Le groupe interparlementaire d’amitié France – Madagascar et Pays de l’Océan indien a invité S. Exc. M. Abdallah Mirghane, ambassadeur des Comores en France, à participer à un petit-déjeuner débat, sous la conduite de M. Richard Yung (Soc. – Français établis hors de France), président, et de Mme Eliane Assassi (CRC – Seine-Saint-Denis), présidente déléguée pour les Comores, en présence de MM. Louis Duvernois (UMP – Français établis hors de France), Jean-Luc Fichet (Soc. – Finistère), Jean-Jacques Lozach (Soc. – Creuse),  Jean-Claude Peyronnet (Soc. – Haute-Vienne) et Thani Mohamed Soilihi (Soc. – Mayotte). Etaient également présents, M. Michaël Roux, sous-directeur d’Afrique australe et de l’océan indien à la Direction d’Afrique et de l’Océan indien du Ministère des affaires étrangères, ainsi que Mme Louise Burdloff, rédactrice.

Cette rencontre a permis de faire le point sur l’actualité aux Comores et l’évolution des relations bilatérales.

Avant de présenter ses lettres de créances le 2 juillet 2009, S.Exc. M. Mirghane a notamment été directeur de l’établissement portuaire des Comores, conseiller de plusieurs ministres et directeur au sein de diverses entreprises internationales.

Dans ses propos liminaires, l’ambassadeur a souligné que les Comores, pays francophone situé en face de l’Afrique de l’Est, étaient au centre du triangle constitué par l’Afrique, l’Europe et le Golfe persique et a rappelé le contexte historique des relations franco-comoriennes depuis le premier « divorce » d’avec la France en 1912.

Il a insisté sur l’acuité du problème de la pauvreté en observant toutefois qu’il n’y avait pas de famine et que 80% des enfants allaient à l’école. Les flux migratoires partant des Comores à destination de Mayotte dans des embarcations sommaires conduisent néanmoins aujourd’hui cette zone à être « le plus grand cimetière » de l’Océan indien.

Dans l’échange qui a suivi, les sénateurs ont rappelé que la population mahoraise avait choisi un destin français lors du référendum de 1976 et que Mayotte était aujourd’hui un département de la République française. Il existe donc une nécessité du « vivre ensemble » entre frères comoriens des différentes îles et de Mayotte, notamment dans les secteurs de l’économie, de la culture, du sport afin de dépasser la question politique.

Les sénateurs ont également suggéré que les Comores abandonnent l’évocation de Mayotte au sein des instances internationales, au premier rang desquelles l’ONU, afin de renforcer l’intégration régionale, avec la transformation de la Commission de l’Océan indien en Communauté des Etats de l’Océan indien par exemple et des mesures visant à favoriser la circulation des biens et des personnes au sein de cet espace sous-régional. C’est d’ailleurs l’objectif du projet de Traité issu du processus du Groupe de Travail de  Haut Niveau (GTHN) initié ces dernières années, qui pourrait être signé en 2013.

Par ailleurs, la mise en place du visa dit « Balladur » a conduit au maintien d’environ 90 000 comoriens (estimations) en situation irrégulière à Mayotte qui refusent d’en partir de crainte de ne pouvoir y revenir, ce qui soulève la question de la révision des règles applicables à Mayotte en matière d’immigration, afin de fluidifier les flux migratoires entre les îles.

Les discussions ont également porté sur la mise en place de la maternité d’Anjouan, sur la nécessaire stabilité de Madagascar pour le développement de l’Océan indien et sur la promotion de la Francophonie.

A cet égard, même si la France verse 8,6 millions d’euros par an aux Comores au titre de l’aide publique au développement, l’ambassadeur s’est ému de la diminution drastique du nombre de bourses attribuées aux étudiants comoriens au sein des universités et grandes écoles françaises. Il a appelé l’attention sur le fait que ces étudiants vont désormais faire leurs études au Soudan, au Pakistan, en Arabie Saoudite ou en Iran, en raison des nombreuses bourses offertes par ces pays, ce qui pourrait contribuer à développer, à leur retour aux Comores, le salafisme, pourtant très éloigné de l’Islam comorien modéré et tolérant.

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