffusé par voie hertzienne terrestre en application de l'article 30 sera mis à la disposition du public dans une offre constituée en application de l'article 30-1. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement précise les modalités de la diffusion, dans une offre numérique, des services autorisés à la place de services nationaux dont l'autorisation de diffusion par voie hertzienne terrestre n'aurait pas été reconduite à l'expiration de sa durée prévue.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Cet amendement, qui concerne la télévision numérique de terre, préjuge beaucoup le dispositif juridique qui pourra être mis en place. De plus, sa complexité ne me permet pas de me prononcer aujourd'hui sur une validation ultérieure. Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 50, repoussé par le Gouvernement.
Mme Danièle Pourtaud. Le groupe socialiste s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 22, modifié.
Mme Danièle Pourtaud. Le groupe socialiste vote contre.

(L'article 22 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 22



M. le président.
Par amendement n° 51, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, après l'article 30 de la même loi, un article 30-1 ainsi rédigé :
« Art. 30-1. - I. - Sous réserve des dispositions de l'article 26, l'usage des fréquences pour la mise à disposition du public d'offres de services de communication audiovisuelle diffusés par voie hertzienne terrestre est subordonnée à la délivrance d'une autorisation au distributeur de services dans les conditions prévues au présent article.
« Pour les zones géographiques et les catégories d'offres de services qu'il a préalablement déterminées, le Conseil supérieur de l'audiovisuel publie une liste de fréquences disponibles ainsi qu'un appel aux candidatures. Il fixe le délai dans lequel les candidatures doivent être déposées.
« II. - Les déclarations de candidature sont présentées par une société. Elles peuvent être présentées par une association déclarée selon la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association ou par une association à but non lucratif régie par la loi locale dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle dans les cas où l'appel aux candidatures concerne une offre locale de services de communication audiovisuelle diffusés par voie hertzienne terrestre.
« Les déclarations de candidature indiquent notamment la composition et la structure de l'offre de services, ses modalités de commercialisation, la composition du capital de la société et la liste des administrateurs, les prévisions de dépenses et de recettes, l'origine et le montant des financements prévus, tout accord de commercialisation du système d'accès sous condition.
« A l'issue du délai prévu au deuxième alinéa du I et après audition publique des candidats, le Conseil supérieur de l'audiovisuel accorde l'autorisation en appréciant l'intérêt de chaque projet au regard des impératifs prioritaires mentionnés au huitième alinéa de l'article 29, en s'attachant spécialement à la sauvegarde du pluralisme des courants d'expression socioculturels sur le plan local, et au regard des critères figurant aux trois derniers alinéas de l'article 29.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel tient également compte du calendrier de lancement proposé, de la variété des services composant l'offre, de l'interopérabilité du système d'accès sous condition, des efforts de promotion commerciale des équipements de réception envisagés à l'occasion du lancement de l'offre.
« III. - Si le projet présenté le justifie par sa qualité, le Conseil supérieur de l'audiovisuel attribue en priorité à toute société titulaire d'une autorisation relative à un service national de télévision diffusé par voie hertzienne terrestre en application de l'article 30 l'usage de la fréquence ou des fréquences nécessaires pour la mise à disposition du public d'une offre nationale de services de communication audiovisuelle diffusés par voie hertzienne terrestre. Cette offre pourra comprendre un ou plusieurs services locaux diffusés dans une zone délimitée qui ne sont contrôlés directement ou indirectement ni par le distributeur ni par l'un de ses actionnaires détenant au moins 5 % de son capital.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel détermine la fréquence ou les fréquences sur laquelle ou sur lesquelles tout service national de télévision diffusé par voie hertzienne terrestre en application de l'article 30 et non inclus dans une offre de services constituée en application de l'alinéa précédent sera mis à la disposition du public en vue d'une diffusion nationale en clair et aux frais de la société bénéficiaire de l'autorisation mentionnée à l'article 30. A cette fin, le Conseil peut réserver un canal de diffusion sur chacune des fréquences faisant l'objet d'une autorisation en application du présent article.
« Un décret en Conseil d'Etat pris après avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel fixe la date à partir de laquelle l'ensemble des services nationaux de télévision autorisés en application de l'article 30 devra être diffusé par un procédé numérique.
« IV. - Toute modification des éléments au vu desquels l'autorisation a été délivrée doit être préalablement notifiée au Conseil supérieur de l'audiovisuel qui peut s'y opposer par décision motivée dans les quinze jours suivant cette notification s'il estime que l'offre ne correspondrait plus à l'équilibre général de l'autorisation.
« V. - Une décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel précise les conditions dans lesquelles chaque distributeur d'offre de services comportant des services ayant fait l'objet d'une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel doit assurer, parmi ceux-ci, une proportion minimale de services en langue française, qui ne sont contrôlées directement ou indirectement ni par le distributeur, ni l'un de ses actionnaires détenant au moins 5 % de son capital, ni par la personne physique ou morale qui contrôle directement ou indirectement au moins la moitié des services concernés.
« Une décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel fixe, en fonction des différentes catégories de services, la durée minimale des contrats passés avec les éditeurs aux fins de mise des services à disposition du public.
« Les décisions mentionnées au présent paragraphe sont publiées au Journal officiel de la République française après homologation par décret en Conseil d'Etat. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 196, présenté par M. Joyandet et tendant, dans le troisième alinéa du II du texte proposé par l'amendement n° 51 pour l'article 30-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les mots : « sur le plan local », à insérer les mots : « en recherchant l'offre la mieux à même de couvrir l'ensemble du territoire dans le délai le plus rapide ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 51.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement introduit dans la loi de 1986 un régime d'accès des opérateurs privés aux fréquences hertziennes terrestres numériques. Il est donc le pendant de l'amendement que nous avons présenté dans l'après-midi concernant le secteur public.
Les principaux éléments en sont les suivants. Conformément à la logique actuelle de la diffusion hertzienne de terre analogique, qu'il n'y a pas de raison de modifier compte tenu de la persistance d'une relative rareté de la ressource en fréquences, il s'agit d'un régime d'autorisation par le CSA.
Chaque autorisation sera délivrée à un distributeur de services pour une offre de services de communication audiovisuelle, c'est-à-dire multiplex par multiplex et non pas service par service. C'est la solution qui convient le mieux à la logique économique et technique du numérique de terre, qui exige l'engagement fort d'opérateurs capables de supporter le coût des investissements nécessaires, comme c'est d'ailleurs le cas en diffusion satellitaire.
Les critères de délivrance des autorisations sont ceux qui existent pour la diffusion hertzienne terrestre analogique, avec quelques ajouts : le pluralisme des courants d'expression socioculturels sur le plan local, afin d'encourager la communication locale, et divers critères relatifs au sérieux des propositions présentées par les candidats, afin d'assurer la réussite du lancement du numérique de terre.
Dans le même esprit, une priorité d'accès aux multiplex est reconnue aux détenteurs actuels d'autorisations pour les télévisions nationales. Il s'agit de TF1, Canal Plus et M6, dont l'engagement dans le numérique de terre est indispensable à la réussite du basculement.
Pour la même raison, une disposition prévoit la diffusion obligatoire des services nationaux de télévision actuels sur un canal de multiplex déterminé par le CSA, si un des diffuseurs nationaux ne bénéficie pas, faute d'intérêt ou faute de sérieux, de la priorité d'accès prévue par l'amendement.
Un décret en Conseil d'Etat fixera, au vu du degré de préparation des opérateurs, la date à partir de laquelle la diffusion simultanée des télévisions nationales en analogique et en numérique sera obligatoire.
Il est prévu par ailleurs que les trois multiplex nationaux constitués en principe par les opérateurs existants pourront comporter des services locaux indépendants du distributeur du multiplex et de ses actionnaires. Il s'agit toujours de favoriser l'émergence de la communication locale.
Un système anticoncentration défini par le CSA sera appliqué aux services composant l'offre de chaque multiplex, afin de permettre l'arrivée de nouveaux entrants sur le marché de la diffusion hertzienne terrestre. Il pourra s'agir de chaînes généralistes ou thématiques, gratuites ou payantes, indépendantes du distributeur du multiplex et de ses actionnaires. Il pourra s'agir aussi de tout autre catégorie de services de communication audiovisuelle.
Les seuils de services indépendants seront fixés par une décision du CSA entrant en vigueur après homologation par décret en Conseil d'Etat. D'autres amendements proposent le même système pour fixer, parallèlement, le régime anticoncentration des bouquets diffusés par satellite. Il s'agit de renforcer le rôle du CSA et de la régulation dans l'audiovisuel numérique, compte tenu du suivi étroit que justifie cette forme de communication très exposée à la concurrence.
M. le président. La parole est à M. Joyandet, pour présenter le sous-amendement n° 196.
M. Alain Joyandet. Il s'agit des zones d'ombre.
J'ai beaucoup regretté ce matin de n'avoir pu défendre l'amendement que j'avais déposé à l'article 6 concernant précisément ce problème des zones d'ombre. Ma proposition, qui me paraît tout à fait justifiée, consistait à demander l'exonération de la redevance de télévision pour les populations qui ne reçoivent pas les chaînes publiques de télévision. Dans la mesure où l'on n'a pas pu en discuter ce matin, je n'ajouterai rien mais nous aurons l'occasion d'y revenir en deuxième lecture.
Le sous-amendement n° 196 porte donc sur le même sujet, les zones d'ombre. Il ne faudrait pas qu'à l'occasion de l'ouverture de ces nouveaux services en numérique terrestre hertzien les populations qui, depuis des années, paient la redevance sans recevoir le service public de télévision soient de nouveau dans des zones d'ombre.
C'est pourquoi il serait souhaitable que les autorisations d'exploitation soient assorties d'une obligation faite aux bénéficiaires des différents canaux de rechercher les solutions techniques et financières de nature à faire en sorte que, dans des délais relativement brefs, la totalité du territoire français soit desservie par ces nouveaux services en numérique.
En effet, l'arrivée des services en numérique entraînera un développement exponentiel de l'offre culturelle et cette offre doit s'adresser à la totalité du territoire.
Le Sénat est d'ailleurs bien placé pour essayer de remplacer la notion de population par celle de territoire.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ce n'est pas une assurance de qualité !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 196 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission a émis un avis favorable sur ce sous-amendement parfaitement opportun.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 51 et sur le sous-amendement n° 196 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Nous sommes au coeur du débat que vos propositions ouvrent à propos du numérique de terre, monsieur Hugot, puisqu'il s'agit du mécanisme d'attribution de la ressource radioélectrique aux opérateurs privés. Ce texte fait suite à un premier amendement qui portait sur l'attribution de ces ressources radioélectriques au secteur public.
Le débat est complexe. Les positions très contrastées exprimées dans le débat public en témoignent.
La solution choisie conditionne en effet tant la viabilité économique du paysage audiovisuel de demain que sa capacité à s'ouvrir au renouvellement de l'offre.
Je partage bien sûr le souci exprimé par M. le rapporteur de faire en sorte que les chaînes nationales existantes se retrouvent dans l'offre numérique et que les opérateurs les plus expérimentés contribuent au déploiement rapide et réussi du numérique et à sa promotion.
Il me semble cependant, monsieur le rapporteur, que vous privilégiez de manière un peu trop unilatérale cette préoccupation en proposant une attribution par multiplex entier faisant l'objet d'une priorité massive pour les chaînes existantes.
Dans un tel système, on pourrait craindre que les nouveaux entrants ne soient ainsi réduits à la portion congrue et ne soient subordonnés au bon vouloir des opérateurs dominants, qui soit auront la possibilité de les accueillir, soit les renverront sur d'autres multiplex. On sait que quatre d'entre eux - je réponds à la préoccupation de M. Joyandet - couvrent 80 % du territoire et deux 60 % du territoire. Il est donc nécessaire de prévoir des conditions équitables pour prendre en compte le fait que les nouveaux entrants pourront avoir un effort d'investissement très significatif à accomplir.
Toutes ces données doivent être prises en compte car il ne s'agit pas de dire tout simplement que de nouveaux entrants seront accueillis sans leur donner les moyens de le faire. N'oublions pas qu'ils auront aussi des efforts à faire pour être connus, pour fidéliser leur clientèle !
D'autres mécanismes sont envisagés de manière alternative par le rapport Hadas-Lebel ; il nous faudra également les étudier. Ils visent à concilier au mieux le souci d'optimisation technique, de viabilité économique et d'efficacité commerciale avec l'impératif de pluralisme et de diversité de l'offre.
Le dispositif qui est proposé dans l'amendement comporte par ailleurs quelques incohérences.
Par exemple, les décisions du CSA, autorité indépendante, n'ont pas à être homologuées par décret.
Il est en outre difficile d'imaginer qu'une association puisse, de façon responsable, être candidate à l'attribution et à la gestion d'un multiplex. Le dispositif devra d'ailleurs bien préciser ce qu'est l'opérateur de multiplex ainsi que ses responsabilités.
Le débat va donc se poursuivre. Une hypothèse nous est proposée, mais, comme le montre le rapport Hadas-Lebel, d'autres sont envisageables. Nous reviendrons bien évidemment sur le sujet avec les éléments économiques nécessaires au Parlement pour qu'il se prononce dans de bonnes conditions.
Pour l'instant, le Gouvernement ne peut qu'être défavorable à l'amendement et, par conséquent, au sous-amendement qui y est lié.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 196.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Comme l'a dit Mme la ministre, nous arrivons effectivement au coeur même du dispositif qui met en place le numérique hertzien terrestre, et cela sur l'initiative de la commission des affaires culturelles et de son rapporteur, ce qui montre que le Sénat sait travailler en anticipant.
Sortiront de cette assemblée non pas des rodomontades, mais des propositions et un canevas de mesures. Pour ma part, je tiens à saluer le sérieux des propositions qui nous sont faites dans un délai rapide, anticipant sur le rapport Hadas-Lebel, que j'espère pouvoir lire peut-être ce soir, peut-être demain...
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Pendant le week-end !
M. Louis de Broissia. Voilà trois jours que je le demande, je l'aurai peut-être un jour !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Moi, je n'ai pas eu le temps de le lire.
M. Louis de Broissia. Eh oui, il aurait mieux valu qu'il soit adressé aux membres de la majorité sénatoriale, car, si je l'avais eu en ma possession, je l'aurais étudié !
Madame la ministre, il me semble que, dans l'amendement n° 51, nul n'est exclu mais que, évidemment, le numérique hertzien terrestre ne débloque pas de façon miraculeuse des fréquences. On sait très bien que les fréquences analogiques sont en nombre réduit. Il y a tout un problème - que je tiendrai à souligner au cours des débats qui suivront - de gestion du temps intermédiaire qui m'apparaît important.
Par ailleurs, vous dites avec juste raison, madame la ministre, que l'économie du numérique hertzien terrestre n'est pas assurée. Certes. Je me souviens d'avoir, alors que vous n'étiez pas encore ministre, rédigé un rapport pour l'Assemblée nationale sur le numérique dans le service public. C'était voilà quatre ans. On parle de ce problème depuis très longtemps ; on aurait pu déjà mettre des experts économiques au travail. Il existe de nombreuses sociétés de prospective, de prévision. Je pourrais d'ailleurs vous recommander des cabinets. Mais il doit bien se trouver des spécialistes dans les ministères !
Je tiens aussi à souligner - c'est une des raisons pour lesquelles je soutiendrai l'amendement de la commission - la manière dont l'autorité de régulation est étroitement associée à la mise en place de ce mécanisme. Nous souhaitions tous que le service public soit conforté : il sort conforté par ce mécanisme ; nous souhaitions tous que l'autorité de régulation ait son rôle clairement établi : ce sera le cas, et je m'en réjouis.
Je me permettrai enfin de dire ma satisfaction de voir que la commission des affaires culturelles accepte le sous-amendement de mon collègue et ami Joyandet, qui met en avant - Mme Pourtaud parle beaucoup du tiers secteur audiovisuel - ce que je qualifierai de quart-monde audiovisuel, c'est-à-dire celui qui ne reçoit rien ou presque rien, ou ce qu'on veut bien lui donner, c'est-à-dire les fameuses zones d'ombre.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Il y a les satellites !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 196, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 51, repoussé par le Gouvernement.
Mme Danièle Pourtaud. Le groupe socialiste s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 22.
Par amendement n° 52, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement transmet au Parlement, à l'issue d'un délai de quatre ans après l'entrée en vigueur de la présente loi, un bilan du passage à la diffusion hertzienne terrestre numérique. Ce bilan présente des propositions sur le délai dans lequel la loi pourrait prévoir l'arrêt de la diffusion hertzienne terrestre analogique des services de télévision et permettre l'affectation à de nouveaux usages des fréquences ainsi libérées. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. A un horizon que l'on peut évaluer à une dizaine d'années après le lancement du numérique de terre, l'équipement des foyers en postes numériques, l'offre de services numériques et la couverture du territoire par les six multiplex devraient être suffisamment avancés pour que soit envisagé l'arrêt de la diffusion analogique et l'allocation des fréquences libérées à d'autres usagers tels que la téléphonie mobile.
Cette échéance ne peut être fixée par avance, mais il faut que la loi en mentionne le caractère inéluctable avec une solennité qui manifeste à tous la volonté du législateur d'aller de l'avant.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 52, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Le groupe socialiste ne prend pas part au vote.
M. Louis de Broissia. On progresse !

