M. Rachel Mazuir, président du groupe interparlementaire d’amitié France-Albanie du Sénat, et M. René Danesi, vice-président, ont reçu le 13 mars 2019 S. E. M. Dritan Tola, ambassadeur d’Albanie en France, accompagné de M. Fation Peni, ministre-conseiller à l'Ambassade.

Dans la perspective du prochain déplacement d’une délégation du groupe d'amitié en Albanie, du 15 au 19 avril 2019, l’ambassadeur a proposé aux sénateurs de se rendre à Gjirokastër, dans le sud du pays.

Interrogé sur la situation politique actuelle à la suite de la démission du Parlement albanais, en février dernier, des députés du Parti démocratique (parti d’opposition de centre droit) et de ses alliés, l’ambassadeur a indiqué qu’en pratique, cette situation n’empêche pas la majorité de continuer à voter les lois ; en revanche, le seuil nécessaire pour modifier la Constitution ne peut plus être atteint. Le processus de remplacement des députés démissionnaires par leurs suivants de liste est en cours. L’ambassadeur estime qu’il s’agit d’une crise essentiellement institutionnelle, les manifestations de protestation qui ont eu lieu étant le fait de militants mobilisés par l’opposition.

L’ambassadeur a rappelé que la réforme de la justice en voie d’achèvement en Albanie constitue une rupture radicale. En particulier, les résultats obtenus par le processus de vérification ont permis de poser les bases d’un système judiciaire fonctionnel et transparent. Il s’agit d’une réforme reconnue par les institutions européennes qui fait figure d’exemple dans les Balkans et l’Europe orientale. Cependant, ce processus, en remettant en cause certains intérêts particuliers, génèrerait aussi des résistances et de la frustration. Selon l’ambassadeur, ceci est peut-être une cause de l’opposition politique violente à la politique du Premier ministre albanais, M. Edi Rama ; il convient donc de relativiser la crise que traverse le Parlement.

S’agissant de l’intégration européenne, l’ambassadeur a indiqué que l’adhésion à l’Union n’est pas une fin en soi, l’important pour les Albanais étant de vivre mieux et de disposer d’institutions démocratiques qui fonctionnent. L’Albanie attend ainsi de l’Europe qu’elle soutienne les réformes permettant de progresser sur cette voie. L’ambassadeur a rappelé que la prochaine échéance importante est le Conseil européen de juin 2019, lors duquel pourrait être prise la décision d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Albanie et d’autres pays des Balkans.

Au plan économique, l’ambassadeur a confirmé que le secteur touristique connaît un développement spectaculaire. L’énergie est également un secteur en plein essor. Quant à l’agriculture, elle constitue une piste de coopération intéressante entre la France et l’Albanie.

Concernant les relations du pays avec son voisinage, l’ambassadeur a souligné le rôle positif joué par l’Albanie dans la négociation de l’accord entre la Grèce et la Macédoine. Indiquant qu’un axe Belgrade-Tirana se dessine dans un esprit de coopération, il a estimé que l’Albanie est un acteur incontournable de la stabilité de la région.

L’ambassadeur a abordé la question des migrations en rappelant que les demandeurs d’asile en provenance d’Albanie sont, en grande majorité, des migrants économiques attirés par la générosité du système d’asile français, l’Albanie étant considérée comme un pays d’origine sûr. Il a indiqué que le ministre de l’Intérieur albanais rencontrerait très prochainement son homologue français afin d’évoquer le plan d’action contre les migrations irrégulières. M. Rachel Mazuir a indiqué qu’à l’occasion d’une visite à Bourg-en-Bresse, le chef de l’unité de l’immigration au sein de la police aux frontières albanaise s’est étonné du nombre d’Albanais vivant en France. L’ambassadeur a confirmé que garder ces migrants dans le pays était un grand défi, qui concerne non seulement l’Albanie mais l’ensemble de l’Europe du sud-est.

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