Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

ROY (ANTOINE, COMTE), représentant à la chambre des Cent-Jours, député de 1815 à 1821, pair de France et ministre, né à Savigny (Haute-Marne) le 5 mars 1764, mort à Paris le 3 avril 1847, « fils du sieur Charles Roy, bourgeois, demeurant à Savigny, et de demoiselle Claudette Grisot », fit ses études au collège de Langres, son droit à Paris et fut reçu avocat en 1785. Il ne prit aucune part à la révolution dont il n'approuvait pas les idées, et conserva sa place au barreau, où il défendit de Rozoy, en 1792, et, en l'an III, plusieurs des accusés du 13 vendémiaire. Il ne cachait point alors ses préférences royalistes, ce qui lui valut d'obtenir du duc de Bouillon la jouissance de la terre de Navarre et l'administration de ses forêts (1798) ; puis il acquit la plus grande partie des biens du duc de Bouillon, dont la situation était fort gênée, moyennant une rente annuelle de 300,000 francs ; le duc mourut subitement quelques mois après, et Roy se trouva l'un des plus riches propriétaires fonciers de la France. En 1801, l'Etat lui intenta un procès en restitution de 2 millions de francs, représentant la somme qu'il s'était appropriée à tort dans l'administration des propriétés du duc, devenues propriétés nationales. M. Roy refusa, d'abandonner la jouissance de la forêt de Navarre et en appela à la justice dans un mémoire où il rappelait le mot du fermier de Sans-Souci : « Il y a des juges à Berlin.» Mais il perdit son procès en 1802 et de nouveau en 1813, et le domaine de Navarre passa aux mains de l'impératrice Joséphine, puis au prince Eugène de Beauharnais et a ses fils. M. Roy en garda contre l'empereur une profonde rancune. Aux Cent-Jours, élu, le 7 mai 1815, représentant du grand Collège de la Seine, par 69 voix (113 votants, 215 inscrits), il se posa en adversaire irréconciliable de Napoléon. Le 6 juin, il s'opposa à la prestation du serment de fidélité ; le 16, il demanda qu'un comité spécial examinât si la guerre était nécessaire. Dans la discussion dee lois financières, il prit de nouveau la parole et s'efforça par tous les moyens de supprimer les ressources de l'armée. Au retour de Gand, il se hâta de se présenter à la cour ; il y fut reçu comme une des victimes du despotisme impérial; mais le roi lui fit sentir que si la victime avait à se plaindre, ce n'était pas de sa pauvreté. Réélu député, le 22 août 1815, par 103 voix (197 votants, 230 inscrits), le 4 octobre 1816, par 106 voix (193 votants, 228 inscrits), et le 20 septembre 1817, par 3,667 voix (7,030 votants, 9,677 inscrits), il vota souvent avec la minorité dans la Chambre introuvable, surtout dans les questions secondaires, à l'égard desquelles il affectait un certain libéralisme. En 1817 et en 1818, il fut rapporteur du budget, et fit réaliser, à ce titre, sur l'exercice de 1819, une économie de 21 millions. Le 7 décembre 1818, en raison des talents d'administrateur dont il avait fait preuve, il fut appelé à succéder à Corvetto au ministère des Finances ; mais il n'eut pas le loisir d'appliquer les réformes qu'il avait en vue, car, le 28 du même mois, il suivit le cabinet Richelieu dans sa retraite. Nommé alors ministre d'État et membre du conseil privé, commissaire de la caisse d'amortissement et de celle des dépôts et consignations, il reprit sa place sur les bancs de la Chambre et fut chargé d'examiner l'arriéré des comptes financiers pour les années de 1815 à 1818 ; à la suite de son rapport sur le nouveau budget, il obtint un dégrèvement de 20 millions sur les contributions mobilière et immobilière. Rappelé de nouveau au ministère des Finances à la place du baron Louis, le 19 novembre 1819, il conserva son portefeuille jusqu'au 14 décembre 1821, prit l'initiative de plusieurs réformes qui améliorèrent singulièrement la situation financière de la France, déposa (4 janvier 1820) un projet pour la libération définitive des acquéreurs des biens nationaux, et obtint (16 janvier 1821) un dégrèvement considérable des impôts qui pesaient sur la propriété foncière, En outre, grâce à l'évacuation du territoire par les alliés, il fit régulariser les dettes des départements, et leur octroya des indemnités proportionnelles. Après avoir cédé, en décembre, son portefeuille à M. de Villèle, il fut nommé pair de France, le 13 décembre 1821, et créé comte par le roi. A la Chambre haute, il continua de s'occuper particulièrement de finances, combattit énergiquement la conversion des rentes, et proposa sans succès un amendement au projet. Lorsque M. de Martignac arriva aux affaires, M. Roy prit pour la troisième fois le portefeuille des Finances, du 5 janvier 1828 au 7 août 1829 ; mais ses idées financières rencontrèrent alors autant d'obstacles dans la majorité parlementaire qu'auprès de Char les X, qui, résolu à former un cabinet de réaction avec M. de Polignac, proposa à M. Roy de garder son portefeuille, mais avec de telles conditions que celui-ci fut mis dans la nécessité de refuser ; il se retira (21 février 1830) avec les ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel. A partir de cette époque, M. Roy se consacra exclusivement à ses occupations parlementaires à la chambre haute. Il adhéra sans hésitation au gouvernement de Louis-Philippe et fut fréquemment chargé des rapports sur les impôts, la loterie et le budget. Il laissa à sa mort une fortune évaluée à quarante millions. Grand-croix de la Légion d'honneur.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Antoine ROY

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