SEANCE DU 7 NOVEMBRE 2000


M. le président. Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Sutour pour explication de vote.
M. Simon Sutour. Comme nous l'avons indiqué dans la discussion générale, le groupe socialiste s'est opposé aux différents amendements visant au retrait de directives, à l'exception de celui concernant Natura 2000, pour lequel il s'est abstenu.
Le Gouvernement nous demande de transposer par ordonnances des directives communautaires et de mettre en oeuvre certaines dispositions de droit communautaire, il ne demande pas au Parlement de légiférer, comme ce fut le cas par le passé sur des sujets d'importance, tels que la sécurité sociale.
Je rappelle que, au 30 septembre 2000, 176 directives européennes n'avaient pas été transposées en droit national. Cette situation représente un handicap certain alors que la France assure la présidence de l'Union européenne. Il convient de rattraper ce retard.
C'est pourquoi le groupe socialiste, conscient du caractère exceptionnel de la prodécure employée, conscient, comme Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes, l'a indiqué devant la commission des lois, de la nécessité que le Parlement et le Gouvernement mènent conjointement une réflexion pour apporter une réponse définitive à ce problème, conscient de l'urgence de la situation, regrette le retrait d'un certain nombre de directives du projet de loi et votera donc contre le texte amendé par la majorité sénatoriale.
M. Jacques Bellanger. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Mes chers collègues, comme vous avez eu l'occasion de l'entendre, nous défendons une position de principe à plus d'un titre, nous l'avons dit dans la discussion générale, et nous l'avons manifesté en déposant une question préalable.
Nous défendons une position de principe, d'abord par rapport aux droits et aux pouvoirs du Parlement. Nous avons eu l'occasion de développer cette thèse au moment de la discussion sur le quinquennat, mais le débat ne s'est malheureusement pas engagé sur ce thème, ce que nous avons d'ailleurs regretté.
Selon nous, les droits et les pouvoirs du Parlement doivent être respectés et revalorisés. Or la procédure qui consiste à faire adopter par ordonnance un train de dispositions considérables ne va pas dans ce sens, bien au contraire, quels que soient les motifs invoqués. La procédure des ordonnances bafoue les droits élémentaires du Parlement, et nous tenons à le dire encore une fois.
Nous défendons une position de principe, ensuite, quant aux rapports entre le droit communautaire et le droit national.
Notre démarche ne traduit évidemment pas un refus systématique du droit communautaire. Nous avons dit clairement que nous voulions nous inscrire dans une « évolution institutionnelle » et nous avons fait des propositions dans ce sens. Il y va de l'intérêt de la construction européenne et de notre pays. Nous souhaitons donc que des engagements soient pris dans le sens de la démocratisation du droit communautaire et du droit des parlements nationaux.
Par ailleurs, nous mesurons que nombre de dispositions qui nous ont été soumises - personne ne dit le contraire - concernent des pans entiers de la vie de nos concitoyens et vont conditionner des évolutions très importantes. Elles méritent donc d'être débattues, comme nous avons eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises.
Personne ici ne pourra me dire le contraire. On le voit déjà avec les directives relatives aux télécommunications, au gaz, à l'électricité, à La Poste..., et il serait temps de faire un bilan avant d'aller plus loin dans la déréglementation prônée depuis des années par la Commission européenne.
Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons que confirmer notre opposition à ce texte.
Nos craintes n'ont pas été dissipées. Notre position, contrairement aux propos de la majorité sénatoriale, est loin des querelles politiciennes ; nous entendons faire entendre notre singularité et contribuer à ce que le Gouvernement réponde aux attentes de démocratisation de la vie politique. Nous voterons donc contre ce projet de loi.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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