Table des matières


Le Mexique, un autre grand émergent :
Plateforme industrielle et commerciale vers l'ALENA et l'Amérique latine

Allocutions d'ouverture

Gérard CORNU
Président du groupe sénatorial d'amitié France-Mexique

C'est pour moi un réel plaisir et beaucoup d'honneur que d'inaugurer ce colloque que le Sénat, en partenariat avec Ubifrance, organise sur le thème des relations économiques entre la France et le Mexique.

Vous me permettrez de remercier le Président Bel d'avoir bien voulu relayer l'initiative prise en mai dernier par le Président Larcher qui avait invité son homologue d'alors, le Président Beltrone, à venir s'entretenir avec lui et avec les membres du groupe France-Mexique.

Le Sénat, depuis bientôt vingt ans, héberge dans ses locaux ces manifestations organisées avec Ubifrance. C'est René Monory, auquel je tiens à rendre un hommage appuyé, qui avait eu cette idée en prenant l'attache de ce qui était alors le CFCE (Centre français pour le commerce extérieur).

C'est dans le même esprit que les présidents qui se sont succédé depuis ont tenu à la pérennité de ces rencontres de nature à développer l'activité économique ; votre présence ce matin, Mesdames, Messieurs, nous conforte dans cette démarche.

Je voudrais saluer la présence parmi nous de deux sénateurs mexicains qui ont bien voulu faire le déplacement pour marquer de façon insigne le prix qu'ils attachent à cette rencontre : Eloy Cantu Segovia, Président de la Commission du commerce et du développement industriel et par ailleurs Président du groupe d'amitié Mexique-France, et Monsieur Tomas Torres Mercado, Président de la Commission des études législatives.

Au nom du Président Bel et en mon nom personnel, je leur souhaite la plus chaleureuse bienvenue dans nos murs. Ils témoignent qu'au Mexique, comme en France, les sénateurs accordent le plus grand prix au développement économique et singulièrement au renforcement des relations entre nos deux pays.

Je souhaite également saluer la présence à leur côté de Son Excellence Monsieur Carlos de Icaza, Ambassadeur du Mexique en France, notre interlocuteur affable et infatigable.

J'aurais garde d'oublier dans ce propos liminaire, Ubifrance, qui sous la présidence éclairée d'Alain Cousin, organise ces rencontres en partenariat étroit avec les services du Sénat. Je tiens à souligner combien leur concours est précieux et qu'avec leur travail discret, patient, efficace, ils contribuent au succès de ces rendez-vous.

Mesdames, Messieurs, en vous remerciant d'avoir bien voulu répondre aussi aimablement à notre invitation, je forme des voeux sincères pour le succès de ce colloque. Je suis sûr que par delà les aléas de la conjoncture il contribuera à fortifier les liens tissés entre la France et le Mexique.

A tous, je souhaite des travaux fructueux et féconds.

Eloy CANTU
Président de la Commission du commerce et du développement industriel,
Sénat mexicain

Avant tout, je voudrais vous transmettre les salutations cordiales de Monsieur José Gonzalez Morfin, Président du Sénat mexicain. Pour d'impératives raisons liées à ses responsabilités parlementaires, il a été empêché à la dernière minute d'entreprendre son voyage à Paris.

Je tiens à vous faire savoir que le Sénat de la République française peut compter sur notre volonté sans restriction de poursuivre l'entente chaleureuse qui existe entre les corps législatifs de nos deux pays.

L'objectif de ce colloque est de présenter aux entrepreneurs et investisseurs français un aperçu des avantages qu'offre mon pays, comme plateforme industrielle et commerciale vers l'Amérique du Nord et l'Amérique latine. Comme cela avait été convenu lors de la visite à Paris de l'ancien Président du Sénat mexicain, nous sommes prêts organiser un évènement du même ordre en direction des entrepreneurs et investisseurs mexicains, pour leur permettre de découvrir les opportunités que représente la France.

Le Sénat de la République française nous témoigne de son amitié et de son intérêt à poursuivre la consolidation des liens de coopération économique entre nos deux pays. Les échanges sont fréquents au niveau du pouvoir exécutif mais l'élan que nous pouvons donner en tant que parlementaires est aussi important. Conformément à notre Constitution, le Sénat mexicain est très impliqué dans l'analyse des sujets de politique étrangère et dans la prise en compte des grands défis régionaux et mondiaux, comme le changement climatique, la réforme du système monétaire international ou l'évolution des prix des matières premières.

De toute évidence, nous partageons une vision très proche de la réalité internationale. La coopération pour le développement et le renforcement de nos liens économiques est fondamentale et dépasse les clivages politiques.

Nos relations économiques restent malheureusement en dessous de leur potentiel. Depuis l'entrée en vigueur de l'association de libre échange entre l'Union européenne et le Mexique, en 2000, les échanges entre le Mexique et la France ont augmenté de 113 %. En 2010, la France n'a toutefois représenté que 0,6 % de notre commerce extérieur, bien loin derrière l'Allemagne ou l'Espagne.

Parmi les initiatives prises pour dynamiser nos relations économiques, nous pouvons souligner, à l'initiative des Présidents de nos deux pays, la mise en place d'un groupe de haut niveau composé de dirigeants d'entreprises et d'intellectuels. Quatre réunions ont eu lieu depuis 2008. Elles ont permis de procéder à l'analyse de la situation, en portant une attention particulière sur les aspects du commerce et des investissements. L'objectif était de formuler des recommandations permettant d'accroître les liens entre la France et le Mexique. Elles ont été mises en oeuvre dans différents domaines, comme l'industrie aéronautique et aérospatiale, l'agroalimentaire, le développement durable, le tourisme ou la formation des cadres.

Les avancées obtenues montrent qu'il est possible de renforcer nos relations. Dans un contexte de compétitivité croissante due à la mondialisation, les synergies et la recherche de complémentarités sont des facteurs permettent de dynamiser nos échanges. Les investissements français au Mexique ont considérablement augmenté au cours des dernières années, avec des résultats très satisfaisants.

Une autre preuve de l'intérêt qui nous est porté, et dont nous sommes très reconnaissants, est la forte présence d'entrepreneurs français, prêts à examiner toutes les opportunités existantes.

J'ai l'immense plaisir de renouveler les remerciements du Sénat mexicain à nos amis du Sénat français, à Ubifrance, ainsi qu'à Promexico. En collaboration avec l'ambassade du Mexique en France, ils ont permis à ce colloque d'avoir lieu.

Je réitère notre engagement à faire de la diplomatie parlementaire un instrument de cette relation historique qui unit nos deux pays.

Vive le Mexique et vive la France.

Tomas TORRES
Président de la 2ème Commission des études législatives
du Parti de la révolution démocratique, Sénat mexicain

Je remercie tous ceux qui ont permis à cette rencontre d'avoir lieu.

Le Sénateur Cantu et moi-même n'appartenons pas au même groupe parlementaire. Il est important de préciser qu'aujourd'hui, aucun parti ne détient la majorité absolue au Congrès mexicain. Des élections sont prévues au mois de juillet 2012, pour le renouvellement des deux assemblées, ainsi que de la Présidence de la république.

Carlos Guzman, Directeur de Promexico, reviendra certainement sur les conditions dans lesquelles des investissements peuvent être réalisés dans notre pays.

Malgré les problématiques de crise financière et économique ou de persistance de la violence et du crime organisé, le Mexique enregistre une croissance de plus de 4 % par an. Même si ce n'est pas le cas dans toutes les régions, le décalage entre le niveau de développement du pays et les conditions de vie réelles de la population peut apparaître comme un paradoxe.

Des réformes ont été menées, notamment dans le domaine de la justice ou la prise en compte du changement climatique, mais les efforts doivent se poursuivre pour créer un contexte encore plus propice aux investissements. Les textes que nous avons récemment adoptés nous permettent néanmoins d'entrer dans une nouvelle phase de la vie démocratique de notre pays.

