État civil :
Né le 17 février 1913
Décédé le 18 avril 1983

Elu le 4 mai 1960
Fin de mandat le 16 mars 1961

Assemblée nationale de la République francaise

Groupe de l'union pour la Communauté

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

JACQUET (Marc, Constant, Charles)

Né le 17 février 1913 à Mercy-le-Bas (Meurthe-et-Moselle)

Décédé le 18 avril 1983 à Paris

Député de Seine-et-Marne de 1951 à 1955, de 1958 à janvier 1963 et de 1967 à 1977.

Sénateur de Seine-et-Marne de 1977 à 1983

Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil chargé des relations avec les Etats associés du 28 juin 1953 au 30 mai 1954

Ministre des Travaux Publics et des Transports du 28 novembre 1962 au 8 janvier 1966

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome IV, p. 373-374).

Marc Jacquet retrouve les bancs de l'Assemblée nationale à l'occasion des législatives de novembre 1958. Il est élu dans la 1ère circonscription de Seine-et-Marne et conserve son siège jusqu'en 1973. En 1961, il devient le premier Président du conseil d'administration du district de Paris. Marc Jacquet est avec Raymond Triboulet, Gaston Palewski et Christian Fouchet, un des rares ministres républicains sociaux à retrouver un portefeuille après 1958. Le 28 novembre 1962, il entre en effet dans le second gouvernement Pompidou comme ministre des Travaux publics et des Transports. C'est sous son autorité que sont achevés les travaux du tunnel du Mont-Blanc, inauguré en juillet 1965. « Victime » du remaniement ministériel de janvier 1966, il succède en 1969 à Henri Rey comme président du groupe UDR à l'Assemblée nationale. Marc Jacquet est battu au second tour des élections législatives du 11 mars 1973. Le maintien du candidat des Réformateurs permet l'élection du socialiste Alain Vivien, qui devance le sortant de 532 voix.

Au lendemain de cette défaite, l'ancien ministre se consacre à ses activités privées et à ses mandats locaux. Il dirige la Fédération nationale des industries des engrais de 1971 à 1978. Après avoir présidé le conseil municipal de Barbizon pendant 18 ans, Marc Jacquet est devenu maire de Melun en 1971. Il consacre beaucoup d'énergie à l'aménagement de la ville nouvelle de Melun-Sénart. Conseiller général de Melun-sud depuis 1963, il prend la présidence de la commission des finances de l'Assemblée départementale en octobre 1973. En juin 1976, Marc Jacquet devient en outre conseiller régional d'Ile-de-France. L'année 1976 tient une place importance dans l'histoire du gaullisme. Jacques Chirac, qui a quitté Matignon à l'été, décide de remplacer l'UDR par un mouvement plus dynamique et dévoué à sa personne, le Rassemblement pour la République (RPR). Contrairement à certains gaullistes historiques, Marc Jacquet n'éprouve guère de réticences à l'égard du député de Corrèze et rejoint le Comité central du RPR en juin 1977. Dans un contexte de poussée générale de la gauche, la liste qu'il conduit à Melun ne s'impose que par moins de 100 voix d'avance aux élections municipales du printemps 1977.

Marc Jacquet est candidat aux élections sénatoriales du 25 septembre 1977 sur une liste d'Union pour la défense des libertés où figure notamment le sortant Etienne Dailly. 1 022 voix sur 1 918 se portent au second tour de scrutin sur le maire de Melun, qui est élu sénateur de la Seine-et-Marne.

L'ancien ministre du général de Gaulle s'affirme très vite comme une des principales personnalités de la Haute assemblée. Elu vice-président de la commission des lois en octobre 1977, il démissionne cependant de ses fonctions le 15 décembre suivant pour siéger à la commission des finances : ayant préparé sans succès le concours de l'Inspection des finances et de la Cour des comptes en 1941, Marc Jacquet en a gardé toute son existence le goût des questions budgétaires et économiques. Il est nommé au Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche en novembre 1978.

En octobre 1978, il succède au nordiste Pierre Carous à la présidence du groupe RPR au Sénat. Il lui revient d'y défendre la position ambiguë des gaullistes à l'égard de l'exécutif. Bien qu'ils soient membres de la majorité et représentés au Gouvernement par des hommes comme Alain Peyrefitte, Robert Boulin, Joël Le Theule ou Yvon Bourges, les héritiers du général de Gaulle n'en critiquent pas la politique du président Giscard d'Estaing. Le 10 décembre 1978, Marc Jacquet indique ainsi que le groupe RPR entend voter le projet de loi de finances pour 1979, mais regrette le manque d'autorité du gouvernement de Raymond Barre dans la poursuite de ses objectifs économiques. Deux jours plus tard, il dépose avec l'ensemble des sénateurs RPR et apparentés une proposition de loi portant interdiction de recevoir des subsides d'origine française ou étrangère pour les élections au Parlement européen. Le texte traduit la méfiance dans laquelle les gaullistes tiennent cette Assemblée, dont la première élection au suffrage universel est prévue en 1979.

