État civil :
Né le 7 janvier 1799
Décédé le 26 décembre 1869
Profession :
Diplomate
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 31 mars 1856
Fin de mandat le 26 décembre 1869

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

Biographie mise à jour le 20 novembre 2020.

La notice biographique tirée du dictionnaire « Robert et Cougny » figure infra.

FRANÇOIS-ADOLPHE DE BOURQUENEY

Né le 7 janvier 1799 à Paris, François-Adolphe, baron (comte à partir de 1858) de Bourqueney est le fils de François-Félix de Bourqueney (1761-1846) et de Jeanne Antoinette de Rivière (ca 1770-1836). Il effectue ses études à Paris, au lycée Bonaparte, puis est nommé, à 17 ans, attaché d'ambassade sous les ordres de Jean-Guillaume Hyde de Neuville, représentant de La France aux États-Unis. Devenu secrétaire de légation à Berne en 1820, le jeune diplomate entretient de mauvaises relations avec l'ambassadeur Clément-Édouard de Moustier. En 1824, ce dernier assurant alors l'intérim du ministère des Affaires étrangères, l'aurait fait destituer de son poste (1). Collaborateur du Journal des Débats, feuille libérale dont il restera toujours proche, et travaillant notamment de concert avec Chateaubriand, il se rapproche de l'opposition libérale au régime de la Restauration ainsi que des orléanistes.

La révolution de Juillet et la montée sur le trône du chef de la branche cadette lui offrent l'occasion de reprendre du service dans la diplomatie. Il est envoyé à Londres en 1840 en qualité de secrétaire d'ambassade auprès du général Sebastiani à qui succède bientôt François Guizot. Un temps premier secrétaire par intérim, Bourqueney est brièvement chargé d'affaires. Affecté auprès de la Sublime Porte l'année suivante comme secrétaire d'ambassade auprès d'Édouard Pontois, Bourqueney restera à Constantinople huit années. Nommé à la tête de l'ambassade en 1842 comme ministre plénipotentiaire, il reçoit le titre d'ambassadeur en 1844. Bourqueney est alors aux premières loges pour observer la crise orientale de 1840-1841 qui voit l'affrontement diplomatique de la France, soutien du vice-roi d'Égypte Méhémet Ali, et de l'Angleterre, de l'Autriche et de la Russie, partisans de l'empire ottoman. Il est négociateur et signataire de la convention des Détroits de 1841 qui régit le passage des flottes de guerre dans le détroit des Dardanelles. La convention garantit en outre l'hérédité de la dynastie de Méhémet Ali à la tête de la vice-royauté d'Égypte.

De retour à Paris après la chute de la monarchie de Juillet, Bourqueney retrouve du service en 1853, peu après l'avènement du Second Empire. Le ministre des Affaires, Édouard Drouyn de Lhuys, un autre orléaniste, qui connaît la grande notoriété dont il jouit au sein du corps diplomatique, le convainc de rallier le régime en l'accréditant auprès de la Cour de Vienne. Bourqueney prend donc son poste au moment du déclenchement de la guerre de Crimée. Très apprécié du gouvernement autrichien et partisan de l'alliance avec les Habsbourg (2), Bourqueney fait preuve d'un grand zèle durant les négociations qui conduisent à la signature d'une alliance franco-autrichienne, le 2 décembre 1854. Un diplomate prussien décrit ainsi ses talents diplomatiques durant les conférences de Vienne : « M. de Bourqueney, qui a la parole plus facile que [moi], la prend, expose la question à sa manière tandis que les autres opinent de la tête et qu'ainsi, la Prusse a toujours le dessous (3). » Lady Westmoreland, l'ambassadrice d'Angleterre, qui ne le porte pas dans son coeur, écrit de son côté : « Le petit Bourqueney est en convulsion quand il voit une ombre de négociation possible (4)».

