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France - Vietnam, un partenariat durable

Ouverture

Christian PONCELET
Ancien Président du Sénat, Président du groupe interparlementaire d'amitié France Vietnamienne

Messieurs les Ambassadeurs de France au Vietnam et du Vietnam en France, Excellences, Mesdames et Messieurs les Présidents, mes chers collègues sénateurs, Mesdames et Messieurs, dans le cadre de partenariats aujourd'hui rôdés avec Ubifrance, le Sénat a pris l'habitude d'organiser des colloques pour encourager les échanges économiques de la France avec ses partenaires extra-européens, mais le rendez-vous de ce jour prend une dimension particulière. En effet, la relation qui nous unit, Vietnamiens et Français, Français et Vietnamiens, est une relation d'une autre nature que les seuls liens d'intérêt mutuels, car fondée sur les liens du coeur.

Cette relation est tissée par des décennies d'histoire commune, parfois tumultueuses, souvent mouvementées, toujours respectueuses de l'identité de l'autre. Le Vietnam n'est pas seulement une des économies les plus dynamiques d'Asie, qui a atteint un taux de croissance économique de 5,3 % dans la conjoncture de l'année 2009, difficile sur le plan économique comme financier.

C'est un des pays d'Asie avec lesquels la France a un des partenariats les plus anciens et qu'il nous appartient de développer dans toutes ses dimensions, sociale, culturelle et humaine. Lors de mon voyage au Vietnam avec le Premier Ministre, j'ai fait savoir que la France avait marqué sa présence dans ce pays sur le plan humain, avec par exemple la construction du centre de cardiologie à Hô-Chi-Minh-Ville, ou l'inscription de la baie d'Along au patrimoine de l'Unesco, et je souhaite en conséquence que nos échanges économiques s'inscrivent à ce niveau.

Le Vietnam est aussi présent en France. La communauté vietnamienne en France n'est-elle pas la deuxième communauté asiatique la plus nombreuse dans notre pays, immédiatement après la Chine ? Ces liens humains, j'ai eu à coeur de les développer comme Président du Sénat ; elle apparaît aussi dans le deuxième rang qu'occupe la France en termes d'aide publique au développement au Vietnam. Cette dimension humaniste marque et doit marquer l'ensemble des échanges franco-vietnamiens, y compris ceux économiques et industriels qui restent encore à développer. Des efforts doivent être fournis dans ce domaine et la France doit investir au Vietnam comme le Vietnam peut investir en France.

En 1990, la France occupait le premier rang parmi les investisseurs occidentaux au Vietnam. Le retrait qui a suivi la crise asiatique de 1997-1998 n'a jamais vraiment été comblé, sans doute à tort, car il existe au Vietnam une stabilité sociale et politique et une tradition francophone qu'on ne retrouve dans aucune autre des économies émergentes d'Asie.

Les dernières données disponibles pour l'année 2009, montrent peut-être une prise de conscience que l'économie française ne peut pas être absente d'un marché de 86 millions d'habitants. L'an passé, selon les données des douanes françaises, les échanges commerciaux franco-vietnamiens ont atteint 1,75 milliard de dollars, en hausse de 7 % par rapport à l'année 2008. Par ailleurs, avec 3 milliards de dollars, les investissements directs français au Vietnam classaient notre pays au 13 ème rang. C'est à la fois beaucoup et pas assez : sans anticiper sur les interventions qui vont suivre, et notamment l'exposé des représentants institutionnels de la France au Vietnam - je pense à notre ambassade, à la mission économique, aux conseillers du commerce extérieur et à la chambre de commerce et d'industrie - il faut faire savoir que le Vietnam représente un potentiel considérable des marchés d'infrastructure. Mais les PME ont aussi toute leur place, et je suis heureux que l'une d'entre elles vienne ici témoigner : contrairement à certaines idées reçues, l'assouplissement des réglementations et le niveau requis des investissements rendent le marché vietnamien tout à fait accessible aux PME. Par réciprocité, notre pays doit en faire de même pour les entreprises vietnamiennes.