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 22.

Article 23



M. le président.
« Art. 23. - I. - Le chapitre II du titre II de la même loi est intitulé : "Dispositions applicables à la radiodiffusion sonore et à la télévision par câble et par satellite".
« II. - Les articles 31, 34-2 et 34-3 de la même loi deviennent respectivement les articles 33-2, 33-3 et 34-1 de la même loi.
« III. - Il est créé, au chapitre II du titre II de la même loi, une section 1 intitulée : "Edition de services de radiodiffusion sonore et de télévision par câble et par satellite" et comprenant les articles 33, 33-1, 33-2 et 33-3 et une section 2 intitulée : "Distribution de services de radiodiffusion sonore et de télévision par câble et par satellite" et comprenant les articles 33-4, 34, 34-1 et 34-2. »
Par amendement n° 53, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, dans le III de cet article, de supprimer la référence : « 33-4, ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec la modification de l'insertion, dans la loi de 1986, de la définition du distributeur de services, définition qui figure à l'article 25 de ce projet de loi. Je réponds par là à une question que vous posiez tout à l'heure, madame la ministre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement de coordination avec l'amendement n° 56 à l'article 25, qui vise, en effet, à une redéfinition de la notion de distributeur de services, redéfinition à laquelle le Gouvernement est opposé.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 53, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 224, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, à la fin du III de l'article 23, de remplacer les mots : « et 34-2 » par les mots : « , 34-2 et 34-3 ».
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Il s'agit d'un amendement de coordination avec le dispositif que nous avons voulu introduire et qui consistait à imposer le must carry des chaînes publiques. Le dispositif n'ayant pas été adopté, notre amendement n'a plus d'objet et nous le retirons.
M. le président. L'amendement n° 224 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 23, modifié.

(L'article 23 est adopté.)

Article 24



M. le président.
« Art. 24. - L'article 33 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 33 . - Un décret en Conseil d'Etat, pris après avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel, fixe, pour chaque catégorie de services de radiodiffusion sonore ou de télévision distribués par câble ou par satellite :
« 1° La durée maximale des conventions ;
« 2° Les règles générales de programmation ;
« 3° Les règles applicables à la publicité, au télé-achat et au parrainage ;
« 3° bis Les règles applicables aux services consacrés exclusivement à l'autopromotion ;
« 4° Les dispositions propres à assurer le respect de la langue française et le rayonnement de la francophonie, ainsi que celles relatives à la diffusion sur les services de radiodiffusion sonore, d'oeuvres musicales d'expression française ou interprétées dans une langue régionale en usage en France ;
« et, pour les services de télévision diffusant des oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles :
« 5° La contribution des éditeurs de services au développement de la production, notamment de la production indépendante à leur égard, d'oeuvres cinématographiques et audiovisuelles ainsi que la part de cette contribution ou le montant affectés à l'acquisition des droits de diffusion de ces oeuvres sur les services qu'ils éditent, en fixant, le cas échéant, des règles différentes pour les oeuvres cinématographiques et pour les oeuvres audiovisuelles et en fonction de la nature des oeuvres diffusées ;
« 6° Le régime de diffusion des oeuvres cinématographiques de longue durée et, en particulier, la fixation d'un nombre maximal annuel de diffusions et de rediffusions ainsi que la grille horaire de programmation de ces oeuvres ;
« 7° Les proportions d'oeuvres cinématographiques européennes et d'expression originale française diffusées, en particulier aux heures de grande écoute, au moins égales à, respectivement, 60 % et 40 % ;
« 8° Les proportions d'oeuvres audiovisuelles européennes et d'expression originale française, qui peuvent varier en fonction de l'importance des investissements de l'éditeur de service dans la production, sans toutefois que la proportion d'oeuvres européennes puisse être inférieure à 50 %.
« Ce décret peut prévoir des dérogations aux dispositions des 4° à 8° pour les services émis dans une langue autre que celle d'un Etat membre de la Communauté européenne. »
Par amendement n° 130, M. Pelchat propose, dans le sixième alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 33 de la loi du 30 septembre 1986, après le mot : « francophonie, », d'insérer les mots : « notamment par la diffusion d'émissions de variétés consacrées aux jeunes espoirs de la musique et de la chanson francophone, ».
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Par cet amendement, nous souhaitons favoriser la diffusion des jeunes talents.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Sagesse.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Monsieur Pelchat, cette obligation est beaucoup trop précise pour figurer dans cet article. Nous ne pouvons pas envisager d'imposer d'une manière aussi générale aux chaînes du câble et du satellite une obligation de diffusion d'émissions de variétés consacrées aux jeunes espoirs de la musique et de la chanson francophone. De telles émissions n'ont pas leur place, par exemple, sur les chaînes de cinéma, de téléachat ou de sport. Cela pose donc un problème.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 130.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. En vérité, avant de me prononcer, j'aimerais savoir, monsieur Pelchat, ce qu'est un jeune. A partir de quand est-on jeune et à partir de quand ne l'est-on plus ? J'aimerais également savoir ce qu'est un espoir ?
Il ne m'apparaît pas possible, en effet, de déterminer avec précision ce qu'est un jeune, ce qu'est un espoir, ni ce qu'est un jeune espoir !
M. Michel Pelchat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Monsieur Dreyfus-Schmidt, vous comme moi avons encore beaucoup d'espoir dans la vie, même si nous ne sommes plus des jeunes ni de jeunes espoirs ! Nous sommes des personnes raisonnables ayant encore espoir en la vie, et la vie vous apportera à vous comme à moi encore beaucoup de bonnes choses, j'en suis convaincu. (Sourires.)
M. Louis de Broissia. Vous êtes trop gentil !
M. Michel Pelchat. Madame la ministre, il ne s'agit pas d'imposer à toutes les chaînes et notamment pas à certaines chaînes qui diffusent sur le câble à certaines heures - chacun aura évidemment compris quelle catégorie je vise - de programmer des émissions de variétés où seraient invités de jeunes talents ou de jeunes espoirs ; pour notre part, nous préférons cette expression, car on peut supposer que les jeunes talents sont déjà confirmés.
Il s'agit seulement de recommander aux responsables des programmations sur le câble et le satellite de diffuser des émissions de variétés et, dans le cadre de ces émissions de variétés, de favoriser les jeunes espoirs. Il n'est pas question de leur imposer de les programmer sur toutes les chaînes et à toutes les heures. Il ne faut pas caricaturer nos positions !
Le domaine qui nous occupe est important et, franchement, madame la ministre, il faut avoir l'âme chevillée au corps pour défendre ces idées car les réponses à nos propositions sont quelque peu désolantes ! Comment ne pas reconnaître que nos chaînes de télévision, qu'elles soient diffusées par le câble, par la voie hertzienne en clair ou par le satellite, devraient constituer une chance pour la production de nouvelles richesses culturelles en assurant la reconnaissance des jeunes talents ou des jeunes espoirs ? Qu'importe la dénomination !
L'essentiel est qu'il y ait des émissions de variétés. La France a été l'un des tout premiers pays à diffuser ces émissions. Elle a produit les plus grands chanteurs au monde. Tentons de continuer à ensemencer un terrain favorable. Or la télévision est aujourd'hui le moyen de communication qui favorise le plus la notoriété, elle est l'image de notre créativité.
Nous ne somme pas très bien placés en matière de production de fictions avec 550 heures en France contre 2 000 heures en Allemagne. Essayons au moins d'être bons dans les émissions de variétés, aidons les jeunes talents musicaux à se faire connaître !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 130, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 190, le Gouvernement propose de compléter le 5° du texte présenté par l'article 24 pour l'article 33 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par une phrase ainsi rédigée :
« Pour les services dont l'objet principal est la programmation d'oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles, lorsque la nature de leur programmation le justifie, le montant d'acquisition des droits de diffusion peut, en tout ou partie, prendre en compte les frais de sauvegarde, de restauration et de mise en valeur des oeuvres du patrimoine ; »
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Parmi les chaînes du câble et du satellite dont l'objet principal est la diffusion d'oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles, certaines sont plus spécifiquement consacrées à la diffusion d'oeuvres du répertoire. Tels sont par exemple les cas de Cinéclassics et de Cinétoile pour les oeuvres cinématographiques, et de Série Club pour les oeuvres audiovisuelles.
Sauf à nier la spécificité de ces chaînes et leur rôle en faveur de la culture cinématographique et audiovisuelle, il n'est pas envisageable de leur imposer une contribution à la production « fraîche » sous forme de parts de producteurs ou de préachats.
Cet amendement vise donc à leur permettre, en fonction de leur spécialisation, de substituer à la contribution de droit commun la possibilité de prendre en charge des actions de sauvegarde, de restauration et de mise en valeur des oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot. La commission s'en remet à la sagesse du sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 190, pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 191, le Gouvernement propose, après le 5° du texte présenté par l'article 24 pour l'article 33 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ... ° L'acquisition des droits de diffusion, selon les différents modes d'exploitation, et la limitation de la durée de ces droits lorsqu'ils sont exclusifs ; ».
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Cet amendement vise à appliquer aux chaînes thématiques du câble et du satellite qui diffusent des oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles les mesures destinées à assurer la fluidité des droits dont nous parlions précédemment et la circulation de ces oeuvres.
Ce dispositif est le corollaire de l'obligation prévue au 5° de l'article 33 qui impose désormais à ces chaînes de contribuer au développement de la production « fraîche ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Puisqu'il s'agit d'assurer la fluidité des droits et la circulation des oeuvres diffusées par les services de télévision nationaux, la commission a donné un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 191, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 54, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose, dans le onzième alinéa (8°) du texte présenté par l'article 24 pour l'article 33 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les mots : « peuvent varier », d'insérer le mot : « notamment ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. C'est un amendement de précision dont l'objet est de permettre au CSA de continuer à moduler les quotas de diffusion d'oeuvres audiovisuelles européennes et d'expression générale française imposés aux nouvelles chaînes du câble.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 54, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'article 24, modifié.

