État civil :
Né le 9 septembre 1822
Décédé le 17 mars 1891
Profession :
Prince français
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 31 décembre 1852
Fin de mandat le 4 septembre 1870

Assemblée nationale du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Assemblée nationale du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Chambre des députés du 14 mai 1876 au 25 juin 1877

Ministre de l'Algérie et des Colonies du 24 juin 1858 au 24 mars 1859

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

BONAPARTE (JOSEPH-CHARLES-PAUL-NAPOLÉON PRINCE, dit JÉRÔME-

NAPOLÉON), représentant aux Assemblées constituante et législative de 1848-1849, sénateur du Second Empire, et député de 1876 à 1877, né à Trieste (Illyrie), le 9 septembre 1822, est le second fils de l'ex-roi Jérôme et de la princesse Frédérique de Wurtemberg. Élevé d'abord à Rome par son aïeule, Mme Laetitia, il dut émigrer à Florence à cause de la part qu'avaient prise deux membres de sa famille à l'insurrection de la Romagne, et terminer ses études à Genève et à Arenenberg ; il entra à l'École militaire de Louis-Bourg (Wurtemberg), en sortit premier avec le grade de lieutenant, envoya peu après sa démission, et se mit à voyager en Allemagne, en Angleterre, en Espagne. Il obtint du ministère Guizot, à force d'insistance, l'autorisation de venir à Paris, et se lia avec quelques-uns des chefs du parti démocratique ; le gouvernement de Louis-Philippe en prit ombrage et l'éloigna, mais pour lui permettre bientôt, à titre provisoire, (1847), de rentrer en France avec son père l'ex-roi Jérôme. La révolution du 24 Février 1848 provoqua chez le prince Napoléon un vif enthousiasme : dès le 26, il publiait une lettre de formelle adhésion au gouvernement provisoire, « le devoir de tout bon citoyen étant de se réunir autour du gouvernement provisoire de la République; » il se présenta comme candidat républicain à l'Assemblée constituante, et fut élu, le 23 avril, représentant de la Corse, le 1er sur 6, par 39,229 voix (50,947 votants, 58,467 inscrits); il siégea à la gauche modérée et vota, au début de la session, avec la majorité : 28 juillet 1848, pour le décret sur les clubs; 25 septembre, contre l'impôt progressif; 4 octobre, contre l'incompatibilité des fonctions; 7 octobre, contre l'amendement Grévy; 21 octobre, contre l'abolition du remplacement militaire ; 12 janvier 1849, pour la proposition Rateau; il s'était seulement rapproche de l'extrême gauche pour opiner en faveur de l'amnistie des transportés. Mais la mesure de révocation dont il fut l'objet, pour avoir quitté sans autorisation préalable son poste de ministre plénipotentiaire a Madrid, ou l'avait envoyé le gouvernement, irrita son amour-propre ; il prit place dans la gauche de l'Assemblée législative, où il avait été élu, le 13 mai 1849, par deux départements, la Sarthe, pour lequel il opta, avec 59,622 voix sur 103,029 votants et 135,640 inscrits, et la Charente-Inférieure, où il avait obtenu, le 6e sur 10, 42,694 voix (99,799 votants, 142,041 inscrits); il vota le plus souvent avec la gauche. Vers la fin de la législature, et aux premiers bruits de coup d'État, le prince Napoléon s'abstint, à dessein, de prendre parti dans les débats orageux qui signalèrent l'année 1851. Victor Hugo, dans l'Histoire d'un crime, raconte l'entrevue qu'il eut chez lui, rue de la Tour d'auvergne, 37, le 16 novembre 1851, avec un « homme considérable et distingué

