Appartenance politique :
Membre du Groupe de l'Union Centriste des Démocrates de Progrès
État civil :
Né le 1er avril 1907
Décédé le 17 décembre 2002
Profession :
Administrateur de sociétés
Département :
Loire
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

PILLET (Paul)

Né le 1er avril 1907 à Roanne (Loire)

Décédé le 17 décembre 2002 à Roanne (Loire)

Député de la Loire de 1958 à 1967

Sénateur de la Loire de 1974 à 1983

Paul Pillet nait le 1er avril 1907 à Roanne où il résidera toute sa vie. Après des études de droit, il exerce le métier d'administrateur de biens. Durant l'occupation, il participe à la Résistance dans le sillage d'Eugène Claudius-Petit, un des responsables de Franc-Tireur, qui présidera plus tard le Mouvement de Libération nationale. Cet engagement lui permet d'intégrer, dès août 1944, le conseil municipal de Roanne. Il est un des fondateurs, en juin 1945, du nouveau parti de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) avec Eugène Claudius-Petit, François Mitterrand et René Pleven. Cette formation réunit, autour du centre-gauche, des socialistes libéraux non marxistes et d'anciens résistants désireux, dans un esprit d'unité, de poursuivre au Parlement et au Gouvernement l'oeuvre de rénovation nationale amorcée avec le CNR. L'UDSR joue un rôle important au moment de la Troisième force en servant de charnière aux coalitions gouvernementales fragiles de la IVe République et en influençant la politique européenne et coloniale du régime dans un sens réformiste et ouvert. Paul Pillet soutient les campagnes électorales d'Eugène Claudius-Petit, élu député UDSR de la Loire et maire de Firminy. Il l'accompagne également dans sa carrière gouvernementale puisqu'il appartient à son cabinet quand ce dernier est nommé ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme. De 1948 jusqu'en 1950-1951, il aide le ministre à élaborer ses projets de lois relatifs à l'acquisition d'habitations, à l'urbanisme et à la lutte contre les taudis. Cette expérience lui sera utile au Sénat lorsqu'il sera confronté, trente ans plus tard, aux dossiers du logement.

En 1950, Paul Pillet prend la direction du journal L'Espoir qui paraît à St-Etienne. Ce quotidien, lancé clandestinement par des résistants en 1941 (dont Jean Nocher), était devenu localement l'organe du MLN à la fin de la guerre. Il rassemblait des gaullistes et quelques socialistes. A partir de 1948, il devint l'organe de presse du RPF de Saint-Etienne emmené par le jeune Lucien Neuwirth et Jean Nocher. En 1951, sous la direction de Paul Pillet, le quotidien fusionne au sein d'une même société de presse (la SOGEP) avec La Dépêche (journal du MRP de Georges Bidault) dans une lutte commune contre le parti communiste alors très puissant dans les villes ouvrières de Roanne et Saint-Etienne (en 1963, Le Progrès rachète L'Espoir.). L'UDSR décline régulièrement dans les années 1950, prenant une orientation plus à gauche fin 1953 quand François Mitterrand en devient le président. Paul Pillet, qui conserve une identité plus centriste, reste dans le mouvement mais prend ses distances avec la nouvelle direction. Il fait partie de ceux qui abandonneront bientôt l'UDSR pour rejoindre la démocratie- chrétienne.

Elu conseiller général en 1951 en battant au second tour l'ancien député communiste et figure de la CGT locale, Albert Masson, Paul Pillet entre au conseil général. Il y restera jusqu'en 1970, représentant d'abord le canton de Roanne puis, à partir de 1973, celui de Roanne-Nord. Patron de presse influent et figure centriste dans la Loire, il obtient l'investiture de l'UDSR aux législatives de novembre 1958 dans la Ve circonscription de Roanne. Il est élu au second tour. Membre des non-inscrits, il rejoint le groupe de l'Entente démocratique en juillet 1959. La même année, il réussit l'exploit de remporter la mairie de Roanne, bastion SFIO depuis l'entre- deux-guerres. Cette ville, dominée par la population ouvrière de la bonneterie, du textile cotonnier (Ateliers Roannais de construction textile, France rayonne, Désarbre, Devernois, etc.) et de la métallurgie (Giat industrie, Démurger, etc.), voyait s'affronter depuis vingt ans socialistes et communistes. Mais la gauche gère diffcilement les problèmes de logement générés par l'augmentation importante de la population de l'agglomération roannaise (plus 40% entre 1946 et 1962). Ses résultats aux élections municipales s'en ressentent : 50 % des voix en 1947, 46 % en 1953, 44 % en 1959. Reconnu comme un expert des questions urbanistiques et de la lutte contre les taudis, le centriste Paul Pillet remporte la mairie en 1959 en succédant au socialiste Jacques Gougenot. Il est réélu député de la même circonscription en 1962 et siège au groupe du centre démocratique.

