III. LA SERBIE « ETROITE » ET SON AVENIR

A - UNE DÉMOCRATIE ENCORE FRAGILE QUI N'A PAS ENCORE TOTALEMENT ROMPU AVEC LE PASSÉ

Liée au Monténégro dans le cadre d'un Etat commun dont le maintien ne doit qu'à la pression européenne, encore attachée de manière formelle voire fictive au Kosovo, la Serbie est à la croisée des chemins. Jeune démocratie, elle entretient un rapport trouble avec son passé, le nationalisme restant la base de tout discours politique, mais se place en même temps dans une perspective européenne, synonyme de modernité.

1. L'ÉCHEC D'UNE UNION SACRÉE

Unis dans la résistance à M. Slobodan MILOSEVIC, les 18 partis qui constituaient la DOS (Opposition démocratique), victorieuse aux législatives de décembre 2000, se sont très vite déchirés face à l'exercice du pouvoir, entraînant les législatives anticipées du 28 décembre 2003. Deux partis apparaissent comme les éléments moteurs de la DOS : le Parti Démocrate (DS - centre gauche) de MM. Boris TADIC et Zoran DJINDJIC, Premier ministre assassiné le 12 mars 2003, et le Parti Démocrate de Serbie (DSS - Droite modérée) de M. Vojislav KOSTUNICA, élu Président de la république Fédérale de Yougoslavie en octobre 2000. L'opposition entre les deux partis prend corps au printemps 2001 suite à l'arrestation puis au transfert à La Haye de M. MILOSEVIC, décidé sans l'aval de M. KOSTUNICA, alors président de l'ex-Yougoslavie. Son parti quitte le gouvernement au printemps 2002. Manifestation d'une radicalisation du climat politique, le 11 juin 2002, quatre jours après la nomination d'un gouvernement fantôme par M. KOSTUNICA, 21 députés du DSS sont révoqués du Parlement pour absentéisme, le DSS étant officiellement exclu de la DOS.

Parti d'opposition, érigeant dès le départ un nationalisme serbe à la fois modéré et exigeant en programme politique, le DSS s'allie de fait avec les socialistes du SPS (certaines coalitions municipales préfigurent déjà cette entente), toujours fidèles à Slobodan MILOSEVIC, les radicaux (SRS) de M. Vojislav SESELJ, inculpé et détenu à La Haye pour son action en Croatie et en Bosnie-Herzégovine durant les guerres de sécession, ainsi que les extrémistes fidèles au commandant ARKAN du Parti de l'Unité Serbe (SSJ) pour pratiquer une obstruction parlementaire fatale au gouvernement de M. Zoran ZIVKOVIC (DS), Premier ministre nommé à la suite de la mort de M. DJINDJIC. L'opposition s'unit également au G 17 + (parti pro-européen issu d'une association, formé d'économistes et d'intellectuels) pour dénoncer la corruption de membres de la DS et l'appui de ceux-ci aux milieux d'affaires proches de Slobodan MILOSEVIC.

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