SÉANCE

du mardi 10 décembre 2013

43e séance de la session ordinaire 2013-2014

présidence de M. Jean-Pierre Bel

Secrétaires : Mme Michelle Demessine, M. Hubert Falco.

La séance est ouverte à 15 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.

Hommage à Nelson Mandela

M. le président.  - (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent)

À quelques moments de l'Histoire, au fil des siècles, s'élèvent des femmes, des hommes qui par leur courage, par leur détermination, donnent confiance et espoir à des millions d'autres. Nelson Mandela était de ceux qui incarnent les grandes luttes de leur temps et changent le cours de l'histoire.

Madiba, Nelson Mandela nous a quittés le 5 décembre.

Dans son combat contre le racisme, contre l'injustice, Nelson Mandela a porté au plus haut ses convictions, ses valeurs, qu'il avait chevillées au corps, de liberté, d'égalité, et de fin des discriminations. C'était un être rayonnant, éclatant, apportant un peu de lumière dans un vingtième siècle trop longtemps marqué par sa part d'ombre.

Nelson Mandela c'est d'abord le militant engagé.

Il participa à la création en 1944 de la Ligue des jeunes du Congrès national africain, l'ANC, avant de se rapprocher du parti communiste sud-africain.

Nelson Mandela, ce fut un révolutionnaire, un homme d'action.

Dans ce pays où Gandhi séjourna plus de vingt ans et où il conduisit ses premiers combats politiques, il mena des actions de désobéissance civile contre des centaines de lois qui retiraient aux Noirs, aux Indiens et aux métis leurs droits et libertés ; contre ce qu'il dénonça comme « un système monolithique, diabolique dans le détail, inéluctable dans son objectif et écrasant dans son pouvoir ». Cette désobéissance lui valut ses premières condamnations. Mais dans la résistance il acquit le sentiment de « marcher droit comme un homme et de regarder tout le monde dans les yeux avec dignité ».

Oui, révolutionnaire et non-violent, il fallut l'horreur du massacre de Sharpeville, le 21 mars 1960, pour qu'il reconsidère les méthodes d'action de l'ANC. Face à la brutalité sanglante de l'apartheid, qui ignorait les revendications légitimes de la population noire, il entra dans la clandestinité. Arrêté à son retour en Afrique du Sud après un voyage dans une douzaine de pays, il est mis en prison le 5 août 1962, pour n'en ressortir que le 11 février 1990, 28 ans après.

À 73 ans, cet homme enfin libre incarnait alors l'avenir de son pays. « Je me tiens devant vous non pas en tant que prophète mais en tant que serviteur de vous, le peuple » déclara-t-il en toute humilité. Son nom avait porté l'espoir de ceux qui luttèrent pendant quarante ans contre l'apartheid.

Parvenu à faire tomber le système ségrégationniste qui avait voulu le briser, Nelson Mandela fut un sage. Sa force, sa grandeur d'âme lui venaient aussi de la culture xhosa, découverte au cours de son adolescence dans la tribu Thembu. Il avait fait sienne l'Ubuntu, cette philosophie de fraternité, fondée sur l'appartenance de chacun à un ensemble plus vaste, à une humanité qui oblige au respect, à la compréhension d'autrui.

Loin de tout esprit de revanche, Nelson Mandela conduisit son pays sur le chemin de la réconciliation.

Devenu le symbole universel de toutes luttes contre le racisme et contre l'oppression, ce « héros au sourire si doux », pour reprendre les mots de Victor Hugo, donna à ces combats un visage. Prix Nobel de la paix, premier président démocratiquement élu de la République d'Afrique du Sud, c'est à Sharpeville qu'il choisit, en 1996, de parapher la nouvelle Constitution de la « nation arc-en-ciel ».

Nelson Mandela resta toute sa vie fidèle à la plaidoirie qu'il prononça lors du procès de Rivonia, il y a un demi-siècle, vouant sa vie à la « lutte pour le peuple africain », pour « l'idéal d'une société démocratique et libre dans laquelle tous vivraient ensemble, dans l'harmonie, avec d'égales opportunités ». Nelson Mandela savait qu'il ne suffit pas d'abolir certaines lois iniques pour faire disparaître les idées qui ont pu conduire à leur adoption. Il était conscient que tout ne vient pas en quelques mois, conscient du chemin qui reste à parcourir pour que chacun vive dans le respect et la dignité qui lui sont dus.

Nelson Mandela nous lègue ce message, cette responsabilité, celle d'oeuvrer encore et toujours pour la liberté, contre les discriminations raciales, pour ces idéaux universels auxquels notre pays est si profondément attaché. (Mmes et MM. les sénateurs applaudissent longuement)

Visite d'une délégation albanaise

M. le président.  - (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent)

J'ai l'honneur et le plaisir de saluer la présence, dans la tribune officielle, de M. Ilir Meta, président de l'Assemblée de la République d'Albanie. (Applaudissements)

M. Meta est accompagné de Mme Monika Kryemadhe, députée membre de la commission pour l'intégration européenne, de Son Excellence M. Dritan Tola, ambassadeur d'Albanie en France, et de notre collègue M. Bernard Fournier. Je me suis entretenu avec nos deux collègues albanais ce midi, avant qu'ils ne rencontrent des membres du groupe d'amitié.

Leur visite intervient après les élections législatives de juin dernier qui ont permis l'alternance politique en Albanie, et avec la proposition récente de la Commission européenne d'octroyer à ce pays le statut de candidat à l'Union européenne. La France soutient le processus de réformes qui permettra à l'Albanie d'entamer les négociations d'adhésion.

La visite du président Meta et de sa collègue contribue à renforcer les excellentes relations entre nos deux pays et nos deux assemblées. Au cours des derniers mois le Sénat a conduit une coopération intense en faveur du renforcement du Parlement albanais, dans le cadre d'un jumelage qui a abouti à la rédaction de guides de travail dans des domaines comme la procédure législative, le contrôle de l'action gouvernementale et la communication.

Je forme des voeux pour que le séjour des membres de la délégation réponde à leur attente, et je leur souhaite, en mon nom personnel et au nom du Sénat tout entier, la plus chaleureuse bienvenue. (Applaudissements)