VI. le programme de coopÉration internationale des hauts-DE-SEINE avec la province du Tavouch

PROGRAMME DE COOPERATION INTERNATIONALE DES HAUTS-DE-SEINE CONDUIT EN ARMENIE DEPUIS 2009 EN PARTENARIAT AVEC LA PROVINCE DU TAVOUCH

RELANCER LA PRODUCTION AGRICOLE ET L'ÉLEVAGE BOVIN DU TAVOUCH

MARS 2020

Introduction

Depuis 2008, le Département des Hauts-de-Seine contribue, dans le cadre de sa politique de coopération internationale, à réduire l'insécurité alimentaire de zones ciblées d'Arménie, du Cambodge et d'Haïti. Un nouveau programme a également été mis en place au Bénin en 2017.

Le Conseil départemental soutient dans ces pays la mise en oeuvre de programmes pluriannuels destinés à relancer durablement l'agriculture et l'élevage familial. L'enjeu est de permettre à de petits producteurs vulnérables de vivre de leurs terres en favorisant le développement durable de leur activité, par le financement d'infrastructures et d'équipements productifs, ainsi que de formations techniques et de gestion.

S'agissant de l'Arménie, le Département finance depuis 2009, pour un montant total à ce jour de 6,4 millions d'euros, un programme de développement agropastoral dans la région du Tavouch, située au nord-est du pays et frontalière avec l'Azerbaïdjan.

Ce programme vise à développer la filière agricole et d'élevage, de la production à la commercialisation, afin de limiter l'exode rural en assurant une augmentation des revenus des agriculteurs du Tavouch.

Ces actions sont mises en oeuvre par le Fonds Arménien de France, qui s'appuie depuis 2011 sur une équipe locale dédiée, la Fondation HimnaTavush.

Présentation du contexte

Le Tavouch, une région frontalière

La région du Tavouch est située au nord-est du pays et bordée par l'Azerbaïdjan sur 400 km et la Géorgie sur 48 km. Elle est constituée de cinq villes, dont la principale est Idjevan, et de 57 communautés rurales.

Du fait de sa situation frontalière et climatique, la région du Tavouch constitue un enjeu de développement prioritaire pour les autorités arméniennes. Celles-ci souhaitent contribuer à limiter l'exode rural, qui affaiblit le territoire, et réduire les importations alimentaires en provenance de la Géorgie et de l'Iran voisins. En effet, la région a perdu, en une dizaine d'années, plus de 30% de sa population.

Une région favorable à la production maraîchère et arboricole, à condition de disposer d'eau en période estivale.

La majorité de la population du Tavouch vit aujourd'hui de l'agriculture. La superficie moyenne des exploitations locales est de 1 à 2 ha. Le niveau de mécanisation est très faible et les infrastructures d'appui à la production sont insuffisantes et/ou inadaptées à leur développement. Par ailleurs, 45% des superficies ne sont pas cultivées.

Il s'agit pourtant d'une zone favorable à l'agriculture, du fait de sa faible altitude et de la présence d'un micro climat favorable à la production de nombreuses variétés de fruits et de légumes.

Comme les fleuves sont alimentés à 70% par l'eau des pluies et la fonte des neiges et à 30 % par les eaux souterraines, en été, la majorité des cultures agricoles a besoin d'un apport supplémentaire en eau pour son développement.

Une région dont la production laitière est limité à l'autoconsommation

En ce qui concerne l'élevage, le cheptel moyen par exploitation se situe entre 2 et 4 têtes dont 1 à 2 vaches laitières. Le nombre d'animaux a diminué de moitié par rapport à l'époque soviétique. La race majoritaire est la caucasienne, race locale, rustique, au patrimoine génétique à redynamiser. Ces dernières années, différentes actions d'appui et de coopération ont conduit à l'introduction de nouvelles races plus productives, essentiellement laitières et d'origine européenne. Ces apports génétiques ont visiblement été conduits sans schéma global de cohérence.

Le lait est principalement autoconsommé, échangé ou vendu sur le marché d'Idjevan.

Le fromage, quant à lui, est fabriqué directement par les éleveurs, soit sur l'exploitation, soit en alpage, essentiellement à partir du lait de vache. Ce type de fabrication dans un bain de saumure nécessite peu de main d'oeuvre et de technicité, rend la conservation plus facile - notamment en l'absence de moyens de réfrigération - et limite les risques sanitaires. En revanche, le manque de moyens pour conserver le lait, surtout en alpage, contraint à des fabrications régulières avec des petits volumes. Le fromage est principalement autoconsommé, échangé ou vendu sur le marché d'Idjevan. Des yaourts sont également produits.

Présentation du programme

Les partenaires du programme

Le Fonds arménien de France

Créé en 1993, le Fonds Arménien de France appartient à un réseau mondial de Fonds locaux qui ont pour objectif de financer des projets en Arménie par l'intermédiaire d'un Fonds central basé à Erevan : le Fonds Arménien « Hayastan ».

Après avoir travaillé sur le développement ou la restauration des infrastructures vitales permettant aux familles de mieux vivre et d'éviter d'émigrer (routes, écoles, dispensaires, alimentation en gaz et eau potable), le Fonds Arménien de France a fait le choix d'investir une partie importante de ses fonds et de son activité sur le développement rural.

La Région du Tavouch

Le partenariat entre la Région du Tavouch et le Département des Hauts-de-Seine formalisé en 2011 par un accord de coopération décentralisée, permet d'ancrer les activités dans les orientations stratégiques régionales et de s'appuyer sur notre institution partenaire pour une bonne coordination et réalisation des actions.