En effet, même si le sujet déborde du cadre de ce colloque, les investissements vietnamiens en France on un fort potentiel de développement. Le Vietnam est appelé à devenir, dans dix ans, une économie industrialisée dont le poids sera équivalent à celui des membres du G20. Les entreprises françaises ont une chance historique à saisir, dès lors qu'elles persévèreront dans leur démarche et qu'elles sauront convaincre.

Je suis sûr que nous saurons, ensemble, cultiver les fruits d'une relation ancienne, en approfondissant le sillon que nous avons ensemble tracé de longue date. Et que vive l'amitié franco-vietnamienne. Je vous remercie.

Intervention de l'Ambassadeur du Vietnam en France

Son Excellence LE KINH TAI

Monsieur le Président, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames et Messieurs les présidents directeurs généraux, Mesdames et Messieurs les femmes et hommes d'affaires, Mesdames et Messieurs les délégués, chers amis, permettez-moi de vous dire tout mon plaisir d'être avec vous pour ce colloque consacré au partenariat franco-vietnamien. Je remercie notamment le Président Poncelet pour cette introduction pleine de sympathie et d'encouragements.

Le Vietnam a profondément changé en 20 ans. Il est donc nécessaire d'adapter notre coopération aux nouveaux enjeux d'un Vietnam en pleine évolution. Je pense d'abord aux nombreuses questions d'ordre économique, environnemental, social, posées par l'industrialisation et la modernisation de mon pays. Je pense aussi à la formation et à l'éducation d'un pays qui accueille 1,5 million de jeunes chaque année sur le marché du travail.

Comment la France pourrait-elle se repositionner dans ce nouveau contexte pour tirer profit de l'élan dynamique de l'économie vietnamienne et renforcer ainsi la visibilité de cette partie du monde où les entrepreneurs français ont tout intérêt à préserver voire à intensifier leurs liens économiques et commerciaux ? Les grandes questions internationales, telles que le changement climatique, les grandes épidémies, la crise financière et monétaire, le développement durable, appellent et exigent aussi une plus grande synergie d'action et une coopération plus étroite entre nos deux pays.

Ne laissez pas passer votre chance d'investir au Vietnam. Notre pays affiche une croissance soutenue de plus de 6 % depuis 20 ans. En 2009, dans un contexte de crise généralisée, nous avons été l'un des rares pays à atteindre une croissance positive de l'ordre de 5,3 %. Au cours du premier semestre 2010, le PIB a crû de près de 6 %. Connu pour sa stabilité sociale et politique et pour sa main d'oeuvre compétitive et qualifiée, le Vietnam figure comme une destination sûre pour les investissements étrangers. En effet, entre 2001 et 2009, nous avons attiré plus de 21 milliards de dollars au titre de l'investissement direct étranger en dépit des effets néfastes de la crise économique et financière mondiale. Avec une population assez jeune et une classe moyenne à pouvoir d'achat croissant, le pays a déjà attiré les plus grands groupes français dans divers domaines. Citons l'exemple de Casino qui possède des dizaines de supermarchés dans le pays. Auchan, Carrefour et Super U ne manqueront pas de rejoindre le groupe Casino dans un proche avenir.

J'appelle de mes voeux que l'implantation de PME françaises au Vietnam soit l'un des axes majeurs de la coopération décentralisée franco-vietnamienne. A ce propos, je vous invite à engager des réflexions sur le rôle des PME dans la coopération économique et les échanges commerciaux dans la perspective des prochaines assises de la coopération décentralisée qui se tiendront les 5 et 6 novembre dans la ville de Hai Phong.

La position stratégique du Vietnam en Asie du Sud-Est constitue un autre atout. Investir au Vietnam revient à multiplier vos chances d'atteindre un marché de 500 millions de consommateurs dans une zone qui figure parmi les plus dynamiques du monde, la zone de libre-échange de l'Asean, dans laquelle les droits de douane sont compris entre 0 et 5 % pour les échanges infrarégionaux. D'ailleurs, la coopération économique au sein de l'Asean figure comme l'un des trois piliers de la communauté Asean dont le Vietnam assure la présidence tournante en 2010.

