SEANCE DU 13 DECEMBRE 2000


ÉLECTIONS À L'ASSEMBLÉE
DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

Adoption des conclusions
d'une commission mixte paritaire

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi organique, modifiée par le Sénat après déclaration d'urgence, destinée à améliorer l'équité des élections à l'assemblée de la Polynésie française (n° 112, 2000-2001).
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Lucien Lanier, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la commission mixte paritaire, réunie le 29 novembre dernier à l'Assemblée nationale pour tenter d'élaborer un texte commun sur la proposition de loi organique destinée à améliorer l'équité des élections à l'assemblée de la Polynésie française, a réussi, ce dont je me réjouis profondément. En effet, sans un accord de bon sens entre nos deux assemblées, nous allions vers une solution bâtarde, porteuse de contentieux pour l'avenir. Or, nous ne sommes pas là pour créer de futurs contentieux.
Le débat parlementaire sur ce sujet, initié par le Sénat en novembre 1999, était engagé depuis plus d'un an. Il était donc grand temps d'aboutir, car la nouvelle répartition des sièges à l'assemblée de la Polynésie française deviendra définitive, après l'exercice de son contrôle par le Conseil constitutionnel - il s'agit en effet d'une loi organique - à moins de six mois de l'échéance de mai 2001, prévue pour le prochain renouvellement de cette assemblée.
A si peu de distance de l'échéance, il était indispensable de trouver une solution consensuelle ! Le défi n'était cependant pas mince, les dispositifs adoptés respectivement par l'Assemblée nationale et par le Sénat obéissant à des logiques radicalement différentes en dépit d'un constat unanime de la situation : prépondérance démographique des Iles-du-Vent, avec la capitale, Papeete, et creusement des écarts de représentation entre les cinq circonscriptions électorales constituées par les cinq archipels.
Au mois de juin dernier, l'Assemblée nationale avait de son propre chef adopté un dispositif guidé par un raisonnement de nature arithmétique consacrant la quasi-exclusivité du critère démographique : tout en conservant le nombre global de conseillers à l'assemblée de la Polynésie française, actuellement fixé à quarante et un, il consistait à prélever sept sièges sur les archipels éloignés pour les attribuer aux Iles-du-Vent. La représentation des deux archipels les moins peuplés se trouvait ainsi réduite à deux sièges, au lieu de trois actuellement, celle des Iles Tuamotu et Gambier passant de cinq à trois sièges et celle des Iles-Sous-le-Vent de huit à cinq sièges, tandis que la représentation des Iles-du-Vent, qui regroupent près des trois quarts de la population polynésienne, était portée de vingt-deux à vingt-neuf sièges.
Dans le prolongement de la position qui avait été la sienne en novembre 1999, le Sénat, saisi du texte adopté par l'Assemblée nationale, s'est conformé à une approche qui, tout en prenant en compte la prépondérance démographique des Iles-du-Vent, s'attachait essentiellement à éviter la marginalisation des archipels éloignés, ce qui, je le rappelle, était le souci capital de ceux qui connaissent un peu la situation de la Polynésie française. Sans toucher à la représentation de ces archipels, le dispositif consistait ainsi à porter de vingt-deux à trente le nombre de sièges des Iles-du-Vent, cela ayant pour effet de faire passer à quarante-neuf conseillers l'effectif global de l'assemblée de Polynésie française et, surtout, de réduire d'un point l'écart maximal de représentation constaté entre les Iles-du-Vent et les Iles Australes, pour le faire descendre au-dessous du niveau accepté par le législateur en 1985 lors de la dernière révision de la répartition des sièges.
Dans sa recherche d'un compromis, la commission mixte paritaire a tout d'abord reconnu qu'il était nécessaire d'accorder une garantie minimale de représentation de trois sièges à chacun des archipels les moins peuplés, à savoir les Iles Marquises et les Iles Australes ; leur représentation demeure donc inchangée en valeur absolue par rapport à la situation actuelle. Elle a par ailleurs fixé à quarante-neuf, conformément à la proposition du Sénat, l'effectif global de l'assemblée de la Polynésie française. Pour parvenir à ce résultat, la commission mixte paritaire a doté les Iles-du-Vent de dix sièges supplémentaires, huit d'entre eux correspondant à des sièges nouvellement créés, les deux autres étant prélevés respectivement sur la dotation actuelle des Iles-Sous-le-Vent et sur celle des Iles Tuamotu et Gambier.
