Colloque "Les Phares de la Caspienne : Azerbaïdjan, Géorgie, Kazakhstan, Ouzbékistan (30 avril 2009)



Table ronde

Kazakhstan - Ouzbékistan

Participent à la table ronde :

Aymeri de MONTESQUIOU, Sénateur, Président délégué pour le Kazakhstan du groupe parlementaire France-Asie centrale

Daniel PATAT, Chef de la Mission économique à Almaty

Christian LOUBET, Directeur Business Development Asie centrale Caucase, Alstom

Monsieur HENRY, Malteries Soufflet

Jean-Michel MEUNIER, Représentant à Almaty, Société Générale, Directeur général adjoint de ProstoKredit, CCEF

Alain PRZYBYSZ, Délégué Pays Mer Caspienne-Asie Centrale, Total Exploration&Production

Gilles REMY, Président Directeur Général, Cifal Groupe, CCEF

Gints APALS, Conseiller du représentant de l'Union européenne pour l'Asie centrale

Cette table ronde est animée par Christine MURRIS.

Christine MURRIS

Comment les entreprises s'adaptent-elles à la nouvelle donne dans ces pays ? Je cède la parole à Monsieur de Montesquiou qui préside cette table ronde.

Aymeri de MONTESQUIOU

Cette région est stratégique. Elle recèle un fort potentiel de développement économique mais aussi un fort potentiel conflictuel.

La zone concentre un pourcentage important de la production mondiale d'hydrocarbures, en particulier au Kazakhstan qui sera d'ici 20 ans le cinquième exportateur de pétrole. La France y est bien représentée avec Total qui est un véritable partenaire pour le pays.

La France peut également jouer un rôle important dans le secteur de l'eau comme je l'ai déjà évoqué. L'approvisionnement en eau et l'assainissement constituent en effet un problème majeur dans les grandes villes. Il en est de même pour le chauffage urbain qui engendre des pertes colossales.

La France a aussi sa place dans le domaine agro-alimentaire. Ces pays présentent parfois un fort potentiel agricole (fruits et coton en Ouzbékistan - blé dur au Kazakhstan). Le Kazakhstan est en outre un des premiers fournisseurs d'uranium, de chrome et de cuivre.

Par ailleurs, la Chine voisine effraie compte tenu du déséquilibre démographique et le grand frère russe est vu comme oppressant. La France a une place privilégiée à tenir en vertu des raisons déjà mentionnées.

La législation s'est stabilisée et les transferts de technologie sont importants en raison de la forte demande de formation de ces pays.

Christine MURRIS

Monsieur Przybysz, quels changements sont visibles au Kazakhstan ?

Alain PRZYBYSZ

Total est implanté au Kazakhstan depuis le début des années 1990. Aujourd'hui, nous sommes présents sur le CPSA, nous avons un contrat d'exploration et de partage de production qui couvre un domaine large sur lequel on retrouve le champ géant de Kashagan. Le développement de ce champ a commencé début 2004 mais la première phase de production ne débutera qu'à la fin de l'année 2012. Les défis techniques, logistiques et écologiques sont énormes.

Ce champ était à l'origine opéré par l'ENI. L'évolution majeure que nous avons connue à ce niveau est un changement de modèle opératoire pour le développement et l'exploitation, ce changement étant consécutif à des dérives en termes de coûts et de délais. Ce champ est le plus grand projet industriel jamais mis en oeuvre.

Le 22 janvier, l'operating est passé à la NCOC avec la répartition des tâches suivante : l'ENI pour la phase 1, Shell pour la phase 2 et Exxon pour le forage. La NCOC s'inspire essentiellement des méthodes de management de Total. Son Directeur général est issu de notre société et nous pensons fournir plus d'un tiers des effectifs.

Christine MURRIS

Monsieur Comte de la société Vallourec s'était déclaré intéressé l'an dernier par ces projets.

Thomas COMTE

Nous suivons toujours le projet Kashagan avec intérêt en tant que fournisseurs de matériel de forage.

Christine MURRIS

La situation est-elle dès lors plus favorable pour les entreprises françaises ?

Alain PRZYBYSZ

Je ne commenterai pas la manière dont l'ENI établissait ses contrats. Les appels d'offres et les contrats doivent être approuvés au titre de l'accord que nous avons signé avec l'Etat. Les procédures sont transparentes.

