Appartenance politique :
Membre du Groupe des Républicains et Indépendants
État civil :
Né le 23 septembre 1910
Décédé le 13 août 1990
Profession :
Avocat
Département :
Basses-Pyrénées

Travaux parlementaires

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

TINAUD (Jean-Louis)

Né le 23 septembre 1910 à San-Juan (Porto Rico)

Décédé le 13 août 1990 à Paris

Député de la première Assemblée nationale constituante (Basses-Pyrénées)

Député des Basses-Pyrénées de 1946 à 1951

Sénateur des Basses-Pyrénées de 1951 à 1958

Né à San-Juan à Porto Rico le 23 septembre 1910, Jean-Louis Tinaud effectue de brillantes études. Licencié en droit de la faculté de Paris et diplômé de l'université Grays'Inn de Londres, de l'école des hautes études commerciales et de l'école libre des sciences politiques, il entame ensuite une carrière d'avocat à la cour d'appel de Paris.

Officier de réserve, il est mobilisé en 1939 et fait la campagne de France dans l'artillerie avant de s'engager dans la Résistance dès 1940. Devenu agent P1 et P2 des Forces françaises combattantes, Jean-Louis Tinaud crée en 1943 le réseau Cher Maître rattaché à Samson. Rendu à la vie civile le 1er juin 1945 avec le grade de capitaine de réserve, il est nommé à titre militaire chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur et reçoit la croix de guerre 1939-1945 avec palmes et étoiles de vermeil, la croix du combattant volontaire de la Résistance et la médaille commémorative de la guerre avec agraphe Libération ; il est membre de l'association des résistants de 1940.

Le 21 octobre 1945, lors des élections à la première Assemblée nationale Constituante, Jean-Louis Tinaud se présente en troisième position sur la liste d'action républicaine et sociale conduite par Pierre de Chevigné dans les Basses-Pyrénées. Arrivée nettement en tête avec 52% des suffrages exprimés, elle obtient trois des cinq sièges à pourvoir. Membre de la commission de la justice, Jean-Louis Tinaud fait également partie de la commission chargée de proposer des mesures de grâce amnistiante en Algérie. Il est enfin nommé membre de la commission d'instruction de la Haute Cour de justice. Le 13 décembre 1945, il dépose un rapport, qu'il développe en séance publique au nom de la commission de la justice, sur le projet de loi modifiant l'ordonnance du 28 novembre 1944 portant modification et codification des textes relatifs à la répression des faits de collaboration. Il intervient également dans la discussion du projet de loi sur la dévolution de biens d'entreprises de presse en 1946. Inscrit au groupe MRP, il s'oppose au projet de Constitution qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946.

Aux élections du 2 juin 1946, pour la seconde Assemblée nationale Constituante, Jean-Louis Tinaud figure à nouveau en troisième position de la liste du MRP emmenée par Pierre de Chevigné. Sur sa droite, cette liste subit la concurrence d'une liste d'entente républicaine et sociale alors qu'elle était seule face aux trois formations de gauche lors de la précédente consultation. Avec près de 39% des suffrages exprimés, le MRP conserve la première place mais Jean-Louis Tinaud n'est pas réélu.

Il prend sa revanche aux élections du 10 novembre 1946 pour la première législature de la IVe République, toujours en troisième position de la liste du MRP qui réalise 37% des suffrages exprimés. Cette liste comporte trois élus, et le sixième siège nouvellement créé revient à Jean-Louis Tinaud. Il entre ensuite au conseil municipal de Pau en 1947 puis au conseil général des Basses-Pyrénées en 1948. Il occupera son siège de conseiller général sans discontinuer de 1947 à 1967 et n'abandonnera son mandat municipal qu'en 1971.