(L'article 24 est adopté.)

Article 24 bis



M. le président.
« Art. 24 bis . - Après le deuxième alinéa de l'article 33-2 de la même loi, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Les services de radiodiffusion et de télévision diffusés sur ces fréquences sont soumis aux dispositions prévues aux articles 33 et 33-1. »
Par amendement n° 55, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'article 24 bis tend à soumettre les services utilisant les fréquences satellitaires de radiodiffusion aux obligations de contenu des services du câble. Il n'y a pourtant aucune raison d'ôter leur régime juridique spécifique et largement virtuel à ces services inexistants, et c'est pourquoi la commission demande la suppression de l'article 24 bis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 55.
L'article 24 bis du projet de loi a pour objet d'unifier le régime des obligations applicables aux chaînes du câble et du satellite. On retrouve en effet, depuis plusieurs années, les mêmes services sur le câble et le satellite, quelles que soient les bandes de fréquence utilisées. Si demain des services de radiodiffusion et de télévision étaient diffusés dans des bandes françaises de radiodiffusion par satellite, il n'y aurait pas lieu de leur imposer des obligations différentes de celles qui sont applicables aux télévisions diffusées dans des bandes de télécommunications.
Cette unification permet de mettre le droit en conformité avec l'évolution économique et technique du secteur audiovisuel. Je suis donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 55, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 24 bis est supprimé.

Article 25



M. le président.
« Art. 25. - Il est inséré, dans la même loi, un article 33-4 ainsi rédigé :
« Art. 33-4 . - Pour l'application de la présente loi, les mots : "distributeur de services" désignent toute personne qui établit avec des éditeurs de services des relations contractuelles en vue de constituer une offre de services de communication audiovisuelle mise à disposition du public par câble ou par satellite. Est également regardée comme distributeur de services toute personne qui constitue une telle offre en établissant des relations contractuelles avec d'autres distributeurs. »
Par amendement n° 56, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit cet article :
« Il est inséré, après l'article 2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, un article 2-1 ainsi rédigé :
« Art. 2-1. - Pour l'application de la présente loi, les mots "distributeur de services" désignent toute personne qui met à disposition du public une offre de services de communication audiovisuelle diffusée par voie hertzienne terrestre ou par satellite ou distribuée par câble. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement a pour objet de simplifier la définition des distributeurs de services - les câblo-opérateurs et les opérateurs de bouquets satellitaires - et d'étendre cette définition aux distributeurs de multiplex numériques de terre, en insérant un article 2-1 dans la loi de 1986.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à cette nouvelle définition des distributeurs de services, qui va bien au-delà du numérique de terre : elle est si large qu'elle permettrait de couvrir de simples transporteurs, comme TDF, Eutelsat et Astra.
A mon sens, si l'on veut défendre les contenus, il faut définir avec clarté ce que l'on entend par « distributeurs de services ».
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 56, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 25 est ainsi rédigé.