Christine MURRIS

Christian Loubet représente Alstom Transport est également présent autour de cette table.

Christian LOUBET

Le groupe Alstom est présent au Kazakhstan, en Asie centrale et en Russie depuis moins de dix ans. Nous avons deux priorités : l'énergie et le transport. Je vous parlerai du transport. Nous avons démarré au Kazakhstan il y a environ quatre ans et nous rencontrons de nombreuses difficultés. L'adaptation culturelle est progressive. Il convient d'être réactif, souple et patient, de trouver un bon partenaire, de disposer de moyens, de savoir investir dans le temps qui est une notion différente en France et au Kazakhstan.

Christine MURRIS

Travaillez-vous sur des projets spécifiques actuellement ?

Christian LOUBET

Nous réfléchissons avec KTZ à la mise en place d'une usine de fabrication de locomotives électriques. Nous travaillons sur la modernisation des lignes en matière de signalisation, nous cherchons des partenaires pour répondre à un appel d'offres de la ville d'Astana pour un tramway. Cependant, la recherche de partenaires prend du temps et il convient de créer des conditions de confiance car les investissements sont lourds.

La crise budgétaire nous impose en outre la recherche de solutions de financement. De nombreux concurrents déploient par ailleurs des stratégies d'acquisition de partenaires similaires à la nôtre. Nous visons aujourd'hui trois cibles : Samruk Kazyna, KTZ et les mairies.

Christine MURRIS

Comment se déroulent les négociations ?

Christian LOUBET

Nos clients discutent avec trois ou quatre sociétés simultanément. Ils ont au départ une idée fonctionnelle de ce qu'ils souhaitent mais ne pensent pas aux détails. Nous devons ainsi faire preuve de pédagogie et construire un projet avec eux. Celui qui apportera les bonnes solutions techniques et les moyens de financements décrochera le contrat. Les négociations sont longues parce que les projets sont importants. Néanmoins, la volonté politique existe car la modernisation est obligatoire. Nous avons un rôle à jouer et si nous ne le faisons pas, d'autres le feront.

Christine MURRIS

Est-ce également l'analyse de Monsieur Rémy ?

Gilles REMY

Les besoins en termes d'infrastructures sont et resteront considérables. Le Kazakhstan est le pays le plus sensiblement et précocement touché de la région alors qu'il faisait figure d'exemple.

Le fait qu'une entreprise française, Total, soit leader du plus grand projet industriel mondial stimulera sans doute les entreprises pour autant qu'elles soient en mesure de répondre aux besoins.

Il est regrettable que le Turkménistan ne soit pas à l'ordre du jour. La présence française y est très importante : Bouygues s'y est implanté depuis 1993, Vinci vient d'y entrer, Thales a notamment opéré le système de contrôle aérien et le président sera invité en visite officielle en 2009.

L'Ouzbékistan, premier état de la zone en termes d'habitants, est un pays difficile mais relativement peu touché par la crise, exprimant des besoins importants et présentant des capacités de financements. Par ailleurs, la concurrence y est moins vive qu'ailleurs. La présence française est très faible dans ce pays.

Christine MURRIS

L'environnement juridique et l'accès y sont difficiles.

Gilles REMY

Les coûts d'approche sont en effet très élevés. Ces pays sont très bureaucratiques, ce qui aboutit à des lenteurs dans la mise en oeuvre des projets. De nombreux appels d'offres ne débouchent sur aucun contrat.

Christine MURRIS

Le secteur pétrolier est-il le plus prometteur au Kazakhstan si la crise ralentit les projets en matière d'infrastructures ?

Gilles REMY

Oui. Les majors pétrolières ne ralentiront pas leurs projets au Kazakhstan, en Ouzbékistan et aux Turkménistan. Par ailleurs, des opportunités existent en dépit de l'intervention importante des Chinois. Un pipeline qui va du Turkménistan vers la Chine offre de véritables possibilités.

Christine MURRIS

Au Kazakhstan, le gouvernement est-il intervenu avec force et rapidité ?

Gilles REMY

Oui, les banques privées ont été quasiment nationalisées et le centre de gravité de la vie économique est passé du côté de l'État.

Christine MURRIS

Je me tourne à présent vers Monsieur Henry qui représente les malteries Soufflet. Comment avez-vous développé votre activité et quelles sont vos attentes ?

