Questions d'actualité

M. le président.  - L'ordre du jour appelle les questions d'actualité au Gouvernement.

Pour le respect des règles sanitaires, il vous est demandé de laisser un siège vide entre deux sièges occupés ou de porter un masque si ce n'est pas le cas.

Je rappelle que l'hémicycle fait l'objet d'un nettoyage et d'une désinfection avant et après chaque séance.

Chacun respectera son temps - deux minutes pour l'auteur de la question, deux minutes pour les membres du Gouvernement, à l'exception du Premier ministre.

Rôle du Parlement dans l'action gouvernementale

M. Hervé Marseille .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur quelques travées du groupe Les Républicains) Avant tout, permettez-moi de m'associer aux voeux de bienvenue formulés par le président Larcher et d'y ajouter mes voeux républicains de réussite.

Nos concitoyens attendent des décisions rapides et fortes sur l'emploi, la sécurité, la dette abyssale, etc.

Le Sénat est accueillant et a le souci du dialogue, pour peu qu'on veuille bien s'y prêter car il faut être deux pour cela. Ces dernières années, l'association du Parlement n'a pas été intensive, comme l'ont montré la multiplication des ordonnances, la réforme des retraites, le Grand débat après la crise des gilets jaunes ou encore la Convention citoyenne sur le climat. Ces sujets ont été beaucoup discutés ailleurs, mais pas au Parlement.

Le Président de la République s'exprimera le 14 juillet. Quelles sont vos priorités ? Comment associerez-vous le Sénat à la conduite de votre politique ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur quelques travées du groupe Les Républicains)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - Permettez-moi de vous faire part de ma vive émotion en m'exprimant pour la première fois devant vous dans le cadre de ma fonction. Je pense notamment à mon grand-père qui siégea ici, pendant neuf ans, pour représenter le beau département du Gers. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM et UC et sur quelques travées du groupe Les Républicains) Il n'est pas étranger à mon goût pour le service de la République, qui n'a jamais cessé de m'animer. Vous m'avez posé deux questions, l'une sur les priorités du Gouvernement et l'autre sur les relations de ce dernier avec le Parlement.

Mes priorités sont fixées par le Président de la République et seront déclinées devant vous dans le cadre de mon discours de politique générale. Elles sont également éclairées par un contexte nouveau et inquiétant marqué par une crise sanitaire d'ampleur exceptionnelle et une crise économique et sociale qui a déjà commencé.

Le Gouvernement de la République sera tout entier mobilisé et déterminé pour faire face à cette crise qui devra aussi nous servir à moderniser notre pays, dans la continuité des réformes structurelles engagées.

Nous ne pourrons relever le défi qu'avec une France la plus unie possible. Il revient à notre Gouvernement de rechercher les conditions de cette unité et de cette mobilisation.

Je suis un homme de dialogue.

M. Fabien Gay.  - On va voir !

M. Jean Castex, Premier ministre.  - J'ai la conviction que la mise en oeuvre des politiques publiques passera par les territoires. Je suis ici dans la chambre des territoires et je suis moi-même un élu local.

Ces considérations ne peuvent que conduire à respecter la représentation parlementaire et de surcroît à établir avec le Sénat des relations courtoises, républicaines et approfondies afin de servir nos concitoyens de façon plus efficace. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM)

Ségur de la santé

M. Martin Lévrier .  - (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM) Madame la ministre chargée de l'autonomie, félicitations pour votre nomination (Marques d'ironie à gauche) ainsi qu'à tous les membres du Gouvernement.

Le Premier ministre, à qui j'adresse mes salutations républicaines et gersoises de coeur, a mené la mission du déconfinement avec efficacité ; mais le virus circule encore en Guyane.

Premier grand défi : conclure dès cette semaine, le Ségur de la santé voulu par le Président de la République, lancé le 25 mai par Édouard Philippe et Olivier Véran, pour renouveler les fondations d'un système de santé plus innovant, plus souple et au service des patients. Il devra s'appuyer sur les territoires et sur un management renouvelé.

Madame la ministre, dès hier, le Premier ministre a augmenté de plus d'un milliard d'euros l'enveloppe pour la rémunération du personnel hospitalier. Comment assurer une distribution équitable entre les territoires ? (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - Je me permets de vous répondre eu égard à l'importance du sujet.

Nul besoin de souligner l'enjeu de la santé et le dévouement remarquable qu'ont démontré et démontrent encore tous les professionnels.

Mon prédécesseur, que je salue tout particulièrement, a décidé d'engager la grande concertation qu'est le Ségur de la santé. Parallèlement à la concertation, une négociation a été lancée avec les partenaires sociaux du secteur sur les volets salariaux et indemnitaires. Je souhaite que nous parvenions à un accord majoritaire. Le pays en a besoin. La santé en a besoin. Cet accord est à portée de main.