J'ai le devoir, en mon nom propre et en celui du Sénat mexicain, de vous faire part de notre volonté de créer des conditions favorables à l'établissement de relations plus profondes entre nos deux pays. Le Mexique, avec ses 110 millions d'habitants, offre de nombreux débouchés. Nous voulons poursuivre le développement de nos infrastructures et assurer à tous une couverture sociale.

Notre objectif est de vous montrer toutes les opportunités que nous pouvons vous offrir pour avancer ensemble.

Henri BAISSAS
Directeur général adjoint, Ubifrance

Je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui et d'être accueilli par le Sénat français pour évoquer ce grand pays émergent qui vient de prendre la présidence du G20.

Nos relations économiques et commerciales avec le Mexique sont anciennes. Le rôle d'Ubifrance est de prolonger les expériences existantes mais surtout de contribuer à de nouvelles réussites, en accompagnant votre implantation et votre développement sur ce marché. Depuis le 1 er janvier 2009, nous sommes à la tête du dispositif d'appui aux entreprises.

La mission économique d'Ubifrance au Mexique compte 13 collaborateurs. Elle s'adresse principalement aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire. En 2011, elle a accompagné une centaine d'entreprises. Nous travaillons en étroite relation avec un certain nombre de partenaires, dont la Chambre franco-mexicaine de commerce et d'industrie, la COFACE ou OSEO. Plus de douze opérations collectives ont été programmées en 2012. Elles offrent des opportunités très concrètes de nouer des contacts.

Notre objectif est de vous aider à mieux comprendre le marché mais surtout de participer à votre succès. Notre engagement pour les trois prochaines années est de faire en sorte qu'une société accompagnée sur trois réussisse à s'implanter au Mexique et qu'au moins 10 000 contrats puissent être générés.

J'incite vivement les représentants des entreprises françaises à profiter de la présence, durant ce colloque, d'intervenants de premier plan.

Carlos GUZMAN
Directeur général, Promexico

C'est un véritable honneur d'être ici aujourd'hui. Je voudrais remercier le Sénat français et Ubifrance d'avoir organisé ce colloque, au cours duquel nous allons partager nos expériences et nos visions de l'avenir.

Nous sommes convaincus que le Mexique recèle encore de très fortes perspectives de croissance. Nous espérons afficher un développement plus rapide que l'économie mondiale. Plusieurs facteurs pourraient y contribuer. Après la crise financière, les grandes entreprises cherchent à optimiser leurs structures de coûts et s'intéressent de près aux pays émergents. Ce nouveau contexte nous ouvre des opportunités, d'autant que nous avons une position géographique privilégiée.

Nos capacités de production ont sensiblement augmenté au cours des dernières années. Notre économie est très ouverte sur l'Amérique du Nord et nous disposons d'un traité de libre-échange avec de nombreux pays. L'Amérique Latine est évidemment un autre débouché naturel pour nous mais nous travaillons de plus en plus avec l'Europe et l'Asie.

Beaucoup d'entreprises étrangères commencent à s'intéresser au Mexique. Je vous présenterai tout à l'heure, de manière plus détaillée, les atouts dont nous disposons pour continuer à les attirer.

Réformes législatives et initiatives

pour inciter la compétitivité du Mexique

Eloy CANTU
Président de la Commission du commerce et du développement industriel,
Sénat mexicain

Je voudrais vous présenter quelques-unes des normes qui ont récemment été adoptées par le Congrès mexicain. Elles ont pour objectif de doter notre pays d'un cadre juridique lui permettant d'accroître sa compétitivité.

Les réformes qui ont été menées permettent de renforcer la compétitivité et de se mettre en conformité avec les meilleures pratiques internationales. L'autorité anti-monopole dispose d'instruments efficaces, avec la possibilité, pour les délits les plus graves, d'infliger des sanctions pénales. Le Sénat a recherché un équilibre entre les pouvoirs de la Commission fédérale et les libertés des individus. En cas de conflit, ces derniers pourront désormais saisir les tribunaux.

Les investissements dans les infrastructures sont également un point important pour notre développement économique. Pour les favoriser, une loi sur les partenariats entre le public et le privé a été votée par le Sénat mexicain. Elle n'a recueilli que huit voix contre. Elle a donc été fortement soutenue par les principaux partis du pays. Elle est actuellement étudiée par la Chambre des députés, qui devrait prochainement l'adopter. Ce nouveau texte ouvre des possibilités immenses, en permettant un véritable partage des risques.

Les réformes ont également porté sur le code du commerce. L'objectif était de faciliter les procédures, en assurant une plus grande transparence, et d'en réduire le coût. Beaucoup plus d'affaires pourront être traitées dans le cadre de jugements oraux. Les délais seront donc réduits. Les audiences pourront par ailleurs être publiques et enregistrées.

Les organes de régulation en matière économique sont, dans tous les pays, essentiels. Les trois grandes commissions intervenant dans les domaines de la concurrence, de l'énergie et des télécommunications disposent désormais d'un statut garantissant leur indépendance. Il s'agit d'une avancée importante.

Le Mexique a porté une attention particulière au respect de la propriété intellectuelle. Avant les récentes réformes, le Procureur général de la République - qui est nôtre Ministre de la Justice - devait attendre un dépôt de plainte pour engager des poursuites, notamment dans les affaires de contrefaçon et de piratage. Aujourd'hui, il peut le faire d'office. Les sanctions peuvent également être plus lourdes.

S'agissant de la contrefaçon et du piratage, nous n'étions pas totalement convaincus par les instruments internationaux, particulièrement l'ACTA, qui nous semblaient trop déséquilibrés. Nous avons eu des débats sur le sujet au Congrès, afin d'élaborer une législation nationale conforme à nos exigences en matière de respect des libertés individuelles.

Notre ambition est de faciliter la création d'entreprises. Diverses lois ont été revues pour simplifier les procédures, les raccourcir et en réduire le coût. Il sera en outre possible de disposer de sociétés unipersonnelles, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Le Mexique dispose d'associations économiques ou d'accords de libre échange avec près de 50 pays. Il existe également des dispositifs de promotion et de protection mutuelle des investissements. Le commerce international est au coeur des préoccupations de notre pays depuis 1984. Nos exportations représentent désormais le tiers du PIB et 60 % du total de l'Amérique Latine. Nous sommes donc une puissance importante dans ce domaine.

Notre position géographique est évidemment privilégiée pour le développement du commerce international. Nous sommes en Amérique du Nord mais nous sommes Latino-Américains. Cette dualité nous permet d'être un excellent espace d'investissement, ouvert sur ces deux axes.

Le Mexique a fait des efforts très importants pour assurer une stabilité macro-économique. Nous devrions afficher cette année 4 % de croissance, soit un point de plus que nos prévisions. La banque centrale dispose de réserves massives, bien supérieures à l'endettement public. Notre déficit n'est pas très élevé, puisqu'il n'excède pas 0,4 % du PIB. Le pays a su mettre en oeuvre une discipline budgétaire très stricte.

Nous pouvons nous appuyer sur notre capital humain et sur nos étudiants, notamment dans le domaine de l'ingénierie.

Le Mexique a vu sa position fortement progresser dans les classements économiques mondiaux. Le pays se place devant le Brésil, l'Inde ou la Chine. Forts de ces atouts, nous vous attendons.

Le Mexique, une plateforme pour les investissements

Carlos GUZMAN
Directeur général, PROMEXICO

Le Mexique est un pays particulièrement attractif pour les investisseurs. Des efforts importants ont été déployés depuis l'entrée dans le GATT, en 1986. L'économie, qui était précédemment centrée sur le marché intérieur, s'est progressivement ouverte. Beaucoup de mesures ont été mises en oeuvre, y compris dans le domaine politique, pour définir un cadre adapté à cette nouvelle approche.