Spécialiste des questions financières et économiques, Marc Jacquet reproche au gouvernement Barre de manquer de détermination pour réduire le déficit public et réclame une compression des dépenses de l'Etat en décembre 1979. L'exécutif ne proposant selon lui qu'un « simple et habituel tour de vis fiscal », qui affecterait la demande intérieure, le président du groupe RPR au Sénat entend dénoncer « cette politique statique qui ne donne que peu de chances au pays pour sorti de la crise ». Il fait connaître qu'une très large majorité des gaullistes s'abstiendra sur le projet de loi de finances pour 1980. Un an plus tard, le maire de Melun se livre de nouveau à une critique de fond de la politique économique qu'incarne le Premier ministre Raymond Barre. Il reconnaît que le projet de loi de finances pour 1981 bénéficie de son préjugé favorable, pour regretter aussitôt qu'il s'agisse d'un « budget de circonstance », quelques mois avant les élections présidentielles du printemps 1981. L'ancien ministre suggère que la France s'inspire de la politique monétaire japonaise et abandonne le dogme du maintien du franc, qui pénalise les exportations françaises. Les sénateurs du groupe RPR et leur président de groupe approuvent cependant le budget pour 1981.

Les héritiers du général de Gaulle abordent le scrutin d'avril-mai 1981 en rangs dispersés. Les « barons » du gaullisme se divisent entre Michel Debré (que soutiennent Jacques Chaban-Delmas et Olivier Guichard), le président Giscard d'Estaing (qui obtient l'appui discret de Roger Frey), Jacques Chirac et Marie-France Garaud, qui se réclament de l'héritage pompidolien. Marc Jacquet fait connaître sa position à l'occasion du Congrès du RPR des 7 et 8 janvier 1981 et se distingue à nouveau des gaullistes historiques en se prononçant pour Jacques Chirac : « Pour nous autres vieux gaullistes, Michel Debré est notre frère, mais Jacques Chirac est notre fils. Ma raison à moi me conduit incontestablement vers le fils, c'est-à-dire vers l'avenir ».

L'élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981, fait du Sénat un contre-pouvoir à l'exécutif. Marc Jacquet abandonne le rôle très politique de président du groupe RPR à la Haute assemblée en octobre 1981 : ses collègues choisissent alors de l'en nommer président d'honneur. L'élu de Seine-et-Marne demeure membre du Conseil politique du mouvement gaulliste et s'oppose au gouvernement de Pierre Mauroy entre 1981 et 1983. Si le président du RPR Jacques Chirac vote à titre personnel pour l'abolition de la peine de mort, Marc Jacquet se prononce contre sa suppression le 30 septembre 1981. Il approuve la loi de décentralisation du ministre de l'Intérieur Gaston Defferre en janvier 1982, mais ne prend plus la parole en séance publique au Palais du Luxembourg après l'automne 1981.

Les élections cantonales de 1979 avaient vu Marc Jacquet renoncer à son siège de conseiller général, et l'Assemblée départementale de Seine-et-Marne basculer à gauche. La ville de Melun elle-même s'était prononcée à 51,21% pour François Mitterrand le 10 mai 1981. Malgré la maladie, Marc Jacquet se représente aux élections municipales des 6 et 13 mars 1983 et prend sa revanche contre Alain Vivien, son vainqueur des législatives en 1973, devenu vice-président de l'Assemblée nationale. Le sortant l'emporte en effet par 53,52% des suffrages exprimés dès le premier tour de scrutin. Moins d'un mois après cette victoire, le maire de Melun décède, âgé de soixante-dix ans.

Il revient alors à Jacques Chirac, président du RPR, d'exprimer la tristesse des gaullistes : « le vieux combattant, le vieux lion, n'est plus parmi nous pour nous insuffler l'ardeur au combat et la fidélité indéfectible à l'idéal. [...] Nous n'oublierons pas Marc Jacquet. Nous n'oublierons pas notre compagnon ». L'ancien résistant avait souhaité que figurât pour seule épitaphe sur sa pierre tombale cette mention : « Marc Jacquet, qui fut ministre du général de Gaulle ».

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