» qui avait le droit de dire, en désignant les Bonaparte, « ma famille. » Ce personnage exposa longuement à Victor Hugo la situation « à la fois désespérée et forte » où se trouvait la République. La République est perdue, lui dit-il, à moins que vous ne la sauviez. Et le moyen de salut qu'il indiqua se trouve résumé dans ces quelques mots : « - Yon, le commissaire de police de l'Assemblée, est républicain? - Oui. - Il obéirait aux ordres signés de vous? - Peut- être. - Moi je dis : sans doute. Il me regarda fixement. « - Eh bien, faites, cette nuit, arrêter le président. - Ce fut à mon tour de le regarder. - Que voulez-vous dire? - Ce que je dis. - Arrêter le président! » m'écriai-je. Alors il m'exposa que cette chose extraordinaire était simple, quo l'armée était indécise, que dans l'armée, les généraux d'Afrique balançaient le président, que la garde nationale était pour l'Assemblée..., que la troupe ne résisterait pas à la garde nationale, que la chose se ferait sans coup férir, que Vincennes s'ouvrirait et se fermerait pendant le sommeil de Paris, que le président achèverait là sa nuit, et que la France à son réveil apprendrait cette double bonne nouvelle : Bonaparte hors de combat et la République hors de danger...» Victor Hugo résista aux avances du prince Napoléon et refusa de suivre son conseil. « J'aime mieux être, dit-il, proscrit que proscripteur. J'ai le choix entre deux crimes, mon crime et le crime de Louis Bonaparte, je ne veux pas de mon crime. » Et la conversation prit fin. (Histoire d'un crime. Tome II, chap. 8). Le coup d'État accompli, le prince Napoléon se mit d'abord à l'écart ; mais cette attitude ne dura pas, et il accepta de l'Empire restauré

l'hérédité éventuelle de la couronne, et le titre de prince français, qui comportait de droit celui de sénateur ; les insignes de grand-croix de la Légion d'honneur et le grade de général de division étaient décernés, d'emblée et par surcroît, au prince Napoléon, qui n'avait jamais servi. Lors de la campagne de Crimée, le prince Napoléon s'embarqua le 10 avril 1854, à Marseille, à la tête d'une division d'infanterie de réserve, qu'il laissa bientôt devant Sébastopol pour regagner la France et remplir les fonctions de président de la « commission impériale de 1'Exposition universelle. » Ce retour précipité n'accrut pas la popularité du prince. Il voyagea ensuite (1857) dans les mers du Nord, fut quelque temps « ministre de l'Algérie et des Colonies » (1858-59) et donna sa démission, en raison de la tournure que prenaient les affaires italiennes : il venait d'épouser (30 janvier 1859) la fille de Victor-Emmanuel, Clotilde-Marie-Thérèse de Savoie. Quand la guerre d'Italie eut éclaté, le prince Napoléon fut envoyé à Livourne avec un corps d'armée : il y demeura jusqu'à la paix de Villafranca. Il brilla davantage comme orateur au Sénat, où il prononça plusieurs discours importants, par exemple le 1er mars 1861, et le 22 février 1862, contre le pouvoir temporel des papes; ces discours et l'attitude d'opposant qu'il prit souvent à l'égard du gouvernement lui attirèrent plus d'un désaveu de la part de son impérial cousin. A la suite d'une harangue prononcée en Corse, à l'occasion de l'inauguration de la statue de Napoléon Ier, il fut même nettement blâmé par l'empereur, alors en Algérie, dans une lettre que publia l'Officiel: « L'empereur Napoléon, y était-il dit, pour empêcher l'anarchie des esprits, cette redoutable ennemie de la vraie liberté, avait établi, dans sa famille d'abord, dans son gouvernement ensuite, cette discipline sévère qui n'admettait qu'une volonté et qu'une action. Je ne saurais désormais m'écarter de la même règle de conduite. » Le prince se démit alors de ses fonctions de membre et vice-président du conseil privé, et de membre du conseil de régence, et bouda les Tuileries. Quand il y parut, ce fut avec la mauvaise humeur la plus marquée, refusant de porter à table la santé de l'impératrice Eugénie, son ennemie personnelle, ou se renfermant dans un mutisme obstiné. Au Sénat, il vota, seul, contre l'adresse de 1864. Sa disgrâce n'était d'ailleurs qu'officielle ; il semblait tenir surtout à sa réputation de libre-penseur, et la petite cour du Palais-Royal, résidence officielle du prince, réunissait fréquemment About, Renan, Sainte-Beuve, que le parti catholique regardait comme ses plus dangereux ennemis. Entre temps, il voyageait en Europe, se promenait en Angleterre, en Corse, en Algérie, en Italie, sur un yacht à vapeur, construit pour lui, le Jérôme-Napoléon, visitait Lisbonne, les Acores, l'Amérique, l'Égypte, et, une autre fois, l'Autriche, la Hongrie, la Bohême. En 1869, lorsque l'Empire se fit parlementaire et « libéral », il passa pour avoir exercé quelque influence sur la politique nouvelle qu'annonçait le message du mois de juillet. La vérité est qu'il s'attacha dans un discours (août 1869) au Sénat, à propos de la discussion sur le sénatus-consulte, à revendiquer pour la France les garanties d'un gouvernement constitutionnel ; son opinion fut combattue par M. Rouher, président du Sénat, avec une certaine vivacité. Après le plébiscite, le prince Napoléon venait d'entreprendre un nouveau voyage sur les côtes de Norvège (2 juillet), quand les événements politiques le rappelèrent en France. Il n'obtint, cette fois, aucun commandement dans l'armée, et essaya vainement de décider Victor-Emmanuel à nous prêter son concours contre la Prusse ; il apprit à Florence la capitulation de Sedan et la proclamation de la République, se retira avec sa femme et ses enfants au château de Prangins en Suisse, et se tint à l'écart pendant toute la durée de la guerre. Il ne rentra en scène que le 7 octobre 1871, comme membre du conseil général de la Corse; son passage en France pour se rendre à son poste, à Ajaccio, donna lieu à des démonstrations hostiles contre sa personne, et le débat, au sein du conseil, sur la validation de son élection, amena la retraite de tous les membres bonapartistes, et la démission du prince, qui partit pour l'Italie. Réélu conseiller en 1872, il se vit expulser de France par le gouvernement de Thiers; le ministère du 24 mai lui refusa le rétablissement de son nom sur la liste des généraux de division. Vers la même époque, il proposa à un journal démocratique, l'Avenir national, que dirigeait M. Ed. Portalis, « un pacte