Aujourd'hui, le commerce extérieur représente une dimension essentielle de l'économie mexicaine. Nous essayons de lier des liens profonds avec l'Amérique Latine et souhaitons contribuer à l'émergence d'une nouvelle zone économique dans le Pacifique.

Nous sommes en train de revoir les anciens modes de gouvernance, afin de renforcer la compétitivité de l'économie. Pour des raisons historiques, persistaient un certain nombre de barrières monopolistiques. La loi nous permet désormais de les remettre en cause. Nous comptons beaucoup sur la nouvelle réglementation de la concurrence.

Pour assurer notre développement, nous devons afficher une croissance économique supérieure à la moyenne mondiale. Il est très important de créer des emplois. La résorption du chômage résout beaucoup de problèmes.

Nous voulons attirer les investisseurs étrangers mais nos entreprises investissent également de manière massive dans notre économie.

Notre pays recèle un fort potentiel de croissance pour les prochaines années. Malgré le contexte global, notre économie a la capacité de continuer à se développer à un rythme très soutenu. Beaucoup de réformes ont été menées. D'autres le seront à l'avenir. Elles nous permettent de renforcer la compétitivité. Les indicateurs internationaux montrent que nous progressons, y compris en ce qui concerne la manière dont nous sommes perçus.

Nous faisons de la protection de la propriété intellectuelle un argument de compétitivité. Il s'agit d'un élément fondamental pour les entreprises internationales qui viennent s'installer au Mexique.

Notre démographie est un formidable atout. La moitié de la population a moins de 26 ans. D'ici 2030, la main d'oeuvre passera de 47 à plus de 60 millions de personnes. Si nous ne faisions que maintenir le PIB par habitant, nous deviendrions la 5 ème ou la 6 ème puissance économique du monde, entre le Royaume-Uni et la France. Les analyses de Goldman Sachs et de HSBC le prédisent d'ailleurs. Il s'agit seulement des résultats obtenus en projetant les tendances actuelles. Il est donc très important d'investir pour qu'elles se maintiennent.

Le Mexique dispose d'infrastructures en constante amélioration. Beaucoup de marchandises sont débarquées dans nos ports, puis acheminées par train vers la côte ouest des Etats-Unis.

Nous sommes l'un des pays les plus compétitifs de l'ALENA. Nous formons chaque année presque autant d'ingénieurs que les Etats-Unis. Le Mexique n'est plus une économie essentiellement pétrolière comme il y a quelques années. Nos exportations manufacturières se développent. Nous avons désormais la capacité de retenir les compétences.

Le secteur électrique et électronique est aujourd'hui le plus développé. Nous sommes également très présents dans le secteur de l'automobile, de l'aéronautique et de l'aérospatiale. Notre ambition est de développer la production de services à valeur ajoutée, comme l'Inde. Les énergies renouvelables ont aussi un potentiel important, notamment dans l'éolien ou la géothermie. Nous sommes déjà le premier producteur de médicaments d'Amérique Latine. Nous avons par ailleurs des atouts dans les nouvelles technologies et dans des domaines plus créatifs.

Nous voulons attirer toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Notre objectif est de réussir à être présent sur l'ensemble de la chaîne de production et d'imposer des marques mexicaines.

Du point de vue du commerce extérieur, nous affichons un fort excédent vis-à-vis de l'Amérique Latine mais nous sommes encore en déficit vis-à-vis du reste du monde. Nous avons donc des possibilités de croissance importantes, tant en Europe qu'en Asie.

La France doit s'intéresser au Mexique, car nous disposons d'un marché intérieur conséquent. Notre économie est en croissance et s'inscrit dans un environnement législatif et réglementaire favorable. Nos deux pays font partie du monde occidental. Nous ne pouvons qu'avancer dans le même sens. Nous aimerions réellement partager avec vous tout ce que nous faisons.

Quelles opportunités au Mexique ?

Nasser EL MAMOUNE
Directeur Mexique, Mission économique Ubifrance

Nous essayons d'organiser cette réunion depuis plusieurs mois. Pour les raisons que vous connaissez, nous n'avons pas pu le faire plus tôt. Je remercie tous nos partenaires et tous nos amis mexicains qui ont fait le déplacement pour être parmi nous aujourd'hui.

Mon ambition est de donner envie aux entreprises françaises d'aller au Mexique. Les conditions y sont favorables pour réaliser des investissements et, ce qui est très important, le pays dispose d'un marché intérieur dynamique.

Le Mexique recèle de nombreuses opportunités. Pourquoi les entreprises françaises, en particulier les PME, s'y intéressent si peu ? Il faut certainement remettre en cause des idées reçues.

Nous entendons souvent que le Mexique est un pays de crises. Certes, il en a connues mais la dernière remonte à 1994. Cette date est d'ailleurs charnière dans son histoire, puisqu'elle correspond également à son entrée dans l'OCDE et à la mise en place de l'ALENA. Aujourd'hui, la gestion économique et financière du pays est rigoureuse. L'inflation est contrôlée, comme l'endettement.

Le Mexique a l'image d'un « poids plume » parmi les émergents, parce qu'il ne fait pas partie des BRICS. Pourtant, il s'agit de la première puissance commerciale d'Amérique Latine. Il réalise, à lui seul, environ 600 milliards de dollars d'échanges. Il constitue une plateforme à la fois vers le Nord et vers le Sud.

Le Mexique ne se résume pas à la Corona et aux plages. Plus de 80 % de ses exportations sont manufacturières. Il dispose d'un socle industriel comparable à celui de pays du « premier monde ». Certains groupes ont une dimension internationale.

Le Mexique ne regarde pas que vers les Etats-Unis, même s'il s'agit évidemment d'un débouché logique pour ses exportations. Il est regrettable que les entreprises ne soient pas davantage informées du traité de libre échange signé avec l'Union européenne. L'ouverture est néanmoins de plus en plus grande.

Céline KAJOULIS, Chef du service Economie, Radio Classique

Le pays a néanmoins des défis à relever, quels sont-ils ?

Nasser EL MAMOUNE

Des réformes structurelles restent à mettre en oeuvre, notamment dans l'énergie et la fiscalité.

Malgré un PIB par habitant relativement élevé, les inégalités restent très marquées. Des programmes de lutte contre la pauvreté ont été mis en oeuvre mais beaucoup de progrès doivent encore être faits dans ce domaine.

Le pays doit préserver sa compétitivité, surtout face à la Chine. Cette dernière est devenue le premier fournisseur des Etats-Unis, à la place du Mexique, et l'écart commence à se creuser. La proximité donne des atouts sur les flux courts mais cela n'est pas suffisant.

L'un des points qui doit certainement être mieux mis en valeur est celui de la propriété intellectuelle. La Chine offre des coûts de main d'oeuvre inférieurs mais ne propose pas les mêmes garanties. De plus en plus de groupes ont également compris que le Mexique disposait d'une main d'oeuvre qualifiée.

Des efforts doivent probablement être faits pour développer l'épargne interne.

Nous sommes aussi obligés d'aborder les problèmes d'insécurité.

Céline KAJOULIS, Chef du service Economie, Radio Classique

Pouvez-vous nous donner des précisions sur les opportunités pour les entreprises françaises ?

Nasser EL MAMOUNE

La présence française est insuffisante au Mexique. Si de plus en plus de PME manifestent de l'intérêt pour ce pays, les entreprises qui s'y sont installées sont souvent de grande taille. Nous en avons recensées environ 400. Certaines ont des positions très fortes.

Les TIC sont un secteur prioritaire pour le gouvernement mexicain. Le chiffre d'affaires devrait dépasser les 35 milliards de dollars. Il est en pleine expansion. Les opportunités y sont très nombreuses. Même si certains acteurs conservent des positions très fortes, l'autorité de régulation a permis d'ouvrir le marché.

Le commerce de détail est très important au Mexique. La plupart des grands groupes étrangers sont nord-américains. Il existe néanmoins des opportunités, notamment sur la sécurisation des ventes en ligne.