En tant que Président de l'Asean, le Vietnam se fixe des priorités. Il s'agit de renforcer la coopération interrégionale pour parvenir à la création de la communauté de l'Asean en 2015 et oeuvrer pour l'application de la charte de l'Asean dans la vie communautaire en passant par le perfectionnement des organismes et institutions nouvellement mis en place. L'entrée en vigueur de cette charte en 2008 a marqué une nouvelle étape importante dans le processus d'intégration régionale en Asie du Sud-Est. Elle permet d'approfondir les relations économiques et commerciales au sein de la zone de libre-échange et de concourir à la paix et à la prospérité de la région. Ce cadre permet aussi à l'Asean de s'affirmer politiquement dans l'arène internationale. L'Asean a conclu un accord avec la Chine et la Corée du Sud, mais aussi des accords avec l'Inde, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. L'Asean intensifie aussi ses relations avec des pays du Golfe et le Mercosur.

En ce qui nous concerne de plus près, je vous engage à réfléchir au développement de vos affaires à partir du Vietnam avec le Laos, le Cambodge et la Thaïlande. Les conditions d'infrastructure s'y prêtent. Plusieurs projets de grande ampleur et plusieurs initiatives économiques ont été réalisées ou sont en cours de réalisation. Je pense notamment au corridor Est-Ouest qui s'étend sur une distance de 1 450 km et dont le terminal est au Vietnam constitue une fenêtre ouverte sur le Pacifique.

Les excellentes relations politiques facilitent et propulsent les échanges commerciaux et économiques et constituent une autre force du Vietnam. Le Vietnam et la France sont liés par des relations anciennes. Au-delà de la mémoire partagée, des événements ont marqué l'amitié de nos pays. Dans les années 80, la France nous a aidés à renouer avec la communauté financière internationale par son intervention au Club de Paris. Elle reste aujourd'hui le deuxième donateur bilatéral de l'aide publique au développement après le Japon. Je pense surtout aux réformes que la France a soutenues et que les entreprises ont toujours accompagnées par leur présence. La visite du Premier Ministre en novembre a aussi marqué un tournant dans nos relations bilatérales. Le résultat de cette visite ne se limite pas au montant très élevé des marchés conclus entre les deux pays. Il se traduit aussi par l'instauration de mécanismes de travail en commun et de concertation visant à renforcer l'aide et le soutien des autorités politiques des deux pays vis-à-vis des acteurs économiques. Je pense notamment à l'ouverture du bureau d'Ubifrance et à la reprise des travaux du Haut conseil pour le développement de la coopération économique bilatérale.

En guise de conclusion, permettez-moi de vous citer deux chiffres : la part de marché de la France dans le monde est de 3,6 % tandis que la part de marché de la France au Vietnam n'est que de 0,2 %. La marge de progression reste encore très importante. Néanmoins je présume que je peux compter sur votre engagement pour faire du Vietnam une porte d'entrée des entrepreneurs et des investisseurs français en Asie du Sud-Est.

Intervention de l'Ambassadeur de France au Vietnam

Jean-François GIRAULT

Monsieur le Président, cher Ambassadeur, Monsieur le directeur général d'Ubifrance, Mesdames et Messieurs, c'est avec beaucoup de modestie que je viens devant vous ce matin car je n'ai pris mon poste que de manière très récente.

Le Vietnam est un pays qui est en train de réaliser une impressionnante conversion économique et sociale. 70 % de sa population vit encore à la campagne, mais le pays s'est fixé pour objectif de devenir une puissance industrielle régionale d'ici 2020. Il est aujourd'hui au seuil de la catégorie des pays à revenus intermédiaires. Il a fait de sa croissance économique et des mécanismes de l'économie de marché le moteur de sa mutation. Le pays a doublé son PIB en sept ans, il a surmonté la crise internationale et la crise asiatique, son taux de croissance a été de 5,3 % en 2009 et il sera de 6,5 % en 2010 et probablement de 7 % en 2011. Le Vietnam s'ouvre aux investissements étrangers. Il commence à privatiser, avec pragmatisme, un certain nombre des actifs d'Etat. Les entreprises étrangères s'y installent en nombre. En 1995, la communauté française comptait 500 personnes ; et elle atteint aujourd'hui 6 200 personnes. C'est un pays qui a aussi d'immenses besoins, en infrastructures, en ingénierie, en formation pour porter le développement des entreprises vietnamiennes et du pays.

