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(1ère lecture, 1ère délibération, séance du lundi 11 février 1884)

Les articles 100 et 101 de la proposition de loi traitent des sonneries religieuses et civiles des cloches des églises et de la détention des clefs de ces édifices par le maire et le curé. Ils rencontrèrent une forte opposition parmi les catholiques.

M. Chesnelong. (...) Vous savez aussi que, dans notre culte, les sonneries des cloches se mêlent à tout. Elles appellent les fidèles à la prière, elles annoncent toutes les fêtes et toutes les cérémonies religieuses ; elles retentissent pour les baptêmes et les mariages ; elles s’associent, à leur manière, à l’hommage que nous rendons à nos morts. (Très bien ! à droite.)

Entendez, messieurs, cette parole d’un libre penseur, qui, à ses heures, était souvent chrétien, au moins par le souvenir, par le sentiment et par l’imagination. Elle est admirable, et elle est de Michelet.

En parlant, dans son histoire de France, de la libératrice d’Orléans, qui, dans sa prison de Rouen, sentait son courage se ranimer en entendant, le jour de Pâques, les cinq cents clochers de la ville annoncer la grande fête des chrétiens, il ajoute :

" Faisons les fiers tant que nous voudrons, philosophes et raisonneurs que nous sommes aujourd’hui. Mais qui de nous, parmi les agitations du mouvement moderne, ou dans les captivités volontaires de l’étude, qui de nous entend sans émotion le bruit des belles fêtes chrétiennes, la voix touchante des cloches et leur doux reproche maternel ? "

Ne passons donc pas avec indifférence, messieurs, à côté de cette question des cloches. Il n’y a pas, après tout, une circonstance un peu importante de la vie du chrétien où la cloche de nos églises n’ait sa place et son rôle. (Approbation à droite.)(...) 

(1ère lecture, 2e délibération, séance du lundi 10 mars 1884)

M. Lucien Brun. Eh bien, je vous dis que dans ces deux articles vous entreprenez la désaffection des églises, la laïcisation des édifices consacrés au culte. (Très bien ! à droite.)

Vous voulez donner la clef de l’église au maire, à un laïque, représentant du pouvoir civil. Eh  bien ! en faisant cela, entendez-vous vous nous blessez au cœur, vous imposez aux consciences catholiques une intolérable inquiétude. Messieurs, l’Eglise, c’est la maison de Dieu ; l’Eglise ne renferme pas seulement les registres de la catholicité, elle ne renferme pas seulement le mobilier, dont le curé est responsable : Dieu lui-même est là ! (Vive approbation à droite.) (...)

Nous, catholiques, nous nous déclarons profondément blessés lorsque, dans la maison de Dieu, il y a un autre maître que le ministre de Dieu ! La clef, c’est le signe de l’autorité. Nous ne pouvons accepter qu’il y ait d’autre autorité dans l’église que celle du prêtre (Très bien ! très bien sur les mêmes bancs.)