Hommage à Marcel Henry

M. le président.  - (Mmes et MM. les sénateurs ainsi que M. le ministre se lèvent.) C'est avec une profonde émotion que nous avons appris le décès lundi 30 août dernier de notre ancien collègue Marcel Henry, qui fut sénateur de Mayotte de 1977 à 2004.

La vie et l'engagement de Marcel Henry se confondent avec l'histoire de Mayotte, de son maintien dans la République et de sa transformation en département.

Né en 1926, Marcel Henry s'est engagé en politique à partir de 1958, aux côtés de son oncle. Il participe à la fondation du Mouvement populaire mahorais (MPM) en 1963, parti favorable à l'appartenance de Mayotte à la France, dont il devient une des figures.

Il est en effet l'un des plus ardents partisans du maintien de Mayotte dans la République. Il rassemble alors autour de lui de nombreux militants, notamment les « Chatouilleuses », des femmes qui jouèrent un rôle décisif dans ce combat.

Le 22 décembre 1974, la population de Mayotte se prononce à plus de 60 % pour le maintien dans la République, un amendement adopté par le Sénat lors du vote de la loi organisant la consultation d'autodétermination des populations des Comores ayant permis un décompte des suffrages île par île.

Le 8 février 1976, une nouvelle consultation est organisée à Mayotte et 99,4 % des suffrages s'expriment pour le maintien dans la République.

Marcel Henry est élu sénateur en 1977 et, lors de sa première intervention dans cet hémicycle, le 2 décembre 1977, il salue le rôle du Sénat en ces termes : « les Mahorais savent le rôle éminent joué par le Parlement, et spécialement par la Haute assemblée, dans la décision de la France de conserver Mayotte en son sein ». Il affirme également : « en choisissant nettement, sans la moindre ambiguïté, de rester française, Mayotte a choisi la liberté ».

À la suite de la consultation de 1976, la départementalisation devient le combat majeur de Marcel Henry. Il en est le défenseur acharné au sein de cet hémicycle pendant ses 27 années de mandat. Comme il le disait à cette tribune en mars 2000, à l'occasion de la discussion d'un projet de loi relatif à Mayotte, « la population mahoraise pense que cette première victoire [à savoir le maintien dans la République] doit être parachevée par l'accession au statut de département. Pour ma part, c'est la mission que j'ai reçue de ceux qui me font confiance depuis très longtemps et je ne m'en laisserai pas détourner ».

Retiré de la vie politique en 2004, à la fin de son mandat sénatorial, il participe cependant activement en 2009 à la campagne pour l'adoption du statut de département proposé par le Président de la République Nicolas Sarkozy qui aboutit le 31 mars 2011 : Mayotte devient alors le 101e département français.

Au nom du Sénat tout entier, je souhaite exprimer notre sympathie et notre profonde compassion à sa famille, à ses proches, à nos compatriotes mahorais, à nos collègues de Mayotte Thani Mohamed Soilihi et Abdallah Hassan, retenus sur l'île afin d'accueillir une délégation de la commission des lois, ainsi qu'au président et aux membres du groupe de l'Union centriste auquel il a appartenu.

Je vous propose d'observer un instant de recueillement en sa mémoire. (Mmes et MM. les sénateurs ainsi que M. le ministre observent un instant de silence.)

M. Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer.  - Le Gouvernement de la République s'associe à l'hommage du Sénat à Marcel Henry. J'ai adressé mes condoléances à sa famille - il nous a quittés, hélas, lorsque je me trouvais sur l'archipel.

Je vous confirme que le Gouvernement proposera que l'aéroport international de Mayotte soit baptisé du nom de Marcel Henry. (Applaudissements)