Article 26



M. le président.
« Art. 26. - L'article 34 de la même loi est ainsi modifié :
« 1° A Après le troisième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Pour le territoire de la Polynésie française, un tel réseau peut comporter une ou plusieurs liaisons radioélectriques permettant la réception directe et individuelle par les foyers abonnés des signaux transportés. » ;
« 1° Le cinquième alinéa est ainsi rédigé :
« L'exploitation des réseaux ainsi établis est autorisée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel sur proposition des communes ou groupements de communes dans les conditions définies par décret en Conseil d'Etat. » ;
« 2° La dernière phrase du sixième alinéa est ainsi rédigée :
« Ces obligations portent sur les points suivants : » ;
« 3° Le 4° est ainsi rédigé :
« La composition et la structure de l'offre de services, et, notamment, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, les proportions minimales, parmi les services ayant conclu une convention en application de l'article 33-1, de services en langue française, qui, d'une part, ne sont contrôlés directement ou indirectement ni par le distributeur de services, ni par l'un de ses actionnaires détenant au moins 5 % de son capital, ni par la personne physique ou morale qui contrôle directement ou indirectement au moins la moitié des services concernés et, d'autre part, ne sont pas contrôlés directement ou indirectement par un distributeur de services au sens de l'article 33-4 ;
« 3° bis Après le neuvième alinéa, il est inséré un 3° bis ainsi rédigé :
« 3° bis L'affectation d'un canal à temps complet ou partagé à une association locale dont le rôle est de distribuer des programmes produits par des associations ou des particuliers. Le président du conseil d'administration de l'association a la responsabilité éditoriale du canal précité » ;
« 4° L'article est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel veille à ce que la composition de l'offre, en ce qui concerne les services qu'il a conventionnés en application de l'article 33-1, soit conforme à l'intérêt public au regard notamment de la qualité et de la variété des services proposés, de la durée des relations contractuelles avec les éditeurs de services et, pour les services soumis aux obligations prévues au 5° de l'article 33, en fonction de l'importance de leur contribution au développement de la production cinématographique et audiovisuelle.
« Toute modification relative à la composition et la structure d'une offre doit être présentée à la collectivité compétente qui peut, par décision motivée de son représentant, ou, en cas de pluralité de collectivités, par le représentant désigné par ces collectivités, et dans les quinze jours suivant la présentation, s'y opposer. L'accord de la collectivité est réputé acquis en cas de non-réponse dans les délais précités. La modification est ensuite notifiée au Conseil supérieur de l'audiovisuel qui peut, par décision motivée et dans le mois suivant la notification, s'y opposer, s'il estime qu'elle est de nature à remettre en cause l'autorisation, au regard notamment des obligations prévues aux 1° à 4° du présent article, ainsi que des critères mentionnés à l'alinéa précédent. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion nouvelle.
Par amendement n° 104, M. Flosse propose de supprimer le 1° A de cet article.
Par amendement n° 57, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger comme suit le deuxième alinéa de l'article 26 :
« 1° A Le troisième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : »
La parole est à M. Flosse, pour défendre l'amendement n° 104.
M. Gaston Flosse. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, l'article 26, 1° A, dont je vous propose la suppression est issu d'un amendement déposé à l'Assemblée nationale par M. Vernaudon et destiné à donner une base légale à la société Téléfénua.
Il s'agit d'un procédé choquant, qui vise non pas à créer un Etat de droit général mais à légaliser un acte contraire au droit concernant une société particulière. Celle-ci diffuse en effet, depuis février 1995, et grâce au soutien du ministre de l'époque - M. Carignon - un bouquet de programmes provenant du câble parisien ainsi que des productions politiques locales, sans aucune assise juridique.
Le Conseil d'Etat s'est prononcé par deux fois, dans ses arrêts du 25 septembre 1995 et du 25 novembre 1998, sur le problème de la légalité des méthodes de diffusion utilisées par la société en cause et a démontré le détournement de procédure qu'elle avait effectué à son profit, allant jusqu'à annuler, dans son second arrêt, l'autorisation donnée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel.
La société Téléfénua a toutefois continué à émettre, en toute illégalité.
Les autres productions télévisées, et notamment Canal Polynésie, première télévision privée en Polynésie, sont par conséquent victimes d'une véritable concurrence déloyale parce qu'elles ont fait le choix d'obéir aux règles législatives, réglementaires ou jurisprudentielles auxquelles elles sont soumises ! Il faut ajouter à l'actif de cette absence totale de déontologie le financement occulte de Téléfénua par des capitaux américains, ceux de United Global Telecom , son endettement et son engagement politique pro-indépendantiste.
L'amendement n° 104 vise donc à rétablir l'Etat de droit dans le paysage audiovisuel polynésien, conformémént à l'avis émis par l'assemblée de la Polynésie française à ce sujet, alors qu'elle a par ailleurs émis un avis favorable sur l'ensemble du projet de loi.
Outre les développements concernant l'imbroglio juridique dont la société Téléfénua essaie de se dégager, le rapport présenté par la commission des affaires administratives, du statut et des lois de cette assemblée démontre très clairement que le maintien des dispositions introduites à l'Assemblée nationale par M. Vernaudon reviendrait à instituer en matière de micro-ondes un système dérogatoire uniquement pour la Polynésie française.
C'est pourquoi je vous propose, mes chers collègues, de voter la suppression de ces dispositions.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 57 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 104.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'amendement n° 57 est un simple amendement rédactionnel.
L'amendement n° 104 vise à supprimer une disposition adoptée par l'Assemblée nationale afin de légaliser la diffusion de services de télévision par micro-ondes en Polynésie française.
A priori , ce mode de diffusion semble bien adapté à la configuration du terrain en Polynésie. On s'étonne cependant que seule la Polynésie soit concernée par ces techniques innovantes. Il conviendrait manifestement de traiter ce problème de façon globale. C'est pourquoi la commission est favorable à l'adoption de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 104 et 57 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 104.
L'article 34 doit en effet être modifié afin de permettre de mettre en oeuvre ce qu'il est convenu d'appeler du MMDS en diffusion - ou micro-ondes - jusque chez l'abonné sur le territoire de la Polynésie française.
Le Conseil d'Etat a partiellement annulé, en 1995, vous venez de le rappeler, monsieur le sénateur, les dispositions du décret MMDS au motif que les conditions d'habitat dispersé étaient trop largement entendues outre-mer par rapport à l'article 34 de la loi de 1986. Il a ensuite logiquement annulé en 1998 l'autorisation délivrée à la société Téléfénua en Polynésie sur ce fondement, société qui, de ce point de vue, n'était nullement responsable d'une erreur de droit des pouvoirs publics.
Il s'agit donc ici non pas de contredire une décision du Conseil d'Etat, mais au contraire de la suivre en donnant une base légale à l'existence de cette desserte qui apporte pleine satisfaction à des milliers de téléspectateurs en Polynésie française.
Pour le reste, je ne me prononce pas sur l'activité propre de cette sociéé, m'en tenant au jugement du Conseil d'Etat et à la situation ainsi créée.
M. Gaston Flosse. On légalise une seule télévision privée, financée avec des capitaux américains, et pro-indépendantiste. Bravo !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. C'est la liberté de communication !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je suis par ailleurs favorable à l'amendement n° 57.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 104, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 57 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 131, M. Pelchat propose de rédiger ainsi le second alinéa du 1° de l'article 26 :
« L'exploitation des réseaux ainsi établis fait l'objet d'une déclaration préalable auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel des communes ou groupements de communes. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 58, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, après le 1° de l'article 26, deux alinéas ainsi rédigés :
« 2° A La cinquième phrase du sixième alinéa est ainsi rédigée :
« Elle précise sa durée ainsi que la composition et la structure de l'offre de services, ses modalités de commercialisation et tout accord de commercialisation du système d'accès sous condition. »
Par amendement n° 225, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le 1° de l'article 26, deux alinéas ainsi rédigés :
« ...° La deuxième phrase du sixième alinéa est ainsi rédigée :
« Elle précise sa durée ainsi que la composition et la structure de l'offre de services, ses modalités de commercialisation et tout accord de commercialisation du système d'accès sous conditions. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 58.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'Assemblée nationale a prévu que le CSA devra, en autorisant l'exploitation des réseaux câblés, définir des obligations portant sur la composition et la structure de l'offre de services. Cela tend à retirer aux câblo-opérateurs toute souplesse commerciale dans la gestion de leur offre. L'amendement transforme ce dispositif excessivement dirigiste en obligation d'informer le CSA, le câblo-opérateur demeurant maître de la composition de son offre, sous réserve des limitations déjà prévues par l'article 34 de la loi du 30 septembre 1986.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 225.
Mme Danièle Pourtaud. Cet amendement est presque identique à celui qui vient d'être présenté par M. le rapporteur. Il tend à remplacer la disposition de la loi du 30 septembre 1986 prévoyant que, dans l'autorisation d'exploitation des réseaux, sont précisés la durée, le nombre et la nature des services à distribuer.
Nous préférons prévoir aujourd'hui, compte tenu de l'évolution des pratiques commerciales des câblo-opérateurs et de la technologie, que l'autorisation précisera sa propre durée, ses modalités de commercialisation et l'accord sur la commercialisation du système d'accès.
Cette solution est plus souple puisque les nouvelles pratiques commerciales et les nouvelles possibilités d'abonnement modulable ne permettent plus de fixer pour la durée intégrale de l'autorisation le nombre de services que distribuera un câblo-opérateur. Il convient donc d'appréhender plutôt les modalités de commercialisation du bouquet, solution qui permettra de surcroît au CSA de prévoir, au terme de l'autorisation, d'autres critères, financiers par exemple, que le nombre et la nature des services. Pourront ainsi être prévues des clauses protectrices pour les éditeurs de services et les téléspectateurs.
Enfin, au vu de l'évolution technologique, il me paraît utile de prévoir, lors de l'autorisation, les dispositions ayant trait au contrôle d'accès. Une telle mesure ne peut aller que dans le sens de la diminution des brouillages et de l'harmonisation des systèmes d'accès.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 225 ?
M. Jean-Paul Hugot. rapporteur. Cet amendement est satisfait par l'amendement n° 58.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 58 et 225 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement émet un avis favorable sur ces amendements, pour les raisons qui ont été exprimées et par M. le rapporteur et par Mme Pourtaud.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 225 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 59, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de supprimer le 2° de l'article 26.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à restituer au CSA la latitude dont il dispose actuellement pour définir les obligations des distributeurs de service du câble.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. L'avis du Gouvernement est défavorable. Il s'agit de supprimer la phrase : « Ces obligations portent sur les points suivants : » et de revenir au texte actuel de la loi : « Ces obligations ne peuvent porter que... ».
Cet amendement, comme le suivant, amoindrit le dispositif adopté en première lecture. La concurrence très forte entre éditeurs et bouquets, comme l'importance verticale du secteur audiovisuel français, impose de renforcer les dispositions destinées à garantir aux téléspectateurs l'offre pluraliste de programmes. Le projet de loi vise ainsi à garantir la présence de chaînes indépendantes au sens large et à faire de cette garantie une obligation absolue.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 59.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Nous sommes contre cet amendement, car il vise en fait à revenir en arrière et à permettre au CSA de choisir parmi les obligations qui peuvent être imposées aux exploitants de réseaux. Il nous semble préférable, comme le prévoit le projet de loi, de préciser que les câblo-opérateurs doivent respecter la liste des obligations définies par la loi.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 59, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 229, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le 2° de l'article 26, deux alinéas ainsi rédigés :
« ...° Le 1° est ainsi rédigé :
« 1° La retransmission des services diffusés par voie hertzienne normalement reçus dans la zone, sauf s'ils s'y opposent pour motif légitime. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Il s'agit d'étendre à l'obligation de transport des chaînes en clair, dites must carry , s'appliquant déjà aux réseaux câblés le pendant de la disposition que nous avons déjà proposée à l'article 4 bis pour la reprise de ces chaînes sur les bouquets satellitaires.
Je m'explique. Nous souhaitons que l'obligation de transport puisse connaître une exception : l'opposition des chaînes ainsi transportées pour motif légitime. Ces chaînes pourront donc s'opposer à leur reprise sur un bouquet qui, par exemple, de par sa programmation, pourrait nuire à leur image. On peut penser aux émissions pornographiques. Ces chaînes devront, pour ce faire, invoquer un motif légitime, ce qui permettra à l'intéressé de contester éventuellement ce refus.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Le texte actuel de l'article 34 de la loi de 1986 permet au CSA d'imposer la reprise des chaînes publiques sur les réseaux câblés et n'interdit nullement à celles-ci de refuser la reprise de leurs programmes. Aussi, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement émet, lui aussi, un avis défavorable sur cet amendement.
Je ne partage pas l'analyse qui le motive, car je pense que la question se pose ici en termes différents par rapport à l'obligation de reprise des chaînes publiques où vous aviez souhaité l'introduire à juste titre.
Cette disposition de l'article 34 permet au CSA d'imposer à tous les câblo-opérateurs la redistribution des chaînes normalement reçues dans la zone, c'est-à-dire les chaînes terrestres privées et publiques la plupart du temps présentées dans que l'on appelle « le service antenne ». Il s'agit de garantir aux abonnés qu'ils auront au moins sur le câble ce qu'ils recevaient jusque-là avec leur antenne « râteau ».
Permettre demain à une chaîne de s'opposer à cette reprise me paraît sans objet et dangereux. Ni les chaînes, ni les câblo-opérateurs n'ont jamais contesté cette disposition, bien au contraire, puisqu'elle participe de la liberté d'expression.
Je ne vois d'ailleurs pas quel « motif légitime » les chaînes pourraient invoquer demain pour refuser leur reprise sur le câble. Elles ont, par exemple, nécessairement acquis les droits de diffusion, puisqu'il s'agit du territoire français.
M. le président. Madame Pourtaud, l'amendement n° 229 est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud. Convaincue par les explications de Mme le ministre, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 229 est retiré.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 60, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger ainsi le 3° de l'article 26 :
« 3° Le 4° est ainsi rédigé :
« 4° Les proportions minimales, parmi les services ayant conclu une convention, en application de l'article 33-1, de services en langue française qui ne sont contrôlées directement ou indirectement ni par le distributeur de services, ni par l'un de ses actionnaires détenant au moins 5 % de son capital, ni par la personne physique ou morale qui contrôle directement ou indirectement au moins la moitié des services concernés. »
