Colloque Europe centrale du 5 février 2004


Perspectives économiques et commerciales de la République tchèque et de la Slovaquie


Florence DOBELLE, Chef de la Mission économique de Prague

Concernant la République tchèque, je souhaite rappeler quelques chiffres : la croissance a été forte à partir de 2000, de l'ordre de 3 %. En outre, la dégradation du PIB s'explique par la restructuration du secteur bancaire : son coût s'élève à environ 15 milliards d'euros. Le pouvoir d'achat est relativement élevé, en seconde position dans les pays d'Europe centrale et orientale, derrière la Slovénie.

I. Une économie ouverte très dépendante de ses échanges

Le taux d'ouverture est forte ; cette économie s'est réorientée, en exportant largement vers l'Union européenne. Ces exportations ne concernent plus des matières premières, mais des produits finis. Les principaux clients de la République tchèque sont l'Allemagne, la Slovaquie - une union douanière existe entre les deux pays - ; la France arrive en sixième position, mais voit sa part augmenter. Les exportations françaises dans la République tchèque sont en hausse, de 10 %, mais cet effort doit être poursuivi. D'autres pays, la Chine notamment, ont vu la part de leurs exportations augmenter très fortement.

Il convient de remarquer que les échanges entre la France et la République tchèque s'équilibrent de plus en plus. Si un solde négatif persiste, il va en s'amoindrissant.

D'un point de vue qualitatif, nous remarquons que la France exporte les produits suivants :

· des véhicules automobiles ;

· des équipements automobiles ;

· des pneumatiques ;

· des préparations pharmaceutiques.
Plusieurs opportunités de développement se font jour pour les exportations françaises. Nous trouvons, en premier lieu, les produits agroalimentaires et les biens de consommation. Pour ces derniers, il convient de remarquer que les cosmétiques, les équipements de la maison et les produits pharmaceutiques se trouvent en meilleure position. En outre, des perspectives de développement existent pour les exportateurs français dans le domaine du matériel de transport et des biens d'équipements liés à l'environnement.
II. L'importance des investissements directs étrangers

La balance commerciale demeure structurellement déficitaire en République tchèque, mais les investissements courants étrangers viennent pour partie combler le déficit du compte courant. Nous pouvons estimer que flux réel des investissements directs étrangers s'élève à 5 milliards d'euros par an. Nous devons également rappeler que certaines privatisations doivent encore être réalisées. Par ailleurs, la balance des paiements, en 2003, affichera un déficit de 5 milliards d'euros en compte courant, et un excédent de 6 milliards sur le compte financier. En conséquence, la balance des paiements affiche un excédent grâce, évidemment, à l'apport des investissements directs étrangers. Cet afflux d'investissements a une influence sur les prix : la couronne a logiquement crû par rapport à l'euro. Un réajustement de trois points a donc été décidé. Pour autant, il est probable que la couronne redescendra à l'horizon 2006. L'inflation est quasiment nulle au titre de l'année 2003 ; elle croîtra légèrement plus en 2004. L'indice des prix demeure très bas sur les biens alimentaires.

Le pic des investissements étrangers a été atteint en 2001. La France est le quatrième investisseur de la République tchèque en termes de flux comme en termes de stocks. La Société Générale, Véolia, Sodexho, Vinci et Carrefour représentent les principaux investisseurs français. Je citerai également Alstom, Saint-Gobain....

Le coût du travail, en République tchèque, s'élève à 510 euros environ. Le salaire nominal a été augmenté, au 1 er janvier 2004, à 210 euros environ. La compétence technique de cette population est clairement reconnue. La moyenne d'heures travaillées est élevée, mais le taux d'absentéisme demeure fort, trois fois supérieur à la moyenne européenne. En outre, la mobilité géographique est très faible, en raison de la réglementation existant sur le niveau des loyers : certains, très modérés, représentent clairement une incitation à ne pas déménager.

