État civil :
Né le 26 octobre 1916
Décédé le 8 janvier 1996

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Sénat de la République francaise

Groupe de l'Alliance pour l'unité de la Communauté et Gauche démocratique

Membre de la commission du règlement
Membre de la commission de la recevabilité
Membre de la commission de l' enseignement supérieur et relations culturelles

Député de l'Assemblée nationale française

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

MITTERRAND (François, Marie, Adrien, Maurice)

Né le 26 octobre 1916 à Jarnac (Charente)

Décédé le 8 janvier 1996 à Paris

Député de la Nièvre de 1946 à 1958

Ministre des anciens combattants et des victimes de guerre du 22 janvier 1947 au 26 juillet 1948

Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 26juillet 1948 au 28 octobre 1949

Ministre de la France d'outre-mer du 17 juillet 1950 au 10 juillet 1951

Ministre d'Etat du 21 janvier au 7 mars 1952

Ministre délégué au Conseil de l'Europe du 28 juin au 5 septembre 1953

Ministre de l'intérieur du 19 juin 1954 au 23 février 1955

Ministre d'Etat, garde des Sceaux, chargé de la justice du 1er février 1956 au 13 juin 1957

François Mitterrand est né à Jarnac, en 1916 dans une famille de huit enfants. Son père, employé des chemins de fer devenu directeur d'une entreprise familiale de fabrication de vinaigre, professait des opinions conservatrices tempérées de catholicisme social. Après des études secondaires dans une institution religieuse d'Angoulême, le jeune François Mitterrand s'établit à Paris en 1934, chez les pères maristes du « 104 » de la rue de Vaugirard, et s'inscrit aux facultés de lettres et de droit, ainsi qu'à l'Ecole libre de sciences politiques dont il sort diplômé en juin 1937. Il obtient la même année un diplôme d'études supérieures de droit public, consécutif à une licence ès-lettres obtenue en 1936. Peu absorbé par les joutes politiques de l'époque, il a néanmoins adhéré un temps aux Volontaires nationaux, mouvement de jeunesse des Croix de Feu du colonel de la Rocque.

Mobilisé en septembre 1939, François Mitterrand est blessé et fait prisonnier l'année suivante. Envoyé en captivité en Allemagne, une expérience qui a assurément marqué son évolution ultérieure, il fait trois tentatives d'évasion dont la dernière, en décembre 1941, réussit. Il entre peu après au Commissariat général aux prisonniers de guerre, à Vichy, dont il dirige en fait les services d'information. Il ne nourrit à l'époque aucune prévention à l'égard du régime de l'Etat français et accueille même favorablement le retour au pouvoir de Pierre Laval en avril 1942. Mais quand ce dernier veut orienter le Commissariat dans un sens collaborationniste, il en démissionne (début 1943) et jette les bases d'une organisation résistante des prisonniers de guerre dans la mouvance des organisations militaires secrètes. Il n'en est pas moins décoré de la Francisque (n° 2202) en février-mars 1943, décoration dont il dira qu'elle était pour lui une précieuse couverture de ses activités résistantes. Ayant gagné Londres puis Alger, il nourrit à l'égard du général de Gaulle des sentiments mitigés et une attitude proche de l'insubordination qui s'expliquent par son refus de placer son Rassemblement national des prisonniers de guerre dans l'orbite de la France combattante. Une fusion de divers mouvements est finalement opérée en mars 1944 et c'est comme secrétaire général des prisonniers de guerre et déportés qu'il représente le général de Gaulle entre la libération de Paris et l'arrivée du Gouvernement provisoire. Il s'emploie dès lors à étoffer le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD) qui devient en avril 1945 la Fédération nationale des prisonniers de guerre (FNPG) et qui se révélera par la suite un utile levier électoral.

