État civil :
Né le 18 août 1904
Décédé le 5 juillet 1995

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Assemblée nationale de la République francaise

Groupe de la Démocratie socialiste de la Communauté

Membre de la commission des affaires financières et plan

Membre de l'Assemblée de l'Union française
Député de l'Assemblée nationale française

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

LARUE (Maurice, Tony)

Né le 18 août 1904 à Rouen (Seine-Inférieure)

Décédé le 5 juillet 1995 au Grand-Quevilly (Seine-Maritime)

Député de la Seine-Maritime de 1956 à 1958

Né à Rouen le 18 août 1904 de Maurice Larue et de son épouse, née Louise Seurin, Tony Larue, après ses études secondaires à l'Ecole primaire supérieure de Rouen, devient auditeur à l'Ecole des sciences et lettres de cette ville (mathématiques générales) rattachée à la Faculté de Caen. Puis il poursuit ses études supérieures en techniques financières et comptables par correspondance de 1924 à 1926, et décroche son brevet d'expert-comptable délivré par l'Etat. Exempté de service militaire actif, il ouvre un cabinet d'expertise-comptable au Grand-Quevilly en janvier 1927, et en dépit de tous ses mandats électifs, n'y cessera son activité qu'en 1970.

Tony Larue entre dès le mois d'octobre 1922 au parti socialiste, dans la section des jeunesses à Rouen. En 1933 cependant, Tony Larue quitte la SFIO avec trente membres sur trente-trois de sa section, lors de la scission néo-socialiste, dans la mouvance de Marquet, Renaudel et Déat : il adhère peu après au Parti Socialiste de France. Mais, s'opposant aux évolutions de ce parti, il demande sa réintégration dans la SFIO en 1936 et l'obtient en 1937 ; il devient alors secrétaire fédéral de la Seine-Inférieure pour deux ans. Entre-temps, il est élu maire du Grand-Quevilly en 1935, fonction dont il est destitué par le gouvernement de Vichy le 4 mars 1941.

En février 1942, il reconstitue la section départementale du parti socialiste dans la clandestinité, et participe en 1943 à l'implantation du réseau Libération-Nord en Seine-Inférieure ; réfractaire au STO, il mène tout au long de la guerre une résistance courageuse et active. De nombreuses distinctions ont honoré l'action de Tony Larue pendant l'Occupation : la croix du combattant, la médaille du combattant volontaire de la résistance, la médaille de Libération-Nord, la médaille de la France libérée, celle des réfractaires et maquisards ; Tony Larue est aussi fait officier de la Légion d'honneur.

A la libération, Tony Larue est nommé maire provisoire du Grand-Quevilly, fonction qu'il doit rapidement quitter, le parti communiste ayant conquis cette municipalité en avril 1945. Peu après, le 21 octobre, il se présente aux suffrages de ses concitoyens pour l'élection de l'Assemblée nationale constituante, en troisième position sur la liste SFIO, de même qu'aux élections de novembre 1946 et juin 1951 (première et deuxième législature). Cette position ne lui permet pas d'être élu. En revanche, en septembre 1945, Tony Larue est élu conseiller général du canton de Grand-Couronne. Il le restera jusqu'en 1951 et deviendra Vice Président du Conseil général, président de sa Commission des finances et rapporteur du budget départemental. Surtout, en octobre 1947, il parvient, grâce aux voix des conseillers « indépendants », à reconquérir la mairie du Grand-Quevilly et, d'élection en élection, il conserve sa fonction de maire sans discontinuer jusqu'à sa disparition en 1995.

Outre ces mandats politiques, son activité d'après-guerre est très fournie. Membre du conseil régional de l'ordre des experts-comptables élu en 1945 et réélu régulièrement par la suite, il préside ce conseil régional de 1954 à 1957. Il est aussi expert judiciaire près les tribunaux et la Cour d'appel de 1937 à 1974, et commissaire aux comptes dès 1937. Administrateur élu de la compagnie nationale des experts comptables de 1937 à 1964, il est très fréquemment membre du jury des examens (brevet professionnel de comptable, diplôme d'expert-comptable) ; il est enfin membre de l'Institut français des experts-comptables. Au sein du parti socialiste, il est membre suppléant de la Commission de contrôle en 1949, titulaire en 1950 et 1951.

Pour les élections législatives du 2 janvier 1956, Tony Larue est cette fois tête de la liste SFIO, qui a conclu un apparentement avec la liste Jeune République. Avec 13,7 % des voix, Tony Larue devient député de la première circonscription de Seine-Maritime, et va conserver longtemps ce mandat. Il est cependant devancé par la liste du parti communiste qui, avec 30,5 % des voix, obtient deux élus.

