Réuni le mardi 12 mars 2024 sous la présidence de M. Hugues SAURY (Les Républicains – Loiret), président, le groupe d’amitié France – Pays de la Corne de l’Afrique s’est entretenu avec M. Essa KAYD MAHAMOUD, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Somaliland, accompagné de M. Abdourahman YASSIN, Représentant du Somaliland en France.

Ont également participé à la réunion : MM. Olivier CADIC (Union centriste – Français établis hors de France) et Jean-Baptiste LEMOYNE (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants – Yonne).

Les membres du groupe d’amitié ont écouté leurs interlocuteurs et leur ont posé de nombreuses questions propices à des échanges nourris.

Le ministre a rappelé que, lors de l’indépendance de la Somalie, le 26 juin 1960, le Somaliland s’était associé avec cette dernière comme État souverain, et son indépendance avait d’ailleurs été reconnue par 35 États. L’arrivée au pouvoir de Siad BARRE en Somalie, à la fin des années 1960, a été très préjudiciable au Somaliland (guerre, exactions, destruction de la capitale, flux de réfugiés vers l’Éthiopie, etc.). Lors de la chute de son régime, en 1991, le Somaliland a repris sa souveraineté et instauré un État démocratique, dont la Constitution reconnaît les droits fondamentaux et la liberté religieuse.

Le Somaliland tient des élections, nationales et locales, régulières, qui se déroulent selon les normes démocratiques et sous le contrôle d’institutions indépendantes. Leur régularité est facilitée par l’existence de documents d’identité numérisés. La prochaine élection présidentielle aura lieu au mois de novembre, les observateurs internationaux y étant les bienvenus. Le Somaliland a tous les attributs d’un État : une police, une armée, un système judiciaire indépendant, un parlement bicaméral fonctionnel – les députés sont élus au suffrage universel direct, et les sénateurs, qui représentent les territoires, sont nommés –, alors que la Somalie est un État failli, bien que soutenu à grands frais par la communauté internationale.

Le Somaliland est le seul pays de la Corne de l’Afrique à remettre en cause l’influence chinoise ; il reconnaît d’ailleurs Taïwan. Les autorités se sont engagées dans une lutte déterminée contre le terrorisme – avec la présence des Shebabs notamment, très nombreux en Somalie –, ainsi que contre le trafic d’armes.

Le récent accord entre le Somaliland et l’Éthiopie a permis la reconnaissance de l’indépendance somalilandaise par l’Éthiopie et a donné à cette dernière un accès à la mer.

Le Somaliland dispose de nombreuses opportunités (pétrole, gaz, eau) pour les entreprises françaises, lesquelles gagneraient à s’y installer. Du reste, 15 % à 20 % de la population du pays est francophone. Les domaines de coopération potentielle franco-somalilandaise sont nombreux, y compris en matière d’échanges de renseignements et de défense, une base militaire française pouvant être implantée sur le territoire somalilandais. En effet, le pays occupe une position stratégique dans la Corne de l’Afrique, où les influences étrangères sont nombreuses et marquées. La présence française aurait des vertus équilibrantes dans la région.

Le Somaliland entretient de bonnes relations avec ses voisins –notamment avec l’Éthiopie –, même si ses relations avec Djibouti se sont récemment refroidies. Six ou sept pays y entretiennent une présence consulaire, dont le Royaume-Uni, qui est toutefois le seul État européen présent officiellement. Le Sénat américain est doté d’un groupe d’amitié États-Unis-Somaliland. Israël serait prêt à reconnaître la souveraineté somalilandaise.

De manière générale, le Somaliland souffre d’être méconnu et mal compris. Il est souvent confondu avec la Somalie, alors qu’il s’agit de deux pays distincts et très différents. Une stratégie « des petits pas », valorisant les atouts du Somaliland, pourrait permettre sa plus large reconnaissance internationale.

MM. Essa KAYD MAHAMOUD et Abdourahman YASSIN, entourés de MM. Jean-Baptiste LEMOYNE, Hugues SAURY, et Olivier CADIC

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