J'ai souhaité que l'effort déjà très significatif engagé par la Nation en guise de reconnaissance soit augmenté, non pour acheter un accord majoritaire ou pour marquer mon entrée en fonction, mais pour y inclure le volet de l'emploi dans les établissements de santé. Vous avez tous constaté les manques dans ce domaine.

Mieux payés, ils viendront plus nombreux. (M. Bruno Sido approuve.)

Dans le cadre de ces négociations, nous réfléchissons à améliorer l'efficience du système, ce qui passe par un renforcement du rôle des élus, notamment les maires, dans la gouvernance et le pilotage du système de santé. (Marques d'approbation et « Très bien ! » sur les travées à droite ; applaudissements sur les travées des groupes LaREM, UC et sur diverses travées du groupe Les Républicains)

Industrie aéronautique

Mme Françoise Laborde .  - (Applaudissements sur les travées du RDSE) Au nom du RDSE, je salue la venue du Premier ministre et de son Gouvernement.

Mon propos s'adresse au ministre de l'Économie, des finances et de la relance, mais je serai bien sûr ravie que la ministre déléguée chargée de l'industrie me réponde. (Sourires) C'est un séisme économique auquel nous assistons, écho de la crise sanitaire que le monde peine à endiguer. Je salue les plans de sauvegarde de nos filières industrielles que votre ministère a enclenchés rapidement, effort national inédit pour les entreprises : 8 milliards d'euros pour l'automobile, 15 milliards d'euros pour l'aéronautique, dont 7 milliards pour Air France.

Mon département de la Haute-Garonne est frappé de plein fouet, avec le siège mondial d'Airbus, et les plateformes régionales des compagnies aériennes. Mon département risque de payer cher le coût social de cette crise : plus de 5 000 suppressions d'emplois pour Airbus, combien de plus pour la supply chain ? L'onde de choc touchera les PME sous-traitantes ; jusqu'à 30 000 emplois seraient menacés. Air France annonce 7 500 postes supprimés d'ici à 2022. S'y ajoutent les 4 600 suppressions d'emplois annoncées par Renault.

Si tous les décideurs disent vouloir éviter les licenciements secs, comment l'État va-t-il veiller à ce que les fonds publics destinés à la relance de l'industrie soient utilisés pour protéger les emplois et les compétences en France ?

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie .  - Tout d'abord, permettez-moi de vous souhaiter un bon anniversaire. (Applaudissements)

Je partage votre préoccupation légitime pour l'emploi. Nous sommes confrontés à une crise mondiale qui touche toutes les chaînes de production. Boeing prévoit ainsi de supprimer 16 000 emplois. Il faut nous armer.

L'État a pris ses responsabilités avec des plans de soutien rapides et continuera à le faire avec un plan de relance pour préserver la croissance sur le long terme, poursuivre la transition énergétique et écologique et préserver notre capital humain.

Derrière les plans sectoriels que nous avons pris, il y a une attention particulière à l'emploi. Lorsque nous prévoyons de multiplier par quatre les dépenses de recherche et développement (R&D) du Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac), nous sauvegardons les emplois des ingénieurs et des techniciens aéronautiques. Lorsque la ministre des Armées passe des commandes, elle préserve la chaîne de production française.

Lorsque nous garantissons l'activité partielle, nous sauvegardons l'emploi. Sur les plans de restructuration, nous avons engagé un dialogue suivi et nous attendons des entreprises qu'elles soient parfaitement responsables. Ainsi Daher, qui avait annoncé 1 300 suppressions d'emplois, n'en prévoit plus que 500 grâce aux mesures d'accompagnement du Gouvernement. Nous poursuivons dans cette voie. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM)

Devenir de la réforme des retraites

Mme Éliane Assassi .  - J'adresse au Premier ministre la bienvenue au nom de mon groupe. Votre feuille de route fait apparaître le retour de la réforme des retraites, qui ne sera pas abandonnée a dit le Président de la République, alors qu'il cherchait la concorde nationale face à la pandémie.

Les appels à l'unité nationale se fracassent sur la reprise de ce projet repoussé par une large majorité de nos concitoyens. Vous soufflez sur les braises de la division. Vous vous appuyez sur un dogme libéral : travailler plus serait la seule voie pour l'équilibre financier.

Mais les richesses sont là, comme le prouvent les sommes considérables débloquées pour les entreprises.

« La Nation garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, (...) se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence ». Le gaullisme social, dont vous vous revendiquez, monsieur le Premier ministre, se fonde sur cet alinéa 11 du préambule de la Constitution de 1946.

