État civil :
Né le 19 novembre 1805
Décédé le 1er mars 1881
Profession :
Diplomate
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 26 janvier 1852
Fin de mandat le 12 janvier 1856
Réélu le 27 mai 1863
Fin de mandat le 4 septembre 1870

Chambre des députés du 9 juillet 1842 au 6 juillet 1846
Chambre des députés du 1er août 1846 au 24 février 1848
Assemblée nationale du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Assemblée nationale du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851

Ministre des Affaires étrangères du 28 juillet 1852 au 7 mai 1855
Ministre des Affaires étrangères du 15 août 1862 au 1er septembre 1866

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

Biographie mise à jour le 20 novembre 2020.

La notice biographique tirée du dictionnaire « Robert et Cougny » figure infra.

EDOUARD DROUYN DE LHUYS

Issu d'une famille de la noblesse soissonnaise, Édouard Drouyn de Lhuys nait à Paris le 19 novembre 1805. Fils d'un receveur général des finances, il débute ses études à Bourbon-Vendée et les poursuit au lycée Louis-le-Grand où il est couronné du prix d'honneur de rhétorique au concours de 1823. Fort d'un cursus en droit, il est nommé attaché d'ambassade à Madrid en 1831, sous les ordres du duc Eugène d'Harcourt. Ayant gagné l'estime de celui-ci, il est envoyé en 1833 à Bruxelles puis, un an plus tard, comme chargé d'affaires par intérim à La Haye, ce qui fait de lui, durant plusieurs mois, le plus jeune chef de mission d'Europe (1). Il travaille à rétablir les relations entre la France et le royaume des Pays-Bas, mises à mal par le soutien français à l'indépendance belge. De retour en Espagne en 1835 avec le grade de secrétaire d'ambassade, le jeune Drouyn de Lhuys se distingue de nouveau et apparaît comme l'un des espoirs de la diplomatie française.

En 1840, Adolphe Thiers, alors ministre des Affaires étrangères, lui confie la direction des affaires commerciales du Département, le plaçant à la tête de tous les consulats français (2). En 1840, il devient également député de Seine-et-Marne à la faveur d'une élection partielle. Drouyn de Lhuys siège donc à la Chambre où il se distingue lors des débats de politique étrangère et n'hésite pas à s'opposer à son nouveau ministre, François Guizot. En 1845, il vote contre ce dernier à propos de l'affaire du pasteur britannique Pritchard, ce qui lui vaut d'être congédié.

Délié tout devoir de réserve, Drouyn de Lhuys se consacre entièrement à sa carrière politique et devient « l'un des membres les plus éloquents de l'opposition réformatrice hostile à Guizot (3) ». Réélu lors des élections de 1846, puis de nouveau en 1848 après la chute de la monarchie de Juillet, il siège à droite sur les bancs de l'Assemblée constituante et devient président du comité des Affaires étrangères. Nommé ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement Odilon Barrot après l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la Présidence de la République, il se consacre presque entièrement à la Question romaine (4). Partisan, comme tout le Gouvernement, de l'intervention militaire française en Italie pour soutenir le pape, il souhaite mettre un terme à la République romaine qu'a proclamée Giuseppe Mazzini et réinstalle Pie IX au Vatican. Toutefois, le gouvernement Barrot se retire avant le départ du contingent français et Tocqueville succède à Drouyn de Lhuys en 1849.

Réélu en mai de la même année représentant de Seine-et-Marne au sein de l'Assemblée législative, il est nommé en juillet ambassadeur à Londres. Il manifeste ses talents de diplomate en éteignant la crise de Don Pacifico, sujet britannique installé en Grèce dont la maison est brulée par des Hellènes. La Royal Navy ayant mis le blocus devant le Pirée, de fortes tensions se font sentir entre la France, qui soutient la Grèce, et la Grande-Bretagne, qui veut symboliquement punir cette dernière. Quoique rappelé en France, Drouyn de Lhuys parvient à résoudre la crise, ce qui accroît la grande popularité dont il jouit outre-Manche.

En 1851, il est de nouveau nommé ministre des Affaires étrangères, cette fois pour à peine plus de quinze jours (10-24 janvier), à l'occasion de la crise ministérielle qui suit la révocation du général Changarnier.

Acceptant le coup d'État du 2 décembre 1851, il accède de nouveau au ministère des Affaires étrangères. Il est également élevé à la dignité de sénateur par décret du 26 janvier 1852, et sera l'un des vice-présidents de la Haute Assemblée. Drouyn de Lhuys est membre de plusieurs commissions à l'instar de celle relative à la constitution des colonies. Il prend la parole à de multiples reprises, notamment, début 1852, au sujet de la dotation du Prince-Président, de la juridiction consulaire en Chine et du règlement intérieur du Sénat.