A peine élu, Tony Larue se voit proposer par Guy Mollet le secrétariat d'Etat aux PTT ; mais, désireux de se consacrer à son premier mandat de député, il décline cette offre. A l'Assemblée nationale, il est nommé membre de la Commission des affaires économiques, membre suppléant puis titulaire de la Commission des finances (à partir de juillet 1957) ; membre de la Commission de la marine marchande et des pêches, de la Commission supérieure du crédit maritime mutuel, enfin membre du comité de gestion du fonds de soutien des hydrocarbures ou assimilés.

Il dépose, au cours de cette législature, deux propositions de loi, l'une tendant à la création d'une école nationale de comptabilité (20 décembre 1956), l'autre à la création d'un corps permanent de surveillants des ponts et chaussées (22 janvier 1957). Il dépose aussi un avis au nom de la Commission des finances sur la proposition de loi tendant à l'assainissement des conditions d'exploitation des exploitations gazières non nationalisées (25 juillet 1957). Il n'intervient que peu à la tribune, sur des questions fiscales et budgétaires pour l'essentiel ; le 10 mars 1958, il est rapporteur spécial du projet de loi de finances et s'exprime sur les crédits d'investissement pour l'industrie et le commerce, concernant notamment le financement de la recherche de pétrole en France.

Tony Larue accorde sa confiance au gouvernement Guy Mollet (31 janvier 1956), ainsi qu'à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957). Il vote pour la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la communauté européenne de l'énergie atomique (9 juillet 1957) ; il accorde au gouvernement les pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 novembre 1957. Lors de la crise qui emporte la Quatrième République, il vote pour l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958), pour la révision de la Constitution (27 mai 1958) puis soutient l'investiture du général de Gaulle (1er juin 1958), de même qu'il accorde, les pleins pouvoirs au gouvernement et vote la révision constitutionnelle le 2 juin 1958.

Au cours de la cinquième République, Tony Larue conserve son mandat de député sans discontinuer jusqu'en 1977, date à laquelle il devient sénateur, réélu à cette fonction en 1986. Aux élections législatives de 1978, Laurent Fabius lui succèdera.

Tony Larue disparaît le 5 juillet 1995 dans sa commune ; veuf de Linette Rubier qu'il avait épousée en 1927, il s'était remarié en 1937 avec Francine Alexandre et avait trois enfants. Outre les nombreuses distinctions que lui avait valu son courage pendant la guerre, Tony Larue était chevalier des palmes académiques et du mérite social, chevalier dans l'ordre national de la République du Sénégal, et commandeur de l'Etoile de la Grande Comore.

Ve République

LARUE (Tony)

Né le 18 août 1904 à Rouen (Seine-Inférieure)

Décédé le 5 juillet 1995 au Grand-Quevilly (Seine-Maritime)

Député de la Seine-Maritime de 1956 à 1977

Sénateur de la Seine-Maritime de 1977 à 1995

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome V, p. 80-81)

Député de la Seine-Maritime depuis 1956, Tony Larue sollicite le renouvellement de son mandat en novembre 1958. Avec 10 861 voix sur 44 641 suffrages exprimés, le candidat socialiste est devancé au premier tour par le communiste Fernand Legagneux sur lequel 12 770 voix se sont portées. Il retrouve néanmoins son siège de député à l'issue du second tour où il obtient 18 850 des 43 084 suffrages exprimés contre 14 448 pour son adversaire. Tony Larue conserve ensuite son mandat de député de la deuxième circonscription de la Seine-Maritime sans discontinuité jusqu'en 1977. En 1962, il est réélu au second tour avec 26 512 des 42 707 suffrages exprimés contre le gaulliste Jean Dessart qui n'obtient que 16 195 voix. En 1967, il est reconduit au second tour avec 37 060 voix sur 53 782 suffrages exprimés contre 16 722 pour le candidat gaulliste Roger Parment. En 1968, il devance de nouveau ce dernier : le maire socialiste du Grand-Quevilly est réélu avec 32 671 des 52 696 suffrages exprimés au second tour, contre 20 025 voix pour son concurrent. Il est réélu une dernière fois député en 1973 : avec 40 359 voix sur 60 740 suffrages exprimés, le candidat de l'Union de la gauche socialiste et démocrate rassemble au second tour près du double des voix de son adversaire de l'Union des démocrates pour la République (UDR) Claude Chevrier, qui n'obtient que 20 381 suffrages.