C'est un pays qui en 20 ans a totalement transformé les paramètres de sa politique étrangère. Le Vietnam, avec beaucoup de pragmatisme, a pour principe la stabilité dans la multipolarité. Le pays a intégré l'ensemble des forums internationaux de la région. Il a adhéré à l'Asean en 1995, il a intégré l'Asem en 1996, il a accueilli le sommet de la francophonie en 1997, il a intégré l'Apec en 1998, il est entré à l'OMC en 2007, il a siégé au conseil de sécurité en 2008 et 2009, il préside l'Asean en 2010. Le Vietnam a fait le choix de s'intégrer complètement sur la scène internationale et de privilégier un monde multipolaire.

C'est aussi un pays à la veille d'une échéance politique très importante. Dans sept mois s'ouvrira le 11 ème congrès du Parti communiste vietnamien. Au-delà du renouvellement des hommes, il s'agira d'adopter deux documents fondamentaux, un document de stratégie 2011-2020 encore en cours de discussion et un document de planification à cinq ans. Au coeur de la réflexion vietnamienne, se situe en effet le concept d'économie de marché. Le Premier Ministre vietnamien nous a d'ailleurs confirmé qu'il s'agissait d'un axe fort pour le Vietnam. A la veille de ce congrès, les instances dirigeantes débattent du rythme des modalités de la réforme économique et de sujets essentiels tels que l'endiguement de la corruption, sujet qui préoccupe les autorités vietnamiennes.

Le Vietnam met en oeuvre une ligne de gouvernance pragmatique, adaptée à son environnement régional. Je rappelle à ce sujet que la Chine est le premier fournisseur du Vietnam avec 25 % de parts de marché. Le pays est aussi conscient des ses vulnérabilités. Il doit modifier ses structures et encore assouplir un certain nombre de ses réglementations. Dans ce contexte, la France présente des atouts grâce à la présence de ses entreprises. La France reste le premier investisseur européen en stock et le premier apporteur d'aide publique au développement. Enfin, la visite du Premier Ministre le 12 novembre dernier a été l'occasion de signer un certain nombre de documents importants dans le domaine du nucléaire, de la formation, de la défense, de la sécurité intérieure, etc. La feuille de route ainsi élaborée vise à soutenir le développement durable et l'innovation technologique, appuyer les formations pour la croissance et favoriser l'expansion économique. En 2009, les ventes françaises au Vietnam sont repassées par-dessus la barre des 500 millions d'euros. L'implantation d'Ubifrance, qui a officiellement ouvert ses portes en janvier 2010, est un grand succès et répond aux préoccupations des petites et moyennes entreprises qui trouvent ainsi un relais et des conseils pour leur développement.

Intervention du directeur de la mission économique Ubifrance

Jean-Louis POLI

Le Vietnam connaît une croissance de son PIB soutenue depuis une dizaine d'années, grâce à ses grands groupes publics mais aussi via le secteur privé qui a pris le relais. L'essentiel de l'investissement industriel au Vietnam est aujourd'hui de nature privée et de nature étrangère. Les exportations tirent la croissance : elles portent sur des marchandises agricoles et sur des produits bruts comme le pétrole mais aussi sur des produis transformés (pour l'essentiel textile, chaussures, bois). Cette industrialisation rapide a connu en moyenne une croissance supérieure de 6 points à celle du PIB.

