Baron HAUSSMANN

Haussmann va pouvoir se mettre à l'œuvre. Pendant 17 ans la capitale devient un immense chantier au service d'un projet d'urbanisme qui transforme définitivement le visage de Paris.

En 1850, Paris est une ville où les conditions d'hygiène sont quasi-inexistantes ; nombreuses sont les rues qui ont pour égout leur caniveau central. Les rues sont étroites, sinueuses, insalubres ; ni l'air, ni le soleil ne peuvent y pénétrer. La misère, les maladies, la mortalité infantile s'épanouissent. Le percement de nouvelles artères doit servir tout autant à faire pénétrer l'air et la lumière qu'à faciliter la répression des émeutes. 

  Plan de Paris en 1859

Laissons parler le comte Siméon, rapporteur au Sénat du projet de loi sur les embellissements de Paris : « Paris avait besoin de sécurité contre les perturbateurs du repos public ; de salubrité dans certains quartiers où l'air et le jour n'avaient jamais pénétré ; de facilité de circulation dans les rues encombrées par une population croissante et près des abords des grandes gares de chemins de fer ; de belles promenades qui manquaient à la première Cité de l'Empire ».

L'œuvre d'Haussmann est traditionnellement répartie en trois réseaux. Cette distinction est principalement d'ordre financier. Au début l'Etat contribue aux dépenses pour moitié, voire pour deux tiers. Mais, le Corps législatif rejetant une part de plus en plus considérable des dépenses sur la ville de Paris, le deuxième réseau ne comporte qu'une participation réduite de l'Etat. Finalement le troisième réseau ne sera financé que par le budget municipal.

Le premier réseau concerne essentiellement la grande croisée de Paris, l'axe est-ouest se matérialisant avec la jonction de la rue de Rivoli avec la rue Saint-Antoine, et l'axe nord-sud par l'ouverture d'un boulevard du Centre, qui deviendra le boulevard de Sébastopol, continuant le boulevard de Strasbourg.

Mais l'argent manque pour continuer les travaux. Un nouveau programme, assorti d'un emprunt est présenté au Corps législatif. Il comprend la création de 27 kilomètres de voies nouvelles sur 10 ans. La dépense est évaluée à 180 millions dont 60 devront être payés par l'Etat et 120 par la ville. La loi est votée en 1858 avec 180 voix pour et 45 contre, et la convention qu'elle approuve est connue sous le nom de « Traité des 180 millions ». C'est véritablement l'ère des grands travaux : place du Château d'Eau et quartiers de l'Est, avenue Daumesnil et bois de Vincennes, place de l'Europe et gare de l'Ouest, boulevard Malesherbes et naissance du quartier Monceau, place de l'Etoile, quartier de Chaillot et du Trocadéro, boulevards de la rive gauche, Cité et vieux Paris.

Inauguration du boulevard de Sébastopol le 5 avril 1858