Au Palais Bourbon, il siège au groupe socialiste dont il est le trésorier à partir de 1969. Il exerce d'importantes fonctions à l'Assemblée nationale : il en est secrétaire de 1962 à 1964 puis vice-président de 1974 à 1975. Membre de la commission des finances de 1959 à 1977, il rapporte le budget des Postes, télégraphes et téléphones (PTT) de 1959 à 1962. Il est également chargé de rapporter le budget de la condition pénitentiaire en 1976. Il appartient par ailleurs à la commission chargée de vérifier et d'apurer les comptes de 1973 à 1977. En 1963, il dépose deux propositions de loi sur les allocations familiales. Il intervient aussi sur le statut de l'ordre des experts-comptables, les problèmes de la jeunesse (1967) ou l'égalité de rémunération entre les hommes et les femmes (1972). Il vote la loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'État, à la pacification et à l'administration de l'Algérie en 1960, la motion de censure du 4 octobre 1962, la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse en 1974 et la loi portant réforme du divorce en 1975. Il se prononce en revanche contre la loi portant création et organisation des régions en 1972 et s'abstient sur la loi Royer d'orientation du commerce et de l'artisanat en 1973.

Après avoir siégé durant vingt et un ans sur les bancs de l'Assemblée nationale, Tony Larue se présente aux élections sénatoriales en septembre 1977. À la tête de la liste socialiste et démocrate, qui obtient 559 voix sur 2 595 suffrages exprimés, il devient sénateur de la Seine-Maritime. Il est ensuite réélu en septembre 1986. La liste du parti socialiste (PS) qu'il dirige recueille en effet 725 des 2 913 suffrages exprimés. À l'issue des élections, il se porte candidat à la présidence de la Haute Assemblée. Mais, avec 60 voix, il est largement devancé par Alain Poher, reconduit avec 230 voix sur 309 suffrages exprimés.

Au Palais du Luxembourg, il s'inscrit au groupe socialiste, dont il redevient le trésorier. Membre de la commission sénatoriale des finances, il en est vice-président à partir de 1984. Administrateur du Port autonome de Rouen de 1964 à 1982, il est rapporteur spécial du budget des ports maritimes. À ce titre, il s'exprime aussi bien sur l'évolution du trafic maritime que sur l'extension des ports. La commission des finances lui confie également le rapport spécial du budget du commerce extérieur. Tony Larue appartient en outre à la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes de 1977 à 1995 et y assure les fonctions de secrétaire-rapporteur à partir de 1982. Il préside par ailleurs les groupes sénatoriaux d'amitié France-Grèce et France-Tunisie. Tony Larue approuve la loi portant abolition de la peine de mort en 1981, la loi relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage en 1982 et la loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « De l'Union européenne » en 1992. Il vote en revanche contre la loi Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes en 1980 et la loi relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale en 1993. Il s'abstient sur la loi Deferre relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions en 1982 et la loi relative au revenu minimum d'insertion en 1988.

Parallèlement à sa carrière parlementaire, Tony Larue continue d'exercer ses mandats en Seine-Maritime. Maire du Grand-Quevilly, élu pour la première fois en 1935, il est reconduit sans discontinuité de 1947 à 1995. Au cours de ce mandat municipal d'une longévité exceptionnelle, il s'emploie à transformer profondément cette cité située sur la rive gauche de la Seine qui devient l'une des communes les plus peuplées de la banlieue rouennaise. Il y fait ainsi construire de nombreux logements et équipements. Outre ses fonctions municipales, qui lui valent d'appartenir au comité directeur de l'Association des maires de France de 1956 à 1977, il conserve de 1964 à 1982 son siège de conseiller général du canton de Grand-Couronne, déjà occupé de 1945 à 1951. Conseiller régional de Haute-Normandie de 1973 à 1986, il préside en outre l'assemblée régionale en 1982, en remplacement de Laurent Fabius, devenu ministre du Budget dans le gouvernement de Pierre Mauroy.

En juin 1995, soixante ans après avoir été élu pour la première fois maire du Grand-Quevilly, il ne se représente pas aux élections municipales. Il laisse ainsi le siège de maire à son premier adjoint Laurent Fabius. Cherchant un successeur, Tony Larue avait en effet accueilli le futur Premier ministre sur sa liste municipale dès 1977 sur les recommandations de François Mitterrand, alors premier secrétaire du PS. Laurent Fabius lui avait déjà succédé comme député de la Seine-Maritime en 1978.

Très peu de temps après s'être retiré de la vie municipale, le 5 juillet 1995, Tony Larue s'éteint au Grand-Quevilly, dans sa quatre-vingt-onzième année. Doyen du Sénat, ce fidèle militant socialiste disparaît après une carrière parlementaire longue de trente-neuf ans, accomplie successivement dans les deux assemblées.

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