Salut solennel à Mme Ingrid Betancourt

M. le président.  - J'ai le très grand plaisir et l'honneur de saluer, à cet instant, la présence dans notre tribune officielle d'Ingrid Betancourt et de sa famille. (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent longuement)

J'ai souhaité le faire avec notre collègue Roland du Luart, président du groupe France-Amérique du Sud, et la plupart d'entre vous, pour lui faire part de notre joie de la voir aujourd'hui parmi nous et lui permettre de recevoir l'hommage solennel du Sénat de la République française.

En général, nous saluons ici des délégations de parlementaires étrangers invitées en France. Aujourd'hui, même si je n'oublie pas qu'Ingrid Betancourt a siégé au Sénat de Colombie, ce n'est pas la parlementaire que nous accueillons, mais notre compatriote enfin revenue à la lumière après des années de détention inacceptable et de souffrances intolérables.

Le nom de Betancourt résonne familièrement dans cet hémicycle où il a été si souvent évoqué, par nous-mêmes ou par les membres du Gouvernement qui répondaient à nos questions ou venaient nous informer de la situation dramatique qui était la vôtre. Un ami peut trahir, un ennemi peut tuer, mais il faut craindre plus encore l'indifférent qui les regardera faire. Le formidable élan de solidarité qui s'est exprimé en France depuis des années autour d'Ingrid Betancourt a montré qu'au moins ce danger lui avait été épargné. Oui, nous n'étions pas indifférents à votre captivité, à vos souffrances, nous pensions constamment à vous. Et votre présence aujourd'hui, si lumineuse, constitue un espoir et un exemple pour ceux qui souffrent partout dans le monde et espèrent que la liberté pourra l?emporter !

Bien sûr, madame, votre volonté exceptionnelle, trempée dans l'épreuve, votre refus constant d'abdiquer comme le souhaitaient ceux qui vous avaient enlevée, votre courage face aux sévices ou votre force de caractère face aux maladies, tout cela vous place dans une catégorie hors du commun. Mais je sais que vous continuez de penser, comme nous, aujourd'hui, à tous ceux qui sont encore -en Colombie ou ailleurs dans le monde- retenus dans la nuit.

Permettez-moi, chère Ingrid Betancourt, de terminer en exprimant, en mon nom et en celui de l'unanimité de mes collègues, à tous ceux qui ont oeuvré inlassablement à votre libération, la profonde gratitude du Sénat de la République française.

Vous savez l'énergie et les initiatives que n'ont cessé de prendre les autorités françaises pour vous soutenir. Et nous saluons bien entendu l'action décisive des autorités colombiennes. Cette libération prouve que lorsque toutes les forces nationales et internationales se rassemblent, il est possible de déplacer des montagnes !

Nous saluons donc aujourd'hui comme il se doit votre présence, je dirais votre présence physique, puisque -vous le savez- vous avez toujours été dans nos pensées au long des années douloureuses qui viennent de s'écouler, et que votre portrait est encore affiché -pour quelques instants- sur les grilles du Jardin du Luxembourg. Il rappelait aux passants que quelqu'un, quelque part, était retenu contre sa volonté et souffrait au nom de la liberté.

Merci, madame, pour l'exemple de courage, de foi dans la vie, et d'espérance que vous nous avez donné !

Recevez ici l'hommage du Sénat unanime. (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent chaleureusement Mme Ingrid Betancourt)

La séance est suspendue à 16 h 10.

La séance reprend à 16 h 25.