SEANCE DU 8 NOVEMBRE 2000


M. le président. Par amendement n° 13 rectifié, M. Chérioux, au nom de la commission des affaires sociales, propose, après l'article 11, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans l'article L. 444-3 du code du travail, après les mots : "au sens de l'article L. 132-2", sont insérés les mots : "ou, en l'absence d'une telle représentation syndicale, où sont présents des délégués du personnel,". »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Cet amendement reprend, lui aussi, un article du texte adopté par le Sénat en décembre dernier.
Il a pour objet de compléter les dispositions de l'article 11, qui prévoit une négociation annuelle obligatoire sur l'épargne salariale. Ces nouvelles dispositions se révèlent finalement assez restrictives et ne permettent pas de garantir l'objectif affiché par le Gouvernement, à savoir l'extension de l'épargne salariale dans les PME.
Cet amendement est plus pragmatique et renforce une disposition du code du travail, que le Gouvernement voulait supprimer d'ailleurs et que je vous ai demandé, mes chers collègues, de ne pas supprimer.
Il étend le champ des entreprises soumises à l'obligation d'un examen annuel concernant la mise en place d'un dispositif d'épargne salariale. La loi du 25 juillet 1994 avait prévu une négociation annuelle obligatoire dans les PME où n'existent ni intéressement ni participation. Ce rendez-vous est alors pour l'employeur et les salariés l'occasion d'examiner l'opportunité de mettre en place un régime d'épargne salariale.
Cette disposition n'a cependant pas eu tous les effets attendus. Aussi, cet amendement vise à renforcer l'efficacité du dispositif en étendant le champ des entreprises soumises à cette négociation. L'obligation viserait non seulement les entreprises qui ont des sections syndicales mais aussi celles où sont implantés des délégués du personnel. Seraient donc concernées en priorité les entreprises comportant entre dix et cinquante salariés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement ne souhaite pas modifier les règles de la négociation collective et veut laisser aux sections syndicales le droit de poursuivre la négociation en la matière. Par conséquent, il n'envisage pas de changer le code en y ajoutant les délégués du personnel.
Il est donc défavorable à cet amendement.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je voudrais demander à M. le secrétaire d'Etat s'il entend, par cette position, empêcher le développement de l'épargne salariale dans les entreprises comprenant jusqu'à dix salariés.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Non, pas du tout !
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. C'est ce que je crois comprendre.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Il n'y a absolument aucune ambiguïté sur ce sujet, monsieur le rapporteur pour avis : ce cas relève des accords de branche.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je crois que l'on touche ici la différence de logique entre le Gouvernement et la commission des affaires sociales du Sénat qui, elle, entend favoriser la négociation au niveau des entreprises.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Et le Gouvernement, lui, est attaché au code du travail !
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Qui n'est pas adapté en l'occurrence !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 11.
Par amendement n° 141 rectifié, M. Massion, Mme Bergé-Lavigne, MM. Angels, Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Miquel, Moreigne, Sergent, Mme Dieulangard et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 11, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré, après l'article L. 444-3 du code du travail, un article ainsi rédigé :
« L. .... - I. - Les accords conclus en application des articles L. 441-1, L. 442-10, L. 443-1-1 et L. 443-1-2 comportent obligatoirement une clause déterminant les conditions dans lesquelles est choisi l'organisme gestionnaire ainsi que les modalités et la périodicité selon lesquelles il est procédé au réexamen du choix initial. La périodicité du réexamen ne peut excéder cinq ans. »
« II. - Les accords conclus en application des articles L. 441-1, L. 442-10, L. 443-1-1 et L. 443-1-2, en vigueur à la date de publication de la loi n° sur l'épargne salariale sont mis en conformité avec les dispositions du présent article, dans un délai de cinq ans à compter de cette date. »
« II. - Dans l'article L. 132-27 du code du travail, après les mots : "les salaires effectifs", ajouter les mots : "l'épargne salariale,".