Le Mexique est un grand acteur de l'automobile, avec principalement la production de pièces détachées. Les entreprises sont très intéressées par des coopérations avec les sous-traitants européens.

L'aéronautique est un secteur assez jeune mais en plein essor. Beaucoup d'entreprises françaises sont déjà installées.

Le secteur de l'énergie a commencé à s'ouvrir. Il existe des besoins en particulier sur l'amélioration de la productivité des installations et sur la rédaction de l'impact environnemental.

Le modèle économique a été construit au détriment des ressources naturelles et de l'environnement. Ce dernier est toutefois devenu une préoccupation depuis plusieurs années. Les grandes sociétés ont mis en place des politiques spécifiques. Des projets nationaux sont assez ambitieux, notamment en ce qui concerne l'eau. Le potentiel est très important. Les spécialistes français de ce domaine sont déjà installés au Mexique mais il faudrait que les PME soient plus nombreuses.

Le Mexique voudrait, compte tenu de sa situation géographique, devenir un centre de logistique. Certains projets ont été freinés par la crise mondiale mais pourraient être reportés. Il existe également des opportunités dans les transports urbains - secteur dans lequel le savoir-faire français est important - ou les infrastructures aéroportuaires.

Au Mexique, environ 25 millions de personnes ont un pouvoir d'achat au moins équivalent à la moyenne de l'OCDE. Beaucoup de marques françaises sont implantées mais elles pourraient renforcer leurs positions sur les segments moyens, où les espagnols sont très présents.

La construction durable est devenue une vraie préoccupation.

Le Mexique est un grand pays touristique, avec la volonté de devenir la 5 ème destination mondiale. L'hôtellerie française a peu investi. Il existe des opportunités pour les PME, particulièrement sur la formation et les équipements. Les spas se développent massivement.

Les biotechnologies restent embryonnaires mais se développent.

La cosmétique est également un marché dynamique, qui peut être très intéressant pour des PME françaises.

Beaucoup d'investissements sont réalisés dans le domaine de la santé. Tous les grands laboratoires sont installés au Mexique. Des coopérations pourraient être renforcées, notamment sur les dispositifs médicaux.

Le Mexique a doublé sa consommation de vins, même si elle reste très faible. La concurrence est rude. Il ne faut pas hésiter à aller dans d'autres régions que la zone de Mexico. Il existe également des opportunités sur la cuisine (plats préparés, etc.). Le pays est également demandeur d'expertises dans le domaine de l'agroalimentaire.

Comme vous pouvez le constater, le potentiel est riche. Il faut réellement dépasser le déficit d'image du Mexique et ne pas hésiter à s'y implanter.

Projets financés par l'Agence française de développement

Ludovic COCOGNE
Coordinateur régional du Département Amérique Latine et Caraïbes
Agence française de développement

J'aimerais partager avec vous notre d'expérience d'un partenariat récent, relativement improbable mais porteur de réelles perspectives.

L'Agence française de développement a été créée il y a 70 ans, principalement pour travailler avec les anciennes colonies. Elle a ensuite élargi son activité aux programmes de lutte contre la pauvreté et de soutien à la croissance dans le monde méditerranéen. Puis, elle s'est tournée vers l'Asie et, plus récemment, vers l'Amérique Latine. A priori , son objet n'était toutefois pas d'être en relation avec un pays comme le Mexique, membre de l'OCDE et du G20.

L'Agence française de développement est une institution financière spécialisée, chargée de mettre en oeuvre la politique de coopération de la France. Le gouvernement nous a demandé d'intervenir en Amérique Latine en 2009, en orientant notre action sur la croissance verte et solidaire. Nous apportons nos financements aux Etats fédéraux, aux entreprises publiques ou aux ONG.

Nous disposons d'outils différents selon les zones géographiques. Au Mexique, nous mettons en oeuvre des crédits qui ne sont pas bonifiés. Cette situation pose clairement la question de la compétitivité de notre offre, surtout dans le contexte actuel. Contrairement à la plupart de nos partenaires historiques, le pays a une très bonne signature sur les marchés internationaux et a largement accès aux financements. Nous sommes donc confrontés à une concurrence que nous ne connaissons généralement pas. Par ailleurs, nous accordons quelques accompagnements en subventions, sur les fonds propres de l'AFD ou par la mobilisation de fonds de l'Union européenne.

L'AFD travaille à l'approfondissement des liens entre nos deux pays et au renforcement de la présence française au Mexique.

Nous avons, pour le moment, octroyé deux prêts. Ils sont liés au plan mexicain sur le climat. La politique mise en oeuvre dans ce domaine est exemplaire. Nous avons établi une coopération de long terme, à la fois financière et technique. D'autres projets sont en cours d'instruction, à des niveaux d'avancement variés. Ils concernent notamment la promotion des énergies propres ou la gestion de l'eau ou de l'assainissement.

Outils et aides financières OSEO - Ubifrance

Alain RENCK
Directeur de l'international, OSEO

Aller à l'international n'est pas simple pour une PME. Cela nécessite du courage, de l'obstination et de la patience. Il faut du temps. Or les entreprises n'en ont pas forcément. Nous essayons donc de les soutenir dans cette aventure. Le Mexique, avec une croissance de l'ordre de 4 % par an, recèle de réelles opportunités.

Jamais les dispositifs d'aide aux entreprises n'ont été aussi intéressants en France. Ils restent probablement un peu dispersés mais ils sont néanmoins très complets. Nous offrons une large gamme de produits. Nous proposons des prêts, qui peuvent aller jusqu'à 3 millions d'euros, sur des durées longues. Ils sont construits pour permettre aux sociétés qui s'intéressent à ces marchés de ne pas se focaliser, dès le début de leur expérience, sur les exigences de remboursement. Ils présentent en outre l'énorme avantage d'être sans garantie. Nous savons bien que cela est un peu risqué. Nous considérons toutefois qu'il s'agit d'une condition pour permettre l'ouverture à l'international.

Nous proposons de petits prêts, permettant aux entreprises de découvrir les potentialités existantes. Nous leur offrons également un « chèque cadeau » de 1 000 euros à valoir sur le catalogue de prestations d'Ubifrance, afin qu'elles puissent bénéficier d'un accompagnement. Nous avons, dans ce dispositif, uni nos compétences.

Généralement, les PME commencent par exporter. Puis, si cela fonctionne, elles essayent de s'implanter, en créant une filiale locale. Cette démarche est évidemment risquée. Là encore, nous pouvons intervenir en apportant des garanties sur les fonds propres. Nous assurons ainsi aux entreprises qu'elles pourront poursuivre leur activité.

Depuis trois ans, nous intervenons sur des projets technologiques regroupant des entreprises françaises et mexicaines. De tels modes de fonctionnement sont très intéressants, puisqu'ils permettent de mutualiser les coûts, de réduire les délais et de s'ouvrir des marchés. Ce partenariat doit encore être intensifié.

Nous avons conclu un partenariat avec la banque de développement mexicaine.

Nous participons également à un programme européen incitant des partenariats collaboratifs dans le domaine de la R&D. Il pourrait être très utile pour aider des PME françaises à s'implanter au Mexique.

Nous réfléchissons à l'installation d'un VIE (Volontaire International en Entreprise), dont le rôle serait d'aider les entreprises françaises arrivant au Mexique.

Je ne peux qu'encourager les entreprises françaises à s'intéresser au Mexique et à se tourner vers OSEO. Nous avons des outils simples et performants pour vous accompagner.

Regards croisés de grands patrons mexicains et français

Miguel ALEMAN VELASCO, Président du Conseil, Aerolinea Interjet

Juan GALLARDO, Président, Embotelladoras Unidas

Jean-Paul HERTEMAN, Président du Directoire, SAFRAN

Les débats sont animés par Céline KAJOULIS, Chef du service Economie, Radio Classique

Céline KAJOULIS

Nous allons écouter les regards croisés de trois grands patrons, membres du groupe de haut niveau mis en place par les Présidents mexicain et français.

