État civil :
Né le 13 mars 1763
Décédé le 2 août 1815
Pairs de France

Pair de France

Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

BRUNE (GUILLAUME-MARIE-ANNE), pair des Cent-jours, né à Brive (Corrèzo), le 13 mars 1763, tué à Avignon (Vaucluse), le 2 août 1815, était le fils d'un avocat, qui le destinait à la même profession ; il commença par étudier le droit et de préférence la littérature, et, à la suite d'un voyage en Poitou, publia, en 1788, un intéressant Voyage pittoresque et sentimental dans quelques provinces occidentales de la France; mais la Révolution vint l'arracher à ces distractions; inscrit dans la garde nationale parisienne improvisée en 1789, il embrassa les idées nouvelles, se lia avec les principaux orateurs des Sociétés patriotiques, et après avoir dirigé pendant quelque temps, et sans succès, une imprimerie, s'enrôla dans le 2e bataillon de volontaires de Seine-et-Oise; il y devint adjudant major le 18 octobre 1791. Nommé adjoint aux adjudants généraux en 1792, il était près de Thionville, lorsqu'il fut appelé à Paris, avec les fonctions de commissaire général chargé de diriger les mouvements militaires et l'organisation des nouveaux bataillons, la remonte, la confection et l'envoi des armes et des munitions, et le service des transports de la guerre dans tous les départements. Mais le 25 septembre 1792, Brune demanda l'autorisation d'aller reprendre sa place dans l'état-major de l'armée, rejoignit le camp de Meaux, et gagna tous ses grades sur le champ de bataille. Il eut une très grande part dans les succès de Dumouriez et de Kellermann; puis on le vit, comme chef d'état-major, réduire les insurgés du Calvados. Nommé général de brigade, il se battit à Hondschoote et l'emplit avec succès une mission politique et militaire dont le comité de Salut public le chargea dans la Gironde, puis à Nice, à Marseille, et dans cette même ville d'Avignon où il devait périr assassiné. Pendant la campagne d'Italie, il assista à toutes les affaires ou fut engagée la division de Masséna, dont il faisait partie, et combattit à Rivoli, à Saint-Michel, à Feltre, dans les gorges de la Carinthie, etc. Bonaparte le nomma général de division; à ce titre, Brune remplaça Augereau, et établit son quartier général à Brescia et à Vérone. Après la paix de Campo-Formio, il devint commandant en chef des troupes dirigées sur la Suisse, qu'il réussit à pacifier. Appelé, en 1799, au commandement de l'armée de Hollande, il mena encore une brillante campagne, battit le duc d'York à Bergen et fut fait gouverneur du pays. Bientôt après, ou l'envoya en Vendée, puis à l'armée des Grisons pendant trois mois, au bout desquels il passa de nouveau à l'armée d'Italie. Brune se signala dans tous les engagements, prit Vicence et Montebello, se rendit maître d'un grand nombre de places, soumit la basse et la haute Italie, et prépara la paix de Lunéville. En 1803, il fut nommé ambassadeur à Constantinople ; il y recueillit des notions politiques et géographiques fort intéressantes, fit connaître dans le Levant les produits des fabriques françaises, et établit les premières relations de la Perse avec la France. Après avoir rempli cette mission pendant deux ans, il revint à Paris (1805). Lors de l'organisation de l'Empire, Napoléon Ier l'avait fait, en son absence, maréchal de France et grand aigle (13 pluviôse an XII) de la Légion d'honneur. Il commanda l'armée des côtes de l'Océan à Boulogne, ainsi que la flottille. Eu 1807, il fut fait gouverneur des villes hanséatiques ; bientôt après, il reçut le commandement du corps de réserve de la grande armée, battit l'ennemi à Martenshagen, prit Stralsund, et signa avec M. de Toll, général en chef de l'armée suédoise, une convention par laquelle l'île de Rugen et les îles adjacentes étaient cédées à la France. Brune ayant fait mention dans cet acte de l'armée française et non de l'armée de Sa majesté impériale et royale, encourut la disgrâce de Napoléon, qui le priva de son commandement. En avril 1814, Brune adhéra à la déchéance de l'empereur, mais il fut mal accueilli par les Bourbons. Il reprit l'épée pendant les Cent-jours et fut mis à la tête de l'armée du Var. Vers la même époque, le 2 juin 1815, Napoléon le nomma pair de France. Pourtant Brune n'accepta son poste dans le Var qu'avec une certaine répugnance: « Je ne