Allez-vous renoncer à cette réforme des retraites dont les partenaires sociaux ne veulent plus entendre parler ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur quelques travées du groupe SOCR)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - Qui ne veut plus entendre parler de la réforme des retraites ? Refuser d'en parler, alors que l'équilibre des comptes - et donc la sauvegarde du système actuel - est compromis, ce serait irresponsable. (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les Indépendants ; M. Bruno Sido applaudit également ; protestations sur les travées du groupe CRCE)

Comme vous, je suis très attaché au préambule de la Constitution de 1946 et à notre politique sociale, ferment du pacte républicain. Qui peut dire que notre système de retraite est juste ? Il ne l'est pas. (Protestations à gauche)

M. David Assouline.  - Ne le rendez pas plus injuste !

M. Jean Castex, Premier ministre.  - Je vais rouvrir le dialogue. Toutes les organisations syndicales viendront discuter avec moi. Nous ne serons peut-être pas toujours d'accord mais nous définirons ensemble la méthode et le calendrier.

J'aborderai cette réforme dans un contexte global prenant en compte l'assurance chômage et la dépendance, sans perdre de vue l'indispensable relance économique.

Je proposerai aux partenaires sociaux de distinguer la réforme systémique, visant à plus de justice et d'égalité (Protestations) de la question de l'équilibre du système actuel : je demanderai aux partenaires sociaux de me faire des propositions.

Les systèmes Agirc et Arrco sont aussi menacés de déséquilibre et la négociation devra s'engager. Nous n'avons pas d'autre choix que de sauvegarder notre système de protection sociale. (Applaudissements sur les travées des groupeLaREM et Les Indépendants et sur quelques travées du groupe UC)

Mme Éliane Assassi.  - Cette réforme est irresponsable et injuste. Même le Medef est contre. (Rires) Vous êtes sur un très mauvais chemin. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE)

Politique générale

M. Patrick Kanner .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR) Au début du quinquennat, j'avais adressé mes voeux de réussite républicaine à votre prédécesseur et j'aurais tendance à avoir le même message pour vous, mais entre-temps, un fossé s'est creusé entre le Président de la République et les Français.

Ce dernier veut tracer un nouveau chemin ; les Français aussi, et ils l'ont montré en choisissant leurs maires et en sanctionnant lourdement la majorité présidentielle aux municipales.

Ce nouveau chemin est indispensable pour affronter la crise économique et sociale qui va s'amplifier. La jeunesse a besoin d'un plan d'urgence sociale. Malheureusement, la composition de votre Gouvernement et vos déclarations vous font apparaître comme l'homme du passif plutôt que comme l'incarnation du renouveau.

Mme Jacqueline Gourault, ministre.  - Sympathique !

M. Patrick Kanner.  - Ce passif est lourd : réforme des retraites, tentative de privatisation d'ADP, suppression de l'ISF, immigration, crise des gilets jaunes : un bilan qui fragmente notre pays, dans un climat anxiogène. Les Français, notamment les plus faibles, doivent être protégés de la crise, amortie provisoirement par le ruissèlement de la dette publique, mais que vous faites payer par tous.

Allez-vous changer radicalement de la politique menée depuis trois ans ? Allez-vous choisir entre les jours heureux de l'État-providence ou les jours désastreux de l'État-pénitence ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR, tandis qu'on ironise sur celles du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Sido.  - Ancien monde !

M. Jean Castex, Premier ministre .  - J'apprécie le caractère poétique de vos propos, mais ils sont un peu déconnectés de la réalité. (Rires à droite)

Le chemin annoncé par le Président de la République s'inscrit dans un nouveau contexte. (M. Bernard Fournier s'exclame.)

Nous faisons face à une crise exceptionnelle, mais faut-il pour autant renoncer aux réformes entreprises ? Non, rien ne serait pire que de revenir à une forme d'immobilisme.

Je dirige un gouvernement de combat, dans un contexte particulièrement dégradé.

Monsieur le président, vous avez évoqué les comptes publics, J'entends votre vif attachement à cette notion ! (Quelques rires à droite)

M. David Assouline.  - Un peu de respect ! Pas si vite !

M. Jean Castex, Premier ministre.  - La dégradation des comptes sociaux et publics ne devra pas être suivie dans quelques années du matraquage fiscal auquel d'autres majorités se sont livrées. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM ; M. Claude Malhuret applaudit également ; brouhaha général.)

Il faut répondre à cette crise internationale dans un cadre encore plus européen que par le passé, pour que les mesures réparatrices ne reposent pas sur les seuls contribuables. Il faut que l'Europe s'engage !

Il faudra aussi gérer dans la durée la dette covid, que cette crise va immanquablement créer.

Je suis à la tête d'un gouvernement renouvelé...

M. Jean-François Husson.  - Très peu !

M. Jean Castex, Premier ministre.  - Peut-être, mais ils sont beaux ! (On s'amuse sur diverses travées, tandis que M. Éric Dupond-Moretti, ministre de la justice, s'interroge.)

