État civil :
Né le 19 janvier 1910
Décédé le 29 août 1978

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Sénat de la République francaise

Groupe démocratique pour la Communauté

Membre de la commission des transports et télécommunications

Député des deux Assemblées nationales constituantes
Délégué à l'Assemblée consultative provisoire

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

COLIN (André)

Né le 19 janvier 1910 à Brest (Finistère)

Décédé le 29 août 1978 à Carantec (Finistère)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Finistère)

Député du Finistère de 1946 à 1958

Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 24 juin au 16 décembre 1946

Ministre de la Marine marchande du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949

Secrétaire d'Etat à l'Intérieur du 7 février au 2 juillet 1950, du 11 août 1951 au 8 mars 1952 et du 8 janvier au 28 juin 1953

Ministre de la France d'outremer du 14 mai au 1er juin 1958

Sénateur du Finistère de 1959 à 1978

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome III, p. 166-169)

Figure emblématique du Mouvement républicain populaire (MRP) dont il a été l'un des fondateurs, élu député depuis 1946, André Colin sollicite un nouveau mandat dans la troisième circonscription de son Finistère natal lors des élections législatives du 30 novembre 1958. Il est toutefois nettement battu par le candidat de l'Union pour la nouvelle République (UNR), Gabriel de Poulpiquet qui, lors du second tour, recueille 29 638 voix sur 49 268 suffrages exprimés, contre 17 548 voix pour le candidat perdant. Après cet échec, il décide de se présenter aux élections sénatoriales du 26 avril 1959, sur la liste d'Action familiale, sociale et rurale présentée par le MRP. Avec 636 voix sur 1 758 suffrages exprimés au second tour de scrutin, il est élu sénateur du Finistère. Peu après, en mai 1959, André Colin est nommé président national du MRP. Il conserve cette charge jusqu'en 1963, gérant un mouvement en déclin. Le 23 septembre 1962, il est réélu au Sénat avec 834 voix sur 1 705 suffrages exprimés au second tour. Après avoir rejoint le comité directeur du Centre démocrate, parti créé en 1966 par Jean Lecanuet, il se présente le 5 mars 1967 aux élections législatives dans la quatrième circonscription du Finistère. Seulement quatrième à l'issue du premier tour avec 7 658 voix, il subit une défaite retentissante. Mais quatre ans plus tard, le 26 septembre 1971, il est de nouveau reconduit au Palais du Luxembourg par 795 grands électeurs du Finistère sur 1 750 au second tour.

Dès sa première élection au Sénat en 1959, André Colin s'inscrit au groupe des Républicains populaires et du Centre démocratique. Il le préside de 1963 à 1968, puis de 1968 à 1971 sous sa nouvelle dénomination d'Union centriste des démocrates de progrès (UCDP). Il conduit notamment le groupe à s'opposer à la réforme du Sénat proposée par le général de Gaulle. Membre entre 1959 et 1972 de la commission des finances, au nom de laquelle il rapporte le budget du service des poudres, il siège ensuite au sein de la commission des affaires étrangères, dont il devient président en avril 1973 à la suite de Jean Lecanuet. Entre-temps, candidat en octobre 1968 à la présidence du Sénat pour la succession de Gaston Monnerville, il avait dû se retirer à l'issue du second tour de scrutin.

A l'occasion de ses mandats sénatoriaux, André Colin se prononce en faveur de la loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie (1960), de la loi Neuwirth relative à la régulation des naissances (1967), de la loi Royer d'orientation du commerce et de l'artisanat (1973), de la loi fixant à dix-huit ans l'âge de la majorité (1974) et de la loi portant réforme du divorce (1975). Il vote en revanche contre la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse (1974), s'abstient lors du vote de la loi portant création et organisation des régions (1972), et est absent lors du scrutin sur la loi portant réforme des régimes matrimoniaux (1965).

En séance publique, il s'exprime régulièrement sur des sujets variés, de la formation professionnelle à la politique économique, en passant par l'enseignement. Il porte un intérêt plus particulier à la décentralisation et à l'aménagement du territoire, intervenant aussi bien au sujet des commissions départementales d'équipement (1965), que des fusions et regroupements de communes (1971), de la création de nouveaux cantons (1972) ou de la décentralisation des emplois tertiaires (1973).

André Colin consacre toutefois l'essentiel de son activité sénatoriale à deux causes auxquelles il demeure passionnément attaché tout au long de sa vie : l'Europe et la Bretagne. Fervent militant européen, membre de l'Assemblée unique des Communautés européennes dès 1958 puis du Parlement européen à partir de 1963, il en assure la vice-présidence en 1973. Il présente chaque année aux sénateurs un rapport d'information établi par la délégation française sur l'activité de l'assemblée européenne. Surtout, il n'a de cesse de défendre au Palais du Luxembourg l'idée que « l'indépendance de la France passe par l'indépendance et donc par la construction de l'Europe » (1973). Aussi exprime-t-il à plusieurs reprises son inquiétude sur « l'affligeante léthargie » dans laquelle la construction européenne se trouve plongée au milieu des années 1970. Désireux de relancer cette construction, il plaide avec vigueur en faveur de l'élection des parlementaires européens au suffrage universel, dans laquelle il voit le moyen de provoquer « un enracinement populaire des préoccupations européennes ».

Amoureux de sa terre natale, André Colin s'attache également à défendre la Bretagne, qu'il s'agisse de son développement agricole (1961) et routier (1969), ou de l'amélioration de la desserte maritime de ses îles depuis le continent (1974), à commencer par Ouessant dont il est conseiller général depuis 1951. Elu président du Conseil général du Finistère en 1964, fonction qu'il occupe jusqu'à la fin de sa vie, puis du Conseil régional de Bretagne en 1976 au siège laissé vacant par René Pleven - il est alors membre politique du Centre des démocrates sociaux depuis mai 1976 -, il oeuvre à la mise en place d'une politique de préservation du littoral breton.

Assistant avec amertume à la répétition des marées noires sur les côtes de la Bretagne, André Colin s'emploie au Sénat à lutter pour leur prévention. Dès le naufrage du pétrolier Torrey Canyon en 1967, il interpelle régulièrement le Gouvernement sur son imprévoyance dans ce domaine. En 1976, après le naufrage de l'Olympic Bravery sur l'île d'Ouessant, il demande la création d'un ministère de la Mer. Puis, à la suite de la marée noire d'une ampleur inégalée provoquée par le pétrolier Amoco Cadiz le 16 mars 1978, il réclame la constitution d'une commission d'enquête sénatoriale. Il estime en effet que si la France ne met pas en place une « politique de la mer », « la prochaine marée noire aura lieu où on ne l'attendra pas ». Nommé président de cette commission en mai 1978, en dépit de la grave maladie qui l'affecte, il mène ainsi son dernier combat parlementaire sur un sujet qui lui tient très à coeur. Deux mois après avoir déposé le rapport fait au nom de cette commission, cet homme resté toute sa vie fidèle à la démocratie chrétienne et à la Bretagne, s'éteint à Carantec à l'âge de soixante-huit ans.

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