Par amendement n° 132, M. Pelchat propose de rédiger ainsi le second alinéa du 4° de l'article 26 :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, par décision motivée et dans le mois suivant la notification, s'opposer à l'exploitation ou à la modification de la composition de l'offre s'il estime que cette offre ne satisfait pas ou ne satisfait plus aux critères et obligations des alinéas précédents. »
Par amendement n° 226, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans le texte présenté par le 3° de l'article 26 pour le 4° de l'article 34 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « les proportions minimales, parmi les services ayant conclu une convention en application de l'article 33-1, de services en langue française » par les mots : « la proportion d'au moins 30 %, parmi les services en langue française ayant conclu une convention en application de l'article 33-1, de services ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 60.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à restituer au CSA la compétence, dont il dispose actuellement, de fixer le seuil de services indépendants du distributeur dans l'offre du câble.
M. le président. La parole est à M. Pelchat, pour défendre l'amendement n° 132.
M. Michel Pelchat. Il s'agit de revenir quasiment à la rédaction initiale du projet de loi qui, avant son examen par l'Assemblée nationale, ne fixait pas plus d'obligations pour la diffusion par câble qu'elle n'en fixait pour la diffusion par satellite ou par tout autre système. De même, le contrôle du CSA s'exerçait comme sur les autres modes de diffusion, sans pour autant distordre la concurrence entre le câble et le satellite. Vous le savez, le câble et le satellite sont complémentaires mais, aujourd'hui, ils sont concurrents : on opte pour le câble ou pour le satellite. La différenciation de ces dispositions, telle qu'elle résulte de l'amendement adopté sur ce point par l'Assemblée nationale, met le câble dans une situation de grande difficulté.
En outre, je ne crois pas nécessaire que les communes donnent un avis sur ce qui est diffusé sur ces réseaux. Cela les mettrait même dans la difficulté : comment accepter, comment refuser ? C'est complexe et cela n'entre pas dans leur compétence. Elles risquent d'y trouver plus de problèmes que d'avantages.
C'est pourquoi il me paraît préférable d'aligner les deux dispositions.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 226.
Mme Danièle Pourtaud. Notre amendement vise à préciser les modalités d'encadrement des dispositions qui prévoiront le nombre minimal de services indépendants en langue française que devront distribuer les réseaux câblés.
Afin que les services indépendants en langue française bénéficient d'une place effective sur ce type de bouquets, nous souhaitons que les décrets qui affineront le dispositif, en fonction des caractéristiques des bouquets, fixent des proportions minimales de services indépendants d'au moins 30 %. Il s'agit d'un minimum. Celui-ci ne nous semble pas excessif puisque, je le rappelle, les chaînes publiques peuvent être comptabilisées dans ce taux.
Une telle disposition devrait favoriser aussi l'émergence de nouveaux éditeurs indépendants.
Quant à notre calcul, nous préférons l'effectuer par rapport à l'offre de services en langue française, et non par rapport à l'offre de services globale - francophones et non francophones - ce qui rendra le système plus efficace.
Nous préférons la solution retenue par l'Assemblée nationale, qui consiste à renvoyer au décret le soin de préciser les modalités d'application de ces quotas, plutôt que de laisser au seul CSA, comme le souhaite M. le rapporteur dans son amendement n° 60, le soin de fixer la proportion de services indépendants devant être distribués sur les réseaux câblés.
Enfin, comme l'a voulu l'Assemblée nationale, nous adhérons à l'idée d'appréhender la proportion de services indépendants non seulement par rapport au bouquet concerné mais aussi par rapport à l'ensemble des distributeurs de services du câble.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 132 et 226 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. L'amendement n° 132 tend à prévoir une nouvelle rédaction pour un alinéa que la commission a décidé de réécrire par son amendement n° 63. Il fixe, en outre, à un mois le délai dans lequel le CSA peut s'opposer à la modification d'une offre de programmes du câble. La commission a souhaité fixer ce délai à quinze jours afin de donner aux câblo-opérateurs une grande souplesse dans la gestion de leur offre. La commission émet donc un avis défavorable.
Quant à l'amendement n° 226, il fixe la proportion de services de télévision en langue française devant figurer dans l'offre des réseaux câblés. Il est contraire à la décision prise par la commission de confier au CSA le pouvoir de fixer les seuils de services indépendants du câble. Aussi la commission émet-elle un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 60, 132 et 226 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je donnerai d'abord l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 60.
A la lumière des litiges survenus ces derniers mois dans l'accès des chaînes aux réseaux câblés, il me semble en effet plus que jamais nécessaire que le CSA conserve la maîtrise de la composition des plans de services, dès lors que les instruments dont ils disposent sont modernisés.
Ce n'est pas une question d'économie administrée. C'est au contraire une manière pour l'Etat de permettre d'arbitrer rapidement des litiges qui se posent dans un secteur fortement concurrentiel. Je crois que nous ne devons pas perdre de vue l'intérêt du téléspectateur.
Il en va de même s'agissant des critères d'indépendance que votre amendement vise à modifier. Vous savez combien le secteur audiovisuel est fortement intégré. Il est fondamental que des chaînes indépendantes de tout distributeur de services puissent être offertes au téléspectateur.
Je suis d'ailleurs sûre que nous devons nous rejoindre sur ce point. Nous devons faire en sorte de garantir à la fois des conditions de concurrence entre les chaînes émanant des grands groupes et l'existence de chaînes entièrement indépendantes.
C'est la raison pour laquelle je suis défavorable à cet amendement.
J'en viens à l'amendement n° 132.
Monsieur Pelchoct, je partage pleinement l'analyse que vous venez de développer. Les litiges survenus entre câblo-opérateurs et chaînes thématiques ont montré combien la position des collectivités locales était délicate.
La nouvelle rédaction proposée me semble excellente, et je suis donc favorable à cet amendement.
En ce qui concerne l'amendement n° 226, le Gouvernement émet un avis défavorable.
Je n'ai pas souhaité inscrire dans la loi la proportion précise de chaînes indépendantes que les distributeurs de services seront tenus de proposer à leurs abonnés. Non pas que j'aie cherché à éviter sur ce point la reprise des débats qui avaient eu lieu avec le projet de loi de mon prédécesseur, M. Douste-Blazy, mais simplement parce que la situation est devenue beaucoup plus complexe. Vous avez d'ailleurs remarqué qu'il s'agit d'introduire non plus une seule proportion mais plusieurs, à la fois vis-à-vis du distributeur en question, mais aussi de tout distributeur.
C'est la raison pour laquelle je préfère renvoyer à un décret en Conseil d'Etat. Je me prononce donc contre cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 60, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 132 et 226 n'ont plus d'objet.
Par amendement n° 61, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de remplacer le texte présenté par le dixième alinéa (3° bis ) de l'article 26 pour le 3° bis de l'article 34 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par deux alinéas ainsi rédigés :
« 3° bis L'affectation d'un canal à temps complet ou partagé à une association déclarée selon la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association, ou à une association à but non lucratif régie par la loi locale dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, dont le rôle est de programmer des émissions concernant la vie locale. La convention mentionnée à l'article 33-1 peut prévoir qu'une proportion minimale des émissions programmées est réalisée sous la responsabilité d'une ou plusieurs autres personnes indépendantes de l'association affectataire du canal mentionné au présent alinéa et les conditions dans lesquelles sont alors partagés les frais de réalisation, ainsi que la structure générale de la grille de programmes.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel désigne l'association affectataire du canal en fonction, notamment, des garanties qu'elle présente en ce qui concerne le respect du pluralisme des courants de pensée et d'opinion. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 192, présenté par le Gouvernement et tendant, dans la seconde phrase du premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 61 pour le 3° bis de l'article 34 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, à supprimer les mots : « et les conditions dans lesquelles sont alors partagés les frais de réalisation ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 61.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à préciser les conditions dans lesquelles le CSA pourra, comme l'a prévu l'Assemblée nationale, affecter un canal, à temps complet ou partagé, à des services associatifs. Il convient en particulier de garantir le pluralisme dans l'utilisation de ce canal.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour présenter le sous-amendement n° 192 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 71. Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 61.
Je tiens cependant à attirer l'attention de la Haute Assemblée sur les conséquences qu'entraînerait l'adoption du présent amendement. En effet, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture un dispositif sensiblement différent à l'article 27 bis nouveau, qu'il conviendrait d'harmoniser avec celui-ci. Un régime unique est en effet préférable pour les canaux locaux, qu'il s'agisse des modalités de leur reprise sur les réseaux - c'est l'article 34 de la loi de 1986 que nous examinons actuellement - ou des relations avec les communes - c'est le nouvel article 34-4 de la même loi.
Je ne pense pas qu'il soit opportun de faire intervenir le CSA dans le partage des frais de réalisation. Je propose donc un sous-amendement qui vise à supprimer cette disposition et les conditions dans lesquelles sont alors partagés les frais de réalisation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 192 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Ce sous-amendement tend à modifier l'amendement proposé par la commission pour définir les conditions de fonctionnement des canaux associatifs créés sur le câble.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat sur ce texte.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 192.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je ne comprends pas la raison pour laquelle Mme le ministre suggère que le CSA n'intervienne pas dans le partage des frais de réalisation. Il me semble que le CSA a aussi vocation à vérifier, outre le bon déroulement technique du partage des fréquences, les aspects économiques. C'est d'ailleurs le sens de l'amendement n° 61 de la commission, que je soutiendrai si le sous-amendement n° 192 n'est pas adopté.
Pourquoi le CSA n'aurait-il pas à examiner la viabilité économique d'un système ? A la suite du lancement des radios associatives et du partage des fréquences, le CSA, comme il l'a d'ailleurs indiqué dans un rapport, a regretté de ne pas avoir regardé de plus près la conception économique du système des radios associatives. Pourquoi ne pas l'encourager à poursuivre dans cette voie, y compris sur le plan économique ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Ce sous-amendement vise à supprimer la possibilité pour le CSA de vérifier non pas la viabilité économique d'un montage d'associations différentes utilisant le même canal mais le partage des frais. La proportion qui peut être apportée par chacune se négocie en effet entre elles. Le CSA juge ensuite de l'ensemble, mais n'a pas à se mêler de négociations qui pourraient éventuellement l'amener à être partie prenante dans des conflits qui me paraissent être de nature contractuelle et ne pas du tout relever de l'autorité du CSA.
M. Michel Pelchat. Absolument !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 192, pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 61, ainsi modifié.
Mme Danièle Pourtaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. Je voudrais ajouter aux arguments développés par Mme la ministre un aspect qui nous incite à ne pas voter cet amendement.
En fait, l'amendement n° 61 revient sur un sujet traité par l'Assemblée nationale à l'article 27 bis nouveau. Je ne sais donc pas si, comme le suggérait Mme la ministre, il va nous falloir procéder à une harmonisation ou si l'adoption de cet amendement nous amènera à supprimer la disposition votée par l'Assemblée nationale.
Il me semble qu'une différence essentielle existe entre les deux dispositions imaginées. L'amendement adopté par l'Assemblée nationale, tout en prévoyant que l'on pouvait donner un canal à une association et que ce canal pouvait aussi être partagé entre différentes associations, avait quand même fixé une règle qui nous paraît opportune : la responsabilité éditoriale du responsable de la première association attributaire.
L'amendement n° 61 supprime cette disposition claire et propose à la place une cascade de responsabilités : M. Michel Dreyfus-Schmidt, éminent juriste, et moi-même nous sommes penchés sur ce texte et n'avons absolument pas réussi à déterminer qui, au bout du compte, serait le responsable. Telle est la raison essentielle pour laquelle nous nous opposons à cet amendement. En effet, si nous partageons l'objectif d'accorder un canal à des associations, nous ne souhaitons cependant pas le faire de cette manière.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 61, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
Le premier, n° 62, est présenté par M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles.
Le second, n° 228, est déposé par Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous deux tendent, après le 3° bis de l'article 26, à insérer deux alinéas ainsi rédigés :
« ... ° Après le dixième alinéa, il est inséré un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« ... ° En fonction de la nature des services, la durée minimale des contrats passés avec les éditeurs aux fins de mise des services à disposition du public ; ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 62.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement vise à permettre au CSA de fixer la durée minimale des contrats passés par les câblo-opérateurs avec les services qui composent leur offre. Il s'agit de protéger les éditeurs de chaînes thématiques contre la situation très précaire que leur font souvent les câblo-opérateurs.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt, pour défendre l'amendement n° 228.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. On pourrait dire bien des choses sur ce point. Mais nous sommes parfaitement d'accord avec la commission : il est très important, si nous voulons favoriser la production française et permettre aux gens de vivre, que les éditeurs de service puissent savoir de quelles ressources ils peuvent disposer pour produire. Une durée minimale des contrats passés paraît nécessaire, et ce d'autant plus que la mode, à l'heure actuelle, est la possibilité accordée aux clients de modifier tous les mois leur choix : de ce fait, un producteur ou une chaîne thématique risque de se trouver tout d'un coup en mauvaise posture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 62 et 228 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Confier au CSA, c'est-à-dire à une autorité publique, la fixation d'une durée minimale des contrats de diffusion passés entre un câblo-opérateur et une chaîne sur le câble ou sur le satellite, comme ce sera proposé à l'article 34-2, justifie un débat.
A priori , cela relève du contrat passé entre les uns et les autres ; c'est donc une forme plutôt privée. En même temps, on voit bien aussi l'absence de garanties dans un domaine où sont en jeu la production et la pérennité de certains services sur le câble. Quelques récents événements ont montré la fragilité qui pouvait en résulter. Je m'en remets donc à la sagesse de la Haute Assemblée concernant ces amendements.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 62 et 228, pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Les amendements sont adoptés.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ces amendements ont été adoptés à l'unanimité !
M. le président. Je suis saisi de cinq amendements identiques.
L'amendement n° 112 est présenté par M. de Broissia et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 138 est déposé par M. Laffitte.
L'amendement n° 164 rectifié est présenté par MM. Richert et Hérisson.
L'amendement n° 172 est déposé par M. Pelchat.
L'amendement n° 230 est présenté par Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Ces cinq amendements tendent à insérer, après le onzième alinéa de l'article 26, deux alinéas ainsi rédigés :