Monsieur HENRY

Le groupe Soufflet intervient dans le négoce de céréale, la meunerie et la malterie. Nous sommes arrivés au Kazakhstan en rachetant une malterie tchèque qui possédait une filiale dans ce pays. Celle-ci est importante en termes de capacités de production. Si, à l'époque, elle ne produisait que 8 000 tonnes, elle en génère aujourd'hui 85 000. Le Kazakhstan a représenté une opportunité pour nous car ce pays est globalement un grand producteur et exportateur de céréales dans une zone importatrice nette.

Nous avons développé la production d'orge à travers un réseau de 120 agriculteurs qui travaillent sur de grandes exploitations. Nous avons investi sur la formation technique des producteurs en les accueillant en France et en développant sur place la sélection des semences. Notre ambition est de continuer à développer la seule malterie du Kazakhstan et l'un des seules malteries de cette zone pour la porter à une production de 120 000 tonnes, la bière étant le produit qui connaît la plus grande expansion mondiale en termes de consommation.

Nous réfléchissons également sur le négoce de céréales qui est le coeur de métier du groupe. Nous rencontrons des problèmes de logistique ferroviaire et le Kazakhstan n'est pas relié aux grandes zones d'importations par voies maritimes, ce qui se répercute sur le prix des céréales exportées. Ce pays jouera un rôle fondamental dans le cadre de l'équilibre alimentaire mondial.

Deux éléments sont fondamentaux : la sélection des semences et la logistique.

Christine MURRIS

Monsieur Patat, voyez-vous se manifester un intérêt français à la mesure des perspectives dessinées par Monsieur Henry ?

Daniel PATAT

Un réel intérêt est exprimé par les industriels du secteur. Si l'on souhaite développer l'agriculture dans un pays qui dispose de 220 millions d'hectares de terres arables, il faut investir. Des investisseurs locaux sont présents mais la taille des exploitations implique une mécanisation difficile à financer et à gérer. Nous devons donc contribuer à l'investissement.

La direction des grandes cultures au ministère de l'agriculture kazakh déplorait encore le caractère arriéré de ce secteur. Le Kazakhstan est fondamentalement un pays de grande culture mais il abrite également dans le sud une frange agricole qui peut permettre une diversification et se rapprocher du potentiel de l'Ouzbékistan. Tout cela implique toutefois des travaux considérables.

Nous souhaitons entrer dans ces processus, en trouvant des investisseurs au Kazakhstan et en collaborant avec l'État ou des fermes publiques en Ouzbékistan

Christine MURRIS

Quelle est la position du gouvernement du Kazakhstan ?

Daniel PATAT

Je n'ai pas perçu beaucoup d'enthousiasme. Le Kazakhstan produit suffisamment pour alimenter sa population et les populations environnantes. Il est un exportateur net et peut même devenir un grand exportateur. KazAgro qui constitue le conglomérat public chargé du développement agricole a été doté de moyens considérables pour accompagner le développement des grandes cultures et la modernisation de l'ensemble de l'agriculture.

Christine MURRIS

Mais les Français ne se sont pas saisis de cette problématique jusqu'à présent.

Daniel PATAT

Ni les Français, ni d'autres investisseurs étrangers.

Monsieur HENRY

Nous avons le sentiment qu'en matière de grande culture, le Kazakhstan en est encore au stade de la « cueillette » par rapport aux concurrents de la région (Russie et Ukraine). Nous discutons avec KazAgro pour amener cet interlocuteur à trouver des moyens de financer directement les agriculteurs. Aujourd'hui, les investisseurs préfèrent « ramasser » ce qui existe plutôt qu'investir véritablement.

L'ouverture du pays est récente et les grands opérateurs internationaux commencent à peine à découvrir que le Kazakhstan peut jouer un rôle important.

Christine MURRIS

Pouvez-vous nous parler des investissements agricoles en Ouzbékistan ?

Daniel PATAT

L'Ouzbékistan est le jardin de la CEI pour des raisons climatiques, parce que sa population est importante et parce qu'il met en oeuvre une politique d'irrigation. L'Ouzbékistan est un pays agricole qui dispose d'une grande capacité d'extension dans le type de cultures qui devrait prédominer dans le pays. La planification économique a conduit à une spécialisation excessive en matière de céréales et surtout du coton. Le gouvernement suite au tassement du cours du coton commence à envisager une diversification. L'économie n'est cependant pas complètement libéralisée en la matière.

