En 1856, paraît en première page du journal "le Moniteur" un article, sans doute inspiré par Napoléon III : un rappel à l'ordre très sec du Sénat. L'auteur accuse les sénateurs "de se laisser dominer, peut-être par les souvenirs et les habitudes de l'ancienne pairie... de se livrer à un travail sans but et par conséquent sans autorité en discutant ce qu'il n'a pas le droit de changer, si ce n'est pour cause d'inconstitutionnalité."

Il rappelle ce qui, aux yeux des auteurs de la Constitution, représente une part essentielle du rôle du Sénat "parcourir le pays, s'informer de ses besoins et formuler ensuite des projets qui en seraient l'expression."

Il insiste sur ce droit d'observation et d'initiative, met en parallèle l'Empereur, le Gouvernement, les conseillers d'Etat absorbés par les innombrables questions de chaque jour et le temps dont dispose le Sénat : "il dépend de lui de rendre ses loisirs plus utiles que ne l'étaient les travaux de l'assemblée dont il occupe la place au Luxembourg."

Face à cette critique, Drouyn du Luys, sénateur, diplomate et plusieurs fois ministre des affaires étrangères, donne sa démission. Napoléon III ne semble pas lui en avoir tenu rigueur car, en 1862, il est à nouveau ministre des affaires  étrangères et en 1865, il retrouve son fauteuil de sénateur.