La croissance vietnamienne s'appuie aussi sur un marché intérieur porteur qui s'est accru de 18 % en 2009 et de l'ordre de 20 % en 2010. La grande distribution représente aujourd'hui 15 % du commerce de détail. Des opportunités sont donc à saisir dans l'industrie et dans la distribution. Ce marché bénéficie d'appuis extérieurs importants. Les investissements étrangers représentaient 11,5 milliards de dollars en 2008 et 8 milliards de dollars en 2009. Ces chiffres devraient être dans la même veine en 2010, ce qui est un signe de confiance dans le pays. Ces investissements étrangers portaient plutôt sur des industries légères, il y a encore quelques années, et ils s'étendent aujourd'hui à l'industrie lourde (cimenterie, sidérurgie, industrie mécanique). L'aide au développement représente chaque année environ 6 milliards de dollars et les Vietnamiens qui vivent à l'étranger apportent autant en devises que l'aide publique au développement. Ils investissent même dans leur pays d'origine (immobilier, commerce).

La Banque asiatique de développement tablait sur 6 à 6,5 % de croissance en 2010, faisant du Vietnam le pays à plus forte croissance de l'Asean. Il ne faut donc pas attendre pour venir au Vietnam car la croissance est déjà là et ce pays peut être une plate-forme pour l'Asean qui représente un grand marché. Le Vietnam sera la plus forte croissance de l'Asean avec l'Indonésie en 2010. C'est un pays jeune. La moitié de sa population a moins de 25 ans. Il faut donc y investir à long terme.

Le Vietnam dispose de plusieurs atouts : son endettement extérieur limité, sa stabilité politique, sa main d'oeuvre laborieuse et peu coûteuse, son développement et sa diversification industrielle et son équilibre social. Nous pouvons aider le Vietnam à monter dans la chaîne de valeur. Ce pays est donc résolument à examiner de près.

Intervention du Président de la société Caral

Yves TRIAS

Caral est une PME normande qui existe depuis 40 ans et qui est spécialiste des produits de maintenance pour l'industrie et les collectivités. Nous avons acheté cette société à la famille fondatrice il y a trois ans. Nous réalisons un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros et nous employons 60 personnes, dont 35 VRP en France. Il y a trois ans, la société n'était pas du tout exportatrice. C'est à l'occasion d'un voyage touristique en novembre 2007 que l'aventure a été lancée. Venu avec quelques échantillons, je me suis rendu compte de l'intérêt des consommateurs pour nos produits.

C'est grâce à la CCI du Havre que nous avons pu concrétiser notre projet en assistant à la Semaine Française organisée à Hô-Chi-Minh-Ville en avril 2008 durant laquelle nous avons pu exposer nos produits. Parallèlement, la mission économique a réalisé pour nous une étude de marché, laquelle nous a permis d'identifier quelques partenaires potentiels pour revendre nos produits sur place. Très rapidement, j'ai réalisé qu'exporter depuis la France des produits dans lesquels il y a parfois 90 % d'eau n'était pas très judicieux et nous avons trouvé un partenaire local qui souhaitait créer une société conjointe et qui était propriétaire d'une usine. Nous sommes aujourd'hui actionnaires à 25 % d'une joint venture. Les ouvriers et l'encadrement ont été formés en France. Des salariés français se sont aussi rendus dans cette usine pour se familiariser avec nos nouveaux collègues vietnamiens.

Aujourd'hui, la joint venture réalise un chiffre d'affaires annuel de 200 000 euros pour une cible de 2,8 millions d'euros dans trois ans. Nous venons d'être référencés par la société nationale Petro Vietnam. Nous fournissons en produits chimiques des firmes françaises présentes au Vietnam comme Lafarge et Technip, ainsi que des firmes étrangères. Ubifrance nous a permis de participer à moindre coût au salon Oil and Gas de novembre 2009 à Hô-Chi-Minh-Ville. Cette rencontre a motivé notre partenaire et nous a permis de crédibiliser notre démarche et de rencontrer des contacts importants.

Intervention du Président de la section Vietnam des CCEF et Directeur général du groupe EADS pour le Vietnam

Jean-Michel CALDAGUES

Le dynamisme économique du Vietnam et la qualité de la relation bilatérale sont autant d'éléments mobilisateurs pour les entreprises qui souhaitent s'implanter au Vietnam. Le Vietnam a su surmonter deux crises en prenant rapidement de bonnes décisions pour ramener les indices macroéconomiques du pays dans de bonnes proportions.