III. Les principaux défis des années à venir

Plusieurs défis se font jour. La cohésion sociale vient au premier plan. En effet, les taux de chômage sont particulièrement disparates : de 3 % à Prague, il passe à 20 % dans d'autres villes, principalement en Silésie-Moravie. Les infrastructures, quant à elles, connaissent un gros retard. Par exemple, il n'existe qu'un axe autoroutier Est-Ouest. Certaines zones, la Silésie-Moravie par exemple, ne sont pas encore désenclavées. De grandes attentes existent en termes de fonds structurels européens, mais il est évident qu'ils ne pourront jouer qu'un effet de levier : ils ne pourront pas couvrir tous les besoins du pays en matière d'infrastructures. Pour autant, nous devons constater que la République tchèque n'accuse pas un retard par rapport aux autres nouveaux Etats membres.

L'entrée de l'euro se profile à l'horizon 2010, mais la Banque Centrale tchèque fait preuve de prudence. En effet, des difficultés existeront au niveau du déficit public, qui sera de l'ordre de 4 % en 2006. La dette publique, certes modeste, est toujours en hausse.

En ce qui concerne les sources de recettes publiques, les points suivants doivent être rappelés.

· La part de la fiscalité indirecte, qui devrait augmenter au titre de l'année 2003, s'élevait à 11,7 % du PIB en 2002.

· La fiscalité indirecte est en progression et s'établit à 10,2 % en 2002. Elle pourrait légèrement baisser en 2004.

· L'évasion fiscale demeure importante.

· La reprise de l'acquis communautaire en matière de fiscalité indirecte est nécessaire

· Une réforme fiscale globale l'est également.
En matière d'environnement juridique des affaires, de grands progrès ont été accomplis au cours des années 90. Des efforts restent toutefois à faire qui concernent notamment le formalisme et la complexité budgétaire. Les procédures sont encore longues et les actes nombreux. En outre, nous pouvons déplorer l'application aléatoire du droit commercial par les tribunaux. Les verdicts contradictoires sont fréquents et l'incompréhension des juges patente vis-à-vis des besoins des acteurs commerciaux. Des efforts doivent également être menés quant à une meilleure protection des créanciers, aujourd'hui insuffisante.

Les axes prioritaires d'actions ont trait à l'amélioration du fonctionnement de la justice (formation des juges, délais, unification de l'application du droit) et aux réformes législatives (droits des faillites et registre du commerce).

Dominique LAPIERRE, Chef de la Mission économique de Bratislava


I. Une nouvelle dynamique engagée par un nouveau Gouvernement

La Slovaquie et la République tchèque ont de nombreux points communs, la complexité du système judiciaire en fait partie. Pour ma part, je mettrai l'accent sur la singularité du pays. La Slovaquie se distingue fortement des autres pays du groupe de Visegrad. Tout d'abord, elle dispose d'un Gouvernement libéral souhaitant résolument s'engager dans une politique de réformes. Cette politique est caractérisée par une volonté de privatisation et par des réformes structurelles. Cette politique de privatisation concerne essentiellement le secteur de l'électricité et du chauffage urbain. En outre, une réforme fiscale audacieuse a été décidée, au 1 er janvier 2004 : l'IS, l'IRPP et la TVA se situent à un niveau de 18 %. Les réformes concernent également le droit du travail, l'indemnisation du chômage et l'assurance vieillesse.

Au-delà de ces réformes, la question du temps de travail et de l'expertise se pose. Le temps de travail s'élève à 40 heures hebdomadaires. Les congés payés ont une durée de 20 jours. Ces mesures sont clairement favorables aux entreprises.

L'économie slovaque est très ouverte, tout en étant résolument tournée vers l'Europe et la France. L'Allemagne est le premier exportateur en Slovaquie, devant la Russie, l'Italie et la France. D'un point de vue qualitatif, il faut rappeler que 98 % de l'énergie slovaque est importée de Russie, mais des raffineries vont bientôt pouvoir produire du pétrole directement en Slovaquie. Par ailleurs, les équipements informatiques et les produits sidérurgiques représentent des postes d'importation forts. La Slovaquie exporte en premier lieu des véhicules, des préparations et des appareils.

