SEANCE DU 12 DECEMBRE 2001


M. le président. L'article 1er A a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 2, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 1er A dans la rédaction suivante :
« La collectivité territoriale de Corse présente des spécificités qui résultent, notamment, de son insularité et de son relief, de son histoire et de sa culture. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Tout à l'heure, notre collègue M. Alfonsi, dont chacun ici a pu apprécier le talent et l'argumentation, nous a expliqué qu'il était, au nom de ses convictions, en guerre contre l'exposé des motifs du projet de loi. C'est un point sur lequel, malheureusement, une assemblée comme la nôtre ne peut pas se prononcer.
L'exposé des motifs, c'est, suivi de la signature du ministre et de celle du Premier ministre, ce que l'un et l'autre proposent. Mais nous avons à nous prononcer sur les articles, et non sur l'exposé des motifs.
Je dois vous dire que, à sa très grande majorité, la commission spéciale partage votre analyse de cet exposé des motifs, monsieur Alfonsi : en aucun cas nous n'acceptons de penser qu'il faille légiférer pour la Corse au motif que la violence y règne. Là n'est pas la spécificité que nous entendons lui reconnaître.
L'article 1er A, voté en première lecture par le Sénat, a été écarté d'un revers de la main par l'Assemblée nationale. Usant de qualificatifs que je situerai à la limite de la bienséance, l'Assemblée nationale a déclaré que le Sénat, par cet amendement, se donnait bonne conscience, et que le dispositif étant sans portée normative.
Peut-être est-ce l'un de ces fameux articles à portée psychologique et pédagogique que nous sommes nombreux, partisans du droit positif, à essayer de débusquer dans nos textes. Mais, pour une fois, comparaison n'est pas raison, car c'est notre seul moyen d'affirmer notre désaccord total avec l'esprit de l'exposé des motifs du projet de loi qui nous est soumis.
Nous n'avons que ce moyen pour dire que, si des dispositions spécifiques doivent être prises en faveur de la Corse, c'est pour aider à son développement, et non parce que la violence y règne, ni, d'ailleurs, parce que la violence y est considérée autrement aujourd'hui qu'hier. Au reste, ce qui s'est passé cette nuit à Piana, ville que connaît bien notre collègue M. Alfonsi, mérite probablement quelques analyses complémentaires.
Par conséquent, je suis amené, au nom de la commission spéciale, à soumettre à nouveau au Sénat cet article 1er A, qui précise que, s'il existe des dispositions législatives particulières pour la Corse, c'est parce que c'est une île, parce que c'est une montagne dans l'eau et parce que ceux qui y habitent sont les héritiers de traditions et d'une culture séculaires. En aucun cas pour d'autres motifs !
Cet article, mes chers collègues, considéré avec dédain et désinvolture par l'Assemblée nationale, a, en réalité, une importance morale sur laquelle je me permets d'attirer votre attention.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Mesdames, messieurs les sénateurs, vous me permettez d'être bref, étant donné le nombre d'interventions auxquelles la précédente lecture a donné lieu.
Sur l'amendement n° 2, le Gouvernement s'en était remis à la sagesse du Sénat en première lecture, tout en relevant la nécessité de revoir la rédaction de ce dispositif de nature déclaratoire.
Il est à remarquer, en effet, que cet amendement procède à un simple rétablissement de la disposition énumérant certaines des spécificités de la Corse.
Par ailleurs, compte tenu des positions prises par le Sénat sur l'ensemble du projet de loi, le Gouvernement n'est pas convaincu de l'intérêt de rétablir l'article 1er A. J'émets donc un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 2, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 1er A est rétabli dans cette rédaction.

TITRE Ier

DE L'ORGANISATION ET DES COMPÉTENCES
DE LA COLLECTIVITÉ TERRITORIALE DE CORSE

Chapitre Ier

Du régime juridique des actes
de l'Assemblée de Corse

Article 1er