Ayant refusé l'offre du ministre Henri Frenay d'être nommé secrétaire général du ministère des anciens combattants, François Mitterrand dirige un temps le journal féminin Votre Beauté mais aspire à la conquête d'un mandat électif. Ayant répudié le MRP comme trop clérical et la SFIO comme trop dogmatique, il choisit l'étiquette du Rassemblement des gauches républicaines (RGR), cartel électoral qui regroupe depuis 1946 le parti radical, l'UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résis tance) et quelques petites formations de droite. Il se présente le 2 juin 1946 aux élections pour la seconde Assemblée nationale constituante dans la 5e circonscription de la Seine (banlieue Ouest), mais il n'obtient que moins de 6 % des suffrages et n'est pas élu. Sur les conseils d'Henri Queuille, chargé des questions électorales au parti radical, il se tourne vers le département de la Nièvre en vue des élections suivantes. A la tête d'une liste d'Action et d'unité républicaine, il mène une campagne vigoureusement anticommuniste, hostile au tripartisme comme aux nationalisations, favorable à l'enseignement privé et à l'économie libérale. Il s'agit en effet de ravir au PCF le deuxième siège qui lui était revenu le 2 juin 1946. Cet appel en direction de l'électorat de droite est parfaitement entendu. Le 10 novembre, la liste de François Mitterrand, arrivée en seconde position, obtient 30 080 voix sur 118 547 suffrages exprimés et un siège. Le nouvel élu consolide son ancrage local par un mandat de conseiller municipal à Nevers en 1947 et la conquête du canton de Montsauge au détriment du conseiller général communiste sortant.

Député apparenté au groupe UDSR - il n'adhérera à ce parti qu'un an plus tard - François Mitterrand appartient aux commissions des moyens de communications et de la presse puis, à partir de 1949, à la commission des finances. Après le bref gouvernement de transition dirigé par Léon Blum, il devient ministre des anciens combattants et victimes de guerre dans le cabinet Ramadier, poste préalablement refusé par Eugène Claudius-Petit, et qu'il retrouve dans le gouvernement suivant présidé par Robert Schuman. Dans ces fonctions, le jeune ministre déploie une intense activité. Il établit le statut des déportés et internés de la résistance et étend la liste des emplois réservés aux anciens combattants. Mais surtout, il fait relever le taux des pensions à tous les ayants droit et accorde la carte du combattant 1939-1945 aux anciens prisonniers de guerre. Il opère parallèlement une reprise en main de son ministère dont il évince de nombreux fonctionnaires et employés communistes. En séance, certains échanges très vifs l'opposent à plusieurs reprises aux députés communistes (séance du 29 novembre par exemple).

Après la chute du gouvernement Schuman, François Mitterrand demeure dans les gouvernements Marie et Queuille, mais au poste moins exposé de secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, chargé de l'information. Il défend son budget face à une multitude d'amendements et fait adopter en 1948 le procédé français de télévision en « 819 lignes » de préférence au procédé américain en « 405 lignes » plus immédiatement exploitable.

Absent du gouvernement Bidault (octobre 1949 - juin 1950) mais devenu président du groupe parlementaire de l'UDSR, François Mitterrand accède aux fonctions de ministre de la France d'outre-mer dans le premier gouvernement Pleven et conserve ce poste dans le troisième gouvernement Queuille. Il dépose en cette qualité un grand nombre de projets de loi à caractère douanier, administratif et judiciaire. Il opère subséquemment une rentable opération politique en réussissant à détacher la plupart des élus du Rassemblement démocratique africain de l'orbite du PCF et en obtenant leur rattachement au groupe parlementaire de l'UDSR. Il prend quelques mesures de détente politique et sociale, à Madagascar et en Côte d'Ivoire notamment où il se rend en janvier 1951, gestes qui suffisent à provoquer l'inquiétude de la droite et du MRP. Ce dernier saisit l'affaire de la condamnation des Pères Blancs de Dakar pour opérer une attaque en règle et obtenir une réduction symbolique des crédits du ministère de la France d'Outre-mer (séance du 5 avril 1951). Pour autant, le passage à ce ministère a durablement marqué François Mitterrand qui en a conçu un vif attachement aux possessions d'outre-mer doublé d'une préférence pour les solutions libérales, ce dont témoignent les deux essais qu'il a par la suite consacrés à ce sujet, Auxfrontières de l'Union française en 1953 et Présence française et abandon en 1957.

En vue des élections du 17 juin 1951, François Mitterrand ne conclut pas d'apparentement en raison de ses mauvaises relations avec les socialistes nivernais. La liste qu'il dirige bénéficie du soutien du RGR et des Indépendants, mais il doit affronter une liste RPF (Rassemblement du peuple français) dont l'électorat potentiel s'était largement porté sur lui en 1946. D'où une réélection plus difficile, sa liste rétrogradant en troisième position derrière le PCF et le RPF et n'obtenant que 20 310 voix, soit 10 000 de moins qu'en novembre 1946.

