Appartenance politique :
Membre du Groupe socialiste
État civil :
Né le 29 décembre 1933
Décédé le 15 août 1982
Profession :
Agrégé d'histoire
Département :
Yvelines
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

MACHEFER (Philippe)

Né le 29 décembre 1933 à Paris

Décédé le 15 août 1982 au Grand-Arvet (Haute-Savoie)

Sénateur des Yvelines de 1977 à 1982

Philippe Machefer appartient à cette génération de militants ayant fourbi leurs premières armes au sein des clubs de la gauche non communiste des années 1960 avant d'entamer une ascension au sein du Parti socialiste (PS) d'Épinay. Né le 22 décembre 1933, ce fils de boulanger effectue de brillantes études. Adolescent féru d'histoire contemporaine, il remporte, en 1952, le deuxième prix du prestigieux concours général. Clin d'oeil de l'histoire, sa récompense lui est remise par le président de la République, Vincent Auriol, figure majeure du socialisme de l'entre-deux-guerres et ami proche de Léon Blum. Ce premier succès marque le début d'une passion jamais démentie pour les études historiques qui le conduit naturellement vers une carrière d'enseignant. Agrégé d'histoire en 1958, il est affecté au lycée de Châteauroux. Il revient à Paris l'année suivante, obtenant un poste au lycée Janson-de-Sailly puis, trois ans plus tard, à Condorcet. Fixé professionnellement en région parisienne, il s'engage résolument dans le militantisme politique à l'occasion de la campagne présidentielle de 1965. Alors que la plupart des jeunes intellectuels de sensibilité socialiste, profondément marqués par la guerre d'Algérie, rejoignent les rangs du Parti socialiste unifié (PSU), Philippe Machefer - dont les convictions sont avant tout républicaines - décide de se mettre au service de François Mitterrand. Dans la foulée d'une élection qui voit le général de Gaulle mis en ballotage, il adhère à la Convention des institutions républicaines (CIR) présidée par le « rassembleur » de la gauche. Organisme hybride, entre club et parti politique, la CIR est une petite formation farouchement antigaulliste qui se pose, dans le paysage du socialisme français, en alternative au « gauchisme » du PSU et à l'archaïsme de la « vieille » Section française de l'internationale ouvrière (SFIO) de Guy Mollet.

L'engagement de Philippe Machefer au côté de François Mitterrand constituera une constante inébranlable de sa carrière politique. Mitterrandien avant d'être socialiste, comme il aime à se définir lui-même, il se lance dans la politique locale sous les couleurs de la CIR à Houilles. Dans cette commune des Yvelines (anciennement Seine-et-Oise) où il vit depuis 1955, il échoue aux élections cantonales de 1970 mais prend sa revanche lors des élections municipales l'année suivante. L'élection de Gisèle Bernadou, militante SFIO de longue date, lui offre en effet un siège au conseil municipal. Peu après, la victoire de François Mitterrand à l'issue du congrès d'Épinay de juin 1971 accélère singulièrement son évolution dans le PS qu'il a rallié comme la plupart des « conventionnels ». Elu premier secrétaire de la Fédération des Yvelines en 1973 - ce qui lui assure un ancrage local précieux -, il joue également un rôle important dans la rénovation idéologique du parti des années 1970. Nommé secrétaire-général adjoint du « groupe des Experts », structure informelle créée dès 1972 par le Premier secrétaire pour lui fournir des propositions originales sur l'ensemble des problèmes de l'heure, Philippe Machefer intervient régulièrement dans cette instance et se pose rapidement en spécialiste des questions de politique étrangère et de défense. Militant et expert, il participe également - là encore au titre de spécialiste des relations internationales - à l'association « Démocratie et Université », relais du PS au sein du monde universitaire. Depuis 1970 en effet, le conseiller municipal d'Houilles s'est vu offrir - grâce au soutien bienveillant de son directeur de thèse, René Rémond - un poste d'assistant à l'université de Nanterre (il sera nommé maître-assistant dans la même université quatre ans plus tard).

En dépit d'une candidature malheureuse aux élections législatives de 1973, Philippe Machefer continue de gravir parallèlement à sa carrière universitaire les échelons partisans. Comme pour nombre de jeunes responsables socialistes, la période qui s'ouvre après la campagne présidentielle de 1974 - il figure dans l'organigramme comme conseiller de politique étrangère du candidat Mitterrand - marque un tournant essentiel de sa carrière politique. Bénéficiant de la popularité croissante du PS, il accède à des responsabilités importantes aux échelons locaux et nationaux. Dans sa commune de Houilles, la victoire en 1977 de la liste d'union conduite par le communiste Eugène Séleskovitch fait de lui le deuxième adjoint au maire. En septembre de la même année, il figure en deuxième position sur une « Liste d'union pour les libertés locales, l'avenir des Yvelines, le changement démocratique » conduite par le maire communiste de Trappes Bernard Hugo. Là encore, la stratégie d'union de la gauche - qui jette alors ses derniers feux - assure à la liste une victoire aisée permettant à Philippe Machefer d'accéder à la Chambre haute.

