colloque Russie



Rencontres Russie 2005

Sous le haut patronage de Christian PONCELET , Président du Sénat

Avec la participation de :

Patrice GELARD , Président du Groupe interparlementaire France-Russie du Sénat

Christian JACOB , Ministre de la Fonction publique

Sergueï NARYCHKINE , Chef de l'Appareil du Gouvernement de la Fédération de Russie, Ministre de la Fédération de Russie

Jean LEMIERRE , Président de la BERD

Valery DRAGANOV , Président de la Commission de la politique économique, de l'entrepreneuriat et du tourisme de la Douma de Russie

Allocution d'ouverture

Message du Président Christian PONCELET, lu par

Patrice GELARD
Président du Groupe interparlementaire France-Russie du Sénat

Mesdames et messieurs, je vous donne lecture d'un message du Président du Sénat, Christian Poncelet, qui n'a malheureusement pas pu se joindre à nous ce matin.

« Messieurs les Présidents, Madame et Messieurs les Ministres, Messieurs les Gouverneurs, Messieurs les Ambassadeurs, chers collègues, Mesdames et Messieurs, le Sénat est très fier et heureux d'accueillir aujourd'hui la première journée des « Rencontres Russie » organisées dans le cadre de son partenariat, toujours fructueux, avec nos amis d'Ubifrance. Les aléas de mon emploi du temps, très chargé en période budgétaire, ne m'ont pas permis d'être des vôtres ce matin, mais j'ai suivi avec attention l'organisation de ce colloque, et je tiens à adresser à toutes et à tous un chaleureux message de bienvenue.

Cette manifestation se déroule sous l'égide du groupe interparlementaire France-Russie, dont je salue le Président, mon collègue et ami le sénateur Patrice Gélard. Sous sa direction, et celle du Président d'Ubifrance, le député René André, je n'ai aucun doute sur la densité et la richesse de vos travaux, d'autant que les liens entre la Russie et la France sont particulièrement nombreux et diversifiés. Autant le dire d'entrée de jeu : la Russie est un pays ami, auquel je porte la plus grande sympathie, comme j'ai maintes fois eu l'occasion de l'exprimer, notamment au Président Serguei Mironov, mon homologue du Conseil de la Fédération, que je rencontre régulièrement dans le cadre de l'Association des Sénats d'Europe. Sans aborder le fonds du dossier - je laisse ce soin aux intervenants qui vont se succéder à la tribune toute la journée -, je voudrais simplement souligner les immenses perspectives que la Russie offre aux entreprises étrangères, avec son marché de 145 millions d'habitants - dont plus de 10 millions pour la seule ville de Moscou- sur un territoire qui représente, à lui seul, le huitième de la totalité des terres émergées dans le monde.

La Russie est un pays de gigantisme économique, avec toutes les potentialités et les retombées que cela représente en termes d'activité : premier producteur mondial de gaz, deuxième producteur et deuxième exportateur de pétrole, un des premiers producteurs de tous les métaux stratégiques. Ce pays engrange des excédents commerciaux record, de l'ordre de 15 % du PIB en 2004, et certainement plus en 2005 ! Certes, dans plusieurs domaines, la situation de l'économie russe est moins florissante. Je pense, en particulier, à son taux de chômage ou à son endettement extérieur encore élevé, bien qu'en voie de résorption. Par ailleurs, la société russe accuse des écarts très importants, pour ne pas dire alarmants, entre les nouvelles classes riches ou moyennes et un certain nombre de « laissés pour compte » qui n'ont pas pu - ou pas su - s'adapter à la nouvelle donne économique.

En outre, la production est encore souvent handicapée par des habitudes héritées d'un passé pourtant révolu : des contrôles tatillons dont se plaignent beaucoup d'entreprises, des pesanteurs administratives, parfois de la corruption... Malgré cela, le marché russe demeure très attractif, avec sa croissance annuelle supérieure à 7 % depuis trois ans et une consommation intérieure soutenue. Comment ne pas évoquer cette émergence d'une vraie « classe moyenne », qui dispose de revenus appréciables, qui augmente sa consommation et qui est friande de produits étrangers, pas seulement à Moscou mais aussi dans les autres grandes métropoles du pays.

