État civil :
Né le 9 janvier 1912
Décédé le 14 mai 1996

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Sénat de la République francaise

Groupe de l'Alliance pour l'unité de la Communauté et Gauche démocratique (rattaché administrativement)

Membre de la commission de la législation

Député de l'Assemblée nationale française

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République


MOREL (Léopold)

Né le 9 janvier 1912 à Nice (Alpes-Maritimes)

Décédé le 14 mai 1996 au Pyla-sur-Mer (Gironde)

Député de Philippeville en 1958 et 1959

Sénateur de Constantine de 1959 à 1962

Léopold Morel voit le jour à Nice le 9 décembre 1912. Après ses études secondaires, il obtient le diplôme d'ingénieur d'agronome, celui de l'École libre des sciences politiques et un doctorat en droit. Mobilisé lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, il participe à la campagne de 1939-1940. Fait prisonnier, il obtient après le conflit la Croix de guerre 1939-1945.

Exploitant agricole en Algérie, il possède un domaine viticole réputé dans l'arrondissement de Philippeville. Il dirige par ailleurs de 1945 à 1963 La Dépêche de Constantine. Fondé par son père Louis en 1908, ce journal quotidien d'information conserve quelque 40 000 lecteurs pendant la guerre d'Algérie.

Parallèlement à ses activités professionnelles, L. Morel s'engage en politique en qualité de délégué à l'Assemblée algérienne (1946 - 1956), de conseiller général de la circonscription de Collo (1955 - 1962), puis de président de la commission départementale (1957).

Le 30 novembre 1958, il se présente aux premières élections législatives de la Ve République dans la quatorzième circonscription d'Algérie. Il se porte candidat à la tête de la liste d'Union pour la paix et le programme de Constantine qui appelle à la « paix dans le renouveau d'une Algérie fraternelle et dans l'égalité des droits1 » et qui soutient le plan de réformes annoncé par le général de Gaulle dans un discours prononcé le 3 octobre 1958 devant la préfecture de Constantine : « Le plan du Chef du gouvernement traduit nos aspirations, nos besoins et les moyens de les satisfaire. Sa mise en oeuvre doit transformer notre pays par le développement de ses ressources, l'industrialisation accélérée, la modernisation de sa production, le relèvement des conditions de vie de ses habitants2. » La liste de L. Morel réunit 62 906 des 126 372 suffrages exprimés, remportant les quatre sièges de députés aux dépens de la liste pour l'Algérie française conduite par Suzanne Lefort, épouse du commandant du 2e régiment étranger de parachutistes, qui n'obtient que 56 610 voix.

Au Palais-Bourbon, L. Morel s'inscrit au sein de la formation administrative des élus d'Algérie et du Sahara. Il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Mais le directeur de La Dépêche de Constantine ne siège pas longtemps à l'Assemblée nationale. En effet, six mois à peine après avoir été élu député, il se porte candidat aux élections sénatoriales du 31 mai 1959 devant les grands électeurs de la circonscription de Constantine. Il se présente en deuxième position sur la liste d'union pour la paix et le plan de Constantine, conduite par le sénateur sortant Chérif Benhabylès. Comme lors des élections législatives de novembre 1958, les candidats de cette liste disent vouloir avant tout « oeuvrer pour la paix » et « veiller sur la stricte et rapide application du Plan de Constantine », tout en affirmant leur « confiance en De Gaulle3. » Après avoir réuni 188 des 668 suffrages exprimés au premier tour, cette liste l'emporte au second avec 257 des 657 suffrages exprimés contre 216 voix pour la liste d'Union départementale, économique et sociale et 170 voix pour celle de l'Union des communautés et de l'UNR pour la concorde et la paix française. L. Morel est élu sénateur de Constantine, comme ses trois autres colistiers Chérif Benhabylès - qui périra assassiné par le Front de libération nationale le 29 août 1959, à Vichy -, Ahmed Bentchicou et Mohamed Lakhdari.

Quittant son siège à l'Assemblée nationale, il rejoint le Sénat où il s'inscrit au groupe de la Gauche démocratique et siège au sein de la commission des lois constitutionnelles.

Au cours des trois années qu'il passe au Palais du Luxembourg, il ne prend qu'une seule fois la parole en séance publique, le 15 décembre 1959, lors de la discussion des questions orales de René Montaldo, sénateur d'Orléansville-Médéa, relatives à la politique algérienne du gouvernement de Michel Debré. Estimant que la région de Constantine qu'il représente à la Haute Assemblée est à la fois « la région la plus sous-équipée de l'Algérie » et « la plus meurtrie4 » par le terrorisme alors qu'avec 4 millions d'habitants elle est la plus peuplée, il regrette que « les actions entreprises dans le cadre du plan de Constantine ne fassent pas une plus large part aux Constantinois5. » En outre, s'il salue l'effort entrepris en matière de construction de logements en Algérie et plus particulièrement dans le Constantinois, il le juge malgré tout insuffisant face à l'extension continue autour des grandes villes de « la plaie des bidonvilles6. » Aussi plaide-t-il en faveur de l'augmentation des crédits HLM.

Le 3 février 1960, à la suite de la semaine des barricades à Alger, il ne prend pas part au vote de la loi autorisant le Gouvernement à prendre, en application de l'article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'État, à la pacification et à l'administration de l'Algérie.

Son mandat de sénateur prend fin le 4 juillet 1962 en application de l'ordonnance de la veille consécutive à l'indépendance de l'Algérie. Il avait par ailleurs été sénateur de la Communauté du 8 juillet 1959 au 16 mars 1961.

Après la guerre d'Algérie, L. Morel s'installe en métropole, au Pyla-sur-Mer, à l'entrée du bassin d'Arcachon. Il devient alors président-directeur général d'une société immobilière. C'est au Pyla-sur-Mer qu'il s'éteint le 14 mai 1996 à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Il était chevalier de la Légion d'honneur et officier du Mérite agricole.

1 : Profession de foi de la liste d'union pour la paix et le programme de Constantine pour les élections législatives du 30 octobre 1958, 14e circonscription d'Algérie.

2 : Ibid. 

3 : Profession de foi de la liste d'Union pour la paix et le plan de Constantine aux élections sénatoriales du 31 mai 1959.

4 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 15 décembre 1959, p. 1821.

5 : Ibid. 

6 : Ibid. 

Sources

Archives du Sénat : dossier personnel de sénateur.

Who's Who in France (plusieurs éditions).

La Dépêche de Constantine, plusieurs numéros entre 1958 et 1962.

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