De plus, la population est importante et concentrée dans les zones agricoles. Aujourd'hui le pays a pris conscience de son potentiel et a accru son professionnalisme.

Le développement des infrastructures est en marche même s'il devra être légèrement différé. La difficulté tient au fait que tout repose sur les épaules des États. Concernant les grandes infrastructures de transport, il faudra justifier l'investissement par l'importance de la circulation. La question sociale se pose par ailleurs concernant la distribution de l'électricité et de l'eau.

Jean ROPERS

Trouve-t-on des contremaîtres et des techniciens sur ces marchés ?

Gilles REMY

Des pays comme le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan disposent d'une génération de cadres à fort potentiel formés dans les grandes universités occidentales. Le système de formation pour les techniciens s'est en revanche affaibli depuis 10 ans et il est difficile de rencontrer des cadres intermédiaires qualifiés.

Avec Cifal, nous proposons trois types d'activité aux opérateurs pétroliers du Kazakhstan :

· la gestion des expatriés et le recrutement des cadres locaux pour lequel nous faisons face à une pénurie de main-d'oeuvre de cadres qualifiés ;

· la certification d'équipements, un domaine dans lequel notre chiffre d'affaires doit être réalisé avec des cadres locaux ;

· la métrologie pour laquelle nous avons également besoin de cadres locaux.

Il est difficile de répondre aux obligations en termes de local content pour les investisseurs, les opérateurs et les prestataires de services. La réponse passe par la formation qui est plus aisée à mettre en oeuvre pour les grands groupes.

Pauline DEVOUGE

Où en est l'Ouzbékistan en termes d'accès aux biens de consommation par rapport aux autres pays de la zone ?

Daniel PATAT

La formation est une question sur laquelle nous travaillons avec le gouvernement du Kazakhstan et nous essayons de lancer des programmes de formations de cadres intermédiaires en intensifiant les échanges entre nos deux pays.

Sur la question de l'Ouzbékistan, il convient de considérer que l'économie ouzbèke n'est pas une économie de consommation ou libéralisée comme le Kazakhstan. En contrepartie, la richesse est mieux répartie.

Jean-Claude PASTY

Est-il possible juridiquement d'acquérir des terres au Kazakhstan et qui sont les agriculteurs dans ce pays ? Sont-ce les anciens dirigeants des fermes collectives comme en Ukraine ?

Daniel PATAT

Pour acquérir des terres, il suffit de se constituer en une société ou de signer un partenariat avec des acteurs locaux.

On recense encore très peu d'investisseurs privés. Beaucoup de terres sont encore gérées dans un esprit de kolkhoze et les anciens dirigeants de ces communautés sont encore en activité.

Jean-Michel MEUNIER

Les kolkhozes ont été dissous et les terres ont été partagées entre des membres qui ne disposaient pas des équipements adéquats. Aussi, des sociétés se sont-elles rapidement constituées et ont racheté les parts des petits propriétaires agricoles qui sont redevenus salariés.

Daniel PATAT

Le même processus a été observé en Ouzbékistan. Les petites exploitations qui ne parvenaient pas à un certain seuil de rendement ont été renationalisées l'année dernière.

Gilles REMY

Les Chinois ont acheté des terres dont ils confiaient ensuite l'exploitation à leurs compatriotes. Le gouvernement du Kazakhstan n'a pas apprécié cette initiative et le projet a été retiré.

Eloi MANGION

Existe-t-il des problèmes de convertibilité de monnaie et de rapatriement des bénéfices en Ouzbékistan ?

Daniel PATAT

L'économie est encadrée et la Banque centrale d'Ouzbékistan contrôle les flux de devises et le taux de change. Théoriquement, vous devez pouvoir rapatrier vos bénéfices. En réalité, les exportateurs étrangers souffrent de retards de paiement répétés et nous intervenons souvent auprès des autorités.

De plus, les rentrées d'argent des travailleurs expatriés qui représentent une part importante des flux de devises sont réduites dans la mesure où les expatriés trouvent moins d'emplois et sont moins bien payés.

