SEANCE DU 6 DECEMBRE 2000


« Crédits de paiement : 3 066 230 000 francs. »
Sur ces crédits, la parole est à M. Hethener.
M. Alain Hethener. Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, permettez-moi encore de retenir votre attention pendant quelques instants encore, même si, à presque une heure du matin, cela peut vous paraître long.
Messieurs les ministres, je dois vous avouer que je ne m'attendais pas, bien évidemment, à ce que l'université de Metz soit la priorité du Gouvernement mais, à la lecture de la partie « Crédits correspondant aux engagements de l'Etat pour les contrats de plan Etat-région », j'ai quelques raisons de penser qu'en ce qui concerne l'émancipation de l'université de Metz de la tutelle de Nancy nous devrons encore un peu attendre.
En effet, il semblerait que l'Etat ne voit l'enseignement supérieur en Lorraine qu'à travers le prisme, je dirai ancien, des enseignements de l'université de Nancy dont je reconnais bien évidemment que la qualité n'est plus à faire. Mais, monsieur le ministre, dans une grande région frontalière comme la Lorraine, il y a, je pense, de la place pour deux universités, mais aussi deux conceptions de l'enseignement supérieur.
Metz, ville majeure située dans l'arc Saar-Lorr-Lux, doit accueillir des disciplines enseignées dans la langue du voisin, c'est-à-dire l'Allemagne et le Luxembourg, car l'attraction de pays comme l'Allemagne joue un grand rôle. Il serait bon que l'Etat comprenne les spécificités des régions frontalières en faisant en sorte que des enseignements soient mieux adaptés à l'environnement international. L'université de Metz n'a pas l'ancienneté et le prestige de celle de Nancy, mais la ville de Metz a pour elle d'être un carrefour européen et le nombre d'étudiants étrangers prouve que son université a sa propre carte à jouer. Il convient à l'Etat d'aider des villes universitaires frontalières à « coller », je dirai au plus près, aux attentes des entreprises de part et d'autre de la frontière.
Autrement dit, il est temps que l'Etat admette que l'université de Metz a sa raison d'être et qu'elle est en mesure de se spécialiser dans des niches. A l'instar de l'Institut franco-allemand, Metz ne peut pas se développer sans intégrer les attentes des entreprises allemandes et celles du marché du travail luxembourgeois qui, bien évidemment, est l'eldorado des jeunes diplômés de Moselle.
Aussi, monsieur le ministre, il me serait agréable que, dans les mois à venir, votre ministère étudie les possibilités de développement spécifique des universités des régions frontalières.
L'international, est une chose, mais le transfrontalier en est une autre.
Enfin, j'accueillerai avec satisfaction de voir l'Etat donner un coup de pouce à l'université de Metz en jouant la carte de la complémentarité entre Metz et Nancy. Car, je vous le dis, monsieur le ministre, Metz n'a pas seulement envie de rattraper son retard, Metz a envie d'offrir des enseignements de qualité et qui viennent « coller » à son environnement de ville frontalière. Et cela ne peut pas se faire sans dotation ni reconnaissance de diplômes de troisième cycle. Nancy a été le phare du dynamisme intellectuel en Lorraine pendant plus de cinquante ans, et Metz a bien l'intention de jouer sa propre carte dans les années à venir.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les crédits figurant au titre VI.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi de finances concernant l'enseignement supérieur et, par là même, l'examen des dispositions concernant le ministre de l'éducation nationale.

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