Les activités réalisées dans le cadre du programme depuis 2009

Dans l'objectif d'améliorer les conditions de vie du Tavouch et de lutter contre l'exode rural que connaît cette région frontalière avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan, le programme vise à relancer la production agricole et l'élevage bovin.

Les activités sont mises en oeuvre par le Fonds Arménien de France, qui s'appuie sur une équipe locale dédiée (la Fondation HimnaTavush) afin d'assurer un suivi adapté.

En synthèse :

6,4 M € investis par le Département depuis 2009

20 villages bénéficiaires

25 km de canaux d'irrigation construits ou réhabilités

1 ferme de référence mise en place à Lussadzor

7 micro-fermes gérées par des coopératives villageoises
(50 coopérateurs)

5 300 Kg de fromages vendus mensuellement7 variétés de fromages
élaborés avec l'appui technique de fromagers français

Cartographie 2019 des activités réalisées au Tavouch

Le programme est décomposé en trois volets, présentés ci-après.

1-La création d'une filière de produits laitiers de qualité

La ferme de référence de Lussadzor, construite en 2012, accueille aujourd'hui près de 285 bovins de race Simmental et Jersiaise, dont 101 qui produisent actuellement du lait. Le cheptel a été importé d'Europe afin de renouveler la race locale caucasienne, peu productive.

La production de lait atteint aujourd'hui 1 600 litres de lait par jour (soit un niveau de production quasi européen pour les races concernées), transformés sur place au sein d'une fromagerie moderne. Appréciés des consommateurs, les fromages sont également vendus en dehors du Tavouch, à Erevan et en Russie. Le volume de produits laitiers vendus mensuellement est de 5 300 kg en 2019.

7 micro-fermes villageoises, regroupant des bovins issus de la ferme de Lussadzor et gérées par des coopératives, participent au développement de l'élevage de races de qualité dans les villages et à un développement territorial global du Tavouch.

Un premier réaménagement des alpages de Kirantz, ainsi que de réhabilitation d'une grande partie de la route d'accès, a permis de renforcer la quantité de fourrage disponible pour la ferme et les éleveurs de la région. Les conditions d'une alimentation de qualité pour une meilleure santé et productivité du cheptel sont ainsi réunies.

2-L'appui à la production agricole

De façon concomitante, le programme contribue à améliorer la qualité, les rendements et la diversification des productions (fruits, cultures fourragères), afin de créer davantage de revenus au bénéfice des agriculteurs et des éleveurs.

Dans cette perspective, le programme soutenu par le Département a permis la construction et la réhabilitation d'environ 25 km de canaux d'irrigation, nécessaires au développement agricole.

En accord avec le Préfet du Tavouch et les Maires, le programme fournit chaque année des plants et des semences adaptées, favorisant la production maraichère et arboricole. En complément, du matériel performant est mis à disposition des agriculteurs pour favoriser la mise en culture de leurs terres.

Aujourd'hui, les agriculteurs de la région ont réinvesti leurs champs et fournissent la ferme en aliments pour les bovins, créant ainsi un circuit court participant à la dynamisation de la région.

3-Le renforcement des compétences locales

Le centre de formation de Lussadzor accompagne à ce jour les agriculteurs et les éleveurs concernés par le programme, afin de renforcer leurs compétences techniques et managériales. Il s'agit de leur permettre de gérer les coopératives, et plus globalement d'améliorer la qualité et le rendement des productions, ainsi que de leur faciliter l'accès au marché.

Par ailleurs, différents experts français (vétérinaires, fromagers, formateurs du centre d'élevage de Poisy, expert de la Chambre d'agriculture Auvergne Rhône-Alpes, experts en gestion de ferme de l'association Agir ABCD, etc.) se déplacent régulièrement au Tavouch pour apporter leurs compétences à l'équipe locale de la ferme de Lussadzor. Un binôme de stagiaires d'AgroParisTech a été mobilisé sur une période de six mois pour l'établissement d'un diagnostic agro-économique qui appuiera l'optimisation de la gestion des activités du programme.

La ferme de Lussadzor joue un rôle de ferme modèle, porteuse d'une dynamique de changement de pratiques sur la zone.

Dans ce cadre, une réflexion relative à l'intégration de la ferme de Lussadzor dans le programme éducatif arménien de formation professionnelle aux métiers de l'élevage destiné aux jeunes du Tavouch a été initiée depuis 2019.

Les difficultés rencontrées et les actions prévues pour y remédier

Au cours de la mise en oeuvre des activités, les difficultés suivantes ont été identifiées :

- un déficit en termes de formation professionnelle agricole et d'élevage, initiale et continue, tant au niveau technique qu'en matière de gestion ;

- une difficulté des agriculteurs et des éleveurs locaux à s'intégrer dans une dynamique entrepreneuriale et à se mobiliser pour se former auprès de la ferme de référence, impactant la réappropriation effective des méthodes de travail diffusées par la ferme de Lussadzor ;

- un accès très difficile à une alimentation pour les bovins de qualité, à un coût raisonnable (alpages peu accessibles), impactant la rentabilité de la filière.

Dans cette perspective, il s'agira :

- de concrétiser la réflexion initiée en 2019 relative à l'intégration de la ferme de Lussadzor dans le programme éducatif arménien de formation professionnelle aux métiers de l'élevage destiné aux jeunes du Tavouch, en partenariat avec une institution de formation professionnelle française ;;

- d'accompagner les micro-fermes vers un projet adapté à leurs objectifs de développement et vers une gestion autonome ;

- de renforcer l'aménagement des alpages (550 ha) pour fournir une alimentation de qualité accessible financièrement, destinée à la ferme de Lussadzor et aux éleveurs du Tavouch ;

- de diversifier les circuits de commercialisation des produits laitiers.

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