AFFAIRES ECONOMIQUES ET PLAN

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Mercredi 26 mai 1999

- Présidence de M. Jean François-Poncet, président. -

Audition de M. Louis Schweitzer, président directeur général de Renault

La commission a procédé à l'audition de M. Louis Schweitzer, président directeur général de Renault.

M. Louis Schweitzer
a déclaré que la stratégie actuelle de Renault tendait à consolider une croissance rentable depuis le début des années 1990, après une décennie 1970 caractérisée par une structure financière fragile et une décennie 1980 très difficile.

Il a indiqué que Renault se plaçait au troisième rang mondial (après Volkswagen et Ford) en termes de croissance sur la période 1997-1998 (+ 15 %)  et au deuxième rang (après Daimler-Chrysler) en termes de rentabilité (marge opérationnelle : + 5 % en 1998).

Il a souligné que la " bonne année 1998 " avait dégagé un bénéfice de plus de 8 milliards de francs et un chiffre d'affaires de l'ordre de 250 milliards de francs.

M. Louis Schweitzer a ensuite indiqué que ces bons résultats reposaient sur trois fondements :

- la compétitivité dans les domaines de la qualité, des coûts et des délais ;

- l'innovation permanente ;

- la recherche de l'internationalisation, à l'heure où l'espérance de croissance du marché européen -principal marché de Renault- apparaît limitée.

M. Louis Schweitzer a rappelé que les cinq premiers constructeurs mondiaux (General Motors, Ford, Toyota, Volkswagen et Daimler-Chrysler) détenaient 60 % du marché mondial, Renault ne pouvant apparaître que comme un " poids moyen " (4 % du marché mondial) au même titre que PSA, Fiat, Nissan ou Honda.

Il a relevé que 80 % des véhicules Renault étaient vendus en Europe occidentale, qu'un certain effort était mené en direction de l'Europe centrale et orientale, de la Turquie et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay), mais que l'entreprise était quasiment absente sur les marchés de l'Amérique du Nord (excepté pour les camions) et de l'Asie.

Il a ensuite mis l'accent sur le coût élevé de la pénétration industrielle et commerciale des marchés émergents.

Evoquant la capitalisation boursière des principaux constructeurs, M. Louis Schweitzer a souligné la " vulnérabilité capitalistique " des firmes de la taille de Renault, les fonds propres de celui-ci ne représentant que le dixième de ceux du premier constructeur mondial. En conséquence, a-t-il ajouté, Renault reste à la merci d'une prise de contrôle par un " poids lourd " du secteur même si, pour l'heure, l'Etat -propriétaire de 44 % du capital de l'entreprise- garantit l'indépendance du constructeur français.

S'agissant du rapprochement avec le constructeur japonais Nissan, le président directeur général de Renault a insisté sur les complémentarités des deux firmes, notamment du fait de la forte présence de Nissan dans des zones où Renault est absent (Japon, Amérique du Nord, Mexique, Golfe persique, Asie du Sud-Est et Afrique du Sud) et de la spécialisation du Japonais dans certains types de véhicules (quatre/quatre, " pick-up ", hauts de gamme). Il a estimé que l'accord Renault-Nissan allait constituer un puissant accélérateur pour la croissance de la marque Renault.

Il a encore souligné l'objectif consistant à assurer, à terme, une mise en commun totale des plates-formes (à ce jour, Renault en possède huit contre vingt-six chez Nissan).

Enfin, M. Louis Schweitzer a relevé les nombreux atouts (excellente qualité des produits, des unités de production et des bureaux d'études), mais aussi les faiblesses (" suivisme " par rapport à Toyota sans moyens adaptés, contre-performances financières, ajustements insuffisants face aux situations de rupture, politique des achats) du constructeur japonais.

Il a rappelé que Renault prenait une participation de 36,8 % dans le capital de Nissan, cette participation pouvant être portée à 44,4 % d'ici quatre ans.

En conclusion, M. Louis Schweitzer, président directeur général de Renault, a jugé que, dans le secteur automobile, " l'immobilité " conduisait à terme à la disparition.

En réponse à M. Jean François-Poncet, président, il a évoqué le rapprochement nécessaire des cultures française et japonaise en relevant que la " culture managériale " japonaise s'était rapprochée du modèle anglo-saxon.

Il a ensuite reconnu que les américains du groupe Daimler-Chrysler s'étaient montrés réservés par rapport au rapprochement envisagé avec Nissan, cette attitude résultant sans doute de la crainte de voir le poids relatif de Chrysler se réduire dans l'ensemble du groupe.

