SEANCE DU 7 NOVEMBRE 2000


M. le président. La parole est à M. Braye, auteur de la question n° 897, adressée à M. le ministre de l'intérieur. M. Dominique Braye. Monsieur le ministre, ma question concerne la mise en place du plan de redéploiement des effectifs de la police nationale et de la gendarmerie dans le département des Yvelines.
Je rappelle que les Yvelines sont l'un des vingt-six départements prioritaires du plan national de ce redéploiement.
La pertinence et l'urgence de cette réforme pour quatre communes des Yvelines, dont trois du Mantois, ont fait l'objet, après un long et difficile travail des élus locaux, d'un large consensus entre la population, les élus et les responsables départementaux et locaux de la police et de la gendarmerie.
C'est pourquoi, dès la fin de l'année 1999, ces trois communes de l'agglomération mantaise faisaient parvenir à la préfecture des Yvelines une délibération de leurs conseils municipaux favorable à ce transfert de compétence et demandant leur rattachement à la circonscription de police de Mantes-la-Jolie. Or, cet engagement communal demandé avec insistance par les services respectifs des ministères de l'intérieur et de la défense, ne s'est pas traduit par un même engagement du Gouvernement, puisqu'il aura fallu plus de dix mois d'attente pour obtenir une réponse concrète et positive des services de la préfecture, celle-ci ne nous étant parvenue qu'il y a moins d'une semaine.
En effet, les élus des communes de Buchelay, Magnanville et Toussus-le-Noble viennent seulement d'être informés, par lettre du préfet des Yvelines en date du 31 octobre 2000, de ce que le transfert de compétence serait effectif au 1er janvier 2001. Si vous me confirmez cette information, monsieur le ministre, j'en serais heureux, car bien que très tardive, elle respecte le choix des élus locaux et répond aux nécessités du terrain.
Néanmoins, ma satisfaction sera loin d'être complète, car une commune, Rosny-sur-Seine, demeure située en zone de gendarmerie.
Cette décision provoque l'étonnement, l'inquiétude et le mécontentement de tous les élus du Mantois, car Rosny-sur-Seine fait partie de la communauté d'agglomération de Mantes en Yvelines et présente, de surcroît, la particularité d'être la commune la plus proche du quartier du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie, ce qui implique qu'elle est confrontée, en termes d'insécurité et de violences urbaines, pour le moins aux mêmes problèmes et aux mêmes risques que les autres communes de l'agglomération mantaise, telles que Magnanville et Buchelay.
Il semble donc évident pour tous les élus locaux, mais aussi pour tous les services de police et de gendarmerie du Mantois, que la police nationale devrait avoir compétence à Rosny-sur-Seine comme sur le territoire des autres communes urbaines de la communauté d'agglomération de Mantes en Yvelines.
En effet, vous n'ignorez pas, monsieur le ministre, que cette commune présente clairement, par rapport à Mantes-la-Jolie, une continuité territoriale se traduisant, notamment, par l'existence de nombreux équipements collectifs et sportifs communs, dont un collège qui, bien que situé à Rosny-sur-Seine, accueille de nombreux élèves venant du quartier du Val-Fourré de Mantes-la-Jolie.
Par ailleurs, les projets de développement de la zone franche du Val-Fourré et la future urbanisation du quartier des Garennes, à la limite de la commune de Rosny-sur-Seine, confortent largement cette analyse et contredisent le seul argument avancé par les services de votre ministère, selon lequel il existerait une brève discontinuité du bâti entre le Val-Fourré et Rosny-sur-Seine.
Il est évident pour tous les habitants de notre agglomération, et même pour ceux qui n'y ont effectué qu'un bref séjour, que Rosny-sur-Seine a une communauté territoriale et une communauté de destin avec les autres communes de l'agglomération. Il apparaîtrait donc totalement incohérent et hautement préjudiciable d'en faire une exception locale - injustifiée - en la laissant sous compétence de la gendarmerie nationale, alors même que les trois autres communes de son canton seraient placées, elles, sous l'autorité de la police nationale.
Je vous demande donc, monsieur le ministre, de me préciser, d'une part, si Rosny-sur-Seine sera rattachée elle aussi au 1er janvier 2001, voire un peu plus tard, à la circonscription de police de Mantes-la-Jolie et, d'autre part, quels effectifs de police supplémentaires sont prévus pour faire face à ces nouvelles tâches, sachant que, malgré toutes les déclarations rassurantes des différents représentants du Gouvernement et de l'Etat, les effectifs sont jugés très insuffisants pour assurer la sécurité et la tranquillité de nos concitoyens par tous les élus locaux, la population, et même par les différentes forces de gendarmerie et de police elles-mêmes.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser mon collègue et ami M. Daniel Vaillant, qui ouvre aujourd'hui la session annuelle du Collège européen de police dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne.