« III. - Pour ouvrir droit au bénéfice des exonérations de cotisations sociales et fiscales, les accords d'entreprise relatifs à des dispositifs d'épargne salariale doivent avoir été conclus par un ou des syndicats ayant recueilli la majorité des suffrages aux dernières élections au comité d'entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel. »
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion. Cet amendement vise à garantir la transparence, sur le plan tant de la négociation que de la gestion, des accords conclus dans le cadre de l'entreprise.
Le choix de l'organisme gestionnaire doit faire partie intégrante des accords conclus en application des articles du code du travail cités dans l'amendement. Ce choix doit également faire l'objet d'un réexamen approfondi, de manière périodique, qui peut conduire, le cas échéant, au changement de l'organisme gestionnaire.
Le paragraphe I de cet amendement n'a d'autre but que d'unifier le régime de l'intéressement, de la participation et des plans d'épargne d'entreprise avec celui des couvertures de prévoyance complémentaire qui sont soumises à des dispositions comparables depuis 1994.
Le paragraphe II vise à permettre aux représentants des salariés d'avoir une vision globale et régulière de l'évolution de la masse salariale et des sommes consacrées à l'épargne salariale, notamment en termes d'abondement par l'entreprise. Cette disposition est importante pour évaluer s'il y a ou non substitution non pas de l'épargne aux salaires, mais de l'évolution positive de la masse salariale, c'est-à-dire des augmentations possibles des salaires, vers le mécanisme d'épargne salariale.
Nous souhaitons donc que la négociation annuelle obligatoire sur les salaires, sur le temps de travail et sur les autres éléments fondamentaux de la vie de l'entreprise soit également l'occasion de mettre à plat les conditions dans lesquelles fonctionne - ou ne fonctionne pas, ou fonctionne mal - le mécanisme de l'épargne salariale.
Le paragraphe III tend à garantir la clarté et le caractère démocratique de la négociation relative à l'épargne salariale en introduisant la règle selon laquelle les syndicats signataires doivent avoir recueilli la majorité des suffrages aux dernières élections du comité d'entreprise ou des délégués du personnel pour que l'accord soit valable. Cette disposition devrait permettre d'éviter que des accords conclus peut-être un peu rapidement ne soient ensuite l'objet de remises en cause, ce qui porterait préjudice à l'image même de l'épargne salariale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. La commission des finances avait émis un avis favorable sur l'amendement proposé par le groupe socialiste, qui visait à réévaluer périodiquement la qualité des sociétés de gestion.
Toutefois, cet amendement a été rectifié et deux dispositions y ont été ajoutées : d'une part, l'obligation de négocier annuellement sur l'épargne salariale ; d'autre part, l'obligation d'instituer un dispositif d'épargne salariale uniquement par des accords collectifs d'entreprise.
La commission ne s'est pas prononcée sur cet amendement ainsi modifié. Personnellement, je suis hostile aux deux dispositions ajoutées. En conséquence, je demande au groupe socialiste de revenir à la rédaction initiale de l'amendement, faute de quoi je serais amené à émettre un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Les auteurs de l'amendement ont eu l'intention louable de rendre plus transparentes les modalités de choix des gestionnaires. Cependant, introduire une obligation peut paraître trop rigoureux et risque parfois de rendre les accords visés plus complexes.
Le Gouvernement partage le souhait des auteurs de l'amendement d'instituer l'obligation de négocier chaque année le dispositif de l'épargne salariale. Toutefois, les dispositions de l'article 11 répondent déjà à cet objectif et paraissent de nature à développer de manière satisfaisante la négociation sur l'épargne salariale dans l'entreprise.
Enfin, le lien proposé entre, d'une part, les exonérations fiscales et sociales et, d'autre part, la conclusion des accords par des syndicats majoritaires aux élections du comité d'entreprise ne paraît pas adapté au développement de l'épargne salariale.
Je vous invite donc à retirer cet amendement, monsieur Massion. Je comprends, bien entendu, la volonté qui le sous-tend, mais les moyens que vous proposez ne me paraissent pas adaptés.
M. le président. Monsieur Massion, l'amendement n° 141 rectifié est-il maintenu ?
M. Marc Massion. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 141 rectifié est retiré.

Article 12