Nous allons protéger les Français tout en continuant à moderniser notre pays. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM)

M. Patrick Kanner.  - Vous vous dites gaulliste social...

M. Jean Castex, Premier ministre.  - C'est le cas !

M. Patrick Kanner.  - J'aurais aimé par conséquent vous entendre prononcer les mots de service public, de redistribution, de pouvoir d'achat, de planification. Vous ne l'avez pas fait, ce qui ne me rassure pas sur votre capacité à gérer les urgences sociales, sanitaires et économiques de notre pays. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR)

Situation de la justice en France

M. Alain Fouché .  - Je salue le nouveau Gouvernement. (On s'exclame sur les travées du groupe Les Républicains.) Monsieur le garde des Sceaux, vous voulez réformer la justice, garder le meilleur et changer le pire. Vaste chantier !

Nos concitoyens - près de la moitié selon un sondage récent - ont perdu confiance dans cette institution, cultivant même de la défiance envers elle. Qu'il est long et difficile d'obtenir justice dans notre pays ! À cause des procédures complexes et coûteuses, du manque criant de moyens humains et matériels, nos concitoyens sont trop nombreux à renoncer à faire valoir leurs droits. Ils ont le sentiment d'une justice forte avec les faibles et faible avec les forts. L'arbitraire est la plus grande menace qui pèse sur la justice.

Le meilleur rempart contre cela réside dans le respect des formes et des procédures. La loi doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. La justice ne se rend ni dans la rue ni sur les réseaux sociaux. Institution indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie, elle doit être dotée de moyens à la hauteur de sa mission. Les Français ont besoin d'une justice efficace, rapide et accessible.

Il faudrait revoir l'institution judiciaire de A à Z avez-vous déclaré. Quelles mesures comptez-vous prendre en priorité ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants et sur quelques travées des groupes LaREM et Les Républicains)

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux, ministre de la justice .  - Je suis fier et ému de la confiance du Président de la République et du Premier ministre. Je mesure l'humilité de la tâche qui est la mienne. Ma connaissance de la justice est empirique, charnelle.

M. Jean-Louis Tourenne.  - Ce n'est pas la question !

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux.  - Laissez-moi apprendre mon administration.

À droite.  - Vous n'avez pas le temps !

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux.  - J'aurai besoin de tous les parlementaires, de la majorité et de l'opposition. Je ne suis pas un politique.

À droite.  - Mais si !

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux.  - Il est possible de faire évoluer la procédure pénale. La commission d'enquête parlementaire Outreau a réussi à transcender les clivages, en proposant 82 modifications du code de procédure pénale.

La justice ne se résume pas à des moyens budgétaires ; elle est aussi l'affaire des hommes.

Mme Marie-Pierre de la Gontrie.  - Et des femmes !

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux.  - Des femmes et des hommes, oui !

Il faut remettre la présomption d'innocence au coeur de la justice, éviter des enquêtes préliminaires qui s'éternisent sans aucun contradictoire... (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM et sur plusieurs travées du groupe Les Républicains)

À gauche.  - Et Darmanin ?

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux.  - Les victimes ne sont parfois même pas reçues par le juge d'instruction...

Il faut une justice plus proche, plus humaine. Je suis allé hier en détention. (Protestations à gauche)

M. le président.  - Monsieur le garde des Sceaux, vous êtes pris par le temps, mais c'est votre première intervention... (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les Républicains)

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux.  - Pardonnez mon inexpérience...

M. Alain Fouché.  - Le ministre a donné des éléments intéressants. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants ; marques d'ironie sur les travées du groupe SOCR)

Politique du Gouvernement en matière de justice

M. Philippe Bas .  - (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Au nom du groupe Les Républicains, je souhaite la bienvenue au nouveau Gouvernement.

Je ne suis pas satisfait de la réponse que vous venez de faire à M. Fouché. En donnant une image incontestablement forte de la justice, vous créez une énorme attente.

Hier, vous faisiez un constat sévère mais lucide qui rejoignait celui que nous avions formulé dans notre rapport de 2017 : justiciables piétinant aux portes des tribunaux, magistrats et greffiers privés de moyens, avocats en situation de précarité, administration pénitentiaire à bout de souffle, détenus qui rejoignent le contingent des récidivistes faute de préparation à la réinsertion...

Le redressement de la justice est un défi essentiel pour notre République. Qu'entendez-vous faire pour le relever ? (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, Les Indépendants, LaREM et SOCR ; Mme Laurence Cohen applaudit également.)

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux, ministre de la justice .  - Vous me demandez ce que le Premier ministre m'a dit... La loi de programmation de la justice sera revue. Quant à vos travaux, ils sont d'ores et déjà sur mon bureau et je prendrai le temps de les lire intégralement.