Jean-Paul Herteman, votre groupe est présent depuis longtemps au Mexique. Vous y êtes le premier employeur de l'aéronautique. Pouvez-vous nous expliquer à quel point ce pays est important pour le développement de SAFRAN ?

Jean-Paul HERTEMAN

SAFRAN est une société de taille importante, avec 11 milliards d'euros de chiffres d'affaires. Elle intervient dans des domaines de haute technologie, avec souvent une dimension de souveraineté. Nous produisons des équipements critiques. Environ 80 % de notre activité est réalisée à l'exportation. De plus en plus, nos marchés s'orientent vers les grands pays émergents.

Le Mexique est, en termes d'effectifs, notre troisième pays d'implantation, derrière la France et les Etats-Unis. Nous y employons plus de 3 000 personnes et, compte tenu de notre croissance, le seuil des 4 000 devrait être prochainement atteint. Nous sommes le premier intervenant aéronautique mexicain. Nous avons investi 500 millions d'euros en dix ans.

Nos usines mexicaines ne sont pas des maquiladoras . Le management est très largement local. Le retour sur investissement est rapide. Il n'est pas constitué uniquement des coûts de main d'oeuvre. Les différenciations technologiques en sont également un élément important.

Nous allons inaugurer, au début de l'année prochaine, une usine de maintenance de réacteur d'avion. Elle sera la plus moderne du monde. Nous avons également des projets d'extension pour nos ateliers de câblage et de création d'une nouvelle entité sur les matériaux composites.

Nous essayons de concevoir notre présence au Mexique comme un vrai partenariat. Nous contribuons à l'émergence de campus technologiques. La poursuite de notre développement demande des capacités de formation spécialisée.

Il ne faut pas être naïf face à la mondialisation. Les règles du jeu doivent être claires. Les pays comme le nôtres ne doivent pas hésiter à jouer pleinement de leurs avantages historiques. Cela ne signifie pas vouloir le conserver jalousement mais, au contraire, de les apporter au monde. Nous devons accepter que le « gâteau » soit partagé. Il sera ainsi plus gros et nous aurons de plus belles parts.

Céline KAJOULIS

Vous êtes le Président du Conseil des chefs d'entreprise France-Mexique. Que s'est-il passé au cours de cette année ? Sur quelles pistes faut-il travailler en priorité ?

Jean-Paul HERTEMAN

Nous avons mis en place des pôles de compétitivité. Comme je l'ai déjà indiqué, nous avons contribué à la construction de campus technologiques dans le domaine de l'aéronautique. Nous avons également constitué une filière de biofuel. Dans le futur, la réduction de la consommation des avions ne suffira pas pour poursuivre le développement du transport aérien. Nous devons absolument trouver d'autres carburants. Nous devons toutefois le faire intelligemment, sans mettre en péril les enjeux agroalimentaires. Il faut en outre s'assurer que les nouvelles solutions envisagées aient un bilan carbone positif. Nous avons déjà quelques pistes prometteuses.

Céline KAJOULIS

Aerolinea Interjet, qui est une compagnie low cost, est l'un des principaux clients d'Airbus.

Miguel ALEMAN VELASCO

Nous sommes effectivement le principal client d'Airbus au Mexique. En Amérique Latine, je crois que nous sommes devancés par une compagnie brésilienne et une compagnie chilienne.

Nous avons réussi à bâtir de vrais partenariats entre la France et le Mexique dans le domaine de l'aéronautique et de l'espace. Les succès sont nombreux et ont des répercussions très positives.

Un groupe de Français s'est installé au Mexique au 19 ème siècle pour créer des usines textiles et ce que nous appellerions aujourd'hui des grands magasins. Ceux-ci ont permis l'émergence d'une nouvelle catégorie de population, qui ne travaillait pas la mer et ne descendait pas dans les mines. La participation de la France au développement économique du pays s'est consolidée aux 20 ème et 21 ème siècles. Il existe aujourd'hui près de 400 entreprises d'origine française au Mexique. Elles génèrent environ 80 000 emplois. La présence française est également évidente dans le monde de l'enseignement et de la formation.

Les collaborations sont étroites dans le domaine de l'aéronautique. Elles le sont également dans le secteur de l'automobile, qui est particulièrement développé dans notre pays.

Le groupe de haut niveau, constitué en 2008, avait pour objectif d'identifier des projets pouvant être mis en place sous forme de partenariats ou de sociétés. Un certain nombre d'entre eux ont pu se concrétiser grâce aux efforts de coopération entre nos deux pays.

En ce qui concerne l'aéronautique, les compagnies à bas coûts ont fait leur apparition et tirent désormais le marché en Amérique Latine. Le potentiel est très important. Aerolinea Interjet est devenu le deuxième opérateur national. Nous assurons 25 % des vols intérieurs. Nous avons encore de fortes perspectives de croissance, en particulier sur les liaisons transfrontalières. Grâce à des alliances avec d'autres transporteurs, il est possible de proposer des tarifs accessibles à la plus large partie de la population.

Quels que soient les résultats que nous avons déjà obtenus, les liens entre la France et le Mexique doivent encore se renforcer.

Céline KAJOULIS

Juan Gallardo, quels sont, selon vous, les apports de ce groupe de haut niveau ? Quel regard portez-vous sur notre pays ?

Juan GALLARDO

Nous avons déjà assisté à des présentations détaillées sur ce sujet depuis le début de ce colloque. Les relations entre nos deux économies restent insuffisantes. Nous savons dans quelle direction nous devons aller.

Le groupe de haut niveau a bien fonctionné, car les personnes qui en faisaient partie se sont bien entendues. Cette dimension humaine est extrêmement importante. Elle a permis des échanges riches, autour d'un mandat clair et officiel. Nous avions trois objectifs. Nous voulions obtenir des résultats concrets, grâce à une démarche ouverte à tous ceux qui souhaitaient y participer. Il nous paraissait également souhaitable de pouvoir capitaliser sur des expériences pouvant être reproduites. Il me semble que toutes les réussites qui ont pu être enregistrées présentaient ces caractéristiques.

Le plus important est de trouver les bons partenariats. Il existe de très nombreuses opportunités, qui n'ont pas encore été explorées. Le traité de libre-échange avec l'Union européenne a permis des avancées importantes, notamment dans le domaine de l'agroalimentaire. Nous avons des quotas élevés, qui ne sont pas atteints. Les négociations ont déjà eu lieu, il ne reste qu'à mettre en oeuvre ce potentiel. Nos deux pays peuvent certainement en tirer avantage.

Table ronde : Secteurs d'opportunités au Mexique

Les débats sont animés par Nasser El Mamoune, Directeur Mexique, Mission économique d'Ubifrance et Céline KAJOULIS, Chef du service Economie, Radio Classique

• Aéronautique

Xavier DESSEMOND, Group Vice-President Purchasing, SAFRAN

Philippe BOTTRIE, Senior Vice President International Strategic Business, EADS

• Infrastructures pour l'environnement (air, eau, déchets)

Jacques MOUSSAFIR, Président Directeur Général, Aria Technologies

Céline KAJOULIS

Pourquoi les groupes SAFRAN et EADS ont-ils choisi de s'implanter au Mexique ?

Xavier DESSEMOND

SAFRAN compte dix usines au Mexique. Nous sommes présents dans quatre Etats différents, dans la fabrication et la maintenance aéronautiques. Le pays présente beaucoup d'atouts.

Pour un groupe comme le nôtre, il est important de développer une supply chain autour de nos usines, y compris pour limiter l'effet des fluctuations de changes.

Céline KAJOULIS

Est-il essentiel d'être présent au Mexique pour obtenir des marchés dans la région ? La proximité géographique est-elle importante ?