Ses succès et son expérience des négociations difficiles le font désigner comme second plénipotentiaire aux côtés du comte Alexandre Walewski, ministre des Affaires étrangères, durant le Congrès de Paris (mars-avril 1856). Celui-ci se tient dans le tout nouvel hôtel du ministère des Affaires étrangères, quai d'Orsay, qui accueille pour l'occasion les chefs des diplomaties des six grandes puissances européennes. Les séances du congrès sont un modèle d'efficacité, les Français s'appliquant à aplanir les difficultés en ménageant la fierté et la dignité de la Russie. L'intégrité de l'empire ottoman, cause de l'intervention militaire franco-britannique, est gravée dans le marbre tandis que la mer Noire est neutralisée. Toutefois, l'autonomie des provinces danubiennes (Moldavie et Valachie) ainsi que celle de la Serbie, est officiellement reconnue et garantie par les puissances contractantes, ce qui constitue un premier pas vers leur indépendance. Bourqueney, le plus expérimenté des diplomates français, ne cesse de prendre de l'importance au sein du congrès, « jusqu'à en devenir [...] l'un des acteurs les plus décisifs (5)». Le congrès, ouvert le 25 février 1856, se clôt dans la ferveur générale le 30 mars suivant. Bourqueney n'est pas le dernier à dissimuler son enthousiasme puisqu'il écrit : « Elle est belle, elle est grande cette paix que nous venons de signer : durera-t-elle quarante ans comme l'autre ? Ne demandons pas à la providence ses secrets, contentons-nous de ses bienfaits (6). »

Trois ans plus tard, à l'occasion des négociations de paix clôturant la guerre franco-autrichienne de 1859, Bourqueney est une fois de plus choisi pour représenter les intérêts français aux conférences de Zurich. Le choix s'est porté sur lui du fait de l'estime dont il jouit auprès du gouvernement de Vienne mais aussi compte tenu de son inquiétude, comme la majeure partie des diplomates français de l'époque, quant aux conséquences de l'unité italienne. Il est assisté de Gaston de Banneville, son premier secrétaire à Vienne, également apprécié des Autrichiens. Entre août et novembre, les discussions confirment la cession de la Lombardie autrichienne au royaume de Piémont, mais restaurent les souverains de Modène, Parme et Toscane sur leurs trônes. Le pape, dont la souveraineté s'exerce de nouveau sur Bologne, pourrait devenir le chef d'une confédération italienne. Toutefois, les révolutions italiennes qui éclatent durant les mois suivants rendent immédiatement caduques tout retour des princes renversés.

En novembre 1859, au sommet de sa notoriété, Bourqueney demande son rappel à la suite de la mort en couches de sa très jeune femme Alix, née Le Clerc de Juigné. L'ayant épousée en 1846, passionnément attaché à celle-ci, le diplomate met un terme à sa brillante carrière pour se consacrer à ses trois enfants.

Reconnaissant ses mérites, Napoléon III lui octroie le titre de comte et l'élève à la dignité de sénateur. Il siège, au palais du Luxembourg, dans les rangs des plus fidèles partisans de l'empire. Prenant une part active à ses débats, Bourqueney centre son activité sénatoriale sur les affaires extérieures. Il fait ainsi partie, en 1862, de la commission relative à la juridiction des consuls de France au Japon puis d'une autre liée aux emprunts du jeune royaume de Grèce. Bourqueney intervient en outre de manière régulière à la tribune pour y soutenir la diplomatie impériale : en 1859 pour y contrer « les allégations du discours de M. de Boissy sur l'Adresse, relativement à l'antipathie qui aurait existé entre les flottes anglaise et française lors de la visite de Cherbourg » puis, en 1862, au sujet d'une affaire d'expulsion prononcée par l'ambassadeur de France à Constantinople (7). Grand-croix de la Légion d'honneur depuis 1854, François-Adolphe de Bourqueney meurt à Paris le 26 décembre 1869, où il est enterré, selon ses volontés, dans la plus stricte humilité (8).