Je recevrai prochainement tous les présidents de groupe. J'ai besoin de vous, de vos conseils, de votre contradictoire. C'est ainsi que nous ferons évoluer ensemble la justice de notre pays.

La France occupe tristement le douzième rang sur 47 pays pour le nombre de condamnations pour procès non équitable. Ce n'est pas une question de budget... (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les Indépendants)

M. Philippe Bas.  - Vous allez nous recevoir, certes, mais nous allons vous auditionner... Nous sommes pressés de vous voir ! Vous avez mis la barre très haut. C'est la bonne altitude ; à vous de la franchir ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées du groupe SOCR)

Épidémie de covid-19

M. Alain Milon .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Monsieur le Premier ministre, le covid-19 n'est pas un virus saisonnier que stoppe la hausse des températures. Les actions de prévention ne doivent pas être relâchées : Italie, Espagne, Portugal, Allemagne ont procédé à des reconfinements locaux. Quelque 2,5 millions de personnes ont ainsi été reconfinées. Nous devons nous préparer à une éventuelle deuxième vague.

Quelles actions allez-vous mettre en place pour éviter une nouvelle flambée épidémique ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - J'ai déclaré ce matin que nous devions anticiper une deuxième vague. C'est déjà ce que j'avais déclaré devant la commission des lois lorsque le Premier ministre Édouard Philippe m'avait chargé de préparer le déconfinement. L'attention s'était étonnamment focalisée sur cette déclaration : sitôt déconfinés, il faudrait reconfiner ? C'est pourtant le devoir de l'État d'anticiper l'évolution de l'épidémie, et de tirer les enseignements des phases antérieures.

Dans notre pays, la circulation virale est pour le moment contenue, mais rien ne dit que cela ne changera pas. Les élus ultra-marins le savent bien : certaines zones sont très touchées, comme la Guyane où je me rendrai dès dimanche. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM ; M. Jérôme Bignon applaudit également.)

Nous menons des actions ciblées de prévention avant même que des signes cliniques nous obligent à pratiquer des tests. Dans les clusters, nous avons acquis un savoir-faire qui nous permet d'éviter une diffusion trop large.

Enfin, nous allons tout faire, en cas de deuxième vague, pour éviter un reconfinement généralisé (M. Bruno Sido approuve.) car notre vie économique et sociale serait trop affectée.

Je suivrai très attentivement le sujet. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM ; MM. Jean-Claude Requier et Bruno Sido applaudissent également.)

M. Alain Milon.  - Voilà une réponse très générale. Nos concitoyens qui partent à l'étranger sont testés, mais les personnes qui en arrivent ne le sont pas. (MM. Bruno Sido et Roger Karoutchi s'en indignent.)

À Mazan, en Provence, des ouvriers espagnols ont été récemment testés positifs ; ils n'avaient pas été testés à leur entrée sur le territoire. Il faut renforcer les mesures dans les aéroports. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et Les Indépendants, ainsi que sur quelques travées du RDSE)

Politique sociale

M. Claude Raynal .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR) Notre pays est dans une situation d'urgence sanitaire, économique et sociale. La dégradation des chiffres de la croissance et de l'emploi est rapide et brutale.

Dans ce contexte, le Président de la République place la relance de la réforme des retraites au premier rang des urgences. Or notre pays a besoin de se rassembler, pas de se fracturer. Le chiffon rouge de l'âge pivot, les cicatrices du 49-3 montrent combien cette réforme est clivante. Votre volonté de rouvrir le débat rencontre une forte opposition des syndicats ouvriers comme patronaux.

Vous prêchez le dialogue et le compromis. Comment pouvez-vous annoncer la reprise des travaux sans concertation préalable ni agenda social ? Vous remobilisez à contretemps les forces vives de notre pays contre un projet incompris. Mieux vaudrait les mobiliser pour la relance et la lutte contre la pandémie.

Il en est de même pour l'assurance chômage aux effets dévastateurs pour les plus précaires. Le contexte a changé du tout au tout. Abrogez ce texte !

La crise de 2008 comme celle d'aujourd'hui montrent la pertinence de notre modèle social. Pourquoi l'affaiblir au lieu de le renforcer ? (Applaudissements sur les travées des groupes SOCR et CRCE)

Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion .  - La crise sanitaire que nous traversons et la crise économique et sociale qui nous menace sont inédites. Elles nous incitent à rouvrir le dialogue sur de nombreux sujets comme le plan de relance, la dépendance, la réforme de l'assurance chômage ou la réforme des retraites.

Nous voulons faire vivre la démocratie sociale grâce au dialogue avec tous les acteurs.

Cette crise nous confronte à de nouveaux défis sans effacer les difficultés antérieures que sont la justice de notre système de retraite ou l'efficacité de l'indemnisation du chômage.