d'alliance de la démocratie et des Napoléons pour soutenir le drapeau tricolore », mais les rédacteurs du journal se retirèrent aussitôt, et la proposition n'eut pas de suites. Les dissentiments, déjà profonds, entre le prince Napoléon et le fils de Napoléon III, prirent alors un caractère aigu. Aux élections législatives du 20 février 1876, le prince, posant sa candidature contre M. Rouher lui-même, se déclarait prêt à « accepter franchement la forme actuelle du gouvernement ». M. Roulier fut élu, mais invalidé par la Chambre, et, le 14 mai, le prince Napoléon l'emporta à son tour, avec 6,046 voix (10,726 votants). Sans s'inscrire à aucun des groupes de la majorité républicaine, il vota cependant avec elle, appuya, le 24 décembre 1876, la loi sur la collation des grades, et fut des 363. Soutenu, comme tel, par les journaux et les comités qui obéissaient au mot d'ordre de Gambetta, il n'eut à Ajaccio, le 14 octobre 1877, d'autre concurrent que M. Haussmann, candidat du « prince impérial » et de l'administration. Il échoua avec 4,419 voix contre 8,027 obtenues par son concurrent. La mort imprévue du prince impérial au Cap de Bonne-Espérance vint raviver l'ambition du prince, qui, devenu le chef de la famille Bonaparte, ne fut toutefois accepté pour prétendant à l'Empire que par une fraction du parti bonapartiste: M. de Cassagnac fut de ceux qui refusèrent constamment de se rallier à lui, et lui opposèrent son fils aîné Victor-Napoléon, désigné par le prince impérial lui-même comme son successeur. Le prince Napoléon assista, à Chislehurst, au service funèbre de son jeune cousin, mais partit sans avoir vu l'ex-impératrice, et se fixa à Paris. Depuis lors, son rôle politique a été plus effacé. Il s'est réduit à la publication de quelques lettres et manifestes: par exemple, le 5 avril 1880, pour applaudir à la promulgation des décrets du 29 mars contre les congrégations, et plus tard, en 1884, pour protester contre la loi d'expulsion des princes qui l'obligea à quitter la France. La majorité des

« jérômistes » a récemment adhéré à la campagne révisionniste du général Boulanger, et quelques-uns d'entre eux, entre autres M. Lenglé (V. ce nom), ont pris dans les réunions publiques, le titre de « bonapartistes-républicains ».

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Joseph-Charles-Paul-Napoléon BONAPARTE

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