Au Palais Bourbon, Jean-Louis Tinaud est à nouveau membre de la commission d'instruction de la Haute Cour de justice en 1946 et de la commission de la justice de 1946 à 1951 ; il siège également à celles de la presse en 1946 et de la marine marchande de 1949 à 1950. Ses huit rapports présentés au nom de la commission de la justice concernent principalement la législation sur les sociétés anonymes, les sociétés à responsabilité limitée, les entreprises nationalisées ou encore la création et la suppression de postes de magistrats. Ne perdant pas de vue pour autant les questions intéressant les Basses-Pyrénées, Jean-Louis Tinaud dépose également le 25 janvier 1950 une proposition de résolution invitant à prendre des mesures nécessaires pour sauvegarder les intérêts de la pêche sardinière française en tenant compte des besoins de la consommation intérieure et de l'utilité des importations. Il a également recours le 23 février 1950 à un autre rapport au nom de la commission de la marine sur cette même proposition et sur celle du communiste Albert Mora visant à annuler le contingent supplémentaire de 150 000 caisses de sardines en conserve en provenance du Maroc ainsi que les importations venant du Portugal, de l'Espagne et de tous autres pays. Le 30 mai 1950, il déposera une demande d'interpellation sur ce dernier point. Il convient également de citer les deux questions orales qu'il pose au ministre de l'éducation nationale sur le statut du personnel des inspections académiques en 1950 puis à celui de la reconstruction sur l'indemnisation des propriétaires de voitures saisies par l'armée allemande en 1951. En séance publique, Jean-Louis Tinaud intervient à diverses reprises sur des questions budgétaires et fiscales et s'exprime notamment sur les loyers en 1948, le maintien dans les lieux de certains clients des hôtels, pensions de famille et meublés ainsi que l'amnistie relative aux faits de collaboration en 1950.

Aux élections du 17 juin 1951, il figure en quatrième position de la liste d'union républicaine soutenue par le MRP et les indépendants paysans. Arrivée en première position avec 31,6%, cette liste, qui subit la concurrence des Français indépendants de Georges Loustaunau-Lacau (15%) et du RPF du général Joseph Goislard de Monsabert (14,2%), ne compte que deux élus. Jean-Louis Tinaud perd ainsi son siège de député des Basses-Pyrénées. Cependant l'élection dans ce même département du radical René Cassagne à l'Assemblée nationale lui donne l'occasion de se présenter le 30 septembre 1951 à l'élection partielle organisée pour son remplacement au Conseil de la République. Avec 638 voix des 1132 suffrages exprimés au second tour du scrutin, Jean-Louis Tinaud opère, sous l'étiquette de républicain indépendant, son entrée à la Haute Assemblée et rejoint les commissions de la presse et du suffrage universel.

Suite à un accident matériel survenu dans un des puits de pétrole exploités par la société nationale des pétroles d'Aquitaine à Lacq, une énorme quantité de gaz s'est répandue sur toute sa région risquant de provoquer une catastrophe sans précédent. Il demande le 21 décembre 1951 au ministre de l'industrie et de l'énergie quelles mesures de sécurité vont être prises pour éviter à l'avenir le risque d'un pareil danger. Il dépose ensuite, le 3 janvier 1952, une proposition de résolution visant à venir en aide aux victimes des intempéries qui ont ravagé la côte basque.

Tête d'une liste d'action nationale et départementale lors de l'élection au Conseil de la République du 18 mai 1952, Jean-Louis Tinaud fusionne à l'issue du premier tour avec la liste des indépendants paysans et de défense du franc de Jean Biatarana. Cette liste d'entente républicaine et départementale qu'il conduit ensuite au second tour du scrutin remporte les trois sièges à pourvoir.

Membre de la commission des finances pendant toute la durée de son second mandat au Conseil de la République, Jean-Louis Tinaud siège successivement à celles de la marine, de la justice et des affaires étrangères. Il représente également la commission des finances à la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises industrielles et des sociétés d'économie mixte. Il est l'auteur de cinq propositions de loi ou de résolution sur les mesures destinées à venir en aide aux marins-pêcheurs et ouvriers des usines de conserve de son département victimes d'une très grave crise de chômage, mais également sur la commémoration du quatrième centenaire de la naissance d'Henri IV et le classement des justices de paix et l'élection des membres de l'Assemblée nationale en 1953 ou encore sur la diminution du nombre des membres des assemblées prévues par la Constitution en 1955. Particulièrement actif, il ne dépose pas moins de treize questions orales concernant en particulier les caisses d'allocations familiales et certaines assurances de vieillesse, l'augmentation des contributions directes, la réglementation de la profession d'architecte, les tarifs préférentiels réclamés par les associations de jeunesse à la SNCF, ou l'administration de la justice. Il ne néglige pas la situation de son département, intervient au sujet de l'exploitation des puits de pétrole, la répartition de certains agrumes en provenance d'Espagne entre trois gares frontalières et l'enseignement primaire et secondaire. En séance publique, Jean-Louis Tinaud s'exprime notamment sur les baux commerciaux et l'amnistie en 1953, la réintégration des démobilisés, prisonniers, déportés et assimilés en 1954. Il participe aussi en son nom propre ou en sa qualité de rapporteur de la commission des finances à d'autres discussions comme le budget en faisant part de ses observations en 1956 et 1957 sur le gaz de Lacq pour celui de l'industrie et du commerce ou sur l'organisation judiciaire pour celui de la justice.