« ...° L'article est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ...° La contribution des distributeurs de services au développement des services proposés, en particulier celle affectée aux services en langue française ayant conclu une convention en application de l'article 33-1. »
La parole est à M. de Broissia, pour présenter l'amendement n° 112.
M. Louis de Broissia. Je me réjouis de voir que, sans nous être concertés, nous sommes plusieurs - non seulement MM. Laffitte, Richert, Hérisson, Pelchat et moi-même, mais aussi nos collègues socialistes - à avoir déposé une proposition allant dans le sens d'un dispositif d'encadrement complet en faveur de l'industrie cinématographique et de l'industrie des programmes audiovisuels.
En ce qui concerne l'exploitation des réseaux câblés, il est important de donner des moyens au Conseil supérieur de l'audiovisuel qui fixerait des obligations aux distributeurs de services. Mes collègues souligneront que nous souhaitons préserver l'équilibre de ce secteur.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Beaucoup ont dîné ensemble, hier soir ! ( Sourires. )
M. le président. L'amendement n° 138 est-il soutenu ?...
La parole est M. Hérisson, pour présenter l'amendement n° 164 rectifié.
M. Pierre Hérisson. Il s'agit de compléter la chaîne des dispositifs d'encadrement en faveur de l'industrie cinématographique et de l'industrie des programmes audiovisuels.
Le CSA, qui autorise l'exploitation des réseaux câblés, peut ainsi fixer des obligations aux distributeurs de services, destinés à contribuer au développement de l'industrie des programmes française et européenne.
Pour l'équilibre et la croissance du secteur, les mesures de soutien à l'industrie des programmes doivent être complètes et cohérentes et s'appliquer à l'ensemble des acteurs, de celui qui fabrique le programme à celui qui le communique au public.
M. le président. La parole est à M. Pelchat, pour présenter l'amendement n° 172.
M. Michel Pelchat. Il s'agit de mettre à contribution le CSA en lui permettant d'imposer aux distributeurs de services un certain nombre de productions de caractère national afin de développer notre industrie des programmes.
Je me réjouis que, sur l'ensemble des travées de notre assemblée, nous ayons eu la même idée, à laquelle nous avons apporté la même réponse. Cela devrait conduire le Gouvernement à nous suivre et à approuver ces amendements.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Malheureusement non !
M. le président. La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 230.
Mme Danièle Pourtaud. Je vais à mon tour apporter quelques compléments d'explication sur un dispositif qui est cher au coeur de l'ensemble des parlementaires, sur quelque travée qu'ils siègent.
La réglementation actuelle concernant le câble recèle une rupture dans la chaîne des dispositifs d'encadrement que souhaite le législateur en faveur du développement de l'industrie des programmes française et européenne.
Les distributeurs collectent et gèrent les ressources de la télévision diffusée par le câble. Or aucune obligation de contribution à l'industrie de programmes, similaire à celles qui pèsent sur les éditeurs de services, ne pèse sur les distributeurs de ces mêmes services.
Afin d'éviter que des distributeurs de services ne proposent au public que des services établis hors de France - et qui ne seraient donc soumis à aucune obligation en matière de soutien à la production française -, la loi a prévu de confier au Conseil supérieur de l'audiovisuel le pouvoir de veiller à la composition des plans de services.
De même, les mesures de soutien à l'industrie de programmes, pour être complètes et cohérentes, doivent s'appliquer, sous le même contrôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel, à l'ensemble des acteurs de la chaîne, qui va du producteur des oeuvres audiovisuelles au téléspectateur qui les reçoit, en passant par l'éditeur qui établit le proramme et le distributeur qui le communique au public.
Les recettes provenant des abonnements représentent aujourd'hui globalement 75 % des ressources des services, le développement de la publicité étant aujourd'hui handicapé par une série de contraintes spécifiques, vous le savez, mes chers collègues.
La tendance à la baisse généralisée des redevances versées par les distributeurs aux éditeurs met ces derniers dans une situation de contrainte de plus en plus difficile entre des obligations d'investissement et un resserrement de leurs ressources.
Ces engagements de contribution à l'industrie de programmes, qui pèsent sur l'amont de la chaîne des ressources, ne pourront être supportées que s'ils pèsent également sur l'opérateur, en aval, qui collecte ces ressources.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel, dont les attributions en matière de régulation des plans de services sont renforcées par le projet de loi, se verrait ainsi confier la faculté de veiller au respect de l'obligation de contribution des distributeurs au développement des services, cette contribution faisant partie de l'autorisation d'exploitation qu'il délivre.
Le montant et les modalités de cette contribution pourraient faire l'objet d'accords interprofessionnels entre éditeurs et distributeurs ou, à défaut, être fixés par le Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Cette contribution des distributeurs profiterait avant tout aux chaînes établies en France et conventionnées avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel, la loi ayant prévu par ailleurs, dans son article 26-4°, d'imposer aux distributeurs la reprise, dans des proportions minimales, de services qu'ils ne contrôlent pas.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 112, 164 rectifié, 172 et 230 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Nos collègues nous proposent de permettre au CSA de créer à la charge des câblo-opérateurs une obligation de contribuer au développement des chaînes thématiques.
La commission est favorable à l'ensemble de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Malgré cette belle unanimité, monsieur le président, le Gouvernement est défavorable à ces amendements. Au demeurant, j'observe que les deux commissions n'ont pas repris ce dispositif qui a pour objet d'imposer aux câblo-opérateurs une contribution aux chaînes thématiques.
Beaucoup de questions se posent : s'agit-il d'une contribution financière ? Si oui, comment est-elle calculée ? Sur la base de quels critères ? Les signataires de ces amendements souhaitent-ils que le CSA fixe le prix que les chaînes versent aux câblo-opérateurs pour leur reprise ? Est-ce que indirectement, les câblo-opérateurs doivent contribuer au financement de la production ?
Toutes ces questions ainsi que celles qui, inévitablement se poseraient par rapport à une telle aide concernant les seuls interlocuteurs situés sur le sol français ne manqueront pas de devoir être posées également à Bruxelles.
Si je comprends l'enthousiasme et la conviction avec lesquels les sénateurs se sont engagés, personnellement, je ne peux pas les suivre.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. C'est le CSA qui répondra à ces questions !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 112, 164 rectifié, 172 et 230, acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 63, M. Hugot, au nom de la commission des affaires culturelles, propose de rédiger ainsi le 4° de l'article 26 :
« 4° L'article est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toute modification de la composition et de la structure d'une offre est notifiée au Conseil supérieur de l'audiovisuel qui peut s'y opposer par décision motivée dans les quinze jours suivant la notification s'il estime qu'elle est de nature à remettre en cause l'autorisation. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 227, présenté par Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant, dans le second alinéa du texte proposé par l'amendement n° 63, après les mots : « Conseil supérieur de l'audiovisuel », à insérer les mots : « , après avis de la collectivité compétente, ».
Par amendement n° 132, M. Pelchat propose de rédiger ainsi le second alinéa du 4° de l'article 26 :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, par décision motivée et dans le mois suivant la notification, s'opposer à l'exploitation ou à la modification de la composition de l'offre s'il estime que cette offre ne satisfait pas ou ne satisfait plus aux critères et obligations des alinéas précédents. »
Si j'appelle à nouveau cet amendement n° 132 en discussion, c'est parce qu'il a été appelé par erreur tout à l'heure par la présidence. Que M. Pelchat veuille bien nous en excuser !
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 63.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Cet amendement transforme le système de contrôle étroit de l'offre institué par l'Assemblée nationale au profit du CSA en une obligation de respecter, dans la gestion de l'offre du câble, les données initiales de l'autorisation.
Le système résolument dirigiste adopté par l'Assemblée nationale n'est pas compatible avec la situation concurrentielle dans laquelle se trouve le câble à l'égard du satelite.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt, pour défendre le sous-amendement n° 227.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. J'avoue notre étonnement de constater que, dans sa majorité, le Grand Conseil des communes de France propose de ne pas même demander l'avis de la collectivité locale compétente. C'est tout de même extraordinaire !
Bien souvent, de grands efforts sont faits par les communes, par l'une d'entre elles ou par un ensemble de communes regroupées, pour consulter les téléspectateurs sur le contenu des programmes qu'ils souhaitent voir arriver sur le câble et pour faire installer ce câble.
Je conçois qu'il peut être très lourd de demander systématiquement l'accord du représentant de la commune ou des communes concernées, mais la moindre des choses, c'est que le CSA - puisque c'est lui qui devra prendre la décision finale - puisse disposer de l'avis de la collectivité. Franchement, cela me paraît un minimum !
C'est ce à quoi vise notre sous-amendement : si nous renonçons à demander l'accord de la collectivité, qu'au moins on lui demande son avis, car il pourrait y avoir, en effet, des raisons très valables de s'opposer à la disparition de telle ou telle chaîne sur le réseau câblé.
Encore une fois, je suis vraiment sidéré. J'ai d'ailleurs parlé d'une décision de la majorité sénatoriale, et j'ai eu tort - même si j'espère avoir convaincu ceux qui m'écoutent - parce que c'est essentiellement à la commission que j'ai à faire le reproche de vouloir complètement oublier les communes ou les groupements de communes.
M. le président. La parole est à M. Pelchat, à qui je renouvelle les excuses de la présidence, pour présenter l'amendement n° 132.
M. Michel Pelchat. Cet amendement, je le rappelle, vise à remettre en question le contrôle des communes, car celui-ci les place en situation délicate vis-à-vis de leurs administrés, qui pourront contester leur décision de s'opposer à la reprise d'une chaîne, ou a contrario, leur absence de décision, le silence des élus durant un délai de quinze jours valant acceptation.
La distribution d'une offre télévisuelle doit rester dans le champ des relations entre abonnés et opérateurs sans que la responsabilité des élus puisse être mise en cause sur ces questions, d'autant que, dans un groupement de communes, il pourrait y avoir des avis divergents. Or les opérateurs ont intérêt à satisfaire leurs abonnés, qui ont eux-mêmes un interlocuteur : les opérateurs du câble.
Le retour à la situation initiale éviterait un certain nombre de problèmes réels dans les relations au sein des communes et des groupements de communes.
En dehors de cette question délicate, à laquelle nous devrions être attentifs, il s'agit de tenir compte d'une préoccupation qui m'a animé tout au long de ce débat : nous devons essayer de rapprocher les deux modes de diffusion entre satellite et câble, pour que leurs conditions d'exploitation et d'évolution soient analogues. Il convient d'éviter les distorsions de concurrence qui pourraient contrarier l'épanouissement de ces deux secteurs économiques.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 227 et sur l'amendement n° 132 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Le sous-amendement n° 227 donne à la collectivité qui a proposé l'exploitation d'un réseau câblé le droit de prononcer un avis sur les modifications de l'offre de services.
S'il est souhaitable que les collectivités aient la possibilité de dire leur mot sur l'évolution du câble sur leur territoire, il est également nécessaire d'éviter toute procédure allongeant les délais imposés aux câblo-opérateurs. C'est la raison pour laquelle la commission avait proposé des modalités de rectification éventuelle de son amendement qui auraient pu obtenir son aval. Celles-ci n'ayant pas été retenues, la commission émet un avis défavorable.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Qu'aviez-vous demandé, monsieur le rapporteur ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Il s'agissait non pas de demander l'avis de la collectivité compétente, mais de l'informer.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Non !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Enfin, en ce qui concerne l'amendement n° 132, je rappelle que la commission a émis un avis défavorable, car il est incompatible avec l'amendement n° 63.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 63 et 132 et sur le sous-amendement n° 227 ? Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. J'ai déjà indiqué précédemment que le Gouvernement était favorable à l'amendement n° 132 de par M. Pelchat.
S'agissant de l'amendement n° 63, j'ai le regret de dire à M. le rapporteur que le Gouvernement y est défavorable. En effet, si j'approuve la suppression de l'intervention des collectivités locales dans la modification des plans de services - c'est une procédure très loure, qui est souvent complexe à obtenir, notamment lorsque les réseaux couvrent des communes différentes - je ne peux accepter que l'ensemble des critères d'appréciation du CSA soient supprimés. Préciser ces critères, c'est au contraire permettre au CSA d'être doté d'instruments pour apprécier les modifications des plans de services.
Je suis également défavorable au sous-amendement n° 227, car je crois que l'avis systématique qui serait requis de la part des collectivités serait une procédure extrêmement lourde. Le CSA doit pouvoir consulter les collectivités et ces dernières doivent inversement pouvoir, en cas de problème, se tourner vers le CSA, mais il ne faut pas engager une procédure systématique. Cela étant, très souvent, lorsqu'un câblo-opérateur change son plan de services, il n'y a pas de difficulté. Et, s'il y avait pénalisation par rapport à ce qui était offert précédemment, il peut y avoir, je le répète, sollicitation de l'avis de la collectivité par le CSA ou, inversement, saisine du CSA par la collectivité.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 227.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Le dispositif qui nous est proposé par la commission ne nous paraît pas suffisant dans la mesure où il ne prévoit pas de recours de la part de la collectivité.
Nous demandons, nous, de connaître son avis.
Vous me direz qu'il faut que les choses aillent vite et, dans ces conditions, je suis prêt à modifier mon sous-amendement en prévoyant que l'avis est donné dans les huit jours de la demande, par exemple.
MM. Alain Joyandet et Michel Pelchat. C'est impossible !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ah bon ! Pourquoi ? Dans les communes, il y a toujours un responsable du câble. La plupart du temps, il s'agit d'un ensemble de communes, avec un représentant, un président, etc., qui a la possibilité de le faire.
La formule n'est peut-être pas la bonne, mais il faut, en tout cas, que la commune ait la possibilité de saisir, ne serait-ce qu'immédiatement après, le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Il faut donc qu'il y ait une référence à la commune.
M. Alain Joyandet. C'est ce qui est proposé !
M. Michel Pelchat. La commune est informée et peut saisir le CSA s'il y a problème ! Ce n'est pas un avis !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Eh bien, dites-le ! Cela nous suffirait.
J'insiste pour que notre sous-amendement, que nous n'avons pas le temps de rectifier pour qu'il vous convienne, soit adopté, afin que l'on ne perde pas de vue que la collectivité doit avoir la possibilité de saisir le CSA.
Nous en rediscuterons lors de la navette, mais il est important que le problème soit posé. Ce serait tout de même un comble que ce soit le Sénat qui fasse litière d'un droit de regard de la commune !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Le Gouvernement s'engage à ce que, au cours de la navette, soit proposée une solution, qui, semble-t-il, satisfera ceux qui se sont exprimés.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Dans ces conditions, je retire le sous-amendement.
M. le président. Le sous-amendement n° 227 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 63, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 132 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 26, modifié.