Paul Pillet appartient désormais au courant des centristes d'opposition. Il le confirme en rejoignant le nouveau parti de Jean Lecanuet, le Centre démocrate lancé en février 1966 dans la foulée de la candidature du maire de Rouen à la présidentielle de décembre 1965. Ce mouvement entend regrouper les diverses sensibilités du centre dans une même opposition à la Ve République gaulliste en faisant fusionner le MRP (Jean Lecanuet), le CNIP (Bertrand Motte) et les radicaux-socialistes (Maurice Faure). Le maire de Roanne figure dans le premier comité directeur du parti en avril 1966, sous l'étiquette MRP. L'opération échoue en partie puisque les radicaux- socialistes partent rapidement tandis que le CNIP retrouve vite son indépendance. Ne disposant pas d'un appui militant suffisant, Paul Pillet est battu lorsqu'il se représente dans la Ve circonscription de Roanne aux législatives de 1967 puis de 1968 sous l'étiquette du Centre démocrate. Celui qui le remplace à l'Assemblée nationale est un jeune gaulliste, Alain Terrenoire, fils du ministre Louis Terrenoire, dont le gaullisme social a attiré une partie de l'électorat ouvrier. Le même Alain Terrenoire lui ravit le canton de Roanne en 1970. Paul Pillet se reporte sur le canton de Roanne-Nord en 1973. Il est aussi élu conseiller régional de Rhône-Alpes.

Le maire de Roanne se présente aux sénatoriales du 22 septembre 1974. Il dirige une « liste d'action communale, paysanne et sociale » où figurent le sénateur de la Loire et vice-président du conseil général Claude Mont, le conseiller général et premier adjoint de St-Etienne François Dubanchet et le conseiller général Félicien Chabrol. Leur programme prévoit une réforme des finances locales et un aménagement du territoire plus respectueux de l'équilibre entre secteurs urbains et ruraux. Claude Mont est élu au premier tour, Paul Pillet au second. Le maire de Roanne s'inscrit au groupe de l'Union centriste et des démocrates de progrès (UCDP) et siège à la commission des lois.

Au Sénat, Paul Pillet se montre très actif, intervenant à de très nombreuses reprises en séance publique. Il s'exprime toujours avec un souci de précision et d'exactitude technique, manifestant un grand sens de la nuance et un esprit ouvert et pondéré. C'est notamment le cas lors des grands débats de 1981 sur l'abolition de la peine de mort et les projets de décentralisation et, en 1982, quand est évoquée la situation en Nouvelle-Calédonie. Comme attendu, le sénateur se montre à l'aise sur les questions du logement et de l'urbanisme. En 1976, il est rapporteur pour avis du projet de loi portant réforme de l'urbanisme. Il s'y montre favorable à une réglementation plus stricte en matière d'utilisation des terrains et des processus de construction. Selon lui, la recherche du profit ne doit pas entraîner la destruction du site et le POS doit rester l'unique document de référence. Il intervient la même année sur le projet de loi portant réforme de l'aide au logement. En 1977, il prend la parole lors du débat sur le projet de loi relatif à la responsabilité et à l'assurance dans le domaine de la construction. Il déplore l'insuffisance de la législation en matière de malfaçon et estime qu'il faut mieux définir les responsabilités de l'architecte et des constructeurs. En 1978, il s'engage lors des discussions sur le projet de loi relatif à l'information et à la protection des emprunteurs dans le domaine immobilier. A ses yeux, il convient de favoriser l'accès des Français à la propriété immobilière mais sans aggraver l'endettement des ménages. En 1981, il donne également son avis sur le projet de loi relatif à la modération des loyers.