Xavier DESSEMOND

Une présence locale est très importante. Nos fournisseurs qui s'implantent au Mexique confirment leur convergence avec les intérêts du Groupe. Les PME françaises sont souvent très performantes, avec des niveaux de compétitivité élevés. En s'installant au Mexique, elles peuvent plus facilement s'ouvrir les portes du marché nord-américain. Elles peuvent conquérir de nouveaux clients.

Céline KAJOULIS

Avez-vous des besoins spécifiques vis-à-vis de sous-traitants que vous pourriez accompagner dans leur installation ?

Xavier DESSEMOND

Nous avons un certain nombre de besoins, notamment dans le domaine de l'usinage et de la chaudronnerie. Ils se développeront au fur et à mesure de la croissance de nos activités. SAFRAN a déjà beaucoup investi au Mexique et souhaite continuer à le faire. Nous travaillons déjà avec des sociétés françaises implantées au Mexique mais nous avons aussi d'autres contacts en cours.

Céline KAJOULIS

Que diriez-vous à un entrepreneur qui souhaite s'installer au Mexique ?

Xavier DESSEMOND

Il est important de maîtriser le risque, en identifiant des partenaires locaux capables de le partager. Il faut investir progressivement. Les opportunités sont extrêmement nombreuses. Il ne faut donc pas se focaliser sur un seul client. Il est possible de construire un plan d'affaires avec plusieurs clients cibles.

Je reconnais qu'il est probablement plus difficile pour une PME française de s'installer au Mexique que dans d'autres régions, comme le Maghreb. Il existe des obstacles culturels. Le pilotage à distance est toujours compliqué. Les entreprises qui souhaitent se lancer dans l'aventure doivent avoir suffisamment de maturité, avoir atteint une taille critique et être dans une situation saine d'un point de vue financier.

Nasser EL MAMOUNE

Les PME prennent des risques en s'installant sur un marché aussi lointain que le Mexique. Il est effectivement important qu'elles diversifient leurs clients.

Céline KAJOULIS

Une des marques d'EADS, Eurocopter, va installer sa première usine au Mexique. L'investissement est de près de 650 millions de dollars. Il s'agit de votre deuxième implantation sur le continent, qu'est-ce qui a guidé votre choix ?

Philippe BOTTRIE

EADS est présent depuis très longtemps au Mexique. Nous ne pouvons pas prétendre pénétrer un tel marché sans des relations de confiance et d'amitié, qui ne peuvent s'établir que sur le long terme.

Au Mexique, nous avons atteint un chiffre d'affaires de pratiquement 200 millions de dollars, contre environ 75 millions il y a cinq ans. Nous comptons 300 emplois directs et de l'ordre de 4 000 emplois indirects.

Nous avons posé la première pierre de notre usine Eurocopter il y a quelques jours. Nos décisions d'investissement appuient les choix stratégiques fait par le Mexique dans le domaine de l'aéronautique civil et militaire.

Céline KAJOULIS

Dans un tel projet, emmenez-vous des sous-traitants français ?

Philippe BOTTRIE

Nous travaillons avec beaucoup de partenaires. Dès lors qu'elles apportent une plus-value, les PME qui souhaitent s'associer au développement de notre activité sont les bienvenues.

Céline KAJOULIS

Avez-vous des conseils à donner aux entrepreneurs qui voudraient s'installer au Mexique ?

Philippe BOTTRIE

Il existe des liens forts entre nos deux pays, comme en témoigne la qualité du français parlé depuis ce matin par nos intervenants mexicains.

Je recommanderais aux PME de prendre appui sur les grands groupes ayant un ancrage local important. Elles pourront ainsi capitaliser sur leur expérience et profiter de leur dynamique. Nous appréhendons l'avenir très sereinement au Mexique. Les analystes font état d'un besoin de 400 avions dans les 20 prochaines années. Nous participons aux recherches en cours sur les biocombustibles. La filière devrait être extrêmement porteuse, d'autant que ces cultures pourraient remplacer celles de substances illicites.

Nasser EL MAMOUNE

La main d'oeuvre est formée et de qualité. Il s'agit d'un élément de compétitivité très important.

Alfred RODRIGUEZ, Président de la CFMCI (Chambre franco-mexicaine de commerce et d'industrie), CCEF

Les entreprises françaises qui vont au Mexique découvrent rapidement qu'elles pourront compter sur du personnel qualifié. Cet atout intéresse aussi très fortement les Etats-Unis. Il est évidemment essentiel dans des domaines comme l'aéronautique.

Nasser EL MAMOUNE

L'aéronautique et la santé sont des secteurs en pleine croissance au Mexique. Les deux exigent une certaine confiance vis-à-vis des producteurs. Les Etats-Unis n'hésitent pas à investir dans ces domaines du fait de la qualité des ressources humaines. Aujourd'hui, beaucoup de sites sont à forte valeur ajoutée.

Céline KAJOULIS

L'expérience d'Aria Technologies est intéressante, car il s'agit d'une PME. Que faites-vous au Mexique et pourquoi avez-vous pris la décision de vous y implanter ?

Jacques MOUSSAFIR

Nous réalisons des simulations numériques. Nous essayons notamment de prévoir la pollution atmosphérique dans les grandes villes ou l'impact des usines sur leur environnement. Nous travaillons aussi sur les risques industriels, les adaptations au changement climatique, etc. Nous sommes forcément très liés à des partenaires universitaires.

Au total, nous comptons une cinquantaine de collaborateurs. Si nous voulons nous implanter à l'étranger, il est essentiel de respecter les compétences de nos partenaires.

Céline KAJOULIS

Vous avez bénéficié d'un portage avec GDF Suez.

Jacques MOUSSAFIR

Nous avions déjà l'expérience de création d'une filiale au Brésil. Nous l'avons fait seul mais nous avons rencontré des difficultés. Au Mexique, nous avons bénéficié d'un accompagnement de la part d'un grand groupe. Les choses ont pu aller beaucoup plus vite. Nous avons pu démarrer notre activité presque immédiatement. Ce mécanisme est vraiment très intéressant.

Céline KAJOULIS

Vous avez développé votre activité au Mexique en faisant appel à un VIE. Aviez-vous déjà utilisé ce schéma dans d'autres pays ?

Jacques MOUSSAFIR

Non.

Céline KAJOULIS

Le VIE est-il une solution idéale pour découvrir un pays ?

Jacques MOUSSAFIR

Le VIE diminue considérablement les risques. Au Brésil, nous avons obtenu des contrats autour des JO de Rio mais ceux-ci ont mis un peu de temps à se mettre en place. Néanmoins, nous avons dû rémunérer notre personnel. Les investissements pour faire fonctionner notre filiale ont été plus élevés que nous ne le pensions.

Céline KAJOULIS

Anaïs, que vous avez recrutée comme VIE est dans la salle. Pouvez-vous nous faire part de votre expérience mexicaine ?

Anaïs

Je suis hébergée dans les locaux d'une filiale de GDF Suez, Degrémont. Je ne suis donc pas isolée. Il m'est aussi plus facile d'avoir des contacts, auprès de clients potentiels ou d'administrations. Le VIE est un statut intéressant, puisqu'il permet de bénéficier d'une couverture sociale française. Il s'agit d'un élément rassurant avant de partir dans un pays que l'on ne connaît pas.

Nasser EL MAMOUNE

Le Mexique est le troisième pays d'accueil de VIE, après la Chine et l'Inde. Ils sont une centaine. Ils peuvent être hébergés par la Chambre de commerce.

Il y a beaucoup de femmes VIE au Mexique. Cela montre que les problématiques d'insécurité ne sont pas si prégnantes.

Céline KAJOULIS

Après cette première expérience, passerez-vous par le VIE pour vos prochains développements à l'étranger ?

Jacques MOUSSAFIR

C'est probable, même si cette solution ne s'applique peut-être pas à tous les pays. Elle présente néanmoins beaucoup de garanties. Elle permet aussi de recruter des collaborateurs dynamiques et motivés.

