SEANCE DU 28 NOVEMBRE 2002


M. le président. La séance est reprise.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je voudrais vraiment que l'on dédramatise l'initiative que nous avons prise.
Il n'est pas contestable que la situation économique ne sera pas tout à fait telle qu'on l'avait imaginée. Les résultats de la fin de l'année 2002 ne sont en effet pas au rendez-vous, et le Gouvernement, dans une attitude responsable, transparente,...
M. Claude Estier. D'un jour à l'autre !
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. ... nous donne un témoignage de vérité.
Monsieur Estier, vous savez l'estime que je vous porte. Au moment du vote du projet de loi de finances pour 2002, n'y avait-il pas dans votre esprit de fortes interrogations ? Ne vous demandiez-vous pas si l'appréciation de M. le rapporteur général de la commission des finances du Sénat était fondée lorsqu'il affirmait que le budget était mensonger ?
On peut, à un moment donné, faire une prévision en conscience, parce que les prévisionnistes considèrent que le taux de croissance se situera dans une certaine fourchette. Mais les faits économiques, qui dépendent très largement d'éléments supranationaux, sont là... Le Gouvernement fait donc acte de réalisme, et il faut lui rendre cet hommage.
La proposition d'amendement que nous faisons au Sénat doit être totalement dédramatisée. Nous exprimons notre totale confiance au ministre et au Gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Nous estimons qu'il existe des réserves de trésorerie et qu'il convient de les activer, de les gérer autrement, c'est tout.
Nous assumons notre responsabilité et nous pensons que le Parlement doit renoncer à demander toujours plus de crédits et de dépenses. Nous ne pouvons pas, en effet, promettre du haut des tribunes l'allégement des prélèvements obligatoires, l'assainissement des finances publiques, et, après avoir constaté que la conjoncture ne nous donne pas les fruits que nous attendons sur le plan fiscal, maintenir en l'état le niveau des dépenses !
Si le Gouvernement est parvenu à un article d'équilibre qui ne modifie ni le niveau des dépenses ni celui du déficit, c'est, d'une part, grâce au Sénat, qui a proposé des ressources complémentaires et, d'autre part, grâce au Gouvernement, qui a puisé dans quelques recettes de poche non fiscales les éléments nécessaires au maintien de l'équilibre de ce budget.
Mais c'est la commission des finances dans son ensemble, hier soir, qui a pensé que c'était aider le Gouvernement que de proposer cette recherche délicate d'économies. J'avais dit, au début de la discussion des articles de la première partie, que nous devrions rechercher une économie d'au moins 100 millions d'euros. Je l'ai rappelé hier soir, et c'est à cette tâche que nous nous appliquons.
Encore une fois, dédramatisons cette initiative. Nous assumons avec réalisme nos responsabilités et nous entendons aider le Gouvernement à mener à bien une politique dont les orientations présentées par M. Luc Ferry, depuis ce matin, répondent pleinement à notre attente. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à Mme Hélène Luc, pour explication de vote.
Mme Hélène Luc. Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des finances, nous sommes vraiment dans une situation surréaliste. Je n'ai jamais vu ça ici !
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Madame Luc, voyons !
M. Paul Blanc. Il faut bien commencer !
Mme Hélène Luc. Non, jamais, monsieur le président de la commission des finances !
Tout d'abord, le président de la commission des affaires culturelles a appris par la presse l'existence de cet amendement. C'est absolument incroyable ! On fait tout pour que le Parlement ne soit pas pris au sérieux !
Monsieur le rapporteur général, nous avons compris, bien sûr, ce que vous vouliez faire, mais ayez au moins le courage de le dire franchement et ne cherchez pas d'alibi en disant que les universités ont des réserves !
Je suis membre d'un conseil d'université, celui de Paris-XII, et je peux vous assurer qu'il n'y a aucune réserve ! Le budget doit supporter les 30 % d'heures complémentaires payées aux enseignants, ainsi qu'un certain nombre d'heures supplémentaires payées aux personnels ATOSS.
Que vais-je dire à mon conseil d'université, moi qui étais mandatée pour dire que les crédits qu'il était prévu de voter ne seraient pas suffisants pour l'année 2003 ? Mes chers collègues, je demande à chacun de faire preuve de responsabilité et de refuser d'adopter la proposition de réduction de crédits qui vous est faite.
Je repense aux jeunes qui ont défilé le 1er mai pour défendre la République et pour protester contre Le Pen, et qui, reconnaissez-le, ont voté par la suite pour le candidat Jacques Chirac. Que vont penser tous ces jeunes à qui vous avez fait des promesses ? Vous vouliez vous occuper de leur avenir, vous vouliez qu'ils étudient, qu'ils réussissent ! Vous prévoyez des licences professionnelles, vous cherchez de nombreux moyens de les intéresser, et voilà que vous supprimez les crédits d'un budget qui est déjà insuffisant. C'est vraiment inadmissible !
Pour ma part, je voterai évidemment contre l'amendement, et je vous demande une nouvelle fois, mes chers collègues, de ne pas accepter cette façon de faire qui aboutit à diminuer les crédits inscrits au budget de l'enseignement supérieur ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Madame Luc, partant de l'hypothèse - mais peut-être suis-je coupable de vous prêter une mauvaise intention ? - qu'en tout état de cause vous voterez contre les crédits nouveaux du titre III, je vous rends attentive - et cela est vrai pour tous ceux qui s'apprêtent à faire de même - au fait que cela revient à priver M. le ministre de 80 millions d'euros !
M. Claude Estier. C'est un peu facile !
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Permettez-moi de vous dire, monsieur Estier, qu'il n'y a aucune comparaison possible entre les 2 millions d'euros de diminution de crédits que nous sollicitons et les 80 millions d'euros que vous vous apprêtez à sanctionner ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)
M. Ivan Renar. C'est ce que l'on appelle respecter l'opposition !
Mme Hélène Luc. On nous a dit ce matin que le ministre avait besoin de notre soutien !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-12.
Je suis saisi de deux demandes de scrutin public, émanant, l'une, du groupe socialiste et, l'autre, du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 57:

Nombre de votants 312
Nombre de suffrages exprimés 306
Majorité absolue des suffrages 154
Pour l'adoption 180
Contre 126

M. Claude Estier. L'écart se resserre !
M. le président. Je mets aux voix, modifiés, les crédits figurant au titre III.

(Ces crédits sont adoptés.)