Ce dispositif présente l'avantage de réduire de façon très substantielle les écarts de représentation entre les Iles-du-Vent et les autres archipels, pour les ramener à des niveaux nettement inférieurs à ce qui avait été admis par le législateur en 1985. L'écart maximal de représentation entre les Iles-du-Vent et les Iles Australes passe ainsi de 3,38 actuellement à 2,32, alors qu'il s'élevait à 2,67 en 1985 ; en outre, l'écart entre les Iles-du-Vent et chacun des trois autres archipels est ramené à un niveau inférieur à 2, alors qu'il excédait largement ce seuil en 1985. Voilà de quoi satisfaire le Conseil constitutionnel !
Le dispositif adopté en commission mixte paritaire contribue donc activement à assurer un meilleur respect du principe de l'égalité du suffrage, sans pour autant céder à une logique purement arithmétique et égalitariste qui méconnaîtrait la réalité polynésienne. L'objectif visé paraît donc atteint, et même au-delà de ce dont le législateur s'était contenté en 1985 !
Je n'exprimerai qu'un regret, mais il est de taille, celui que la représentation des Iles-Sous-le-Vent et celle des Iles Tuamotu et Gambier aient été amputées chacune d'un siège ! Pareille réduction, qui constitue au demeurant une première depuis la création de l'assemblée territoriale en 1946, n'est guère cohérente avec le nouveau dynamisme démographique et économique de ces deux archipels. Rappelons en effet que, entre les deux derniers recensements qui furent effectués en 1988 et en 1996, ils ont enregistré un taux de progression démographique de plus de 20 %, nettement supérieur à la moyenne polynésienne. Depuis, ils produisent une part de plus en plus importante de la richesse polynésienne, grâce au développement du tourisme et du commerce de la perle noire.
Sans doute le prochain recensement conduira-t-il à opérer un nouvel ajustement de la répartition des sièges - car ce que nous faisons pour la Polynésie française est toujours, je tiens à le dire, monsieur le secrétaire d'Etat, une étape qui prépare l'avenir - au sein de l'assemblée locale de ce territoire d'outre-mer en pleine mutation, afin de compenser la réduction de la représentation de ces deux archipels.
Cependant, il fallait en passer par là, à mon avis, pour arriver à un accord, et, en dépit de ces quelques observations nuancées sur la solution de compromis adoptée par la commission mixte paritaire, je voudrais conclure mon propos en me félicitant une nouvelle fois de ce qu'un consensus ait pu être dégagé par un effort commun, je me dois de le dire, entre les deux assemblées et, si vous le permettez, mes chers collègues, entre les deux rapporteurs. Cet effort, qui fait fi d'intérêts particuliers, a voulu tenir compte des caractères si spécifiques de la Polynésie française, et préserver ainsi son évolution. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, nous abordons cet après-midi l'examen en nouvelle lecture, à la suite de la réunion de la commission mixte paritaire qui s'est tenue le 29 novembre 2000, de la proposition de loi organique destinée à améliorer l'équité des élections à l'assemblée de la Polynésie française.
Je tiens tout d'abord à vous dire combien j'ai apprécié l'esprit dans lequel ce texte a été discuté et les efforts de tous pour trouver un compromis. Vous allez donc réexaminer ce texte dans un climat heureusement apaisé ! Je voudrais saluer ici votre rapporteur, M. Lucien Lanier, et souligner la qualité des échanges qui se sont déroulés au sein de votre assemblée. Grâce à des propositions constructives, dues notamment à votre collègue Guy Allouche, les débats en première lecture au Sénat ont permis d'enrichir la discussion en commission mixte paritaire.
En effet, mesdames, messieurs les sénateurs, le renforcement de la représentativité des élus et l'équilibre de la répartition des sièges constituent, en Polynésie comme ailleurs, un objectif partagé par tous. Cet équilibre n'est pas satisfaisant aujourd'hui, et il doit être corrigé afin d'assurer à la circonscription électorale des Iles-du-Vent une représentation plus en rapport avec sa population.
Le Sénat avait adopté en première lecture le texte proposé par son rapporteur, M. Lucien Lanier, lequel a recherché une première solution tendant à assurer une plus grande égalité des Polynésiens devant le suffrage. Cette proposition attribuait trente sièges aux Iles-du-Vent, au lieu de vingt-deux actuellement, et maintenait aux Iles-Sous-le-Vent, aux Iles Marquises, aux Iles Australes et à l'archipel des Tuamotu-Gambier la représentation qui est aujourd'hui en vigueur pour les archipels éloignés. L'effectif de l'assemblée territoriale se trouvait ainsi porté de quarante-un à quarante-neuf membres et tendait à respecter, sans toutefois y satisfaire totalement, le principe d'égalité, qui impose que le suffrage de chaque électeur pèse d'un poids identique et que l'élection se fasse sur des bases essentiellement démographiques.