(L'article 26 est adopté.)

Articles additionnels avant l'article 26 bis



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 118, M. Belot, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, avant l'article 26 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré, après l'article L. 2251-4 du code des collectivités territoriales, un article L. 2251-5 ainsi rédigé :
« Art. L. 2251-5. La commune peut accorder dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat des aides directes et indirectes à des associations ou des sociétés exploitant un service local de communication audiovisuelle dès lors que les ressources commerciales provenant des messages diffusés à l'antenne et présentant le caractère de publicité de marque ou de parrainage sont inférieures à 30 % de leur chiffre d'affaires total.
« Les bénéficiaires doivent :
« - soit être titulaires d'une autorisation délivrée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, en application de l'article 30 de la loi modifiée du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication pour un service de télévision diffusé par voie hertzienne terrestre autre que national desservant la commune ;
« - soit avoir conclu une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel en application de l'article 34-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 pour l'édition d'un service prévu au 3° du sixième alinéa de l'article 34 de la même loi.
« Le décret en Conseil d'Etat mentionné au premier alinéa fixe notamment les conditions dans lesquelles est garanti le respect de l'honnêteté et du pluralisme de l'information et des programmes, ainsi que les modalités de nomination des organes dirigeants de la société ou de l'association. »
« II. - Il est inséré après l'article L. 3232-4 du même code, un article ainsi rédigé :
« Art. L. 3232-5. Le département peut attribuer dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat des aides directes et indirectes à des associations ou des sociétés exploitant un service de télévision locale dès lors que les ressources commerciales provenant des messages diffusés à l'antenne et présentant le caractère de publicité de marque ou de parrainage sont inférieures à 30 % de leur chiffre d'affaires total.
« Les services de télévision bénéficiaires doivent :
« - soit être titulaires d'une autorisation délivrée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, en application de l'article 30 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication pour un service de télévision diffusé par voie hertzienne autre que national desservant le département ;
« - soit avoir conclu une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel en application de l'article 34-1 de la loi n° 86-1067 précitée pour l'édition d'un service prévu au 3° du sixième alinéa de l'article 34 de la même loi.
« Le décret en Conseil d'Etat mentionné au premier alinéa fixe notamment les conditions dans lesquelles est garanti le respect de l'honnêteté et du pluralisme de l'information et des programmes, ainsi que les modalités de nomination des organes dirigeants de la société ou de l'association. »
« III. - Il est inséré, après l'article L. 3232-4 du même code, un article ainsi rédigé :
« Art. L. 3232-6. Le département peut, sous réserve du plafond mentionné au deuxième alinéa de l'article L. 1511-2, attribuer dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat des aides directes et indirectes à des sociétés de production audiovisuelle établies dans le département. »
« IV. - Il est inséré, après l'article L. 3232-4 du même code, une division additionnelle ainsi rédigée :
« Section IV
« Aide à certains services locaux de communication audiovisuelle et à la production audiovisuelle locale. »
« V. - La fin du second alinéa de l'article L. 3231-1 du même code est rédigée comme suit :
« ... L. 3231-2, L. 3231-3, L. 3231-6, L. 3232-4, L. 3232-5 et L. 3232-6. »
Par amendement n° 169, MM. Richert, Amoudry et Hérisson proposent d'insérer, avant l'article 26 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 34-1, il est inséré dans la loi n° 86-1067 relative à la liberté de communication un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - Une collectivité locale peut attribuer des subventions à des personnes morales ayant pour activité l'exploitation d'un service local de télévision, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
« Ces aides peuvent notamment bénéficier :
« - aux personnes morales ayant conclu une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel en application de l'article 34-1 de la présente loi ;
« - aux services de télévision bénéficiant d'une autorisation nationale en clair pour leurs décrochages locaux ;
« - aux sociétés nationales de programme visées aux articles 44 et 45 de la présente loi pour leurs émissions à caractère régional ou local ;
« - aux services autorisés en application de l'article 3 de la loi n° 96-229 du 10 avril 1996, relative aux expérimentations dans le domaine des technologies et services de l'information.
« Ces aides sont attribuées conformément aux stipulations d'une convention conclue entre le bénéficiaire et la collectivité locale concernée. »
La parole est à M. Joyandet, pour présenter l'amendement n° 118.
M. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Cet amendement vise à donner une base légale incontestable aux aides que les départements ou les communes pourraient souhaiter apporter aux télévisions locales et à certaines entreprises de production audiovisuelle.
On remarquera que ces aides sont réservées aux services de télévision locale à faibles ressources publicitaires.
M. le président. La parole est à M. Hérisson, pour défendre l'amendement n° 169.
M. Pierre Hérisson. Afin de favoriser la communication locale et le développement des télévisions de proximité, les collectivités locales octroient des subventions aux télévisions locales.
Cependant, s'agissant d'une exploitation commerciale, la base juridique de telles subventions est fragile. Il n'existe pas de disposition législative semblable à celle qui autorise l'attribution de subventions à des entreprises ayant pour objet l'exploitation de salles de spectacle cinématographique réalisant moins de 2 200 entrées en moyenne hebdomadaire, comme l'a expressément prévu la loi du 13 juillet 1992.
L'objet de cet amendement est donc de favoriser le développement des télévisions locales en légalisant les subventions des communes. A cet effet, il s'inspire du dispositif de la loi du 13 juillet 1992.
De telles aides étant susceptibles d'affecter la concurrence au stade de l'appel à candidatures, elles seraient réservées à l'exploitation. Elles seraient subordonnées à la conclusion d'une convention conclue entre le bénéficiaire et la collectivité locale concernée, et les modalités de leur attribution seraient précisées par un décret en Conseil d'Etat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 118 et 169.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 118, qui permettra aux communes et aux départements d'accorder des subventions aux services locaux de communication audiovisuelle dès lors que leurs ressources publicitaires sont inférieures à 30 % de leur chiffre d'affaires total.
Quant à l'amendement n° 169, il nous paraît satisfait par l'amendement n° 118.
M. le président. L'amendement n° 169 est-il maintenu, monsieur Hérisson ?
M. Pierre Hérisson. Je souscris aux observations de M. le rapporteur : notre amendement est, pour l'essentiel, satisfait par l'amendement n° 118. En conséquence, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 169 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 118 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je me suis déjà exprimée sur ces aspects économiques concernant les télévisions régionales ou locales sous leurs différentes formes lors de l'examen de l'amendement qui prévoyait la possibilité, pour les collectivités locales, de constituer des sociétés d'économie mixte pour créer des télévisions locales.
Nous retrouvons là le même problème : l'octroi d'aides directes ou indirectes à des associations ou à des sociétés exploitant des services de télévision locale.
Je préférerais, pour ma part, que nous puissions disposer d'une analyse complète et globale sur l'ensemble du financement des télévisions, comme pour les radios, d'autant qu'en l'espèce les moyens à lever sont beaucoup plus importants, qu'il s'agisse d'aides directes ou de recours à la publicité.
Il faudrait au moins que nous puissions prendre en compte l'approche de tous les acteurs, y compris les quotidiens régionaux, les radios locales, mais aussi les impératifs liés au numérique de terre.
Pour l'instant, je suis à l'écoute de toutes les propositions. En l'état, je ne peux donc qu'être défavorable à l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 118.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je rejoins le Gouvernement : l'intention est excellente, mais on met le doigt dans un engrenage redoutable.
Si cet amendement est adopté, tel département ou telle commune pourra apporter une aide alors que tel autre département ou telle autre commune ne le pourra pas. En effet, il est évident que l'on créera plus facilement une radio ou une télévision dans les Yvelines que dans la Creuse, tant leurs moyens financiers sont disproportionnés.
A ces distorsions de concurrence s'en ajouteront d'autres entre les différentes formes de médias. Voilà déjà pas mal de temps, les radios locales étaient aidées. Aujourd'hui, elles ne le sont plus du tout. Pour administrer un département, je peux en parler en connaissance de cause.
J'attire également l'attention de nos collègues sur le fait que nous allons détourner la loi sur la publicité en période électorale.
Finalement, je souhaite bien du plaisir aux sociétés d'économie mixte qui financeront une télévision locale !
Mme la ministre a raison : il faut procéder d'abord à une analyse de la situation des télévisions locales, et ne pas se précipiter en votant cet amendement. Pour ma part, je ne le voterai pas.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 118, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 119, M. Belot, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, avant l'article 26 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, après le premier alinéa de l'article 80 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, trois alinéas ainsi rédigés :
« Les services locaux de communication audiovisuelle peuvent bénéficier d'une aide, dès lors que les ressources commerciales provenant des messages diffusés à l'antenne et présentant le caractère de publicité de marque ou de parrainage sont inférieures à 30 % de leur chiffre d'affaires total et qu'ils entrent dans l'une des deux catégories suivantes :
« - services de télévision autres que nationaux diffusés par voie hertzienne terrestre et ayant fait l'objet d'une autorisation délivrée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, en application de l'article 30.
« - services prévus au 3° du sixième alinéa de l'article 34. »
Par amendement n° 168, MM. Hérisson, Amoudry et Richert proposent d'insérer, avant l'article 26 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 80, il est inséré, dans la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les services locaux de télévision par câble conventionnés en application de l'article 34-1 et les services de télévision hertzienne titulaires d'une autorisation locale dont les ressources commerciales proviennent de messages diffusés à l'antenne et présentant le caractère de publicité de marque ou de parrainage sont inférieures à 20 % de leur chiffre d'affaires total bénéficient d'une aide selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Le financement de cette aide est assuré par un prélèvement sur les ressources provenant de la publicité diffusée sur les supports hors médias imprimés. »
Par amendement n° 250, MM. Loridant, Ralite et Renar, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 26 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Les services locaux de télévision par câble conventionnés en application de l'article 34-1 ci-dessus et les services de télévision hertzienne titulaires d'une autorisation locale dont les ressources commerciales proviennent des messages diffusés à l'antenne et présentant le caractère de publicité de marque ou de parrainage sont inférieures à 20 % de leur chiffre d'affaires total bénéficient d'une aide selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Le financement de cette aide est assuré par un prélèvement sur les ressources provenant de la publicité diffusée sur les supports hors médias imprimés. »
La parole est à M. Joyandet, pour présenter l'amendement n° 119.
M. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances. Cet amendement vise à permettre aux télévisions locales à faibles ressources publicitaires d'accéder aux aides de l'Etat, comme c'est actuellement possible pour les radios locales dans le cadre du fonds de soutien à l'expression radiophonique locale.
M. le président. La parole est à M. Hérisson, pour présenter l'amendement n° 168.
M. Pierre Hérisson. Il s'agit de permettre une expression locale télévisuelle diversifiée, à l'instar du secteur des radios, sur le câble, en hertzien analogique ou numérique.
Aujourd'hui, seul le fonds de soutien à l'expression radiophonique permet à plus d'un demi-millier de radios d'initiatives locales de vivre sans tomber dans le giron et le formatage des réseaux nationaux.
La taxe actuelle sur le hors médias au bénéfice de la presse écrite pourrait être étendue au bénéfice de la presse audiovisuelle locale, dont le rôle potentiel pour la démocratie n'échappe à personne.
L'instauration, en 1998, de la taxe sur le hors médias ne semble pas avoir diminué cette forme de publicité.
C'est pourquoi un prélèvement supplémentaire sur les ressources provenant de la publicité diffusée sur les supports hors médias imprimés pourrait favoriser de nouvelles chaînes et la consolidation des chaîne existantes.
M. le président. La parole est à M. Ralite, pour défendre l'amendement n° 250.
M. Jack Ralite. Le présent amendement a pour objet de permettre une expression locale télévisuelle diversifiée, à l'instar du secteur des radios, sur le câble, en hertzien analogique ou numérique.
Le fonds de soutien, alimenté par un prélèvement sur la taxe sur les publicités diffusées sur les supports hors médias imprimés, pourrait ainsi favoriser le démarrage de nouvelles chaînes et la consolidation des chaînes existantes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 119, 168 et 250 ?
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. En ce qui concerne l'amendement n° 119, la commission a souhaité que M. le rapporteur pour avis indique quelles ressources permettront de financer le système national d'aide aux services locaux de communication audiovisuelle, dont cet amendement propose la création.
Au bénéfice de ces précisions, et en espérant qu'il ne s'agit pas d'un financement par le recours au fonds d'aide aux radios associatives, elle a émis un avis favorable sur cet amendement.
S'agissant de l'amendement n° 168 qui institue un système d'aide en faveur des services locaux de télévision par câble, et de l'amendement n° 250, ils nous semblent tous deux satisfaits par l'amendement n° 119.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 119, 168 et 250 ?
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Comme je l'ai déjà expliqué, en m'exprimant sur un amendement présenté par Mme Pourtaud, je suis, à ce stade de la discussion, défavorable à l'ouverture du fonds de soutien radiophonique aux télévisions locales.
Une analyse préalable est nécessaire pour mesurer les recettes sur lesquelles nous pouvons nous appuyer et les besoins financiers réels des télévisions de proximité.
Par ailleurs, nous devons être très attentifs à ne pas puiser dans un fonds qui doit être complètement, à l'heure actuelle, réservé aux radios associatives.
Je propose donc de réexaminer cette disposition dans un cadre plus général.
Cet avis du Gouvernement vaut pour les trois amendements n°s 119, 168 et 250.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 119.
M. Louis de Broissia. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je me satisfais non seulement de la position de Mme la ministre, mais aussi des explications, qui me rassurent pour une large part, donnée par le rapporteur de la commission des affaires culturelles qui se prononce contre un transfert d'éventuels surplus du fonds d'aide aux radios associatives, vers les télévisions de proximité.
De la même façon, et que mon collègue M. Hérisson ne m'en veuille point, en tant que rapporteur spécial du budget de la presse, je ne peux pas accepter qu'une espèce de hold-up fiscal se déroule sous mes yeux.
J'ai élaboré un rapport qui est à votre disposition, mon cher collègue, et qui souligne que les rendements des fonds provenant de la publicité diffusée sur les supports hors médias, pour la presse déjà, ne sont pas à la hauteur de nos espérances.
Mme la ministre m'a assuré qu'en liaison étroite avec mon collègue de Bercy des éclaircissements seraient demandés. Si, en plus, ce fonds est ouvert aux télévisions locales, cela s'appelle le miroir aux allouettes ! Pour ma part, je ne peux pas y souscrire.
M. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances. La démarche de la commission des finances et de M. Blot vise essentiellement à ouvrir une voie pour trouver des solutions au financement des télévisions associatives à faibles ressources publicitaires. Certes, les solutions techniques que nous proposons ne sont peut-être pas les meilleures, mais en tout état de cause, nous pouvons espérer que l'ouverture du numérique hertzien, la multiplication des télévisions de proximité généreront - une évolution positive du chiffre d'affaires global de la publicité. Là encore, il faudra y revenir au cours de la navette.
En tout cas, il s'agit d'ouvrir une voie car nous savons bien que les télévisions locales de proximité ne pourront pas s'autofinancer.
A titre personnel, j'éprouve certaines craintes : je considère bien imprudent d'établir trop de parallèle entre les radios et les télévisions sur le financement. En effet, les coûts des télévisions et ceux des radios ne sont pas du même ordre de grandeur ; le différentiel peut être de 1 à 100. Il faut donc être très prudent. Quoi qu'il en soit, la proposition de notre collègue M. Belot est intéressante en ce sens qu'elle ouvre une voie et pose un problème.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Elle pose des problèmes !
M. Pierre Hérisson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. J'ai bien entendu les différentes remarques qui ont été formulées. Il n'empêche que le problème du financement des télévisions de proximité est une réalité. Aujourd'hui, nous comptons très peu de télévisions de proximité dans notre pays comparé à d'autres pays européens ; il y a donc urgence en ce domaine.
Tout le monde en parle, tout le monde le dit... et personne n'aboutit à la solution raisonnable qui consiste à donner les véritables moyens pour que vivent les télévisions de proximité.
Je rappelle quand même que, par rapport à la presse écrite et par rapport aux autres télévisions, les télévisions de proximité n'ont pas accès à la publicité de la grande distribution, ce qui constitue un obstacle majeur. Or, grâce à la concurrence très rude à laquelle se livrent entre elles les grandes sociétés ou les sociétés de grande distribution, la presse quotidienne régionale tire des recettes considérables de la publicité dans ce secteur. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder l'évolution des chiffres d'affaires dans ce domaine au cours de ces six derniers mois.
J'ai bien compris, madame la ministre, que vous aviez le souci et la volonté de trouver le moyen de financer les télévisions de proximité dans notre pays. Il ne s'agit de rien d'autre. Nombre de mes collègues maires souhaitent que nous puissions, à travers ce moyen technique moderne, créer une véritable communication de proximité sous la forme de quelque chose qui soit assimilable à un service public de proximité. Je crois que nous avons là un moyen de donner la possibilité régionalement et dans la proximité aux gens de communiquer entre eux et de s'intéresser à une vie culturelle, sociale et économique qui n'a rien à voir avec ce que font les grandes chaînes de télévision.
C'est la raison pour laquelle je note avec satisfaction, madame la ministre, la volonté que vous exprimez ici de trouver rapidement une solution globale au financement des télévisions locales.
Je rappelle toutefois que, si tous vos prédécesseurs se sont engagés de la même manière chaque fois que nous avons discuté de ce problème, nous sommes malheureusement toujours revenus à la case départ.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Je comprends bien le souci de M. le rapporteur spécial du budget de la presse. En effet, on parle beaucoup de radio et de télévision, mais il ne faut pas oublier non plus les autres médias, leur équilibre et leur santé économique.
Si la promesse que vous évoquiez, monsieur Hérisson, fut faite par nombre de mes prédécesseurs et ne fut jamais tenue, c'est qu'en effet un certain nombre d'interlocuteurs des médias soulevaient une objection majeure, qui existe toujours.
Ce sera au moins aussi compliqué - je préviens votre assemblée - que les quotas radio, parce que radios, presse écrite, associations, etc., ont des intérêts divergents.
Il faudra trouver non pas une solution globale, mais une solution adaptée, pour ne pas mettre en confrontation directe des intérêts qui ne se rejoindront jamais.
Voilà un début de réflexion qui traduit la manière dont je vois les choses. Je m'y engagerai de façon très déterminée. Mais, si l'on se réfère à ce qui s'est passé pour le fonds de modernisation, il est clair qu'il ne faut pas rêver non plus. Nous espérions tous, lors des débats sur la création de ce fonds, récolter davantage de moyens. Si je ne désespère pas, avec la conviction que peut y ajouter mon collègue de Bercy, d'une meilleure collecte, je sais qu'aujourd'hui il est délicat de lever des taxes supplémentaires sur la publicité.
M. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances. Tout à fait !
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication. Nous avions choisi des critères et une assiette que nous pensions bons, mais qui ne s'avèrent pas si abondants dans les faits.
M. Alain Joyandet, au nom de la commission des finances. C'est vrai !
M. Louis de Broissia. Absolument !
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot, rapporteur. J'ai été frappé par les appels à la prudence s'agissant du financement des télévisions dites de proximité ou locales. Evidemment, il ne s'agit pas de faire référence exclusivement, et même en partie, aux fonds déjà affectés à l'aide à la presse ou au développement des multimédias.
La commission veut bien s'engager à réfléchir sur les voies ouverte par Mme la ministre. Ce soir, nous ne disposons pas des éléments suffisants pour nous prononcer. Une certaine prudence s'impose donc, qui m'amène à moduler l'avis initial assez exclusivement favorable que j'avais donné. (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 119, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 26 bis, et les amendements n°s 168 et 250 n'ont plus d'objet.
La suite du débat est renvoyée au mercredi 26 janvier 2000, à la suite de l'examen de la proposition de loi relative à la création d'un conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale, le CERC. Il reste cinquante-sept amendements à examiner.