Parmi les mesures de réorganisation territoriale entre la police et la gendarmerie nationales arrêtées par les ministres de l'intérieur et de la défense, figurent, pour le département des Yvelines, le transfert, sous la responsabilité de la gendarmerie nationale, de la commune de Toussus-le-Noble, qui est aujourd'hui en zone de police et, en sens inverse, le transfert des communes de Buchelay et de Magnanville, dans l'agglomération de Mantes, qui, elles, passent sous la responsabilité de la police nationale.
Ces deux communes, en raison de leur continuité avec l'assise territoriale de la circonscription de sécurité publique de Mantes-la-Jolie, constituent indiscutablement avec cette dernière un ensemble urbain homogène justifiant leur intégration en zone de compétence de police.
Par ailleurs, nous avons tenu compte des souhaits et des avis qui ont été exprimés par les conseils municipaux.
Donc, en conformité avec les dispositions législatives et réglementaires et en s'appuyant sur les avis favorables des conseils municipaux, les arrêtés interministériels qui transfèrent, d'une part, Toussus-le-Noble en zone de gendarmerie, d'autre part, Buchelay et Magnanville en zone de police, sont à la signature des ministres concernés. Je peux vous dire que j'en ai signé un vendredi dernier et qu'il portait déjà la signature de M. Daniel Vaillant ; il ne manque plus que celle de notre collègue de l'économie, des finances et de l'industrie.
En ce qui concerne Rosny-sur-Seine, vous ne m'avez pas indiqué, monsieur le sénateur, quel était l'avis du conseil municipal de la commune.
M. Dominique Braye. Il est favorable, comme celui de la communauté d'agglomération.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je souhaite donc que nous réexaminions cette question, et je vais en saisir M. Daniel Vaillant. S'il y a effectivement continuité territoriale et vraiment matière à regroupements d'intérêts - en tant qu'élu d'un département voisin, je perçois bien cette réalité - le dossier peut certainement évoluer.
Mais, comme vous le suggérez, il reste bien entendu la question des effectifs nécessaires pour que la police nationale puisse assurer la charge que représentent ces milliers d'habitants supplémentaires, étant rappelé que Buchelay et Magnanville sont déjà, à elles seules, une charge importante en termes de populations et de sécurité publique. Sur ce point, je me permettrai de vous adresser une réponse écrite : une augmentation d'effectifs est bien prévue, mais je ne dispose pas des chiffres précis.
Concernant Rosny-sur-Seine, qui fait donc l'objet localement d'un souhait unanime, le Gouvernement a pour doctrine d'opérer par cohérence un rattachement quand il y a accord des partenaires. Cependant, il vous faut prendre en compte les nécessités d'effectifs. Je me ferai donc votre interprète auprès de M. Daniel Vaillant pour que nous travaillions ensemble à réexaminer le dossier de Rosny-sur-Seine.
M. Dominique Braye. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse et de la franchise dont vous avez fait preuve.
Je me permettrai une nouvelle fois d'insister : Rosny-sur-Seine est l'une des six communes urbaines de la communauté d'agglomération de Mantes en Yvelines et connait des problèmes de délinquance qui sont sûrement supérieurs à ceux de Magnanville et de Buchelay, compte tenu à la fois de sa proximité avec le Val-Fourré et du fait que le collège et les établissements scolaires accueillent des enfants du Val-Fourré.
La communauté d'agglomération, qui a délibéré sur ce point ne relevant pas de sa compétence, soutient la demande de Rosny-sur-Seine, tout comme le conseil municipal, qui, à l'unanimité, a également émis un avis favorable, alors même que, comme vous le savez, le passage de zone de gendarmerie en zone de police n'est pas toujours évident.
Je vous demande donc, monsieur le ministre, de réexaminer cette question et de me préciser, dans la mesure du possible, quelle sera l'augmentation des effectifs de police ; c'est en effet un souci des élus locaux mais aussi des services de police de savoir comment ils vont pouvoir faire face à ces nouvelles tâches.

DEVENIR DE L'ASSISTANCE PUBLIQUE - HÔPITAUX DE PARIS