Quant aux entreprises russes, elles modernisent leur outil de production à cadence accélérée et nouent des partenariats de toute sorte avec les investisseurs étrangers, en particulier dans les secteurs liés à la consommation des ménages : l'automobile, l'agro-alimentaire, les biens d'équipement, etc. Pourquoi se priver de toutes ces opportunités d'affaires, alors que dans beaucoup d'autres pays européens -à l'ouest comme à l'est- l'environnement économique est nettement plus terne et, parfois, plus risqué ? Beaucoup d'entreprises françaises l'ont déjà bien compris ! Comme le souligne à juste titre notre conseiller pour les Affaires Economiques de l'ambassade de France en Russie, M. Jean-François Collin, dans la plaquette du colloque : « ... vendre en Russie, c'est possible. Plus de 3 000 entreprises françaises parmi lesquelles de très nombreuses PME y exportent régulièrement, tandis que plus de 400 d'entre elles y sont implantées sous la forme d'une filiale de production ou de commercialisation, d'une co-entreprise ou plus modestement d'un bureau de représentation ».

Mais au-delà des statistiques et des paramètres économiques, je voudrais centrer mon propos sur trois points, à mes yeux capitaux. Le premier tient au climat de confiance politique qui s'est progressivement installé depuis les années 90 entre la France et la Russie. Aujourd'hui, nos relations avec la Fédération de Russie sont authentiques et loyales. J'en veux pour preuve la relation personnelle forte qui existe entre les présidents Jacques Chirac et Vladimir Poutine, ou - je le citais à l'instant - les liens établis entre le Sénat et le Président Mironov. Cette estime et cette confiance mutuelles doivent dépasser les cercles politiques. Il faut que notre présence économique se renforce en Russie, car elle prolongera à sa manière les efforts de la France pour faciliter l'arrimage irréversible de ce pays au cercle des Etats de droit, et son enracinement durable au club trop restreint encore des démocraties.

Le deuxième point concerne l'approfondissement et l'enrichissement du dialogue entre la Russie et l'Union européenne. Il faut bien reconnaître que depuis quinze ans, l'Europe des 25 s'est en partie forgée sur ce qu'il est convenu d'appeler l'ancien « Empire soviétique » ou encore l'ancienne « Europe de l'Est ». Si, sur la scène internationale, cette configuration nouvelle est déjà une réalité politique et juridique acquise, dans les opinions publiques européenne ou russe, les perplexités et les interrogations légitimes des premières années n'ont pas totalement disparu. Pour consolider le climat de confiance qui doit désormais prévaloir de part et d'autre, nos entreprises européennes - françaises, en particulier - doivent être attentives à ce qui se passe aujourd'hui en Russie. C'est aussi leur intérêt, car comme l'ont rappelé les signataires du protocole de coopération conclu entre l'Union européenne et la Russie fin avril 2004, « l'élargissement européen représente de part et d'autre une opportunité historique de renforcer [notre] partenariat stratégique et [nos] échanges »

Ma troisième et dernière remarque s'adresse moins aux entrepreneurs qu'à tous ceux qui rêvent de le devenir. Je pense en particulier à tous ces jeunes Français qui, malgré le pessimisme ambiant, croient encore à la réussite et sont prêts à s'engager. Je me garderai bien des comparaisons faciles, ou d'affirmer, comme certains, que la Russie serait un « eldorado » ni - encore moins - un « far West ». Ce serait pousser le goût du paradoxe un peu trop loin... En revanche, je suis convaincu que la Russie est un vrai pays d'avenir où presque tout est encore à faire, un de ces Etats jeunes où les mots « réussite », « promotion » et « succès » peuvent trouver tout leur sens.

