Après la défaite de Sedan, le Second empire s’effondre. La République est proclamée le 4 septembre 1870. Le lendemain, inspiré du " comité de salut public " de la Révolution française, se crée le " comité des vingt arrondissements ", qui prône la levée en masse pour défendre la patrie.

Ce mouvement est encouragé par Gambetta. Tenant d’une République centralisatrice et jacobine, chef du gouvernement provisoire, Gambetta, ayant quitté Paris assiégée, continue, de Tours, à diriger les combats.

Dans le même temps, républicains modérés, conservateurs et libéraux, négocient la paix sous l’impulsion d’Adolphe Thiers et de Jules Grévy.

Ainsi politiquement divisée, la France est doublement brisée : militairement, par la défaite ; moralement, par la menace de guerre civile.

Après la signature de l’armistice, le 28 janvier 1871, et la chute du gouvernement Gambetta, une " Assemblée nationale " est élue le 8 février 1871. Contre toute attente, ce scrutin donne la majorité aux conservateurs : ils avaient fait campagne pour la paix. Les républicains ne sont plus que 150 sur 645 députés. L’Assemblée compte aussi 40 députés libéraux qui se rallieront rapidement aux républicains, 400 monarchistes, dont 214 orléanistes et enfin, 20 bonapartistes.

Réunie à Bordeaux, elle porte à sa présidence Jules Grévy (1807-1891), un républicain modéré, opposé à la dictature jacobine de Gambetta. Thiers est nommé chef du pouvoir exécutif - le titre de président de la République n’apparaîtra qu’avec la loi Rivet du 31 Août 1871 - et choisit ses ministres parmi les républicains modérés, pourtant minoritaires.

Pour prix de sa défaite, la France doit verser à l’Allemagne un tribut de 5 milliards de francs-or ; habilement, Thiers en subordonne le paiement au retrait des troupes d’occupation. La perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine au profit de la Prusse, constitue une blessure qui rendra cruciale la question de l’organisation de l’armée, à laquelle s’attache, en particulier, le duc d’Audiffret-Pasquier.

Tandis que s’achève le règlement de la guerre, à l’inverse de la province, le 8 février, Paris vote, " républicain et patriote ". En d’autres termes, Paris vote pour la poursuite de la guerre ; Paris se soulève ; c’est l’insurrection. La " Commune " est proclamée en mars 1871, contre le gouvernement légal.

Les pouvoirs publics se transportent de Bordeaux à Versailles.

En mai, sur les directives de Thiers, l’armée des " Versaillais " écrase la Commune, provoquant un bain de sang, qui aurait fait plus de 30 000 morts.

Devant cette tragédie, toute la classe politique, notamment les orléanistes sous l’impulsion du comte de Paris, lui-même, s’intéresse au sort de la classe ouvrière. La France découvre, avec retard, les réalités sociales nouvelles, issues de la révolution industrielle, engagée par la Monarchie de Juillet.

En réaction à la Commune, le catholicisme connaît un grand essor, que marque symboliquement la construction du Sacré-Cœur de Paris, tout comme les pèlerinages de Lourdes, de Paray-le-Monial et de La Salette, organisés pour " expier " la défaite.

Alors qu’au fil de nombreuses élections partielles, l’Assemblée comprend de plus en plus de républicains modérés, la restauration monarchique, quoique inscrite dans la logique du projet politique de la majorité, échoue à cause de la division entre les légitimistes (partisans des Bourbons) et les Orléanistes.

En effet, le comte de Chambord, prétendant au trône des Bourbons, n’accepte le pouvoir que sous condition. Pour lui, la France doit abandonner le drapeau tricolore au profit du drapeau blanc. Il veut ainsi imposer la restauration de la souveraineté " monarchique ", au détriment de la souveraineté " nationale " que, de longue date, les orléanistes ont acceptée. Au-delà même du symbole, le comte de Chambord, sans descendance directe, hésite à ouvrir la voie aux Orléans.

Napoléon III meurt en janvier 1873 ; les bonapartistes se rallient alors aux monarchistes, ce qui entraîne la chute de Thiers.

Le maréchal de Mac-Mahon est élu président de la République, le 24 mai 1873. Ce monarchiste sera le premier bénéficiaire du septennat, institué par la loi du 20 novembre 1873.

Les lois constitutionnelles de février et juillet 1875, qui fondent la IIIème République, ne tranchent pas le débat entre régime " parlementaire " et régime " présidentiel ".

Après les élections législatives des 20 février et 6 mars 1876 qui donnent aux républicains la majorité à la Chambre des députés, avec 360 sièges, le maréchal de Mac-Mahon désigne, à la présidence du Conseil, Jules Dufaure, puis Jules Simon.

Le 16 mai 1877, Mac-Mahon prend prétexte d’un désaccord à propos de la loi sur les délits de presse pour renvoyer Jules Simon et nommer un gouvernement dit de " l’ordre moral ", dirigé par le duc de Broglie, en totale opposition avec la majorité républicaine de la Chambre. Le 19 juin 1877, les 363 députés du " Bloc des gauches " votent la défiance. Le maréchal obtient le 22 juin l’accord du Sénat, que préside le duc d’Audiffret-Pasquier, pour dissoudre, le 25 juin, la Chambre des députés.

Les élections sont volontairement fixées le plus tard possible, pour octobre 1877, afin de mettre le gouvernement en mesure de les préparer et d’influencer l’opinion. Malgré cette campagne, les républicains conservent la majorité face aux conservateurs.

Broglie démissionne le 19 novembre 1877. Mac-Mahon fera de même, le 30 janvier 1879. Il est alors remplacé par le républicain Jules Grévy.

Dès le premier renouvellement d’un tiers du Sénat, en janvier 1879, la majorité de la Chambre haute devient républicaine. Le duc d’Audiffret-Pasquier, membre du centre droit, est alors remplacé par un autre inamovible, de centre gauche, Louis Martel.

A l’automne 1879, les deux assemblées votent leur retour à Paris. Dans la vaste salle de l’aile du midi, construite en 1875 pour accueillir les députés, qui laissaient la salle de l’opéra Gabriel aux sénateurs, se tiennent, depuis cette date, les séances des deux chambres du Parlement, réuni en Congrès.

Après l’échec de 1877, aucun président de la IIIème République n’osera plus dissoudre la Chambre. La République parlementaire triomphait.

Dossier d'archives : le Duc d'Audiffret-Pasquier