Christine MURRIS

Le Kazakhstan ajuste son système bancaire. Dans quelle mesure les entreprises peuvent-elles être touchées par cet ajustement et plus particulièrement la Société Générale ?

Jean-Michel MEUNIER

La crise bancaire a évolué lentement. La première conséquence a été l'assèchement du marché du crédit et le credit crunch des banques kazakhes qui n'avaient plus les moyens de renouveler les emprunts contractés à l'étranger et devaient les rembourser à chaque échéance.

Depuis un an, tous les secteurs sont confrontés à des problèmes de financement et le premier touché a été la construction. Le pays a toutefois enregistré un PNB record de 135 milliards de dollars en 2008, les exportations en représentant la moitié. Le Kazakhstan a donc engrangé des réserves et a augmenté les encours de son fonds national. Devant les problèmes de financement, le Gouvernement a recapitalisé quatre grandes banques kazakhes au point d'en prendre parfois le contrôle.

L'essentiel des nouveaux financements vient aujourd'hui de l'État par l'intermédiaire de sa holding Samruk Kazyna. Il a investi entre autres dans l'agriculture, les grands travaux et les PME. Les crédits se font en monnaie nationale à des taux plus bas que ceux des banques commerciales.

Les conséquences de la mise en oeuvre de ce crédit ne sont pas encore tangibles car la mise en route des projets demande du temps.

Le montant des financements qui seront injectés cette année représente 20 % du PNB et ceux-ci devraient constituer un moteur de modernisation sociale. Le logement sera plus accessible et les taux d'intérêt seront plus modérés.

L'activité en matière de crédits personnels de trésorerie se maintiendra.

Christine MURRIS

Je cède à présent la parole à Monsieur Apals qui représente l'Union Européenne en Asie Centrale.

Gints APALS

La situation géopolitique évolue profondément dans la région et les changements concernent les rôles respectifs joués par le Kazakhstan et l'Ouzbékistan.

Quatre facteurs majeurs sont à l'origine du changement géopolitique. Le premier renvoie à l'impact de la crise financière. Le Kazakhstan est très touché (comme en témoignent l'affaiblissement du système bancaire, les faillites potentielles dans le secteur de la construction, la perte de ses économies par la classe moyenne et le retour possible de travailleurs émigrés de la Russie) tandis que le déficit de la balance des paiements se creuse. Le deuxième facteur concerne les forces internationales présentes en Afghanistan. L'Asie centrale devient une zone d'importance stratégique dans le cadre du conflit et le renforcement des troupes aura un impact économique dans les pays de la région. Le troisième facteur recouvre les tensions grandissantes autour des ressources en eaux entre les pays de l'amont qui voudraient utiliser ces ressources pour produire de l'électricité et ceux de l'aval qui souhaitent les mettre au service de leur agriculture. Enfin, la politique de plus en plus offensive de la Russie et la présence de la Chine constituent le dernier facteur qu'il convient d'évoquer.

Le Kazakhstan a été tellement affaibli qu'il a perdu son rôle de leader économique et politique. L'Ouzbékistan essaie avec succès de profiter de la situation pour récupérer son leadership régional

De plus, l'économie ouzbèke se porte plutôt bien. Ses exportations principales sont dans l'ordre le gaz naturel, l'or, le coton et le cuivre. En 2009, les revenus issus de ces exportations devraient augmenter de 25 %. De même, le PIB devrait augmenter sensiblement en 2009 et l'emploi sera le problème majeur. Le Gouvernement essaie de créer des emplois avec l'aide de l'Union Européenne et des institutions financières internationales.

Le gouvernement ouzbek se pose en adversaire de la Russie dans l'organisation internationale des États post-soviétiques. Il n'est pas ouvertement soutenu par les autres pays mais ses efforts sont appréciés.

La politique de maintien de la stabilité politique et sociale au détriment de l'accélération du développement économique est payante car le pays est moins touché par la crise. Il souffrira moins de la baisse du prix du gaz en Europe car les marges de profit de Gazprom sont très importantes.

L'Ouzbékistan est toujours méfiant envers les investissements étrangers. 80 % des investissements étrangers sont russes et se concentrent dans le secteur du gaz. Aujourd'hui, les conditions politiques sont davantage propices à une collaboration économique.

Christine MURRIS

Merci de cette approche géopolitique et merci de toutes vos interventions.