EADS a fait le pari, il y a plus de dix ans, de s'installer au Vietnam en décelant le potentiel de ce marché. Dix ans après, nous ne regrettons pas notre décision. Nous sommes la seule référence non russe dans le domaine des hélicoptères. Nous sommes présents dans le domaine aérospatial. Le premier satellite vietnamien a été lancé par Ariane Espace. Il en sera de même pour le deuxième. Nous sommes en train de finaliser la vente d'un microsatellite d'observation de la terre. Nous avons aussi une très forte présence dans le domaine de la maintenance aéronautique.

Permettez-moi en conclusion de vous donner quelques conseils. Nous ne pouvons rien faire au Vietnam sans établir de véritables partenariats. Il faut avoir l'audace de bâtir ces accords. EADS a proposé aux autorités vietnamiennes d'établir un partenariat stratégique pour fonder les bases d'une industrie aéronautique dans ce pays. Chaque programme commercial doit aussi s'accompagner d'une politique de transfert de technologies et de formation. Cette dimension est essentielle et permet de faire la différence avec des offres concurrentes.

Ne soyez pas timides. Beaucoup de PME engrangent des succès au Vietnam. Pour ceux qui ont eu la volonté de s'implanter dans la durée au Vietnam, je ne connais aucun échec.

Intervention du Président de la Chambre de commerce et d'industrie France-Vietnam

Marc VILLARD

Notre chambre de commerce a une triple vocation : animer la communauté d'affaires au Vietnam et lui apporter son appui, appuyer le développement du commerce extérieur en partenariat avec Ubifrance pour accompagner les entreprises qui souhaitent s'installer dans le pays, être une passerelle pour les entreprises vietnamiennes qui souhaitent découvrir le marché français et européen.

La chambre de commerce organisera la Semaine Française du 21 au 28 novembre 2010 à Hanoï. Cet événement vise à pallier le déficit de présence française au Vietnam. Cette manifestation est rendue possible par la labélisation accordée par Ubifrance qui permet aux entreprises d'y participer en bénéficiant d'un tarif sponsorisé. Cette manifestation jouit aussi du soutien du réseau des chambres de commerce et des régions françaises. La Semaine Française est l'occasion de découvrir des partenaires vietnamiens et de connaître les potentialités et les attentes du marché vietnamien.

Le Vietnam voit aujourd'hui éclore dans les zones urbaines une société de consommation. Il ne faut pas envisager le Vietnam comme un pays de délocalisation mais aussi pour son marché intérieur.

Lors de la Semaine Française, un forum d'affaires Ubifrance permet d'organiser des rendez-vous ciblés avec des décideurs vietnamiens et d'organiser des rencontres d'affaires privilégiées avec des experts français installés au Vietnam et représentant les grands métiers de l'international. Une exposition multisectorielle est aussi organisée du 25 au 27 novembre au coeur de Hanoï ainsi que des conférences thématiques de haut niveau sur les enjeux environnementaux et économiques. La Semaine Française, c'est aussi des événements culturels, sportifs et de prestige.

Intervention du Président de la société Arep, SNCF

Daniel CLARIS

Arep est engagé au Vietnam depuis cinq ans. Arep a acquis son savoir-faire dans les domaines du transport, de la densité et de la mobilité. C'est un savoir-faire que nous exportons largement à l'étranger, et notamment en Asie. Le Vietnam est un pays qui réfléchit à son développement, et notamment à son développement urbain. C'est aussi un pays ouvert aux compétences occidentales et notamment aux compétences françaises.

Nous intervenons dans plusieurs projets : la tour Financial Tower et la Tour Agribank par exemple, mais aussi pour des zones résidentielles. La touche française passe par l'expression du savoir-faire mais aussi par l'originalité des projets et leur élégance et surtout par le savoir-faire. Cette modernité doit aussi être durable et ces notions complexes sont intégrées très en amont dans nos projets.

Je remercie les Vietnamiens pour leur accueil et je souhaite que notre collaboration fasse émerger des projets de qualité qui seront gages d'authenticité et d'innovation, et qui laisseront aux générations futures une image positive de la France.