Nous devons bâtir ensemble un nouveau modèle de protection sociale à la hauteur des enjeux du XXIe siècle. Tel est le sens des négociations que s'apprête à engager le Premier ministre. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM)

Risque de séparatisme

Mme Jacqueline Eustache-Brinio .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Les élections municipales ont montré ce que nous redoutions tous, à savoir une poussée de l'entrisme communautariste. (Protestations sur les travées du groupe SOCR)

À Garges-lès-Gonesse, le fondateur du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a failli l'emporter. À Strasbourg, le hidjab, réalisation de l'enfermement et de la négation du corps de la femme, a fait son entrée au conseil municipal.

L'islam politique trace son chemin face à un manque cruel de courage pour y faire obstacle en préservant notre unité et les valeurs de la République.

Il y a quelques mois, le Président de la République avait indiqué vouloir combattre le séparatisme islamiste. Or, à ce jour, nous n'avons toujours ni ligne directrice ni cap clair pour lutter efficacement contre les dérives qui mènent à la fracture de notre pays.

Monsieur le Premier ministre, sur ce sujet, il convient de ne pas être spectateur. Il y a quelques années, vous aviez parlé de « laïcité punitive » - alors que la laïcité ne doit pas être qualifiée. Vous aviez parlé d'un concordat avec l'islam.

Servir la France, c'est accepter de se faire détester par une minorité gesticulante pour protéger une majorité qui veut vivre en paix dans une France intégratrice.

Quelles seront vos réponses à l'islam politique qui veut assigner à résidence et exclure de la République une partie de nos concitoyens au profit d'une norme religieuse ?

Mme Éliane Assassi.  - C'est scandaleux !

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur .  - Le Président de la République et le Premier ministre nous ont fait confiance, à Marlène Schiappa et à moi, pour assurer la sécurité des Français par l'intermédiaire du corps préfectoral et de nos forces de l'ordre, et pour lutter contre le séparatisme.

Oui, l'islam politique est un ennemi mortel de la République. Oui, il faut combattre tout communautarisme. Mais la laïcité ne signifie pas la négation de la liberté de culte. Vos propos sont caricaturaux.

Mon grand-père priait Allah et portait l'uniforme de la République. Les tirailleurs algériens ont défendu les valeurs de la République tout en priant selon leur religion.

Mme Jacqueline Eustache-Brinio.  - Ce n'est pas le sujet.

M. Gérald Darmanin, ministre.  - Discutons de ce qui fait Nation - la Marseillaise, notre drapeau, notre langue et notre culture, tout ce qui nous rassemble - et évitons les caricatures.

Mon premier prénom est Gérald, mon deuxième prénom est Moussa et je suis fier d'être ministre de la République. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM)

Détenus radicalisés

Mme Nathalie Goulet .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC) Monsieur le garde des Sceaux, le Sénat a toujours été attentif au sort des prisonniers détenus pour terrorisme et radicalisés. Ils seront plus de cent cinquante à sortir en 2022. Nombre d'entre eux ont fait allégeance à l'État islamique, qui recommande le taqiya, c'est-à-dire la dissimulation et la fausse repentance.

Mme Belloubet se voulait rassurante, mais les moyens manquent. Qu'allez-vous faire pour assurer le suivi des détenus radicalisés en prison et dehors ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC ; MM. André Reichardt et Franck Menonville applaudissent également.)

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux, ministre de la justice .  - Dans quelques jours, je reviendrai devant vous pour l'examen de la proposition de loi relative aux mesures de sûreté pour les détenus et sortants radicalisés.

Mon ministère est celui des libertés, mais je suis tout aussi préoccupé de la sécurité des Français. L'équilibre entre liberté et sûreté est souvent précaire et difficile à trouver. L'application de la règle de droit distingue la civilisation de la barbarie.

Il y a 508 détenus prévenus ou condamnés pour terrorisme, 550 radicalisés, et l'on a compté 74 libérations anticipées pour des détenus auxquels il restait deux mois de prison à accomplir.

Les mesures post-pénales sont au coeur de mes préoccupations. J'aurai besoin de vous. (On ironise à gauche.)

Mme Nathalie Goulet.  - Merci de votre réponse. Cette proposition de loi a justement été déposée parce qu'il y avait des trous dans le suivi socio-judiciaire : pas d'application de la rétention de sûreté, ni de la surveillance de sécurité, presque pas de suivi...

Je vous invite, monsieur le ministre, à visiter la prison de Condé-sur-Sarthe. La personne chargée des détenus les plus dangereux sera heureuse de vous entendre.

Agriculture et écologie

M. Laurent Duplomb .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) L'écologie est dans tous les discours bien-pensants, mais les décisions prises sur l'autel de la décroissance devraient nous interroger, dans un contexte de « pire crise depuis 1929 », dixit Bruno Le Maire.