Delphine BAUER, magazine Classe Export

Vous avez évoqué des différences culturelles, pouvez-vous être plus précis à ce sujet ?

Xavier DESSEMOND

Il s'agit d'une difficulté pour toutes les PME s'installant à l'étranger. Les obstacles culturels sont cependant moindres au Mexique qu'en Chine ou en Inde. Globalement, les pratiques sont assez semblables à ce que nous connaissons.

Alfred RODRIGUEZ

Nous avons trop de préjugés vis-à-vis du Mexique. Il s'agit d'un pays ami, où il est très facile de vivre. Le frein est surtout en France. Heureusement, les grands groupes se sont implantés mais il est encore difficile de convaincre les PME. Pourtant, c'est probablement une erreur d'oublier le Mexique.

En 30 ans de présence au Mexique, je ne connais pas d'entreprise qui ait échoué dans son installation.

• TIC

Santiago GUTIERREZ, Président, CANIETI (Chambre mexicaine de l'industrie électronique, des télécommunications et des technologies de l'information)

Laurence CAVAILLES, Responsable expertise métiers, Codix

Jean-Michel LEFEVRE, Directeur général, Probayes

• Biens de consommation

François PHILIPPOT, Overseas Sales Manager, GIFFARD Liqueurs & Sirops

• Formation professionnelle

Alfred RODRIGUEZ, Président de la CFMCI (Chambre franco-mexicaine de commerce et d'industrie), CCEF

Stéphane SORLIN, Président Directeur Général, Annecy Electronique

Nasser EL MAMOUNE

Pour cette seconde partie de la table ronde, nous accueillons exclusivement des PME.

Santiago Gutierrez, quelles sont les opportunités dans le secteur des TIC au Mexique ?

Santiago GUTIERREZ

Au Mexique, les TIC représentent environ 5 % du PIB. Les télécommunications représentent, à elles seules, 35 milliards de dollars, dont environ 26 milliards pour les services à plus ou moins forte valeur ajoutée. Les technologies de l'information représentent un marché de 17 milliards. Les exportations atteignent 4,3 milliards dans le cadre de schéma d' outsourcing . Le Mexique se situe au quatrième rang mondial. L'objectif est gagner une place d'ici 2013.

Le dynamisme de notre économie nous permet d'attirer les plus grandes entreprises du continent américain mais également d'Europe ou d'autres pays émergents, comme l'Inde. Elles s'installent au Mexique notamment pour profiter des avantages de l'ALENA.

Nous disposons d'une population d'ingénieurs nombreux et formés. Le pays forme 95 000 ingénieurs par an, dont environ les deux tiers dans le domaine des TIC. Ils sont considérés comme très créatifs.

Le gouvernement mexicain a donné la priorité à des politiques publiques favorisant le développement des TIC. Il existe notamment des mécanismes de financement de projets pour les PME. Dans ce cadre, des fonds peuvent également être attribués à des entreprises étrangères. En quelques années, près d'un milliard de dollars a été octroyé.

Les efforts mis en oeuvre par tous les acteurs ont permis de créer un écosystème dans différents Etats mexicains. Ils sont aujourd'hui 28 à disposer d'un cluster actif.

Le marché des télécommunications a été ouvert à la concurrence à partir du milieu des années 90. Ce mouvement n'a pas été facile à mettre en oeuvre mais des progrès importants ont été réalisés dans la période récente, avec des réformes législatives majeures. Il est étonnant que les opérateurs français ne soient pas présents au Mexique, à la différence des Espagnols par exemple.

Le marché est dynamique et les opportunités sont nombreuses. Le haut débit n'est pas encore très développé dans notre pays. Le taux de pénétration des téléphones mobiles conserve également des marges de progression. Nous ne sommes actuellement qu'à 85 %. Seulement 40 % de la population utilise Internet, alors que les économies les plus avancées arrivent à près de 90 %.

Nasser EL MAMOUNE

France Telecom a abandonné sa participation dans l'entreprise de Carlos Slim. Quand on voit ce que celle-ci est devenue, il ne s'agissait peut-être pas d'une très bonne décision.

Santiago GUTIERREZ

France Telecom a été l'un des deux partenaires au moment de la privatisation de Telmex. Il détenait 5 % des actions et 15 % des droits de vote. Toutefois, la téléphonie mobile n'existait pas. Nous étions dans une autre époque.

Depuis sa privatisation, le groupe, constitué à partir de Telmex, a multiplié par cinq son chiffre d'affaires. Il atteint désormais 30 milliards de dollars. Il dégage en outre une rentabilité équivalente à celle des grandes compagnies européennes qui étaient des monopoles d'Etat. Il est pourtant dans un marché concurrentiel.

Dans le cadre des responsabilités que j'avais à l'époque, j'ai essayé de faire en sorte qu'ATT investisse dans Telmex au moment de la privatisation. S'il l'avait fait, ce groupe n'aurait pas connu la même histoire par la suite.

Nasser EL MAMOUNE

Nous avons organisé une mission de rencontres entre America Movile et un certain nombre de PME. Nous avons la chance d'en avoir une parmi nous aujourd'hui. Elle va nous présenter son expérience et ses projets au Mexique.

Laurence CAVAILLES

Codix est une société française, qui développe une solution informatique pour la gestion de comptes courants ou le recouvrement contentieux. Au début de l'année 2010, nous avons demandé à Ubifrance de nous accompagner dans notre mission de prospection au Mexique. Nous en avons été très satisfaits. Nous avons pu rencontrer d'autres PME françaises souhaitant s'implanter à l'étranger et obtenir de nombreux contacts dans les entreprises mexicaines. Nous avons déjà signé trois contrats et nous envisageons de créer une filiale à Mexico en 2012.

Céline KAJOULIS

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui souhaitent s'implanter au Mexique ?

Laurence CAVAILLES

Je voudrais déjà les rassurer sur les problématiques de sécurité. J'ai effectué plusieurs voyages sur place et, bien qu'étant une femme seule, je n'ai eu aucun désagrément. Je pense, en revanche, qu'il est important de parler un minimum espagnol.

Céline KAJOULIS

Les négociations durent-elles plus longtemps ?

Laurence CAVAILLES

Elles prennent un certain temps mais c'est également le cas en France. Il me semble néanmoins qu'il y a une tendance à l'accélération sur la fin. Nous avons encore un certain nombre de prospects en cours. Cela fait plus d'un an mais nous venons de signer un contrat il y a un mois. Il ne faut donc pas désespérer.

Céline KAJOULIS

Jean-Michel Lefèvre, le Mexique était votre première expérience à l'international. Comme se passe-t-elle ? Pourquoi aviez-vous retenu ce pays ?

Jean-Michel LEFEVRE

Probayes est une société informatique grenobloise spécialisée dans l'analyse de données prédictives. Elle a été fondée par un chercheur mexicain, qui avait fait une partie de ses études en France. Il a souhaité repartir dans son pays il y a deux ans. L'entreprise a par ailleurs eu la chance de participer à un projet de recherche conjoint entre le Mexique et l'Union européenne. Ces deux éléments nous ont permis de développer notre activité et, après un an, de créer une filiale. Nous nous sommes notamment appuyés sur un VIE.

Céline KAJOULIS

Auriez-vous pu développer votre activité de cette façon sans un VIE ?

Jean-Michel LEFEVRE

Il a évidemment été un élément facilitateur, d'autant qu'il parlait couramment l'espagnol.

Céline KAJOULIS

Le Mexique peut-il vous servir de point d'appui pour vous développer vers d'autres régions du monde ?

Jean-Michel LEFEVRE

Nous avons effectivement cette ambition.

Nasser EL MAMOUNE

Pour réussir au Mexique, il faut à la fois être persévérant et présent. Vous ne pouvez pas être sur place en permanence mais il est désormais assez facile d'organiser des rencontres régulières, même par téléconférence. Vous ne devez pas tout attendre de vos partenaires locaux. Il y a des opportunités mais il faut aller les chercher.