En 1957, Jean-Louis Tinaud est nommé à la délégation française aux Nations-Unies. Président du groupe parlementaire d'amitié France-Amérique latine au Conseil de la République, il effectue en 1957 et 1958 plusieurs missions diplomatiques auprès des présidents du Mexique, des six états d'Amérique Centrale et de certains pays d'Amérique du Sud. A ce titre, il déclare dans le Journal du Parlement du 25 octobre 1957 : « La France et l'Europe ont une grande carte à jouer dans cette partie du monde. Nous devons réaliser que les républiques centre-américaines sont infiniment importantes comme marché d'exportation car, d'une part, tout achat fait par elles contribue à alléger notre déficit en dollars et que d'autre part, elles présentent des possibilités commerciales et industrielles pratiquement infinies puisque, contrairement aux autres pays d'Amérique latine, elles sont tout au début de leur développement économique ! Saisirons-nous cette occasion ? Nous devrions pouvoir dire oui malgré l'hypothèse d'une vie politique grotesque dans un pays, fait unique au monde, qui en est à rechercher son vingt-cinquième président du Conseil depuis la fin de la guerre ! ».

Au début du mois de juin 1958, il vote pour la reconduction des pouvoirs spéciaux en Algérie, accorde les pleins pouvoirs au gouvernement et approuve la révision constitutionnelle puis est ensuite réélu au dernier Conseil de la République en tête de la liste d'union qui remporte les trois sièges à pourvoir.

Ve République

TINAUD (Jean-Louis)

Né le 23 septembre 1910 à San Juan (Porto-Rico)

Décédé le 13 août 1990 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)

Sénateur des Pyrénées orientales de 1951 à 1969

Réélu sénateur le 26 avril 1959, Jean-Louis Tinaud profite de son statut de sénateur pour s'engager encore plus activement sur la scène internationale. Ce Béarnais, né à Porto-Rico en 1910, parlant couramment l'espagnol et l'anglais, se passionne en effet pour la diplomatie. Sous la IVe République puis au début de la Ve République, il sert les différents gouvernements comme chargé de mission extraordinaire dans les relations avec les pays d'Amérique du sud. Cet homme fin et lettré est délégué à l'Assemblée du Conseil de l'Europe (de 1959 à 1969) et représentant permanent de la France aux Nations-Unies (de 1957 à 1969). Durant les dernières années de la guerre d'Algérie, il se rend à plusieurs reprises à New-York pour présenter la position française sur le conflit. De 1957 à 1965, il séjourne dans de nombreux pays d'Amérique du sud comme conseiller diplomatique. En 1966, il est membre de la délégation sénatoriale envoyée en Asie orientale.

Ses engagements internationaux le tiennent souvent éloigné du Sénat, si bien qu'après avoir été très actif au Palais du Luxembourg dans les années 1950, il participe peu aux travaux parlementaires dans les années 1960. Ses rares interventions en séance publique portent sur des projets de loi ratifiant des accords internationaux. Il participe ainsi, en 1959, aux discussions sur le traité de commerce France-Equateur. En 1969, dans les mois précédant son entrée au Gouvernement, il se montre plus présent et continue de suivre de près les questions de politique étrangère, au travers de conventions internationales (conventions fiscales avec l'Irlande et le Royaume-Uni, convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires, convention internationale sur l'abolition du travail forcé, engagement des troupes au Tchad, etc.).

Par ailleurs, Jean-Louis Tinaud vote la loi du 4 février 1960 autorisant le Gouvernement à prendre, par application de l'article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie. Il ne prend pas part au vote de la loi du 13 juillet 1965 portant réforme des régimes matrimoniaux. Absent, il ne participe pas au vote de la loi Neuwirth du 28 décembre 1967 relative à la régulation des naissances.