François Mitterrand retrouve la commission des finances, puis appartient aux commissions de l'outre-mer en 1952 et des affaires étrangères en 1953. Contre toute attente il est évincé du ministère de la France d'outre-mer dans le cabinet formé par René Pleven le 8 août 1951, à la demande du MRP sans doute, qui considérait ce portefeuille comme sien et qui nourrissait divers griefs à l'encontre du député de la Nièvre. Peut-être aussi le président du Conseil souhaitait-il éloigner un homme qui commençait à lui porter ombrage à la tête de l'UDSR. De fait François Mitterrand a amorcé dès 1950 une conquête de ce parti avec l'éviction de ses éléments gaullistes : elle s'achèvera en novembre 1953 avec l'élimination de Pleven et son élection à la présidence. Entre temps il a appuyé le gouvernement Pleven de ses votes malgré une absence remarquée lors du vote de la loi Barangé-Marie, favorable à l'enseignement privé, du 21 septembre 1951.

Le 20 janvier 1952, François Mitterrand entre comme ministre d'Etat dans le gouvernement dirigé par Edgar Faure. Le poste est sans contenu précis, surtout dicté par la nécessité de l'équilibre politique. Mais la dégradation rapide de la situation en Tunisie, consécutive à la nomination du Résident général de Hauteclocque et au ratissage du Cap Bon (20-25 janvier 1952), conduit le président du Conseil à confier à son ministre d'Etat la rédaction d'un rapport qui rechercherait les voies d'une solution politique. La teneur libérale de ce dernier, proche en fait de l'autonomie interne que reconnaîtra plus tard Pierre Mendès France, est bien accueillie dans les milieux nationalistes tunisiens. Mais il n'a aucune suite, Edgar Faure étant contraint à la démission le 29 février 1952.

François Mitterrand n'appartient pas aux gouvernements Pinay et René Mayer, dont il vote néanmoins les investitures, et concentre son activité de député sur les questions d'outre-mer, avec notamment deux interpellations du gouvernement, l'une sur la Tunisie (19 juin 1952), la seconde sur les buts de guerre de la France en Indochine (27 mai 1953), l'une et l'autre très critiques envers l'action, ou l'inaction, gouvernementales.

Après avoir soutenu de son vote la première tentative d'investiture de Pierre Mendès France, le 4 juin 1953, il vote le 28 juin l'investiture de Joseph Laniel et entre dans son gouvernement comme ministre délégué au Conseil de l'Europe, portefeuille assez insolite déjà détenu par Guy Mollet dans le premier ministère Pleven. De fait, François Mitterrand en démissionne rapidement, le 4 septembre 1953, pour protester tout à la fois contre la récente déposition du Sultan marocain et la nomination du Résident général Voizard en Tunisie. Après avoir sévèrement interpellé le gouvernement Laniel le 11 mai 1954, il vote sa chute le 12 juin.

Lors de la formation du gouvernement Mendès France en juin 1954, François Mitterrand aurait préféré prendre la direction d'un grand ministère de l'Union française en vue d'appliquer une politique globale et cohérente à l'ensemble des possessions d'outre-mer. Mais le président du Conseil investi préféra lui confier l'intérieur en raison d'une connaissance du personnel parlementaire très supérieure à la sienne. A ce poste de premier plan, François Mitterrand doit défendre, à l'automne, les crédits de son ministère face à d'innombrables amendements. Il doit également répondre aux accusations portées contre lui par certains députés de droite (Jean Legendre, Raymond Dronne) dans le cadre de l'affaire des fuites. Il développe à cet effet un long plaidoyer le 3 décembre 1954, suffisamment convaincant pour que soient levés les doutes qu'avait un moment nourris le président du Conseil, mais où il nie incidemment - et à tort - avoir jamais été décoré de la Francisque. Entre temps, les attentats du 1er novembre ont été perpétrés en Algérie, qui suscitent une série d'interpellations tant à l'Assemblée nationale qu'au Conseil de la République. Ayant affirmé l'unité de la France « des Flandres jusqu'au Congo » et rappelé que « l'Algérie, c'est la France », le ministre de l'intérieur doit justifier tout à la fois, devant les Chambres nerveuses et inquiètes, des mesures de répression immédiate et l'orientation libérale d'une politique algérienne qui entend miser sur le développement économique et le dialogue. Personnellement peu favorable à la nomination de Jacques Soustelle comme Gouverneur général, il s'emploie à la défendre devant l'Assemblée nationale (séances des 12 novembre 1954, 2 et 4 février 1955 - chute du cabinet Mendès France).