L'expérience de Giffard, dans un secteur très différent, est très intéressante.

François PHILIPPOT

Giffard est une PME française typique, avec une cinquantaine de salariés et 14 millions d'euros de chiffre d'affaires. Nous exportons un tiers de notre production. Mon rôle est de développer notre activité à l'international. Nos principaux concurrents sont Teisseire pour les sirops et Marie Brizard pour les liqueurs.

Il est facile d'exporter en Europe mais, au-delà, les obstacles culturels restent très forts. Le Mexique était notre septième mission avec Ubifrance. Tout a bien fonctionné. Nous avons déjà vendu deux containers en six mois. Les sommes en jeu restent faibles mais j'espère que nous allons rapidement augmenter nos volumes.

Nasser EL MAMOUNE

Pourquoi avez-vous décidé d'aller au Mexique ?

François PHILIPPOT

Notre entreprise est basée à Angers. Or le Conseil régional aide les PME à prospecter dans les pays émergents, dont le Mexique. Comme nous étions déjà présent en Asie, nous avons décidé de profiter de cette opportunité pour s'ouvrir vers l'Amérique Latine. Nous avons rapidement trouvé un partenaire local.

Céline KAJOULIS

Vous avez déjà une solide expérience à l'international. Avez-vous l'impression que les choses sont allées plus vite au Mexique que dans d'autres pays ?

François PHILIPPOT

Nous avons probablement trouvé les bonnes personnes au bon moment. Les contacts sont assez faciles avec les Mexicains. Nous avons plus de difficultés en Asie.

Céline KAJOULIS

Comment les marques françaises sont-elles accueillies ?

François PHILIPPOT

Elles sont très bien perçues. Sur notre domaine d'activité, la France est déjà présente au Mexique avec Pernod Ricard.

Céline KAJOULIS

Alfred Rodriguez, quelles sont les opportunités dans le secteur de la formation professionnelle ?

Alfred RODRIGUEZ

Je dirige une PME de 70 personnes, spécialisée dans l'ingénierie de l'éducation. Depuis une trentaine d'années, elle participe au développement des écoles de l'enseignement technique et technologique. Le Mexique a toujours beaucoup investi dans ce domaine, même pendant les années les plus difficiles que le pays a connues. Les changements de gouvernement n'ont jamais remis en cause cette priorité.

J'ai importé au Mexique le concept des IUT français. Aujourd'hui, ils sont au nombre de 85 et accueillent plus de 140 000 élèves. Il s'agit de l'opération de coopération technique la plus importante que la France ait faite à l'étranger depuis 30 ans. Nous aurions pu penser que le Mexique aurait choisi les Etats-Unis comme modèle.

Ce contexte a facilité l'implantation d'entreprises françaises, notamment dans le domaine de l'automobile.

Stéphane SORLIN

Annecy Electronique est une société de 70 personnes, qui réalise environ 7 millions d'euros de chiffre d'affaires. Nous sommes équipementier dans l'automobile, le naval et un peu l'aéronautique. Nous développons des produits utilisés dans les écoles, les centres de formation professionnelle ou les universités. Il s'agit aussi d'un moyen de nous faire connaître.

Le Mexique représente jusqu'à 5 % de notre chiffre d'affaires. Il a fallu de la persévérance. Nous avons attendu trois ou quatre ans avant d'avoir des contrats mais ceux-ci se sont ensuite déclenchés très vite.

Céline KAJOULIS

Quelles sont les opportunités qui existent actuellement au Mexique ?

Stéphane SORLIN

Nous voulons capitaliser sur notre implantation dans le secteur de la formation professionnelle pour renforcer notre position dans l'industrie. Nous rencontrons toutefois des problèmes de taille critique. Il faut que l'activité se développe rapidement en France pour que nous puissions également le faire à l'international.

Alfred RODRIGUEZ

Je pense qu'il existe des opportunités dans tous les secteurs au Mexique. Je ne vous citerai qu'un exemple. Alors que les entreprises d'injection plastique sont nombreuses, il n'y a pas de moulistes. Les moules sont importés à 85 %. Ce pourrait être un débouché pour des sociétés françaises, d'autant que celles-ci rencontrent des difficultés sur leur marché d'origine.

Stéphane SORLIN

Le Mexique est un pays très accueillant, particulièrement pour les Français. Il s'agit d'un élément facilitateur.

Jean-Pierre ROULIER, Via'Consult Export

Je voudrais revenir sur l'expérience de Giffard. N'avez-vous pas eu de difficultés pour exporter vos produits, sachant que ceux-ci doivent respecter un certain nombre de règles d'étiquetage ?

François PHILIPPOT

Notre importateur a pris en charge cet aspect des choses. Tout a été très facile au Mexique. Dans certains pays asiatiques, les délais d'agrément de nos produits peuvent aller jusqu'à un an.

Nasser EL MAMOUNE

Nous sommes particulièrement vigilants dans le domaine de la santé. Nous avons rencontré l'organisme en charge de ce secteur, car les délais d'enregistrement des médicaments ou des dispositifs médicaux étaient spécialement longs. A priori , cela tend à s'améliorer. Certaines entreprises ont toutefois été découragées et ont préféré s'implanter sur d'autres marchés.

En ce qui concerne les vins ou les liqueurs, je n'ai pas eu connaissance de problème.

Julio ASENCIO, Via Tandem

Les procédures d'enregistrement sont accélérées pour les produits bénéficiant de l'agrément de la FDA.

Via Tandem a un bureau de représentation à Mexico. Nous travaillons déjà avec des sociétés françaises. Nous pouvons les aider à exporter, en leur facilitant l'appréhension des procédures locales et leur proposant toutes les solutions permettant de les alléger.

Clôture des débats

Carlos de ICAZA
Ambassadeur du Mexique en France

J'ai suivi tout le colloque avec un grand intérêt. Je voudrais remercier le Sénat français, Ubifrance et tous les participants.

La table ronde a permis de répondre à un certain nombre de questions que se posent les Français souhaitant s'installer au Mexique. Si vous avez encore des interrogations, nous sommes évidemment à votre disposition pour vous apporter toutes les précisions nécessaires.

Céline KAJOULIS

Y a-t-il encore quelques questions ?

De la salle

L'Europe connaît une crise boursière importante. Il n'y a plus de crédits disponibles pour financer les projets d'infrastructures. Comment peut-on faire pour néanmoins investir au Mexique ?

Carlos GUZMAN

Les projets d'infrastructures peuvent faire l'objet de financement par l'Etat mais, le plus souvent, il s'agit de concessions. Les entreprises étrangères, notamment espagnoles, sont assez présentes. Pour le futur, nous envisageons de développer des partenariats public/privé.

Carlos de ICAZA

Les liens peuvent être encore renforcés entre la France et le Mexique. Le potentiel est grand pour nos deux économies. Des progrès remarquables ont été réalisés au cours des dernières années, notamment grâce à la création du groupe de haut niveau. Beaucoup de projets et d'initiatives prouvent qu'il est possible d'approfondir nos relations.

Les synergies et les complémentarités sont des facteurs essentiels pour accroître la compétitivité des économies. Nous avons des atouts majeurs dans un contexte de mutualisation.

Christine Lagarde a déclaré récemment : « Le Mexique est et restera un exemple pour de nombreux pays dans ce contexte mondial complexe, car il fait face à la crise économique en faisant preuve de solidité, de stabilité et d'efficacité. » Nous avons mené les réformes nécessaires pour construire un cadre nous permettant d'affronter les difficultés actuelles. La Directrice du FMI a reconnu qu'il était intéressant de s'inspirer de notre expérience.

Pour conclure, je voudrais rappeler que nous restons à votre disposition. J'espère que nous pourrons organiser un colloque sur la France au Mexique dans le courant de l'année 2012.