Il apparaissait toutefois que cette solution demeurait perfectible, même si l'on pouvait considérer qu'elle constituait déjà un progrès significatif.
Le souhait exprimé par le Gouvernement - je m'en étais fait l'écho dans cette enceinte - était donc que la représentation nationale dans son ensemble recherche une solution susceptible de recueillir une large majorité, voire un consensus, qui, d'une part, rende le scrutin plus équitable, et qui, d'autre part, satisfasse aux exigences démocratiques et aux critères de la jurisprudence du Conseil constitutionnel.
Mais il convenait bien sûr, et je l'avais souligné à plusieurs reprises, de ne pas substituer au déséquilibre actuel, que chacun reconnaît, un nouveau déséquilibre. Il importait donc de veiller à la bonne représentation des archipels.
Dans cette perspective, la commission mixte paritaire, qui s'est réunie le 29 novembre 2000, a formulé une nouvelle proposition qui est aujourd'hui soumise à votre assemblée et dont M. Lanier a rappelé les termes à l'instant.
Cette proposition consiste à accorder trente-deux sièges aux Iles-du-Vent, au lieu de vingt-deux actuellement, sept sièges aux Iles-Sous-le-Vent, quatre sièges aux îles Tuamotu et Gambier, la représentation des Iles Marquises et des Iles Australes étant maintenue à trois sièges pour chacune de ces deux circonscriptions, afin de ne pas diminuer la représentation des deux plus petits archipels, qui se trouvent, en outre, être les plus éloignés.
Cette solution de compromis accroît la représentation des Iles-du-Vent par rapport à ce qui était prévu par le texte adopté par le Sénat en première lecture, et permet, avec 62,7 % des sièges, soit trente-deux sièges, de représenter la population de cet archipel, qui constitue 73,7 % de la population totale. Le déséquilibre actuel s'en trouve donc très sensiblement corrigé.
La solution retenue pour les archipels les moins éloignés, entraînant une diminution de deux sièges de leur représentation, conforte en outre la démarche de rééquilibrage entreprise, puisque cette solution est celle qui donne - pardonnez-moi ce jargon arithmétique ! - les écarts à la moyenne territoriale les plus faibles.
Le texte proposé par la commission mixte paritaire permet de prendre en compte l'augmentation du nombre de représentants, comme l'avait souhaité le Sénat, mais également la répartition de ceux-ci entre les différents archipels, comme l'a proposé l'Assemblée nationale.
La proposition de la commission mixte paritaire constitue donc un bon compromis, puisque l'objectif d'équité est satisfait et la nécessaire représentation des archipels assurée. Je partage le sentiment que seule une meilleure répartition des sièges est de nature à garantir une plus grande équité dans la représentation politique. L'accord obtenu en commission mixte paritaire traduit bien cette exigence.
Le Gouvernement souhaite donc une adoption rapide de cette proposition de loi, compte tenu de la prochaine échéance de mai 2001 pour le renouvellement général des membres de l'assemblée de la Polynésie française.
Pour ma part, je me réjouis que l'ensemble du travail parlementaire, qu'il s'agisse des initiatives qui ont été prises, de la qualité des débats ou de la recherche d'un compromis entre les deux assemblées lorsque cela était possible, permette ainsi de trouver une issue très acceptable sur une question très sensible pour nos compatriotes polynésiens. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Flosse.
M. Gaston Flosse. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, nous allons nous prononcer sur le compromis adopté par la commission mixte paritaire le 29 novembre dernier.
Je me réjouis bien entendu qu'un tel compromis ait pu être trouvé, tant la proposition de loi de M. Emile Vernaudon, qui avait été adoptée par l'Assemblée nationale, était l'expression d'une manipulation politique destinée à favoriser mon opposition indépendantiste.
Cette manipulation était un crime et une faute ; un crime parce qu'elle niait la spécificité des archipels, dans une tentative de réduire la représentation de ces derniers, à terme, à plus du quart des conseillers de l'assemblée de la Polynésie française. Cela signifiait que les archipels dont la personnalité est forte et qui s'étendent sur une superficie égale à celle de l'Europe n'auraient plus eu aucun poids politique. C'était les condamner à la régression, en même temps que, à trop vouloir gommer les différences, prendre un risque de dislocation. Souvenez-vous de l'apostrophe de M. Lucien Kimitete, maire de Nuku-Hiva, conseiller des Marquises : « C'est l'assassinat des archipels ! » Il fait partie de mon opposition non indépendantiste, mais je partage son point de vue.
