Réuni le mercredi 21 septembre 2022, sous la présidence de M. André REICHARDT (Les Républicains – Bas-Rhin), président, le groupe d’amitié France – Afrique de l’Ouest s’est entretenu avec une délégation de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, conduite par M. Maurice KACOU, Vice-Président de l’Assemblée nationale, et composée de Mme Maimouna TRAORE, Questeur, M. Paulin KOUASSI, Président de la commission d’évaluation des politiques publiques, Mme Mariame TRAORE, Secrétaire de l’Assemblée nationale, et MM. Pascal SERY, Président du groupe parlementaire Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), et Coulibaly FAMOUSSA, Conseiller spécial du Président de l’Assemblée nationale, à l’occasion de l’audience accordée, le lendemain, par le Président Gérard LARCHER, à M. Adama BICTOGO, Président de l’Assemblée nationale ivoirienne.

Ont également participé à la réunion : Mme Agnès CANAYER (Les Républicains – Seine-Maritime), présidente déléguée pour la Côte d’Ivoire, M. Bruno BELIN (Les Républicains – Vienne), président délégué pour le Burkina Faso, Mme Hélène CONWAY-MOURET (Socialiste, Écologiste et Républicain – Français établis hors de France), présidente déléguée pour le Bénin, et M. Olivier CADIC (Union centriste – Français établis hors de France), secrétaire.

Après les propos de bienvenue de M. André REICHARDT, président, Mme Agnès CANAYER, présidente déléguée pour la Côte d’Ivoire, a rappelé les actions de coopération décentralisée entre la ville du Havre et les communes ivoiriennes de Port-Bouët et d’Attécoubé, qui permettent de faire partir des jeunes Havrais au titre du service civique international. Par ailleurs, la société Winwin Afrique, créée par M. Régis Charpentier, est un opérateur de financements et de mise en place de projets de développement axés surle sport, la formation et la culture en Afrique. Parmi ces projets, figure le programme Agora qui s’articule autour d’une structure de proximité utilisant le sport et la culture comme des liens permettant la rencontre de publics et d’acteurs variés.

M. André REICHARDT, président, a insisté sur la nécessité de poursuivre et même de développer la coopération décentralisée avec l’Afrique de l’Ouest en général, et la Côte d’Ivoire en particulier, les élus locaux y étant généralement très attachés. La stabilité politique de la Côte d’Ivoire est très importante, et la lutte contre le terrorisme doit constituer une priorité – l’attentat de Grand-Bassam, en mars 2016, avait beaucoup marqué les esprits. Mme Nathalie GOULET, vice-présidente du groupe d’amitié, a signé un livre, L’Abécédaire du financement du terrorisme, en lien avec la lutte contre le terrorisme.

M. Maurice KACOU, après avoir excusé l’absence de Mme Patricia KOKO, présidente du groupe d’amitié Côte d’Ivoire-France, a souligné la volonté du Président BICTOGO, élu au printemps dernier par l’ensemble des groupes politiques, de renforcer la diplomatie parlementaire. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire a fait le choix du bicamérisme dans sa Constitution de 2016.

M. André REICHARDT, président, a formé le vœu que la stabilité politique ivoirienne, illustrée par la réélection du Président OUATTARA et la bonne tenue des récentes élections législatives, perdure, la stabilité de la Côte d’Ivoire contribuant à celle de l’Afrique de l’Ouest.

Mme Hélène CONWAY-MOURET, présidente déléguée pour le Bénin, a rappelé la grande qualité de son récent déplacement en Côte d’Ivoire, où elle a été reçue au Sénat qui siège à Yamoussoukro, et dont elle est revenue avec un sentiment de réconfort. La France a engagé avec l’Afrique une nouvelle phase de coopération – on pourrait même parler de « complicité » avec la Côte d’Ivoire. Les pays européens, contrairement à d’autres, ne sont pas dans un état d’esprit hégémonique en Afrique ; ce partenariat doit être préservé.

M. Maurice KACOU a estimé que le terrorisme constituait un défi majeur pour la Côte d’Ivoire. Le pays est désormais tourné vers l’avenir, comme le montre le dialogue politique engagé par le Président OUATTARA avec ses deux prédécesseurs. La voie du dialogue est difficile, mais représente un engagement ferme de la Côte d’Ivoire. Le Parlement ivoirien a un rôle important à jouer dans ce processus de réconciliation.

M. André REICHARDT, président, a appelé de ses vœux la poursuite de ce processus et fait observer que les élections locales de 2023 seraient un rendez-vous démocratique important.

M. Paulin KOUASSI s’est félicité du bon déroulement de la coopération entre le Parlement français et les deux Chambres ivoiriennes dans le cadre du programme européen INTER PARES, qui doit déboucher sur la rédaction de trois guides pratiques (évaluation des politiques publiques, mécanismes de contrôle de l’action du Gouvernement et procédure législative). Le Président BICTOGO s’est entretenu très récemment, à Paris, avec le directeur d’INTER PARES pour évoquer la poursuite de ce programme de coopération.

M. Olivier CADIC, secrétaire, a fait observer que la France ne sait plus quelle place occuper en Afrique aujourd’hui, comme l’illustre la situation au Mali.

M. Maurice KACOU a insisté sur l’ancienneté et la profondeur des relations franco-ivoiriennes et sur l’attachement du peuple ivoirien à la France. Plusieurs pays africains se sont tournés vers la Russie, mais celle-ci ne propose pas vraiment de solutions.

M. Paulin KOUASSI a noté que les réseaux sociaux répandent beaucoup de fausses nouvelles qui, dans certains cas, peuvent aller jusqu’à déclencher des manifestations, comme on l’a vu récemment au Niger. Le Parlement français devrait travailler avec de jeunes parlementaires ivoiriens sur le thème de la communication en ligne et sur les réseaux sociaux.

Mme Hélène CONWAY-MOURET, présidente déléguée pour le Bénin, a insisté sur la nécessité de renforcer la communication des autorités françaises sur leurs actions en matière de développement au bénéfice de l’Afrique, citant l’exemple de la construction d’écoles au Niger par l’Agence française de développement, passée sous silence, alors que la même opération, réalisée par la Turquie, a obtenu d’importantes retombées médiatiques.

Mme Mariame TRAORE a rappelé l’importance de la population malienne établie en Côte d’Ivoire, et qui a peu de liens avec Bamako. Les réseaux sociaux contribuent beaucoup trop à la désinformation, en particulier au sein des populations fragilisées.

M. Pascal SERY s’est inquiété de la multiplication des coups d’État en Afrique de l’Ouest, citant le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. Or, les coups d’État n’arrangent pas la situation des pays concernés, au contraire – le cas de la Côte d’Ivoire l’a démontré dans le passé.

M. Coulibaly FAMOUSSA a regretté l’essoufflement de la coopération décentralisée, autrefois très dynamique entre son pays et la France. La Côte d’Ivoire est désormais un pays stable. La délégation parlementaire ivoirienne apporte à la France le message que la Côte d’Ivoire peut être un exemple pour l’Afrique. Le sentiment anti-français n’est pas présent en Côte d’Ivoire, mais force est de constater que la présence française y est moins grande aujourd’hui, tandis que d’autres pays, telles la Chine et la Russie, prétendent offrir des opportunités à la jeunesse ivoirienne.

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