L'action menée par le sénateur Machefer au Palais du Luxembourg frappe avant tout par son caractère protéiforme. Nommé membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées présidée par Jean Lecanuet, il y joue un rôle extrêmement actif, se voyant d'emblée attribuer une fonction de secrétaire. Sa puissance de travail est unanimement reconnue. En 1979, Le Parisien libéré le dépeint comme le parlementaire aux « 138 interventions en deux ans ». Il est vrai que Philippe Machefer use de tous les moyens à sa disposition pour exprimer ses préoccupations : questions orales fréquentes au ministre des Affaires étrangères ; dépôts réguliers de rapports et propositions de loi. Le relevé de ses interventions témoigne d'un souci réel de ne négliger ni les préoccupations socio-économiques de ses administrés ni les grands sujets de politique étrangère. Cette dernière apparaît d'ailleurs très vite comme sa spécialité. Dans la continuité des travaux menés dans les diverses commissions d'études du PS, « l'expert » de François Mitterrand témoigne d'une maîtrise réelle de la géopolitique de pays généralement peu familiers à la diplomatie française : Chypre, la République démocratique allemande (RDA) et, surtout, la Corée du Nord. Présidant les groupes sénatoriaux d'amitié entre la France et les assemblées parlementaires de ces pays, il y noue des réseaux - notamment en Corée - qui s'avèreront forts utiles pour le gouvernement socialiste après 1981.

La politique étrangère ne constitue cependant pas le seul terrain d'intervention de Philippe Machefer dans l'hémicycle. Les débats annuels sur la loi de finances sont autant d'occasions pour lui de défendre une vision dynamique de la politique commerciale française, en particulier sur la question des exportations de produits manufacturés à haute-valeur ajoutée tels que l'automobile. En 1980, il rejoint ainsi, en tant que vice-président, le « groupe d'études sur l'industrie automobile et son avenir », fondé par le sénateur du Rassemblement pour la République (RPR) de l'Aisne, Jacques Braconnier.

Philippe Machefer vote contre la loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (1980), pour la loi portant abolition de la peine de mort (1981) et pour la loi relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage (1982). En revanche, il s'abstient sur le texte relatif aux droits et libertés des communes, des départements et des régions (1982).

Son intense activité au Palais du Luxembourg peut aussi s'expliquer par les difficultés éprouvées dans l'exercice de ses mandats locaux. L'hémicycle constitue en effet pour l'universitaire une tribune d'autant plus importante qu'après la rupture de l'union de la gauche en septembre 1977, les tensions au sein du conseil municipal de Houilles sont de plus en plus vives : en mars 1979, les élus socialistes s'abstiennent lors du vote du budget. Philippe Machefer, qui ne dispose même plus d'un bureau à la mairie, contourne en partie l'ostracisme dont il fait l'objet, d'une part en récupérant le siège de conseiller régional occupé par Georges Dayan jusqu'à son décès en mai 1979 et, d'autre part, en faisant montre d'un savoir-faire dans l'utilisation des médias locaux pour exprimer ses divergences en matière de politique locale. Ce n'est pas un hasard si le groupe socialiste du Sénat lui confie dès 1978 la charge des relations avec la presse.

La victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles renforce son rôle dans le dispositif de la politique étrangère française. Soutien indéfectible du président de la République - lors du délicat congrès de Metz de 1979, il appose sans hésitation sa signature au bas de la motion du Premier secrétaire -, il est chargé d'effectuer plusieurs voyages en Asie pour préparer les visites du nouveau président de la République et/ou de son ministre des Affaires étrangères, Claude Cheysson. Il conduit ainsi une délégation de sénateurs en Corée du Nord en décembre 1981 puis en Corée du Sud en janvier suivant et précède la visite officielle du chef de l'État au Japon en avril 1982.

Ses responsabilités nouvelles ne lui font pas pour autant oublier ses administrés. Soucieux d'améliorer la situation sociale des Ovillois et, plus fondamentalement, des travailleurs de la région parisienne, il défend sans réserve, dans sa dernière intervention parlementaire, le projet de loi déposé par le ministre des transports communiste, Charles Fiterman, visant à obtenir des employeurs une participation accrue aux frais de déplacement des salariés de leur domicile à leur lieu de travail.

C'est peu dire que le suicide de Philippe Machefer dans sa maison du Grand-Arvet (Haute-Savoie), au coeur du mois d'août 1982, provoque la surprise et la consternation de la majeure partie de la classe politique française. À gauche, comme à droite, les éloges pleuvent. Alain Poher, qui le tenait en haute estime, rappelle à l'occasion de son éloge funèbre au Sénat son « action discrète, efficace et permanente, servie par une très grande courtoisie et une très rare modération. » Claude Cheysson, quant à lui, évoque ses qualités morales et, en filigrane, sa connaissance fine des réalités géopolitiques asiatiques.

Il faut noter, enfin, que ses activités parlementaires n'avaient pas détourné le sénateur de sa vocation première d'historien. Quelques jours avant sa mort, il fut l'auteur d'un article provocant paru dans les colonnes du Monde le 11 août. Fin connaisseur de la ligue des Croix-de-feu du colonel de la Rocque, à laquelle il consacrait son travail de thèse, c'est en universitaire autant qu'en élu socialiste - convoquant à l'appui de sa réflexion l'idéologie du RPR - qu'il pose la question de la réminiscence du fascisme dans la France des années 1980. Ce thème sur lequel il avait largement contribué à dissiper, dans le sillage de René Rémond, un certain nombre d'idées reçues sur un prétendu « fascisme français » dans les années 1930, soulignait une dernière fois la double dimension du « politique » et du « savant », soubassement de son action tout au long de sa carrière.

Elu le 25 septembre 1977
Fin de mandat le 15 août 1982 (décédé)

Secrétaire de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées

Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées
Membre du Groupe socialiste

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Philippe MACHEFER

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