Débat

Claude FOULON, Chef de projet, Agri Agro Environnement

J'ai un projet de fibres végétales tropicales. Je recherche un partenariat dans ce pays. Si des personnes dans cette salle s'intéressent à mon projet qui s'inscrit dans le cadre du développement durable, je les prie de me contacter.

Philippe BELIARD, Directeur commercial, Europ Assistance IHS

Que conseillez-vous le plus : un partenariat avec une société locale ou une implantation en propre ? En cas d'implantation en propre, existe-t-il des limites au capital qui peut être détenu par une entreprise étrangère ?

Eric LE DREAU, Avocat, Indochina Legal

L'investissement étranger est traditionnellement réservé au domaine industriel pour production ou pour exportation, dans le cadre de joint ventures ou de détentions à 100 %. Depuis l'adhésion du Vietnam à l'OMC, la feuille de route est claire avec la possibilité d'investir dans le secteur des services qui permet d'investir à 100 % en capitaux étrangers. Certains investissements sont conditionnés. Il convient donc de consulter les autorités très en amont.

Jean-Louis POLI

Les impossibilités sont très limitées. Elles concernent notamment les services financiers.

De la salle, responsable d'un Master Droit des affaires internationales

Il convient de citer parmi les atouts du Vietnam la législation récente : loi sur les entreprises, loi sur l'investissement étranger, décret sur le partenariat public-privé. Nous sommes régulièrement interrogés par des investisseurs et des entreprises qui recherchent des personnes qualifiées. Pour répondre à cette demande, ne serait-il pas souhaitable de créer un consortium de compétences ? Je pense qu'un tel projet serait de nature à rassurer les entreprises ou à les inciter à se lancer.

Philippe CITROEN, Directeur général, Systra

La France finance partiellement le projet de métro de Hanoï. Pendant la Semaine Française, nous assisterons à la pose de la première pierre de ce métro. Avec de la patience et de la ténacité, nous pouvons avancer avec les autorités locales. Le Vietnam aura d'autres projets d'envergure à mener et il conviendra de les suivre de près.

Yves PERRAUDEAU, Université de Nantes

Nous sommes présents au Vietnam depuis une vingtaine d'années via nos formations. Des représentants de Total participent à nos enseignements dans le domaine bancaire et dans le domaine de la logistique. Cette formation permet ensuite de s'appuyer sur nos étudiants, ce qui facilite le travail de nos entreprises.

Bruno AUDOU, Conseiller municipal, Mairie de Bourg-la-Reine

Est-il prévu que le document cadre de partenariat (DCP) entre la France et le Vietnam soit reconduit ?

Jean-François GIRAULT

Le DCP sera renouvelé en 2010 suivant les mêmes priorités à quelques évolutions près (changement climatique, développement durable, formation). Je viens de transmettre à Paris le projet de document. Je rappelle qu'il doit recevoir au préalable l'accord de nos partenaires vietnamiens. Il sera limité à une durée de trois ans, c'est-à-dire pour la période 2011-2013, pour nous recaler sur le document stratégique européen qui sera renouvelé en 2014.

Lionel ARBET, Sales & Marketing Manager, Consolis

Concernant les infrastructures ferroviaires, j'ai entendu dire que les financements japonais étaient très importants au Vietnam notamment dans le domaine de la grande vitesse. Reste-t-il néanmoins de la place pour les entreprises françaises, notamment pour le métro de Hô-Chi-Minh-Ville ?

Jean-Michel CALDAGUES

Le projet est encore ouvert d'autant que l'Assemblée vietnamienne a émis des réserves sur le projet japonais de grande vitesse.

Christian PONCELET

La France fait-elle des propositions sur le métro et sur le TGV ?

Jean-Michel CALDAGUES

Concernant la grande vitesse, je n'en suis pas certain. En revanche, la France est présente sur les projets de rénovation de lignes ferroviaires.