Redevenu député, François Mitterrand ne prend pas part au vote d'investiture du gouvernement Edgar Faure, pas plus qu'à celui de la loi sur l'état d'urgence en Algérie - une attitude assez fréquente du député de la Nièvre durant les diverses législatures de la IVe République - mais participe en séance à certains débats, par exemple sur le budget de la radio-télévision française. Auteur d'un projet de loi déposé le 2 février 1955 portant rétablissement du scrutin d'arrondissement à deux tours, il intervient dans les longues discussions sur ce sujet et refuse sa confiance au gouvernement Edgar Faure le 29 novembre 1955 - chute du cabinet.

L'Assemblée nationale ayant été dissoute, François Mitterrand doit mener dans la Nièvre une campagne fréquemment, et parfois violemment, perturbée par les manifestations poujadistes. Apparentée à la liste d'un fantomatique parti de défense des classes moyennes, la liste UDSR-RGR qu'il conduit ne connaît qu'un gain modeste par rapport à 1951 (18,2 % des suffrages exprimés au lieu de 17,3), qui s'explique par la poussée de l'UDCA (liste poujadiste) et par le bon score du candidat gaulliste. La configuration du département demeure inchangée : François Mitterrand est réélu, les trois autres sièges se répartissant entre un communiste, un socialiste et un gaulliste. Mais au niveau national, l'UDSR est en net recul et ne parvient à former un groupe parlementaire que grâce à l'appoint de ses apparentés du RDA.

A peine nommé aux commissions des affaires étrangères et de l'intérieur, François Mitterrand entre comme ministre d'Etat, garde des Sceaux chargé de la justice dans le cabinet formé par Guy Mollet le 1er février 1956. Outre la défense du budget de son ministère, il dépose à ce titre plusieurs projets portant modification du code civil ou réorganisant la justice tant en métropole qu'en Algérie et dans les départements d'outre-mer. Il signe également le décret du 7 mars 1956 dessaisissant la justice civile au profit des tribunaux militaires pour de nombreux crimes et délits commis en Algérie. Sans désapprouver l'orientation belliciste de la politique algérienne de Guy Mollet, il est peu à l'aise dans un gouvernement qui entre de moins en moins dans ses vues. C'est pourquoi il décline l'offre qui lui est faite de demeurer place Vendôme quand Maurice Bourgès-Maunoury succède à Guy Mollet et n'accorde qu'un soutien intermittent aux derniers gouvernements de la IVe République. Son nom est du reste avancé lors des crises ministérielles qui portent successivement à la présidence du Conseil Félix Gaillard et Pierre Pflimlin. Mais sans l'écarter expressément, le président Coty juge cette désignation prématurée.

Redevenu député, François Mitterrand est nommé à la commission des finances le 4 octobre 1957. Ses interventions sont essentiellement politiques, consacrées à la question algérienne (séances des 30 septembre et 29 novembre 1957) et à la révision constitutionnelles (18 et 27 mars 1958). Après avoir voté contre le second projet de loi-cadre en Algérie et refusé sa confiance à Félix Gaillard le 15 avril 1958, il vote l'investiture de Pierre Pflimlin le 13 mai. Il exprime à plusieurs reprises son inquiétude face aux menées des activistes d'Alger et aux menaces qui pèsent sur l'Etat républicain (séances des 14, 16, 20, 26 et 27 mai). Le 1er juin, jour de l'investiture du général de Gaulle, il déplore à la tribune le silence du président du Conseil désigné sur les événements récents, l'imprécision de ses vues constitutionnelles et l'intolérable pression qui pèse sur le vote de l'Assemblée nationale. Les 1er et 2 juin, il refuse l'investiture, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.

Après avoir rallié l'Union des forces démocratiques (UFD), cartel de la gauche non communiste hostile à de Gaulle, et appelé à voter non au référendum, François Mitterrand est battu dans la 3e circonscription de la Nièvre aux élections du 30 novembre 1958 par le candidat indépendant Jehan Faulquier. Elu an Sénat en septembre 1959, il retrouvera l'Assemblée nationale en 1962.

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