Cette manipulation était également une faute politique, car elle n'aurait même pas atteint le but recherché : ma majorité aurait été certainement réélue !
Partant d'une telle situation, le compromis qui a été trouvé est évidemment un moindre mal. Certes, la majorité sénatoriale aurait pu jouer la politique du pire et compter sur le Conseil constitutionnel pour sanctionner éventuellement une proposition aussi contraire aux principes statutaires de la Polynésie française, dont la structure par archipels a toujours été reconnue jusqu'à présent.
La sagesse de mes collègues les a fait choisir une autre voie, je les en remercie.
Mais, comme lors du vote en commission mixte paritaire, je ne pourrai pas approuver le compromis auquel nous sommes parvenus. Il est d'ailleurs édifiant que ce dernier n'ait pas été accepté par les trois parlementaires polynésiens : M. Vernaudon, parce qu'il n'avait pas obtenu le sacrifice intégral des archipels ; M. Michel Buillard et moi-même parce que nous ne pouvions accepter la réduction de la représentation des Iles-Sous-le-Vent et des Iles Tuamotu et Gambier, les deux archipels les plus dynamiques sur le plan économique et sur le plan démographique.
Nous avons réussi à souver la représentation des Iles Australes et des Marquises ; c'était indispensable. Mais parce qu'un siège a été retiré aux Iles-Sous-le-Vent et aux Iles Tuamotu et Gambier, l'écart de représentation entre ces derniers et les autres archipels s'est accru. C'est ainsi que l'écart entre la représentation des Iles Tuamotu et Gambier et celle des Iles Marquises va passer de 14 % dans l'état actuel de la loi électorale à 42 % dans la nouvelle. Entre les Iles-Sous-le-Vent et les Iles Marquises, il passera de 25 % à 42 %, entre les Iles Tuamotu et Gambier et les Iles Australes, de 40 % à 76 %, entre les Iles-Sous-le-Vent et les Iles Australes, de 53 % à 75 %. Les archipels éloignés ne sont donc plus traités de manière comparable. En voulant corriger une iniquité, on en a créé une autre. Quel beau résultat !
Nous, nous voulions augmenter le nombre de conseillers des Iles-du-Vent sans toucher aux autres archipels. C'était simple, cela répondait au problème posé, cela aurait pu se résoudre rapidement.
Quel gâchis et quelle frustration pour les populations des Iles-Sous-le-Vent et celles des Iles Tuamotu et Gambier ! Leur affaiblissement est injuste et je prends l'engagement, vis-à-vis d'elles, de présenter, dès les prochaines échéances électorales, une proposition qui rétablira leur poids naturel.
Voilà, mes chers collègues, ce que je souhaitais vous dire pour vous faire comprendre ma position personnelle.
Nous prendrons la loi telle qu'elle sera votée, bien entendu, et nous ferons en sorte que les initiateurs de cette mauvaise action reçoivent la sanction politique qu'ils méritent.
Je peux en tout cas vous assurer que l'action de mon gouvernement en faveur du développement économique, social et culturel de la Polynésie dans la France se poursuivra, malgré les multiples tentatives de déstabilisation dont ma majorité et moi-même faisons l'objet. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Allouche.
M. Guy Allouche. Monsieur le rapporteur, je vous prie tout d'abord de bien vouloir m'excuser d'être arrivé trop tard pour entendre votre intervention, mais je me ferai un devoir d'en prendre connaissance en lisant le Journal officiel .
Mes chers collègues, la commission mixte paritaire a abouti à un accord. Ce fut laborieux, tant les positions de l'Assemblée nationale, fondées sur la proposition de loi de notre collègue député Emile Vernaudon et celles du Sénat, fondées sur la proposition de loi de notre excellent collègue Gaston Flosse, sur le rapport de Lucien Lanier, étaient différentes. Etaient-elles, pour autant, si opposées au point d'être inconciliables ? Je ne l'ai jamais cru ; j'ai toujours pensé qu'il nous fallait aboutir à un accord, dans l'intérêt de tous. Chacun pourra se référer aux propos que j'ai tenus ici en séance publique où je plaidais pour qu'un accord soit trouvé entre nous.
Nous sommes donc parvenus à un accord en commission mixte paritaire et qui pourrait s'en plaindre ?