Yves MOUILLET, Area Manager Asia, Alstom

Pour l'instant, le groupe Alstom ne s'intéresse pas de près au projet de grande vitesse d'autant que le projet a été reporté par l'Assemblée vietnamienne. En ce qui nous concerne, nous cherchons à intervenir de manière raisonnable sur le projet de métro de Hô-Chi-Minh-Ville. Nous répondons notamment dans le domaine de la signalisation ferroviaire. Les Japonais ont essayé d'imposer leur standard, pour l'instant sans succès. Pour l'heure, nous remettons des offres de sous-traitance à des firmes japonaises.

Christian PONCELET

Avons-nous fait une contre-proposition, sachant que le débat qui a eu lieu au sein de l'Assemblée nationale vietnamienne ?

Yves MOUILLET, Area Manager Asia, Alstom

C'est un très grand projet qui se chiffre à 56 milliards de dollars. Le groupe Alstom est intéressé par tous les projets de développement de la grande vitesse mais le problème réside dans le financement du projet.

Christian PONCELET

Compte tenu de l'ampleur du projet, nous pourrions faire une proposition par tranches.

Jean-François GIRAULT

Les Vietnamiens n'ont pas encore pris la décision de la grande vitesse en raison de l'ampleur financière du projet. C'est aussi pour des raisons pratiques que le projet n'a pas encore émergé compte tenu de la topographie du pays.

Jean-Claude ETIENNE

Je souhaite apporter mon témoignage sur les liens qui unissent la France et le Vietnam. Mes anciens élèves m'ont envoyé un dictionnaire des termes techniques utilisés dans le domaine médical. De telles initiatives sont l'occasion de créer un pont culturel qui doit trouver un prolongement dans le domaine économique et commercial.

Lors de la Semaine Française de novembre, je me demande si le domaine médical sera abordé. A ce sujet, je tiens à signaler l'appétence de nos amis vietnamiens pour la technologie, en particulier dans la prise en charge des malades et pour tout ce que l'industrie française peut proposer dans le domaine des nanotechnologies.

Madame WARTEL, Chef de projet-Services Événements Spéciaux UbiFrance

Les hautes technologies font partie des secteurs qui seront approchés pour l'organisation de la Semaine Française.

Jean-François GIRAULT

Nous ouvrirons en octobre 2010 l'université des sciences et technologies de Hanoï visant à former des ingénieurs et des docteurs qui seront demain les moteurs de la croissance industrielle. Parmi les six facultés de cette université, les deux premiers masters que nous ouvrirons en octobre prochain porteront justement sur les nanotechnologies et les biotechnologies. Par ailleurs, il convient de souligner que le secteur pharmaceutique est le deuxième poste d'exportation français au Vietnam après l'aéronautique. Ces entreprises ne se contentent pas de vendre au Vietnam mais fabriquent au Vietnam pour réexporter ensuite dans les pays de la région.

Nicolas POIROT, Directeur général Vietnam, Air Liquide

Nous avons démarré deux usines de production au cours des deux dernières années. D'autres grands groupes arrivent dans le pays, comme le leader mondial des semiconducteurs auquel nous fournissons de l'azote. Les Coréens installent des usines de téléphonie mobile au nord du Vietnam. Nous voyons arriver de nombreux projets que nous soutenons avec nos gaz industriels. Les Français sont pour l'heure peu nombreux et nous souhaitons qu'ils soient plus présents. Par ailleurs, les entreprises étrangères se focalisent souvent sur le Sud du Vietnam mais le Nord est tout aussi intéressant pour l'industrie.

Jean-Michel CALDAGUES

Le centre du pays est aussi très attractif.

Christian PONCELET

Le Vietnam est confronté à des difficultés importantes pour exploiter ses forêts car celles-ci ont été martyrisées par les conflits. Or l'ONF a mis au point une technique pour repérer les éclats dans les tronçons. C'est donc une coopération à développer. J'espère par ailleurs que la grande distribution française ne commercialisera pas que des produits d'origine chinoise.

Madame WARTEL

Je remercie Monsieur le président du Sénat, Messieurs les ambassadeurs ainsi que les conférenciers pour leur présence. Je vous encourage à nous rejoindre au mois de novembre pour la Semaine Française de Hanoï.