Les Archives du Sénat ne gardent aucune trace marquante de son activité sénatoriale. Pour plus d'informations sur celle-ci, se référer aux registres des débats parlementaires conservés par la Bibliothèque du Sénat.

Bibliographie

Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, Pedone, 2015.

Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891.

Jean Tulard, Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1996.

Annales du Sénat et du Corps législatif, Bibliothèque du Sénat.

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(1) D'après les Souvenirs du chevalier de Cussy, garde du corps, diplomate et consul général, 1795-1866, publiés par le comte Marc de Germiny, Paris, Plon, 1909, tome 1, p. 111-113.

(2) Baron de Hübner, Neuf ans de souvenirs d'un ambassadeur d'Autriche à Paris sous le Second Empire, Paris, Plon, 1905, p. 355.

(3) Léonel de Moustier à Édouard Drouyn de Lhuys, le 14 juillet 1854, lettre citée dans Xavier Lacroix, Léonel de Moustier, de Paris à Berlin 1817-1859, mémoire de M2 sous la direction d'Éric Anceau, université Paris-Sorbonne, 2018, p. 149.

(4) Lettre de lady Westmorland à la duchesse de Dino, le 4 janvier 1855, dans Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, Souvenirs et chronique, 4e édition, tome 4 (1851-1862), librairie Plon, Paris, 1910, p. 962.

(5) Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, Pedone, 2015, p. 163-164.

(6) Bourqueney à Édouard Thouvenel, lettre du 14 avril 1856, Papiers Thouvenel, vol. 5, f. 277, citée dans Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, op. cit., p. 174.

(7) Annales du Sénat et du Corps législatif, Bibliothèque du Sénat.

(8) Lettre de son fils à Eugène Rouher, président du Sénat, datée du 16 décembre 1869, Archives du Sénat cote 71S 324.

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Biographie extraite du dictionnaire « Robert et Cougny » :

BOURQUENEY (FRANÇOIS-ADOLPHE, BARON DE), sénateur du Second Empire, né à Paris, le 7 janvier 1799, mort à Paris, le 26 décembre 1869, fit ses études au lycée Bonaparte, et débuta dans la carrière diplomatique à dix-sept ans, comme attaché d'ambassade aux États-Unis. Secrétaire de légation à Berne, il quitta ce poste pour entrer au Journal des Débats. Ce ne fut qu'après 1830 qu'il reprit ses fonctions diplomatiques. On le retrouve, en 1840, secrétaire d'ambassade à Londres, sous Guizot : ce fut lui qui signa, après le départ de celui-ci, en qualité de chargé d'affaires, la convention des détroits (1841), qui faisait rentrer la France dans le concert européen. Créé baron par Louis-Philippe en 1842, il fut nommé, un an après, ministre à Constantinople, reçut le titre d'ambassadeur en 1844, et donna sa démission à la révolution de 1848. Sa conduite avait été de tout point conforme à la politique de « paix à tout prix » suivie par le cabinet de cette époque. Il rentra dans la vie publique au début du second Empire, comme ministre plénipotentiaire à Vienne; dans les conférences qui eurent lieu en cette ville (1854), il insista sur l'adoption des « quatre garanties » dont il fit la condition expresse de la paix. Il assista au congrès de Paris, puis fut accrédité comme ambassadeur à Vienne au mois de juin 1856. Le 31 mars de la même année, il avait été appelé au Sénat impérial. M. de Bourqueney prit encore une part importante aux négociations qui terminèrent la guerre d'Italie. Signataire du traité de Zurich (1859), il reçut de Napoléon III, à cette occasion, le titre de comte. Admis à la retraite comme ambassadeur, le 2 mai 1860, il siégea jusqu'à sa mort parmi les sénateurs les plus dévoués au régime impérial, et intervint à plusieurs reprises dans les débats de la Chambre haute. - M. de Bourqueney était grand-croix de la Légion d'honneur.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de François-Adolphe BOURQUENEY

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