10

TRANSMISSION D'UN PROJET DE LOI

M. le président. J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la modernisation et au développement du service public de l'électricité.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 174, distribué et renvoyé à la commission des affaires économiques et du Plan.

11

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE RÉSOLUTION

M. le président. J'ai reçu de M. Denis Badré une proposition de résolution, présentée au nom de la délégation pour l'Union européenne, en application de l'article 73 bis du règlement, sur le Livre Blanc sur la modernisation des règles d'application des articles 81 et 82 du traité CE (n° E-1277).
La proposition de résolution sera imprimée sous le n° 176, distribuée et renvoyée à la commission des affaires économiques et du Plan, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

12

TEXTES SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
Proposition de décision du Conseil concernant la conclusion de l'accord sous forme d'échange de lettres entre la Communauté européenne, d'une part, et la Confédération suisse, d'autre part, concernant le protocole n° 2 de l'accord entre la Communauté économique européenne et la Confédération suisse.
Ce texte sera imprimé sous le n° E-1387 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
Proposition de règlement (CE) du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 3448/93 déterminant le régime d'échange applicable à certaines marchandises résultant de la transformation de produits agricoles.
Ce texte sera imprimé sous le n° E-1388 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
Proposition de décision du Conseil autorisant le Royaume des Pays-Bas à appliquer une mesure dérogatoire à l'article 11 de la sixième directive (77/388/CEE) du Conseil du 17 mai 1977 en matière d'harmonisation des législations des Etats membres relatives aux taxes sur le chiffre d'affaires (régime particulier applicable à l'or d'investissement).
Ce texte sera imprimé sous le n° E-1389 et distribué.

13

DÉPÔTS DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Henri de Richemont un rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, portant création d'une Commission nationale de déontologie de la sécurité (n° 480, 1997-1998).
Le rapport sera imprimé sous le n° 173 et distribué.
J'ai reçu de M. Henri Revol un rapport fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan sur le projet de loi, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la modernisation et au développement du service public de l'électricité (n° 174, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 175 et distribué.
J'ai reçu de M. Pierre Fauchon un rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur sa proposition de loi, tendant à préciser la définition des délits non intentionnels (n° 9 rect., 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 177 et distribué.
J'ai reçu de M. Charles Jolibois un rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur la proposition de résolution (n° 475, 1998-1999) présentée en application de l'article 73 bis du règlement par M. René Trégouët au nom de la délégation du Sénat pour l'Union européenne sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à certains aspects juridiques du commerce électronique dans le marché intérieur (n° E-1210).
Le rapport sera imprimé sous le n° 178 et distribué.

14

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au mardi 25 janvier 2000, à dix heures trente et à seize heures :
Discussion en nouvelle lecture du projet de loi (n° 174, 1999-2000), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la modernisation et au développement du service public de l'électricité.
Rapport (n° 175, 1999-2000) de M. Henri Revol, fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan.
Délai limite pour les inscriptions de parole : lundi 24 janvier 2000, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 24 janvier 2000, à dix-sept heures.

Délai limite pour le dépôt des amendements

Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la création d'un Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) (n° 19, 1999-2000) ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 25 janvier 2000, à dix-sept heures.
Conclusions de la commission des affaires culturelles sur la proposition de loi de M. Serge Lagauche et des membres du groupe socialiste et apparentés relative à la protection des trésors nationaux et modifiant la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 relative aux produits soumis à certaines restrictions de circulation et à la complémentarité entre les services de police, de gendarmerie et de douane (n° 169, 1999-2000) ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 25 janvier 2000, à dix-sept heures.
Conclusions de la commission des lois sur la proposition de loi de M. Pierre Fauchon tendant à préciser la définition des délits non intentionnels (n° 177, 1999-2000).
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 25 janvier 2000, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée le vendredi 21 janvier 2000, à zéro heures cinquante-cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





NOMINATIONS DE MEMBRES
DE COMMISSIONS PERMANENTES

Dans sa séance du jeudi 20 janvier 2000, le Sénat a nommé :
M. Roger Karoutchi membre de la commission des affaires culturelles, en remplacement de M. Jean Bernard, démissionnaire ;
M. Paul Dubrule membre de la commission des affaires économiques et du Plan, en remplacement de M. Xavier Dugoin, démissionnaire ;
M. Jean Bernard membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, en remplacement de M. Charles Pasqua, démissionnaire de son mandat de sénateur ;
M. Xavier Dugoin membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, en remplacement de M. Alain Peyreffitte, décédé.

NOMINATIONS DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DE LA DÉFENSE ET DES FORCES ARMÉES

M. André Rouvière a été nommé rapporteur du projet de loi n° 137 (1999-2000) autorisant l'adhésion de la République française à la convention internationale d'assistance mutuelle administrative en vue de prévenir, de rechercher et de réprimer les infractions douanières (ensemble 11 annexes).
M. Robert Del Picchia a été nommé rapporteur du projet de loi n° 138 (1999-2000) autorisant la ratification de la convention établie sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne, relative à l'assistance mutuelle et à la coopération entre les administrations douanières (ensemble une annexe).

COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LÉGISLATION, DU SUFFRAGE UNIVERSEL, DU RÈGLEMENT ET D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
M. Jean-Paul Delevoye a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 78 (1998-1999), présentée par M. Nicolas About, visant à renforcer les moyens d'explulsion du préfet et du maire, en cas d'occupation illégale de locaux industriels, commerciaux ou professionnels par les gens du voyage, dont la commission est saisie pour avis.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Carte hospitalière de la Manche

700. - 20 janvier 2000. - M. Jean-François Le Grand attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'inquiétude des élus du département de la Manche face aux évolutions de la carte hospitalière régionale : fermeture des urgences à Carentan, transfert de la chirurgie et de la maternité de l'hôpital de Valognes à Cherbourg, transfert de la maternité de la clinique Saint-Jean vers l'hôpital de Saint-Lô, avenir de la clinique de Coutances et un manque de moyens humains et financiers sur l'ensemble du département, avec pour conséquence un manque d'efficacité et d'égalité devant les soins, voire même de sécurité sanitaire la plus élémentaire.

Violences dans les établissements scolaires

701. - 20 janvier 2000. - Mme Gisèle Printz interroge M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la violence dans les établissements scolaires. Les agressions répétées dont a été victime un jeune lycéen de Longwy ont suscité une vive émotion ainsi qu'un certain malaise au sein des équipes de direction, du personnel enseignant et parmi les élèves de cet établissement. Malheureusement, et comme l'a fort justement fait remarquer le recteur de l'académie de Nancy-Metz : « Ces actes auraient tout aussi bien pu se produire ailleurs. » Ces dérapages ont en effet été commis dans une classe qui ne posait pas de problèmes, par des jeunes ordinaires dont le comportement ne laissait en rien présager qu'ils étaient des voyous. Le Gouvernement a déjà pris de nombreuses mesures pour faire reculer les différentes formes de brutalités qui perturbent la vie quotidienne des établissements : interdiction du bizutage, campagne de lutte contre le racket... Mais elle reconnaît qu'il est difficile de lutter contre l'effet de groupe, la faiblesse exploitée, et de briser la loi du silence. Si l'affaire de Longwy est regrettable à plus d'un titre, elle aura toutefois servi de détonateur à un grand débat national sur la violence dans les établissements scolaires et à mettre en lumière la responsabilité collective que suppose une lutte efficace contre ce phénomène. Connaissant sa détermination à lutter contre la violence à l'école, elle lui demande quelles mesures il entend prendre pour mener à bien le second volet de son plan antiviolence. Quelles dispositions seront prises, d'une part, pour empêcher et prévenir toute forme d'agression dans les établissements scolaires et, d'autre part, pour impliquer davantage et responsabiliser les adultes ainsi que les élèves pour que la loi du silence soit enfinbrisée.

Fonctionnement des caisses d'assurance maladie

702. - 20 janvier 2000. - Mme Nicole Borvo attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur la dégradation importante des conditions de travail des personnels et du service rendu aux assurés sociaux des différentes caisses d'assurance maladie aggravée par le manque de personnels affectés pour répondre à l'afflux de demandes de couverture maladie universelle. Alors que les caisses d'assurance maladie sont chargées depuis le 1er janvier 2000 d'accueillir les bénéficiaires de la CMU qui doit permettre à quelques six millions de personnes résidant en France et percevant de faibles revenus d'être soignés gratuitement, les 1 400 emplois n'apparaissent pas suffisants pour faire face à la demande. Les différents acteurs avaient déjà prévu l'année dernière qu'il fallait créer un minimum de 3 000 emplois pour faire face à cette affluence. Outre l'insuffisance du nombre d'emplois, il est à remarquer qu'aucun poste n'a été affecté à Paris, un des départements pourtant les plus concernés par l'afflux de demandes CMU. Les conséquences en sont des heures d'attente aux guichets et la forte augmentation du nombre de dossiers en instance. Selon les centres, le retard à la liquidation est de 3 à 37 jours. Le manque de personnel fait que l'on gère au plus pressé et que les dossiers complexes, comme les indemnités journalières, les accidents de travail ou les nouvelles demandes d'affiliation restent en solde. Pour toutes ces raisons, elle lui demande ce que l'Etat compte faire pour créer le nombre de postes nécesssaires pour assurer un service de qualité aux assurés et de meilleures conditions de travail des personnels alors que les négociations sur la réduction du temps de travail ne sont toujours pas engagées pour ceux-ci.



ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du jeudi 20 janvier 2000


SCRUTIN (n° 32)



sur l'amendement n° 23, présenté par M. Jean-Paul Hugot au nom de la commission des affaires culturelles, tendant à insérer un article additionnel avant l'article 7 bis du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (monopole de diffusion des chaînes publiques par TDF).


Nombre de votants : 235
Nombre de suffrages exprimés : 235
Pour : 214
Contre : 21

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 18.
Contre : 5. - MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Gérard Delfau.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :

Pour : 98.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (78) :

N'ont pas pris part au vote : 78. - dont MM. Guy Allouche, qui présidait la séance, et Michel Charzat (député).

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Pour : 46.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :

N'ont pas pris part au vote : 7.

Ont voté pour


Nicolas About
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Roger Karoutchi
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Ont voté contre


François Abadie
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Danielle Bidard-Reydet
Nicole Borvo
André Boyer
Robert Bret
Yvon Collin
Gérard Delfau
Michel Duffour
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Gérard Le Cam
Pierre Lefebvre
Paul Loridant
Hélène Luc
Jack Ralite
Ivan Renar
Odette Terrade
Paul Vergès

N'ont pas pris part au vote


Philippe Adnot
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Marcel Bony
Yolande Boyer
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Gérard Collomb
Raymond Courrière
Roland Courteau
Philippe Darniche
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Jacques Donnay
Michel Dreyfus-Schmidt
Hubert Durand-Chastel
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Alfred Foy
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Louis Le Pensec
André Lejeune
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Paul Raoult
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Bernard Seillier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Alex Türk
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Guy Allouche, qui présidait la séance.
Ne peut participer aux travaux du Sénat (en application de l'article L.O. 137 du code électoral) : Michel Charzat.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 236
Nombre de suffrages exprimés : 236
Majorité absolue des suffrages exprimés : 119
Pour l'adoption : 215
Contre : 21

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 33)



sur l'amendement n° 38, présenté par M. Jean-Paul Hugot au nom de la commission des affaires culturelles, tendant à insérer un article additionnel avant l'article 20 du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (attribution à France Télévision des fréquences nécessaires à la constitution de deux offres nationales de services diffusés par voie hertzienne terrestre numérique).

Nombre de votants : 311
Nombre de suffrages exprimés : 219
Pour : 214
Contre : 5

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Abstentions : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 18.
Contre : 5. - MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Gérard Delfau.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :

Pour : 98.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (78) :

Abstention : 76.
N'ont pas pris part au vote : 2. - M. Guy Allouche, qui présidait la séance, et Michel Charzat (député).

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 52.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Pour : 46.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :

N'ont pas pris part au vote : 7.

Ont voté pour


Nicolas About
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Roger Karoutchi
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Ont voté contre


MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Gérard Delfau.

Abstentions


Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Robert Badinter
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
Yolande Boyer
Robert Bret
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Gérard Collomb
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Paul Raoult
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Philippe Adnot, Philippe Darniche, Jacques Donnay, Hubert Durand-Chastel, Alfred Foy, Bernard Seillier et Alex Türk.

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Guy Allouche, qui présidait la séance.
Ne peut participer aux travaux du Sénat (en application de l'article L.O. 137 du code électoral) : Michel Charzat.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 312
Nombre de suffrages exprimés : 219
Majorité absolue des suffrages exprimés : 110
Pour l'adoption : 214
Contre : 5

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.