Les représentants des entreprises qui vont témoigner devant vous ne me démentiront pas, j'en suis persuadé. Et je ne doute pas que pour ce qui le concerne, le groupe interparlementaire contribuera avec son enthousiasme habituel à la réussite de ce colloque. Je souhaite à tous d'excellents travaux, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat un très bon souvenir et que vous y reviendrez. »

René ANDRÉ
Député, Président d'Ubifrance

Mesdames et messieurs, chers amis, qui nous faites l'honneur d'être présents à nos côtés ce matin, je me réjouis d'ouvrir ces 5 èmes Rencontres Russie au Sénat, avec un parterre de participants d'une telle qualité. C'est un grand honneur, en particulier, de recevoir parmi nous Sergueï Narychkine, qui, outre ses fonctions de Chef de l'Appareil du Gouvernement de la Fédération de Russie, appartient à une famille qui a marqué de son empreinte l'Histoire de la Russie. Grand ami de la France, Sergueï Narychkine nous fait en outre l'honneur de maîtriser notre langue et je lui en sais gré.

Christian Jacob connaît bien la Russie également, et fit partie de ceux qui étaient les plus actifs au sein du groupe interparlementaire d'amitié France-Russie. D'éminentes personnalités ont également accepté de répondre à notre appel : Valery Draganov, Président de la Commission de la politique économique, de l'entrepreneuriat et du tourisme de la Douma. Je salue également M. Viktor Kokcharov, Ministre des relations économiques extérieures de l'oblast de Sverdlovsk, M. Roustam Minnikhanov, Premier ministre de la République du Tatarstan, Vladimir Tchoub, Gouverneur de l'oblast de Rostov et Valery Chantsev, Gouverneur de l'oblast de Nijni Novgorod.

Votre présence nombreuse constitue un encouragement pour nous tous, à poursuivre les efforts que nous avons entrepris en Russie, en nous efforçant désormais d'aller au-delà de Moscou pour gagner d'autres régions de ce grand pays. A cet égard, je remercie au passage tous les partenaires qui ont accepté de se joindre à l'organisation de ces 5 èmes Rencontres France-Russie, en saluant particulièrement ceux qui ont consenti à venir tout spécialement de Russie pour cela.

Les relations économiques entre la France et la Russie bénéficient actuellement de contacts politiques bilatéraux, qui sont en plein développement. Les exportations vers la Russie représentent plus de 3 milliards d'euros en 2004 et ont progressé de 12 % par rapport à 2003. Il ne faut pas, cependant, omettre de signaler que notre déficit commercial s'est creusé en 2003 et 2004, du fait du coût élevé des matières premières. La bonne tendance générale ne doit pas non plus occulter la place relativement modeste qu'occupe encore la Russie dans nos échanges commerciaux : environ 4 %, ce qui est bien entendu très en deçà des possibilités existantes. Plus de 400 entreprises françaises sont implantées en Russie, pour un stock d'investissements directs estimé à 2 milliards de dollars.

Depuis la mise en place d'une usine de montage inaugurée le 4 avril 2005, Renault est devenu le 1 er investisseur français, suivi de Total, Auchan et Saint-Gobain. Bien que les coûts pour accéder au marché russe soient importants, de très nombreux investisseurs français sont satisfaits de l'investissement réalisé et souhaitent le consolider. Prenant sa part du plan d'action Russie mis en oeuvre par le Ministre du Commerce extérieur, Ubifrance prend de nombreuses initiatives, dont je ne citerai que quelques exemples. Un dossier important est celui des VIE (volontaires internationaux en entreprise). Leur nombre est passé de 31 en 2003 à plus de 58 aujourd'hui, avec 36 sociétés dont 15 PME. Ubifrance a également rédigé un guide intitulé « s'implanter en Russie » et nous organisons régulièrement des séminaires de formation sur la gestion des différences culturelles.

Un numéro spécial du MOCI vient d'être consacré à la Russie et nous avons mis en place un forum internet, « la réalité des affaires en Russie », en coopération avec plusieurs partenaires. Je vous invite à rejoindre les 319 membres déjà inscrits à ce forum.

J'ai la certitude que grâce à la qualité et à la quantité des entreprises présentes et aux partenariats que nous avons établis, ces Rencontres constitueront un rendez-vous essentiel et incontournable de la communauté d'affaires française intéressée par la Russie. Nous vous proposons d'ores et déjà de nous retrouver chaque année pour ce rendez-vous.