Partisan de l'entente autrichienne durant la guerre de Crimée, le ministre se rend personnellement à Vienne en 1855 pour y arracher l'adhésion de l'Autriche à l'alliance franco-anglaise. De retour en France, il voit son plan de paix, pourtant âprement négocié avec les représentants des autres puissances, désavoué par l'empereur en présence même de l'ambassadeur britannique. Humilié, il démissionne, remplacé le 8 mai 1855 par Alexandre Walewski.

Resté sénateur, Drouyn de Lhuys se montre attaché à la liberté des débats parlementaires, s'insurge en 1856 contre la constitution de 1852 qui ne laisse au Sénat impérial ni liberté de parler ni liberté d'agir. N'obtenant pas le droit à la discussion, il démissionne de son siège de sénateur en janvier 1856 mais on le convainc bien vite de le réintégrer. En 1861, il est en outre élu à l'Académie des Sciences morales et politiques.

Nommé pour la quatrième fois à la tête du Quai d'Orsay par Napoléon III en octobre 1862, il y succède à son ancien directeur politique, Édouard Thouvenel. Alors que ce dernier incarnait une politique favorable aux nationalités, ayant notamment encouragé l'unification italienne, Drouyn de Lhuys apparaît comme un modèle de diplomatie classique. En le nommant, Napoléon III souhaite rassurer les catholiques français inquiets sur le sort du pape. De fait, le ministre signe la convention de septembre 1864 qui lie le départ des troupes françaises de Rome à une réconciliation entre les États pontificaux et le nouveau royaume d'Italie.

Tenant d'une ligne dure à l'égard de la politique expansionniste de la Prusse, il préconise, au lendemain de la victoire prussienne sur l'Autriche à Sadowa, la mise sur le pied de guerre d'une armée au bord du Rhin pour forcer Bismarck à modérer ses exigences. Mais, au terme de plusieurs conseils des ministres dramatiques, les ministres Rouher et Lavalette, partisans d'une position pacifiste, obtiennent sa démission. Drouyn de Lhuys est remplacé par Léonel de Moustier. Napoléon III le nomme membre du conseil privé. De retour au Sénat, il y travaille aux projets de libéralisation de l'Empire où il tire profit de son expérience diplomatique, il appartient à la commission chargée d'examiner une proposition de loi relative à la réquisition des commandes d'armes faites par l'étranger (5).

Vivant désormais à l'écart de la scène politique, Drouyn de Lhuys se retire à Jersey durant l'occupation prussienne puis se consacre à l'Institut et aux nombreuses sociétés dont il est membre. Il est notamment l'un des fondateurs de la Société des agriculteurs de France. Ayant épousé vers 1850 sa cousine Mathilde de Saint-Cricq, il reste sans enfant et meurt le 1er mars 1881.

Bibliographie

Bernard d'Harcourt, Les quatre ministères de M. Drouyn de Lhuys, Paris, Plon, 1882.

Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891.

Yves Bruley, Dictionnaire des ministres des Affaires étrangères, Paris, Fayard, 2004.

Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, A. Pedone, 2015.

Geoffroy de Courcel, « Drouyn de Lhuys (1805-1881) », dans Jean Baillou (dir.), Les Affaires étrangères et le corps diplomatique français, Paris, CNRS, 1984.

Annales du Sénat et du Corps législatif, sessions de 1852 à 1870, Bibliothèque du Sénat.

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(1) Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, A. Pedone, 2015, p. 75.

(2) Ibid.

(3) Ibid, p. 78.

(4) Bernard d'Harcourt, Les quatre ministères de M. Drouyn de Lhuys, Paris, Plon, 1882, p. 7.

(5) Annales du Sénat et du Corps législatif, sessions de 1852 à 1870, Bibliothèque du Sénat. Les Archives du Sénat ne gardent aucune trace marquante de son activité sénatoriale. Pour plus d'informations sur celle-ci, se référer aux registres des débats du Sénat conservés par la Bibliothèque du Sénat.

Biographie extraite du dictionnaire « Robert et Cougny » :

DROUYN DE LHUYS (EDMOND)1, député de 1842 à 1848, représentant en 1848 et en 1849, ministre et sénateur, né à Paris le 19 novembre 1805, mort à Paris le 1er mars 1881, était le fils d'un receveur général à Melun sous la Restauration. Il commença ses études à Bourbon- Vendée, les termina à Louis-le-Grand, à Paris, gagna le prix d'honneur de rhétorique au grand concours en 1823, se fit recevoir licencié en droit, et débuta dans la carrière diplomatique comme attaché d'ambassade à Madrid (1831). Envoyé comme chargé d'affaires à La Haye (1833-1836) pendant les délicates négociations de l'organisation du nouveau royaume de Belgique, il sut maintenir de bons rapports entre la France et la Hollande, et ne quitta ce poste que sur les instances de M. de Rayneval, ambassadeur de France en Espagne, qui désirait avoir de nouveau auprès de lui son ancien attaché. M. Drouyn de Lhuys revint à Madrid comme premier secrétaire d'ambassade, et y resta jusqu'en 1840. Il fut alors appelé à la direction des affaires commerciales au ministère des Affaires étrangères. Le 9 juillet 1842, le 1er collège électoral de Seine-et-Marne (Melun) l'élut député, par 286 voix sur 560 votants et 605 inscrits, contre 272 à M. de Germiny. Quoique fonctionnaire, il combattit la politique de