Mais le moment fort de son mandat sénatorial reste sa critique de la loi Quilliot au printemps 1982. Le ministre socialiste de l'Urbanisme et du logement, par ailleurs maire de Clermont-Ferrand, présente un projet de loi révisant les rapports propriétaires/locataires en améliorant les positions de ces derniers. Ce texte est farouchement combattu par les propriétaires bailleurs et, surtout, par les professionnels de l'immobilier auxquels appartenait autrefois Paul Pillet. En qualité d'ancien conseiller du ministre Claudius-Petit et de rédacteur de la fameuse loi de 1948 sur le logement, le sénateur de Roanne connaît bien ce dossier. Alors que la droite entend mener sur ce texte une opposition d'obstruction, le sénateur centriste parvient à convaincre ses collègues RPR et UDF qu'il vaut mieux chercher à amender le texte plutôt qu'à le rejeter en bloc. Une résistance trop rigide aurait été de toute façon inutile puisque le dernier mot reste à l'Assemblée nationale en cas de désaccord de la commission mixte paritaire. Multipliant les interventions techniques, il nuance un texte initialement très favorable aux locataires. Il obtient ainsi que l'application de la loi ne soit pas obligatoire pour un bâtiment regroupant moins de six logements, et que les réparations locatives auxquelles sont contraints les locataires au terme de leur contrat soient désormais définies par la loi. Pour la première fois depuis l'alternance du 10 mai 1981, les débats en commission mixte paritaire sont sereins et les interventions plus techniques qu'idéologiques. L'opposition et la majorité trouvent un accord et ce dernier est salué par le Gouvernement, l'Assemblée nationale et, surtout, par les associations et syndicats de locataires et de propriétaires.

Au Sénat, Paul Pillet vote la loi du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de grossesse ainsi que la loi du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce. Il vote contre la loi du 2 février 1981 renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes. Il vote la loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort, la loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions, la loi du 13 juillet 1982 relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage.

Paul Pillet avait connu une première alerte électorale en 1970 quand il avait été battu aux cantonales. Son implantation locale est fragilisée par la crise socio-économique dans laquelle s'enfonce Roanne à partir du milieu des années 1970. Le secteur industriel souffre beaucoup de la baisse des commandes d'armement (dont profitait l'arsenal avec Giat) et du marasme du textile, victime de la concurrence étrangère. Le chômage augmente considérablement sans que le maire soit en mesure de trouver des remèdes efficaces. La tension monte sur place, les grèves dures et manifestations violentes se multiplient et cette atmosphère tendue explique peut-être l'attentat dont est victime Paul Pillet le 22 mai 1975 quand une bombe explose sans faire de victime, en pleine nuit, à son domicile. L'acte ne sera jamais revendiqué. L'impuissance du maire face à la crise socio-économique locale est en tous cas sanctionnée aux municipales de mars 1977. Paul Pillet est battu dès le premier tour par le socialiste Jean Auroux qui, en redonnant la ville au PS, commence une carrière politique prometteuse. Son influence est tellement déclinante que l'ancien maire - il appartient désormais au CDS - renonce à briguer le renouvellement de son mandat de conseiller général en mars 1979. Aux sénatoriales de septembre 1983, Paul Pillet ne se représente pas. Son ancien colistier, Claude Mont est en revanche réélu sous l'étiquette UDF-CDS. L'ancien maire de Roanne se retire alors définitivement de la vie politique.

Il meurt le 17 décembre 2002 à l'âge de 95 ans. Le député-maire UMP de Roanne, Yves Nicolin, lui rend hommage lors d'une séance du conseil municipal.

Elu le 22 septembre 1974
Fin de mandat le 2 octobre 1983 (ne se représente pas)

Membre de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale
Membre du Groupe de l'Union Centriste des Démocrates de Progrès

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Paul PILLET

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