Conseiller général du canton de Pau-ouest de 1949 à 1967, il préside l'Assemblée départementale à partir de 1961, succédant à ce poste à Louis Inchauspé. En 1964, Pierre de Chevigné le remplace à la tête du Conseil général. Réélu au Sénat en 1965 dès le premier tour, Jean-Louis Tinaud entreprend de moderniser le tissu économique des Pyrénées orientales en misant notamment sur le tourisme. Avec le soutien du préfet Diebolt, il lance ainsi la construction des deux stations de ski de Gourette et d'Arette-la Pierre-Saint-Martin. Estimant qu'il faut en finir avec une approche « artisanale » du développement économique départemental, Jean-Louis Tinaud veut agir « en industriel ».

A cette fin, le soutien de l'Etat lui est nécessaire. Bien que de sensibilité giscardienne, Jean-Louis Tinaud se rapproche du pouvoir gaulliste. Il appelle à voter « oui » lors du référendum du printemps 1969 avant de faire activement campagne pour Georges Pompidou lors de l'élection présidentielle suivante. Il préside ainsi le comité local de soutien à l'ancien Premier ministre du Général de Gaulle. A l'occasion d'un meeting tenu à Pau, le sénateur Jean-Louis Tinaud emploie une formule plaisante pour qualifier Georges Pompidou face à Alain Poher : « La France a besoin à sa tête d'un homme et non d'un bonhomme ». Une fois parvenu à l'Elysée, Georges Pompidou le remercie de son soutien en le faisant entrer le 20 juin 1969 au Gouvernement comme secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement. S'occupant plus précisément des relations avec le Sénat (le député UDR Jacques Limouzy gérant de son côté les relations avec l'Assemblée nationale), il reste à ce poste jusqu'au 5 juillet 1972, en liaison avec Roger Frey puis Jacques Chirac. Ses fonctions gouvernementales étant incompatibles avec l'exercice d'un mandat parlementaire, il cesse de siéger au Palais du Luxembourg à partir du 22 juillet 1969.

Conseiller municipal de Pau depuis octobre 1947, il tente de prendre la mairie en mars 1971, fort de sa présence au Gouvernement. Mais il ne parvient pas à imposer une liste commune aux gaullistes, libéraux et centristes. Les divisions de la droite favorisent l'opposition et le socialiste André Labarrère remporte le scrutin. La ville bascule durablement à gauche. Cet échec pénalise la carrière politique de Jean-Louis Tinaud qui ne retrouvera jamais la dynamique qui l'avait porté au Gouvernement en 1969. L'amitié du ministre des affaires étrangères, Maurice Schumann, comme son expérience de l'Amérique latine - de 1969 à 1971, Jean-Louis Tinaud avait continué de se rendre sur le continent lors de voyages officiels, se déplaçant ainsi au Pérou, au Chili et au Mexique - lui valent d'être nommé, en 1973, président de la délégation française auprès des pays de l'Organisation des Etats américains. Fin 1974, il tente de revenir au Sénat mais la défaite de 1971, comme ses longues périodes d'absence liées à ses séjours internationaux, ont désorganisé ses réseaux et affaibli son influence dans les Pyrénées orientales. Son positionnement original de républicain indépendant-gaulliste n'est plus porteur depuis l'arrivée de Valéry Giscard d'Estaing à l'Elysée.

Après son échec aux élections sénatoriales de 1974, Jean-Louis Tinaud se recentre sur sa vie professionnelle. Il redevient avocat à Paris. Il conseille de grandes sociétés privées comme Rhône-Poulenc et prend la présidence de la Société d'Ethanol de Synthèse. Il n'abandonne pas toutefois de manière définitive l'engagement militant puisqu'il rejoint le RPR lors de sa fondation et siège au comité central du parti gaulliste à partir de juin 1977.

Il décède le mardi 13 août 1990 à Saint-Cloud, âgé de 79 ans. Ses amis louent un homme généreux, spirituel et cultivé, toujours à l'affût de bons mots et parlant net. Jean-Louis Tinaud était chevalier de la Légion d'honneur au titre des affaires étrangères. Il était grand officier des ordres nationaux d'Argentine, du Pérou, de l'Equateur, du Mexique et du Chili.

Elu le 26 avril 1959
Réélu le 26 septembre 1965
Fin de mandat le 22 juillet 1969 (devenu membre du Gouvernement)

Député

Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées
Membre du Groupe des Républicains et Indépendants

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Jean-Louis TINAUD

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