SEANCE DU 12 DECEMBRE 2001


M. le président. « Art. 33. - I. - Les agents non titulaires de l'Etat exerçant leurs fonctions dans un service transféré à la collectivité territoriale de Corse peuvent se voir reconnaître la qualité d'agent non titulaire de la collectivité territoriale.
« Ces agents disposent d'un délai de deux ans à compter de la date d'entrée en vigueur de la présente loi pour formuler une demande en ce sens ou pour demander à conserver la qualité d'agent non titulaire de l'Etat.
« Il est fait droit à leur demande dans un délai maximal d'un an à compter de la date de réception de celle-ci, et dans la limite des emplois vacants.
« A la date d'expiration du délai mentionné au deuxième alinéa, les agents non titulaires n'ayant exprimé aucune demande sont réputés avoir choisi la qualité de non-titulaire de la fonction publique territoriale. Il est fait droit, dans un délai maximal d'un an à compter de cette date, à la demande qu'ils sont réputés avoir formulée.
« Les agents non titulaires de l'Etat qui se sont vus reconnaître la qualité d'agents non titulaires de la collectivité territoriale de Corse en application du présent article conservent, à titre individuel, le bénéfice des stipulations de leur contrat de travail. Les services antérieurement accomplis par ces agents sont assimilés à des services accomplis dans la collectivité d'accueil.
« II. - Les personnels de la collectivité territoriale de Corse, en fonction à la date de publication de la présente loi, peuvent, à titre individuel, s'ils y ont intérêt, conserver le régime indemnitaire dont ils bénéficient à cette date. »
L'amendement n° 72, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le début du II de l'article 33 :
« Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, les personnels... »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'article 33, dans sa rédaction actuelle, résulte d'une initiative de l'Assemblée nationale, qui n'a fait que « relayer » une préoccupation que j'avais exprimée ici même à la fin de la première lecture, monsieur le ministre, à propos du statut actuel des agents de la collectivité territoriale de Corse.
Mais le régime indemnitaire de ces agents a été jugé illégal par le tribunal administratif, qui a débouté les personnels, et l'affaire est désormais devant la cour administrative d'appel. Nous en sommes donc au stade de la validation législative d'un traitement aberrant, mais qui ne doit pas se renouveler, et qui concerne seulement les agents en place.
Chacun peut comprendre les raisons de cette validation. Mais le texte adopté par l'Assemblée nationale comporte une faiblesse, car, tel qu'il est rédigé, il est inconstitutionnel en ce qu'il peut viser des cas qui ont été tranchés par jugement ayant force de chose jugée.
Par cet amendement, nous prenons donc une précaution, qui n'a pas d'effet aujourd'hui dans la mesure où la procédure n'est pas à son terme, mais qui permet d'éviter une éventuelle censure du texte.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Du point de vue du Gouvernement, cet amendement est inutile dans la mesure où les délibérations d'ores et déjà annulées ne peuvent revivre du fait du II de l'article 33.
Il convient désormais que la collectivité territoriale de Corse délibère à nouveau sur le régime indemnitaire de ses agents. Dans ces conditions, l'amendement proposé ne peut qu'apporter une confusion supplémentaire donc et j'en demande le rejet.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je suis au regret de ne pas être d'accord avec vous, monsieur le ministre : si d'aventure cette disposition ne figurait pas et que le Conseil constitutionnel censure le texte, vous vous retrouveriez dans la situation antérieure, avec des personnels qui seraient susceptibles de voir leurs indemnités non seulement supprimées, mais réclamées. C'est la raison pour laquelle je crois que votre solution n'est pas la bonne.
Je demande donc au Sénat de bien vouloir suivre l'avis de la commission spéciale.
Monsieur le ministre, vous aurez le temps d'y réfléchir d'ici à la dernière lecture à l'Assemblée nationale. Et, la nuit portant conseil, je vous souhaite deux ou trois bonnes nuits !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 72, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 33, modifié.

(L'article 33 est adopté.)

Article 33 ter