II. La popularité de l'adhésion à l'Union européenne et les acquis de la Slovaquie

La Slovaquie présente une singularité forte : l'adhésion à l'Union européenne a été très populaire, cette même adhésion a fait l'objet d'un consensus fort entre les partis politiques. L'accès au marché et la signature de l'accord PECA a eu lieu en mai 2003.

Les fonds structurels et les fonds de cohésion pour la période 2004-2006 s'élèvent à 1,4 milliard d'euros. 570 millions d'euros sont versés au titre des fond de cohésion, dans une logique de projets. Par ailleurs, quatre programmes de l'objectif 1 ont été décidés :

· l'industrie et les services ;

· les ressources humaines ;

· les infrastructures de base :

· l'agriculture et le développement rural.
L'objectif 2, portant sur la région de Bratislava, est doté d'un budget de 37,2 millions d'euros.
III. Une stabilisation macroéconomique réussie

Il convient de rappeler que la Slovaquie dispose de la plus forte croissance de la région, résolument basée sur le commerce extérieur. Dans le même temps, le chômage demeure élevé, la hausse des prix dans le secteur des services est importante. Pour 2003, la croissance s'est élevée à 4 %. Les déficits extérieurs, quant à eux, connaissent une baisse régulière. Les déficits publics sont par contre en hausse relativement faible. Par ailleurs, le taux de chômage est en réduction.

L'inflation représente le point faible de la Slovaquie. Il faut néanmoins rappeler que le Gouvernement a décidé de remonter les tarifs publics aux coûts d'équilibre. Cela a engendré une forte hausse du prix de l'eau, de l'électricité et des transports publics, ayant des conséquences sur l'inflation.

En 2004, la croissance passera 4,5 %, l'inflation à 3 %. Le déficit budgétaire, à l'horizon 2006, s'élèvera à 3 % du PIB. Enfin, le déficit de la balance courante devrait être de 3,3 % en 2006. Il faut remarquer, en ce qui concerne la balance des paiements courants, que le Gouvernement a fait preuve d'une grande prudence, dans la mesure où de nombreux grands groupes ont annoncé qu'ils réaliseraient des investissements en Slovaquie en 2004 ou 2005.

La politique salariale, quant à elle, est également très prudente. Elle vise à contenir le niveau des salaires : force est de constater que les salaires réels ont tous été revus à la baisse au cours de l'année dernière. Les prix sont inférieurs à la moyenne européenne. Le PIB par habitant, en Slovaquie, est inférieur à celui qui existe en République tchèque, mais les prix sont plus bas.

IV. Les opportunités d'affaires

En termes d'opportunités, il faut tout d'abord rappeler que de nombreux investissements manufacturiers ont lieu en ce moment en Slovaquie. Ainsi, PSA, Whirlpool, Vetrapack, Volkswagen réalisent ces investissements. D'autres équipementiers automobiles, des fabricants de biens de consommation pourraient également être cités. Dans le domaine du bois, les Autrichiens et les Scandinaves réalisent des investissements. Des entreprises suisses spécialisées dans le domaine du bois s'installent également en Slovaquie.

D'énormes investissements doivent encore être réalisés dans le domaine des infrastructures routières. Le secteur de l'énergie et des réseaux de chaleur, quant à lui, sera marqué par une poursuite des actions de privatisation. Dans le domaine de l'environnement, d'énormes marchés dans le domaine de l'assainissement et du traitement des déchets doivent encore être attribués.

En ce qui concerne la consommation des ménages, de grandes interrogations demeurent au vu de l'inflation et de la baisse des salaires réels. Pour autant, des opportunités existent dans le domaine de l'habitat et des loisirs notamment.

V. Les opportunités d'investissements

Les opportunités d'investissements sont les plus importantes pour la Slovaquie. Ce pays représente un pays intéressant pour de nombreux grands groupes, qui viennent d'ailleurs de s'y implanter. Ils devraient être suivis de nombreuses PME dont ils sont les donneurs d'ordres. Il convient de rappeler enfin que les demandes de sous-traitance industrielle sont de plus en plus nombreuses.

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