Paris, 2 octobre 1877.

Mon cher ami,

Comme nous en sommes convenus, je vous transmets une plainte du Ministre de la guerre contre un passage odieux du livre de Victor Hugo.

Entre nous, je n'ai pas d'envie de soulever à propos de ces quelques lignes la question qui nous divise : nos affaires électorales vont aussi bien que possible, la situation donnée. Je ne vois aucun intérêt à faire naître un incident de cette nature.

Mais Berthault est assez obstiné, et se sachant mal vu de ce qui l'environne, il ne veut pas qu'on dise dans ses bureaux qu'il laisse insulter l'armée sans la défendre.

Répondez moi [donc ?] dans le sens que vous jugerez convenable quelque chose qui le satisfasse. Peut être vaut-il mieux attendre l'apparition du livre et on verra à la rentrée du Sénat ce qu'on en doit faire.

Voici l'exacte vérité de la situation. Il y aura lutte et lutte très vive, dans plus de cent cinquante circonscriptions. L'armée conservatrice est animée, en train et aussi unie que nos malheureuses divisions le permettent. Reste à savoir ce que fera à la dernière heure la [masse ?] inerte et jusqu'ici silencieuse.

Mille amitiés bien dévouées.

BROGLIE

Dossier d'archives : le Duc d'Audiffret-Pasquier