SEANCE DU 10 JANVIER 2001


M. le président. Avant de mettre aux voix l'ensemble de la proposition de loi, je donne la parole à M. Hérisson pour explication de vote.
M. Pierre Hérisson. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, bien que je ne sois responsable que d'un port sur les rivages du lac d'Annecy, c'est à moi qu'il revient d'expliquer le vote de notre groupe en faveur de cette proposition. (Sourires.)
La France dispose de moyens juridiques insuffisants pour sanctionner les actes de pollution volontaires liés au rejet d'hydrocarbures et d'autres matières en mer.
La loi du 5 juillet 1983 réprimant la pollution par les navires punit notamment d'une amende pouvant atteindre un million de francs et d'un emprisonnement maximum de deux ans les capitaines de navire qui ont enfreint les règles internationales régissant le dégazage et le déballastage.
Cependant, même si des moyens substantiels - et ils devraient être encore accrus ! - sont mis en oeuvre pour lutter contre cette forme de délinquance, force est de constater que les dispositions juridiques en vigueur n'empêchent malheureusement pas la recrudescence de ce phénomène.
Qu'en serait-il, monsieur le ministre, si le transporteur ferroviaire national ou les transporteurs routiers français d'hydrocarbures avaient le même comportement ? Ils auraient sans doute déjà été sanctionnés. En fait, le problème, ce sont les moyens mis en oeuvre.
En outre, cette attitude irrespectueuse reflète un état d'esprit que je ne qualifierai pas, mais que tout le monde dénonce. En effet, à l'annonce de la catastrophe de l' Erika , un nombre important de navires ont procédé à des dégazages et à des déballastages illicites dans la zone du naufrage, profitant du trouble occasionné pour « noyer » leurs rejets dans l'ensemble de la marée noire. Il convenait de le rappeler ici.
Le dégazage sauvage a un motif économique : là où la recherche d'un transport au moindre coût est la devise, au détriment de la sécurité et de l'environnement, la dépense que représente un nettoyage dans un port est estimé hors de prix ; de même, le fait de dérouter un navire vers la haute mer pour respecter les normes prescrites est considéré comme une perte de temps.
Aujourd'hui, en effet, le coût d'une opération de déballastage dans un port représente environ le double de l'amende encourue pour un rejet illicite en mer. Dès lors, le risque d'une amende modérée est estimé bien moindre que la certitude du coût, considéré comme élevé, d'un nettoyage au port. Et les considérations à l'égard des graves nuisances suscitées sont bien négligeables face aux enjeux financiers !
La proposition de loi que nous venons d'examiner contribue à renforcer notre arsenal en augmentant très sensiblement le montant des amendes et des peines de prison encourues par les auteurs des infractions définies dans la loi du 5 juillet 1983 réprimant la pollution par les navires, de sorte que les sanctions pécuniaires seront désormais plus élevées que le coût d'un déballastage effectué dans un port.
Les modifications apportées par le Sénat accentuent encore l'aspect dissuasif de ces dispositions et ne peuvent être qu'approuvées. Elles s'inscrivent dans le droit-fil de la convention de Londres, qui énonce que les sanctions fixées par les législations des Etats membres « doivent être, par leur rigueur, de nature à décourager les intervenants éventuels, et d'une sévérité égale, quel que soit l'endroit où l'infraction a été commise ».
Mes collègues du groupe de l'Union centriste et moi-même soutenons totalement les mesures prévues par ce texte tel qu'il a été modifié par le Sénat. Nous pensons néanmoins qu'il reste beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne le renforcement des moyens en hommes et en matériel, pour assurer une surveillance efficace de notre espace maritime. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme Heinis.
Mme Anne Heinis. Je remercie M. le ministre, qui a bien voulu donner un avis favorable sur l'un de mes amendements et m'assurer qu'il continuerait à réfléchir aux problèmes évoqués aujourd'hui, problèmes qu'on ne pouvait évidemment pas tous régler.
Je remercie également la commission des lois. Elle a approché de manière extrêmement sérieuse ce problème, en même temps qu'elle a fait montre de beaucoup de souplesse dans son jugement.
Enfin, je veux remercier tout particulièrement M. le rapporteur, Lucien Lanier, et, au nom du groupe d'étude de la mer, que je représente cet après-midi, me réjouit qu'un certain nombre de ses suggestions aient été retenues pour leur pertinence.
En conclusion, il nous faut continuer avec opiniâtreté à oeuvrer ensemble dans ce sens, car c'est notre environnement, notre faune et flore marines et notre littoral qui sont en jeu ! Aujourd'hui, nous avons tous défendu cet intérêt commun, et je m'en réjouis. J'éspère que nous poursuivrons dans cette voie. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Marc.
M. François Marc. Tout à l'heure, j'ai dit tout le bien que le groupe socialiste pensait de la proposition de loi de Gilbert Le Bris.
Nous avons entendu vos préoccupations, monsieur le ministre, et nous avons pris note de votre grande mobilisation sur le sujet, ainsi que de toute l'énergie que vous avez bien voulu déployer à Bruxelles voilà quelques semaines.
Nous avons également noté à quel point les propositions qui ont été formulées au travers des amendements amélioraient le texte de M. Le Bris. Nous sommes donc tout à fait favorables à l'adoption de cette proposition de loi amendée selon les voeux de la commission.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la proposition de loi.

(La proposition de loi est adoptée.)
M. le président. Je constate que la proposition de loi a été adoptée à l'unanimité. (Applaudissements.)

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