SEANCE DU 19 OCTOBRE 2000


M. le président. La parole est à M. Jarlier.
M. Pierre Jarlier. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. Elle concerne particulièrement l'agriculture de montagne, car la réforme de l'indemnité compensatoire de handicap naturel, la ICHN, prévue pour 2001, provoque, à juste titre, de très vives réactions dans le monde agricole. D'importantes manifestations d'agriculteurs ont eu lieu la semaine dernière - notamment dans le département du Cantal - et d'autres se préparent.
Il faut dire que les conséquences de cette réforme sont particulièrement dommageables pour de nombreux éleveurs, et particulièrement pour les éleveurs ovins des régions de montagne.
Nous assistons à un réel détournement des objectifs initiaux de l'ICHN : elle perd, en effet, son caractère de compensation de handicap naturel lié aux régions de montagne, pour devenir une simple mesure agri-environnementale, liée au taux de chargement des exploitations.
La modification de ce dispositif risque d'entraîner le sacrifice des petites exploitations agricoles des régions de montagne, dont l'activité conditionne pourtant l'équilibre du monde rural, et les nouvelles modalités vont favoriser les agrandissements d'exploitation au détriment de l'installation des jeunes agriculteurs, alors que ceux-ci ont déjà beaucoup de difficultés à trouver de la terre.
Quelles mesures comptez-vous prendre, monsieur le ministre, pour que ces agriculteurs ne soient pas exclus du nouveau dispositif et pour qu'ils puissent bénéficier des aides indispensables à leur survie ?
Par ailleurs, le remboursement communautaire étant passé de 25 % à 50 %, est-il vrai que le Gouvernement a l'intention de reconduire seulement à niveau constant le montant des aides au titre des ICHN ? Les éleveurs ne comprendraient pas que le Gouvernement ne saisisse pas cette opportunité pour faire un effort significatif en leur faveur.
Enfin, j'insiste sur l'urgence de la signature du décret « provenance montagne ». Les agriculteurs et les acteurs économiques des régions de montagne attendent avec la plus grande impatience cette signature, qui doit permettre une identification claire de la qualité des produits de montagne et de leur provenance pour favoriser la valeur ajoutée et l'emploi dans nos zones de montagne, et, ainsi, lutter efficacement contre leur désertification.
Monsieur le ministre, pouvez-vous également nous indiquer la date prévisionnelle de signature de ce décret ? (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur, je supplée de nouveau M. Glavany, qui m'a chargé de vous transmettre les informations suivantes.
Tout d'abord, il n'y aura pas de désengagement de l'Etat en matière de soutien à l'agriculture de montagne. Sur le plan financier, le nouveau dispositif d'indemnité compensatoire de handicap naturel sera maintenu à hauteur du montant actuellement programmé, soit 2,6 milliards de francs par an. Il se traduira par ailleurs par un allègement des formalités administratives. En outre, la pérennité de la politique de soutien à l'agriculture de montagne sera mieux garantie, notamment au regard des règles internationales.
Cependant, la demande de la Commission de conditionner le versement des aides au respect de bonnes pratiques agricoles - et j'insiste sur le fait que cette demande émane de la Commission - s'est traduite par l'introduction de seuils de chargement à l'intérieur à l'hectare, ce qui peut, en effet, aboutir à exclure du nouveau dispositif un certain nombre d'éleveurs de montagne. Le ministre de l'agriculture et ses services examinent les possibilités d'ajustement de ce dispositif, et ce en concertation avec les organisations professionnelles.
L'élevage ovin bénéficiait par ailleurs dans l'ancien système de soutiens spécifiques, qui s'apparentaient à des aides à la filière et qui n'ont donc pas été reconduits. Nous étudions actuellement un nouveau dispositif de soutien des éleveurs, notamment ceux qui pratiquent la transhumance.
Enfin, le décret dit « provenance montagne » sera transmis dans les tout prochains jours au Conseil d'Etat avant d'être signé par l'ensemble des ministres concernés. Ce label permettra, et c'est très important, d'identifier et de garantir l'origine des productions de montagne. (Applaudissements sur les travées socialistes. - Mme Hélène Luc applaudit également.)

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