M. Guizot; mais ayant voté contre l'indemnité Pritchard, il fut destitué, et réélu député, le 1er août 1846, par 426 voix sur 615 votants et 707 inscrits, contre 131 voix à M. Clément ; il prit alors une part active à la campagne réformiste, et signa la mise en accusation du ministère. Après la révolution de février, il fut élu, le 23 avril 1848, représentant de Seine-et-Marne à l'Assemblée constituante, le 3e sur 9, par 74,229 voix sur 81,011 votants et 96,947 inscrits. Il siégea à droite et fit partie du comité des affaires étrangères. Le prince L. Napoléon, nommé président de la République (10 décembre 1848), fit entrer M. Drouyn de Lhuys dans son premier ministère (20 décembre) avec le portefeuille des Affaires étrangères. Le nouveau ministre défendit devant l'Assemblée l'expédition romaine et soutint les débats parlementaires provoqués par la guerre entre l'Autriche et le Piémont. Réélu à l'Assemblée législative, le 13 mai 1849, le 2e sur 7, par 38,952 voix sur 70,887 votants et 98,983 inscrits, il se retira avec le ministère, et fut envoyé comme ambassadeur à Londres (juillet 1849). Il eut à y traiter l'affaire Pacifico qui faillit amener une rupture entre la France et l'Angleterre, et la termina heureusement. Il accepta de nouveau (10 janvier 1851) le portefeuille des Affaires étrangères dans le cabinet qui fut renversé, 14 jours après, par un vote de l'Assemblée. Il siégea comme simple représentant à la droite bonapartiste. Après le coup d'État de décembre, il fit partie de la commission consultative, et entra au Sénat (26 janvier 1852). Nommé, pour la troisième fois, ministre des Affaires étrangères (28 juillet), il fut appelé à notifier aux puissances étrangères la proclamation de l'Empire, et mena la campagne diplomatique de la guerre d'Orient. Dans les conférences ouvertes à Vienne en 1855, pour la conclusion de la paix, M. Drouyn de Lhuys ne put faire agréer à l'empereur des conditions qu'il jugeait acceptables, et donna sa démission. En janvier 1856, l'empereur ayant rappelé sèchement le Sénat, par un message inséré au Moniteur, à son rôle modeste de gardien de la constitution, M. Drouyn de Lhuys donna sa démission de sénateur. L'empereur ne lui en garda pas rancune, et lorsqu'il voulut remplacer aux Affaires étrangères M. Thouvenel, trop favorable aux exigences du nouveau royaume italien, ce fut M. Drouyn de Lhuys qui fut choisi (15 août 1862). Au nom du gouvernement, il refusa à l'Italie l'évacuation de Rome (18 octobre), signa (17 janvier 1863) un traité de commerce avec le cabinet italien, intervint diplomatiquement en faveur de la Pologne (avril), proposa sans succès à l'Angleterre et à la Prusse d'imposer aux États-Unis, alors en pleine guerre de sécession, une trêve de six mois, signa avec l'Italie la célèbre convention du 15 septembre 1864, qui fixait le terme de notre occupation à Rome, ratifia le traité du commerce avec la Prusse (mai 1865), rentra au Sénat par décret du 7 mai2 de la même année, présida la conférence de Paris relative aux affaires de la Moldo-Valachie, et donna sa démission (1er septembre 1866), par suite d'un dissentiment sur la conduite à tenir vis-à-vis de la Prusse après Sadowa. Il fut alors nommé membre du conseil privé.

Après le 4 septembre 1870, M. Drouyn de Lhuys se retira un moment à Jersey, puis revint en France, où il vécut désormais dans la retraite. Grand officier de la Légion d'honneur (1850), grand-croix (9 août 1853), il était membre libre de l'Académie des sciences morales et politiques (16 novembre 1861), président du comice agricole de Melun, président de la Société des agriculteurs de France (jusqu'en février 1878), président de la Société d'acclimatation (1862), et décoré de la plupart des ordres étrangers.

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1 Archives du Sénat : Édouard.

2 Archives du Sénat : 27 mai 1863.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Édouard DROUYN DE LHUYS

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