Avec la fermeture de deux réacteurs à Fessenheim, la France devra se fournir en énergie auprès de l'Allemagne à un coût plus élevé et pour un bilan carbone désastreux.

La Quassia ou quinine de Cayenne, additif utilisé contre les larves de l'hoplocampe du pommier, est autorisée en Allemagne, en Pologne, en Suisse, en Autriche, mais interdite en France.

Avez-vous conscience des conséquences néfastes de cette écologie punitive ? Comment y remédier ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique .  - Je remercie le Président de la République et le Premier ministre de me faire confiance pour ces gros enjeux de l'écologie.

Mme Laurence Rossignol. - Que de confiance aujourd'hui !

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. - L'écologie n'est pas punitive ; elle nous donne l'espoir de vivre demain dans un monde meilleur pour nos enfants, notre économie, nos emplois. L'écologie, c'est prendre un temps d'avance sur les difficultés à venir. La crise que nous vivons a des origines environnementales, liée notamment à une perte de la biodiversité.

On peut continuer à fermer les yeux, mais pas un agriculteur n'est heureux de diffuser des produits phytosanitaires sur ses terres. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains) Nos agriculteurs veulent produire de bons produits et vivre décemment de leur travail. Vous êtes les représentants des territoires. Nous avons besoin de vous pour transcrire l'anticipation dans les faits, rééquilibrer notre mix énergétique, relancer la rénovation thermique, source d'emplois non délocalisables.

M. Laurent Duplomb.  - Comme votre collègue Nicolas Hulot, vous prônez le juste échange et non le libre-échange, mais vous vous êtes abstenue sur le CETA.

Votre écologie est surtout une posture politique. D'ici à ce que vous ne fassiez comme Michael Shellenberger, écologiste de la première heure qui affirme : « au nom des écologistes, je tiens à m'excuser pour avoir répandu la peur climatique », titre de son livre dans lequel il dénonce la déclaration apocalyptique sur le climat comme scientifiquement erronée et politiquement contreproductive, il n'y a qu'un pas ! (Protestations sur les travées du groupe SOCR)

Agri-viticulture

Mme Nathalie Delattre .  - (Applaudissements sur les travées du RDSE) Je me fais la porte-parole des territoires viticoles pour vous souhaiter la bienvenue, monsieur le ministre de l'Agriculture, en tant que présidente de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin.

En Gironde, la viticulture est le premier employeur du département, avec plus de 500 000 emplois. Mais le changement climatique, la taxe Trump et le confinement ont plongé les exploitations dans une profonde détresse, de sorte qu'il est urgent de les aider.

L'État a débloqué des milliards d'euros pour aider certaines filières et c'était un besoin impérieux. Mais la viticulture ne mérite-t-elle que des miettes ? Allez-vous apporter un soutien à la viticulture à la hauteur de ce qu'elle représente pour la France ? (Applaudissements sur les travées du RDSE)

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Oui, je m'engagerai pleinement pour la viticulture et tous les pans de l'agriculture qui sont des éléments de notre identité.

Les défis sont immenses. Le Gouvernement est à l'oeuvre. Je salue les mesures engagées par Didier Guillaume pour contrer les taxes américaines : aides à l'exportation et doublement des fonds de France Business.

Peut-être faudrait-il augmenter le volume de l'enveloppe destinée à la distillerie ? Je m'engage à ouvrir le dossier. Il n'y a pas de limite du temps de parole ?

M. le président.  - C'est comme le titrage du vin, à la sortie de l'alambic ! (Sourires)

M. Julien Denormandie, ministre.  - Un accompagnement spécifique est prévu dans le PLFR 3. Enfin, des adaptations ont été adoptées par la Commission européenne sur les mesures de marché, notamment grâce à la France.

Mme Nathalie Delattre.  - Les mots ne suffisent pas. Je me permets de vous proposer quelques mesures : un fonds de compensation de 300 millions d'euros pour dédommager les viticulteurs de la taxe Trump, mais aussi une enveloppe plus conséquente destinée à la distillation de crise. Enfin, le PLFR 3 exclut 80 % des exploitations viticoles des plans de soutien. Comment paieront-elles leurs charges sans avoir fait de recettes ? Où est le dispositif spécifique promis par votre prédécesseur ? Ouvrez les vannes pour l'agriculture, sinon vous aurez des friches !

Politique environnementale

M. Gilbert-Luc Devinaz .  - Le Haut Conseil pour le climat fait un constat sans appel : manque de suivi des politiques annoncées, manque de fermeté dans le pilotage. La crise illustre notre vulnérabilité au choc sanitaire et climatique.

C'est pourtant le moment de concilier relance de l'activité et lutte contre le changement climatique. Il n'y a pas d'amour, seulement des preuves d'amour, dit-on. Où sont les preuves d'une relance industrielle durable ?