Toujours en réponse à M. Jean François-Poncet, président, il a déclaré que les politiques de rapprochement étaient sans doute inachevées dans certaines zones (Corée ou Japon notamment) mais que des constructeurs tels que Fiat ou PSA semblaient être en mesure de poursuivre un développement autonome.

En réponse à M. Francis Grignon, rapporteur pour avis du budget de l'industrie, M. Louis Schweitzer a estimé que si les niveaux de prélèvements fiscaux et sociaux, de même que les dispositions législatives sur le temps de travail, étaient encore moins favorables dans le secteur automobile allemand, principal concurrent des constructeurs français, ils pesaient néanmoins fortement sur la compétitivité des entreprises automobiles, ainsi que la taxe professionnelle, impôt tout à fait spécifique à la France.

Toujours en réponse à M. Francis Grignon, rapporteur pour avis du budget de l'industrie, il a déclaré que la marge dégagée actuellement par Renault était suffisante pour assurer l'autofinancement du groupe.

Enfin, il a indiqué les raisons pour lesquelles Renault avait jugé que le marché de la " Smart " serait restreint.

En réponse à M. Michel Souplet, M. Louis Schweitzer a insisté sur les incertitudes qui pèsent sur les ventes potentielles de véhicules " bon marché " dotés des caractéristiques exigées par les marchés émergents et a expliqué que la " voiture à 6.000 $ " prévue avec Dacia permettrait de répondre à ce type de demande en offrant un véhicule robuste, fiable mais peu sophistiqué.

A la demande de M. Jean-François Le Grand, il a précisé que la prise de participation de Renault dans Nissan s'effectuait par une augmentation de capital (à hauteur de 55 %) du constructeur japonais et viendrait ainsi contribuer au désendettement de Nissan à due concurrence.

Répondant à M. Gérard Cornu, M. Louis Schweitzer a indiqué que les grands constructeurs, Ford et General Motors, avaient déjà effectué des prises de contrôle de constructeurs japonais et que, par ailleurs, le rapprochement de Renault avec Nissan était d'une tout autre nature que celui qui avait été envisagé avec Volvo.

Toujours en réponse à M. Gérard Cornu, il a indiqué qu'un retour de Renault à la Formule I n'aurait de sens que dans l'optique de nouvelles victoires, avant de rappeler que la quasi-impossibilité d'importer des véhicules d'occasion dans les pays émergents empêchait d'envisager l'extension dans ces zones du marché de l'occasion.

Interrogé par MM. Pierre Lefèbvre et Jean Huchon, le président directeur général de Renault a déclaré que Renault était prêt à affronter la concurrence de Toyota et que les prises de contrôle de marques de prestige, telles que Bentley ou Rolls Royce, n'allaient pas forcément dans le sens de la rationalité économique. Il a cependant souligné que Renault entendait, avec ses qualités propres, occuper, lui aussi, le créneau du haut de gamme.

Enfin, en réponse à M. Patrick Lassourd, M. Louis Schweitzer ne s'est pas déclaré partisan des subventions à l'achat d'automobiles, mais plutôt d'un réaménagement de la fiscalité automobile, qui continue de pénaliser les constructeurs dans un certain nombre de pays (Espagne, Belgique, Pays-Bas, Grèce, etc.) en suscitant des distorsions.

Jeudi 27 mai 1999

- Présidence de M. Marcel Bony, président d'âge. -

Résolutions européennes - Pêche - Propositions de règlement sur les modalités et conditions des actions structurelles dans le secteur de la pêche et portant organisation commune des marchés dans le secteur des produits de la pêche et de l'aquaculture

La commission a procédé à l'examen des amendements à la résolution n° 365 (1998-1999) adoptée par la commission, sur la proposition de règlement (CE) du Conseil définissant les modalités et conditions des actions structurelles dans le secteur de la pêche (n° E-1203) et sur la proposition de règlement (CE) du Conseil portant organisation commune des marchés dans le secteur des produits de la pêche et de l'aquaculture (n° E-1230) (M. Alain Gérard, rapporteur).

La commission s'en est remise à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 1 présenté par MM. Gérard Le Cam, Pierre Lefebvre, Mme Odette Terrade et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, et a donné un avis défavorable aux amendements n°s 2 et 3, présentés par les mêmes auteurs.