Cet accord était non seulement souhaitable, mais souhaité.
Pourquoi était-il souhaitable ? Tout d'abord, parce qu'il y va de la légitimité de la représentativité d'une assemblée, et pour que celle-ci soit incontestable, elle doit être fondée sur des données objectives.
M. le secrétaire d'Etat vient de rappeler les critères sur lesquels il nous fallait travailler. Nous devions d'abord tenir compte de la géographie de ce territoire, si vaste et si beau que se plaît à évoquer chaque fois que l'occasion se présente M. Gaston Flosse, mais aussi - c'est un critère constitutionnel - de sa démographie. Il nous fallait concilier ces deux critères, et l'accord intervenu entre l'Assemblée nationale et le Sénat ne fait que conforter la légitimité des élus de l'assemblée territoriale.
A quelques exceptions près, chacun a convenu qu'il était souhaitable d'augmenter le nombre des membres de cette assemblée : 41 pour l'Assemblée nationale, aux termes de la proposition de loi de M. Vernaudon, 49, selon celle de M. Gaston Flosse.
Mais fallait-il modifier la représentation des archipels éloignés ? Je persiste à penser que ce n'était pas nécessaire. Mais l'accord intervenu en commission mixte paritaire aboutit à la suppression de deux sièges qui priveront deux archipels éloignés de représentants. Je n'ai pas changé d'avis mais je me réjouis toutefois de l'accord qui est intervenu.
Cet accord était souhaité. Dès l'ouverture de la réunion de la commission mixte paritaire, présidée par M. Bernard Roman et par notre excellent collègue M. Jolibois, les députés et les sénateurs ont dit haut et fort qu'il fallait aboutir à un accord. Mais il y fallait de la volonté. Notre collègue député, rapporteur du texte, M. Jean-Yves Caullet, a fait remarquer, à juste titre, que l'Assemblée nationale devait faire le plus grand effort puisqu'elle partait de 41 membres alors que le Sénat en voulait 49.
En la circonstance j'ai toujours pensé qu'il fallait à tout prix éviter le tout ou rien. Sinon, le Parlement aurait commis une mauvaise actions vis-à-vis de la Polynésie française. Chacun devait avoir en tête que si nous ne trouvions pas un accord, les conséquences pouvaient être très graves pour le territoire.
M. Daniel Hoeffel a demandé aux membres de la commission mixte paritaire de faire preuve de raison et de sagesse pour accepter le compromis. Même si nos collègues sénateurs et députés polynésiens ont très légitimement émis des réserves sur la solution proposée, je pense qu'au fond d'eux-mêmes ils ont compris que c'était pour eux la moins mauvaise des solutions et pour nous une solution sage pour la Polynésie française.
Certes, la suppression de deux sièges privera de représentation deux archipels, mais, pour reprendre l'expression d'un membre de la commission mixte paritaire, cette solution proposée préserve le présent et surtout ménage le futur.
M. Gaston Flosse a dit voilà quelques instants que certains archipels ont vu leur démographie augmenter de manière significative. Je ne peux, de mon côté, que souhaiter, dans les jours ou dans les mois qui viennent, qu'un recensement complémentaire officialise cette évolution positive.
Peut-être pourrons-nous, au cours d'un prochain débat, après l'élection de l'assemblée, au printemps prochain, tenir compte de cette évolution démographique sans attendre pour autant un recensement national pour faire évoluer les choses.
Je voulais intervenir à cette tribune très rapidement, - cette intervention tiendra lieu d'explications de vote - pour me réjouir du succès de la commission mixte paritaire. Lorsqu'il y a une volonté, il y a un chemin. La volonté, nous l'avons manifestée de part et d'autre, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat et en commission mixte paritaire. Le chemin, nous l'avons trouvé, nous l'avons emprunté, et nous avons abouti. Quant à l'avenir de la Polynésie française, que nous espérons le plus radieux possible, il appartient maintenant à tous nos compatriotes polynésiens d'oeuvrer pour cet avenir dont je souhaite ardemment qu'il se construise dans la sérénité, dans la concorde et surtout dans la démocratie vivante. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, en application de l'article 42, alinéa 12, du règlement, d'une part, aucun amendement n'est recevable, sauf accord du Gouvernement ; d'autre part, le Sénat étant appelé à se prononcer avant l'Assemblée nationale, il statue sur les amendements puis, par un seul vote, sur l'ensemble du texte.
Je donne lecture du texte de la commission mixte paritaire :