Dans le Rhône, les 128 salariés de l'usine de production du médicament Famar vont être licenciés. Sanofi annonce la construction d'une nouvelle usine mais, une semaine plus tard, supprime 1 000 emplois en France.

Qu'en sera-t-il des belles déclarations pour une relance plus verte ? Je ne vois rien dans le nouveau projet de loi de finances rectificative. La rénovation des logements pourrait pourtant aider les cinq millions de victimes de la précarité énergétique, qui ont froid l'hiver et chaud l'été et qui paient cher leur chauffage.

Madame la ministre, combien allez-vous débloquer pour cette rénovation énergétique ? (Applaudissements sur quelques travées du groupe SOCR)

Mme Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du logement .  - Mon prédécesseur avait défini son ministère comme celui de la rénovation tout autant que de la construction. Je m'inscris dans la continuité de cette position.

La rénovation énergétique des bâtiments est la clé pour le climat, pour la planète, pour le pouvoir d'achat et pour notre activité économique. Le Haut Conseil pour le climat a rappelé que le bâtiment était la deuxième cause d'émissions de gaz à effet de serre en France. La rénovation énergétique est donc un gisement énorme d'économies ; elle peut aider des millions de personnes en précarité énergétique.

Le Président de la République a annoncé que 15 milliards d'euros seraient consacrés à la transition énergétique dans le plan de relance, et la rénovation des logements y aura toute sa place. Plus de 3,5 milliards ont déjà été consacrés à la rénovation énergétique, que ce soit pour l'isolation ou le changement de chaudière. Nous avons multiplié par trois le nombre d'initiatives en faveur des économies d'énergie. Nous serons au rendez-vous. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM ; M. Bruno Sido applaudit également.)

Situation au Liban

Mme Christine Lavarde .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Il y a dix jours, avec Bruno Retailleau, président du groupe de liaison, de réflexion, de vigilance et de solidarité avec les chrétiens, les minorités au Moyen-Orient et les Kurdes, nous avons attiré votre attention sur les écoles chrétiennes francophones au Liban.

L'ambassadeur de France au Liban a évoqué dans un tweet un plan de soutien pour 53 établissements, qui ne couvre donc pas le nombre total des établissements chrétiens francophones. Près de 20 % des enfants libanais sont scolarisés dans ce type d'établissements, qui s'adressent aussi aux autres confessions et aux classes défavorisées.

À Baalbek, 90 % des enfants scolarisés sont chiites. Comment comptez-vous les aider ? Sur 50 millions d'euros de crédits dans le PLFR 3, combien iront aux écoles chrétiennes du Liban ? Où en est la création d'un fonds spécifique pour les écoles chrétiennes du Moyen-Orient ? Est-il possible d'accorder aux écoles non homologuées un statut associé qui les ferait entrer dans le giron de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains ; MM. Alain Cazabonne, Jean-Pierre Moga et Franck Menonville applaudissent également.)

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères .  - Je connais votre intérêt pour le Liban. Dans quelques jours, je rendrai publiques des mesures pour des écoles homologuées et, dans le même mouvement, une initiative pour les écoles chrétiennes non homologuées au Moyen-Orient - l'initiative dite Personnaz.

Vous connaissez la relation historique, passionnelle et amicale qui lie la France au Liban. Je suis très inquiet et triste de la situation dans ce pays. La moitié de la population est sous le seuil de pauvreté, la livre libanaise ne cesse de se déprécier, la dette d'exploser.

Le gouvernement Diab, difficilement installé, n'a pas pu mettre en oeuvre les réformes annoncées en février sur une période de cent jours. Nous savons ce qu'il faut faire, sur la transparence, sur la réforme du système. Mais rien ne bouge...

La France et la communauté internationale ne peuvent rien faire sans un sursaut des autorités libanaises. Elles doivent se ressaisir. C'est le message que je leur adresse : aidez-nous à vous aider ! (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM, Les Indépendants et sur quelques travées des groupes UC, Les Républicains et RDSE)

Mme Christine Lavarde.  - Merci pour cette réponse. Si, conformément aux annonces du Président de la République devant l'Académie française en février 2018, vous voulez multiplier par deux le nombre d'écoles chrétiennes homologuées au Moyen-Orient, c'est au Liban que vous trouverez les écoles francophones. Les mesures à prendre ne coûtent pas cher.

Un référent à Paris serait une bonne porte d'entrée. On pourrait aussi former gratuitement les professeurs du premier niveau, comme le fait le British Council. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. le président.  - En raison d'un agenda chargé, avec la Fête nationale et la déclaration de politique générale, les prochaines questions d'actualité au Gouvernement auront lieu jeudi 16 juillet à 18 heures.

La séance est suspendue à 16 h 30.

présidence de M. Vincent Delahaye, vice-président

La séance reprend à 16 h 40.