sais, disait-il à un ami en montrant sa lettre d'acceptation, il me semble que c'est mon arrêt de mort que je viens de signer. » Brune exerça son autorité avec modération. Après la rentrée de Louis XVIII, il fit sa soumission et fit prendre à ses troupes la cocarde blanche, remit son commandement au représentant du gouvernement royal dans le Midi, le marquis de Rivière, et muni d'un passe port, partit pour Paris dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1825. Arrêté un instant à la porte d'Aix, injurié, menacé, il parvint à passer et refusa de se détourner de la route directe, comme le lui conseillaient ses aides de camp. Arrivé à Avignon, il descendit pour déjeuner à l'hôtel du Palais-Royal où se trouvait la poste. L'entrée de la voiture avait attiré un groupe d'oisifs qui s'enquéraient quel était le voyageur. Un jeune homme, appelé Soulié, s'écria: « C'est le maréchal Brune! » Et il raconta qu'en 1792, Brune avait été un des meurtriers de la princesse de Lamballe, et qu'il avait promené dans les rues de Paris le coeur de l'infortunée Or, Brune en septembre 1792, n'était pas à Paris. Soulié ajouta que Brune allait chercher l'armée de la Loire pour « châtier le midi. » Ces paroles, rapidement colportées, amenèrent devant l'hôtel un rassemblement menaçant. Le préfet de Vaucluse. M. de Saint-Chamans, arrivé le matin même, était descendu et se trouvait encore à l'hôtel du Palais-Royal. Grâce à son intervention, la voiture put repartir, devançant la foule, qui se jeta, pour la rejoindre, dans les rues latérales. Malheureusement, à la porte de la ville, il y avait un poste de gardes nationaux, dont le chef, nommé Verger, se fit exhiber le passe port du maréchal, et, sous prétexte de l'omission d'une formalité, refusa de e laisser passer. Pendant ce débat, le maire, M. Puy, le préfet, le sous-préfet, M. de Balzac, avertis, accoururent pour dégager le maréchal et le ramener en ville. Ils étaient suivis d'une foule, grossissant d'instant en instant, qui escortait la voiture avec des cris de mort. On arriva néanmoins à l'hôtel, la porte se referma sur la voiture et fut solidement barricadée. Il était dix heures du matin. Les autorités, secondées par un faible peloton de gardes nationaux, luttaient contre les émeutiers qui voulaient envahir l'hôtel. Vers deux heures, une double détonation retentit à l'intérieur. « Ils sont entrés par les toits », cria la foule. En effet, par le toit d'une maison voisine, des assassins avaient gagné celui de l'hôtel et pénétré dans la chambre où se tenait le maréchal, lisant des lettres de sa femme : « Que me voulez-vous? » demanda-t-il à deux hommes qui venaient d'entrer. Pour toute réponse l'un d'eux dirigea vers lui un pistolet que le maréchal détourna. «Je vais, dit l'autre, te montrer comment il fallait t'y prendre, » et d'un coup de carabine, il étendit le maréchal raide mort. Deux balles l'avaient frappé au cou et à la tête. Aussitôt l'assassin parut à la fenêtre et annonça la mort du maréchal; la foule applaudit ; sa fureur n'était pas assouvie. Lorsque sortit de l'hôtel le cercueil contenant le corps de la victime, ils l'arrachèrent aux porteurs et le précipitèrent dans le Rhône. Le cadavre fut roulé par le fleuve jusqu'entre Tarascon et Arles, à 12 lieues d'Avignon, en f ce d'un domaine, appartenant à M. de Chatouse. Caché dans un fossé profond par les soins de trois serviteurs du domaine, il resta là deux ans. La veuve du maréchal connut alors le secret de cette tombe, et fit rapporter le corps de son mari à Paris, le 6 décembre 1817. Ce ne fut que le 19 mars 1819, qu'elle put obtenir l'autorisation de poursuivre les assassins, et les débats ne s'ouvrirent, devant la cour de Riom, que le 24 février 1821. L'individu qui avait tiré le premier coup de pistolet s'appelait Trestaillon; il était mort quand la justice entama l'information. Quant à l'autre, Guindon, dit Roquefort, portefaix, il prit la fuite, et c'est par contumace que la Cour d'assises de Riom le condamna à la peine de mort. Comme il était insolvable, la veuve de la victime dut payer elle-même les frais du procès. Les concitoyens du maréchal Brune lui ont élevé un monument par souscription, à Brive-la-Gaillarde, en 1841.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Guillaume-Marie-Anne BRUNE

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